SUPPORT ! DON’T PUNISH. 2017 : JOURNÉE MONDIALE DE SOUTIEN AUX CONSOMMATEURS DE DROGUES

 

Lundi 26 Juin 2017 Paris Spot Beaumarchais, 51 Boulevard Beaumarchais 75003 : Aides, Techno+ et Asud s’unissent pour démontrer qu’une autre politique des drogues est possible.

Lundi 26 juin à 14 h00, trois associations imaginent la légalisation des drogues le temps d’un après- midi pour démontrer que la modification de conscience n’est pas nécessairement un problème mais peut parfois être une solution.

Légalisons toutes les drogues de consommation courante, le cannabis bien sûr, mais aussi l’héroïne et la cocaïne dans un système de distribution médicalisée.

Pourquoi ? Pas seulement parce que l’interdiction a démontré son inefficacité à limiter les abus et aggrave considérablement les risques sanitaires… Non. Légalisons parce que « le problème de la drogue » c’est nous, c’est vous, ce sont nos proches, nos parents, et parfois même nos grand parents, des millions de consommateurs discrets, anonymes ou cachés qui génèrent la demande exponentielle de produits stupéfiants.

Depuis 50 ans, la guerre livrée à la drogue repose sur un mythe : supprimer l’offre et vous résoudrez la question du « fléau de la drogue ». Ce mythe a cautionné la guerre livrée impitoyablement aux consommateurs les plus pauvres tout en épargnant hypocritement les plus fortunés, car la grande majorité d’entre eux- notamment de cannabis- ne rencontre pas de problèmes sanitaires ou sociaux, elle s’applique simplement à suivre à la lettre le célèbre adage « pour vivre heureux vivons cachés »

Le 26 juin est la Journée internationale de l’ONU contre les dommages causés par la guerre contre la drogue. http://supportdontpunish.org/fr/
Pour dénoncer à la fois l’hypocrisie et l’injustice qui caractérisent ce système, Aides, Techno + et ASUD vous proposent d’utiliser cette date symbolique pour visiter le Drugs Store, un espace convivial où pendant quelques heures nous vivrons le rêve d’une société avec drogues. Un espace où la modification de conscience sera abordée comme une solution et pas nécessairement un problème.

Le Drugs Store

Le Drugstore est un lieu « idéal » qui informe sur différentes modalités de consommation de drogues, une plongée dans « l’après-légalisation » afin de prouver tous les avantages qu’il y aurait à ne pénaliser ni l’usage ni la vente de stupéfiants. Le 26 juin 2017, de 14h00 à 18h00, plusieurs activités de consommation seront mises en scène pour

démontrer l’extrême banalité de ces pratiques mais aussi leur intérêt du point de vue de la santé publique et du mieux vivre ensemble.

Comme nos camarades l’ont déjà exprimé à Marseille le 11 avril 2017 nous demandons :

  • l’abrogation de la loi du 31 décembre 1970, la mise en place d’une politique ambitieuse de santé publique, d’un plan de conversion de l’économie souterraine et d’un référentiel de qualité des produits.
  • la légalisation de l’ensemble des substances aujourd’hui considérées comme illicites et leur accessibilité selon des modalités différenciées en fonction des produits.
  • Un accès facilité à l’usage du cannabis thérapeutique
  • Une réelle politique de soutien pour les associations d’usagers et de réduction des risques.

 

 

Infos & contact

Asud, Autosupport et réduction des risques parmi les usagers et ex-usagers de drogues

ASUD, Auto Support et réduction des risques parmi les Usagers de Drogues, est une association de personnes concernées par l’usage de substances illicites. Fondée en 1993 pour lutter contre l’épidémie de sida, ASUD est aujourd’hui engagée dans la réforme de la politique des drogues et dans la lutte contre toutes les conséquences négatives de la criminalisation de l’usage. Selon les régions, cette pratique se décline en simple groupe de parole, en Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques (CAARUD) , en interventions en milieux festifs, sans oublier la réalisation et la distribution du journal d’ASUD. ASUD est agrée par l’Etat pour représenter les personnes en traitement pour des questions relatives à l’usage de substances psychoactives (arrêté du 06 juillet 2012)

Site : www.asud.org Email : communication@asud.org Aides

Site : http://www.aides.org Techno+

Association de réduction des risques liés aux pratiques festive depuis 1995 dans les fêtes techno, festival, club en France et parfois dans des grands rassemblements en Europe. Association de militants, défendant la culture Techno et la mise en place d’une politique de réduction de risques liées à l’usage récréatif des drogues. C’est-à-dire une politique basée sur la responsabilisation des consommateurs et non sur l’interdit et la répression.

Site : https://technoplus.org Email : idf@technoplus.org Associations partenaires participantes :

Fondée par des patients en 2010 sous la forme d’un collectif, Principes Actifs est devenue une association légale en 2012.Parmi les adhérents, certains n’ont jamais fait usage de drogues, alors que d’autres ont eu des parcours difficiles avec celles-ci.

Créée en 1984, AIDES est l’une des plus importantes associations européennes de lutte contre le VIH et les hépatites.

AIDES est reconnue d’utilité publique depuis 1990. L’association vient de lancer son nouveau programme, 17

mesures pour mettre fin à l’épidémie VIH et hépatite. Pour aides la situation actuelle des usagers de drogues n’est

pas tenable. Plus d’infos sur la campagne Aides #Revendiquons2017

Nous revendiquons une facilitation de l’accès à tous les traitements existants, et préconisons l’autoproduction raisonnée en fonction des pathologies, en attendant un changement du cadre légal.
Notre présence se justifie par le fait qu’il existe des similarités dans nos parcours militants : la motivation des malades pour faire évoluer les choses, faciliter l’accès aux soins, les divers conseils objectifs et pragmatiques, toujours d’usagers à usagers, dans une démarche de réduction des risques appliquée à l’usage thérapeutique. Email : contact@principesactifs.fr Site : www.principesactifs.org

Le CIRC est une association loi 1901, fondée le 21 octobre 1991 qui a pour objet la collecte et la diffusion à but préventif de toute information relative au cannabis. Le CIRC réclame l’abrogation de l’article L.34 21-4 du Code de la santé publique. Le retrait du cannabis et de ses dérivés du tableau des stupéfiants. L’amnistie pour toutes les personnes victimes de ce classement inepte. L’ouverture d’un débat sur les modalités de la sortie de la prohibition des drogues.

Facebook: https://fr-fr.facebook.com/FederationCirc/

Médecins du Monde travaille depuis 1989 auprès des usagers de drogues. Dans les années 1990, l’association intervient plus spécifiquement en milieu festif, et depuis 2004 dans les squats, pour discuter des pratiques de consommation des drogues, proposer d’analyser les produits consommés et mettre à disposition du matériel de réduction des risques (kits d’injection, d’inhalation, préservatifs, etc.)

Site : http://www.medecinsdumonde.org

L’association Charonne se positionne en acteur de terrain mais aussi comme un vecteur d’innovation, toujours à la recherche d’une nouveauté à promouvoir au service des usagers, au service d’une meilleure prise en charge et d’un meilleur accompagnement.

Cherchant à garder une taille humaine, l’association n’hésite pas à mettre en avant les actions de ses partenaires institutionnelles. Il ne s’agit pas de se faire concurrence mais bien d’imaginer un futur moins difficile pour les usagers de drogues et pour les personnes en situation de précarité ou de prostitution.

Site : https://charonne-asso.fr/association/

 

 

 

 

 

 

 

Le 26 juin est de la Journée internationale des Nations Unies contre l’abus et le trafic de drogues – une journée pendant laquelle de nombreux gouvernements célèbrent leurs contributions à la guerre mondiale contre la drogue. Dans le passé, certains gouvernements ont même célébré cette journée en organisant des exécutions publiques ou des passages à tabac de personnes accusées de délits de drogues.

Soutenez. Ne Punissez pas est une campagne mondiale de plaidoyer visant à promouvoir de meilleures politiques des drogues qui mettent la priorité sur la santé publique et les droits humains. La campagne a pour but de promouvoir une réforme des politiques des drogues et de changer les lois et politiques qui entravent l’accès aux interventions de réduction des risques.

La Journée d’action mondiale offre une occasion importante aux participants de se saisir du message.

Le 26 juin est aussi la Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture – une coïncidence ironique étant donne l’étendue de la torture et des abus infligés au nom de la guerre contre la drogue.

JOURNÉE D’ACTION MONDIALE DE 2017

L’une des activités principales de la campagne « SOUTENEZ. NE PUNISSEZ PAS », est une Journée d’action mondiale qui a lieu tous les ans le 26 juin.

Le 26 juin 2017 sera la 5ème Journée d’action. En 2013, 41 villes du monde entier ont pris part à la première Journée d’action mondiale. En 2014, 100 villes du monde entier ont organisé une multitude d’initiatives différentes. En 2015, 160 villes ont uni leurs forces pour appeler à la réforme de la politique en matière de drogues, et enfin, en 2016, des activistes de 125 villes se sont réunis dans le cadre de la campagne.

Que pouvez-vous faire cette année?

L’objectif de la Journée d’action mondiale est d’organiser des actions locales percutantes et visuellement symboliques. C’est à vous de décider de ces actions, en fonction de ce qui faisable et abordable, ce qui fonctionne le mieux dans le contexte local, et ce qui aura le plus grand impact. Ces actions peuvent regrouper 10 ou 20 personnes, et même plus de 100 personnes dans certaines villes. Nous espérons que les exemples provenant d’autres villes seront également des sources d’inspiration. Une des répercussions les plus significatives que la campagne peut avoir est d’attirer l’attention positive des médias et de sensibiliser aux enjeux de la campagne. Nous recommandons que les partenaires locaux contactent les médias locaux avant du 26 juin.

RESSOURCES

Une série de ressources pour vous aider à organiser votre journée d’action le 26 juin. Celles-ci comprennent :

  • Un guide détaillé avec des instructions étape par étape pour vous aider à planifier, promouvoir, mettre en œuvre et documenter votre événement.
  • Supports et outils de campagne (y compris des logos, dépliants, bannières, etc.).
  • Communiqués de presse et soutien

HTTP://SUPPORTDONTPUNISH.ORG/FR/

Support ! Don’t Punish. 2016 : Journée mondiale de soutien aux consommateurs de drogues

Le 26 juin est de la Journée internationale des Nations Unies contre l’abus et le trafic de drogues – une journée pendant laquelle de nombreux gouvernements célèbrent leurs contributions à la guerre mondiale contre la drogue. Dans le passé, certains gouvernements ont même célébré cette journée en organisant des exécutions publiques ou des passages à tabac de personnes accusées de délits de drogues.

