Touchées par le VHC, ils témoignent sur leur parcours

Face à l’extension de l’hépatite C (VHC) qui frappe tout particulièrement les usagers et les ex-usagers de drogues, ASUD s’est engagé depuis plusieurs années à lutter contre cette maladie à travers différentes actions visant à encourager le dépistage, l’accès aux traitements et le soin. L’arrivée de nouvelles générations de molécules, les Antiviraux à Action directe (AAD), qui ont déjà démontré leur très grande efficacité avec peu d’effets secondaires, permettent de pouvoir espérer à terme l’éradication de cette maladie. ASUD en partenariat avec le laboratoire ABBVIE a donc réalisé une série d’interviews avec trois personnes aux situations personnelles bien différentes, ayant été touchées par le VHC et qui témoignent sur leur parcours, leurs réactions face à la découverte de leur infection, les raisons qui les ont poussés à suivre un traitement et pour finir, nous faire part de ce que ce dernier a supposé pour eux.

Séminaire de la Correlation Hepatitis C Initiative

En collaboration avec l’Auto-Support des Usagers de Drogues (ASUD), l’Association Gaia et l’European Network of People Who Use Drugs (EURONPUD), la Correlation Hepatitis C Initiative organise un séminaire pour les membres de la communauté des travailleurs en réduction des risques, des chercheurs HCV et des militants investis dans la défense, la prévention et le traitement de l’HCV.

L’objectif de ce séminaire est de partager les dernières avancées en terme de dépistage et d’opportunités de traitement, de présenter des bonnes pratiques, de discuter et d’échanger sur des perspectives futures.

La seconde journée se tiendra dans la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) qui a ouvert récemment. Cette journée sera l’occasion de présenter le concept et l’approche de la SCMR.

L’évènement sera en anglais mais traduit en français de manière simultanée.

 

Lieux et dates

3 Novembre 2016
Médecins du Monde, 62 rue Marcadet, 75018 Paris

4 Novembre 2016
GAIA DCR, 2 bis rue Ambroise PARE, 75010 Paris

 

Programme et inscriptions

Journée nationale de lutte contre les hépatites virales : Quelles perspectives ?

Mercredi 25 mai 2016, de 9h00 à 17h15

Ministère des Affaires sociales et de la Santé

14, Avenue Duquesne – 75007 Paris (Salle Laroque)

Le ministère de la santé organise un colloque sur les hépatites virales avec deux grandes sessions :

 

Le matin

une session sur les actualités concernant la prise en charge des patients ayant une hépatite C et sur la recherche dans le domaine des hépatites virales

L’après-midi

une session sur les actualités de l’hépatite B et sur des dispositifs innovants en régions pour les populations les plus exposées

 

Conférence sur les aspects médico-socio-économiques de l’hépatite C.

Inscription

Le formulaire d’inscription est à renvoyer complété à dgs-communication@sante.gouv.fr avant le 12 mai 2016.

Le nombre de places étant limité, vous recevrez un mail de confirmation d’inscription et les informations pratiques ultérieurement.

 

Drogues et Hépatite C : la nouvelle rubrique d’ASUD.org

ASUD vous informe de l’ouverture de sa nouvelle rubrique Drogues et Hépatite C.

On y trouve des fiches pratiques pour mieux connaître cette maladie qui touche particulièrement les consommateurs de drogues.

Grâce aux dernières avancées médicales il est aujourd’hui possible de guérir d’une Hépatite C. Alors n’attendez plus et découvrez tout ce qu’il faut savoir pour se protéger, se faire dépister et soigner.

Plateforme-VHCechangez-forum VHC

asud.org/hepatite-c

Plateforme-VHC picto

VHC : Tout le monde en traitement

Nous vous avons déjà raconté l’histoire d’une « Éradication en vue » de l’hépatite C (Asud-Journal n°54) grâce à la découverte de nouvelles molécules qui guérissent les corps sans faire trop de bobos à l’âme. Mais pour en finir avec l’hépatite C, il nous faut désormais convaincre les autorités que tous les porteurs du virus doivent avoir accès aux nouveaux traitements.

Longtemps « planquée » derrière le VIH, l’hépatite C est restée méconnue des Français, y compris des usagers de drogues par voie intraveineuse pourtant en première ligne. Confrontés à un virus dont l’évolution est perçue comme lente et aléatoire, de nombreux UD ou ex-UD ont préféré différer ou éluder la confrontation avec le traitement ribavirine/interféron, dont ils n’ont que trop souvent constaté la lourdeur des effets indésirables, mais également la partielle inefficacité.

Ce noyau dur de personnes rétives aux traitements, ce sont elles dont nous avons besoin pour gagner la guerre contre le VHC. La perspective de l’éradication du virus est aujourd’hui une hypothèse réaliste, une promesse qui n’a pu être tenue pour le VIH, mais que l’arrivée d’agents antiviraux directs actifs et efficaces à plus de 90% rend désormais crédible.

Des traitements pour qui ?

Nous sommes en train de vivre une véritable révolution. Probablement l’une des plus importantes de ces cinquante dernières années dans le domaine médical. Gérald, Gilles et Jimmy, ces trois militants d’Asud que nous avons accompagnés au cimetière ces dernières années seraient encore parmi nous si cette révolution avait eu lieu un peu plus tôt. Notre message s’adresse donc à toute personne ayant injecté une drogue, même une fois, qu’elle soit dépistée ou non. À toute personne ayant connaissance de son statut sérologique positif mais ayant refusé tout type de suivi ultérieur. À toute personne prise en charge dans le cadre d’un suivi (charge virale, FibroTest®/ FibroScan®, génotype) ayant choisi d’attendre l’arrivée des nouvelles molécules et toute personne en échec thérapeutique pour différentes causes.

Un double barrage

Si le but est de permettre à tous les malades de passer en traitement, arriver à ce résultat nécessite de franchir un double barrage : d’un côté, la politique de rationnement d’accès au traitement, et de l’autre, la réticence des autorités médicales à donner des traitements dont le coût est prohibitif à des « drogués » ou des « ex-toxicos » sur des critères infondés de mauvaise observance au traitement ou de re-contaminations. Notre expérience dans le VIH a montré que les UD ne sont pas moins observants que la population générale, voire sont plus accoutumés à la prise quotidienne d’une quelconque substance… Notre expérience a montré que les risques de contamination des UD sont très faibles avec la mise en place d’un accompagnement adapté. Nous allons donc vous proposer sur le site asud.org et dans les pages de ce journal une information centrée sur l’actualité de ces nouveaux traitements et sur les témoignages des personnes qui ont franchi le pas. Nous allons également dénoncer sans relâche le système politico-financier qui transforme une révolution thérapeutique en politique du rationnement organisée par en haut.

Chronologie d’un rationnement organisé

Nous attendions depuis longtemps ces traitements sans interféron, mais l’espoir de pouvoir traiter toutes les personnes vivant avec une hépatite C s’est rapidement envolé devant les prix des traitements exigés par les laboratoires. L’année 2014 a été un temps fort de mobilisation associative pour alerter les pouvoirs publics sur les conséquences du prix des traitements sur l’accès aux soins.

Le 19 mai 2014, le premier rapport d’experts sur les hépatites virales (Rapport Dhumeaux), a établi des recommandations médicales fortes et innovantes sur l’accès aux nouveaux traitements contre l’hépatite C. Basées sur des bénéfices individuels et collectifs, ces recommandations visaient notamment à éviter les complications et l’évolution vers un stade de cirrhose des personnes atteintes, et à enclencher l’éradication de la maladie en ciblant prioritairement des populations spécifiques.

Le 22 juin 2014, le collège de la Haute autorité de santé (HAS), exceptionnellement saisi par le ministère de la Santé en raison du risque que faisait peser le coût de ces traitements sur l’équilibre de l’Assurance maladie, est revenu sur ces recommandations en proposant l’accès aux traitements aux seules personnes à un stade avancé de la maladie, coïnfectées par le VIH ou souffrant de symptômes extra-hépatiques. Les malades devant désormais attendre que l’état de leur foie et de leur santé se dégrade pour avoir accès aux traitements, les perspectives d’éradication de la maladie s’éloignent à grand pas. Les recommandations visant à permettre l’accès aux traitements quel que soit le stade de fibrose aux usagers de drogues et aux personnes détenues – dans un objectif d’éradication collective de la maladie – sont balayées.

L’arrêté du 18 novembre 2014 relatif aux conditions de prise en charge du Sovaldi® (sofosbuvir) commercialisé par le laboratoire Gilead vient définitivement doucher l’espoir des malades, balayant les recommandations des experts, validant officiellement l’avis de la Haute autorité de santé.

Traitement VHCLe 29 décembre, le ministère des Finances et celui de la Santé organisent le rationnement par lettre d’instruction. Les prescriptions de ces nouveaux traitements sont désormais conditionnées à l’avis de réunions de concertation pluridisciplinaire, organisées dans des centres experts dont le nombre est limité. Ces centres de référence sont parfois à plus d’une centaine de kilomètres du lieu de vie des personnes et de leurs médecins. Ces mêmes professionnels, qui assuraient le suivi au long cours des malades touchés par les effets indésirables lourds des anciens traitements, sont désormais mis sous tutelle.

Le 29 avril 2015, les pouvoirs publics confirment le rationnement des soins par une nouvelle lettre d’instruction.

Le 7 mai, le prix de deux nouveaux traitements est fixé :

  • L’Olysio® (simeprevir) du laboratoire Janssen est fixé à 21 000 € les 12 semaines de traitement ;
  • Le Daklinsa® (daclatasvir) de BMS est fixé à 25 000 € les 12 semaines de traitement.

Les deux agents doivent être pris en association avec le sofosbuvir, soit un prix total de la cure à plus de 60 000 €.

  • Le 17 juin, le prix de l’Harvoni® (association de sofosbuvir et de ledipasvir) de Gilead est fixé à 46 000 €.

Si ce traitement – qui nécessite rarement l’ajout de la ribavirine – ne convient pas à tous les profils de malades, la fixation de son prix vient acter le monopole de Gilead qui dévore le marché, au détriment de l’équilibre de notre Assurance maladie. Devant un prix aussi élevé, les discriminations d’accès aux traitements se multiplient. La coïnfection VIH/VHC, pourtant expressément retenue comme critère d’inclusion dans l’Autorisation de mise sur le marché du sofosbuvir, est souvent jugée insuffisante par les équipes médicales.

Bref, dans le grand travail de mobilisation des patients que nous devons entreprendre pour éradiquer l’hépatite C, le premier obstacle réside dans l’accès aux soins. Il faut donc convaincre les autorités que l’éradication du virus a un coût mais aussi un coup à plusieurs bandes avant d’être un coup d’arrêt porté à la maladie.

Merci à SOS-Hépatites. N’hésitez pas à faire valoir vos droits ou à alerter l’association qui œuvre pour faire évoluer les prescriptions : contact@soshepatites.org.

La seringue à moindre risque par William Zule

Des membres d’ASUD commentent les résultats de recherches montrant l’importance du type de seringue pour les risques infectieux.

Des données récentes, résultats de recherches menées par des virologues et des épidémiologistes, montrent que le type de seringue utilisé dans l’usage de drogues injectables a une influence importante sur le niveau de risque de transmission virale (VIH, VHB, VHC).

Après avoir édité une brochure sur ce sujet, en mai dernier Apothicom a reçu dans ses locaux William Zule, de RTI International, pour animer une table ronde sur la seringue à moindre risque.

ASUD y était invité vous pouvez télécharger le compte-rendu écrit en cliquant sur ce lien.

Apothicom logo

J’ai testé le traitement « Aviator » contre l’hépatite C

Traînant une hépatite C chronique de génotype 1b depuis un bon quart de siècle, elle fut inopinément diagnostiquée en 2003. J’ai suivi un premier traitement incluant un cocktail d’interféron et de ribavirine. Et une biopsie, pour faire bonne mesure. Ainsi qu’une quantité quasi industrielle de Doliprane®, pourtant assez nocif pour le foie. Au bout d’un an, le traitement semblait avoir réussi. Six mois plus tard, rechute. Rebelote en 2006, nouveau traitement avec les mêmes molécules. Et le même résultat. En 2008, mon médecin estimait qu’il serait inutile d’entreprendre le même traitement une troisième fois. Et me conseilla d’attendre l’arrivée de nouvelles thérapies. Une attente qui durera cinq ans.

En trois mois, le virus avait plié bagage

En 2013, j’aurais pu entamer un nouveau traitement, mais cette fois associant bocéprévir (ou télaprevir), interféron pégylé et ribavirine. À vrai dire, autant l’hépatite obérait tout projet à moyen ou long terme, autant l’idée de m’infliger l’infâme cocktail pendant un an ne me remplissait pas d’un enthousiasme délirant. Mais je pouvais aussi attendre six mois de plus et faire le cobaye pour une étude en cours. « Étude randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo, visant à évaluer l’efficacité et la tolérance de l’ABT-450/r, de l’ABT-267 et de l’ABT-333 coadministrés avec la ribavirine chez des patients adultes présentant une infection chronique par le VHC de génotype 1 et ayant déjà été traités. » Coup de bol, je faisais partie du groupe n’ayant pas reçu de placebo.

En trois mois, le virus avait plié bagages, à raison d’un rendez-vous tous les quinze jours à l’hôpital. Les effets secondaires m’ont paru négligeables, comparés aux deux traitements précédents. Faut savoir qu’autour de 10% des patients ressentent de la nausée, de la fatigue et des maux de tête. Ça m’est arrivé aussi, mais très épisodiquement. Comme pour les deux traitements précédents, la prise de ribavirine entraîna une anémie, quelques problèmes mineurs aux poumons et une irritabilité exacerbée. Mais sans commune mesure avec l’agressivité incontrôlable que je ressentais les deux premières fois.

Mes perspectives se sont inversées

Autre différence : l’abstinence. En 2003 et 2006, les médecins avaient été catégoriques sur l’interdiction de consommer la moindre goutte d’alcool pendant les années de traitements. Et les fois où je me suis risqué à ignorer cette injonction, je le payais au prix fort les jours suivants. Pareil pour les médicaments autres que l’interféron et la ribavirine. J’avais des troubles du sommeil et étais dans un état dépressif, mais mon médecin d’alors ne pouvait me prescrire ni d’anxiolytiques ni de somnifères. Rien de tout ça pour le troisième traitement. J’ai pu continuer à prendre du Xanax® et à boire occasionnellement sans que ça me rende malade.

Mais c’est surtout sur le plan psychologique qu’il se passe quelque chose à la conclusion du traitement : alors que j’étais devenu un « aquoiboniste » chevronné, mes perspectives se sont inversées. Maintenant, mes envies se démultiplient plus vite que je ne peux les réaliser. Et ça, c’est vraiment grisant.

