La CIRC évolution

Après de longues années de silence où seul son groupe lyonnais maintenait la barre, la Fédération des CIRCs reprend le combat. Quelques remous internes et surtout une actualité internationale sans précédent auront suffit à réveiller le monstre. À l’occasion de son assemblée générale qui s’est tenue début novembre à Lyon, notre association s’est longuement penchée sur ces deux dernières décennies et les actions menées.

L’âge d’or de l’antiprohibitionnisme cannabique

Au début des années 90, l’obscurantisme en matière de drogues, bâtait son plein. Le sujet était monopolisé par les partisan(e)s du système prohibitionniste, LA drogue était Le mal, on escaladait forcément le chanvre festif pour atteindre les sommets des opiacés, et que dire de la parole des usagers d’alors ? Puis vint un livre, promu au rang de « bible des cannabinophiles », Fumée Clandestine, parut en pleine paranoïa. De réunions en conférences, nous nous aperçues très vite que d’autres initiatives du même genre étaient menées du côtés des « injecteur(triche)s ». Sans aucune concertation, un groupe d’auto-support voyait le jour, Asud. Si les cannabinophiles n’avaient qu’à combattre des idées reçues et tout un tas contre-vérités assénées par des idéologues réacs, les usager(e)s de drogues injectables se retrouvaient, eux/elles, face à  un véritable problème de santé publique avec la diffusion de virus mortels dans leur « communauté », ceux du VIH et de l’hépatite.

Réuni(e)s sous le drapeau de la RdR, mais aussi sous celui de l’antiprohibition, usager(e)s et professionnel(le)s obtinrent des avancées indéniables. Mais à la réforme profonde, voire l’abolition pure et simple de la Loi du 31 décembre 1970, certain(e)s préférèrent se contenter de la substitution pour répondre à l’urgence de la situation sanitaire consommateur(trice)s.

Ces dix années (1990/2000) auront permis de contribuer à une approche plus pragmatique de la question des drogues par les autorités. La prévention prenait le pas sur la répression et pendant un temps, nombreux(euses) étions-nous à croire en une possible sortie de la prohibition, tout du moins pour la filière chanvre. C’était le pari du CIRC que de parvenir à provoquer chez les cannabinophiles, cette envie de participer au débat national en intervenant directement dans leur environnement proche. Bref à libérer la parole pour rendre plus évidente l’hypocrisie ambiante.

Ce pari fut en parti gagné. Vers la fin des années 90 et à l’occasion de la campagne de prévention organisée par la Mildt, « savoir plus risquer moins ! «  notre mouvement en détourna le slogan pour lancer la sienne  : « Cultivez plus, risquez moins ! ».

L’autoproduction devenait notre nouveau cheval de bataille. Des centaines de boutiques proposant le matériel nécessaire à la production domestique de chanvre récréatif allaient voir le jour partout en France. Quelques audacieux allèrent jusqu’à proposer des graines. De nombreux ouvrages consacrés à ce genre jardinage , furent publiés, traductions de livres étrangers, mais aussi originaux français. Une maison d’édition y consacra toute son énergie, les Éditions du Lézard qui, aux côté du CIRC, contribuèrent largement à dynamiser le mouvement.

Une pause et ça repart !

Et puis… et puis… et puis le militantisme, la dynamique d’un mouvement dépendant de ses activistes, le manque de renouvellement, mais aussi d’autres projets sur d’autres fronts firent que le CIRC entra en mode sommeil. La lâcheté de la « Gauche » sur le sujet, les désillusions que cela entraîna et le retour d’une Droite décomplexée eurent sans doute un peu raison de notre enthousiasme des débuts. Mais le vent tourne, et généralement jamais d’où on l’attend.

En Europe mais aussi en France, ce sont les Cannabis Social Club qui firent leur apparition, une nouvelle impulsion s’il en est, pour le mouvement cannabique. À l’international, c’est de l’autre côté de l’Atlantique qu’il souffle, du pays même qui, depuis près d’un siècle, impose sa vision morale, raciste et autoritaire des drogues. Aux États-Unis d’Amérique dont une bonne vingtaine d’États ont dors et déjà autorisés l’usage thérapeutique du chanvre et sa vente sous ordonnance, deux d’entre eux ont choisi, par voie référendaire, de légaliser l’ensemble de la filière récréative de la plante.

Plus au sud, c’est un tout petit pays qui va devenir le premier à mettre en place une règlementation complète de cette même filière. Et ses voisins de réfléchir à leur tour à cette idée. Plus près de nous, de l’autre côté du détroit de Gibraltar, c’est le premier pays producteur de haschisch, le Maroc, qui voit à son parlement, porté un projet de Loi identique par deux formations politiques, une coalition progressiste de gauche et un parti plutôt conservateur. À l’est de l’Europe, ce sont de nouveaux membres de la communauté européenne qui font d’autres choix que celui de la répression aveugle. Mais c’est sans compter sur l’ « exception cul-culturelle » de la France, ce charmant village gaulois qui, au centre du vieux continent, résiste au pire, mais aussi au meilleur. Et nos dirigeant(e)s d’agiter le chiffon rouge de LA jeunesse pour justifier l’injustifiable, de prétendre vouloir la protéger en la harcelant quotidiennement à travers cette Loi inique.

C’est donc cette tempête, cet ouragan historique venu d’outre-atlantique, qui aujourd’hui re-mobilise les militant(e)s du CIRC, ce vent que nous nous devons d’accompagner pour qu’il vienne frapper à leur tour les côtes françaises. L’inéluctabilité de la fin de la prohibition étant à présent évidente, dénoncée de part et d’autre, à droite comme à gauche, par des économistes comme par des scientifiques, ça n’est plus qu’une question de temps que ne semblent toujours pas percevoir le gouvernement.

K Shoo, Porte parole du CIRC

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