La Journée d’action mondiale offre une occasion importante aux participants de se saisir du message.

Le 26 juin est aussi la Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture – une coïncidence ironique étant donne l’étendue de la torture et des abus infligés au nom de la guerre contre la drogue.

 Le 26 juin 2016 sera la 4ème Journée d’action organisée jusqu’à présent. Le 26 Juin 2013, 41 villes du monde entier ont pris part à la première Journée d’action mondiale. En 2014, 100 villes du monde entier ont organisé une multitude d’initiatives différentes. Et en 2015, 160 villes ont uni leurs forces pour appeler à la réforme de la politique en matière de drogues.

Portail Support Don’t Punish France

Que pouvez-vous faire cette année?

L’année 2016 est une année marquante pour la politique en matière de drogues – avec la session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU sur les drogues (UNGASS) en avril et la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida début juin. Mais une fois ces réunions terminées, la Journée d’action mondiale du 26 juin offre une occasion idéale de mettre en évidence les résultats et promouvoir la réforme des politiques et la réduction des risques au niveau local.

L’objectif de la Journée d’action mondiale est d’organiser des actions locales percutantes et visuellement symboliques. C’est à vous de décider de ces actions, en fonction de ce qui faisable et abordable, ce qui fonctionne le mieux dans le contexte local, et ce qui aura le plus grand impact. Ces actions peuvent regrouper 10 ou 20 personnes, et même plus de 100 personnes dans certaines villes. Nous espérons que les exemples provenant d’autres villes seront également des sources d’inspiration. Une des répercussions les plus significatives que la campagne peut avoir est d’attirer l’attention positive des médias et de sensibiliser aux enjeux de la campagne. Nous recommandons que les partenaires locaux contactent les médias locaux avant du 26 juin.

Nous vous demandons simplement de relier vos actions à la campagne mondiale en utilisant le logo « SOUTENEZ. NE PUNISSEZ PAS ». Cela peut être sur des T-shirts, bannières, affiches, rapports ou autres supports.

Cela nous permet de relier les différentes actions locales et de démontrer qu’elles font toutes partie d’un effort mondial coordonné. Dans de nombreuses villes, vous pouvez également décider d’utiliser le logo « SOUTENEZ. NE PUNISSEZ PAS » à côté de celui de votre organisation, de ceux de vos partenaires, et d’autres campagnes.

Si vous cherchez des idées, regardez ce qui a eu lieu en 2013, 2014 et 2015!

Ressources

Une série de ressources pour vous aider à organiser votre journée d’action le 26 juin. Celles-ci comprennent :

  • Un guide détaillé avec des instructions étape par étape pour vous aider à planifier, promouvoir, mettre en œuvre et documenter votre événement.
  • Supports et outils de campagne (y compris des logos, dépliants, bannières, etc.).
  • Communiqués de presse et soutien

http://supportdontpunish.org/fr/

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Communiqué : Mauvaise passe pour l’UNGASS ?

La session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) s’apprête à se clôturer à New York, après trois jours de débats. À cette occasion, la plateforme internationale des ONG françaises publie un communiqué de presse.

Le document final adopté mardi présente des avancées et les discours politiques expriment les évolutions notables de positions qui ne sont pas contenues dans ce document : changement de paradigme, régulation, dépénalisation, réduction des risques, écoute, dialogue, approche centrée sur l’humain…. Les choses évoluent, même si des pays continuent à maintenir des positions figées sur le thème éculé de la « guerre à la drogue », et que, selon les mots du groupe d’experts de l’ONU sur les Droits de l’Homme, la déclaration de l’UNGASS « continue à faire sien le concept dommageable d’un monde sans drogues ».

La place de la société civile, mise en avant dans une majorité de discours nationaux, contraste avec leur accueil depuis trois jours sous forme d’une grande chasse au pass, organisée à coup de mails et de changements d’adresse pour aller récupérer des pass valables une seule journée et pour une seule salle, sur des horaires strictes, l’ONU décidant à la place des participants à quels événements ils pouvaient participer. Ces pass sont finalement distribués sur les trottoirs des rues avoisinantes (cf. les photos tweetées par les ONG).

Une telle désorganisation venant du siège des Nations Unies à New York, pourtant habitué à l’organisation de telles sessions nous laisse dubatif. Symptôme d’une difficulté de l’ONU à s’ouvrir?

Dès le commencement des négociations en vue de l’UNGASS — CND 2015 et 2016 — la société civile n’a pu que constater le manque de transparence des débats et l’opacité du processus.

Pour nos ONG qui ont investi depuis parfois des années les travaux pré-UNGASS, force est de reconnaître l’écart désastreux — et non sans conséquences — entre le discours et les actes.

Espérons que pour 2019, le prochain grand rendez-vous international sur la question des drogues, les instances onusiennes et ses états membres fassent preuve de plus de cohérence : la société civile peut apporter plus qu’un seule faire valoir au processus diplomatique.

Télécharger le communiqué en PDF

Contacts Presse :

  • Marie Nougier, IDPC : +44 78 07 07 76 17
  • Kenzi Riboulet, FAAAT : +33 6 24 50 84 79
  • Georges Lachaze, ASUD : +33 6 63 08 99 84
  • Nathalie Latour, Fédération Addiction : +33 6 12 21 07 25
  • Antoine Henry, AIDES : +33 6 10 41 23 86

Le débrief de l’envoyé d’ASUD à l’UNGASS

https://youtu.be/Rmrbzb_NbFM

Avril 2016 : Session Spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies

Le débrief de l’envoyé d’ASUD à l’UNGASS

https://youtu.be/Rmrbzb_NbFM

Du 19 au 21 avril, une Session Spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGASS) se tiendra à New York. Elle sera dédiée à la question des politiques en matière de drogues. L’Assemblée Générale est le plus haut organe représentatif et d’élaboration de politiques des Nations Unies (ONU) et ses rares Sessions Spéciales se centrent sur des sujets pertinents à la demande des Etats membres. L’UNGASS sur les drogues a le potentiel d’être un débat ouvert et réformateur sur le système international de contrôle des drogues – mais beaucoup de travail reste à accomplir pour s’assurer qu’elle atteindra ce potentiel.

Le Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC) est un réseau mondial de plus de 120 organisations de la société civile regroupées pour promouvoir un débat objectif et ouvert sur les politiques nationales et internationales en matière de drogues. Ce document souligne les cinq « demandes » principales que les membres du Consortium chercheront à promouvoir d’ici 2016. Ces « demandes » ont été développées par le biais de consultations parmi les membres de l’IDPC, et chacune d’entre elle sera l’objet de documents plus détaillés dans les mois prochains :

  • DEMANDE 1: Assurer un débat ouvert et inclusif
  • DEMANDE 2: Redéfinir les objectifs des politiques en matière de drogues
  • DEMANDE 3: Soutenir l’expérimentation et l’innovation politiques
  • DEMANDE 4: Mettre un terme à la pénalisation des populations les plus touchées
  • DEMANDE 5: S’engager à une approche de réduction des risques

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ONU 2016 : Lettre ouverte à Ban Ki-Moon pour en finir avec la guerre aux drogues

Communiqué de Presse
ONU 2016 : des milliers d’appels à l’échelle mondiale pour en finir avec la guerre aux drogues

Des milliers de personnalités, leaders, individus et associations à travers le monde lancent, à la veille de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) du 19 au 21 avril 2016 à New York, un vibrant appel pour en finir avec la guerre aux drogues. En Suisse, la Fédération des professionnels des addictions a relayé le mouvement : près de 2400 personnes, dont des dizaines de personnalités, ont signé une pétition à l’intention du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon afin qu’il exhorte les gouvernements à l’abandon irrévocable d’une approche désastreuse héritée des années 70.

A quelques jours du sommet mondial sur les drogues, la société civile lance une pétition mondiale invitant le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à mettre un terme à 50 ans de politiques drogues basées sur la répression, lui qui exhortait en 2015 les gouvernements à le faire en considérant toutes les options possibles. Partie des États-Unis sous l’impulsion de la Drug Policy Alliance, elle est soutenue par d’anciens présidents (Suisse : Ruth Dreifuss, Brésil : Fernando Henrique Cardoso, etc.) mais aussi des artistes (Sting, Peter Gabriel, Michael Douglas, etc.), des intellectuels, des politiques et des top managers (dont Bernard Kouchner, Sir Richard Branson, Warren Buffett). En Suisse, près de 400 personnes dont une soixantaine de personnalités parmi lesquelles Barbara Gysi, Dick Marty, Rolin Wavre, Luc Recordon ont rejoint le mouvement. Il est inadmissible que les médicaments contre la douleur ou les soins palliatifs soient encore refusés dans certains pays parce qu’ils contiennent des drogues. Il est tout aussi inconcevable que des milliers de personnes continuent de mourir par overdose ou sont infectées par le VIH ou d’autres maladies transmissibles. L’abandon de la peine de mort pour consommation ou détention de drogue fait également partie des priorités de la session. Plus de 60% des exécutions capitales à travers le monde sont encore liées à la drogue.

L’UNGASS 2016 s’intitule « Vers la réalisation des objectifs de 2019 ; un meilleur avenir pour les générations futures ». Ce sommet est le premier sur les drogues depuis 20 ans. Sa date a été avancée de trois ans à la demande de plusieurs pays d’Amérique du Sud devenus, à l’instar d’autres États, très critiques sur les politiques de répression inspirées des conventions onusiennes. Dans l’urgence, l’UNGASS 2016 a été convoquée afin de débattre des enseignements passés et parvenir à une meilleure adéquation entre santé publique, sanction et régulation des marchés pour la prochaine session de 2019.

Il y a près de 20 ans, l’UNGASS 1998 avait pour slogan « Un monde sans drogues, nous pouvons le faire ». En 2009, les États membres adoptaient un plan d’action visant à réduire les marchés des drogues. En 2011, le retentissant rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues, qui réunit notamment Ruth Dreifuss et Kofi Annan, constatait l’échec total des pratiques fondées sur la répression. Entretemps, plusieurs Etats ont assoupli en solo leur législation. On est encore loin d’une politique globale et concertée. Il incombe à l’UNGASS 2016 d’enclencher un mouvement irréversible vers des politiques drogues plus humaines et plus efficaces.