Colloque Hépatite C et nouveaux traitements : l’impact du prix des médicaments sur l’accès aux soins en France

L’arrivée sur le marché français d’une des nouvelles molécules contre l’hépatite C, le sofosbuvir, suscite l’indignation de l’opinion publique du fait du prix exigé par le laboratoire qui la produit. De nombreux médias se sont fait l’écho des arguments échangés par les différents groupes d’acteurs (associations de personnes concernées, ONG, professionnels de santé, industriels du médicament, autorités de santé…), alimentant ainsi une réflexion sur les enjeux et la politique de fixation des prix, les dangers de restrictions d’accès aux soins, le tri des malades, la politique de rationnement dus aux coûts et les difficultés du système de santé à y répondre. Dans le contexte d’élaboration de la prochaine loi de santé, notre collectif inter-associatif souhaite rassembler les différents acteurs pour débattre et faire des propositions permettant d’améliorer l’accès aux nouveaux traitements pour tous.

Inscription gratuite : ici

Salle Pierre Laroque, Ministère de la Santé
14, avenue Duquesne
75007 ParisCISS TRT5 CHV SOS Hépatites Médecins du Monde Comede

Programme

  • 9h30 Accueil
  • 10h-10h15 Mot d’ouverture : Les raisons d’un colloque
    • Représentants des associations.
  • 10h15-12h30 : Table ronde 1
    Contraintes financières, Recommandations, Avis, Restrictions : quelle prise en charge dans les mois et les années à venir ?
    Animation et modération : Marianne L’Hénaff (ARCAT, TRT-5, CHV), Michel Bonjour, ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues)

    • Recommandations de prise en charge
      • Pr. Daniel Dhumeaux, Président du groupe d’experts sur les hépatites B et C
    • Etudes coût-efficacité
      • Sylvie Deuffic-Burban, épidémiologiste, Inserm IAME UMR1137 & U995
    • Recommandations du collège de la Haute Autorité de Santé
      • Catherine Rumeau-Pichon, adjointe au Directeur de l’Evaluation Médicale, Economique et de Santé Publique,
    • La position de l’AFEF (Association Française pour l’Etude du Foie)
      • Pr. Victor deLedinghen, Secrétaire de l’AFEF
    • Table ronde : Pascal Melin (SOS Hépatites), Victor de Ledinghen, Daniel Dhumeaux, Catherine Rumeau-Pichon, Sylvie Deuffic
  • 12h30-13h15 Conférence de presse

Déjeuner libre

  • 14h-15h45 : Table ronde 2
    Lutte contre les inégalités de santé, démocratie sanitaire, les perspectives pour garantir un accès pour tous aux innovations en santé.
    Animation et modération : Pascal Revault et José Polo Devoto (Comede)

    • Dr. Jean-François Corty, Directeur des opérations France de Médecins du monde
    • Didier Sicard, Président d’honneur du Comité Consultatif National d’Ethique
    • Pr. Jean-Paul Vernant, hématologue
    • Pr. Pierre Lombrail, Président de la Société Française de Santé Publique
    • Christian Saout, Ciss, Collectif inter associatif sur la santé

Pause-café

  • 16h00-18h00 : Table ronde 3
    Modalités de fixation du prix des médicaments, accès au marché, évaluation, transparence : de nouveaux modèles à inventer ?
    Animation et modération : Olivier Maguet, Membre du conseil d’administration de Médecins du Monde

    • Pr. Jean-Yves Fagon, Vice-Président du CEPS
    • Gaëlle Krikorian, Docteure en sociologie, conseillère politique des Verts au parlement européen
    • Dr Eric Baseilhac, Directeur des affaires économiques et internationales au LEEM
    • Thomas Sannié, Président de l’Association française des hémophiles (en attente)
    • Pierre Chirac (revue Prescrire)
  • 18h : Conclusion par les organisateurs

Hépatite C et Usage de Drogues : la déclaration de Berlin

La Déclaration de Berlin faite à la suite du 1er congrès européen sur l’Hépathite C et l’Usage de Drogues qui s’est tenu dans cette ville le 23 et 24 octobre 2014 a établi 6 recommandations pour l’accès sans aucune discrimination à la prévention, au dépistage, aux traitements y compris ceux de dernière génération et aux soins pour les personnes qui consomment des drogues.

On y affirme entre autre également la nécessité de la dépénalisation de l’usage de drogues et la pleine reconnaissance et intégration des organisations d’U.D. pour mieux lutter contre le VHC.

Les principales questions présentées à cette conférence constituent la Déclaration de Berlin, véritable mise en demeure aux pays de l’UE de réagir face à la gravité de la situation.

 

  1. Développer des stratégies nationales et européennes et des plans d’action multidisciplinaires pour la prévention et le contrôle du VHC parmi les groupes à hauts risques comme les UD injecteurs, dans la ligne fixée par la résolution de l’OMS en 2014.
  2. Fournir pour le VHC, l’accès au dépistage volontaire, confidentiel et gratuit, aux traitements de haute qualité sans interféron et aux soins, tout particulièrement pour les UD qui supportent actuellement le plus gros poids de cette maladie en Europe.
  3. Encourager la réduction des risques, la mise en avant de preuves et de programmes communautaires afin d’obtenir une couverture plus large et durable contre le VHC. L’accès aux PES, aux TSO, à l’héroïne médicalisée et aux programmes conduits par les pairs sont non seulement efficaces sur la prévention du VHC mais permettent aux populations les plus marginalisées de rester en contact avec le système de soins.
  4. Dépénaliser l’usage de drogues. Les États de l’UE sont vivement encouragés à adopter des lois dans ce sens et à poursuivre les violations des droits humains qui empêchent ou gênent l’utilisation de services de RdR qui sauvent des vies… Comme le recommandent l’OMS, l’ONUSIDA, le HCR, les politiques et les lois qui répriment les drogues et leur détention dans de nombreux pays doivent être réformées ou changées afin de mettre un terme à la marginalisation des UD, à leur stigmatisation et discrimination, notamment par la prison, et à leurs difficultés pour avoir accès aux divers services de santé, en particulier pour le VHC. De nombreuses preuves indiquent que plus la répression est forte, plus les conduites à risques augmentent.
  5. Impliquer davantage les UD et leurs organisations dans les pays membres de l’UE dans la prise de décisions concernant les mesures et les services sur le VHC car selon l’OMS, « contrairement aux interventions des professionnels de santé, celles des pairs ont démontré leur efficacité pour réduire la transmission du VHC ».
  6. Développer, par le biais de formations standardisées, les connaissances sur la santé et le VHC, sa prévention, les derniers traitements et la consommation de drogues, aussi bien chez les professionnels de santé que chez les UD, car tous ont de graves lacunes avec des effets négatifs sur la prévention et le choix des traitements.

Ces 6 points sont présentés plus en détail dans l’article Berlin quand tu nous tiens du N°56 d’Asud-journal.

La version anglaise originale de la déclaration de Berlin se trouve ci-après.

HEPATITIS C STATISTICS AND POLICY FACTS

  • 150 million people worldwide are living with chronic hepatitis C virus (HCV), of those infected, nine million are living in the European region.
  • The burden of HCV is concentrated among people who inject drugs (PWID) in Europe, with HCV antibody prevalence ranging from 20% to over 90% in different countries. The World Health Organization (WHO) has identified people who inject drugs as a key target group for HCV prevention and treatment.
  • In January 2014, the first all oral HCV treatments providing cure rates of up to 98% in clinical trials were approved by the European Commission.
  • In spite of European guidelines recommending treatment access people who use drugs still face considerable barriers to, and are frequently denied, access to the newly approved HCV treatment regimens.
  • The scale-up of HCV treatment access to people who inject drugs has the potential to significantly reduce the number of new infections and the prevalence in the population, acting as an effective preventative measure.

Major European and international agencies working in, or involved with health and drugs, such as WHO, UNODC, UNAIDS, EMCDDA and ECDC consider viral hepatitis, especially among people who inject drugs, a serious public health problem.

At present polices responding to HCV are inconsistent, or non-existent across Europe. The broad range of issues pertaining to HCV have not been thoroughly included in European and/or national policies, or comprehensively dealt with among designated stakeholders.  HCV prevention, screening, early diagnosis, and treatment among people who inject drugs have been proven to be both effective and cost effective. Research exploring the values and preferences of people who inject drugs with regards to HCV treatment has found that concerns about side effects; limited HCV knowledge; rationed treatment expectations; experiences of treatment refusal due to drug use; stigma and discrimination within healthcare settings; and difficulties associated with hospital systems pose significant hurdles for HCV treatment, access and uptake.

Presently, public awareness, surveillance systems, availability of HCV prevention and harm reduction based interventions remain inconsistent throughout Europe. Access to screening and diagnosis services are not available to people who use drugs in every country. Importantly there has been little attention to addressing the stigma and discrimination faced by people who use drugs and even higher among people who inject; this is a major barrier to accessing services and requires urgent remedial action if effective HCV policy and programming is to be implemented. The time to foster a unified global response to the hepatitis C epidemic is now!

THE TIME TO ACT IS NOW!

Develop Targeted HCV Strategies and Action Plans

We strongly recommend the development and implementation of European and national HCV strategies and action plans that include appropriate funded multidisciplinary approaches for HCV prevention and control among communities engaged in high-risk behaviours including people who inject drugs, in line with the 2014 WHO resolution WHA67.6 OP1(1).

Action Required: Policy-makers, NGOs/service providers, representatives from at high-risk populations, such as organisations of people who use  drugs, and workers in the health care, social and justice sectors, must collaborate (at European and national levels) for the development of comprehensive HCV strategic plans and service recommendations.  Public funding must be allocated for the development, implementation and evaluation of effective HCV strategic planning and services.

Provide Access to HCV Testing, Treatment and Care Services

We strongly recommend the provision of low threshold and community based HCV testing (voluntary, confidential and free of charge) and referral to affordable and high quality treatment (interferon free) and care for HCV. Provision of HCV testing and treatment uptake among PUD in low threshold settings has been proven to be effective and cost-effective. Despite issues of limited access, newly approved HCV treatments, direct acting anti-virals (DAAs), have shown to be effective and well adhered among people who use drugs in recent studies.

Action Required: Implementation of comprehensive national policies to fund and support integrated and accessible programs for HCV testing and treatment, offered in non-traditional and low threshold community-based settings. Central to the success of this approach is the involvement of people who use and inject drugs and their organisations in every aspect of HCV prevention, treatment and care planning, noting that “evidence showed that interventions delivered by peers were effective in reducing transmission of viral hepatitis”. Consensus agreements must be made among pharmaceutical companies and EU member states to reduce prices of new medications to allow the scale-up of treatment, thereby allowing for equitable access to affordable treatments.

Scale-up Harm Reduction, evidence and Community-Based Programs

We strongly recommend the scale-up of harm reduction, NPS and community-based programs ensuring high quality, effective and sustainable coverage. Research has shown that a combination of integrated interventions in low threshold settings such as NSPs, opioid substitution therapy (OST), access to medicalised heroin and community based, peer led harm reduction programs are not only cost effective regarding HCV prevention, but also ensure that marginalised populations stay connected to direly needed services. Moreover, considering the easier transmission of HCV when compared to HIV, it is crucial to ensure higher quality standards for harm reduction services, in order to prevent HCV.

Action Required: Implementation of comprehensive, integrated and high qualified harm reduction based HCV prevention services, involving members of the most affected community, that include evidence based interventions, and OST in low threshold settings. The establishment of policies that ensure appropriate financial resources are made available for capacity building, and the empowerment of organisations of people who inject drugs, and provision of prevention interventions recommended by WHO.

Decriminalize People Who Use Drugs

We strongly recommend all EU member states to adopt laws that decriminalize people who use drugs and prosecute human rights violations that threaten access to, or deny, essential life saving services, such as NSP, harm reduction and treatment services.  In many countries, members of law enforcement have been responsible for confiscating drug injection supplies and sterile syringes intended to prevent the transmission of HCV and HIV. Numerous studies show that such actions are responsible for increasing injection risk behaviours and countless numbers of entirely preventable HCV infections.

Action Required: Drug policies and laws that criminalize possession of drugs, as well as sterile injection equipment obtained at NSPs, must be reformed or removed to stop the marginalization of people who use drugs and to guarantee free access to essential health services, including harm reduction, HCV/HIV prevention and treatment programs. National governments should adopt new drug policies based on a human rights approach fighting against the stigma and discrimination that denies access to HCV treatment to people who use drugs or who are on opiate substitution therapy (OST).

Meaningful inclusion of People who Inject Drugs and their organisations

We strongly recommend meaningful involvement of communities living with the highest risk of HCV, namely people who use or have used drugs, in all levels of HCV policy development, including the development and provision of harm reduction, HCV prevention, treatment and care services. The involvement of most affected communities is critically important for the development of successful and effective policies and services. Peer based HCV prevention programs and interventions have been proven most effective in reducing transmission of viral hepatitis and HIV.

Action Required: European policies and member states policies must include mandates that require the involvement and representation of high-risk communities in decision-making processes related to HCV policies and services. EU and national support must be provided to ensure implementation and sustainability of peer-led HCV services, and consequently must fund drug user led organisations to provide peer to peer education, and low threshold harm reduction services.

Increase Health and HCV Literacy

We strongly recommend the development and implementation of standardized training for healthcare workers and for people who use drugs on HCV prevention, treatment updates and drug use issues. Evidence suggests that healthcare workers and people who inject drugs often lack sufficient health literacy on hepatitis, which negatively influences decisions regarding appropriate prevention and treatment options.

Action Required: The development and implementation of EU and nationally supported training programs on HCV and drug use for healthcare workers (including Nurses and GPs) and people who use or inject drugs. People who inject drugs and their organisations must be at the centre of health and HCV literacy measures.  Dedicated funding must be allocated for the development of interventions that will improve the knowledge and skill level regarding HCV treatment and drug use/user cultural issues among healthcare professionals, including specialists such as hepatologists and gastroenterologists. Peer based organisations of people who inject and use drugs must be funded to produce and provide education and training, addressing gaps in knowledge among healthcare workers and peers in regard to cultural and specific needs of people who use drugs to ensure beneficial health outcomes.


 

October 23rd, 2014

This Manifesto is produced by APDES, Portugal and Regenboog Groep, Netherlands in the scope of the Correlation Hepatitis C Initiative. For more information: www.hepatitis-c-initiative.eu

We want to thank for the special contribution of Joana Marques, Diana Castro, Magdalena Harris and Jason Farrell.

Organisations supporting the Manifesto on Hepatitis C and Drug Use

World Hepatitis Alliance, International Network of People Who Use Drugs, European AIDS Treatment Group, Harm Reduction International, European Harm Reduction Network, European Liver Patients Association, European Association For The Study Of The Liver and HIV/AIDS Civil Society Forum

Acknowledgements

Special thanks to the Manifesto reviewers for providing input and guidance:

Anke Van Dam, Anouk de Gee, Charles Gore, Chris Ford, Eliot Ross Albers, Erlind Plaku, Fiona Godfrey, Georg Farnbacher, Hilje Logtenberg-van der Grient, Igor Kuzmenko, Jason Grebely, Jeff Lazarus, Jules Levin, Karyn Kaplan, Katrin Prins-Schiffer, Luís Mendão, Margaret Walker, Maria Phelan, Marinela Debu, Ricardo Fuertes and Valentin Simionov.


