Support Don’t Punish

Chaque année, le 26 juin marque la journée choisie par l’ONU « pour la lutte contre la drogue et le crime ». Mais c’est surtout une journée spéciale et engagée, marquée par l’organisation d’événements locaux dans de nombreux pays, avec ce leitmotiv : « Support. Don’t Punish » (Aider plutôt que punir).

Partout dans le monde, militants et associations défendent des réformes des politiques des drogues pour favoriser l’accès aux programmes de réduction des risques et aux dispositifs de soins, lutter contre la répression et les discriminations liées à l’usage de drogues.

En France, la nouveauté cette année ?

Le Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD), constitué d’une
quinzaine d’organisations*, lance un appel à signer une pétition déposée sur le site internet de l’Assemblée nationale proposant une loi pour mettre fin aux sanctions pour simple consommation de drogues.

Pour mieux comprendre les enjeux politiques autour de cette proposition de loi et les arguments déployés par les organisations signataires de cette campagne d’information du grand public, ASUD et ses partenaires se retrouveront pour une émission en direct : en présence de Marie Ongün Rombaldi, direction générale de la Fédération Addiction et de Marie Jauffret Roustide et l’INSERM. Vous aurez aussi la possibilité de participer ou de poser vos questions via le chat de la chaine.

LUNDI 26 JUIN de 18h à 22h sur la chaine youtube « ASUD medias » @https://www.youtube.com/@ASUDTV

Par ailleurs, plusieurs événements ont lieu en France dont :

Liste complète sur le site de Support don’t punish

– à Bordeaux : plaidoyer et programme.

– Avignon : Cliquez ici 

CANNAPARADE 2023

Samedi 27 Mai, début de la marche 14H à République jusqu’à Bastille au alentour de 16H

Festive et politique, la canna parade se rassemble chaque année dans les rues de paris. Avec ses chars Sound-system, cette manifestation appelle à un changement de politique pour la régulation du marché du cannabis.

Bientôt l’Allemagne légalisera, avec des précautions dignes d’une expérimentation scientifique. Le Luxembourg et la république Tchèque avancent aussi en s’inspirant de l’Uruguay(2014), du Canada(2018) ou de Malte(2022).

En France, nous voulons évoluer aussi. Pour améliorer la santé et la sureté publiques, pour la réforme Française et Européenne des politiques « DROGUES », pour atteindre les « objectifs développement durable 2030 ».

Vous pouvez retrouver toutes les infos sur le site internet de la CANNAPARADE 2023.

Support Don’t Punish 2022

Oyez, oyez, O yeah !

Retrouvez les 7h de live que nous avons fait dimanche 26 Juin pour marquer le 10ème anniversaire de cette manifestation internationale « Support Don’t Punish », pour rappeler qu’à l’occasion de la journée internationale de l’ONU « contre la drogue et le crime », il est totalement contreproductif de criminaliser / pénaliser l’usage de drogues, et qu’une politique de contrôle des stupéfiants ne doit pas violer les droits humains fondamentaux, que la Réduction des Dommages et des Risques est une approche plus efficace que la répression policière.

#supportdontpunish

A l’occasion de la campagne internationale Support Don’t Punish, ASUD vous a invité à visionner des documentaires sur l’échec de la politique prohibitionniste et répressive envers les usagers de drogues.

Ces documentaires ont été intercalés de discussions en plateau avec nos invités pour approfondir le sujet et aborder l’actualité des réformes politiques en la matière.

Vous avez loupés une partie, pas de panique ont a enregistré les tables rondes et ont vous les a mis à dispo sur notre chaine Youtube.

Site officiel Support Don’t Punish:

Event FB : https://www.facebook.com/events/306598798231411?ref=newsfeed

Sortie du magazine Chimère : Changement dans les politiques des drogues ?

Retrouvez dans le prochain numéro de Chimère, les écrits d’ Asudiens, Fabrice Olivet directeur de ASUD et Alessandro Stella membre de l’association et directeur de recherche au CNRS mais aussi Vincent Benso sociologue et responsable de la cellule de veille des conduites à risque dans les milieux festifs au sein de Techno+.

« Un monde sans drogues » ? Chimère !
Depuis que Richard Nixon a déclaré la guerre à la drogue, sa consommation a explosé et partout dans le monde et elle alimente de redoutables mafias qui rejoignent la criminalité en col blanc dans les paradis fiscaux. Après des années de criminalisation des jeunes des quartiers, reconnaissables à la couleur de leur peau, quelque chose a permis l’irruption du cannabis dans le débat public. C’est ce « quelque chose » que ce numéro de Chimères cherchera à explorer. Avec la lutte contre le sida, un premier tournant s’est pris : distribuer des seringues, c’est accepter que des gens consomment des drogues. Mais ce tournant majeur a été masqué par une médicalisation acceptable dans une logique prohibitionniste sans l’action des associations d’usagers. Comment comprendre la bascule actuelle ? Quelle est l’urgence du changement ? Comment le continent américain s’est-il engagé dans cette voie? Quelles expériences avons-nous en France de ces nouvelles régulations ? Le changement de paradigme sera éclairé par le récit d’expériences militantes et l’examen du renouveau des recherches cliniques sur les drogues, cannabis, ecstasy, peyotl, «ces briseurs de soucis », qui accompagnent l’aventure des hommes d’après Freud.

http://www.cairn.info/revue-chimeres.htm

A l’occasion de la sortie le 8 décembre de ce 91 numéro intitulé « Changement dans les politiques des drogues » une grande fête sera organisée au Cirque électrique !

 

SÉMINAIRE EHESS 2016-2017 – Consommations et prohibitions de drogues : approche transversale

ASUD et l’EHESS lancent la saison 2 de leur cycle de séminaires «Consommations et prohibition des drogues : approches transversales». Pour la première, nous vous proposons une séance exceptionnelle d’ouverture avec des intervenants de haut vol, le mardi 11 octobre 2016, de 14h à 17h (gratuit).

11/10/2016 = De la guerre à la drogue aux nouvelles pistes de régulation

Ethan NADELMANN, Directeur de la Drug Policy Alliance : «Quelles stratégies de sortie de la prohibition ? L’exemple du continent américain»

Marsha ROSEMBAUM, sociologue, Directrice émérite de l’Office of the Drug Policy Alliance de San Francisco : «Just say Know. Apprendre à consommer»

Discutante : Anne COPPEL, sociologue

Ethan Nadelmann est directeur de la Drug Policy Alliance (DPA), branche la plus active de l’Open Society Foundations. La DPA est à l’origine du puissant aggiornamento qui se déroule actuellement aux Etats Unis en matière de politique des drogues. Ethan Nadelmann remet en question les principes de la Guerre à la drogue en plaidant pour une politique de réduction des risques. Très influent auprès des membres de la Global commission on drug policy, il est sans doute aujourd’hui une des personnalités les plus en vue en matière de réforme de politiques des drogues aux Etats Unis.

Marsha Rosenbaum, sociologue de la santé, est directrice émérite du bureau de San Francisco de la Drug policy alliance, où elle dirige les recherches sur les consommations de drogues chez les jeunes et les femmes. Outre trois ouvrages importants (Women on Heroin ; Pursuit of Ecstasy: The MDMA Experience, with Jerome E. Beck ; Pregnant Women on Drugs: Combating Stereotypes and Stigma, with Sheigla Murphy), elle est aussi l’auteur de nombreux guideline (outils de prévention, éducation à la santé) et contribue aux recherches sur la légalisation du cannabis en Californie.

Anne Coppel, sociologue, s’est spécialisée dans le champs des drogues depuis la fin des années 80, en menant de front recherches de terrain et actions expérimentales (Bus des Femmes 1990, mise en place de trois programmes méthadone 1990, 1993 et 1995). Face à l’épidémie de sida, elle a contribué à la politique de santé publique de réduction des risques liés à l’usage de drogues et au débat public sur la politique des drogues. Principales publications : «Le Dragon domestique, deux siècles de relations étranges entre la drogue et l’Occident», avec Ch. Bachmnn, Albin Michel 1989 ; Peut-on civiliser les drogues ? De la guerre à la drogues à la réduction des risques, La Découverte, 2002 ; Sortir de l’impasse, pour des alternatives à la prohibition, avec O. Doubre, La Découverte, 2012.

Lieu

EHESS (Salle Denys Lombard)
96, boulevard Raspail
75006 Paris

Support ! Don’t Punish. 2016 : Journée mondiale de soutien aux consommateurs de drogues

Le 26 juin est de la Journée internationale des Nations Unies contre l’abus et le trafic de drogues – une journée pendant laquelle de nombreux gouvernements célèbrent leurs contributions à la guerre mondiale contre la drogue. Dans le passé, certains gouvernements ont même célébré cette journée en organisant des exécutions publiques ou des passages à tabac de personnes accusées de délits de drogues.

La Journée d’action mondiale offre une occasion importante aux participants de se saisir du message.

Le 26 juin est aussi la Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture – une coïncidence ironique étant donne l’étendue de la torture et des abus infligés au nom de la guerre contre la drogue.

 Le 26 juin 2016 sera la 4ème Journée d’action organisée jusqu’à présent. Le 26 Juin 2013, 41 villes du monde entier ont pris part à la première Journée d’action mondiale. En 2014, 100 villes du monde entier ont organisé une multitude d’initiatives différentes. Et en 2015, 160 villes ont uni leurs forces pour appeler à la réforme de la politique en matière de drogues.

Portail Support Don’t Punish France

Que pouvez-vous faire cette année?

L’année 2016 est une année marquante pour la politique en matière de drogues – avec la session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU sur les drogues (UNGASS) en avril et la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida début juin. Mais une fois ces réunions terminées, la Journée d’action mondiale du 26 juin offre une occasion idéale de mettre en évidence les résultats et promouvoir la réforme des politiques et la réduction des risques au niveau local.

L’objectif de la Journée d’action mondiale est d’organiser des actions locales percutantes et visuellement symboliques. C’est à vous de décider de ces actions, en fonction de ce qui faisable et abordable, ce qui fonctionne le mieux dans le contexte local, et ce qui aura le plus grand impact. Ces actions peuvent regrouper 10 ou 20 personnes, et même plus de 100 personnes dans certaines villes. Nous espérons que les exemples provenant d’autres villes seront également des sources d’inspiration. Une des répercussions les plus significatives que la campagne peut avoir est d’attirer l’attention positive des médias et de sensibiliser aux enjeux de la campagne. Nous recommandons que les partenaires locaux contactent les médias locaux avant du 26 juin.

Nous vous demandons simplement de relier vos actions à la campagne mondiale en utilisant le logo « SOUTENEZ. NE PUNISSEZ PAS ». Cela peut être sur des T-shirts, bannières, affiches, rapports ou autres supports.

Cela nous permet de relier les différentes actions locales et de démontrer qu’elles font toutes partie d’un effort mondial coordonné. Dans de nombreuses villes, vous pouvez également décider d’utiliser le logo « SOUTENEZ. NE PUNISSEZ PAS » à côté de celui de votre organisation, de ceux de vos partenaires, et d’autres campagnes.

Si vous cherchez des idées, regardez ce qui a eu lieu en 2013, 2014 et 2015!

Ressources

Une série de ressources pour vous aider à organiser votre journée d’action le 26 juin. Celles-ci comprennent :

  • Un guide détaillé avec des instructions étape par étape pour vous aider à planifier, promouvoir, mettre en œuvre et documenter votre événement.
  • Supports et outils de campagne (y compris des logos, dépliants, bannières, etc.).
  • Communiqués de presse et soutien

http://supportdontpunish.org/fr/

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Appel du 18 joint 2016 : 40 ans que dure !

En 1993, le CIRC (Collectif d’Information et de Recherche Cannabique) réactivait l’Appel du 18 joint, lancé en 1976 par quelques fougueux journalistes de Libération et d’Actuel, une initiative qui demandait « la dépénalisation totale du cannabis, de son usage, de sa possession et de sa culture. »

Quarante ans plus tard, le texte de l’Appel n’a, hélas, rien perdu de son actualité. Alors que la société a radicalement changé et que les mœurs ont évolué, la loi votée en 1970 n’a cessé, elle, de se durcir. Comme le notait le texte originel, le discours stigmatisant sur le cannabis « permet de maintenir et de renforcer une répression de plus en plus lourde… Des arrestations massives de jeunes… ». Une politique qui « justifie la détention de centaines de personnes… des emprisonnements qui frappent en priorité la jeunesse » issue des quartiers populaires et de l’immigration.

Aujourd’hui, force est de constater que la répression du cannabis a coûté très cher et attisé les flammes de l’incendie qu’elle était censée éteindre en dynamisant le trafic et en multipliant le nombre de consommateurs.

Le cannabis n’est pas interdit parce qu’il pose un problème de santé publique, mais principalement pour des raisons culturelles et politiques.

Outre-atlantique, dans le pays qui a mené une guerre acharnée contre « la drogue », la moitié des États ont légalisé le cannabis thérapeutique et plusieurs d’entre eux ont réglementé sa production, sa distribution et sa consommation récréative, ouvrant la voie à une nouvelle économie florissante… Aujourd’hui, les nombreux pays qui ont assoupli leur législation s’en félicitent.

En France comme partout en Europe, et quelle que soit la législation, l’économie du cannabis se manifeste par la présence de centaines de commerces proposant tout le matériel nécessaire (et parfois des graines), pour s’adonner en toute sérénité à la culture domestique du cannabis. Une activité qui génère déjà des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects, lesquels se multiplieront le jour où nos députés daigneront admettre que la consommation de cannabis est intégrée dans nos mœurs et qu’il faut l’encadrer.

Il ne s’agit donc plus désormais de débattre sur la pertinence de la prohibition, un échec indiscutable, mais de travailler sur une alternative qui redonnera au cannabis sa liberté et à ses usagers leur dignité.

Parce que le cannabis est un sujet trop complexe pour être laissé aux seuls politiciens, le CIRC appelle les associations, les personnalités du monde artistique, médiatique, sportif et les simples citoyen(ne)s, à s’emparer du sujet.

Par le présent appel, nous exigeons du gouvernement qu’il abroge l’article L.3421-4 du Code de la Santé Publique punissant la « présentation sous un jour favorable des stupéfiants », mesure nécessaire pour permettre la tenue d’états généraux réunissant institutions et associations afin d’engager une réflexion sur la sortie de la prohibition du cannabis.

Appel 18 joint
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PARIS, LYON, TOULOUSE, LILLE, NANTES, SAINT LEU (Réunion) et ailleurs… toutes les infos ici !

Séminaire EHESS 2015-2016 – La prohibition des drogues : approche transversale

L’EHESS et ASUD ont co-organisé un séminaire gratuit ouvert à tous d’octobre 2015 à juin 2016.