Contacts Presse :

  • Christian Andréo, AIDES
  • Georges Lachaze, ASUD, 06 63 08 99 84.
  • Nathalie Latour / Laurène Collard, Fédération Addiction, 06.12.21.07.25 / 06.15.26.35.95

Les associations françaises s’engagent en faveur de la santé et des droits humains à la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) du 19 au 21 avril 2016 à New York. Elle se sont constituées en plateforme commune il y a trois ans pour dialoguer avec la diplomatie française et les médias.

Lettre ouverte à Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU.

Son Excellence
Monsieur Ban Ki-moon
Secrétaire général
Organisation des Nations Unies
First Avenue at 46th Street
New York, NY 10017
USA

Monsieur le Secrétaire général,

À l’occasion de la Session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies (SEAGNU/UNGASS) sur le problème des drogues dans le monde qui aura lieu à New-York du 19 au 21 avril 2016, nous en appelons à votre autorité afin de soutenir une réforme globale de la politique de contrôle du marché des drogues.

Le régime du contrôle des drogues qui a émergé durant le siècle dernier a eu des conséquences désastreuses sur la santé, la sécurité et les droits humains. Cette politique, axée essentiellement sur la criminalisation et la répression, a créé un vaste marché illicite qui a directement contribué à enrichir le crime organisé, à corrompre des gouvernements, à alimenter une explosion de la violence, à perturber les marchés économiques et à pervertir les valeurs morales de base.

Les gouvernements des États membres ont alloué des ressources disproportionnées à cette politique répressive, au lieu de les consacrer à l’amélioration de la condition humaine. Des dizaines de millions de personnes, pour la plupart vivant dans la pauvreté et issues de minorités raciales et ethniques, ont été incarcérées à cause des lois répressives sur les stupéfiants, en grande partie pour des infractions mineures et sans acte de violence lié. Ces incarcérations n’apportant que très peu de bénéfice en termes de sécurité publique. Avec ces lois prohibitionnistes, les problèmes d’infection au VIH/SIDA, d’hépatites et d’autres problèmes de santé liés à la consommation de drogues se sont rapidement développés entravant les efforts des politiques de santé publique, en particulier dans le champ de la réduction des risques.

Au 21e siècle, l’humanité mérite mieux qu’une politique drogues aussi inefficace et contreproductive que celle du siècle précédent. Une nouvelle réponse globale à la question des drogues est nécessaire. Elle doit se fonder sur la science, la compassion, la santé et les droits humains. La répression et la justice pénale devraient se limiter à leur rôle respectif, à savoir garantir la santé et la sécurité. Ceux qui reconnaissent que l’usage des drogues est d’abord et avant tout une question de santé, doivent assumer leur rôle et promouvoir une nouvelle approche. Les efforts pour contrôler les drogues ne doivent pas faire plus de mal que de bien, ni causer plus de dommages que l’usage de drogues lui-même.

Nous sommes encouragés par des développements positifs partout dans le monde depuis la dernière session spéciale des Nations Unies en 1998. Des programmes de réduction des risques (fondés scientifiquement) pour contenir la propagation du VIH/SIDA ou d’autres infections, le traitement des addictions ou encore la réduction de la criminalité liée à la drogue sont maintenant en cours dans presque une centaine de pays.

Un nombre toujours plus important de villes, d’États et de gouvernements nationaux ne considèrent plus l’usage et la possession de drogues comme des crimes. Certains sont en train de régulariser légalement la consommation de cannabis à des fins médicales et même non médicales. Beaucoup reconnaissent la nécessité de rendre les médicaments essentiels disponibles, en particulier pour la douleur et les soins palliatifs dans les pays à faible revenu. Cependant, des réformes bien plus importantes et plus systémiques sont essentielles.

Monsieur le Secrétaire général, nous avons été stimulés par vos déclarations de l’année passée, où vous avez exhorté les gouvernements à saisir l’opportunité de la SEAGNU (UNGASS) « pour participer à un grand débat ouvert qui permette de considérer toutes les options possibles ». Malheureusement, ceci ne s’est pas encore produit dans les cercles restreints du système des Nations Unies. Votre leadership est maintenant nécessaire pour nourrir les graines de cette réforme, et éviter qu’elle soit rejetée, et pour permettre à cette étape de conduire véritablement à une réforme profonde et globale des politiques drogues.

1172 personnes ont co-signé cette lettre de par le monde.

Signataires en France :

  • Patrick Aeberhard – Former President, Doctors of the World (Médecins du monde) – France, Europe
  • Jean-Pierre Couteron – Chairman, Federation Addiction – France, Europe
  • Jean Pierre Daulouede – Director, Bizia – France, Europe
  • Bernard Kouchner – Former Minister of Foreign Affairs, France – France, Europe
  • KShoo – Spokesperson and co-founder, Federation of CIRCs (Collective for Information and Research into Cannabis) – France, Europe
  • Georges Lachaze – Project Manager, ASUD (Self Support of Drug Users) – France, Europe
  • Fabienne Lopez – President, Principes Actifs – France, Europe
  • Fabrice Olivet – Director, ASUD (Self Support of Drug Users) – France, Europe

La liste complète des signataires est disponible sur www.drugpolicy.org/ungass2016/full

Rien ne va plus à Kuala Lumpur !

Poursuivant la série sur le combat antiprohibitionniste, Speedy Gonzalez partage avec nous les derniers rebondissements et les espoirs qu’ils suscitent pour que l’Ungass 2016 (Session Spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies) soit à la hauteur des défis posés. La surprise est cette fois venue de l’Unodc (Sigles en anglais de l’Office des Nations Unies contre la Criminalité et les drogues dont le siège est à Vienne), véritable gardien du temple de la « guerre à la drogue », qui a voulu changer de cap lors de la Conférence internationale de réduction des risques qui s’est tenue en octobre 2015 à Kuala Lumpur.

Toute une série d’événements positifs (Lire les articles précédents Abattre le mur de la prohibition et La longue marche de l’anti-prohibition) ont jalonné la route depuis que cette Ungass 2016 a été avancée de deux ans à la demande de 45 pays désirant un rapide et réel tournant des politiques des drogues et la fin des hostilités, lassés par cette véritable guerre sans fin. Mais on le sait, la bataille de l’Ungass est loin d’être gagnée car de la Russie, représentant les plus durs sans RdR ni substitution, à la France, championne de ces dernières mais qui continue à pénaliser les UD pour leur conso, un large éventail de pays vont s’opposer à un changement radical au niveau de l’Onu. C’est donc le vote final qui finira par trancher ce qui exige, encore et toujours, de rencontrer les diverses délégations des pays récalcitrants dans toutes les réunions de préparation, comme le font actuellement les représentants de l’antiprohibition. Comme the Global Commission ou l’IDPC (International Drug Policy Consortium), avec un grand merci à ce dernier, tout particulièrement à Marie Nougier pour la qualité de ses infos et la constance de ses liens.

Kuala-1def

Un pas en avant…

Un événement majeur est cependant intervenu lors de la 24e Conférence internationale de Kuala Lumpur qui s’est terminée par la déclaration « Vers une décennie pour la RdR ». Pour faire court, l’heure est venue de réformer les politiques sur les drogues et d’en finir avec la criminalisation des UD. L’Unodc semblait non seulement prête à la souscrire mais devait présenter un document qu’elle avait déjà envoyé avant la conférence à quelques grands médias comme le New York Times (un procédé totalement habituel pour ce genre d’événement selon les spécialistes de l’ONU) où elle soutenait la dépénalisation… Voici trois extraits de ce document :

– « Les États membres devraient envisager l’application de mesures afin d’encourager le droit à la santé et réduire le surpeuplement carcéral, y compris par la décriminalisation de l’usage et de la détention de stupéfiants pour consommation personnelle. »

– « Protéger la santé publique est un objectif louable mais imposer des sanctions pénales pour usage et détention de stupéfiants pour consommation personnelle n’est ni nécessaire ni proportionné. Bien au contraire, la punition aggrave la conduite, la santé et les conditions sociales des personnes concernées. »

– « De petits délits sur les stupéfiants, comme la vente de drogues pour assurer sa consommation personnelle ou pour survivre dans un environnement très marginalisé… [sont des cas qui] devraient pouvoir bénéficier de possibilités de désintoxication/réinsertion, d’aides sociales et de soins et non de recevoir une punition. »

Des positions surprenantes de la part de cette agence des Nations unies, chargée avec deux autres, la CND (Commission sur les Stupéfiants) et l’OICS (Organe International de Contrôle des Stupéfiants), de surveiller l’application et le respect des conventions signées par la plupart des États pour lutter contre le trafic et la consommation de drogues. Ces déclarations sont déjà une très bonne nouvelle car si l’un des principaux organismes chargé de la répression commence à dire que celle-ci ne sert non seulement à rien mais qu’elle est contre-productive, notamment concernant la surpopulation carcérale, on peut déjà se réjouir ! Cette dernière est en effet un mal endémique pour de nombreux pays qui ont vu le nombre de leurs détenus se multiplier suite à l’apparition de nouveaux délits (informatiques…) ou davantage punis (sexuels…), ainsi qu’en raison de l’explosion de la consommation et du trafic de drogues, les enfants de la prohibition. La solution proposée est la « décriminalisation de l’usage et de la détention de stupéfiants pour consommation personnelle ». Pas mal, mais voyons la suite… !

Plus particulièrement axé sur la santé publique, le second extrait affirme que la répression pénale sur l’usage de drogues « n’est ni nécessaire ni proportionnée » et que le faire est bien pire ! Enfin, dans le troisième extrait de ce document, l’Unodc enfonce un peu plus le clou en recommandant d’aborder la question du petit trafic par le biais de la réinsertion, des aides sociales et médicales, en ôtant à la répression toute utilité.

Kuala-2def

… deux pas en arrière

Malheureusement, un démenti officiel de l’Unodc va vite refroidir nos attentes en prétextant, dès le début de la conférence, qu’il ne s’agissait que d’un document d’orientation (Briefing Paper) réalisé par la section VIH/sida de l’Unodc et qu’il n’engageait pas toute l’Agence… Un reniement de paternité alors qu’il s’agit du fonctionnement normal d’un organisme de l’Onu, qui se laisse toujours guidé par son service le plus compétent pour parler d’un problème précis. Mais surtout, alors que ce document répondait à une demande de clarification de la position de l’Unodc sur la dépénalisation émanant de plusieurs organisations comme Inpud ( International Network of People who Use Drugs (Inpud) dont Asud est membre fondateur), IDPC, HRI (Harm Reduction International)… !