 

With financial support from the Drug Prevention and Information Programme (DPIP) of the European Union.

Neither the European Commission nor any person acting on its behalf is liable for any use of information contained in this publication.

1ère conférence européenne sur l’Hépatite C et l’usage de drogues

Besoin d’agir : briser le tabou sur l’hépatite C

Aujourd’hui, le virus de l’hépatite C (VHC) touche environ 9 millions de citoyens européens. Les personnes qui s’injectent ou s’injectaient des drogues sont le groupe avec les taux de le plus important prévalence dans certains pays européens, jusqu’à 90%. Dans d’autres populations telles que les «hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) », les taux d’infection sont également en augmentation rapide. Sans traitement approprié le VHC peut être une maladie grave voire mortelle. Ce problème est rarement abordé alors que des nouveaux traitements très efficaces existent.

La 1ère conférence européenne a réuni les principaux acteurs sur le VHC, y compris des représentants des usagers de drogues, des experts en réduction des risques, des professionnels de santé, des laboratoires pharmaceutiques, des chercheurs et des décideurs.

Un des faits saillants de la conférence est la présentation de la «Déclaration de Berlin» : un appel aux décideurs politiques nationaux et européens, à assurer un meilleur accès aux soins et la qualité du traitement de l’hépatite pour les groupes les plus marginalisés et vulnérables.

Programme

  • Séances de discussion sur les politiques et les meilleures exemples concrets de toute l’Europe
  • Séances d’échange de compétences sur les dépistages et les pairs en milieu professionnel
  • Séances de formation sur les approches novatrices

Les thèmes prioritaires sont

  • Traitement clinique et impact des nouveaux médicaments
  • Prix, nouveaux médicaments et plaidoyer
  • Recherche sur le (coût) efficacité du traitement des usagers de drogues
  • Prévention du VHC: Le rôle de la réduction des risques et le traitement du VHC
  • Atteindre différents groupes cibles de la prévention et du traitement du VHC (migrants, prisonniers, HSH)
  • Point de vue des usagers de drogues par les pairs en milieu professionnel

Inscriptions et Contributions sur conference.hepatitis-c-initiative.eu

Hépatite C : éradication en vue

Longtemps « planquée » derrière le VIH, l’hépatite C est restée méconnue des Français, y compris des injecteurs pourtant en première ligne. Face à un virus perçu comme lent et aléatoire, de nombreux UD ou ex-UD ont préféré différer ou éluder la confrontation avec un traitement ribavirine/interféron, jugé lourd et inefficace. C’est à ce noyau dur rétif aux traitements que nous nous adressons car l’éradication du VHC est enfin une perspective réaliste.

L’histoire

Depuis une trentaine d’années, le virus de l’hépatite C (VHC) rôde dans l’univers des usagers de substances illicites injectées. Son omniprésence est une conséquence du décret de 1972 qui a pratiquement empêché la fourniture de matériel stérile aux toxicomanes jusqu’en 1987, date de son abolition. Entretemps, des centaines de milliers de personnes ont été contaminées, soit par le virus du sida, soit par l’une ou l’autre des hépatites virales.

Le VHC a été découvert en 1989. On a commencé à traiter cette infection chronique par de l’interféron alpha, médicament injectable trois fois par semaine pendant un an. Les taux de guérison (suppression du virus) étaient de l’ordre de 6% seulement, et le traitement était difficile car les malades rencontraient beaucoup d’effets indésirables parfois sévères. En 1999, on a rajouté à l’interféron une molécule, la ribavirine, administrée chaque jour en gélules ou comprimés. Ce traitement obtenait des taux de guérison de plus de 30% mais les effets indésirables étaient plus importants. Puis les scientifiques ont mis au point une forme d’interféron retard, plus confortable puisqu’on ne faisait qu’une injection sous-cutanée par semaine. Avec la ribavirine, qui renforçait son action antivirale, on a atteint des taux de guérison de 50% mais toujours avec les mêmes effets indésirables parfois très handicapants et des contre-indications à ce traitement.

asud55 p30 Sovaldi SofosbuvirPremière vague

Jusqu’en 2011, seul ce traitement était disponible. De nouveaux médicaments, le telaprévir et le boceprévir, premiers inhibiteurs directs du virus de l’hépatite C, ont été mis au point par deux labos. Il s’agit de deux inhibiteurs de protéase du virus que l’on rajoutait à l’interféron alpha et à la ribavirine. Les taux de guérison ont augmenté de 15 à 20%, mais uniquement pour un certain type de virus, le « génotype »1 (il n’y a pas qu’un seul virus mais une famille : les génotypes qui vont de 1 à 5), qui représente environ 50% des cas en France.

Le problème était que non seulement on avait les effets indésirables de la bithérapie mais la 3e molécule en rajoutait et parfois des vraiment encore plus sévères. Le mode de prise des médicaments était compliqué, écart précis entre trois prises, prise d’aliments avec les comprimés, etc.

Deuxième vague

Une seconde vague d’inhibiteurs de protéase va remplacer le telaprévir et le boceprévir. D’une efficacité nettement supérieure, beaucoup de malades pourront bénéficier d’un traitement court, avec beaucoup moins d’effets secondaires, et d’une simplification d’administration (une prise quotidienne). Ainsi, après l’Autorisation de mise sur le marché (AMM) du sofosbuvir (Sovaldi®, Gilead Sciences) et du siméprévir (Olysio®, Janssen Pharmaceuticals), le daclatasvir est disponible en Autorisation temporaire d’utilisation (ATU). Ce sont des antiviraux de seconde génération qui, en association, peuvent guérir à 100% les patients et ceci, quel que soit le génotype.

asud55 p29 Olysio SimeprevirTrois stratégies sont possibles : la première est la combinaison de sofosbuvir avec un autre médicament antiviral ; la seconde est la combinaison de trois médicaments sans sofosbuvir ; la troisième est la combinaison de deux médicaments dits de « deuxième génération » sans sofosbuvir. Les premiers résultats des études réalisées avec ces trois stratégies indiquent des taux de guérison de l’ordre de 95%, parfois plus, chez les malades infectés par un virus de génotype 1 et proche de 100% chez les autres.

Aujourd’hui, on peut donc voir que les chances de guérir de son hépatite C en prenant un à deux comprimé(s) par jour pendant 3 mois, sans subir d’importants effets indésirables graves, sont proches de 100 %. Ces nouveaux traitements sont compatibles avec les traitements de substitution et ne bouleverseront pas vos habitudes de vie comme les anciens. Nous sommes donc à un tournant dans le traitement de l’hépatite virale C, une véritable révolution dont il va falloir profiter pour en finir avec une maladie potentiellement mortelle (3 500 décès par an en France, plus que les accidents de la route).

Une offre qui ne se refuse pas

Traiter votre hépatite C, c’est assurer votre avenir. Si vous vous débarrassez de votre hépatite C, vous aurez un problème de moins à gérer. De plus, la prise en charge médicale et sociale de l’hépatite C peut vous permettre de régler d’autres questions (par exemple, ouverture de droits à la Sécurité sociale, allocations…).

asud55 p30 VHC vs Accident de la routeOn nous disait avant l’arrivée de ces nouveaux traitements :

« Du côté des usagers, l’un des principaux freins à l’accès au traitement est de ne pas considérer le VHC comme une maladie grave : souvent, ceux qui sont morts dans l’entourage des toxicomanes sont apparus comme étant séropositifs ou alcooliques, mais on n’a pas retenu qu’ils avaient une hépatite C. Cette difficulté à se représenter la maladie tient aussi au fait qu’elle peut aussi bien être minime, qu’aller jusqu’à la cirrhose et au cancer du foie. À quoi viennent s’ajouter la peur de la biopsie, du traitement – perçu comme rendant malade – et, plus généralement, le rejet du monde médical. Les usagers de drogue redoutent enfin qu’on les contraigne à arrêter leur consommation de drogue ou d’alcool brutalement. »1

Eh bien voici, on a changé de paradigme, on peut en 3 à 6 mois se débarrasser facilement du virus sans rien changer à ses habitudes, sinon bien sûr bien appliquer les principes de réduction des risques pour ne pas se recontaminer. Freiner sur la bouteille à mort, faire gaffe aux produits hépatotoxiques (coke, pilules, etc.) afin de filer un peu de vacances à votre foie. On n’a plus besoin de biopsie, on a très peu d’effets secondaires et on ne prend que deux pilules par jour. Ce n’est pas un gros effort pour changer sa vie et éviter de la raccourcir. Voilà une offre que vous ne pourrez pas refuser ! Il ne faut jamais rater une révolution à ses débuts, souvent ça se gâte quelques années après ou on est trop vieux ou trop malades pour la faire.


Notes :

1/ Laetitia Darmon « Hépatites actualité n° 208 »

Hépatites : Guérison pour tous ? Traitement pour chacun ! La santé n’a pas de prix, mais les traitements doivent avoir un juste prix

Actions Traitements – Act Up Paris – Aides – Arcat – ASUD – Basiliade – CATRED – CEID – Collectif Hépatites Virales – Comede – Dessine moi un mouton – Fédération Addiction – FNARS – FNH VIH et autres pathologies – Gaia Paris – Marmottan – Médecins du Monde – Odse – Planning familial – Solidarité Sida – SOLENSI – SOS Hépatites Fédération – LeTipi Marseille – TRT-5

Le 19 mai dernier était présenté le tout premier rapport d’experts en France sur la prise en charge des personnes infectées par les virus des hépatites virales B et C.Les conclusions de ce rapport étaient attendues pour lutter contre l’épidémie, soigner, et guérir en particulier les personnes infectées par le VHC grâce à l’arrivée de nouvelles molécules.

En effet, les hépatites représentent un problème majeur de santé publique : plus de 500.000 personnes touchées en France et près de 4000 décès chaque année.

Si les recommandations qui y figurent sont pertinentes : étendre et améliorer l’accès aux soins des personnes « vulnérables » et/ou en situation de précarité, dépister et traiter sans état d’âme et sans jugement les usagers de drogues, les personnes sous main de justice, les migrants… , elles devraient être suivies par un comité sous l’autorité du ministère de la santé ; enfin leur mise en oeuvre effective implique des moyens et des mesures à la hauteur des enjeux éthiques et de santé publique.
La lutte contre les hépatites connaît une révolution avec l’arrivée de traitements beaucoup mieux tolérés permettant des taux de guérison spectaculaires.

Les prix annoncés par les laboratoires, en particulier Gilead, sont prohibitifs : 60.000 à 80.000 euros pour une cure de 3 mois !

Comment dans ces conditions garantir un accès équitable à tous ?

Ce prix, qualifié d’ »exorbitant » par les experts du rapport, pourrait créer un dangereux précédent en ne basant pas la délivrance de médicaments vitaux sur les réels besoins en santé des personnes, ce qui aggravera une discrimination préexistante des personnes susceptibles d’être soignées sur des critères non médicaux : mode de vie, situation administrative ou socio-économique des personnes touchées.

Ceci entraînerait donc une perte d’espérance de vie pour certaines, la survenue de complications et d’incapacités liées à la maladie ou encore le recours à des traitements moins coûteux mais moins efficaces.

Nous ne pouvons nous satisfaire d’une prise en charge à deux vitesses. C’est d’autant plus intolérable que l’arrivée de nouveaux traitements contre l’hépatite C, beaucoup plus efficaces et avec beaucoup moins d’effets secondaires, fait entrevoir la possibilité d’éradiquer cette épidémie.
Nous demandons une véritable stratégie nationale de lutte contre les hépatites pour améliorer le suivi des lignes de crédits affectés aux services de santé et leur capacité à répondre aux besoins, et garantir une réelle équité dans l’accès aux nouvelles molécules.

La France s’est dotée depuis 1946 d’un système de protection sociale reposant sur le principe suivant : « Le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en oeuvre par tous moyens disponibles au
bénéfice de toute personne » art. L1110-1 du Code de Santé Publique. Nous rappelons que toute approche contraire à ce principe fondamental constituerait une grave atteinte au Code de Santé publique, dans la mesure où elle représenterait une perte de chances thérapeutiques pour les personnes touchées.
Face à ces enjeux éthiques et de santé publique, nos organisations s’interrogent sur l’intérêt et la nécessité de saisir le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) pour avoir son avis sur les dangers de la mise à l’écart de patients infectés par le VHC nécessitant pourtant un traitement.

Plus largement, cela pourrait être l’occasion de connaître ses conclusions sur les implications éthiques et de santé publique en matière de coût des traitements et des dispositifs dont devrait se doter l’Etat pour mieux négocier avec l’industrie pharmaceutique, tout en accordant une place à la société civile et aux personnes concernées.

Nous appelons l’Etat à exiger un juste prix et donc à jouer son rôle de régulateur auprès des industriels afin de faire baisser les prix et de garantir l’accès à ces nouvelles molécules pour au moins 80.000 personnes atteintes d’hépatite C chronique, chez qui le traitement doit être initié selon les recommandations du rapport d’experts. Nous demandons à ce que les personnes infectées et malades soient enfin associées aux discussions et aux négociations, notamment dans les différents groupes de travail, en particulier ministériels, interministériels ; sans oublier leur intégration au Comité Economique des Produits de Santé (CEPS).

L’attitude de la France est d’autant plus attendue que nombre de pays sont confrontés à des difficultés similaires, voire encore plus graves, et que l’épidémie est mondiale.

Contacts :

– Président de SOS Hépatites Fédération, Michel Bonjour – téléphone 06 84 29 00 95 et courriel <michel.bonjour@soshepatites.org>

– Emmanuelle Hau/Aurélie Defretin, Médecins du Monde – téléphone 01 44 92 14 31 /13 81 – 06 09 17 35 59
<infomdm@medecinsdumonde.net>

Abattre le mur de la prohibition

Speedy Gonzalez  nous entraîne pour un petit tour d’horizon de la planète parti à l’assaut de ce mur plus sanglant que celui de Berlin à travers les liens de différentes natures qu’ASUD a tissé avec des organisations comme INPUD, CORRELATION, IDPC…. Mais l’enjeu ultime est d’être prêt pour l’UNGASS 2016 (l’Assemblée Générale des Nations Unies) qui va devoir réexaminer le bien fondé de la politique sur les drogues suivie depuis 1970.

De droite ou de gauche, le gouvernement français peut toujours se rassurer en pensant qu’un sujet comme l’urgence de mettre fin à la guerre aux drogues, donc à la prohibition, n’intéresse que des utopistes post soixante-huitards et que notre bonne vieille loi de 1970 tient toujours la route… Mais en quittant notre pays, on se rend compte qu’il est chaque fois plus isolé, campant sur sa position : ne rien changer, comme sur le cannabis1, ne pas aller de l’avant, comme avec la lamentable affaire de la salle de consommation à moindres risques de la gare du Nord qui a ridiculisé la France ! Il pense sans doute qu’avec ce mélange de RdR et de répression2, les drogues et leur consommation resteront contrôlables, sans crainte de dérives sécuritaires et sanitaires. On le sait, il n’en est rien et à l’étranger, les choses bougent à grande vitesse.