La prohibition des drogues fait aujourd’hui débat. Face aux échecs de la guerre à la production et au commerce des drogues, devant l’explosion de la criminalité et des conflits dérivés de la prohibition, et constatant que malgré tous les interdits la consommation mondiale ne cesse de se développer, la question du bien-fondé de la prohibition n’est plus seulement posée par des associations d’usagers et des chercheurs en sciences sociales, mais par des hommes d’État et des fondations internationales. Le constat est accablant : la guerre à la drogue tue beaucoup plus que la consommation de drogue. Or, face à l’énorme problématique soulevée par les dites drogues, renvoyant à des questionnements philosophiques, religieux, sociétales, psychanalytiques, l’expertise est confiée normalement à des policiers, des juges, des psychiatres, des médecins, des assistants sociaux et des organismes de rédemption. Une approche qui amplifie le traitement répressif, criminogène, ostracisant, méprisant ou apitoyant des consommateurs des dites drogues. Par ce séminaire collectif de recherche, nous voulons questionner les motivations, l’historique, la pertinence de la prohibition des drogues, dans une approche transversale qui se veut aussi trans-universitaire. Notre volonté est de faire de ce séminaire à la fois un carrefour d’échanges de connaissances et un laboratoire pour des nouvelles recherches.

Quelles ont été et sont aujourd’hui les raisons de la prohibition des drogues ? La prohibition des drogues a une histoire, une géographie, une sociologie, une anthropologie. Sur le temps long, en fait, c’est le « ferment divin » qui a fait débat, bien plus que les « plantes des dieux ». Si le monde judéo-chrétien, tout en condamnant l’ivresse et les excès, a intégré le vin jusque dans le rite liturgique, le monde musulman a fait de la prohibition de l’alcool un des piliers de l’ordre moral de la société. Dans le monde chrétien, la première loi de prohibition des drogues fut l’œuvre de l’Inquisition de Mexico qui, en 1620, interdit la consommation du peyotl et d’autres plantes « magiques ». Prônée par des ulémas ou par des prêtres, la prohibition des drogues apparaît sous le sceau de l’ordre moral dicté par la religion. Avant la focalisation sur des raisons de santé, personnelle et publique, l’interdiction des drogues a été bâtie sur des motivations religieuses. Le vin en Islam, le peyotl et autres plantes en Chrétienté, ont été associés à l’ivresse, aux plaisirs incontrôlés, au mal, au diable. Les « ligues de tempérance et de vertu » qui, au début du XXe siècle, ont été le fer de lance de la vague de prohibition des drogues et des alcools en Occident et en Orient, n’ont fait que reprendre une morale religieuse ancienne : l’ivresse et les plaisirs doivent rester un rêve de paradis céleste. Dans le monde occidental, après des religieux ce sont aujourd’hui des médecins et des psychiatres qui ont repris le flambeau de la doctrine du salut de l’humanité. En robe noire ou en blouse blanche, certains croient pouvoir s’arroger le droit de dire ce qui est bon pour le corps et pour l’esprit. Quelle morale pour quelle loi, quel droit pour quelle liberté ?

Programme et intervenants

7/10/2015 > La prohibition des drogues : approche transversale

  • Alessandro Stella, historien, directeur de recherche au CNRS
  • Michel Kokoreff, sociologue, professeur à l’Université Paris 8
  • Fabrice Olivet, directeur d’ASUD
  • Laurent Appel, journaliste, membre d’ASUD

12/11/2015 > La prohibition des drogues et de l’alcool en pays chrétien et musulman : approche historique

  • Alessandro STELLA, historien, DR au CNRS
    • « La prohibition du peyotl par l’Inquisition de Mexico »
  • Nessim ZNAÏEN, historien, doctorant à l’EHESS
    • « La prohibition de l’alcool et des drogues en pays d’Islam »

Discutant : Jean-Pierre ALBERT, anthropologue, DE à l’EHESS, Toulouse

10/12/2015 > La prohibition de l’opium en Chine et en Indochine

  • Xavier PAULES, historien, MC à l’EHESS de Paris
    • « La prohibition de l’opium en Chine »
  • Philippe LE FAILLER, historien, MC de l’Ecole française d’Extrême-Orient
    • « La prohibition de l’opium en Indochine »

Discutant : François-Xavier DUDOUET, sociologue, CR au CNRS

7/01/2016 > La prohibition de l’alcool aux États-Unis et en Europe

  • Alessandro STELLA, historien, DR au CNRS
    • « La prohibition de l’alcool aux États-Unis »
  • Véronique NAHOUM-GRAPPE, anthropologue, chercheuse à l’EHESS
    • « Le statut de l’ivresse en France aux XIXe-XXe siècle »

Discutante : Michel KOKOREFF, sociologue, Professeur à l’Université de Paris 8

11/02/2016 > Usage coutumier et résistance à la prohibition : le cas du khat

  • Franck MERMIER, anthropologue, DR au CNRS
    • « Le khat au Yémen »
  • Alain GASCON, géographe, professeur émérite à l’Université de Paris 8
    • « Le khat en Éthiopie : un moteur du développement ? »

Discutant : Olivier MAGUET, consultant en actions sociales et de santé, administrateur de Médecins du Monde

10/03/2016 > La prohibition dans les pays de production et de consommation séculière

  • Claude MARKOVITS, historien, DR au CNRS
    • « Opium et cannabis en Inde : une perspective historique »
  • Walid CHAMKHI, historien du droit, doctorant à l’Université de Nantes
    • « L’usage du haschisch au Maghreb : entre tolérance et répression »

Discutant : Alessandro STELLA, historien, DR au CNRS

7/04/2016 > La prohibition des drogues comme instrument de stigmatisation aux État Unis et en France

  • Carl HART, neuro-psychopharmacologue, Columbia University
    • « La prohibition des drogues au service de l’oppression raciale aux États-Unis »
  • Fabrice OLIVET, directeur d’ASUD
    • « Race, ethnies, communautés à l’épreuve de la prohibition. La guerre à la drogue comme outil de contrôle des minorités ethniques en France, 1980-2005 »

Discutant : Michel KOKOREFF, sociologue, professeur d’Université à Paris 8

12/05/2016 > L’économie criminelle de la drogue en Amérique Latine et en Europe

  • Edgardo MANERO, sociologue, CR au CNRS
    • « Prohibition, criminalité et criminalisation en Amérique latine »
  • Fabrice RIZZOLI, politologue, président de l’association Crim’HALT
    • « Italie : d’une mafia à l’autre »

Discutant : Alessandro STELLA, historien, DR au CNRS

9/06/2016 > La régulation post-prohibition, modèles et pratiques

  • Christian BEN LAKHDAR, économiste, MC Université de Lille 2
    • « Les modèles de régulation du marché du cannabis, entre santé publique et assèchement des marchés souterrains »
  • Laurent APPEL, journaliste, membre d’ASUD
    • « La régulation du marché par l’industrie globalisée du cannabis »

Discutante : Anne COPPEL, sociologue, présidente d’honneur de l’Association Française pour la Réduction des Risques

Modérateur : Michel KOKOREFF, sociologue, professeur à Paris 8

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Voir la fiche sur le site de l’EHESS

Voir la chaîne vidéo sur Canal-U

Séminaire-EHESS-web

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Marche Mondiale du Cannabis 2016 le 7 mai partout dans monde sauf à Paris, le 14 mai

15ème édition de la Marche Mondiale du Cannabis.

Il est temps que les perceptions sur le cannabis changent et que cessent les discriminations dont sont victimes les usager-e-s du cannabis.

Il est urgent d’ouvrir les yeux sur la catastrophe engendrée par une loi adoptée il y a quarante cinq ans, et d’avoir le courage d’ouvrir le débat qui s’impose afin d’améliorer les résultats des politiques de santé et de sécurité publiques !

https://youtu.be/LyaQbd4x20g

Revendications citoyennes :

  • Dépénalisation de la consommation, de la possession et de l’autoproduction pour usage personnel
  • Information cohérente et objective sur les effets et les pratiques de consommation réduisant les risques
  • Prévention pragmatique et ciblée en direction des mineurs et des usagers en difficulté
  • Prescription de cannabis dans un cadre thérapeutique
  • Régulation de la production, de la distribution et de la consommation de cannabis protégeant aussi bien le consommateur que l’ensemble de la société, et développement des Cannabis Social Clubs.
  • Réforme de la politique française en matière de cannabis et ouverture d’un débat public pour réformer les lois issues de la loi du 31 décembre 1970
  • Possibilité pour les usagers de se regrouper et d’organiser des filières courtes de production, de distribution, ainsi que l’usage social dans des lieux adéquats

 La marche a lieu partout dans le monde le 7 mai mais aura lieu à Paris le 14 mai. Retrouvez toutes les informations pratiques, y compris le Kit pour organiser une marche dans votre ville, sur le site de la Marche Mondiale du Cannabis en France : mmcannabis.fr

CDPcommun-MMC2016-12mai

Marche mondiale du cannabis 2016<\p>

Communiqué : Mauvaise passe pour l’UNGASS ?

La session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) s’apprête à se clôturer à New York, après trois jours de débats. À cette occasion, la plateforme internationale des ONG françaises publie un communiqué de presse.

Le document final adopté mardi présente des avancées et les discours politiques expriment les évolutions notables de positions qui ne sont pas contenues dans ce document : changement de paradigme, régulation, dépénalisation, réduction des risques, écoute, dialogue, approche centrée sur l’humain…. Les choses évoluent, même si des pays continuent à maintenir des positions figées sur le thème éculé de la « guerre à la drogue », et que, selon les mots du groupe d’experts de l’ONU sur les Droits de l’Homme, la déclaration de l’UNGASS « continue à faire sien le concept dommageable d’un monde sans drogues ».

La place de la société civile, mise en avant dans une majorité de discours nationaux, contraste avec leur accueil depuis trois jours sous forme d’une grande chasse au pass, organisée à coup de mails et de changements d’adresse pour aller récupérer des pass valables une seule journée et pour une seule salle, sur des horaires strictes, l’ONU décidant à la place des participants à quels événements ils pouvaient participer. Ces pass sont finalement distribués sur les trottoirs des rues avoisinantes (cf. les photos tweetées par les ONG).

Une telle désorganisation venant du siège des Nations Unies à New York, pourtant habitué à l’organisation de telles sessions nous laisse dubatif. Symptôme d’une difficulté de l’ONU à s’ouvrir?

Dès le commencement des négociations en vue de l’UNGASS — CND 2015 et 2016 — la société civile n’a pu que constater le manque de transparence des débats et l’opacité du processus.

Pour nos ONG qui ont investi depuis parfois des années les travaux pré-UNGASS, force est de reconnaître l’écart désastreux — et non sans conséquences — entre le discours et les actes.

Espérons que pour 2019, le prochain grand rendez-vous international sur la question des drogues, les instances onusiennes et ses états membres fassent preuve de plus de cohérence : la société civile peut apporter plus qu’un seule faire valoir au processus diplomatique.

Télécharger le communiqué en PDF

Contacts Presse :

  • Marie Nougier, IDPC : +44 78 07 07 76 17
  • Kenzi Riboulet, FAAAT : +33 6 24 50 84 79
  • Georges Lachaze, ASUD : +33 6 63 08 99 84
  • Nathalie Latour, Fédération Addiction : +33 6 12 21 07 25
  • Antoine Henry, AIDES : +33 6 10 41 23 86

Le débrief de l’envoyé d’ASUD à l’UNGASS

https://youtu.be/Rmrbzb_NbFM

Avril 2016 : Session Spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies

Le débrief de l’envoyé d’ASUD à l’UNGASS

https://youtu.be/Rmrbzb_NbFM

Du 19 au 21 avril, une Session Spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGASS) se tiendra à New York. Elle sera dédiée à la question des politiques en matière de drogues. L’Assemblée Générale est le plus haut organe représentatif et d’élaboration de politiques des Nations Unies (ONU) et ses rares Sessions Spéciales se centrent sur des sujets pertinents à la demande des Etats membres. L’UNGASS sur les drogues a le potentiel d’être un débat ouvert et réformateur sur le système international de contrôle des drogues – mais beaucoup de travail reste à accomplir pour s’assurer qu’elle atteindra ce potentiel.

Le Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC) est un réseau mondial de plus de 120 organisations de la société civile regroupées pour promouvoir un débat objectif et ouvert sur les politiques nationales et internationales en matière de drogues. Ce document souligne les cinq « demandes » principales que les membres du Consortium chercheront à promouvoir d’ici 2016. Ces « demandes » ont été développées par le biais de consultations parmi les membres de l’IDPC, et chacune d’entre elle sera l’objet de documents plus détaillés dans les mois prochains :

  • DEMANDE 1: Assurer un débat ouvert et inclusif
  • DEMANDE 2: Redéfinir les objectifs des politiques en matière de drogues
  • DEMANDE 3: Soutenir l’expérimentation et l’innovation politiques
  • DEMANDE 4: Mettre un terme à la pénalisation des populations les plus touchées
  • DEMANDE 5: S’engager à une approche de réduction des risques

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ONU 2016 : Lettre ouverte à Ban Ki-Moon pour en finir avec la guerre aux drogues

Communiqué de Presse
ONU 2016 : des milliers d’appels à l’échelle mondiale pour en finir avec la guerre aux drogues

Des milliers de personnalités, leaders, individus et associations à travers le monde lancent, à la veille de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) du 19 au 21 avril 2016 à New York, un vibrant appel pour en finir avec la guerre aux drogues. En Suisse, la Fédération des professionnels des addictions a relayé le mouvement : près de 2400 personnes, dont des dizaines de personnalités, ont signé une pétition à l’intention du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon afin qu’il exhorte les gouvernements à l’abandon irrévocable d’une approche désastreuse héritée des années 70.

A quelques jours du sommet mondial sur les drogues, la société civile lance une pétition mondiale invitant le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à mettre un terme à 50 ans de politiques drogues basées sur la répression, lui qui exhortait en 2015 les gouvernements à le faire en considérant toutes les options possibles. Partie des États-Unis sous l’impulsion de la Drug Policy Alliance, elle est soutenue par d’anciens présidents (Suisse : Ruth Dreifuss, Brésil : Fernando Henrique Cardoso, etc.) mais aussi des artistes (Sting, Peter Gabriel, Michael Douglas, etc.), des intellectuels, des politiques et des top managers (dont Bernard Kouchner, Sir Richard Branson, Warren Buffett). En Suisse, près de 400 personnes dont une soixantaine de personnalités parmi lesquelles Barbara Gysi, Dick Marty, Rolin Wavre, Luc Recordon ont rejoint le mouvement. Il est inadmissible que les médicaments contre la douleur ou les soins palliatifs soient encore refusés dans certains pays parce qu’ils contiennent des drogues. Il est tout aussi inconcevable que des milliers de personnes continuent de mourir par overdose ou sont infectées par le VIH ou d’autres maladies transmissibles. L’abandon de la peine de mort pour consommation ou détention de drogue fait également partie des priorités de la session. Plus de 60% des exécutions capitales à travers le monde sont encore liées à la drogue.

L’UNGASS 2016 s’intitule « Vers la réalisation des objectifs de 2019 ; un meilleur avenir pour les générations futures ». Ce sommet est le premier sur les drogues depuis 20 ans. Sa date a été avancée de trois ans à la demande de plusieurs pays d’Amérique du Sud devenus, à l’instar d’autres États, très critiques sur les politiques de répression inspirées des conventions onusiennes. Dans l’urgence, l’UNGASS 2016 a été convoquée afin de débattre des enseignements passés et parvenir à une meilleure adéquation entre santé publique, sanction et régulation des marchés pour la prochaine session de 2019.