Grand chambardement dans les coulisses de la conférence où les soupçons de pression sur l’Unodc vont vite se confirmer : les USA étaient effectivement mécontents d’apprendre par voie de presse que l’un des derniers remparts onusiens (qu’ils ont en outre contribué à créer) sape dans un document quarante-six ans de « guerre à la drogue ». Depuis 2010, la grande majorité des agences concernées de l’Onu comme l’OMS ou l’Onusida ont déjà déclaré leur opposition à la prohibition. Un beau couac, bien révélateur que les choses bougent, même chez les gardiens du temple de la prohibition !

Kuala-PascalCôté français, la position de la Mildeca9 pour la prochaine Ungass qui s’appuie, selon elle, sur « une approche équilibrée », n’est plus tenable pour le pays des droits de l’homme au moment où ceux-ci sont justement mis en exergue par un nombre croissant de pays et d’agences de l’Onu ! La France a beau prétendre venir à cette réunion avec le drapeau des Human Rights (sa position qui consiste à s’opposer à la peine de mort pour les trafiquants de drogues est légitime mais reste très courte), elle n’a pas encore osé franchir le pas, comme l’ont déjà fait d’autres pays. Sous peine de camper avec des pays obscurantistes ultrareligieux ou poutiniens, le temps est venu pour la France d’aborder la question des drogues avec réalisme, en admettant enfin l’échec patent de la prohibition. Et de formuler ensuite une approche basée sur le respect des droits de l’homme, la sécurité des personnes et des pays, la santé publique, la justice et la lutte contre la corruption, le tout à la lumière des multiples données scientifiques déjà disponibles. Pour qu’enfin la France s’engage sur la voie de la dépénalisation de l’usage et de la détention pour consommation de toutes les drogues !

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A écouter : Contraventionnalisation, Cannabis thérapeutique et UNGASS 2016

Animée par Max sur la plus rebelle des radios, Radio Libertaire, 89.4FM

Avec ce jour Fabienne de Principes Actifs, Gaël et Nathaniel du CIRC Paris, Jejor d’Asud (l’Observatoire du Droit des Usagers de drogues) et KShoo, porte-parole de la Fédération des CIRCs.

Au menu, la contraventionalisation ; où en est le thérapeutique ; l’UNGASS 2016, ça se mange ?

Illegal! magazine

Illegal!

Le magazine danois sur les drogues lance une édition anglaise.

« Le journal qui aide les toxicomanes à acheter leur dose », « Un magazine vendu par des drogués pour financer leur addiction », etc. Il y a dix-huit mois à Copenhague au Danemark, la sortie du premier numéro d’Illegal! n’est pas passée complètement inaperçue… La presse locale a voulu accrocher ses lecteurs avec des titres à sensation. Et lorsque fin 2014 est arrivée l’édition britannique, les journaux anglais ont à nouveau titré sur cela.

Faire baisser la délinquance

Certes, le fondateur du journal, Michael Lodberg Olsen, ne cachait pas que la diffusion par des usagers de drogues pouvait faire baisser la délinquance puisqu‘ils ne seront plus obligés de commettre des délits pour pouvoir acheter leur came. Ce fut même l’un des sujets abordés dès le départ dans le journal : cela va permettre de « décriminaliser les toxicomanes et de faire baisser prostitution et crimes ». En septembre 2013, il estimait dans son numéro de lancement que la vente de 15 à 30 numéros d’Illegal! permettait de subvenir aux besoins financiers d’un héroïnomane – vendu 40 couronnes danoises, 25 reviennent au vendeur, soit environ 3,50 euros par journal. Mais il semble avoir depuis peu changé son argumentation. Dans une interview récente à Télérama, il insiste sur le fait qu’Illegal! a été créé « pour éduquer et susciter la discussion, et non pour provoquer ni fournir de la drogue aux toxicomanes comme certains le disent ». Il souhaite également que la dépendance aux stupéfiants devienne une priorité pour les responsables de la santé plutôt que pour le système judiciaire, regrettant « que la guerre contre les stupéfiants se résume beaucoup trop à une guerre contre les consommateurs ».

Collection illegal! magazine

Susciter le débat et changer les mentalités

C’est donc en septembre 2013 à Copenhague que débute l’histoire du magazine Illegal!. Dès le départ, l’ambition de Michael Lodberg Olsen est de susciter le débat et de changer les mentalités sur un sujet aussi sensible que les drogues. N’y sont donc abordées, six fois par an, que les questions tournant autour de ce sujet. Au départ diffusé à 5 000 exemplaires, le tirage a rapidement doublé, puis triplé pour atteindre les 15 000. Il y a quelques mois à Londres, ce sont, dans un premier temps, 2 000 exemplaires qui ont été vendus par les toxicos du quartier de Hoxton dans l’est de la capitale britannique. Et, d’après la presse anglaise, toujours avec la volonté de faire baisser les chiffres de la délinquance en permettant aux usagers de drogues, principalement héroïnomanes, de pouvoir se payer leur came avec les bénéfices de la vente du magazine. Une démarche qui ne plaît pas à tout le monde. Un porte-parole de la police déclarait récemment que « cette initiative qui justifie la collecte de fonds pour l’achat de drogue n’est pas la réponse ». Mais cet argument mettant en avant les répercussions de la vente du magazine sur les chiffres de la criminalité ne semble plus être d’actualité au sein du journal. Peut-être le doit-on à Louis Jensen, qui dirige l’édition londonienne. Ayant rencontré Olsen alors qu’il filmait un documentaire, il a souhaité ramener le concept en Grande-Bretagne. Il explique alors au Daly Mail que ce journal veut surtout « contester les idées fausses et les stéréotypes. Il n’est pas nécessairement là pour créer un revenu pour acheter de la drogue ». Pour lui, il y a une réelle méconnaissance sur les drogues au Royaume-Uni : « pas seulement sur les produits mais également sur leurs usagers ou sur la façon de les prendre ». Une « philosophie » qui se rapproche beaucoup, en France, de celle d’Asud-Journal. Qui, peut-être aux regrets de certains lecteurs, n’est de toute façon (toujours) pas en vente dans les rues…

Journée internationale des consommateurs de drogues

Le 1er novembre est la journée internationale des consommateurs de drogues. Pour l’édition 2014 l’INPUD (le réseau international des utilisateurs de drogues) a publié la déclaration suivante :

Communauté. Solidarité. Empowerment.

Les méfaits de la stigmatisation, de la discrimination et la «guerre contre la drogue»

Dans le monde entier, les gens qui utilisent des drogues sont diabolisés et stéréotypés. Les personnes qui utilisent des drogues sont stigmatisées comme étant malade, dangereux et sont vilipendés, infantilisés et traités avec condescendance, comme étant incapable de prendre soin d’eux-mêmes ou de leurs proches. Stigmatiser les personnes qui consomment des drogues mène à la discrimination, à l’exclusion sociale et cela a des impacts directs sur la santé et le bien-être de ces personnes. La stigmatisation et les stéréotypes sont justifiés par la soi-disant «guerre contre la drogue», qui à son tour entraîne des violations flagrantes des droits humains envers les personnes qui utilisent des drogues, violations qui sont, trop fréquemment, non contestés.

Les violations des droits humains des personnes qui utilisent des drogues ne sont que trop fréquentes. Les personnes qui utilisent des drogues sont arrêtées et emprisonnées. Elles sont incarcérées sans procédure légale dans des camps de travail. Les personnes qui utilisent des drogues sont soumises à la torture et à l’exécution. Les personnes qui utilisent des drogues se voient refuser l’accès aux soins de santé, aux services et à la réduction des méfaits. Les personnes qui utilisent des drogues sont harcelées et agressées par la police. La «guerre contre la drogue», une guerre qui anime ces violations des droits humains des personnes qui utilisent des drogues est un échec lamentable (même selon ses objectifs, erronés): Il n’y a aucune réduction de la consommation de drogue et aucune réduction des préjudices colossaux à la vie des personnes qui consomment des drogues et des communautés dans lesquelles ils vivent.

new20inpud20logo20brown1[2]La fin de la guerre contre la drogue, selon nos conditions

La guerre contre la drogue doit cesser. Mais cette guerre doit se terminer selon les termes des personnes qui utilisent des drogues. Lors de la dernière  « journée internationale des personnes qui utilisent des drogues » nous avons affirmé que les adultes consentants ont le droit d’utiliser les drogues de leur choix, que ce soit pour le plaisir, l’automédication,  l’amélioration des performances, l’altération de la conscience ou afin de rendre plus tolérable une vie difficile. Nous avons défendu le droit des adultes à utiliser les drogues de leur choix, dans leurs maisons sans causer de nuisances, sans crainte de harcèlement de la police, de violence et d’intimidation.

En cette journée internationale des personnes qui utilisent des drogues, nous affirmons que pour mettre fin à la guerre à la drogue et contre les personnes qui utilisent des drogues-nous devons nous éloigner de la prohibition et de la criminalisation : nous devons contester la stigmatisation ainsi que les phobies anti-utilisateurs de drogues sous toutes ces formes. Nous rejetons l’infantilisation, la condescendance et les idées préconçues. Nous rejetons les allégations et les hypothèses selon lesquelles l’utilisation de drogues est dangereuse, immorale et synonyme de maladie. Il est temps de se débarrasser d’un langage cruel, péjoratif et discriminatoire. Il est une fois pour toutes, temps de se débarrasser des stéréotypes et de reconnaitre la diversité de notre communauté.

Donc, en cette journée internationale des personnes qui utilisent des drogues, nous célébrons notre communauté et insistons sur sa force et sa diversité. À travers le monde, de nombreuses personnes, provenant de diverses branches de la société utilisent des drogues illicites. Dans différents contextes, pour des raisons différentes et de façon différente, ces personnes utilisent des drogues. Bien que nous soyons trop souvent réduits au silence dans le débat et l’élaboration des politiques qui nous concernent, nous affirmons notre droit à l’autodétermination. Nous exigeons le droit d’être respectés en tant qu’experts en ce qui concerne nos vies, nos motivations et nos expériences. Nous ne resterons pas silencieux tandis que des décisions sont prises à notre sujet et sans nous. En réaffirmant «Rien à notre sujet sans nous», nous soutenons l’inclusion de notre communauté diversifié dans son ensemble. Nous, le Réseau international des personnes qui utilisent des drogues, nous battrons afin de défendre nos droits, de promouvoir notre santé et combattrons afin de mettre fin à la guerre contre la drogue et à la prohibition. Ensemble et solidaires, nous reconnaissons les luttes de nos pairs comme les nôtres, face à la stigmatisation, l’exclusion sociale, la discrimination, le silence et la criminalisation. En 2014, nous célébrons la force de notre communauté, de notre solidarité et de notre émancipation.