Une plus grande indépendance vis-à-vis des USA

asud-journal-54 USA cannabisIntitulé Le problème des drogues sur le continent américain, le rapport 2013 du secrétariat de l’Organisation des États américains (OEA) illustre parfaitement ce changement de mentalité au niveau mondial, qui se traduit par de nouvelles approches partant toujours d’un sévère constat sur les résultats obtenus jusqu’à présent. Les États du continent américain ont décidé de ne pas continuer à monter l’escalier de la répression en suivant l’exemple des USA comme ils avaient toujours fait. Ils ouvrent le débat sans parti pris idéologique ni moral, et utilisent comme élément d’analyse des faits scientifiques, des informations objectives émanant d’acteurs de terrain sur la réalité de la prohibition. Selon ce rapport, « des leaders politiques du continent, des ex-chefs d’État, des universitaires et des représentants de la société civile, préoccupés par l’impact de la violence reliée aux drogues ainsi que par le flux continu de drogues dans la région, ont promu l’adoption de politiques orientées à réduire l’importance de la justice pénale dans le contrôle de celles-ci ». Une attitude renforcée par une plus grande indépendance politique en général et sur les drogues en particulier des gouvernements latinos vis-à-vis des USA. Mais aussi par le fait que le gouvernement d’Obama semble louvoyer sur cette question, navigant à vue dans un pays dont 21 États ont légalisé le cannabis thérapeutique, 3 l’usage récréatif. Les USA semblent de moins en moins enclins à jouer, comme par le passé, la carte répressive mondiale avec la DEA. Personne ne croit plus pouvoir gagner cette guerre par la répression. Le mirage d’un monde sans drogue prédit en 1971 par Nixon pour l’an 2000 s’est évanoui depuis longtemps, et Obama voit bien que le mur de la prohibition commence à se fendiller grave…

« Nothing about us without us »

Mais le mouvement antiprohibitionniste vient surtout de mouvements d’UD comme Asud, qui ont senti la nécessité de s’appuyer sur des réseaux internationaux pour mieux se faire entendre. Avec sa déclinaison européenne (EuroNpud), l’International Network of Persons who Use Drugs (Inpud), dont Asud est un membre historique, défend le respect des droits de l’homme pour les usagers de substances dans les instances internationales. Animant des campagnes, participant à de nombreuses conférences internationales, aidant à se rapprocher pour créer une véritable représentation mondiale des usagers de drogues qui soit reconnue comme acteur indispensable, Inpud a permis de tisser des liens avec des organisations qui agissent davantage au niveau social et sanitaire sans pour autant oublier le volet politique. Grâce à son réseau de contacts, Inpud permet donc de se positionner sur le terrain de la santé publique, par exemple sur le VIH comme lors de la récente consultation d’experts « Changing the Game » au siège de l’Onusida à Genève, où Asud était le seul représentant du « groupe cible »2 des UD. On  a donc  pu y réaffirmer entre autre que la prohibition plombe tous les problèmes concernant le VIH. Par exemple la prévention et le financement avec 9/10ème des dépenses qui sont faites dans la répression des drogues et 1/10ème dans la prévention. La collecte d’informations est aussi touchée avec les dérèglements statistiques qu’entrainent les législations répressives sur ces dernières3. ASUD a pu aussi y réclamer que l’ONUSIDA et l’OMS reprennent leur place de 1er plan dans le débat sur les drogues afin que leur avis scientifique s’impose enfin….

Car si la sécurité de tous est malmenée, voire violée, la santé est aussi menacée. Des organisations européennes comme Correlation (European Network, Social Inclusion & Health), qui fut en partie créée par l’UE grâce à son programme d’action communautaire dans le domaine de la santé publique, érigent des ponts avec les associations d’usagers pour changer les politiques des drogues et lutter contre l’exclusion sociale. Correlation plaide, présente de nouveaux guides de bonnes pratiques de RdR communs à tous les pays et monte des programmes de formation de professionnels en collaboration avec des mouvements d’UD européens, qui peuvent utiliser cette plateforme sanitaire et sociale pour affirmer le fameux slogan popularisé par Inpud : « Nothing about us without us ! » (« Rien sur nous sans nous ! »).

Dans ces actions, INPUD et les organisations qui l’a compose, peuvent dénoncer les barrières que présente la prohibition et qui rendent difficile de faire de la bonne prévention et de la RDR sur un produit illégal. Pour la France cela se traduit par l’absence de salles de Conso, de programmes d’héroïne médicalisée et d’échanges de seringues en prison et surtout, par le nombre d’UD arrêtés et emprisonnés pour simple usage de drogue qui ne cesse d’augmenter4!

Un rendez-vous historique

C’est bien pour cela que  le rendez-vous de l’UNGASS 2016 (l’Assemblée générale des Nations unies) à New York occupe désormais tous les esprits. Avec l’IDPC (International Drug Policy Consortium) qui est « un réseau mondial d’ONG et de professionnels réunis pour promouvoir un débat ouvert et objectif sur la politique des drogues au niveau national et international » auquel appartient ASUD et qui soutient « des politiques efficaces pour réduire les méfaits liés aux drogues ». Les assos anti-prohibitionnistes se positionnent pour se rendez-vous historique de cette Assemblée Générale de l’ONU en 2016. Mais sa préparation a déjà commencé et 2014 est très importante. Jusqu’à présent, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et la Commission des stupéfiants (CND), les 3 organismes chargés de la surveillance de l’application et du respect des conventions Internationales, imposaient leur vision belliciste dans tous les documents de travail pour préparer l’assemblée générale. Ces dernières années, l’IDPC a su tisser un réseau à l’ONU pour faire du lobbying en faveur d’un changement de cap sur les politiques de drogues, avec des assos, des ONG, des organismes et surtout, des gouvernements sensibles à ces changements comme ceux d’Amérique latine, certains d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, d’Europe (Suisse, Portugal, Finlande…). L’IDPC alerte quotidiennement sur les réseaux sociaux de l’évolution politique, sécuritaire et sanitaire de cette question, appelant et aidant toutes les structures et assos à entrer avec lui dans les comités de l’ONU, comme le Comité de Vienne des ONG (VNGOC, qui était jusqu’à présent lui aussi constitué d’ONG favorables à la prohibition) afin de rééquilibrer sa composition (un comité de l’ONU n’est que la somme des entités qui le composent). Son mandat : assurer que la société civile fasse entendre sa voix comme par exemple à la prochaine réunion de la CND du 13 au 21 mars à Vienne, qui prépare les documents pour l’Ungass 2016. La route est encore longue mais on avance….


1/ Rien ne bouge en France, la seule timide avancée fut le Sativex® qui sortira en 2015 sur le marché, un spray peu dosé en cannabis uniquement réservé aux patients atteint de sclérose en plaque et qui fut en plus adopté à l’arrache sous pression de l’Union Européenne doublée d’une plainte déposée devant le Conseil d’Etat par son distributeur dans 17 autres pays…

2/ Groupes dont les membres sont particulièrement concernés par le VIH en Europe : les MSM (Men who have sex with Men) le principal avec 50% des nouvelles infections, les hétérosexuels avec 23%, les  migrants subsahariens (13%), les UD avec 5% seulement,  les Sex Workers , les transgenres… (Sources ECDC et Bureau Régional OMS pour l’Europe, 2012.)

3/ En Hongrie, membre de l’U.E., les médecins ont l’obligation d’informer la police de l’identité d’un patient  lors de la découverte de sa séropositivité quand celui-ci se présente ou est identifié, comme usager de drogues !!

4/ Depuis 2010, 135.447 personnes ont été arrêtés et 1747 ont été mises en prison pour simple usage de drogues . Ce « délit » représente plus de 80% des arrestations liées aux questions de drogues (trafics…) et 90% de toutes les arrestations pour usage concernent exclusivement le cannabis ! (Sources : Obradovic 2010, OFDT 2012a et Ministère de la Justice et des libertés 2011 dans l’Alerte de l’IDPC.)

Réunion publique : Il est temps d’en finir avec la guerre à la drogue !

A l’occasion de la publication en français du troisième rapport de la Commission globale de politique en matière de drogues, l’AFR, MdM, ASUD, FA et le GREA vous invitent à une réunion publique avec 2 de ses membres fancophones : Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine.

  • Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération suisse et Conseillère fédérale responsable du Département fédéral de l’Intérieur.
  • Michel Kazatchkine, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la lutte contre le sida en Europe de l’Est et en Asie centrale, ancien directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria.

la Commission mondiale des politiques en matière de drogues

Composée d’anciens responsables politiques de haut niveau, de scientifiques et de personnalités, la Commission globale de politique en matière de drogues vise à ouvrir un débat éclairé et scientifique, au niveau international, sur des moyens humains et efficaces de réduire les préjudices causés par les drogues aux personnes et aux sociétés. Elle a pour objectif de :

  • Examiner les fondements idéologiques, l’efficacité et les conséquences de l’approche de la «guerre contre la drogue»
  • Évaluer les risques et les avantages des différentes approches face aux drogues mises en œuvre au niveau national
  • Formuler des recommandations factuelles pour réformer d’une façon constructive les lois et les pratiques sur les drogues

La Commission a produit 3 rapports :

La guerre aux drogues. Rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues (juin 2011) La guerre aux drogues face au VIH/sida. Comment la criminalisation de l’usage de drogues aggrave la pandémie mondiale (juin 2012) L’impact négatif de « la guerre contre la drogue » sur la santé publique. L’épidémie cachée d’hépatite C (juin 2013)

Infos pratiques

Mardi 22 octobre 2013 – 20h30
Lieu : MdM – 62, rue Marcadet – 75018 PARIS

l’évènement sur facebook

Evènement gratuit, entrée libre

« IL EST TEMPS D’EN FINIR AVEC LA GUERRE AUX DROGUES ! »

L’impact négatif de la “guerre contre la drogue” sur l’épidémie d’hépatite C

Ce matin à Genève, la Commission globale de politique en matière de drogues vient de lancer son rapport sur « L’impact négatif de la guerre contre les drogues sur la santé publique : l’épidémie cachée d’hépatite C ».

Kofi Annan, Javier Solana, sept anciens présidents, Richard Branson (fondateur du Groupe Virgin), Georges Schultz (ancien secrétaire d’état américain).. Voici quelques-uns des commissaires qui lancent un message fort dans ce rapport : la criminalisation de l’usage de drogues alimente l’épidémie d’hépatite C, véritable bombe virale à retardement.

Les chiffres fournis dans ce rapport sont frappants : parmi les 16 millions de personnes qui utilisent des drogues injectables dans le monde, on estime que 10 millions d’entre eux vivent avec l’hépatite C. Le taux d’infection est plus élevé dans les pays avec des lois les plus répressives et une politique restrictive sur les mesures de réduction des risques. Ainsi en Russie ou en Thaïlande, 90% des personnes s’injectant des drogues auraient été contamines par l’hépatite C.

Ces chiffres pourraient d’ailleurs sous-estimer l’ampleur de l’épidémie réelle étant donné le manque de données et le fait que l’hépatite ne se déclare pas tout de suite après la contamination mais peut rester en sommeil plusieurs années.

Malgré cette réalité frappante et le fait que l’OMS a déclaré l’hépatite C comme une bombe virale à retardement, «L’hépatite C est une des maladies les plus négligées par les gouvernements à l’échelle internationale», selon le Pr. Michel Kazatchkine (vidéo ci-contre), membre de la Commission et Envoyé Spécial du Secrétaire général des Nations Unies sur le VIH/SIDA en Europe orientale et en Asie centrale.

Méconnaissance complète de la maladie et de ses dégâts si elle n’est pas détectée et traitée -même chez des consommateurs de drogue dans certains pays comme la Thaïlande, inexistence ou manque important de mesures de santé publique pour enrayer l’épidémie, de programmes de dépistage pour les publics à risque .. Le constat est accablant

Le rapport souligne la gravité et l’urgence de la situation

Le virus de l’hépatite C est trois fois plus répandu chez les usagers de drogue que le VIH. Ceci est certainement dû à sa prévalence mais aussi au fait que l’hépatite C est une maladie hautement infectieuse et facilement transmissible via un contact sanguin. Aux USA, entre 1999 and 2007, plus de personnes sont mortes à cause de l’hépatite C que du HIV alors qu’elle est «totalement évitable et curable », comme le dit Mme Ruth Dreifuss (vidéo ci-contre), membre de la Commission et ancienne Présidente de la Confédération suisse.

Les mesures de réduction des risques déjà bien connues comme les programmes d’échange de seringues et les traitements de substitution par opioïdes sont suffisantes pour enrayer cette épidémie (mais également celle du SIDA) si elles sont mises en œuvre sur une échelle suffisante. L’expérience écossaise que cite le rapport a fourni des preuves tangibles: grâce à leur politique de long terme, les écossais vont réussir à enrayer de manière significative les contaminations à moyen terme.

Les commissaires exigent également la fin de la guerre contre les drogues

Le rapport dénonce ainsi l’échec flagrant des politiques répressives qui n’ont pas permis la réduction de l’offre de drogues dans le monde : l’approvisionnement mondial des opiacés a augmenté de 380% ces 10 dernières années. Le rapport insiste également sur le fait que cette guerre a mené à l’incarcération à grande échelle des consommateurs de drogue, à leur stigmatisation. Elle a généré plus de violence et de violations des droits de l’homme mais a également été un désastre du point de vue social et de la santé publique. « La guerre contre la drogue est une guerre contre le bon sens et [cette épidémie] est une preuve additionnelle que le statu quo en matière de politique drogues a lamentablement échoué » comme le dit Mme Ruth Dreifuss.

Les Etats Unis ont ainsi par exemple dépensé (gâché ?!) 1 trillion de dollars US dans cette guerre contre la drogue et pourtant, ils sont aujourd’hui dans le trio de tête des pays qui ont le plus grand nombre de consommateurs de drogues injectables atteintes par l’hépatite C avec 1.5 millions de malades, après la Chine (1.6 millions) et avant la Russie (1.3 millions).

Ce rapport est le troisième que la Commission Globale sur la politique en matière de drogues publie. Son premier rapport de 2011 a catalysé un véritable débat mondial sur la nécessité de changer de politiques de drogue et de sortir du régime répressif. Espérons que celui-ci permettra une avancée vers une politique des drogues dans le monde plus humaine et basée sur les enjeux de santé publique et non sur la répression.

Comme le conclut le rapport :

“Le silence qui pesait sur les dégâts causés par la “guerre contre les drogues” a été brisé. Il y a maintenant un véritable élan vers l’adoption de réformes et le public commence à critiquer avec objectivité les politiques et pratiques existantes …. Action is needed now (nous devons agir maintenant)”

source : talkingdrugs.org

Que faire lorsqu’on a pris un risque avec l’hépatite C ?