Il y a près de 20 ans, l’UNGASS 1998 avait pour slogan « Un monde sans drogues, nous pouvons le faire ». En 2009, les États membres adoptaient un plan d’action visant à réduire les marchés des drogues. En 2011, le retentissant rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues, qui réunit notamment Ruth Dreifuss et Kofi Annan, constatait l’échec total des pratiques fondées sur la répression. Entretemps, plusieurs Etats ont assoupli en solo leur législation. On est encore loin d’une politique globale et concertée. Il incombe à l’UNGASS 2016 d’enclencher un mouvement irréversible vers des politiques drogues plus humaines et plus efficaces.

Contacts Presse :

  • Christian Andréo, AIDES
  • Georges Lachaze, ASUD, 06 63 08 99 84.
  • Nathalie Latour / Laurène Collard, Fédération Addiction, 06.12.21.07.25 / 06.15.26.35.95

Les associations françaises s’engagent en faveur de la santé et des droits humains à la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) du 19 au 21 avril 2016 à New York. Elle se sont constituées en plateforme commune il y a trois ans pour dialoguer avec la diplomatie française et les médias.

Lettre ouverte à Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU.

Son Excellence
Monsieur Ban Ki-moon
Secrétaire général
Organisation des Nations Unies
First Avenue at 46th Street
New York, NY 10017
USA

Monsieur le Secrétaire général,

À l’occasion de la Session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies (SEAGNU/UNGASS) sur le problème des drogues dans le monde qui aura lieu à New-York du 19 au 21 avril 2016, nous en appelons à votre autorité afin de soutenir une réforme globale de la politique de contrôle du marché des drogues.

Le régime du contrôle des drogues qui a émergé durant le siècle dernier a eu des conséquences désastreuses sur la santé, la sécurité et les droits humains. Cette politique, axée essentiellement sur la criminalisation et la répression, a créé un vaste marché illicite qui a directement contribué à enrichir le crime organisé, à corrompre des gouvernements, à alimenter une explosion de la violence, à perturber les marchés économiques et à pervertir les valeurs morales de base.

Les gouvernements des États membres ont alloué des ressources disproportionnées à cette politique répressive, au lieu de les consacrer à l’amélioration de la condition humaine. Des dizaines de millions de personnes, pour la plupart vivant dans la pauvreté et issues de minorités raciales et ethniques, ont été incarcérées à cause des lois répressives sur les stupéfiants, en grande partie pour des infractions mineures et sans acte de violence lié. Ces incarcérations n’apportant que très peu de bénéfice en termes de sécurité publique. Avec ces lois prohibitionnistes, les problèmes d’infection au VIH/SIDA, d’hépatites et d’autres problèmes de santé liés à la consommation de drogues se sont rapidement développés entravant les efforts des politiques de santé publique, en particulier dans le champ de la réduction des risques.

Au 21e siècle, l’humanité mérite mieux qu’une politique drogues aussi inefficace et contreproductive que celle du siècle précédent. Une nouvelle réponse globale à la question des drogues est nécessaire. Elle doit se fonder sur la science, la compassion, la santé et les droits humains. La répression et la justice pénale devraient se limiter à leur rôle respectif, à savoir garantir la santé et la sécurité. Ceux qui reconnaissent que l’usage des drogues est d’abord et avant tout une question de santé, doivent assumer leur rôle et promouvoir une nouvelle approche. Les efforts pour contrôler les drogues ne doivent pas faire plus de mal que de bien, ni causer plus de dommages que l’usage de drogues lui-même.

Nous sommes encouragés par des développements positifs partout dans le monde depuis la dernière session spéciale des Nations Unies en 1998. Des programmes de réduction des risques (fondés scientifiquement) pour contenir la propagation du VIH/SIDA ou d’autres infections, le traitement des addictions ou encore la réduction de la criminalité liée à la drogue sont maintenant en cours dans presque une centaine de pays.

Un nombre toujours plus important de villes, d’États et de gouvernements nationaux ne considèrent plus l’usage et la possession de drogues comme des crimes. Certains sont en train de régulariser légalement la consommation de cannabis à des fins médicales et même non médicales. Beaucoup reconnaissent la nécessité de rendre les médicaments essentiels disponibles, en particulier pour la douleur et les soins palliatifs dans les pays à faible revenu. Cependant, des réformes bien plus importantes et plus systémiques sont essentielles.

Monsieur le Secrétaire général, nous avons été stimulés par vos déclarations de l’année passée, où vous avez exhorté les gouvernements à saisir l’opportunité de la SEAGNU (UNGASS) « pour participer à un grand débat ouvert qui permette de considérer toutes les options possibles ». Malheureusement, ceci ne s’est pas encore produit dans les cercles restreints du système des Nations Unies. Votre leadership est maintenant nécessaire pour nourrir les graines de cette réforme, et éviter qu’elle soit rejetée, et pour permettre à cette étape de conduire véritablement à une réforme profonde et globale des politiques drogues.

1172 personnes ont co-signé cette lettre de par le monde.

Signataires en France :

  • Patrick Aeberhard – Former President, Doctors of the World (Médecins du monde) – France, Europe
  • Jean-Pierre Couteron – Chairman, Federation Addiction – France, Europe
  • Jean Pierre Daulouede – Director, Bizia – France, Europe
  • Bernard Kouchner – Former Minister of Foreign Affairs, France – France, Europe
  • KShoo – Spokesperson and co-founder, Federation of CIRCs (Collective for Information and Research into Cannabis) – France, Europe
  • Georges Lachaze – Project Manager, ASUD (Self Support of Drug Users) – France, Europe
  • Fabienne Lopez – President, Principes Actifs – France, Europe
  • Fabrice Olivet – Director, ASUD (Self Support of Drug Users) – France, Europe

La liste complète des signataires est disponible sur www.drugpolicy.org/ungass2016/full

Rien ne va plus à Kuala Lumpur !

Poursuivant la série sur le combat antiprohibitionniste, Speedy Gonzalez partage avec nous les derniers rebondissements et les espoirs qu’ils suscitent pour que l’Ungass 2016 (Session Spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies) soit à la hauteur des défis posés. La surprise est cette fois venue de l’Unodc (Sigles en anglais de l’Office des Nations Unies contre la Criminalité et les drogues dont le siège est à Vienne), véritable gardien du temple de la « guerre à la drogue », qui a voulu changer de cap lors de la Conférence internationale de réduction des risques qui s’est tenue en octobre 2015 à Kuala Lumpur.

Toute une série d’événements positifs (Lire les articles précédents Abattre le mur de la prohibition et La longue marche de l’anti-prohibition) ont jalonné la route depuis que cette Ungass 2016 a été avancée de deux ans à la demande de 45 pays désirant un rapide et réel tournant des politiques des drogues et la fin des hostilités, lassés par cette véritable guerre sans fin. Mais on le sait, la bataille de l’Ungass est loin d’être gagnée car de la Russie, représentant les plus durs sans RdR ni substitution, à la France, championne de ces dernières mais qui continue à pénaliser les UD pour leur conso, un large éventail de pays vont s’opposer à un changement radical au niveau de l’Onu. C’est donc le vote final qui finira par trancher ce qui exige, encore et toujours, de rencontrer les diverses délégations des pays récalcitrants dans toutes les réunions de préparation, comme le font actuellement les représentants de l’antiprohibition. Comme the Global Commission ou l’IDPC (International Drug Policy Consortium), avec un grand merci à ce dernier, tout particulièrement à Marie Nougier pour la qualité de ses infos et la constance de ses liens.

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Un pas en avant…

Un événement majeur est cependant intervenu lors de la 24e Conférence internationale de Kuala Lumpur qui s’est terminée par la déclaration « Vers une décennie pour la RdR ». Pour faire court, l’heure est venue de réformer les politiques sur les drogues et d’en finir avec la criminalisation des UD. L’Unodc semblait non seulement prête à la souscrire mais devait présenter un document qu’elle avait déjà envoyé avant la conférence à quelques grands médias comme le New York Times (un procédé totalement habituel pour ce genre d’événement selon les spécialistes de l’ONU) où elle soutenait la dépénalisation… Voici trois extraits de ce document :

– « Les États membres devraient envisager l’application de mesures afin d’encourager le droit à la santé et réduire le surpeuplement carcéral, y compris par la décriminalisation de l’usage et de la détention de stupéfiants pour consommation personnelle. »

– « Protéger la santé publique est un objectif louable mais imposer des sanctions pénales pour usage et détention de stupéfiants pour consommation personnelle n’est ni nécessaire ni proportionné. Bien au contraire, la punition aggrave la conduite, la santé et les conditions sociales des personnes concernées. »

– « De petits délits sur les stupéfiants, comme la vente de drogues pour assurer sa consommation personnelle ou pour survivre dans un environnement très marginalisé… [sont des cas qui] devraient pouvoir bénéficier de possibilités de désintoxication/réinsertion, d’aides sociales et de soins et non de recevoir une punition. »

Des positions surprenantes de la part de cette agence des Nations unies, chargée avec deux autres, la CND (Commission sur les Stupéfiants) et l’OICS (Organe International de Contrôle des Stupéfiants), de surveiller l’application et le respect des conventions signées par la plupart des États pour lutter contre le trafic et la consommation de drogues. Ces déclarations sont déjà une très bonne nouvelle car si l’un des principaux organismes chargé de la répression commence à dire que celle-ci ne sert non seulement à rien mais qu’elle est contre-productive, notamment concernant la surpopulation carcérale, on peut déjà se réjouir ! Cette dernière est en effet un mal endémique pour de nombreux pays qui ont vu le nombre de leurs détenus se multiplier suite à l’apparition de nouveaux délits (informatiques…) ou davantage punis (sexuels…), ainsi qu’en raison de l’explosion de la consommation et du trafic de drogues, les enfants de la prohibition. La solution proposée est la « décriminalisation de l’usage et de la détention de stupéfiants pour consommation personnelle ». Pas mal, mais voyons la suite… !

Plus particulièrement axé sur la santé publique, le second extrait affirme que la répression pénale sur l’usage de drogues « n’est ni nécessaire ni proportionnée » et que le faire est bien pire ! Enfin, dans le troisième extrait de ce document, l’Unodc enfonce un peu plus le clou en recommandant d’aborder la question du petit trafic par le biais de la réinsertion, des aides sociales et médicales, en ôtant à la répression toute utilité.

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… deux pas en arrière

Malheureusement, un démenti officiel de l’Unodc va vite refroidir nos attentes en prétextant, dès le début de la conférence, qu’il ne s’agissait que d’un document d’orientation (Briefing Paper) réalisé par la section VIH/sida de l’Unodc et qu’il n’engageait pas toute l’Agence… Un reniement de paternité alors qu’il s’agit du fonctionnement normal d’un organisme de l’Onu, qui se laisse toujours guidé par son service le plus compétent pour parler d’un problème précis. Mais surtout, alors que ce document répondait à une demande de clarification de la position de l’Unodc sur la dépénalisation émanant de plusieurs organisations comme Inpud ( International Network of People who Use Drugs (Inpud) dont Asud est membre fondateur), IDPC, HRI (Harm Reduction International)… !

Grand chambardement dans les coulisses de la conférence où les soupçons de pression sur l’Unodc vont vite se confirmer : les USA étaient effectivement mécontents d’apprendre par voie de presse que l’un des derniers remparts onusiens (qu’ils ont en outre contribué à créer) sape dans un document quarante-six ans de « guerre à la drogue ». Depuis 2010, la grande majorité des agences concernées de l’Onu comme l’OMS ou l’Onusida ont déjà déclaré leur opposition à la prohibition. Un beau couac, bien révélateur que les choses bougent, même chez les gardiens du temple de la prohibition !

Kuala-PascalCôté français, la position de la Mildeca9 pour la prochaine Ungass qui s’appuie, selon elle, sur « une approche équilibrée », n’est plus tenable pour le pays des droits de l’homme au moment où ceux-ci sont justement mis en exergue par un nombre croissant de pays et d’agences de l’Onu ! La France a beau prétendre venir à cette réunion avec le drapeau des Human Rights (sa position qui consiste à s’opposer à la peine de mort pour les trafiquants de drogues est légitime mais reste très courte), elle n’a pas encore osé franchir le pas, comme l’ont déjà fait d’autres pays. Sous peine de camper avec des pays obscurantistes ultrareligieux ou poutiniens, le temps est venu pour la France d’aborder la question des drogues avec réalisme, en admettant enfin l’échec patent de la prohibition. Et de formuler ensuite une approche basée sur le respect des droits de l’homme, la sécurité des personnes et des pays, la santé publique, la justice et la lutte contre la corruption, le tout à la lumière des multiples données scientifiques déjà disponibles. Pour qu’enfin la France s’engage sur la voie de la dépénalisation de l’usage et de la détention pour consommation de toutes les drogues !

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Marche Mondiale & Appel du 18 joint : la longue marche

L’idée d’une manifestation internationale pour la légalisation est attribuée à Dana Beal, suite à la session extraordinaire de l’Onu sur les drogues réunissant en 1998 à New York une flopée de chefs d’États, dont Jacques Chirac qui se lança dans un discours aussi musclé que creux : « L’histoire devra retenir que c’est d’ici, à New York, qu’est partie la grande croisade des Nations contre la drogue, une croisade qui ne devra plus cesser tant que nous n’en aurons pas fini avec ce cancer qui ronge nos sociétés. »

Dana Beal

Dana Beal est un militant politique américain, qui a créé le Youth International Party (YIP) avec Jerry Rubin et Abbie Hoffman. Son combat pour réformer la loi sur les stupéfiants et les libertés civiles ne date pas d’hier. Il a fondé l’association Cures No War, qui milite pour l’accès au cannabis thérapeutique, et a beaucoup œuvré en faveur de l’ibogaïne comme traitement pour décrocher des opiacés. En 2011, Dana Beal a été condamné dans le Wisconsin à onze mois de prison pour détention de marijuana.

C’est lors de cette session new-yorkaise que l’Onu se donna dix ans pour éradiquer les drogues de la planète terre, un projet aussi irréaliste qu’utopique contre lequel s’élevèrent un grand nombre d’ONG et d’associations. Ce sont sans doute ces déclarations guerrières et fantaisistes contre le cannabis qui poussèrent Dana Beal (lire l’encadré) à organiser avec d‘autres organisations internationales une journée mondiale de mobilisation afin que cesse la stigmatisation du cannabis et de ses usagers.

Avant de s’exporter sur tout le continent américain, de Toronto à Buenos Aires, les premières manifestations de la Million Marijuana March aussi appelée Global Marijuana March eurent lieu en 1999 dans plusieurs villes des États-Unis. Mais aussi à Londres… où je me suis rendu à l’époque avec Farid Ghehiouèche dans le cadre de la campagne des élections européennes, si mes souvenirs sont exacts.

Des débuts difficiles

Selon le pays et la situation locale, la nomination change. En France, c’est Farid, le représentant à travers Encod (The European Coalition for Just and Effective Drug Policies) de la cause cannabique à l’international, qui a lancé l’idée et organisé en 2001 une première manifestation, sous le nom de « Marche mondiale du cannabis » (MMC). Les débuts ont été difficiles. En 2002, à la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle où toute manifestation politique était interdite, celles et ceux qui ont répondu à l’appel de Farid ont affronté les CRS et ont été contraints de battre en retraite.