Source : http://www.inpud.net/en/events/international-drug-users-day-2014

Hépatite C et Usage de Drogues : la déclaration de Berlin

La Déclaration de Berlin faite à la suite du 1er congrès européen sur l’Hépathite C et l’Usage de Drogues qui s’est tenu dans cette ville le 23 et 24 octobre 2014 a établi 6 recommandations pour l’accès sans aucune discrimination à la prévention, au dépistage, aux traitements y compris ceux de dernière génération et aux soins pour les personnes qui consomment des drogues.

On y affirme entre autre également la nécessité de la dépénalisation de l’usage de drogues et la pleine reconnaissance et intégration des organisations d’U.D. pour mieux lutter contre le VHC.

Les principales questions présentées à cette conférence constituent la Déclaration de Berlin, véritable mise en demeure aux pays de l’UE de réagir face à la gravité de la situation.

 

  1. Développer des stratégies nationales et européennes et des plans d’action multidisciplinaires pour la prévention et le contrôle du VHC parmi les groupes à hauts risques comme les UD injecteurs, dans la ligne fixée par la résolution de l’OMS en 2014.
  2. Fournir pour le VHC, l’accès au dépistage volontaire, confidentiel et gratuit, aux traitements de haute qualité sans interféron et aux soins, tout particulièrement pour les UD qui supportent actuellement le plus gros poids de cette maladie en Europe.
  3. Encourager la réduction des risques, la mise en avant de preuves et de programmes communautaires afin d’obtenir une couverture plus large et durable contre le VHC. L’accès aux PES, aux TSO, à l’héroïne médicalisée et aux programmes conduits par les pairs sont non seulement efficaces sur la prévention du VHC mais permettent aux populations les plus marginalisées de rester en contact avec le système de soins.
  4. Dépénaliser l’usage de drogues. Les États de l’UE sont vivement encouragés à adopter des lois dans ce sens et à poursuivre les violations des droits humains qui empêchent ou gênent l’utilisation de services de RdR qui sauvent des vies… Comme le recommandent l’OMS, l’ONUSIDA, le HCR, les politiques et les lois qui répriment les drogues et leur détention dans de nombreux pays doivent être réformées ou changées afin de mettre un terme à la marginalisation des UD, à leur stigmatisation et discrimination, notamment par la prison, et à leurs difficultés pour avoir accès aux divers services de santé, en particulier pour le VHC. De nombreuses preuves indiquent que plus la répression est forte, plus les conduites à risques augmentent.
  5. Impliquer davantage les UD et leurs organisations dans les pays membres de l’UE dans la prise de décisions concernant les mesures et les services sur le VHC car selon l’OMS, « contrairement aux interventions des professionnels de santé, celles des pairs ont démontré leur efficacité pour réduire la transmission du VHC ».
  6. Développer, par le biais de formations standardisées, les connaissances sur la santé et le VHC, sa prévention, les derniers traitements et la consommation de drogues, aussi bien chez les professionnels de santé que chez les UD, car tous ont de graves lacunes avec des effets négatifs sur la prévention et le choix des traitements.

Ces 6 points sont présentés plus en détail dans l’article Berlin quand tu nous tiens du N°56 d’Asud-journal.

La version anglaise originale de la déclaration de Berlin se trouve ci-après.

HEPATITIS C STATISTICS AND POLICY FACTS

  • 150 million people worldwide are living with chronic hepatitis C virus (HCV), of those infected, nine million are living in the European region.
  • The burden of HCV is concentrated among people who inject drugs (PWID) in Europe, with HCV antibody prevalence ranging from 20% to over 90% in different countries. The World Health Organization (WHO) has identified people who inject drugs as a key target group for HCV prevention and treatment.
  • In January 2014, the first all oral HCV treatments providing cure rates of up to 98% in clinical trials were approved by the European Commission.
  • In spite of European guidelines recommending treatment access people who use drugs still face considerable barriers to, and are frequently denied, access to the newly approved HCV treatment regimens.
  • The scale-up of HCV treatment access to people who inject drugs has the potential to significantly reduce the number of new infections and the prevalence in the population, acting as an effective preventative measure.

Major European and international agencies working in, or involved with health and drugs, such as WHO, UNODC, UNAIDS, EMCDDA and ECDC consider viral hepatitis, especially among people who inject drugs, a serious public health problem.

At present polices responding to HCV are inconsistent, or non-existent across Europe. The broad range of issues pertaining to HCV have not been thoroughly included in European and/or national policies, or comprehensively dealt with among designated stakeholders.  HCV prevention, screening, early diagnosis, and treatment among people who inject drugs have been proven to be both effective and cost effective. Research exploring the values and preferences of people who inject drugs with regards to HCV treatment has found that concerns about side effects; limited HCV knowledge; rationed treatment expectations; experiences of treatment refusal due to drug use; stigma and discrimination within healthcare settings; and difficulties associated with hospital systems pose significant hurdles for HCV treatment, access and uptake.

Presently, public awareness, surveillance systems, availability of HCV prevention and harm reduction based interventions remain inconsistent throughout Europe. Access to screening and diagnosis services are not available to people who use drugs in every country. Importantly there has been little attention to addressing the stigma and discrimination faced by people who use drugs and even higher among people who inject; this is a major barrier to accessing services and requires urgent remedial action if effective HCV policy and programming is to be implemented. The time to foster a unified global response to the hepatitis C epidemic is now!

THE TIME TO ACT IS NOW!

Develop Targeted HCV Strategies and Action Plans

We strongly recommend the development and implementation of European and national HCV strategies and action plans that include appropriate funded multidisciplinary approaches for HCV prevention and control among communities engaged in high-risk behaviours including people who inject drugs, in line with the 2014 WHO resolution WHA67.6 OP1(1).

Action Required: Policy-makers, NGOs/service providers, representatives from at high-risk populations, such as organisations of people who use  drugs, and workers in the health care, social and justice sectors, must collaborate (at European and national levels) for the development of comprehensive HCV strategic plans and service recommendations.  Public funding must be allocated for the development, implementation and evaluation of effective HCV strategic planning and services.

Provide Access to HCV Testing, Treatment and Care Services

We strongly recommend the provision of low threshold and community based HCV testing (voluntary, confidential and free of charge) and referral to affordable and high quality treatment (interferon free) and care for HCV. Provision of HCV testing and treatment uptake among PUD in low threshold settings has been proven to be effective and cost-effective. Despite issues of limited access, newly approved HCV treatments, direct acting anti-virals (DAAs), have shown to be effective and well adhered among people who use drugs in recent studies.

Action Required: Implementation of comprehensive national policies to fund and support integrated and accessible programs for HCV testing and treatment, offered in non-traditional and low threshold community-based settings. Central to the success of this approach is the involvement of people who use and inject drugs and their organisations in every aspect of HCV prevention, treatment and care planning, noting that “evidence showed that interventions delivered by peers were effective in reducing transmission of viral hepatitis”. Consensus agreements must be made among pharmaceutical companies and EU member states to reduce prices of new medications to allow the scale-up of treatment, thereby allowing for equitable access to affordable treatments.

Scale-up Harm Reduction, evidence and Community-Based Programs

We strongly recommend the scale-up of harm reduction, NPS and community-based programs ensuring high quality, effective and sustainable coverage. Research has shown that a combination of integrated interventions in low threshold settings such as NSPs, opioid substitution therapy (OST), access to medicalised heroin and community based, peer led harm reduction programs are not only cost effective regarding HCV prevention, but also ensure that marginalised populations stay connected to direly needed services. Moreover, considering the easier transmission of HCV when compared to HIV, it is crucial to ensure higher quality standards for harm reduction services, in order to prevent HCV.

Action Required: Implementation of comprehensive, integrated and high qualified harm reduction based HCV prevention services, involving members of the most affected community, that include evidence based interventions, and OST in low threshold settings. The establishment of policies that ensure appropriate financial resources are made available for capacity building, and the empowerment of organisations of people who inject drugs, and provision of prevention interventions recommended by WHO.

Decriminalize People Who Use Drugs

We strongly recommend all EU member states to adopt laws that decriminalize people who use drugs and prosecute human rights violations that threaten access to, or deny, essential life saving services, such as NSP, harm reduction and treatment services.  In many countries, members of law enforcement have been responsible for confiscating drug injection supplies and sterile syringes intended to prevent the transmission of HCV and HIV. Numerous studies show that such actions are responsible for increasing injection risk behaviours and countless numbers of entirely preventable HCV infections.

Action Required: Drug policies and laws that criminalize possession of drugs, as well as sterile injection equipment obtained at NSPs, must be reformed or removed to stop the marginalization of people who use drugs and to guarantee free access to essential health services, including harm reduction, HCV/HIV prevention and treatment programs. National governments should adopt new drug policies based on a human rights approach fighting against the stigma and discrimination that denies access to HCV treatment to people who use drugs or who are on opiate substitution therapy (OST).

Meaningful inclusion of People who Inject Drugs and their organisations

We strongly recommend meaningful involvement of communities living with the highest risk of HCV, namely people who use or have used drugs, in all levels of HCV policy development, including the development and provision of harm reduction, HCV prevention, treatment and care services. The involvement of most affected communities is critically important for the development of successful and effective policies and services. Peer based HCV prevention programs and interventions have been proven most effective in reducing transmission of viral hepatitis and HIV.

Action Required: European policies and member states policies must include mandates that require the involvement and representation of high-risk communities in decision-making processes related to HCV policies and services. EU and national support must be provided to ensure implementation and sustainability of peer-led HCV services, and consequently must fund drug user led organisations to provide peer to peer education, and low threshold harm reduction services.

Increase Health and HCV Literacy

We strongly recommend the development and implementation of standardized training for healthcare workers and for people who use drugs on HCV prevention, treatment updates and drug use issues. Evidence suggests that healthcare workers and people who inject drugs often lack sufficient health literacy on hepatitis, which negatively influences decisions regarding appropriate prevention and treatment options.