L’hépatite C est une maladie qui reste mal connue, en particulier parmi les plus jeunes usagers. Actuellement, les médecins s’alarment du nombre de personnes qui ne consultent qu’une fois arrivées au stade de la cirrhose. Le test de dépistage est pourtant devenu très accessible. Nous le recommandons même aux non-injecteurs. En cas de positivité et si l’hépatite reste active, un suivi médical s’imposera avec, peut-être, une ponction et un traitement à la clé.

Si l’hépatite C, dont la contamination se fait par le sang, touche 60 % à 65 % des injecteurs(1), c’est parce que les pratiques d’injection exposent très rapidement les usagers de drogue à cause du partage des seringues et, dans une moindre mesure, à cause du partage du reste du matériel (eau, préparation, cuillère, filtre). Certaines études suggèrent pourtant qu’au-delà de la classique figure de l’héroïnomane ou du « toxico », une contamination existe chez les non-injecteurs.
Ces cas restent obscurs : environ 10 à 20 % des usagers n’ayant jamais eu recours à l’injection seraient contaminés.
Ont-ils passé sous silence les quelques shoots qu’ils auraient fait ou bien ont-ils pris des risques sans s’en rendre compte ? Toujours est-il que même lorsque l’on est un usager de drogues dites festives, on devrait faire le test de l’hépatite C.
Il faut savoir que plus le dépistage et éventuellement le traitement sont précoces, plus les chances de guérison sont fortes : il est donc fortement conseillé de se faire dépister le plus tôt possible.

L’hépatite C ne touche pas que les « toxicomanes »

Les usagers de drogues non-injectables ne sont pas à l’abri d’une contamination par le partage de doseurs, peut-être des pailles à sniffer. Lorsque l’on vit en collectivité ou si l’on sort en rave ou en festival, il y a un risque accru de contacts sanguins par le partage d’accessoires de toilette contaminés (surtout rasoirs, éventuellement brosses à dents… ). Pour le tatouage et le piercing, demandez des garanties sur la stérilisation du matériel. On peut donc très bien attraper l’hépatite C et son virus le VHC sans être un « toxicomane » labellisé.

Un test anonyme et gratuit

Tous les centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) pratiquent maintenant, en plus du VIH, le dépistage du VHC, le virus qui provoque l’hépatite C. C’est bien pratique pour les plus jeunes, qui ne devront ni payer ni décliner leur identité, juste remplir un formulaire anonyme. Certains CDAG ont une consultation pour les maladies vénériennes et peuvent vous orienter pour une contraception, tout ceci gratuitement.
L’autre solution consiste à se faire prescrire le test par son médecin et à le faire dans un laboratoire d’analyses. Il sera remboursé à 100 %.
Nombre d’usagers ne se font pas dépister pour l’hépatite C, parce qu’ils pensent qu’on ne peut rien faire contre l’hépatite C sans passer par une ponction biopsie du foie (PBH). Or, cet examen qui effraie les usagers, souvent à cause des rumeurs entendues, n’est pas toujours nécessaire et ne concerne que les personnes atteintes d’une héptite C, dite active ou agressive, avec des transaminases élevées. Ces cas risquent, une fois sur trois, d’évoluer vers une cirrhose, parfois plus rapidement qu’on ne le croit. Tous les usagers devraient d’abord se faire dépister par une simple prise de sang, puis devenir très attentif sur l’hygiène en cas de positivité et démarrer un suivi médical.

Et si je suis positif ?

Un test positif n’est pas une catastrophe. Le suivi médical de l’hépatite est remboursé à 100 % et l’ hépatite restera parfois bénigne.Pour les cas plus graves les traitements actuels permettent, sous certaines condittions, une guérison sans séquelles. Au pire une invalidité pourra être prise en compte.

En cas d’hépatite active

Si vous avez la malchance d’avoir une hépatite agressive, la ponction est un passage obligé pour l’obtention d’un traitement. Cet examen est le seul qui permet de mesurer les dégâts subis par le foie et l’activité du virus (score Metavir). L’accès au traitement reste moins évident pour les « toxicomanes » et les consommateurs d’alcool, toutefois l’attitude des médecins évolue.
L’équipe du centre La Mosaïque à Montreuil nous a permis de rencontrer trois usagers qui ont accepté de témoigner pour démystifier la biopsie (PBH en jargon médical) : un examen entouré de beaucoup de rumeurs.

La ponction du foie (PBH)

Il existe deux moyens de ponctionner : la voie transjugulaire (par la veine jugulaire) est rarement utilisée, la voie transpariétale (directement dans le foie) est la plus fréquente. Une simple anésthesie locale est nécessaire. Pour les personnes trop angoissées, l’anésthesie générale est possible. Abordez la ponction avec calme. Il ne faut pas bouger et éviter de mettre la pression sur le médecin, car une ponction sans douleur nécessite de la dextérité. Evitez de regarder l’aiguille de ponction.
Pour préparer la ponction, on vous demandera d’arrêter de boire. Cette demande se justifie car les effets de l’alcool risquent de fausser l’interprétation de la ponction.
La parole est à Jacky, Odé et Patrick, tous les trois usagers confirmés.
Dans deux cas, la ponction s’est bien déroulée. Dans un autre cas, elle s’est moins bien passée. Selon nous, quatre fois sur cinq, il n’y a aucun problème.

Témoignages

Les médecins ont proposé à Odé une ponction transjugulaire :
« Ça ne s’est pas trop mal passé, ça m’a quand même pris une journée. C’est le temps qu’il faut prévoir, je pense. Les résultats sont arrivés trois semaines plus tard, au score Metavir, j’atteignais le stade F4, celui de la cirrhose. J’étais catastrophé, je croyais aller bien. A l’époque, je buvais. Le traitement n’était pas envisagé tant que je n’étais pas stabilisé avec l’alcool. On m’a dit de refaire une biopsie dans deux ans. C’est ce que j’ai fait. La deuxième ponction s’est moins bien passée. Le jour du rendez-vous arrive et, là, grosse erreur, je n’avais pas fait la prise de sang pour le temps de saignement (test qui mesure la vitesse de coagulation du sang). Pourtant, je leur avais dit que j’étais très dur à piquer. Du coup, tout le monde s’énerve parce qu’ils n’arrivent pas à me piquer.Ça dure deux heures, on me charcute, on m’emmène au bloc où l’on n’arrive toujours pas à me piquer. Le toubib arrive et me dit : “Vous saviez bien que vous aviez une biopsie à faire !” Je lui réponds qu’on arrive pas à me piquer et que je les avais prévenus. Alors là, le toubib craque et me dit : “Tu changes de crémerie”. Rideau. J’ai tout repoussé à avril 2000. »
Le tuyau d’Odé aux Asudiens : « Ne faites pas la prise de sang pour le temps de saignement le jour-même de la ponction, mais allez-y avant. Vous serez moins stressé et pourrez rencontrer l’équipe médicale, ce qui vous permettra de voir comment ils sont et comment ils piquent. »

Dédramatiser la biopsie

Autre histoire, celle de Jacky : « J’ai fait un dépistage en 1997. A l’arrivée, on m’a dit : “Vous avez la C”, et on m’a expliqué gentiment ce que c’était. On ne m’a pas affolé.Mon dossier a été remis au médecin qui me suivait déjà pour la substitution. C’est lui qui m’a donné des explications pendant les consultations et m’a orienté vers l’hôpital pour une biopsie. On m’a dit que c’était une aiguille qu’on met dans le foie. Tout s’est passé très vite et plutôt bien. Je suis arrivé la veille à l’hôpital, j’y ai dormi. Le lendemain, dans la journée, le médecin est passé dans ma chambre, accompagné d’une autre personne. Ils m’ont fait une simple anesthésie locale. J’ai senti la piqûre c’est tout. Je le referai sans problème. On m’a proposé de la Viscéralgine. J’ai bien dormi et, le lendemain matin, j’étais chez moi. L’intervention m’a plutôt redonné confiance dans le système de soins et j’étais content de l’avoir fait. Au final, j’ai eu un score Métavir F4, donc cirrhose. Depuis un mois, j’ai commencé la bithérapie Interféron et Ribavirine et, pour le moment, je supporte bien. En huit ans, j’ai déjà une cirrhose tu te rends compte ! Je dis à mes amis d’aller se faire dépister, de ne pas attendre. J’ai un pote qui a la ‘C’, l’autre jour je l’ai sorti d’un café et je lui dis : “Tu as une C non active, alors, ne la réveille pas avec de l’alcool !”
Le tuyau de Jacky aux Asudiens :« Désolé pour les jeunes internes qui ont besoin de s’entraîner à piquer, mais je vous conseille de vous faire piquer par un médecin expérimenté. En huit ans, je me paye une cirrhose, je conseille aux gens de se faire dépister vite ! »

Patrick a consommé pendant vingt années et a fait ensuite un passage à la 8°6. « Il m’a fallu huit ans pour me décider à me faire suivre pour le VIH et le VHC dépistés en 1984. Depuis 1996, c’est Métha et trithérapie pour le VIH. Il m’a fallu encore deux ans pour obtenir une PBH. Le médecin m’a dit : “On peut le faire maintenant parce que vous êtes stabilisé pour le VIH et que vous avez cessé de boire.”
Pour la ponction, on m’a donné les consignes suivantes : “Ça va prendre 24 heures. Vous devrez rester allongé. Vous amenez votre Méthadone et votre trithérapie.” Je suis donc arrivé à l’hôpital le matin à 10 h. J’ai posé mon sac dans la chambre, puis on m’a fait une prise de sang pour mesurer le temps de saignement. Petit repas dans la chambre et, un peu plus tard, une infirmière arrive et me fait une piqûre anxiolitique. Elle me dit de m’allonger. Le médecin arrive, me fait la piqûre d’anesthésie locale et me dit de tourner la tête pour éviter que je voie le matériel de ponction. Je n’ai rien senti au moment de la ponction. J’ai demandé si je pouvais regarder et j’ai vu que j’avais un pansement avec un peu de sang. On m’a donné deux Viscéralgine forte et on m’a dit de ne pas trop bouger le bras droit. A 19 h, j’en avais un peu marre, même s’ils m’ont très gentiment laissé mes clopes.
A 5 h du matin, j’ai demandé qu’on débranche le tensiomètre autour du bras qui me faisait mal. Autre problème, c’est très difficile de pisser dans un tuyau si on est allongé, je voulais me lever. Finalement, je suis sorti à 13 h après que l’on m’ait servi un repas. »

Le tuyau de Patrick aux Asudiens : « Pensez à pisser avant la biopsie car c’est difficile de la faire en position allongée. Dans le service où j’étais, le médecin est une femme qui pique bien, tous ceux que j’ai vu n’ont rien senti, il faudrait se passer les bons tuyaux. L’information sur la biopsie et l’interprétation du score Métavir, c’est mon médecin qui me les a données. A l’hôpital, on ne m’a pas dit grand-chose.»

1) Indicateurs et tendances, OFDT 1999, p. 143
Remerciements à Pactrick, Jacky, Odé, aux Docteur Goisset, Professeur Morcellin.

Foie et cannabis

Oui, il y a bien écrit : “ foie et cannabis ”, j’insiste : “ Foie ” avec un E, s’il vous plait ! Et non pas “ Foi & Cannabis ”, comme Bob Marley invoquant ses louanges raggaephiles à Jah Rastafary. Non nous ne parlerons pas non plus de la controverse concernant le cannabis et les accidents de la route, qui finalement sont plus spécifiques des excès d’alcool, n’est-ce pas mon petit Nicolas ?

Les fautes d’orthographes peuvent mener à des sérieux malentendus, d’où l’avantage de régler ces problèmes à l’oral. C’est ce que nous avons fait au sujet d’un malentendu avec le Dr Hézode, un hépatologue de l’Hôpital Henri Mondor, à Créteil qui avait déjà publié une brillante étude sur les risques d’aggravation de fibrose chez les gros fumeurs de tabac.

Le différent porte sur son étude sur l’impact du cannabis sur le foie, intitulée “Consommation quotidienne de cannabis fumé comme facteur de risques de progression de fibrose dans l’hépatite C chronique”[1], qu’il a présenté à l’occasion du congrès européen d’hépatologie de l’E.A.S.L., à Berlin en 2004. J’y étais et je peux rapporter que la salle était restée assez sceptique ou du moins partagée, sur certaines zones d’ombres méthodologiques, surtout quand il conclut : “ La consommation quotidienne de cannabis chez les patients ayant une hépatite C est à proscrire ”. Le problème c’est que cette étude a depuis été largement reprise par bon nombre de médecins et notamment des hépatologues, et d’ailleurs peut-être le votre vous a t-il déjà fait des remarques à ce sujet ?

Elle vient d’être publié dans le numéro trimestriel de la revue Réseaux Hépatites, de septembre 2005. Nous nous sommes immédiatement ébahis d’admiration devant la couverture de cette revue médicale de vulgarisation scientifique (voir photo), qui est éditée grâce aux larges financements de certains laboratoires pharmaceutiques bien connus des usagers de drogues substitués.

Nous pensions qu’ils allaient contrecarrer cette étude puisqu’en couverture, il y a un magnifique “ pétard de chez Mr Pétard ”. Mais alors, la salive nous monte encore aux oreilles rien que d’en parler tellement il est bien roulé.

Nous ne saurons résister à l’envie de quelques précisions prudentes de RdR, à l’attention des lecteurs et plus particulièrement ceux du Ministère de l’Intérieur, il s’agit d’admiration devant la technique de roulage de cette cigarette multi-feuilles, œuvre d’un artiste, il va sans dire, vous nous l’accorderez ? Nous voudrions éviter une condamnation d’incitation à l’usage à quelques heures de “ tige ” (Travail d’Intérêt Général) pour quelques feuilles !
Nous ne conseillerons jamais à personne d’utiliser des drogues, et encore moins tous les jours, car ça serait bien inutile, voir même dangereux, surtout sans conseils avisés de réduction des risques (RdR), récents et adaptés ! D’ailleurs au sujet du cannabis vous pourrez vous reporter au numéro d’ASUD, pour les conseils avisés de RdR, puisque ça, c’est notre domaine de compétence.

Mais en fait il faut à ce stade détailler cette étude avant de prendre pour argent comptant cette conclusion, et voir ce qu’elle vaut à la lumière d’une contre-analyse comme seul G-Laën en a le secret !