Longtemps reléguée sur le terre-plein du boulevard Richard Lenoir par la préfecture de police, longtemps dédaignée par les associations de réduction des risques, la manifestation était soutenue par les Verts et du bout des lèvres par le Circ, suite à un texte imprudemment publié sur le site de la Marche par une militante aigrie accusant en termes très peu courtois l’association de vouloir récupérer l’événement alors que nous voulions seulement donner un coup de main à Farid. Cet épisode malheureux a freiné les ardeurs des militants du Circ durant de longues années, mais Farid Ghehiouèche n’a pas capitulé. Et, d’une année sur l’autre, a organisé avec plus ou moins de succès la Marche mondiale du cannabis.

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La marche triomphante

Mais tout change pour le dixième anniversaire de la Marche, en 2011. Les associations de réduction des risques, Asud en tête, mais aussi Aides, l’Afr, Act Up, Techno + et bien sûr le Circ montent au créneau… Nous imprimons un flyer. Au recto : « Dépénalisation, Autoproduction, Cannabis thérapeutique – une autre politique des drogues est possible ». Et au verso, une déclinaison de nos propositions en sept points.

Vous vous souvenez peut-être, chers lecteurs, de la quatrième de couverture du numéro 46 du journal. Il s’agissait d’un texte sur la sécurité – un thème cher aux prohibitionnistes – démontrant de façon implacable que la légalisation milite pour la sécurité des usagers et des territoires, de la société et des familles, en lançant un appel à participer à la Marche mondiale. Nos efforts communs ont payé et pour la première fois, la Marche méritait son nom puisque nous avons défilé dans la bonne humeur de Bastille à Stalingrad.

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Marche mondiale cannabis paris 9 mai 2015

L’édition 2015 de la Marche mondiale parisienne a, semble-t-il, trouvé son public : des jeunes mais pas que, qui ont marché en musique et en grand nombre (1 500 personnes, je dirais) de Bastille à République avec, en vedette américaine, une intervention d’Esther Benbassa, la sénatrice qui a proposé à ses collègues de légaliser le cannabis. Les médias, beaucoup plus nombreux que les années précédentes, n’ont pas boudé leur plaisir, signe que si le débat n’est pas à l’ordre du jour au Parlement, il l’est dans la société. Preuve que le cannabis est intégré dans nos mœurs : l’entrée du mot beuh dans le Petit Robert.

Appel du 18 joint

De Figeac à Tahiti, de Lyon à Poitiers, en passant par Marseille et Paris, le Circ organisait cette année encore l’Appel du 18 joint.

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Si Paris n’a pas le monopole de la Marche mondiale du cannabis, les événements organisés en régions, à l’exception de Lyon et Marseille, n’ont pas rencontré le succès escompté. À ce rythme, en 2016, où une session extraordinaire de l’Onu sur la politique des drogues est prévue, et en 2017, année de l’élection présidentielle, nous serons des dizaines de milliers à descendre dans la rue pour défendre la légalisation du cannabis.

Quand le cannabis sera légal en France…

Alors que l’opération policière de Saint-Ouen bat son plein et ne fera, dans le meilleur des cas, que déplacer le problème, j’aimerais proposer quelques réflexions sur les questions qui se poseront lorsqu’on légalisera le cannabis en France.

Un marché ultraviolent

La prohibition du cannabis vit ses dernières années (ses dernières décennies ?) en Europe et aux États-Unis. Le but fondamental de la prohibition est de limiter, autant qu’il est possible, la consommation de drogues considérées comme dangereuses et ce, à l’échelle nationale et internationale. Il est clair, les enquêtes ne cessent de le démontrer, que cet objectif, concernant le cannabis, est un cuisant échec. Avec plusieurs conséquences dont l’une est dramatique. Si le cannabis est une drogue dont la dangerosité est faible, le trafic de cannabis, un marché considérable puisqu’il approvisionne en France des millions de fumeurs, est devenu d’une extrême violence. Alors que le chômage des jeunes est massif, l’entrée dans le biz du cannabis est une tentation presque irrésistible (en particulier pour les « jeunes de cités ») et participe largement à la déscolarisation de choufs de 10 ans tandis que les valeurs de la mafia viennent corrompre celles de la démocratie. La règle est simple : plus un marché illégal est lucratif, plus il est violent et plus il finit par se trouver aux mains de groupes criminels qui règlent leurs comptes à coups de kalachnikov. Exemple : l’ultraviolent trafic de cocaïne au Mexique qui vise le marché américain.

Usage public et/ou privé

Dans les lignes qui suivent, je me situe donc dans la perspective d’une légalisation de la production, de la distribution et de la consommation de cannabis. Il y aurait un grand débat à mener, il l’a été en partie par Terra Nova (Cannabis : réguler le marché pour sortir de l’impasse,
Christian Ben Lakhdar, Pierre Kopp et Romain Perez, Terra Nova, décembre 2014)
, sur le modèle de légalisation : monopole d’État et « commerce passif » (Une alternative à la prohibition des drogues : la légalisation contrôlée, Francis Caballero in La prohibition des drogues, regards croisés sur un interdit juridique, sous la direction de Renaud Colson, Presses universitaires de Rennes, 2005), légalisation dans un cadre concurrentiel, modèle libertaire des cannabistrots. Mais je le laisse de côté.

Yes we cannabis normlLa toute première question porte sur l’usage public et l’usage privé. Ce n’est pas une mince affaire. Pour des raisons évidentes, les manifestations pour la légalisation du cannabis laissent flotter un nuage de fumée clandestine. Mais qu’en sera-t-il lorsque le cannabis sera légalisé ou même la consommation seulement dépénalisée ? En Belgique, par exemple, l’usage privé de drogues n’est pas pénalisé, seul l’usage public l’est. Pour deux raisons : la consommation publique peut avoir une dimension prosélyte ; à l’inverse, elle peut heurter certaines personnes. À quoi il faut ajouter que les substances fumées, et elles seules, peuvent provoquer une consommation passive. Imaginons que demain la consommation soit dépénalisée ou le cannabis légalisé : on risque alors de voir des gens fumer, par pure provocation, des pétards sous le nez des flics. Et ce ne sera pas une bonne idée. Beaucoup de jeunes, habitant chez leurs parents, ne peuvent pas fumer chez eux et consomment donc dehors. De fait, l’usage public de cannabis est pratiquement devenu la règle en France, ce qui rend la question explosive. Or sans doctrine sur cette question, nous ne pourrons pas avancer. J’ajoute que, dans l’État du Colorado, le cannabis récréatif a été légalisé mais l’usage public reste interdit. Pour ma part, je suis partisan de l’usage privé, pour les deux arguments évoqués plus haut, quitte à créer des lieux où les consommateurs pourront fumer.

Le problème des mineurs

J’en viens au deuxième point qui a quelques liens avec le premier. La massification des usages de cannabis s’est accompagnée d’une précocité des consommations. Je ne sais ce que représentent les 12/18 ans en proportion du cannabis consommé, mais l’usage s’est répandu dans cette classe d’âge. Or personne, ni au Colorado, ni dans l’État de Washington, ni en Uruguay ne songe à légaliser la consommation pour les mineurs. Il y a donc là un sérieux problème. Je ne vais pas développer les arguments de santé publique qui militent en faveur de l’abstinence de drogues – alcool et tabac compris – chez des jeunes en pleine croissance. Mais, comme disait De Gaulle, il n’y a pas de politique qui vaille hors des réalités. Si le cannabis était légalisé demain par Hollande et Valls (!), les usages de substances psychoactives par les mineurs ne cesseraient pas magiquement. On peut même penser que la consommation augmenterait aussi pour cette classe d’âge, au moins dans un premier temps. Et on sait bien que les grands achèteront pour les petits. Il suffit, au demeurant, de voir comment la politique en matière de tabac et d’alcool est appliquée concernant les mineurs… Il faut l’admettre, le fait d’interdire l’usage public mettra les mineurs dans une situation difficile. Mais il n’y a aucune solution simple à ce problème. Il nous amène au troisième débat.

Refonder la prévention

Lorsque l’on examine les campagnes pro-cannabis américaines, on constate que la question des emplois induits par la légalisation ou des taxes décidées par l’État constitue un argument central et il n’y a, après tout, rien de choquant à cela. On comprend combien il est puissant dans un État comme la Californie, toujours au bord de la faillite. Mais cette question en cache une autre au moins aussi importante : quelle sera la part des taxes qui sera consacrée à la prévention et aux soins ? La réduire à la portion congrue voudra dire que l’on n’aura tiré aucune leçon du tabac et de l’alcool comme drogues légales. Disons un mot de la prévention. Imaginer qu’elle demeure ce qu’elle est aujourd’hui serait absurde. Il faut, au contraire, refonder une prévention qui s’adressera à des « not yet users », des jeunes qui ne sont pas encore consommateurs mais pourraient le devenir. Donc aborder ces questions bien plus tôt qu’on ne le fait. Un ado de 12 ou 13 ans considère tout adulte qui lui parle de drogues comme un vieux con. C’est comme ça. Il faut aussi dire la « vérité » sur le cannabis : sa faible dangerosité, le plaisir qu’il peut procurer, mais aussi le fait qu’il a tendance à rendre paresseux ou casanier : après un joint fumé chez soi, on n’a pas toujours envie d’affronter le dehors. Et c’est une très mauvaise idée, pour un collégien ou un lycéen, de fumer dès le matin pour rêvasser pendant les cours. D’une manière générale, la consommation de drogues s’insèrera dans un discours plus large sur les conduites à risques : risque sexuel, routier… Tout cela demande des formateurs, des moyens, bref, le nerf de la guerre. Si la légalisation du cannabis devait s’aligner sur celle du tabac et de l’alcool, si une part substantielle des taxes n’était pas consacrée à une prévention et à des soins inspirés de la réduction des risques et des dommages, ce serait une vraie défaite pour la santé publique.

J’évoquais le risque routier. Un alcoolique ou un héroïnomane en manque au volant peut être très dangereux pour lui-même et pour les autres. Sur cette question, je reste donc un farouche partisan des tests psychomoteurs simples qui peuvent être demandés au conducteur au bord de la route en tenant compte de l’âge. Être capable de faire des index/nez, de marcher un pas devant l’autre ou de tenir debout sur une jambe a bien plus de valeur que des tests salivaires. À ma connaissance, ces derniers continuent à souffrir du fait que le cannabis est lipophile, c’est-à-dire qu’il se fixe sur les graisses. Il est donc difficile d’affirmer qu’une personne présentant un test salivaire positif au cannabis est bien sous l’influence psychoactive de la substance et non pas qu’il a fumé un joint la veille.

En réalité, le vrai problème du cannabis est son association avec l’alcool car au « flou » que provoque la beuh ou la résine s’ajoute la désinhibition liée à l’éthanol. Ce n’est pas un hasard si le meilleur argument des prohibitionnistes consiste à dire : pourquoi voulez-vous ajouter un troisième poison légal, le cannabis, à ces deux poisons légaux que sont le tabac et l’alcool ? Les campagnes de prévention en matière de risque routier, en particulier en France où la consommation d’alcool reste élevée, devraient prioritairement viser cette association dont de nombreuses études montrent qu’elle augmente l’accidentalité d’un facteur 10. Quel que soit l’amour qu’on porte au cannabis, on préfèrera un pilote d’avion qui n’en a pas fumé avant de décoller, comme on préfèrera qu’un technicien qui occupe un poste à responsabilité dans une centrale nucléaire ne soit pas raide def.

Usage public/usage privé, consommation des mineurs, part des taxes qui serait réservée à la prévention et aux soins, risque routier et professionnel : voilà quelques questions qui mériteraient un large débat. Car elles sont devant nous, qu’on le veuille ou non.

Cannabis : Faites tourner le débat

Brillant reportage sur les véritables enjeux de la politique des drogues et plus particulièrement du cannabis à base de nombreuses interviews dont celle de Laurent Appel, journaliste à ASUD.

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Les Français se cachent pour fumer. 11 % des 18- 64 ans ont consommé au moins une fois du haschich en 2014. Chez les plus jeunes, cette pratique ne cesse de progresser. Au total, pas moins de 17 millions de français disent avoir fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie.

Un véritable phénomène de société, donc. Devant lequel la loi est claire et ferme : le cannabis est un produit stupéfiant. Consommation, possession ou vente de ce produit sont des délits qui relèvent du code pénal. Une loi stricte, certes, mais difficilement applicable : comment en effet pénaliser les millions de consommateurs réguliers ?

Des voix s’élèvent régulièrement pour réclamer une dépénalisation, qui régulariserait la situation. D’autres prônent au contraire un maintien de la prohibition, notamment en raison des risques sanitaires chez les plus jeunes, le cannabis pouvant entraîner des dommages psychologiques.

Les deux camps avancent leurs arguments. Une chose est en tout cas certaine : le débat a bien du mal à prendre en France. Aucun grand parti n’est parvenu à imposer un débat de société.

Notre mot d’ordre : entrer dans le vif du sujet avec des professionnels : médecins, policiers, psychiatres, politiques. Faire tourner le débat, ouvrir les portes et interroger les représentations, sans prendre parti mais en tâchant de comprendre pourquoi cet “or vert” (comme le prétendent certains) dérange, nourrit les fantasmes et inquiète à ce point.

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La France, dans un futur plus ou moins proche. Le parti au pouvoir a pris la décision de légaliser la vente et la consommation du cannabis. A quoi peut ressembler ce pays ? Sans doute beaucoup à celui qu’on connaît déjà.

Mais concrètement, comment les Français iraient acheter, puis consommer, du cannabis ? Sous quelles conditions ? Auraient-ils besoin d’un permis ? Et où trouver de quoi fumer : dans un bureau de tabac, à la pharmacie ? Quelle place réserver à la prévention des risques liés à la dépendance ?

Avant de continuer, petit interlude pédagogique, histoire de préciser les choses :

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Face à cette hypothèse la question la plus souvent posée est celle des risques sanitaires. Quelles seraient les conséquences d’une dépénalisation sur la santé des Françaises et des Français ?

Au-delà des clivages, partisans et opposants de la libéralisation s’accordent au moins sur un point : la consommation de cannabis n’est pas un fait anodin pour le corps et l’esprit. Elle peut entraîner une désociabilisation et des dommages psychiques.

Néanmoins, ces conséquences néfastes sont mises en perspective par les spécialistes de l’addictologie, qui les comparent avec celles des drogues légales, l’alcool et surtout le tabac.

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A l’image du tabac, justement, l’ouverture de la vente de cannabis pourrait représenter, pour l’Etat, des rentrées d’argent supplémentaires. Ainsi, pour briser le flou qui existe autour de ce débat, certains préconisent d’attaquer là où ça fait mal : le porte-monnaie.

La légalisation du cannabis est en effet une promesse qui peut faire rêver: 1,6 milliards d’euros de bénéfices, 13 000 emplois… Mais à quoi cette manne financière servirait ? Quant à la nouvelle filière qui remplacerait les trafics illégaux, quel serait son visage ?

La construction d’une filière légale en France aurait en tout cas des conséquences économiques sur le plan international. Car la majorité du cannabis consommé en France n’est pas produit localement. Il vient notamment du Maroc.