Action Required: The development and implementation of EU and nationally supported training programs on HCV and drug use for healthcare workers (including Nurses and GPs) and people who use or inject drugs. People who inject drugs and their organisations must be at the centre of health and HCV literacy measures.  Dedicated funding must be allocated for the development of interventions that will improve the knowledge and skill level regarding HCV treatment and drug use/user cultural issues among healthcare professionals, including specialists such as hepatologists and gastroenterologists. Peer based organisations of people who inject and use drugs must be funded to produce and provide education and training, addressing gaps in knowledge among healthcare workers and peers in regard to cultural and specific needs of people who use drugs to ensure beneficial health outcomes.


 

October 23rd, 2014

This Manifesto is produced by APDES, Portugal and Regenboog Groep, Netherlands in the scope of the Correlation Hepatitis C Initiative. For more information: www.hepatitis-c-initiative.eu

We want to thank for the special contribution of Joana Marques, Diana Castro, Magdalena Harris and Jason Farrell.

Organisations supporting the Manifesto on Hepatitis C and Drug Use

World Hepatitis Alliance, International Network of People Who Use Drugs, European AIDS Treatment Group, Harm Reduction International, European Harm Reduction Network, European Liver Patients Association, European Association For The Study Of The Liver and HIV/AIDS Civil Society Forum

Acknowledgements

Special thanks to the Manifesto reviewers for providing input and guidance:

Anke Van Dam, Anouk de Gee, Charles Gore, Chris Ford, Eliot Ross Albers, Erlind Plaku, Fiona Godfrey, Georg Farnbacher, Hilje Logtenberg-van der Grient, Igor Kuzmenko, Jason Grebely, Jeff Lazarus, Jules Levin, Karyn Kaplan, Katrin Prins-Schiffer, Luís Mendão, Margaret Walker, Maria Phelan, Marinela Debu, Ricardo Fuertes and Valentin Simionov.


 

With financial support from the Drug Prevention and Information Programme (DPIP) of the European Union.

Neither the European Commission nor any person acting on its behalf is liable for any use of information contained in this publication.

L’or vert du cannabis

Ces dernières semaines, on a vu pousser des feuilles de weed dans tous les médias. Nouvel album de snoop dogg ? Même pas. Ce sont les récents changements politiques en Uruguay et dans quelques états nord-américains (Washington et Colorado) qui en sont la cause. Comme cela n’a pas pu vous échapper, ces états ont franchi le pas de la légalisation du cannabis. Plus qu’un changement de politique, c’est une petite révolution.L’engouement des médias en témoigne.

Les arguments financiers

D’un seul coup, le sérail médiatique est passé du puritanisme à YouPorn, nous inondant d’articles, de reportages et de sondages, entraînant quantité de déclarations et de débats. La plus remarquée est celle de Barack Obama abordant sa consommation juvénile de cannabis. Nos politiques hexagonaux sont, eux, d’une réserve consternante. Manuel Valls reconnaît avoir peut-être malencontreusement glissé sur un tarpé tel Richard Virenque se piquant « à l’insu de son plein gré » avec une shooteuse d’EPO, et notre ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur le plateau du Grand Journal, n’arrive même pas à formuler un début d’argument valable contre un changement de législation.

Le plus surprenant dans cette frénésie est l’intérêt de certains médias financiers. On a vu fleurir des articles dans  La Tribune ou Bilan, des titres généralement éloignés des questions sociétales, et la presse généraliste aborder le sujet dans les rubriques économiques. Pourquoi donc cet intérêt de la part de cette presse financière ? Une théorie pourrait l’expliquer et, par la même, expliquer ces changements législatifs en série.

Dans les épisodes précédents, la guerre à la drogue sévissait. Face aux troupes de l’Empire, une poignée de rebelles a déployé pendant près de quarante ans une politique médicosociale et un argumentaire démontrant la contreproductivité de cette approche répressive. Criminalisation, risques sanitaires, cohérence des actions de prévention et de RdR ou risques liés au trafic clandestin, le discours de ces militants était résolument orienté sur des problématiques de santé publique et sociétales. Les différents modèles de légalisation du cannabis prônés par ces acteurs prenaient déjà en compte l’économie des fonds alloués à la répression, la manne financière générée par cette activité et la diminution du trafic et de ses conséquences.

Le paradoxe bancaire

Mais c’est sur ces arguments financiers que se concentre la majorité des articles en question. Si l’argent n’a pas d’odeur, aujourd’hui en Amérique, il commence à sentir la weed. Un sondage fait apparaître que 58% des Américains sont en faveur d’une légalisation du cannabis, mais que c’est « l’argument fiscal [qui] semble séduire les plus conservateurs ». Des économistes s’emparent du sujet, comme Pierre Kopp qui souligne « le coût élevé des politiques répressives et les recettes potentielles provenant d’une taxation de la marijuana ». Et l’on vante l’initiative du Colorado qui « a vu se transformer une économie souterraine et illégale en un business autorisé, rentable et attractif ».

Ces arguments sont étayés d’estimations les plus diverses quant aux profits. Que ce soit sur une légalisation hypothétique sur l’ensemble des États-Unis qui, selon les économistes, « pourrait représenter entre 45 et 100 milliards de dollars (33 et 74 milliards d’euros) ». ou, selon l’évolution des législations, sur un « marché du cannabis qui pourrait peser 10 milliards de dollars par an d’ici cinq ans aux États-Unis contre environ 2 milliards en 2014 » évoqué par certains.

Et, chose impensable il y a encore quelques mois, on en parle comme d’une valeur boursière. Des termes comme « bulle spéculative » sont utilisés pour expliquer qu’en « 2011, les prix du cannabis se sont effondrés, conduisant à un crash » On scrute les « entreprises liées à l’industrie du cannabis [qui] ont vu leurs actions bondir […] aux États-Unis, au lendemain de l’entrée en vigueur de la vente libre de marijuana dans l’État du Colorado » Et on spécule déjà sur le fait que « cet État a l’opportunité de construire les premières grandes entreprises et les premières grandes marques ». Un hoax déclarant que Marlboro lançait sa marque de pétards a même déjà circulé sur la toile.

Pour autant, ces enjeux financiers se confrontent à un paradoxe de taille : celui des banques. Effectivement, « les professionnels du secteur se voient refuser les services des grandes banques américaines », au motif est que ces établissements « craignent une sanction ultérieure des autorités fédérales, avec amendes à la clé », du au « mille-feuilles législatif aux États-Unis ». Pour résumer, le droit d’un État comme le Colorado s’oppose au droit fédéral régissant l’ensemble des États-Unis. Le Colorado est dans l’illégalité face au droit fédéral américain. C’est pour cette raison que « le procureur général James Cole avait envoyé aux établissements bancaires une circulaire rappelant les peines prévues pour toute participation, directe ou indirecte, au commerce des stupéfiants selon le droit fédéral ». Le plus ridicule est quand même que ces établissements bancaires profitent depuis des décennies de l’argent du trafic en fermant les yeux sur sa provenance, parfois même, facilitant son blanchiment, mais qu’ils deviennent frileux et consciencieux une fois cet argent devenu légal. L’administration fédérale a depuis demandé que cette situation soit réglée pour que ces entreprises cannabiques bénéficient de services bancaires.

asud55 p09 Plante cannabisL’absence du médicosocial

Par ailleurs, quasiment aucun article ne s’interroge sur l’utilisation de ces profits, et notamment leur possible affectation au domaine médicosocial. Seul un article relève le fait que « cette légalisation s’accompagne d’une mesure qui a séduit les électeurs lors d’une nouvelle consultation publique le 5 novembre : une taxe de 15% s’appliquera sur le prix total et devrait rapporter au moins 27,5 M $ (20,3 M €) annuels pour la construction des écoles publiques du Colorado. Une autre taxe de 10% sera consacrée à des campagnes de prévention contre la drogue ».

Ce produit qui jadis menaçait les écoles va donc servir à en construire. Serge Lebigot appréciera…

De toute cette littérature, il ne ressort presque rien sur l’aspect médicosocial de ces nouvelles politiques. Or c’est précisément l’argument sanitaire et social qui a conduit, officiellement, à la guerre à la drogue et, a fortiori, à l’antiprohibitionisme. Si, pour le premier, l’interdiction et l’éradication des drogues sont des moyens de protéger la santé des personnes malgré elles, pour le second, c’est cette clandestinisation qui aggrave les risques sanitaires et la criminalisation des usagers. Et le versant économique d’un changement de politique est, dans l’argumentaire antiprohibitioniste, un moyen de renforcer la prévention, la RdR et la prise en charge médicale des usagers de substances.

C’est, au final, La Tribune qui remet les choses en perspective, l’économiste Pierre Kopp y rappelant qu’il « ne faut pas perdre de vue l’objectif de santé publique, et non de renflouement des caisses de l’État ».

Bien qu’il soit évidemment trop tôt pour avoir des données médicosociales exploitables permettant d’évaluer l’impact de ce nouveau modèle législatif, l’intérêt autour de ces questions semble minime et laisse penser que cinq années de crise économique ont eu plus d’effet sur les politiques des drogues que quarante ans de militantisme. Réjouissons-nous de ce changement, mais restons vigilants.

1ère conférence européenne sur l’Hépatite C et l’usage de drogues

Besoin d’agir : briser le tabou sur l’hépatite C

Aujourd’hui, le virus de l’hépatite C (VHC) touche environ 9 millions de citoyens européens. Les personnes qui s’injectent ou s’injectaient des drogues sont le groupe avec les taux de le plus important prévalence dans certains pays européens, jusqu’à 90%. Dans d’autres populations telles que les «hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) », les taux d’infection sont également en augmentation rapide. Sans traitement approprié le VHC peut être une maladie grave voire mortelle. Ce problème est rarement abordé alors que des nouveaux traitements très efficaces existent.

La 1ère conférence européenne a réuni les principaux acteurs sur le VHC, y compris des représentants des usagers de drogues, des experts en réduction des risques, des professionnels de santé, des laboratoires pharmaceutiques, des chercheurs et des décideurs.

Un des faits saillants de la conférence est la présentation de la «Déclaration de Berlin» : un appel aux décideurs politiques nationaux et européens, à assurer un meilleur accès aux soins et la qualité du traitement de l’hépatite pour les groupes les plus marginalisés et vulnérables.