Il faut d’abord rappeler le contexte et l’état des connaissances qui ont justifié l’intérêt de cette étude. Depuis vingt ans, la plupart de grands laboratoires pharmaceutiques ont tous fait des recherches sur les cannabinoïdes, c’est-à-dire les 60 composants du cannabis. Mais plus récemment quelques découvertes étonnantes nous ont appris que dans le corps humain, nous avons à l’état naturel deux types de récepteurs spécifiques aux cannabinoïdes qui ont été baptisé CB1 et CB2. Des généticiens bien intentionnés ont cherché à savoir quand est-ce que dans l histoire de l’humanité, l’être humain a commencé a avoir ces récepteurs au cannabis. La réponse est assez étonnante, sauf pour des usagers, puisque ces récepteurs seraient apparus environ il y a cent mille ans, c’est-à-dire juste avant que l’humain commence à utiliser la parole !

De plus, les chercheurs nous ont même appris que nous sécrétons naturellement, sans avoir jamais consommé de cannabis, des cannabinoïdes naturels, dont les rôles sont toujours assez mystérieux.

Très récemment, des chercheurs s’étaient intéressés à chercher des récepteurs dans le foie. Ils ont été surpris de constater que ces récepteurs ne sont pas présents dans le foie d’une personne en bonne santé. Mais par contre, ils sont activés par les fybroblastes. Ce sont les éléments qui provoquent la fibrose et donc les principales lésions chroniques du foie. Donc il faut comprendre que dès qu’on est atteint par une maladie chronique du foie comme une hépatite virale, et que le foie commence à fibroser, on développe des récepteurs au cannabis dans le foie, aussi bien les CB1 que les CB2.

Des études sur la cirrhose ont confirmé qu’il y avait une sorte de sur-activation des récepteurs CB1. L’équipe de recherche de l’INSERM d’Henri Mondor, travaillant avec le Dr Hézode, venait de démontrer que l’activation des récepteurs CB2 dans le foie pouvait minimiser la production de fibrose. C’est donc ce qui les a poussés au départ à organiser cette étude afin de pouvoir évaluer quel était l’impact réel de cet effet antifibrosant des CB2 dans le foie.

Seulement très rapidement, la même équipe de l’INSERM a aussi démontré que l’activation des récepteurs CB1 avait le rôle inverse c’est-à-dire de favoriser la fibrose du foie. Nous voyons bien qu’il devenait alors crucial de pouvoir étudier de plus près ce qu’il en était dans la vraie vie et non plus sur des éprouvettes de laboratoire, afin de départager l’incidence des CB1 et CB2 dans un contexte d’épidémie d’hépatite C.

Certes si la volonté du Dr Hézode et de son équipe semble tout à fait compréhensible, il fallait par contre mettre au point un protocole d’étude assez complexe afin de pouvoir isoler réellement l’impact du cannabis uniquement. C’est bien là que se situaient nos désaccords.

Ils ont donc recruté 270 malades porteurs chroniques d’hépatite C dans leur service, en ayant défini trois groupes. C’est-à-dire :

– un groupe de 143 personnes déclarant n’avoir jamais fumé de cannabis (53%), et c’est bien vrai ce mensonge ? hein et pourquoi t’as les yeux rouges ?

– un groupe de 41 fumeurs occasionnels (15%) n’ayant jamais consommé quotidiennement de cannabis, avec une consommation moyenne d’environ huit pétard par mois, tiens ça me rappelle quelqu’un !

– un groupe de 89 fumeurs quotidiens (33%) avec une consommation moyenne d’environ 60 pétards par mois,

– et que le dernier ferme la porte, s’il tient encore debout et qu’il voit quelque chose au milieu du nuage ! Ouvrez la fenêtre, les oiseaux vous ferons un joli sourire bête !

Foie et cannabis Non Fumeur Fumeurs occasionels Quotidiens
Tous patients confondus 53% 15% 33%
143 41 89
Contamination VHC par injection de drogue 16% 86% 93%
23 35 83

Les malades avaient été sélectionnés car ils avaient fait plusieurs biopsie du foie qui permettaient de déterminer l’évolution de leur fibrose dans le temps et donc d’examiner une possible accélération de cette fibrose potentiellement due au cannabis. Il a donc fallu étudier aussi d’autres causes possibles d’accélération de la fibrose afin de ne pas fausser cette étude. Donc bien sûr, les facteurs étudiés sont la consommation d’alcool supérieure à trois verre par jour, la consommation de plus d’un paquet de cigarettes par jour, l’âge à la contamination, le fait d’avoir plus de 40 ans, une stéatose (graisse dans le foie), etc…

Donc le mercredi 11 janvier 2006, je fait cette interview téléphonique. Je lui demande : “ Avez-vous détaillez dans votre étude, les consommations antérieures et régulières des 54% d’usagers participants et déclarant avoir été contaminés par injection ? En effet, il nous semble évident que si ces usagers ont eu recours pendant de nombreuses années à des injections de cocaïne, de sniff d’amphétamines, avec en prime des surdosages de benzodiazépines, il y aurait de quoi avoir un foie particulièrement fibrosé non ? ”

Le Dr Hézode me répond que : “ Il faut rappeler tout d’abord quels sont les types de lésions sur le foie que provoque ces produits. À savoir, la cocaïne ne provoque que des hépatites aiguës. Il n’y a jamais eu de forme d’hépatotoxicité chronique de décrite chez des usagers de cocaïne. Il m’est déjà arrivé de faire prendre en charge un usager ayant fait une hépatite aiguë à la cocaïne particulièrement sévère puisqu’il a dû être greffé du foie.
Sinon, concernant les benzodiazépines, il en est de même pour ainsi dire, il s’agit d’hépatite médicamenteuse de type aiguë et d’évènements plutôt rares qui surviennent surtout chez des personnes ayant déjà un foie fragilisé par une hépatite virale ou alcoolique, le plus souvent. Il me semble évident que plutôt que les produits eux-mêmes, il faudrait aussi améliorer nos connaissances sur les produits de coupes.
Aussi nous n’écartons absolument pas que toutes ces autres consommations aient pu biaiser nos conclusions, toutefois nous ne pensons pas qu’elles aient pu avoir une incidence importante ”.

Face à autant d’humilité, ce qui est toujours appréciable chez un médecin, mais aussi afin de faciliter la lecture de cette retranscription, je ne saurais résister d’avantage à l’envie de baptiser le Dr Hézode, le Dr H.

G-Laën : “ Nous avons un problème avec vos conclusions puisqu’elles ont été reprises par bon nombre de vos collègues hépatologues qui les appliquent sans forcément les comprendre. Aussi nous craignons que cet argument concernant le cannabis ne serve de contrainte supplémentaire qui vienne compliquer encore l’accès aux soins des hépatites pour les usagers de drogues. Aujourd’hui nous savons que bon nombre d’hépatologues ne sont pas motivés pour prendre en charge les usagers et donc il ne faudrait pas qu’ils interprètent à tort cette étude. Qu’en dites-vous ? ”

En effet, dans le numéro 24, de la revue THS de décembre 2004, le Pr Couziguou, hépatologue de “ débordé ” dans la région Bordelaise propose un suivi hépato pour le cannabis.

Dr H. “ Nous devons rappeler très clairement, que notre conclusion est qu’un malade atteint d’hépatite C chronique doit s’abstenir, s’il le peut, de fumer tous les jours du cannabis. Et ce message s’adresse surtout à des patients non-répondeurs aux traitements par interféron, chez qui on voudrait minimiser toutes les causes d’aggravation de la fibrose en attendant la possibilité de pouvoir retraiter et guérir son hépatite C.
À mes patients qui viennent me consulter pour initier un traitement et qui me demandent est-ce que le cannabis pose un problème, vu que ça les aide ? Je leur dis très clairement qu’il y a des malades pour qui le cannabis semble être une aide face aux nombreux effets secondaires d’un traitement à base d’interféron. Aussi je leur dit qu’il n’y a pas de contre-indications majeures puisque ce qu’il faut absolument favoriser à ce moment là, c’est l’observance à ce traitement et arriver à ce que la malade tienne jusqu’au bout. ”

En effet, dans leur première étude nationale sur les hépatites virales en 2002, SOS-hépatites avait déjà rapporté que sur les 2 226 personnes ayant participé dont la moyenne d’âge était plutôt de 55 ans (36 % 18-44 ans, 48 % 45-64 ans et 16 % plus de 65 ans), il y avait 20 % de contamination par la seringue. De plus, 13% des malades ont reconnu utiliser régulièrement du cannabis pour faire face aux effets secondaires des hépatites et de leurs traitements.

Dr H.“ Donc même si notre étude démontre une possible toxicité hépatique du cannabis, il faut rappeler que nous ne pouvons toujours pas en expliquer les mécanismes et de plus, que cette étude est une première qui doit être complété par d’autres travaux.
Nous avons remarqué dans notre groupe de malades consommant quotidiennement du cannabis qu’il y en a qui n’ont pas du tout de fibrose. Et puis notre étude concerne uniquement des malades d’hépatite C chronique. Il ne faut donc pas faire l’erreur de penser qu’on aurait démontré que le cannabis est hépatotoxique chez une personne en bonne santé. C’est faux ! On a clairement démontré qu’on ne voyait pas de différence entre le groupe de non-fumeurs et celui des fumeurs occasionnels (8 pétards par mois en moyenne), ce qui fait que dans l’analyse finale de notre étude, on a groupé ces deux sous-groupes pour les comparer aux fumeurs quotidiens. En usage occasionnel, le cannabis fumé ne semble avoir aucune incidence sur la progression de fibrose dans l’hépatite C ”.

Et bien, voilà des conclusions qui me semblent très clair non. Et vous ?

[1] Hézode C. et al. “ Daily cannabis smoking as a risk factor for progression of fibrosis in chronic hepatitis C ”. Hepatology 2005 ; 42 : 63-71.

Journée Mondiale Hépatites : revue de presse

A l’occasion de cette journée 2010, le collectif « Une salle de conso à Paris » a diffusé un communiqué en attendant les résultats de l’expertise collective de l’Inserm, Act Up – Paris a déversé 260 foies devant le ministère de la santé, Sos hépatites a lancé sa campagne de dépistage, et le groupe InterCaarud IDF a mis les projecteurs sur les crackers. Le lendemain, l’OMS a inscit les hépatites comme priorité de santé publique, à l’instar du sida, du paludisme et de la tuberculose.

Cannabis thérapeutique

Voici 2 films de l’association Principes Actifs au sujet du cannabis thérapeutique.

Réalisation : Fabienne Lopez et Hélène Chaudeau

Les attestations de médecins

Le Dr Bertrand Lebeau raconte comment les attestations qu’il fait pour les malades qui fument du cannabis de manière thérapeutique, peuvent servir devant un tribunal pour atténuer la sentence.

Cannabis thérapeutique et hépatite C

Le Dr Bertrand Lebeau raconte comment le cannabis thérapeutique peut permettre de supporter le lourd traitement contre l’hépatite C.

Le blues du traitement

Le traitement de l’hépatite C vu par notre collaborateur Speedy Gonzalez qui, après bien des hésitations, a décidé de se lancer dans cette nouvelle « aventure » !

« I got the blues tox man baby, I had a bad and strange illness, but I don’t feel nothing, Docs told me it was HCV…» Si ce blues existait, nombreux sont ceux qui pourraient le chanter car si le virus de l’hépatite C (VHC) fait désormais parler de lui, c’est parce qu’il a frappé beaucoup de monde, en particulier plusieurs générations d’UD en raison de pratiques dangereuses de conso.

Comme cette sale bête est souvent longue à la détente, qu’elle est sournoise et que les progrès médicaux ont été lents, les personnes touchées ont souvent (trop) attendu pour s’en occuper. Et si elles commencent tout juste à comprendre qu’il vaut mieux essayer de s’en débarrasser au plus vite, c’est encore une maladie sur laquelle on n’aime pas s’étendre, une sorte de non-dit lié à un « mix » de méconnaissance et de fatalisme. Mais voyons de plus près à quoi ressemble ce fameux traitement à la réputation si terrible qu’un grand nombre d’UD, pourtant habitués à s’envoyer des trucs pas toujours très nets, frémit rien que d’y penser !

Une sale réputation

Je me marrais bien à Paris en 1984. Un petit peu moins quand on me diagnostiqua une hépatite « non A-non B », mais soulagé de ne pas avoir la B. Un avis que ne partageait pas l’hépatologue… Au cours des années 90, j’apprendrais qu’il s’agissait en fait de l’hépatite C à qui on avait jusqu’alors donné ce nom si imprécis qu’il m’aida à l’oublier bien vite. D’autant plus que je n’avais aucun symptôme apparent.

Les choses avaient bien changé quand, il y a un an, je me suis enfin pointé au service de l’hôpital La Paz à Madrid pour la faire traiter. Le VHC avait en effet remplacé le virus du sida dans les préoccupations des responsables sanitaires, des médias et même du grand public. On le comprend quand on sait que le sida tue 450 personnes par an en France, contre 3 000 pour le VHC ! Malgré ma toubib qui me tannait depuis plus d’un an, j’hésitais encore. Deux choses m’empêchaient de prendre cette décision que je repoussais toujours sous différents prétextes. Un de ceux que j’utilisais le plus était mon opposition à faire une biopsie. Or l’arrivée du Fibroscan® (genre échographie du foie) indolore m’ôta cet alibi. Tout d’abord, je savais que ce traitement trimbalait une très sale réputation qui s’est souvent révélée exacte. Et risquer de me retrouver mal en point – ou plutôt encore plus mal en point – alors qu’après de longues années d’abus, je venais tout juste de faire une « remise à plat », en partie grâce aux produits de substitution et à une belle histoire… Voilà que pour me soigner, j’allais de nouveau morfler, une perspective qui en refroidit plus d’un ! La deuxième raison était que même si le VHC me squattait depuis 25 ans, mon foie continuait d’aller plutôt bien, sans dommage apparent, avec des transaminases normales et ce, malgré un goût immodéré pour des drogues diverses et variées, y compris pour la CC dont les dégâts sur cet organe sont notoires… Je n’étais donc pas sur la pente savonneuse de la cirrhose puis du cancer car dans ce cas, le traitement est une question de survie.

Mais alors pourquoi me lancer dans cette galère ? Je m’étais laissé convaincre par des arguments du style : même si tout va bien, on reste sous la menace d’un VHC bien présent qui peut parfois « partir en live » sans trop savoir pourquoi…Si l’alcool est un vrai poison pour le foie (suivi de près par la CC), de très nombreux médocs le sont aussi comme la pilule du lendemain ou ceux contre la tension qui semblent jouer un rôle dans le réveil du VHC. Et puis qui peut assurer que même après de longues années, le VHC ne va pas se mettre à faire des siennes ?