Que deviendrait cette importation illégale dans un scénario de légalisation ? Et plus largement, est-ce qu’un pays peut légaliser seul dans son coin, sans prendre en compte le système commercial et mondialisé pré-existant ?

Vous vous souvenez ? Nous sommes toujours dans la France qui a choisi de dépénaliser le cannabis. Les fumeurs ne sont plus verbalisés. Une nouvelle filière économique est née, à visage découvert. Les moyens financiers et humains dépensés pour enquêter et arrêter les dealers peuvent être déployés ailleurs.

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Quant aux trafiquants, aujourd’hui hors-la-loi, quel peut être leur devenir alors que des produits légaux leur feront concurrence ? Eux qui sont le plus souvent déscolarisés, à quelle reconversion peuvent-ils prétendre ?

Quant aux trafiquants, aujourd’hui hors-la-loi, quel peut être leur devenir alors que des produits légaux leur feront concurrence ? Eux qui sont le plus souvent déscolarisés, à quelle reconversion peuvent-ils prétendre ?

L’ensemble des éléments cités par nos spécialistes ne reposent évidemment que sur des hypothèses. Mais ils s’inspirent tout de même d’une réalité : le cannabis est en effet toléré, dépénalisé – voire légalisé – dans quelques pays du monde.

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Quels sont les modèles de dépénalisation au Pays-Bas, ou dans le Colorado ? Comment la Suède a mis en place un système de prévention très en amont ? Quel bilan peut-on tirer de ces différentes expériences ?

Un paradis, le Colorado ? Le cannabis y est accessible pour un usage récréatif depuis 2012. Quelles en sont les conséquences ?
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Alors ? Des éléments concrets, on en a. Des études sérieuses, tout autant. Les professionnels des secteurs liés à la toxicomanie ou au trafic de drogues sont de plus en plus nombreux à dire que la prohibition ne fonctionne pas et qu’il est temps de changer notre fusil d’épaule.

Pourtant, le débat n’émerge pas. Aucun “grand” parti n’a pris ces revendications en compte lors des dernières élections. Alors, keskiblok ?

Ils ont fait tourner le débat

Passez votre souris sur chaque photo pour connaître le détail de leur biographie.

Hépatite C et Usage de Drogues : la déclaration de Berlin

La Déclaration de Berlin faite à la suite du 1er congrès européen sur l’Hépathite C et l’Usage de Drogues qui s’est tenu dans cette ville le 23 et 24 octobre 2014 a établi 6 recommandations pour l’accès sans aucune discrimination à la prévention, au dépistage, aux traitements y compris ceux de dernière génération et aux soins pour les personnes qui consomment des drogues.

On y affirme entre autre également la nécessité de la dépénalisation de l’usage de drogues et la pleine reconnaissance et intégration des organisations d’U.D. pour mieux lutter contre le VHC.

Les principales questions présentées à cette conférence constituent la Déclaration de Berlin, véritable mise en demeure aux pays de l’UE de réagir face à la gravité de la situation.

 

  1. Développer des stratégies nationales et européennes et des plans d’action multidisciplinaires pour la prévention et le contrôle du VHC parmi les groupes à hauts risques comme les UD injecteurs, dans la ligne fixée par la résolution de l’OMS en 2014.
  2. Fournir pour le VHC, l’accès au dépistage volontaire, confidentiel et gratuit, aux traitements de haute qualité sans interféron et aux soins, tout particulièrement pour les UD qui supportent actuellement le plus gros poids de cette maladie en Europe.
  3. Encourager la réduction des risques, la mise en avant de preuves et de programmes communautaires afin d’obtenir une couverture plus large et durable contre le VHC. L’accès aux PES, aux TSO, à l’héroïne médicalisée et aux programmes conduits par les pairs sont non seulement efficaces sur la prévention du VHC mais permettent aux populations les plus marginalisées de rester en contact avec le système de soins.
  4. Dépénaliser l’usage de drogues. Les États de l’UE sont vivement encouragés à adopter des lois dans ce sens et à poursuivre les violations des droits humains qui empêchent ou gênent l’utilisation de services de RdR qui sauvent des vies… Comme le recommandent l’OMS, l’ONUSIDA, le HCR, les politiques et les lois qui répriment les drogues et leur détention dans de nombreux pays doivent être réformées ou changées afin de mettre un terme à la marginalisation des UD, à leur stigmatisation et discrimination, notamment par la prison, et à leurs difficultés pour avoir accès aux divers services de santé, en particulier pour le VHC. De nombreuses preuves indiquent que plus la répression est forte, plus les conduites à risques augmentent.
  5. Impliquer davantage les UD et leurs organisations dans les pays membres de l’UE dans la prise de décisions concernant les mesures et les services sur le VHC car selon l’OMS, « contrairement aux interventions des professionnels de santé, celles des pairs ont démontré leur efficacité pour réduire la transmission du VHC ».
  6. Développer, par le biais de formations standardisées, les connaissances sur la santé et le VHC, sa prévention, les derniers traitements et la consommation de drogues, aussi bien chez les professionnels de santé que chez les UD, car tous ont de graves lacunes avec des effets négatifs sur la prévention et le choix des traitements.

Ces 6 points sont présentés plus en détail dans l’article Berlin quand tu nous tiens du N°56 d’Asud-journal.

La version anglaise originale de la déclaration de Berlin se trouve ci-après.

HEPATITIS C STATISTICS AND POLICY FACTS

  • 150 million people worldwide are living with chronic hepatitis C virus (HCV), of those infected, nine million are living in the European region.
  • The burden of HCV is concentrated among people who inject drugs (PWID) in Europe, with HCV antibody prevalence ranging from 20% to over 90% in different countries. The World Health Organization (WHO) has identified people who inject drugs as a key target group for HCV prevention and treatment.
  • In January 2014, the first all oral HCV treatments providing cure rates of up to 98% in clinical trials were approved by the European Commission.
  • In spite of European guidelines recommending treatment access people who use drugs still face considerable barriers to, and are frequently denied, access to the newly approved HCV treatment regimens.
  • The scale-up of HCV treatment access to people who inject drugs has the potential to significantly reduce the number of new infections and the prevalence in the population, acting as an effective preventative measure.

Major European and international agencies working in, or involved with health and drugs, such as WHO, UNODC, UNAIDS, EMCDDA and ECDC consider viral hepatitis, especially among people who inject drugs, a serious public health problem.

At present polices responding to HCV are inconsistent, or non-existent across Europe. The broad range of issues pertaining to HCV have not been thoroughly included in European and/or national policies, or comprehensively dealt with among designated stakeholders.  HCV prevention, screening, early diagnosis, and treatment among people who inject drugs have been proven to be both effective and cost effective. Research exploring the values and preferences of people who inject drugs with regards to HCV treatment has found that concerns about side effects; limited HCV knowledge; rationed treatment expectations; experiences of treatment refusal due to drug use; stigma and discrimination within healthcare settings; and difficulties associated with hospital systems pose significant hurdles for HCV treatment, access and uptake.

Presently, public awareness, surveillance systems, availability of HCV prevention and harm reduction based interventions remain inconsistent throughout Europe. Access to screening and diagnosis services are not available to people who use drugs in every country. Importantly there has been little attention to addressing the stigma and discrimination faced by people who use drugs and even higher among people who inject; this is a major barrier to accessing services and requires urgent remedial action if effective HCV policy and programming is to be implemented. The time to foster a unified global response to the hepatitis C epidemic is now!

THE TIME TO ACT IS NOW!

Develop Targeted HCV Strategies and Action Plans

We strongly recommend the development and implementation of European and national HCV strategies and action plans that include appropriate funded multidisciplinary approaches for HCV prevention and control among communities engaged in high-risk behaviours including people who inject drugs, in line with the 2014 WHO resolution WHA67.6 OP1(1).

Action Required: Policy-makers, NGOs/service providers, representatives from at high-risk populations, such as organisations of people who use  drugs, and workers in the health care, social and justice sectors, must collaborate (at European and national levels) for the development of comprehensive HCV strategic plans and service recommendations.  Public funding must be allocated for the development, implementation and evaluation of effective HCV strategic planning and services.

Provide Access to HCV Testing, Treatment and Care Services

We strongly recommend the provision of low threshold and community based HCV testing (voluntary, confidential and free of charge) and referral to affordable and high quality treatment (interferon free) and care for HCV. Provision of HCV testing and treatment uptake among PUD in low threshold settings has been proven to be effective and cost-effective. Despite issues of limited access, newly approved HCV treatments, direct acting anti-virals (DAAs), have shown to be effective and well adhered among people who use drugs in recent studies.

Action Required: Implementation of comprehensive national policies to fund and support integrated and accessible programs for HCV testing and treatment, offered in non-traditional and low threshold community-based settings. Central to the success of this approach is the involvement of people who use and inject drugs and their organisations in every aspect of HCV prevention, treatment and care planning, noting that “evidence showed that interventions delivered by peers were effective in reducing transmission of viral hepatitis”. Consensus agreements must be made among pharmaceutical companies and EU member states to reduce prices of new medications to allow the scale-up of treatment, thereby allowing for equitable access to affordable treatments.

Scale-up Harm Reduction, evidence and Community-Based Programs

We strongly recommend the scale-up of harm reduction, NPS and community-based programs ensuring high quality, effective and sustainable coverage. Research has shown that a combination of integrated interventions in low threshold settings such as NSPs, opioid substitution therapy (OST), access to medicalised heroin and community based, peer led harm reduction programs are not only cost effective regarding HCV prevention, but also ensure that marginalised populations stay connected to direly needed services. Moreover, considering the easier transmission of HCV when compared to HIV, it is crucial to ensure higher quality standards for harm reduction services, in order to prevent HCV.

Action Required: Implementation of comprehensive, integrated and high qualified harm reduction based HCV prevention services, involving members of the most affected community, that include evidence based interventions, and OST in low threshold settings. The establishment of policies that ensure appropriate financial resources are made available for capacity building, and the empowerment of organisations of people who inject drugs, and provision of prevention interventions recommended by WHO.

Decriminalize People Who Use Drugs

We strongly recommend all EU member states to adopt laws that decriminalize people who use drugs and prosecute human rights violations that threaten access to, or deny, essential life saving services, such as NSP, harm reduction and treatment services.  In many countries, members of law enforcement have been responsible for confiscating drug injection supplies and sterile syringes intended to prevent the transmission of HCV and HIV. Numerous studies show that such actions are responsible for increasing injection risk behaviours and countless numbers of entirely preventable HCV infections.

Action Required: Drug policies and laws that criminalize possession of drugs, as well as sterile injection equipment obtained at NSPs, must be reformed or removed to stop the marginalization of people who use drugs and to guarantee free access to essential health services, including harm reduction, HCV/HIV prevention and treatment programs. National governments should adopt new drug policies based on a human rights approach fighting against the stigma and discrimination that denies access to HCV treatment to people who use drugs or who are on opiate substitution therapy (OST).

Meaningful inclusion of People who Inject Drugs and their organisations

We strongly recommend meaningful involvement of communities living with the highest risk of HCV, namely people who use or have used drugs, in all levels of HCV policy development, including the development and provision of harm reduction, HCV prevention, treatment and care services. The involvement of most affected communities is critically important for the development of successful and effective policies and services. Peer based HCV prevention programs and interventions have been proven most effective in reducing transmission of viral hepatitis and HIV.

Action Required: European policies and member states policies must include mandates that require the involvement and representation of high-risk communities in decision-making processes related to HCV policies and services. EU and national support must be provided to ensure implementation and sustainability of peer-led HCV services, and consequently must fund drug user led organisations to provide peer to peer education, and low threshold harm reduction services.

Increase Health and HCV Literacy

We strongly recommend the development and implementation of standardized training for healthcare workers and for people who use drugs on HCV prevention, treatment updates and drug use issues. Evidence suggests that healthcare workers and people who inject drugs often lack sufficient health literacy on hepatitis, which negatively influences decisions regarding appropriate prevention and treatment options.

Action Required: The development and implementation of EU and nationally supported training programs on HCV and drug use for healthcare workers (including Nurses and GPs) and people who use or inject drugs. People who inject drugs and their organisations must be at the centre of health and HCV literacy measures.  Dedicated funding must be allocated for the development of interventions that will improve the knowledge and skill level regarding HCV treatment and drug use/user cultural issues among healthcare professionals, including specialists such as hepatologists and gastroenterologists. Peer based organisations of people who inject and use drugs must be funded to produce and provide education and training, addressing gaps in knowledge among healthcare workers and peers in regard to cultural and specific needs of people who use drugs to ensure beneficial health outcomes.


 

October 23rd, 2014

This Manifesto is produced by APDES, Portugal and Regenboog Groep, Netherlands in the scope of the Correlation Hepatitis C Initiative. For more information: www.hepatitis-c-initiative.eu

We want to thank for the special contribution of Joana Marques, Diana Castro, Magdalena Harris and Jason Farrell.

Organisations supporting the Manifesto on Hepatitis C and Drug Use

World Hepatitis Alliance, International Network of People Who Use Drugs, European AIDS Treatment Group, Harm Reduction International, European Harm Reduction Network, European Liver Patients Association, European Association For The Study Of The Liver and HIV/AIDS Civil Society Forum

Acknowledgements

Special thanks to the Manifesto reviewers for providing input and guidance:

Anke Van Dam, Anouk de Gee, Charles Gore, Chris Ford, Eliot Ross Albers, Erlind Plaku, Fiona Godfrey, Georg Farnbacher, Hilje Logtenberg-van der Grient, Igor Kuzmenko, Jason Grebely, Jeff Lazarus, Jules Levin, Karyn Kaplan, Katrin Prins-Schiffer, Luís Mendão, Margaret Walker, Maria Phelan, Marinela Debu, Ricardo Fuertes and Valentin Simionov.


 

With financial support from the Drug Prevention and Information Programme (DPIP) of the European Union.

Neither the European Commission nor any person acting on its behalf is liable for any use of information contained in this publication.

Quand les Verts font le joint

Qu’ils soient de droite ou de gauche, nous les avons tous apostrophés lors des différentes échéances électorales. Ils nous ont parfois répondu, à droite, des fadaises, à gauche, des foutaises… Certains nous ont amusés avec la sempiternelle ouverture du débat sur les drogues… Mais en définitive, le seul parti à nous avoir soutenus indéfectiblement lors de nos démêlés avec la justice, le seul à avoir partagé des idées et proposé des actions, ce sont Les Verts.

À peine avions-nous reçu le faire-part annonçant la naissance du Circ que nous prenions rendez-vous avec Jean-Luc Bennahmias, un des pionniers de la lutte pour la dépénalisation du cannabis, d’abord dans Antirouille (magazine de lycéens) puis dans la Gueule ouverte (journal écologique), mais aussi en tant que représentant des Verts Europe qui, en avril 1991, proposaient de mettre à l’étude « la dépénalisation complète, avec légalisation des produits ».

Les années complices

Dès 1995, alors que le préfet de police interdisait le rassemblement de l’Appel du 18 joint, Les Verts soutenaient le Circ, un soutien qui déboucha sur une garde à vue à la brigade des stups. Il n’en fallait pas plus pour nouer des liens qui se sont resserrés lorsque Jean-Luc Bennahmias devint Secrétaire national des Verts en 1997. Cette année-là, échaudés par les interdictions de l’Appel du 18 joint, les jeunes Verts se substituent au Circ pour la demande d’autorisation, mais essuient un refus du préfet de police d’autant moins compréhensible que Jean-Pierre Chevènement était le ministre de l’Intérieur du tout nouveau gouvernement socialiste et Dominique Voynet, sa ministre de l’Environnement.