Programme

  • Séances de discussion sur les politiques et les meilleures exemples concrets de toute l’Europe
  • Séances d’échange de compétences sur les dépistages et les pairs en milieu professionnel
  • Séances de formation sur les approches novatrices

Les thèmes prioritaires sont

  • Traitement clinique et impact des nouveaux médicaments
  • Prix, nouveaux médicaments et plaidoyer
  • Recherche sur le (coût) efficacité du traitement des usagers de drogues
  • Prévention du VHC: Le rôle de la réduction des risques et le traitement du VHC
  • Atteindre différents groupes cibles de la prévention et du traitement du VHC (migrants, prisonniers, HSH)
  • Point de vue des usagers de drogues par les pairs en milieu professionnel

Inscriptions et Contributions sur conference.hepatitis-c-initiative.eu

Des lignes blanches sur le continent noir

Faire de la réduction des risques en Afrique francophone : voilà le défi qui va s’imposer dans les prochaines années. La consommation locale de drogues dures progresse sans que les tabous qui pèsent sur ce phénomène ne reculent d’un pouce. Hypothèse de travail en noir et blanc, avant de passer à la couleur.

Je me souviens d’une réunion tenue à Amsterdam entre plusieurs ONG européennes et africaines de lutte contre le sida. Nous étions une douzaine, des Noirs, des Blancs, des gays, des hétéros, des francophones, des anglophones, des toxicos, bref, la clique habituelle des militants séropos qui veulent changer le monde en pensant que la planète est une grosse boule hérissée de pointes.

Des histoires de pédés blancs

Dès la fin de la conférence, un de mes frères blacks vient me voir pour me glisser d’un ton de confidence :

« Tu sais ces histoires de pédés blancs, c’est juste pour la money. De toute façon, c’est comme ça depuis le début, tout l’argent est pour eux. »

Je tentais vaguement de protester en disant que peut-être le continent noir lui-même ne représentait pas nécessairement un bloc d’hétérosexualité granitique. Mais mon compère était lancé :

« Non, les pédés, y en n’a pas chez nous, c’est des trucs de Blancs… et puis les toxicos, c’est pareil, c’est un truc des Blancs pour faire du fric avec le sida. »

J’étais présent en tant que représentant d’INPUD (International Network of People who Use Drugs), le réseau international des tox, et peut-être que mon interlocuteur fut pris de la crainte que mon teint halé ne fut que la conséquence de l’ardeur du soleil batave. Bref, nous nous quittâmes bons amis, mais bousculés dans nos certitudes réciproques.

Que conclure de ce type de représentations, hélas souvent partagées dans le milieu des ONG africaines ?

Le sida, calamité naturelle

Tout d’abord, que les causes sociétales du sida sont restées largement sous-estimées, une situation que le caractère massif de la pandémie dans certains pays n’a fait que renforcer. Le sida est en Afrique une autoroute pour la culpabilité occidentale mâtinée de condescendance, un cocktail baptisé Le sanglot de l’homme Blanc par Pascal Bruckner. Au-delà des stéréotypes racistes que l’on est implicitement prié de ne jamais commenter, comme l’exubérance sexuelle, la prostitution galopante avec en creux le poids des injonctions papales, le sida en Afrique reste perçu comme une sorte de calamité naturelle.

Aujourd’hui encore, lors de la conférence de Melbourne, une déclaration apparaît comme révolutionnaire quand elle évoque le stigmate de certaines populations comme agent incontournable de la maladie, en l’occurrence les homosexuels en Afrique et les toxicomanes en Russie. Malgré l’action des grandes ONG internationales, dans la plupart des pays en développement, le sida n’est pas devenu cette maladie politique qui a bouleversé les représentations que nous avons des relations sexuelles entre personnes de  même sexe et, dans une moindre mesure, des usagers de drogues.

Réinventer la réduction des risques

Pourtant, l’homophobie, le racisme, le sexisme, la stigmatisation des usagers de drogues et des prostituées règnent en maître sur le continent noir. La difficulté à instaurer une approche politique de ces phénomènes est particulièrement prégnante dans la question de la consommation de drogues. En effet, il semblerait que des pans entiers de la zone subsaharienne passent de la catégorie « transit du trafic international » à celle de « pays de consommation locale ». Si c’est avéré pour les anciennes colonies de l’Empire Britannique que sont la Tanzanie, le Kenya ou le Nigeria, il apparaît que le phénomène émerge également en Afrique francophone (Lire notre article Fumoirs et Babas en Côte d’Ivoire).

Nous sommes sans doute à l’aube d’une extension prévisible des consommations de drogues illicites en Afrique mais là encore, soyons prudents. Comment éviter de plaquer nos grilles de lecture occidentales sur ce nouveau phénomène ? Tout d’abord, et pour les raisons indiquées précédemment, évitons de nous se servir systématiquement du sida comme porte d’entrée. Ensuite, et c’est probablement le plus important, il faut inventer une politique de réduction des risques qui soit totalement immergée dans le contexte culturel africain, c’est-à-dire communautaire, ancrée dans périmètre familial, et située au plus près des codes en usage sur le terrain. Il semble que l’exploration des scènes nous apprenne beaucoup de choses sur des modes de consommation qui ne s’assimilent pas forcément à leurs équivalents occidentaux.

En résumé, la RdR en Afrique, notamment en Afrique francophone, doit pouvoir obéir à une double injonction contradictoire : d’une part, partir du terrain et respecter les codes culturels en vigueur et de l’autre, impulser une lecture politique du phénomène qui contourne la figure imposée de la prévention virale. Ce paradoxe n’est qu’apparent, la stigmatisation de l’homosexualité, de la prostitution et de l’usage de psychotropes a sans doute beaucoup plus de relents postcoloniaux que ne le laisse entendre le bruit de fond d’une société africaine « entrée dans l’histoire » mais souvent bâillonnée par la nôtre.

Fumoirs et Babas en Côte d’Ivoire

Les « fumoirs », c’est le nom donné aux scènes ouvertes de consommation de drogues dures par les usagers d’Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire. Fofana Sékou a été chargé par Médecins du monde *de l’exploration de ces nouveaux territoires.Il a rencontré les « Babas », moitié dealers-moitié travailleur sociaux.

* Les propos rapportés dans cette interview n’engagent par la responsabilité de l’association Médecins du Monde mais uniquement celle de d’ASUD. 

ASUD: Fofana Sékou, qui es-tu ?

Fofana Sékou : Je m’appelle Fofana Sékou, je suis né en Côte d’Ivoire, je suis venu en France comme étudiant, il y a vingt-cinq ans. Puis, à cause des papiers, je ne pouvais plus continuer mes études, alors j’ai galéré…

À l’époque la scène était à Stalingrad ?

Oui, elle était à Stalingrad. Moi j’habitais à côté dans le XIXe. On avait un squat là bas où on vivait avec beaucoup de toxs. J’ai perdu des amis proches, qui sont décédés d’overdoses, par le VIH, les hépatites et la tuberculose…. . C’était vers les années 90.

A ce moment là, au niveau de ta consommation, tu en étais où ?

Moi je gérais car comme le squat était à ma disposition et sous ma protection, je ne pouvais pas me permettre de faire comme les autres. Il fallait quelqu’un pour veiller sur le bateau. De temps en temps je partais en vrac, comme tout le monde, mais ça ne durait pas longtemps, j’arrivais toujours à revenir.

Comment as-tu été en contact avec Médecins du Monde ?

Je suis venu à la Réduction des Risques en militant contre l’expulsion des sans papiers de l’Église Saint-Bernard. J’ai eu l’occasion de rencontrer l’Abbé Pierre, qui m’a conforté dans l’idée de défendre les pauvres. Puis j’ai formé un groupe de musiciens, Sofa Africa, pour faire des manifestations pour les sans-papiers, pour les mal-logés… Moi, je chantais et je jouais de la guitare, on faisait des concerts et en même temps on pouvait exposer nos idées…Jack Lang est venu nous voir une fois avec le maire du 19ème. Et puis j’ai rencontré Elizabeth Avril [actuelle directrice de l’association Gaïa-Paris en charge du projet de salle de consommation ]. Elle nous donnait des informations dont on avait besoin : où il fallait s’orienter, comment il fallait faire. A l’époque elle bossait au Bus méthadone de Médecins du Monde.

Évidemment, tout cela se passe dans la communauté africaine…

Oui, et ce mot de « communauté » est important. Parce que la réduction des risques communautaire, ça serait pas mal de la mettre en place…souvent, ce sont des gens qui ne veulent pas se mélanger, qui ne comprennent pas l’extérieur.

A Stalingrad, chez les crackers, de quelles communautés s’agit-il ?

On a surtout des gens du Mali, Sénégal et Côte d’Ivoire. Il y a aussi les Antillais à Château- Rouge. Ils ne se mélangent pas, sauf si c’est pour aller chercher les produits et pour vendre…

Comment en es-tu arrivé à réfléchir sur la consommation de drogues au pays ?

Déjà avant de venir, je connaissais un peu le terrain – j’avais déjà goûté là bas… et puis je voyais les petits frères arriver en France.Quand on m’en parlait, je commençais à réfléchir sur la Côte d’Ivoire. Donc j’ai commencé à me former. J’ai eu la chance de travailler avec beaucoup de CAARUD (Charonne, Ego). Un jour, j’ai reçu une lettre qui disait que MdM cherchait quelqu’un pour faire une exploration sur la Côte d’Ivoire pour voir comment ça se passait au niveau de la drogue et de la santé. J’ai postulé, j’ai été choisi, et ils m’ont envoyé à Abidjan pour rencontrer Jérôme, qui suit le projet RdR de Médecins du monde à Abidjan.

Qu’est-ce qu’on consommait là bas quand tu es parti ?

Tout ! L’herbe, l’héroïne, la cocaïne… Il y avait aussi des cachets d’amphétamines, des cachets de speed. C’est ça qui a fait le plus de mal je crois, parce qu’il y en a beaucoup qui sont morts par accident sur la route…

Pour une exploration, c’est rare chez MdM de prendre quelqu’un de la communauté…

Je ne sais pas comment ça se passe d’habitude. Mais je crois qu’il y avait un autre projet : deux personnes étaient parties avant nous, mais elles n’avaient pas réussi à rentrer dans le milieu local. Donc il fallait trouver quelqu’un qui puisse ouvrir les portes pour rentrer. Moi, j’ai fait deux mois, Jérôme six, j’ai ouvert les portes pour que Jérôme puisse entrer.

Ça faisait combien de temps que tu n’étais pas retourné à Abidjan ? Comment ça s’est passé ?

Ça faisait environ 10 ans. J’avais les contacts des gens qui venaient sur la scène à Paris mais ce n’était pas suffisant. Il fallait trouver des gens implantés en Côte d’Ivoire. D’abord j’ai pris contact là-bas avec mes frères et des amis qui sont restés. J’ai vite découvert que beaucoup de mes copains sont tombés dedans, parce qu’avec la guerre civile ils n’avaient rien à faire, ils traînaient….. Quand je suis arrivé je les ai appelés, et voilà, on m’a ouvert les fumoirs.