VHC-traitement-Bloodi-Ouin40% de chances…

Dans ma vie, j’ai touché à pas mal de trucs, dont des mélanges à faire pâlir Merlin l’Enchanteur, je me suis mangé de très douloureux manques et voilà que j’hésitais à prendre 1 ou 2 médocs parce qu’ils ont des effets secondaires. Alors je me suis dit : « Pourquoi pas faire le traitement ? On verra bien, si c’est too much, je laisse béton puisque n’étant pas dans l’urgence, je peux donc m’arrêter sans problème »…

Me voilà donc devant cette gentille toubib qui me rassure un peu en me rappelant que personne ne réagit pareil et de ne pas trop me prendre la tête avec toutes les histoires flippantes que tout le monde a entendues. Elle ne me cache rien sur la gravité de certains effets secondaires mais sans insister. Un exposé concis, clair et franc car elle m’annonce qu’au vu de mon génotype (le 1), de mes pathologies, de mon âge (plus de 50 ans), de mon sexe (les hommes réagissent moins bien que les femmes au traitement), je n’ai que 40% de chances de voir mon virus disparaître au final ! Waops ! Un ange passe en rase motte dans la pièce, puis elle finit par me dire avec un sourire encourageant : « Allez, tu sais, 40%, c’est pas mal ! » Mouais, moi je vois surtout les 60% qui foirent… Sans parler de l’avertissement-douche froide : « Si tu veux mettre toutes les chances de ton côté, il vaut mieux ne pas toucher à l’alcool, c’est le pire que tu puisses faire. Par contre, tu peux pratiquement manger ce que tu veux mais si tu vois que cela ne passe pas, ne force pas. Tu verras qu’avec le traitement, tu n’auras plus très faim, il vaut mieux essayer de manger de petites quantités souvent dans la journée, par exemple des barres de céréales… » D’accord pour la bouffe, mais même pas une petite bière de temps en temps, pour moi c’est dur mais pas la mer à boire ! Quand je lui demande si je peux au moins fumer un joint, elle me répond : « Ce n’est pas très recommandé, mais vu que cela te donnera de l’appétit, que cela va t’aider à te calmer et à te mettre de bonne humeur, OK… » Enfin une bonne nouvelle. Car si les médecins ne semblent toujours pas d’accord sur les effets positifs ou négatifs du cannabis dans ce traitement (lire Cannabis & VHC), on est quand même en Espagne !

Des effets secondaires pas tristes !

Quand elle m’annonce que cela va normalement durer 48 semaines, je pense aussitôt que j’aurai le temps de me prendre la tête, mais elle coupe net mes sombres pensées en me parlant des 2 médocs qui constituent le traitement : le Copegus® 200 mg en comprimés pour la ribavarine, et le Pegasys® 180 microgrammes en solution injectable sous-cutanée pour le péginterféron alfa- 2a. Tous deux vont aider le foie à se reconstituer et essayer de faire disparaître le virus. C’est une des particularités du foie qui, même réduit à une très petite partie par ablation ou amputation accidentelle, peut se régénérer si cette partie est saine… Si la première génération de traitement nécessitait plusieurs injections par semaine d’interféron, il suffit désormais d’un seul shoot par semaine grâce à la libération prolongée. C’est moins astreignant et plus pratique. Ma toubib me conseille de le faire le soir pour ne pas trop sentir les effets de type grippaux qui y sont liés au début, et plutôt le vendredi pour avoir les 2 jours de repos du week-end après. Merci pour le bon tuyau. Quant au Copegus®, je commence aux doses les plus fortes (3 comprimés le matin et 3 le soir) pour augmenter mes chances de foutre en l’air le virus. Si je ne les supporte pas, je pourrai toujours les baisser ensuite, m’assure-t-elle en me conseillant de prendre aussi du paracétamol…

interferon-VHC-Ouin-BloodiUne fois chez moi, j’ouvre les boîtes de médocs et là, je me rends vraiment compte que ce que je vais prendre n’est pas de l’aspirine ! Je n’ai jamais vu une liste d’effets secondaires si longue qu’elle ressemble à un rouleau de caisse de supermarché, surtout pour la ribavarine. Pour faire très court, cela va du gros rhume aux envies de suicide (si, si, c’est vrai !), en passant par de multiples affections du système respiratoire, gastro-intestinal, nerveux, des allergies cutanées, des pertes de poids, de cheveux, d’attention, de mémoire, du désir sexuel et surtout, la dépression et une grande irritabilité… Je m’amuse à un jeu stupide : dis-moi un effet, je suis sûr qu’il y est ! Mais à y regarder de plus près, les pires effets ne concernent qu’une personne sur 100, 1 000 ou 10 000 selon le type d’effets… Je referme les boîtes en espérant que cela ne va pas tomber sur moi !

EPO à la rescousse

J’ai commencé un 4 juillet pour avoir tout l’été et son farniente pour me reposer et me permettre de m’habituer car ce sont généralement les 3 premiers mois qui sont les plus durs, le temps que le corps s’habitue aux 2 médocs. Ce ne fut pas du tout le cas pour moi ! En effet, après les premières prises, tout allait bien, je ne ressentais pas grand-chose. Le vendredi soir, je me faisais mon shoot sous-cutané, puis j’allais me coucher après avoir pris un gramme de paracétamol. Le lendemain matin, je reprenais un autre paracétamol et je passais la journée tranquillement, sans trop me speeder. J’étais un peu crevé mais sans plus. Dès le dimanche, j’avais plus la pêche et le lundi, je pouvais mener ma vie sans histoire. Je mangeais normalement. Je n’en revenais pas, et même ma copine me disait : « Mais t’es sûr que tu te fais bien ta piqûre ? » En voilà une question !!! Quatre semaines après, les choses commencèrent à se gâter. J’étais de plus en plus crevé, les 2 contrôles que j’avais faits avaient révélé une forte anémie, je perdais mes globules rouges à grande vitesse, j’avais moins d’appétit, le chocolat (dont j’étais fana), les œufs, les plats en sauce ne me branchaient plus du tout. Je suis quand même parti en vacances en France où je devais faire d’autres analyses pour surveiller mes globules rouges. J’avais l’air d’un petit vieux, le moindre effort devenait pénible. Faire une petite promenade ressemblait à un trek dans l’Himalaya ! À Paris, un médecin de Médecins du monde m’expliqua que la seule chose à faire pour enrayer l’anémie galopante était de prendre de l’EPO. Je n’en revenais pas, j’allais me prendre pour un coureur du Tour de France ! Dès mon retour, au vu de nouveaux résultats montrant que je n’avais plus que la moitié des globules rouges que j’avais au début du traitement, ma toubib décida effectivement de m’en donner au dosage le plus haut (30 000 UI). J’ai alors peu à peu récupéré une certaine pêche, tout en gardant une légère anémie jusqu’à la fin. Je vous vois venir. L’époétine bêta n’est pas du speed, cela aide juste à créer des globules rouges. Je me faisais d’ailleurs un shoot sous-cutané une fois par semaine, le soir avant de dormir !

VHC-Ouin-Bloodi-traitementComme un retour en arrière

Sans m’en rendre compte, je commençais par contre à devenir très irritable, ce qui est vraiment un problème au quotidien dans les rapports avec les autres, surtout avec l’entourage. Certains couples ne le supportent pas. Heureusement, le mien est passé au travers. Un rien me faisait exploser, j’étais aussi nerveux que quand j’étais accro… Il faudrait faire une place plus importante dans les groupes de parole en France pour l’entourage des patients qui morfle aussi pas mal.

Les médocs faisant fondre tes graisses, tu maigris (de 6 kg) même si tu bouffes bien, tu es tout blanc à cause de l’anémie, et comme tu remanies des shooteuses, tu as l’impression désagréable de revenir en arrière, un mauvais trip : chasses le passé, il revient au galop ! Quand je me plaignais de tout cela, ma toubib me disait : « Oui c’est sûr, c’est pas facile à vivre de se déglinguer pour guérir mais au moins au bout du chemin, il y a la possibilité d’aller mieux ou, dans ton cas, de ne pas tomber malade. » D’ailleurs, les choses allaient effectivement plutôt pas mal puisque dès la fin du premier mois de traitement, j’avais « négativé » : plus de traces en apparence du sacré virus ce qui est, paraît-il, une possibilité accrue de guérison. J’avais doublé en 1 mois mes pourcentages de succès : des 40% du début, j’étais passé à 80% ! Un bel encouragement pour s’accrocher, continuer à ne pas toucher une goutte d’alcool et suivre jusqu’au bout ce pénible traitement.

À l’heure où j’écris ces lignes, je l’ai fini depuis 3 mois et les effets secondaires viennent à peine de tous disparaître. Reste maintenant à attendre les résultats des analyses pour confirmer qu’il n’y a toujours pas de trace de VHC sans avoir pris de médocs pendant ce temps-là. La déclaration officielle de guérison n’intervient ainsi que 6 mois après la fin du traitement.

Serial-DealersLes conseils de Speedy

Traitement ou pas, essaye de réduire au max ta conso d’alcool (et de CC) ! Même s’il s’agit d’un traitement au long cours qui nécessite pas mal de patience, essaye au moins de le suivre même si ton foie ne va pas trop mal. Si le traitement est trop lourd, parles-en avec ton hépatho, mais saches que la prochaine génération ne devrait pas arriver au mieux avant 3 ou 4 ans. Et si ton foie est attaqué, essaye d’aller jusqu’au bout afin de voir le résultat, et recommence une fois en cas d’échec car celui-ci n’est jamais total. Tout le temps passé sous interféron est en effet toujours ça de gagné pour ton foie à qui tu donnes la possibilité de se refaire une santé. La tienne avec ! Et n’oublies pas que 100% des malades chroniques guéris ont fait le traitement… That’s All Folks, and Good luck !

Cannabis et VHC

Aujourd’hui, un patient qui commence un traitement de son hépatite chronique active C devrait arrêter l’alcool, le tabac et… le cannabis. L’alcool, parce que son hépatotoxicité n’est plus à démontrer et que l’on sait malheureusement que les hépatites C sous alcool évoluent rapidement vers la cirrhose. Le tabac, parce qu’il accélère la fibrose, c’est-à-dire la transformation de tissu hépatique fonctionnel en tissu sans activité biologique. Le cannabis enfin, parce que, tout comme le tabac, il semblerait avoir un effet fibrosant. C’est le principe de précaution qui, dans ce dernier cas, devrait s’appliquer.

Demander à des usagers ou ex-usagers de drogues de renoncer à l’alcool, au tabac et au cannabis n’est pas raisonnable et en faire une condition de l’accès au traitement serait les exclure d’un tel accès. Voilà plusieurs années déjà que des études concluent que le cannabis a des effets fibrosants. C’est une mauvaise nouvelle, pour au moins deux raisons. La première, c’est que de nombreux usagers fument. La seconde est bien plus embarrassante encore : des patients fument du cannabis pour mieux supporter les lourds effets secondaires du traitement interféron + ribavirine, et certains m’ont dit qu’ils l’auraient arrêté s’ils avaient cessé de consommer du cannabis. Il en est de même de patients qui sont dans des essais cliniques comportant, en outre, une antiprotéase.

Reste une question essentielle : y a-t-il consensus parmi les hépatologues sur les effets fibrosants du cannabis ? La réponse est non. Ainsi, le professeur Christophe Hézode (hôpital Henri Mondor, Créteil) est convaincu du caractère délétère du cannabis mais cet effet serait dose-dépendant et n’interdirait donc pas des consommations réduites. À l’inverse, le professeur Diana Sylvestre (Oakland, Californie) obtient de meilleurs résultats chez les patients sous bithérapie qui consomment du cannabis… Je remercie Laurent Gourarier d’avoir attiré mon attention sur ces études.

Il serait donc nécessaire qu’un groupe constitué d’hépatologues, d’addictologues et d’usagers fasse le point sur l’état actuel des connaissances afin que les patients soient en mesure de prendre une décision éclairée. C’est la proposition que j’ai faite à l’occasion du colloque THS 9 qui s’est tenu à Biarritz du 13 au 16 octobre derniers.

Une dernière remarque : il y a une dizaine d’années, une polémique était née sur la neurotoxicité de la MDMA. Persuadé que c’était un argument fallacieux mis en avant par les « drug warriors », ceux qui mènent la « guerre à la drogue », je n’ai d’abord pas pris cette question au sérieux. De longues discussions avec Jean-Pol Tassin, dont je connais la compétence et la probité, m’ont amené à changer d’avis. Il m’a alors semblé de la plus haute importance que les usagers sachent que les consommations lourdes de MDMA pouvaient provoquer des troubles cognitifs (concentration, mémoire…).

Toutes choses égales par ailleurs, la question des effets fibrosants du cannabis pose le même problème : les usagers ont le droit d’être informés des débats qui agitent la communauté scientifique car ils sont les premiers concernés. Mais tant de mensonges ont été énoncés sur les drogues que le scepticisme est la règle. Voilà qui donne à l’autosupport une responsabilité particulière pour informer sur ce que l’on sait et, plus encore, sur ce que l’on ne sait pas.

Vive le sida (à bas les hépatites) !

Vous avez adoré le sida dans les années 80 ? Vous allez détester les hépatites dans les années 2010… Le sida, c’était quand même mieux. Pas pour les morts, bien sûr. Les morts sont morts et souvent, pas très proprement. Mais la différence est flagrante pour tous les autres, les vivants, les malades, les soignants, le public. Les porteurs du VHC n’intéressent personne. « To liver and let die », dit Berne le Suédois avec un humour un peu réfrigérant.

Avec le sida, on a découvert les joies du préservatif, les délices du condom, les raffinements du Fémidon®. Que nous proposet-on comme garniture de nos hépatites ? Une cure d’interféron pégylé. Tu parles d’un pied ! Même le nom « hépatites » donne un peu mal au coeur. On a déjà les dents du fond qui baignent.

Et puis les hépatites, tout le monde s’en fout. Ce sont les pauvres ou les gens malades qui attrapent des hépatites, les gens normaux, eux, ne risquent rien. Le sida, oui, voilà un truc dangereux. Regardez Charlotte Valandrey, elle est devenue séropositive en baisant avec un tox qui jouait du rock’n’roll. Aucune chance d’être rock’n’roll roll avec une hépatite. Tout ce qui vous pend au foie, c’est une cirrhose, la maladie des pochtrons. Encore un truc, rien qu’à le prononcer on a envie d’aller au refile.

Pour lutter contre une telle fatalité, il faut donc mettre en scène quelque chose de plus digeste (blurp !). Pendant la Sainte-Hépatites, nous avons ouvert une salle de consommation de drogues illicites. Quel rapport, me direz-vous ? Aucun. Sauf le plan national de lutte contre les hépatites qui n’évoque l’injection de drogues que pour dire : c’est pas bien. Au-delà du fait d’accueillir des injecteurs de drogues, une salle de consommation, c’était donc l’occasion de mettre les pieds dans le plat. Ouvrir une salle de consommation ? C’est possible en France ? Non justement, c’est pas possible. D’où l’intérêt d’en ouvrir une, ou plutôt de faire semblant d’en ouvrir une car le truc de cette salle, c’est qu’il s’agit en fait d’un artefact, d’une performance. Très justement appelée « la salle de consommation du 19 mai », elle n’a eu pour fonction que de susciter la curiosité et le débat, avant de se transporter ailleurs puis de repartir encore, comme une exposition itinérante.