L’année suivante, Act Up est accusé d’avoir présenté les stupéfiants sous un jour favorable en distribuant un tract « J’aime l’Ectasy, je suis pédé aussi ». Quant au Circ, il est convoqué devant la 16e chambre correctionnelle pour avoir distribué des pétards à l’Assemblée nationale, et le lendemain, devant la même chambre mais en compagnie de l’Arev, d’Asud, de Chiche et des Verts, pour avoir bravé l’interdiction de l’Appel du 18 joint 1997.

Unis contre la loi de 70

C’en est trop ! Les Verts participent activement à la création du Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970 (Cal 70), mouvement fourre-tout où se côtoyaient tous les acteurs antiprohibitionnistes. Pour fêter ça, leurs députés déposent un projet de loi afin d’abroger l’article L630 de la loi qui nuit gravement au débat sur les drogues, un projet identique sera initié par Jean-Pierre Michel, député du Mouvement des citoyens (MDC).

« … Depuis longtemps nos travaux ont inspiré les Verts, surtout Chiche, au point qu’on ne sait plus bien aujourd’hui qui de Chiche, des Verts ou du Circ défend les propositions de l’autre… » : ainsi m’exprimai-je devant le Conseil national des Verts où je plaidais pour représenter la voix de l’antiprohibition lors de la campagne des Européennes. Dans le fascicule publié pour l’occasion, « Et si on légalisait les drogues ? », les Verts (et le Circ) proposaient d’abroger le L630, de décriminaliser l’usage de toutes les drogues, de retirer le cannabis du tableau des stupéfiants, de reconnaître l’autoproduction et de définir un cadre légal « pour sa production et sa distribution à des fins commerciales ».

Concernant les autres drogues illicites, les Verts militaient pour l’ouverture d’un vrai débat au parlement sur l’accès légal, selon des modalités différenciées, aux produits actuellement classés au tableau des stupéfiants.

Les Verts partageaient avec le Circ, les associations de réduction des risques ou encore la Ligue des droits de l’Homme, la même analyse critique de la prohibition et proposaient pour en sortir de légaliser le cannabis. Une position défendue avec fougue par Noël Mamère lors de la campagne présidentielle de 2002 dans laquelle le Circ s’est illustré en organisant l’opération « Sortez-les du placard ».

Le bug de l’an 2000 ?

Alors qu’avec Jean-Luc Bennahmias nous étions sur la même longueur d’ondes, l’arrivée de Dominique Voynet à la tête des Verts en 2001, puis de Gilles Lemaire en 2003, a stoppé net une coopération fructueuse entre le parti et les associations représentant les usagers. Cependant, tout lien ne fut pas rompu et on se souvient de l’engagement d’Anne Coppel dans la campagne des Européennes de 2009.

Après dix ans de silence radio, Esther Benbassa, sénatrice EELV, dépose (à la grande surprise des associations qui n’ont pas été consultées) une proposition de loi « autorisant l’usage contrôlé du cannabis », proposition qui a été saluée par tous comme une initiative courageuse et inédite. En effet, c’est la première fois qu’un parti politique propose de légaliser le cannabis, une proposition « bancale » pour les premiers concernés – les consommateurs – mais qui ne demande qu’à être améliorée si l’on veut satisfaire toutes les parties en jeu.

La longue marche de l’antiprohibition

Speedy Gonzalez continue de nous informer sur les préparatifs de l’Ungass (Session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies) 20161, qui pourrait marquer le tout début de la fin de la prohibition des drogues. Il nous entraîne cette fois dans les arcanes des diverses commissions, conseils et autres offices, et nous présente les premières avancées sur la question. Suivons le guide !

Do you speak ONU ?3asud55 p27 ONU

  • ECOSOC : United Nations Economic and Social Council (Conseil Économique et Social des Nations Unies) ;
  • CND : Commission on Narcotic Drugs (Commission des Stupéfiants), mise en place en 1946 par l’ECOSOC dont elle dépend, elle est est constituée de 53 membres élus pour 4 ans parmi les pays de l’ONU. Le nombre de sièges est définis pour chacune des 6 régions de l’ONU ;
  • ICSH : Informal Civil Society Hearing (Audition Informelle de la Société Civile) ;
  • INCB : International Narcotics Control Board (Office International de Contrôle des StupéfiantsOICS), elle est chargée du contrôle de la bonne application des conventions sur les stupéfiants dans les pays signataires ;
  • OAS : Organisation of American States (Organisation des États AméricainsOEA) ;
  • ONUDC : United Nations Office on Drugs and Crime (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime organisé);
  • VNGOC : Vienna Non Governmental Organisations Committee on drugs (Comité de Vienne des ONG sur les drogues). Il vise à faciliter le rapprochement entre les ONG et les organisations de la société civiles (OSC) avec les organes de l’ONU du contrôle des drogues basés à Vienne (CND, ONUDC, INCB). Asud en fait désormais partie tout comme 129 ONG de 53 pays.

Objectif UNGASS 2016

On comprend donc que tout cela se fait en plusieurs temps et l’IDPC2 appelle à être vigilant dans tous ces débats. D’abord, en changeant l’expression « le problème mondial de la drogue » par « les problèmes associés aux marchés des drogues illicites et leur contrôle », qui oriente davantage le problème sur la prohibition plutôt que sur les produits. Il faut aussi intervenir là où on le peut comme au VNGOC, ou dans les instances où les ONG n’ont pas de voix par le biais de l’Onusida ou de l’OMS.

Avant d’aller plus loin, petit retour en arrière : à l’Onu, on a assisté depuis 1970 à la mise en place des trois conventions sur les stupéfiants toujours en vigueur qui n’ont fait que renforcer la situation d’interdiction. Avec elles, les gouvernements croyaient encore qu’ils allaient gagner cette guerre. On s’est voilé la face et l’escalade de la répression a continué. Arrive ainsi 1998 et la dernière Ungass en date sur les drogues qui, comme les précédentes, prolonge sans sourciller la prohibition malgré des résultats déjà catastrophiques. L’épidémie de VIH, « la lèpre du XXe siècle », va pourtant changer quelque peu la donne en forçant les pays, y compris le plus prohibitionnistes comme la France, à appliquer enfin des politiques de RdR… En 2009, malgré une situation internationale désormais hors de contrôle avec notamment le Mexique et l’Afghanistan qui s’enfoncent dans la guerre à la drogue, l’Onu se fixe comme objectif l’élimination ou la réduction significative de l’usage de drogues, de l’offre et de la demande d’ici 2019 !! On semble encore croire au Père Noël en fixant un sempiternel plan d’actions sur la coopération internationale pour lutter contre « ce fléau »

Certainement échaudés par les échecs patents de ceux qui l’ont précédé, les États membres vont cependant décider d’évaluer aussi l’application de ce plan lors d’un Débat de haut niveau, qui devait se tenir avant la CND de 2014. Autres recommandations : que l’ECOSOC consacre l’un de ses Débats de haut niveau à un thème lié au problème des drogues et que l’Assemblée générale elle-même tienne une nouvelle session spéciale sur ce sujet. Initialement prévue en 2019, cette Ungass a finalement été avancée à 2016, suite à la demande de 3 pays (Mexique, Colombie et Guatemala), soutenue par 95 autres États membres lors de l’Assemblée générale de l’Onu. Porté par des États d’Amérique du Sud, ce mouvement a commencé en 2012 dans le cadre de l’Organisation des États américains (OEA), en particulier avec la rédaction du rapport Le problème des drogues sur le continent américain publié en mai 2013, que nous avons déjà présenté brièvement dans le nº54 d’Asud-Journal.

Une longue marche

Concernant le VNGOC, les premiers débats ont permis de faire apparaître des précisions intéressantes, notamment sur le fait que les conventions pourraient être assez souples pour permettre le développement de politiques innovantes centrées sur la santé des personnes. Et que tout est une question d’interprétation des textes et d’application des conventions de la part des États membres. On y a également affirmé que ceux-ci sont maîtres de leurs choix dans la manière d’appliquer ces fameuses conventions. Bien que nous restons encore dans un contexte de contrôle des drogues, on y parle moins de répression et davantage de droits de l’Homme. Les conventions ne doivent plus être un carcan et laisser aux États une certaine marge de manœuvre. Hier les Pays-Bas, aujourd’hui l’Uruguay et l’Équateur, l’ont bien compris !

Mais prière de laisser l’euphorie au vestiaire ! Nous ne sommes qu’au tout début de ce processus qui, bien sûr, sera une véritable Longue Marche longue marche4. Il suffit pour cela de voir les questions abordées lors du HLS des 13 et 14 mars 2014, où les bulldozers de la prohibition genre OICS, CND et autre ONUDC ont à nouveau demandé la « réduction de la demande, de l’usage illicite de drogues et de la toxicomanie… », la « coopération internationale pour l’éradication de cultures illicites destinées à la production de stupéfiants et de substances psychotropes… », et une « lutte contre le blanchiment d’argent et promotion de la coopération judiciaire ». Que ceci soit plus facile si on en finissait avec la prohibition ne les effleure pas encore, du moins officiellement !

Suite au prochain numéro, en restant raisonnablement optimiste car le vaisseau de la prohibition fait eau de toute part… !

asud55 p28 26 juin journée antidrogue


Notes :

1/  Voir l’article « Abattre le mur de la prohibition par le speedé de service, Asud-Journal n°54.
2/ International Drug Policy Consortium : cf. note 1.
3/  Merci à Marie Debrus, présidente de l’AFR, qui nous a éclairés sur toute cette question à son retour de la 57e session de la commission internationale des stupéfiants en mars 2014 !
4/  Mao fut forcé à une retraite longue et coûteuse en hommes devant la poussée des forces nationalistes avant de pouvoir contre-attaquer, victorieusement cette fois.

Drugo : le conte de fée de la guerre aux drogues

En attendant encore quelques semaines le prochain ASUD Journal consacré aux enfants, voici le conte de fée en film d’animation de la Global Commission on Drug Policy : la terrible histoire de Drugo, un dragon banni du royaume par le Roi qui mettait au donjon tous ceux qui continuaient à lui rendre visite. La guerre entre Drugo et les soldats du Roi ravagea le royaume et l’appauvrit lorsqu’un jour les anciens Rois revinrent avec une idée…

Un rapport propose de reprendre le contrôle sur les drogues en les légalisant

La Global Commission on Drug Policy, composée de dirigeants et ex-dirigeants mondiaux, réitère dans ce 4ème  rapport la nécessité d’envisager une régulation du marché des drogues, les alternatives à l’incarcération, de mettre davantage l’accentsur ​​les approchesde santé publique.

Le Rapport fait sept recommandations principales :

  1. Allouer les ressources consacrés au répressif au profit d’interventions sanitaires et sociales éprouvées.
  2. Mettre sur le marché les analgésiques à base d’opiacés.
  3. Décriminaliser l’usage simple ou la possession pour sa propre consommation.
  4. Repenser les alternatives à l’incarcération pour les délits non violents et « du bas de l’échelle » du trafic.
  5. Réduire le pouvoir des organisations criminelles qui causent violence et insécurité dues à la concurrence.
  6. Permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés, en commençant, par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives.
  7. Profiter de l’occasion offerte par la SEAGNU (session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies) de 2016 pour réformer le régime mondial des politiques en matière de drogues.

Sous l’impulsion du dernier rapport produit en mai 2013 par l’Organisation des États américains, qui comprenait la légalisation comme une alternative possible, et la loi de légalisation du cannabis voté fin 2013 en Uruguay, les Nations Unies ont instigué l’organisation de la SEAGNU sur les drogues qui aura lieu en 2016. La Global Commission souhaite que cette échéance puisse être l’opportunité d’un changement de cap, en instaurant les bases d’un nouveau régime de contrôle des drogues pour le 21eme siècle.

De leur côté 4 associations francophones, l’AFR et la FA pour la France, le GREA pour la Suisse et la Fedito Bxl pour la Belgique, vous proposent de prendre connaissance :

Vidéo de la conférence de presse de lancement à New-York animée par en présence des anciens prédidents Fernando Henrique Cardoso (Brésil), Ernesto Zedillo (Mexique), César Gaviria (Colombie), Ruth Dreifuss (Suisse) et aussi de Richard Branson (PDG de Virgin).

Dans les médias

Drogue, la fin de la prohibition (Reportage)

Pour illustrer l’échec des politiques répressives en matière de drogues, des journalistes suisse ont pris l’exemple de la France. ASUD et Gaïa Paris y sont allés de leurs témoignages et analyses. Dans les pays voisins ce sont les initiatives progressistes qui sont données en exemple.

Le 20ème siècle a connu 3 colossales abominations : le communisme, le fascisme, et le Guerre contre la Drogue. Après plus de 40 ans, le bilan de cette guerre est effroyable. Nous savons aujourd’hui que les politiques prohibitionnistes et la répression qui les accompagne ont eu des coûts (humains, financiers, sanitaires, sécuritaires, politiques, environnementaux) incommensurablement plus élevés et dévastateurs que les drogues elles-mêmes. Si vous voulez mieux comprendre pourquoi et comment mettre progressivement fin à cette prohibition regardez ce reportage réalisé par Sabine Kennel et Philippe Mach pour l’émission suisse Temps Présent sur RTS diffusée le 24 avril 2014.

L’intervention d’ASUD et Gaïa Paris sur la France se trouve à partir de la 33ème minute.

En 1997, cette émission avait réalisé un reportage sur le même sujet intitulé : Drogue: l’échec de la répression :

La CIRC évolution

Après de longues années de silence où seul son groupe lyonnais maintenait la barre, la Fédération des CIRCs reprend le combat. Quelques remous internes et surtout une actualité internationale sans précédent auront suffit à réveiller le monstre. À l’occasion de son assemblée générale qui s’est tenue début novembre à Lyon, notre association s’est longuement penchée sur ces deux dernières décennies et les actions menées.

L’âge d’or de l’antiprohibitionnisme cannabique

Au début des années 90, l’obscurantisme en matière de drogues, bâtait son plein. Le sujet était monopolisé par les partisan(e)s du système prohibitionniste, LA drogue était Le mal, on escaladait forcément le chanvre festif pour atteindre les sommets des opiacés, et que dire de la parole des usagers d’alors ? Puis vint un livre, promu au rang de « bible des cannabinophiles », Fumée Clandestine, parut en pleine paranoïa. De réunions en conférences, nous nous aperçues très vite que d’autres initiatives du même genre étaient menées du côtés des « injecteur(triche)s ». Sans aucune concertation, un groupe d’auto-support voyait le jour, Asud. Si les cannabinophiles n’avaient qu’à combattre des idées reçues et tout un tas contre-vérités assénées par des idéologues réacs, les usager(e)s de drogues injectables se retrouvaient, eux/elles, face à  un véritable problème de santé publique avec la diffusion de virus mortels dans leur « communauté », ceux du VIH et de l’hépatite.

Réuni(e)s sous le drapeau de la RdR, mais aussi sous celui de l’antiprohibition, usager(e)s et professionnel(le)s obtinrent des avancées indéniables. Mais à la réforme profonde, voire l’abolition pure et simple de la Loi du 31 décembre 1970, certain(e)s préférèrent se contenter de la substitution pour répondre à l’urgence de la situation sanitaire consommateur(trice)s.

Ces dix années (1990/2000) auront permis de contribuer à une approche plus pragmatique de la question des drogues par les autorités. La prévention prenait le pas sur la répression et pendant un temps, nombreux(euses) étions-nous à croire en une possible sortie de la prohibition, tout du moins pour la filière chanvre. C’était le pari du CIRC que de parvenir à provoquer chez les cannabinophiles, cette envie de participer au débat national en intervenant directement dans leur environnement proche. Bref à libérer la parole pour rendre plus évidente l’hypocrisie ambiante.

Ce pari fut en parti gagné. Vers la fin des années 90 et à l’occasion de la campagne de prévention organisée par la Mildt, « savoir plus risquer moins ! «  notre mouvement en détourna le slogan pour lancer la sienne  : « Cultivez plus, risquez moins ! ».

L’autoproduction devenait notre nouveau cheval de bataille. Des centaines de boutiques proposant le matériel nécessaire à la production domestique de chanvre récréatif allaient voir le jour partout en France. Quelques audacieux allèrent jusqu’à proposer des graines. De nombreux ouvrages consacrés à ce genre jardinage , furent publiés, traductions de livres étrangers, mais aussi originaux français. Une maison d’édition y consacra toute son énergie, les Éditions du Lézard qui, aux côté du CIRC, contribuèrent largement à dynamiser le mouvement.

Une pause et ça repart !

Et puis… et puis… et puis le militantisme, la dynamique d’un mouvement dépendant de ses activistes, le manque de renouvellement, mais aussi d’autres projets sur d’autres fronts firent que le CIRC entra en mode sommeil. La lâcheté de la « Gauche » sur le sujet, les désillusions que cela entraîna et le retour d’une Droite décomplexée eurent sans doute un peu raison de notre enthousiasme des débuts. Mais le vent tourne, et généralement jamais d’où on l’attend.

En Europe mais aussi en France, ce sont les Cannabis Social Club qui firent leur apparition, une nouvelle impulsion s’il en est, pour le mouvement cannabique. À l’international, c’est de l’autre côté de l’Atlantique qu’il souffle, du pays même qui, depuis près d’un siècle, impose sa vision morale, raciste et autoritaire des drogues. Aux États-Unis d’Amérique dont une bonne vingtaine d’États ont dors et déjà autorisés l’usage thérapeutique du chanvre et sa vente sous ordonnance, deux d’entre eux ont choisi, par voie référendaire, de légaliser l’ensemble de la filière récréative de la plante.

Plus au sud, c’est un tout petit pays qui va devenir le premier à mettre en place une règlementation complète de cette même filière. Et ses voisins de réfléchir à leur tour à cette idée. Plus près de nous, de l’autre côté du détroit de Gibraltar, c’est le premier pays producteur de haschisch, le Maroc, qui voit à son parlement, porté un projet de Loi identique par deux formations politiques, une coalition progressiste de gauche et un parti plutôt conservateur. À l’est de l’Europe, ce sont de nouveaux membres de la communauté européenne qui font d’autres choix que celui de la répression aveugle. Mais c’est sans compter sur l’ « exception cul-culturelle » de la France, ce charmant village gaulois qui, au centre du vieux continent, résiste au pire, mais aussi au meilleur. Et nos dirigeant(e)s d’agiter le chiffon rouge de LA jeunesse pour justifier l’injustifiable, de prétendre vouloir la protéger en la harcelant quotidiennement à travers cette Loi inique.

C’est donc cette tempête, cet ouragan historique venu d’outre-atlantique, qui aujourd’hui re-mobilise les militant(e)s du CIRC, ce vent que nous nous devons d’accompagner pour qu’il vienne frapper à leur tour les côtes françaises. L’inéluctabilité de la fin de la prohibition étant à présent évidente, dénoncée de part et d’autre, à droite comme à gauche, par des économistes comme par des scientifiques, ça n’est plus qu’une question de temps que ne semblent toujours pas percevoir le gouvernement.

K Shoo, Porte parole du CIRC

Abattre le mur de la prohibition

Speedy Gonzalez  nous entraîne pour un petit tour d’horizon de la planète parti à l’assaut de ce mur plus sanglant que celui de Berlin à travers les liens de différentes natures qu’ASUD a tissé avec des organisations comme INPUD, CORRELATION, IDPC…. Mais l’enjeu ultime est d’être prêt pour l’UNGASS 2016 (l’Assemblée Générale des Nations Unies) qui va devoir réexaminer le bien fondé de la politique sur les drogues suivie depuis 1970.

De droite ou de gauche, le gouvernement français peut toujours se rassurer en pensant qu’un sujet comme l’urgence de mettre fin à la guerre aux drogues, donc à la prohibition, n’intéresse que des utopistes post soixante-huitards et que notre bonne vieille loi de 1970 tient toujours la route… Mais en quittant notre pays, on se rend compte qu’il est chaque fois plus isolé, campant sur sa position : ne rien changer, comme sur le cannabis1, ne pas aller de l’avant, comme avec la lamentable affaire de la salle de consommation à moindres risques de la gare du Nord qui a ridiculisé la France ! Il pense sans doute qu’avec ce mélange de RdR et de répression2, les drogues et leur consommation resteront contrôlables, sans crainte de dérives sécuritaires et sanitaires. On le sait, il n’en est rien et à l’étranger, les choses bougent à grande vitesse.

Une plus grande indépendance vis-à-vis des USA

asud-journal-54 USA cannabisIntitulé Le problème des drogues sur le continent américain, le rapport 2013 du secrétariat de l’Organisation des États américains (OEA) illustre parfaitement ce changement de mentalité au niveau mondial, qui se traduit par de nouvelles approches partant toujours d’un sévère constat sur les résultats obtenus jusqu’à présent. Les États du continent américain ont décidé de ne pas continuer à monter l’escalier de la répression en suivant l’exemple des USA comme ils avaient toujours fait. Ils ouvrent le débat sans parti pris idéologique ni moral, et utilisent comme élément d’analyse des faits scientifiques, des informations objectives émanant d’acteurs de terrain sur la réalité de la prohibition. Selon ce rapport, « des leaders politiques du continent, des ex-chefs d’État, des universitaires et des représentants de la société civile, préoccupés par l’impact de la violence reliée aux drogues ainsi que par le flux continu de drogues dans la région, ont promu l’adoption de politiques orientées à réduire l’importance de la justice pénale dans le contrôle de celles-ci ». Une attitude renforcée par une plus grande indépendance politique en général et sur les drogues en particulier des gouvernements latinos vis-à-vis des USA. Mais aussi par le fait que le gouvernement d’Obama semble louvoyer sur cette question, navigant à vue dans un pays dont 21 États ont légalisé le cannabis thérapeutique, 3 l’usage récréatif. Les USA semblent de moins en moins enclins à jouer, comme par le passé, la carte répressive mondiale avec la DEA. Personne ne croit plus pouvoir gagner cette guerre par la répression. Le mirage d’un monde sans drogue prédit en 1971 par Nixon pour l’an 2000 s’est évanoui depuis longtemps, et Obama voit bien que le mur de la prohibition commence à se fendiller grave…

« Nothing about us without us »

Mais le mouvement antiprohibitionniste vient surtout de mouvements d’UD comme Asud, qui ont senti la nécessité de s’appuyer sur des réseaux internationaux pour mieux se faire entendre. Avec sa déclinaison européenne (EuroNpud), l’International Network of Persons who Use Drugs (Inpud), dont Asud est un membre historique, défend le respect des droits de l’homme pour les usagers de substances dans les instances internationales. Animant des campagnes, participant à de nombreuses conférences internationales, aidant à se rapprocher pour créer une véritable représentation mondiale des usagers de drogues qui soit reconnue comme acteur indispensable, Inpud a permis de tisser des liens avec des organisations qui agissent davantage au niveau social et sanitaire sans pour autant oublier le volet politique. Grâce à son réseau de contacts, Inpud permet donc de se positionner sur le terrain de la santé publique, par exemple sur le VIH comme lors de la récente consultation d’experts « Changing the Game » au siège de l’Onusida à Genève, où Asud était le seul représentant du « groupe cible »2 des UD. On  a donc  pu y réaffirmer entre autre que la prohibition plombe tous les problèmes concernant le VIH. Par exemple la prévention et le financement avec 9/10ème des dépenses qui sont faites dans la répression des drogues et 1/10ème dans la prévention. La collecte d’informations est aussi touchée avec les dérèglements statistiques qu’entrainent les législations répressives sur ces dernières3. ASUD a pu aussi y réclamer que l’ONUSIDA et l’OMS reprennent leur place de 1er plan dans le débat sur les drogues afin que leur avis scientifique s’impose enfin….

Car si la sécurité de tous est malmenée, voire violée, la santé est aussi menacée. Des organisations européennes comme Correlation (European Network, Social Inclusion & Health), qui fut en partie créée par l’UE grâce à son programme d’action communautaire dans le domaine de la santé publique, érigent des ponts avec les associations d’usagers pour changer les politiques des drogues et lutter contre l’exclusion sociale. Correlation plaide, présente de nouveaux guides de bonnes pratiques de RdR communs à tous les pays et monte des programmes de formation de professionnels en collaboration avec des mouvements d’UD européens, qui peuvent utiliser cette plateforme sanitaire et sociale pour affirmer le fameux slogan popularisé par Inpud : « Nothing about us without us ! » (« Rien sur nous sans nous ! »).

Dans ces actions, INPUD et les organisations qui l’a compose, peuvent dénoncer les barrières que présente la prohibition et qui rendent difficile de faire de la bonne prévention et de la RDR sur un produit illégal. Pour la France cela se traduit par l’absence de salles de Conso, de programmes d’héroïne médicalisée et d’échanges de seringues en prison et surtout, par le nombre d’UD arrêtés et emprisonnés pour simple usage de drogue qui ne cesse d’augmenter4!

Un rendez-vous historique

C’est bien pour cela que  le rendez-vous de l’UNGASS 2016 (l’Assemblée générale des Nations unies) à New York occupe désormais tous les esprits. Avec l’IDPC (International Drug Policy Consortium) qui est « un réseau mondial d’ONG et de professionnels réunis pour promouvoir un débat ouvert et objectif sur la politique des drogues au niveau national et international » auquel appartient ASUD et qui soutient « des politiques efficaces pour réduire les méfaits liés aux drogues ». Les assos anti-prohibitionnistes se positionnent pour se rendez-vous historique de cette Assemblée Générale de l’ONU en 2016. Mais sa préparation a déjà commencé et 2014 est très importante. Jusqu’à présent, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et la Commission des stupéfiants (CND), les 3 organismes chargés de la surveillance de l’application et du respect des conventions Internationales, imposaient leur vision belliciste dans tous les documents de travail pour préparer l’assemblée générale. Ces dernières années, l’IDPC a su tisser un réseau à l’ONU pour faire du lobbying en faveur d’un changement de cap sur les politiques de drogues, avec des assos, des ONG, des organismes et surtout, des gouvernements sensibles à ces changements comme ceux d’Amérique latine, certains d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, d’Europe (Suisse, Portugal, Finlande…). L’IDPC alerte quotidiennement sur les réseaux sociaux de l’évolution politique, sécuritaire et sanitaire de cette question, appelant et aidant toutes les structures et assos à entrer avec lui dans les comités de l’ONU, comme le Comité de Vienne des ONG (VNGOC, qui était jusqu’à présent lui aussi constitué d’ONG favorables à la prohibition) afin de rééquilibrer sa composition (un comité de l’ONU n’est que la somme des entités qui le composent). Son mandat : assurer que la société civile fasse entendre sa voix comme par exemple à la prochaine réunion de la CND du 13 au 21 mars à Vienne, qui prépare les documents pour l’Ungass 2016. La route est encore longue mais on avance….


1/ Rien ne bouge en France, la seule timide avancée fut le Sativex® qui sortira en 2015 sur le marché, un spray peu dosé en cannabis uniquement réservé aux patients atteint de sclérose en plaque et qui fut en plus adopté à l’arrache sous pression de l’Union Européenne doublée d’une plainte déposée devant le Conseil d’Etat par son distributeur dans 17 autres pays…

2/ Groupes dont les membres sont particulièrement concernés par le VIH en Europe : les MSM (Men who have sex with Men) le principal avec 50% des nouvelles infections, les hétérosexuels avec 23%, les  migrants subsahariens (13%), les UD avec 5% seulement,  les Sex Workers , les transgenres… (Sources ECDC et Bureau Régional OMS pour l’Europe, 2012.)

3/ En Hongrie, membre de l’U.E., les médecins ont l’obligation d’informer la police de l’identité d’un patient  lors de la découverte de sa séropositivité quand celui-ci se présente ou est identifié, comme usager de drogues !!

4/ Depuis 2010, 135.447 personnes ont été arrêtés et 1747 ont été mises en prison pour simple usage de drogues . Ce « délit » représente plus de 80% des arrestations liées aux questions de drogues (trafics…) et 90% de toutes les arrestations pour usage concernent exclusivement le cannabis ! (Sources : Obradovic 2010, OFDT 2012a et Ministère de la Justice et des libertés 2011 dans l’Alerte de l’IDPC.)

Georges Apap, un homme remarquable

Georges Apap est décédé le 19 novembre 2013. Hommage à ce magistrat militant anti-prohibitionniste et humaniste de la 1ère heure.

Georges Apap ne se doutait pas ce 8 janvier 1987 que sa vie prendrait un nouveau tour. Procureur de la République dans la Drôme, il était chargé de prononcer le traditionnel discours retraçant l’activité judiciaire de l’année précédente du tribunal de Valence.

En choisissant de s’exprimer sur la toxicomanie, sujet périlleux, son but n’était pas de froisser ses auditeurs, ni de créer une polémique… Oui mais voilà, le discours pragmatique du procureur a soit disant choqué un député du coin, lequel quitte la salle, un député RPR qui s’était excusé auprès de Georges Apap de devoir partir avant la fin de son intervention , un député qui pour se faire mousser répond à un journaliste, que s’il s’est barré c’est parce qu’il a été scandalisé par les propos du procureur, des propos qu’il a immédiatement dénoncé à Albin Chalandon, le garde des Sceaux.

Mais quelle bombe a lancé le procureur de Valence qui mérite qu’on le cloue ainsi au pilori ?

Pour commencer sa démonstration, Georges Apap s’étonne que les termes employés dès qu’il s’agit de parler de drogues interdites soient « alarmistes » alors qu’entre les 120 morts par an d’overdose et les 80 000 victimes de l’alcoolisme, y a pas photo ! Néanmoins, tient-il à préciser qu’il « ne mène pas de croisade contre l’alcoolisme », mais ne fait que souligner « l’indifférence, voire la complaisance dont bénéficie ce dernier » .