Car contrairement à la Sainte-Hépatites dont chacun se contrefout, les salles de consommation évoquent un sujet tabou : faut-il laisser les drogués se droguer pour éviter qu’ils ne se tuent ? Tous les bons sentiments s’arrêtent aux portes de la salle de consommation.
Toute l’empathie institutionnelle mise en scène pour la prise en charge de ces « pauvres toxicomanes victimes de l’hépatite C » est restée bloquée dans la seringue des usagers qui veulent une salle de shoot pour se shooter. Laisser les gens consommer dans des conditions décentes est pourtant aussi un exercice d’humanité.

Le principal mérite d’une « salle de consommation médicalement assistée » en France, c’est ainsi de transgresser ce nouveau tabou pour sauver les toxicos des ravages de l’hépatite C, en s’attaquant directement à la matrice virale qui a produit deux pandémies majeures : le caractère illicite de l’usage de drogues.

Le Plan Hépatites 2009-2012 ne répond pas à l’urgence de l’épidémie d’hépatite C

Communiqué de presse ASUD/AFR/AIDES

Hier sortait le «plan hépatites 2009-2012 » attendu depuis trois ans. Et force est de constater que ce plan ne répond pas à l’urgence à laquelle sont confrontés les usagers de drogues : 8000 contaminations et 4000 morts par an pour l’hépatite B et C, dont une majorité sont des usagers de drogues.

Si le plan prend acte du fait «que l’efficacité des méthodes de réduction des risques utilisées jusqu’ici s’avèrent insuffisantes» pour lutter contre le virus de l’hépatite (VHC), il ne propose qu’études et évaluations là où il faudrait pousser plus loin la logique de la réduction des risques. Pour élaborer ce plan, l’État a pourtant consulté les représentants des intervenants de terrain, des usagers de drogues et des malades. Mais leurs propositions face à l’urgence n’ont pas été retenues. Il s’agissait d’expérimenter ou d’ouvrir de nouveaux programmes comme l’accompagnement des personnes dans leurs pratiques d’injection (ERLI – Éducation aux Risques Liés à l’Injection), l’instauration d’échange de seringues dans les prisons, l’extension à tout le territoire des programmes de réduction des risques, la mise en place de structures d’hébergement et de soins adaptées aux usagers de drogues actifs…

Même au niveau économique, le plan est dérisoire et est un non sens. A titre de comparaison, son montant, 4 millions d’euros par an, ne correspond même pas au prix de 700 traitements VHC (sur six mois). Or développer ces nouveaux programmes de réduction des risques permettrait non seulement d’éviter des milliers de morts, mais aussi d’économiser des millions d’euros en traitement VHC, en incapacité de travail….

Nous nous retrouvons 20 ans en arrière, confrontés aux mêmes défis qu’avec l’épidémie de SIDA : un État qui fait la sourde oreille et qui refuse d’expérimenter des réponses pragmatiques, une épidémie qui se répand, des usagers de drogues qui se contaminent et meurent dans l’indifférence générale.

Hépatites et usages des drogues : l’enquête Asud/SOS Hépatites

Premières analyses des résultats de l’enquête Asud/SOS Hépatites réalisée avec la collaboration de Harris Médical, qui révèle notamment de réelles difficultés d’accès au soin.

L’organisation, la diffusion, et donc l’exploitation, de cette enquête n’a, bien évidemment, pas été sans difficultés. Certainement à cause de son format (8 pages), mais aussi d’un manque de motivation des malades, et surtout parce que bon nombre d’acteurs associatifs ou professionnels n’ont toujours pas pris conscience de la gravité de cette épidémie silencieuse.

Un virus qui ne rend pas malade ?

Ce manque de mobilisation est aussi dû à l’évolution lente et totalement silencieuse des hépatites virales. Comme beaucoup de maladies chroniques, les hépatites virales sont des maladies asymptomatiques, et même au stade cirrhose, à part une fatigue accrue, on ne se sent souvent pas malade. Il faut donc arriver à comprendre que c’est « quand on va bien » qu’il faut se traiter, même si le traitement est lourd. Bon nombre de malades traités ayant admis à tort être devenus malades « à cause du traitement », ceci explique aussi la mauvaise réputation de l’interféron. Seule la moitié d’entre eux ont guéri, et un autre quart ont pu calmer l’évolution de la fibrose. D’accord, l’interféron ça secoue, mais si c’est pour éviter de gros problèmes aux trois quarts des gens traités, le jeu en vaut peut-être la chandelle, non ? Il faut vraiment comprendre que ça n’est qu’en se formant et en s’organisant à l’avance, avec son entourage, qu’on arrive à tenir 1 an de traitement, plus les 6 mois difficiles d’attente des résultats.

Reste que ces résultats sont équivalents à ceux enregistrés pour d’autres maladies asymptomatiques et chroniques et ce, quels que soient les malades.

Savoir où en sont les lésions du foie

Si on est usager de drogue actif et que l’on n’a jamais rencontré d’hépatologue, il ne faut plus attendre pour évaluer réellement les lésions du foie, de façon à mettre en place une stratégie et une prise en charge adaptée à chaque situation. Si vous ne l’avez pas encore fait, sachez que c’est l’étape vraiment indispensable qui vous permettra de savoir si vous devez rapidement être formé et bénéficier d’un premier traitement interféron, pour guérir (dans le meilleur des cas), ou au moins pour calmer le jeu avant que n’arrivent de sérieuses complications morbides. Aujourd’hui comme hier, il ne sert à rien de faire la taupe face à la peur de la biopsie car d’autres moyens existent : par prise de sang (Fibro-Test®) ou par échographie spécialisée (Fibro-Scan®). Même s’ils ne sont pas encore faciles d’accès partout en France, ça vaut vraiment le coup de faire quelques kilomètres pour cet examen, surtout quand on sait qu’au moins 45 % des usagers ayant répondu à l’enquête sont déjà en pré-cirrhose (score Métavir F3).

Un traitement plus efficace, mais…

Grâce à cette enquête, nous avons constaté que la situation a évolué depuis 2001 : le traitement de référence actuel – la bithérapie Peg-inteféron+ribavirine – a permis de passer au-dessus de la barre des 50 % de guérisons possibles. De plus, pour la moitié des malades n’ayant pas guéri, ce traitement permet quand même de réduire les lésions du foie, voire de bloquer ou ralentir sur 3 ans la progression de ces lésions. La moitié des répondants ont eu accès à un traitement, qui a également été proposé au tiers de ceux qui n’ont pas été traités. Aujourd’hui, la difficulté concerne surtout les usagers de drogues actifs et malades (au moins en hépatite modérée – score Métavir F2 –) pour lesquels il n’est plus raisonnable d’attendre en misant sur l’arrivée de nouvelles molécules. La mise à disposition des antiprotéases et autres n’aura pas lieu avant 3 à 5 ans. De plus, il est désormais possible de prendre un traitement allégé seulement destiné à bloquer l’évolution de la fibrose. Plusieurs essais thérapeutiques sont en cours.

Blouses blanches et junkies : des relations difficiles

Un cinquième des répondants déclarent ne pas avoir de suivi médical satisfaisant (20 %), une mauvaise expérience du monde médical en général (24 %), une mauvaise expérience avec l’hôpital (21 %), ou encore le refus de tout traitement (11 %) comme raisons rendant difficiles le suivi médical.
Parmi ceux qui n’ont pas fait d’examens du foie (33 %), une minorité seulement refusent de se faire suivre (9 %), ne veulent pas savoir (8 %), refusent d’aller à l’hôpital (8 %), ou pensent qu’il n’y a plus rien à faire et que c’est trop tard (6 %).

Parmi les usagers non-suivis, 12 % expliquent cette absence de suivi par une mauvaise expérience avec des médecins dans le passé, 10 % refusent de se faire suivre, ou d’aller à l’hôpital (9 %).

Les médecins n’ont pas proposé d’examens du foie à un cinquième (22 %) de ceux qui n’en ont pas eu, et n’ont pas proposé de traitement à la moitié (42 %) de ceux qui n’ont pas été traités.

Malgré ces difficultés de relation entre médecins et usagers, les trois quarts des répondants parlent de leur hépatite avec leur médecin généraliste (75 %). La mobilisation de l’équipe médicale est une motivation pour un suivi médical (42 %). Heureusement, les deux tiers des usagers répondants parlent de suivi efficace (67 %), voire très efficace (19 %), et la moitié pense même que c’est une maladie assez facile à prendre en charge (44 %).

Un nécessaire accompagnement

Du point de vue social, les répondants déclarent à la fois des critères d’insertion et des facteurs aggravants, reflétant leur fragilité : s’ils ont une couverture sociale (90 %), un logement stable (80 %) et un enfant à charge (23 %), ils n’ont, par contre, aucune activité (50 %), que le RMI (56 %), sont seuls (54 %), et ne fréquentent aucun lieu festif (34 %). La moitié d’entre eux doit donc faire face à un isolement qui peut aggraver la survenue de problèmes, notamment en cas d’usage de drogues ou de mise sous traitement par interféron. Un accent particulier doit donc être mis sur les problèmes sociaux, les besoins de soutien, et l’importance de développer l’autosupport, dans la prévention ou l’accès aux soins des hépatites chez les usagers de drogues.

Car tout comme pour le VIH à partir de 1996, cette enquête démontre magistralement que quand les usagers de drogues actifs bénéficient d’un accompagnement spécifique, ils peuvent obtenir les mêmes résultats que les autres malades. Ils sont tout aussi capables de suivre correctement les contraintes liées au traitement, à condition d’avoir une réelle écoute de la part du médecin traitant, et que la décision soit partagée. C’est peut-être sur ce point, en effet, que bon nombre d’hépatologues ont arrêté d’avoir peur et essayé de traiter des usagers, y compris actifs. Ils se sont rendu compte que, si on s’entend bien, ils peuvent nous faire confiance. Le but premier d’une prise en charge médicale adaptée, c’est de nous aider à rester motivé tout au long de la prise en charge (du traitement jusqu’aux résultats). C’est pour cela que les acteurs doivent se former et être activement mobilisés contre les hépatites virales.

Le foie est résistant jusqu’à ce qu’il…

Les répondants sont ou ont été dépendants des opiacés (53 %), des médicaments pour se défoncer (43 %), des stimulants comme la cocaïne ou les amphétamines (33 %), et de l’alcool (30 %). Ils ont injecté au moins 1 fois (91 %). Quand on est déjà à mi-course de la cirrhose, donc en hépatite modérée (score Métavir F2), et que l’on consomme régulièrement des produits hépatotoxiques (alcool, certains médicaments psychotropes, cocaïne, amphétamines, etc.), la cirrhose peut survenir dans les 3 à 5 ans, surtout si on est coinfecté par une autre hépatite virale ou par le VIH. Tous les usagers substitués ont déjà des consultations régulières avec un médecin qui devrait faciliter leur prise en charge.

Malgré tout, la moitié des répondants (46 %) n’ont rien consommé depuis un an et ne semblent plus concernés (30 %) par un besoin d’aide pour réduire ou renoncer à certaines drogues. Ils correspondent au profil d’ex-usager, chez qui l’hépatite n’a pourtant pas arrêté sa course. Grâce à la prise en charge de leur hépatite, les trois quart des répondants ont spontanément réduit leur consommation, d’alcool tout d’abord (72 %), mais aussi de drogues (67 %), et même renoncé à certaines drogues ou alcools forts (55 %).

Épidémie de cirrhoses

Dans les centres spécialisés, environ 15 % des usagers sont porteurs du VIH, même si, grâce à la RdR, les nouvelles contaminations sont devenues exceptionnellement rares par injection. La priorité reste encore trop souvent donnée au VIH, oubliant que ce sont les usagers cirrhotiques d’aujourd’hui qui risquent de mourir dans les 3 à 5 ans s’ils ne sont pas activement pris en charge et traités. Les centres devraient tous avoir une équipe spécialisée dans la prise en charge des hépatites en lien avec un service hospitalier de référence. Car si les hépatites sont largement dépistées chez les usagers des centres, la cirrhose est très souvent considérée comme banale puisque nous sommes dans un « État d’alcooliques». 1 600 000 Français ont une cirrhose (dont 90 % dues à l’alcool), et les problèmes visibles et symptomatiques n’arrivent qu’au stade terminal des maladies du foie. Il aura ainsi fallu plus de 20 ans avant d’admettre qu’il s’agissait réellement d’une épidémie, car seule une minorité de malades arrivait à l’hôpital… mais beaucoup trop tard, c’est-à-dire avec des décompensations sévères de cirrhoses (hémorragies digestives, état neuropsychique délirant, cancers, etc.).

Nous, les usagers de drogues, ne devons pas rester les bras croisés face à cette banalisation des cirrhoses « made in France », qui risque de réduire à néant nos efforts pour traiter notre hépatite. Aller prendre conseil auprès d’un autre médecin plus motivé et consommant moins d’alcool peut aussi être une solution efficace.

Mortelle dès aujourd’hui

Lors des prises de contact autour de cette enquête, de nombreux responsables de structures d’accueil pour usagers de drogues ont reconnu que, parmi les usagers qu’ils suivent, le nombre de décès lié aux hépatites a au moins doublé en 2004-2005, comparé à 2000-2003. Tout comme face à l’hécatombe du VIH au début des années 90, avec l’épidémie d’hépatite C, les courbes de mortalité liée au foie risquent de décupler dans les 3 à 5 ans à venir, si rien n’est fait rapidement en termes d’amélioration d’accès au traitement des hépatites, spécifiquement pour les usagers de drogues actifs.

Convaincre les autruches de se bouger

Évidemment, les responsables et les médecins de CSST se plaignent souvent que les hépatologues hospitalo-universitaires ont encore des difficultés de prise en compte des usagers dans leur file active. Seulement, c’est aussi au centre d’arriver à informer et motiver les chefs de service. Les expériences les plus concluantes sont celles où un hépatologue hospitalier a pu ouvrir une consultation avancée dans un CSST puisqu’il peut à la fois former tout le personnel de soin et prendre en charge directement les malades les plus avancés.

À nous d’aller les réveiller

À partir de l’expérience du VIH, nous savons bien que c’est aussi à nous, usagers, de militer et convaincre les acteurs de soins, un à un. Face aux hépatites, l’autosupport doit devenir plus actif. Un rôle dans lequel les usagers déjà traités et pris en charge par un hôpital peuvent arriver à faire connaître les blocages et donc avancer la situation, avec le relais d’associations comme Asud ou SOS Hépatites.

La moitié des répondants de cette enquête sont des usagers qui se sont largement investis dans la prise en charge de leur hépatite. Aujourd’hui, c’est à ces usagers expérimentés de monter au créneau pour tous les autres usagers qui ne sont pas encore admis dans les filières de soin. Les résultats de cette enquête nous donnent des arguments permettant de convaincre les acteurs du soin encore réticents. Alors préparons-nous à une rentrée active et militante pour notre foie et celui des autres.

  • 1
  • 2

© 2020 A.S.U.D. Tous droits réservés.

Inscrivez-vous à notre newsletter