« Parlez d’un tel qui, hier, s’est copieusement enivré, vous ne susciterez autour de vous que réflexions amusées et sourires de connivence. Dites au contraire, devant le même auditoire et à propos du même personnage qu’on l’a surpris aujourd’hui s’adonnant à un dérivé du cannabis, du pavot ou de la coca, et vous verrez aussitôt les sourires se figer et les visages se fermer »,pourtant « la seule différence entre les deux phénomènes est celle de l’interdiction légale ».

A propos de la loi de 1970, Georges Apap est obligé de constater que « depuis un siècle et demi d’interdiction et de répression, le phénomène ne cesse de s’étendre ». Non seulement ajoute-t-il, « l’interdiction ne sert à rien », mais elle a de nombreux effets pervers : « elle favorise le trafic » ou « incite à l’altération des produits, les rendant plus dangereux encore. »

Pour appuyer sa démonstration, Georges Apap cite les effets délétères de la prohibition de l’alcool et propose de détourner la célèbre phrase de Cocteau : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur » en « puisque ce phénomène nous dépasse, pourquoi ne pas l’organiser ? »

Comme il le dit lors de son intervention, en se prononçant pour que cesse la répression « il a bien conscience que c’est un langage inattendu dans la bouche d’un procureur », mais il persiste et signe.

Pour punir l’insolence du procureur de la Drôme, Albin Chalandon décide de le muter au tribunal de Bobigny, mais François Mitterrand refuse de signer le décret. Furax, le garde des Sceaux fait d’autres propositions à Georges Apap qui les dédaignent. Albin Chalandon saisit alors la Commission de discipline du Parquet qui examine son cas le 9 octobre 1987.

Considérant que Georges Apap « a exprimé son opinion de citoyen sur un sujet dramatique, qu’il n’a pas contesté la loi, ni injurié le Garde des Sceaux, qu’il s‘est exprimé sur un ton ironique, que sa vision d’un monde où la drogue serait dépénalisée est utopiste et que là où il exerce les drogués remplissent les prisons », la Commission de discipline le relaxe. Une décision qui n’apprécie guère la chancellerie car « en se livrant publiquement à une critique de la loi » et « en mettant en cause l’action du gouvernement », Georges Apap s’est livré « à une démonstration de nature politique » et a manqué à ses obligations de procureur.

Georges Apap était un homme d’une grande humanité et d’une simplicité désarmante.  Suite cette aventure, il adhérera à la Coordination radicale anti-prohibitionniste (Cora), un groupe de pression créé par le Parti radical italien et en 1989, la Drug Policy Foundation (devenu depuis Drug Policy Alliance), association américaine anti-prohibitionniste fondée par Milton Friedman, lui décernera un prix pour son engagement contre la guerre à la drogue.

Dans un style limpide, Georges Apap a publié de nombreux articles et il est intervenu, sa voix était douce et persuasive, dans de non moins nombreux congrès. Il avait le cœur sur la main et il a accepté  d’être le parrain du CIRC tout comme il a adhéré au Mouvement de Légalisation Contrôlé (MLC) de Francis Caballero.

Georges Apap 1992

Georges Apap a toujours milité. Dans sa jeunesse, pour les travaux d’intérêt général (une idée de Robert Badinter en 1983) et il n’y a pas si longtemps, il défendait encore les Sans Papiers aux prises avec l’administration.

C’est à Georges Apap que l’on doit cette célèbre formule :

« Les drogues ne sont pas interdites parce qu’elles sont dangereuses, elles sont dangereuses parce qu’elles sont interdites ».

Et c’est aussi Georges Ap qui écrivait dans le Volume 5 de la revue Psychotropes :

« Il faut être optimiste, car l’histoire démontre que les abolitionnistes ont toujours triomphé, et que chacun de ces triomphes a contribué, lentement mais concrètement au progrès de l’humanité. »

Une petite dernière pour la route ?

« Je m’indigne avec vous de la prétention de l’État à régir nos comportements individuels dès lors qu’ils ne portent tort à personne, et je considère qu’il y a dans cet empiétement sur nos libertés une atteinte intolérable aux droits de l’homme ».

 

Prohibition : une gabegie qui ne dit pas son nom

Communiqué

Règlements de compte en hausse, multiplication des saisies sur l’ensemble du territoire français, explosion de la consommation chez les plus jeunes, développement et enrichissement des réseaux criminels, difficultés croissante à mener une politique de prévention et de réduction des risques… les funestes conséquences de plus de 40 ans de prohibition des drogues n’en finissent pas.

Loin de susciter la moindre remise en question, cet incontestable constat d’échec semble provoquer chez nos responsables politiques, une réaction quasi unilatérale. Quand elles osent s’exprimer, les voix discordantes sont systématiquement ravalées, leurs arguments et propositions caricaturées à coup de mauvaise foi.

Qu’en est-il alors du débat démocratique dont se targue notre système politique ? Rien, que dalle, walou !

« Un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé.  »

disait Albert Einstein. Sur d’autres questions, une telle gabegie entrainerait une remise en question immédiate. En matière de drogues, il n’en est rien. Au contraire, non content de rendre impossible la vie de millions d’individus, d’offrir aux réseaux criminels les moyens de prospérer et d’en faire subir les effets à l’ensemble de la population, les tenants de cette politique calamiteuse en interdisent toute contradiction.

Alors que manifestement, de plus en plus d’États se posent la question du maintien de la prohibition, qu’en Amériques, continent où vit le jour cette politique, de nouvelles règlementations sont mises en œuvres en ce qui concerne le chanvre récréatif, l’Europe et en particulier la France s’entêtent dans la répression. La prohibition n’en finit pas d’agoniser. L’inéluctabilité de son abolition en rend d’autant plus insupportable l’aveuglement de ses partisans. Au dénie d’opinion s’ajoute le dénie de bon sens.

Jusqu’où ces tristes sires sont-ils prêts à aller ? Jusqu’où la société sera-t-elle de le supporter ? Combien de morts, de privation de liberté, d’infantilisation et de mensonges devrons-nous subir avant qu’enfin des alternatives soient envisagées, qu’une autre politique soit engagée ?

Alors que s’expriment plus que jamais dans notre société, les opinions les plus réactionnaires, les sentiments les plus vils, il est temps de réagir.

Nous, usagers des drogues, fumeurs, injecteurs, gobeurs, consommateur-trice-s hédonistes, récréatif-ve-s ou dépendant-e-s, mais aussi usagers thérapeutiques, parias des temps modernes, appelons une fois de plus au réveil et à l’insurrection des consciences. Parce qu’il n’existe pas de crime sans victime ; parce qu’user ou abuser d’une substance, quelle qu’elle soit, relève avant tout d’un choix individuel ; parce que la société se doit d’assurer sécurité et santé à l’ensemble de ses membres, nous demandons l’ouverture immédiate d’un débat national et européen sur le sujet des drogues et à l’étude tout aussi prompt d’une règlementation de la filière du chanvre récréatif et thérapeutique.

Réunion publique : Il est temps d’en finir avec la guerre à la drogue !

A l’occasion de la publication en français du troisième rapport de la Commission globale de politique en matière de drogues, l’AFR, MdM, ASUD, FA et le GREA vous invitent à une réunion publique avec 2 de ses membres fancophones : Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine.

  • Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération suisse et Conseillère fédérale responsable du Département fédéral de l’Intérieur.
  • Michel Kazatchkine, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la lutte contre le sida en Europe de l’Est et en Asie centrale, ancien directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria.

la Commission mondiale des politiques en matière de drogues

Composée d’anciens responsables politiques de haut niveau, de scientifiques et de personnalités, la Commission globale de politique en matière de drogues vise à ouvrir un débat éclairé et scientifique, au niveau international, sur des moyens humains et efficaces de réduire les préjudices causés par les drogues aux personnes et aux sociétés. Elle a pour objectif de :

  • Examiner les fondements idéologiques, l’efficacité et les conséquences de l’approche de la «guerre contre la drogue»
  • Évaluer les risques et les avantages des différentes approches face aux drogues mises en œuvre au niveau national
  • Formuler des recommandations factuelles pour réformer d’une façon constructive les lois et les pratiques sur les drogues

La Commission a produit 3 rapports :

La guerre aux drogues. Rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues (juin 2011) La guerre aux drogues face au VIH/sida. Comment la criminalisation de l’usage de drogues aggrave la pandémie mondiale (juin 2012) L’impact négatif de « la guerre contre la drogue » sur la santé publique. L’épidémie cachée d’hépatite C (juin 2013)

Infos pratiques

Mardi 22 octobre 2013 – 20h30
Lieu : MdM – 62, rue Marcadet – 75018 PARIS

l’évènement sur facebook

Evènement gratuit, entrée libre

« IL EST TEMPS D’EN FINIR AVEC LA GUERRE AUX DROGUES ! »

Manifestation : Soutenez. Ne punissez pas

Rendez-vous le 26 juin à 18h30
Place du Trocadéro à Paris sur le
Parvis
des Libertés et Droits de l’Homme
pour une photo symbolique

L’AFR, qui organise l’évènement, fournira les T-shirts et les masques de Richard Nixon nécessaires à cette mobilisation internationale.

«Soutenez. Ne punissez pas » est une campagne appelant à une réforme des politiques gouvernementales en matière de drogues. La campagne a été développée par le Consortium International sur les Politiques des Drogues, le Réseau International des Usagers de Drogues (INPUD), Réduction des Risques International (HRI) et l’Alliance Internationale sur le VIH/sida.

Pourquoi le 26 Juin?

Le 26 Juin est la Journée Internationale contre l’Abus de Drogues et le Trafic Illicite, mais aussi (paradoxalement) la Journée Internationale de Soutien aux Victimes de Torture. Tandis que les pays les plus répressifs « fêtent » ce jour par des condamnations voire des exécutions de consommateurs ou de trafiquants de drogues, les autres perpétuent à leur manière la guerre à la drogue, cette guerre contre leurs propres citoyens. L’IDPC et ses partenaires proposent de se rapproprier cette journée en dénonçant les atteintes faites aux consommateurs de drogues.

Pourquoi en France aussi ?

Bien que la France aie une politique de santé globalement favorable au usagers de drogues de nombreuses ombres demeurent au tableau. Des milliers de personnes sont incarcérées pour le simple usage de stupéfiant, la tolérance zéro exacerbe la violence liées au trafic de drogues, en prison les droits à la santé des usagers de drogues ne sont pas respectés, l’opinion publique et les médias continue de stigmatiser les consommateurs de drogues, le soutien aux programmes de réduction des risques diminue, etc. Les témoignages recueillis dernièrement par l’AFR sont éloquents.

Pourquoi Richard Nixon ?

Il y a environ 40 ans, le président américain Richard Nixon a lancé une « guerre contre la drogue » et a été le premier homme politique à mettre en avant ce concept. Cette « guerre » a résulté en un système répressif mondial, de hauts taux d’incarcération, une approche punitive vis-à-vis des usagers de drogues, et a été utilisée pour justifier des exécutions extrajudiciaires, l’usage de la torture et de traitement forcé, etc.

Ce que nous défendons

Les gouvernements y compris en France doivent réformer les lois sur la drogue et les politiques qui imposent des sanctions sévères à l’encontre des usagers de drogues.

Cette approche punitive n’a pas réussi à réduire les niveaux de consommation de drogues, mais a au contraire augmenté les problèmes de stigmatisation et de discrimination, entravant ainsi l’accès aux services de prévention, de traitement et de soins qui sont essentiels pour sauver des vies et réduire la propagation du VIH. Pénaliser et incarcérer les usagers de drogues détruit des vies et anéantit les efforts de prévention du VIH, du VHC, des overdoses, etc.

La gazette du chanvre : RBH23 #10 est sortie

Le 10ème numéro de la Gazette du Chanvre est sorti.

Extrait de l’édito :

Depuis deux ans, dix numéros de cette publication ont permis à une bonne partie de la France Cannabis de se retrouver, de se reconnaître, de se révéler au grand jour.

Alors sommes nous prêts comme comme nous l’ambitionnons dans d’autres secteurs à jouer un rôle pionnier et libérateur pour le développement de l’économie lié aux usages du cannabis ? On peut faire le pari qu’en cinq ans, nous rattraperons le retard de 15 ans pris sur les Etats Unis, pour faire des fleurs de chanvre d’aussi bonne réputation que le champagne. Chiche !

Sommaire

  • Les acteurs de la légalisation
  • L’An 1 des Cannabis Social Clubs Français
  • Les engrais.
  • Expogrow, entretien avec Thomas (Plantasur)

>>A lire en pdf : http://cannabissansfrontieres.org/IMG/pdf/rbh23_10_062013_WEB.pdf

Appel du 18 joint 2013 – 3ème Journée Internationale du Cannabis

« Appel du 18 joint » 1993-2013

20 ans après : il est où le changement ?

« Il est temps de réouvrir le débat sur l’herbe…
parce qu’on est en pétard ! »

Pour sortir de la crise, sortons de la prohibition du cannabis, légalisons.

Depuis un an, on attend toujours « le changement » pourtant urgent en matière de politique des drogues, ainsi qu’on le vérifie tous les jours de Marseille à Sevran.

La légalisation du cannabis en particulier est à l’ordre du jour dans un un grand nombre de pays, et largement attendue par le public, et le gouvernement Hollande-Ayraut-Valls n’aura proposé aucune évolution à ce jour.

Tous ensemble, partout en France, à l’occasion de l’Appel du 18 joint 2013 exigeons qu’un débat public s’ouvre, pour un « Grenelle du cannabis ».

Cela fait 42 ans maintenant que notre cadre légal engendre une politique aux effets délétères, en cascade, avec une escalade des violences liées au trafic florissant. Il est temps de revoir de fond en comble une politique aussi manifestement désastreuse.

Halte à l’enfumage !

Vive les Cannabis Social Clubs, l’autoproduction pour la réduction active des dommages de la prohibition.

Vive la légalisation du cannabis — pour une croissance écologique !

Il y a vingt ans, le 18 juin 1993, les Editions du Lézard et le CIRC relançaient « l’Appel du 18 joint » publié par le quotidien Libération en 1976. S’est tenue alors, à Paris, au Trianon, la 1ère journée internationale du Cannabis qui réunissait des militants et des spécialistes du monde entier, parmi lesquels Jack Herer, Thomas Szasz, John Marks, sans parler des nombreuses délégations espagnole, allemande, belge, suisse, anglaise ou venues de l’est ou de l’ouest des Etats-Unis. Ce jour-là s’ouvrait un débat qui ne s’est pas refermé depuis – en France, comme en Europe ou dans le reste du monde.

Cette année, soyons au rendez-vous de la 3ème Journée Internationale du Cannabis !

Vingt ans après, alors qu’on aura autant vu d’évolutions partout sur terre que de stagnation en France, c’est l’heure de faire le point et de relancer le débat une fois pour toutes ! 20 ans ça suffit ! Programme :

Programme Journée Internationale du Cannabis - Paris 2013

Cette année, soyons au rendez-vous ! Vingt ans après, alors qu’on aura autant vu d’évolutions partout sur terre que de stagnation en France, c’est l’heure de faire le point et de relancer le débat une fois pour toutes ! 20 ans ça suffit !

Tous et toutes à l’Appel du 18 joint, à Paris, Lyon, Toulouse, Lille, St Leu (La réunion), La Roche-sur-Yon, Papeete (Tahiti), Limoges, St Brieuc et ailleurs

 

  • www.18joint.org

 

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