Comment ça s’est passé avec les autorités ?

MdM avait des contacts grâce à la coordinatrice qui travaille sur place. Ensuite, On a pratiqué une forte pression sur les responsables de la santé et de la lutte contre le sida pour les convaincre de nous laisser aller voir ce qui se passait dans les fumoirs. On est arrivé avec du matériel de détection du VIH, de la tuberculose, etc. Ça c’était l’argument principal, qui passait partout…Du coup ils nous ont mis en relation avec les chefs de quartier, des gens élus par la population de chaque quartier depuis la guerre civile. Une garantie pour ne pas être embêtés quand nous serions dans le fumoir.

Qu’est-ce qu’un « fumoir » ?

Ce sont des espaces ouverts complètement. Par exemple, le fumoir de Treichville [commune d’Abidjan, ndlr], l’un des plus grands, se trouve sur un bout de voie ferrée, même pas abandonné ! Certains ont été blessés par le train, trop foncedés. Ce fumoir regroupe à peu près 200 personnes, sur peut-être 500 mètres.

Qui vit là ?

Des hommes, des femmes… Il n’y a pas d’enfant à Treichville. Pour gagner de l’argent afin d’acheter le produit, les femmes se prostituent occasionnellement, les hommes font du business, du vol, etc. La dose de coke est à 2 100 francs CFA (environ 4 €) – une somme avec laquelle tu vas au restaurant –, ils appellent ça « paho ».

Et l’héro ?

Il y en a aussi, à peu près autant. Le prix, c’est pareil. Seulement ils ne l’injectent pas. Les seuls qui le faisaient, c’était les anciens qui revenaient de France.

Du coup, la question du SIDA… ?

On n’a pas trouvé beaucoup de cas, ni de tuberculose ou d’hépatite. On avait profité la situation pour faire des tests, avec l’accord des gens : peut-être 5 ou 10 personnes par ghetto. Les autres sont dans la précarité avec tous les problèmes associés, mais pas particulièrement malades.

Sais-tu s’il y a une forte prévalence du sida en Côte d’Ivoire en général ?

Je crois qu’on est à environ 3%, ce qui est assez peu par rapport à d’autres pays d’Afrique comme l’Afrique du Sud ou la Tanzanie par exemple.

Tu parlais de Treichville tout à l’heure, c’est un lieu de consommation et de vente uniquement ?

Non, les gens vivent là ! Malgré le train, ils ont construit des petites maisonnées avec des toits en tôle. Ils vivent là.

Et donc là-bas il n’y a pas d’enfants ?

Non, pas à Treichville. Mais il y en a dans d’autres fumoirs, comme celui de Marcori, dans un autre quartier. Il y a environ une centaine de résidents sous la protection d’un « Baba ».

Qu’est-ce qu’un « Baba » ?

Les Babas sont les chefs de fumoir. En Arabe, Baba veut dire « père » et là, c’est le même contexte : le gars est là comme un père, c’est lui qui amène les tox à l’hôpital, qui va les chercher…

Et les Babas, ils consomment ?

Normalement, les Babas ne sont pas consommateurs. Le Baba doit être bien sapé, avoir l’esprit clair et la tête dure, sinon les autres profitent de lui… Une fois, un gars nous a dit qu’il était le Baba, on s’est dit « c’est pas possible, c’est pas lui », il n’arrivait pas à nous expliquer, quand il parlait il n’arrêtait pas de piquer du nez… Et en fait, c’était vraiment lui. Mais celui-là, il va se faire allumer.

Comment devient-on Baba ?

Déjà, la force. Et les connections, les produits.

Comment ça se passe si un mec se ramène avec de la came dans le fumoir ?

Déjà, il énerve le Baba. Ils ont le monopole : le seul moyen d’amener du produit dans le fumoir, c’est de le vendre au Baba. Si tu le vends directement aux clients, tu vas avoir des problèmes.

Donc les tox ne se vendent pas des trucs entre eux ?

Si, mais ça doit rester discret, du dépannage, sinon ça va déplaire au Baba. Le Baba n’est pas là tout le temps, mais il a toujours quelqu’un qui surveille pour lui. Il faut savoir que le Baba, tu ne l’atteins pas comme ça : il faut prendre rendez-vous, gagner sa confiance. Il n’habite pas forcément dans le fumoir. Le premier qu’on a vu, on l’a rencontré dans une boîte de nuit, dans un autre quartier. En fait le Baba, c’est d’abord un dealer.

Et en même temps, tu disais qu’il s’occupe des gens ?

Oui, c’est ça qui est paradoxal : c’est lui qui les amène à l’hôpital, qui achète à manger, qui va les chercher à la police. S’ils sont décédés, c’est lui qui s’occupe de l’enterrement.

Et il connaît les familles

C’est comme ça en Afrique, on se connaît, on connaît toujours quelqu’un de ta famille.

Et les familles, comment elles sont avec les usagers ?

Elles les rejettent, personne ne veut les voir. Si tu es un drogué, tu ne peux plus rien faire. Que ce soit le gouvernement, la population, les professionnels de la santé… personne ne veut les voir. Il n’y a que les Babas qui s’en occupent.

Quand on a été voir les toxs, ils étaient tous étonnés de nous voir aussi relax, ils se demandaient « mais pourquoi venez-vous nous voir ? pourquoi voulez-vous vous préoccuper de nous ? ». En plus on n’était pas comme les chrétiens, on ne cherchait à convertir personne ; on n’arrivait pas avec des slogans comme « La drogue, c’est mal… », ce genre de choses.

Tu as consommé avec eux ?

On n’a pas voulu. On a vite compris que les Babas n’étaient pas trop cools et ceux qui fument, là-bas, sont mal considérés. Donc si tu veux garder une certaine crédibilité aux yeux du Baba, tu ne consommes pas devant eux. Par contre, on fumait souvent des joints avec les usagers pour les rassurer. On roulait ça vite et on fumait, histoire de montrer qu’on était comme eux, qu’on n’était pas des flics… Même si les flics fument aussi !

Parle moi des enfants.

Avec la guerre civile, beaucoup d’enfants sont devenus orphelins ou ont coupé les ponts avec leurs parents. Et finalement, c’est plus dangereux pour eux de vivre dans la rue que dans les fumoirs. Mais c’est à double tranchant : quelle éducation vont-ils avoir ? Physiquement, ils sont protégés : ils ne sont pas mis en esclavage, ils ne sont pas violés

Où trouve-t-on des fumoirs en Côte d’Ivoire ?

Mes amis sont allés à l’intérieur du territoire. Ils m’ont dit qu’à Yamoussoukro [la capitale politique ivoirienne, ndlr], il n’y en avait pas beaucoup, et jamais des très grands – 3 ou 4 personnes en général. A Bouaké et San Pedro, il y en a aussi, surtout à San Pedro où il y en a beaucoup parce que c’est un port, qu’il y a une grande prison et du tourisme dans cette zone.

À Abidjan, il y en a partout : dans chaque quartier – il y en a 10 à Abidjan, chacun correspondant à une des collines de la ville. Tu peux en trouver deux ou trois, généralement un grand avec plus d’une centaine de personnes, et deux ou trois plus petits, avec environ une cinquantaine de résidents.

Penses-tu qu’il y aurait possibilité de faire quelque chose pour aider les personnes sur place ?

Oui. Déjà, le gouvernement actuel semble avoir conscience du problème et pense à laisser la RdR s’installer dans le pays. Le problème pour moi, c’est qu’on a besoin d’une RdR adaptée, une « RdR communautaire », dans le sens où elle doit être adaptée aux réels besoins et aux pratiques des populations locales. On l’a bien vu quand on est arrivé avec une pipe à crack énorme : personne n’utilise ce genre de trucs là-bas ! Ils ont l’habitude des petites pipes pour des petites quantités. Il y a donc besoin d’études de terrain préalables pour identifier les besoins réels des usagers. Après, ça ne devrait pas être trop difficile à mettre en place. Il y a des gens qui nous ont demandé « Pourquoi les usagers de drogues et pas les orphelins de guerre ? ». Les toxicos, là-bas, passeront toujours en dernier parce qu’ils sont stigmatisés !

Les Babas ne risquent-ils pas de se mettre en travers de ce travail ?

En fait, les Babas ne seront pas contre, ça les arrangerait même car ils n’arrivent pas à tout contrôler. Quand quelqu’un a la tuberculose, le Baba ne peut pas faire grand-chose. Ce qu’il faut en Côte d’Ivoire, c’est une association qui éduque les gens à l’hygiène de base, qui les rassure aussi lorsqu’ils ont besoin d’aller à l’hôpital – car cela continue à faire peur à beaucoup d’usagers, en plus d’être très contraignant : les docteurs exigent que les patients soient bien habillés et lavés pour être acceptés dans l’hôpital, mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que pour ceux qui auraient le plus besoin de soin, il est impossible de se laver ! Il faut plus d’éducation mais aussi plus de possibilités d’accéder à l’hygiène : faire en sorte que chacun puisse accéder aux douches publiques qui existent à Abidjan, par exemple. Il faut leur dire quels sont leurs droits, quels sont leurs devoirs, les accompagner quand ils vont à l’hôpital… Il faut mettre tout ça en place, il y a plein de choses à faire.

Merci aux autorités ivoiriennes pour leur disponibilité et leur prise de conscience de l’importance de la gestion de l’’usage de psychotropes en Côte d’Ivoire.

La longue marche de l’antiprohibition

Speedy Gonzalez continue de nous informer sur les préparatifs de l’Ungass (Session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies) 20161, qui pourrait marquer le tout début de la fin de la prohibition des drogues. Il nous entraîne cette fois dans les arcanes des diverses commissions, conseils et autres offices, et nous présente les premières avancées sur la question. Suivons le guide !

Do you speak ONU ?3asud55 p27 ONU

  • ECOSOC : United Nations Economic and Social Council (Conseil Économique et Social des Nations Unies) ;
  • CND : Commission on Narcotic Drugs (Commission des Stupéfiants), mise en place en 1946 par l’ECOSOC dont elle dépend, elle est est constituée de 53 membres élus pour 4 ans parmi les pays de l’ONU. Le nombre de sièges est définis pour chacune des 6 régions de l’ONU ;
  • ICSH : Informal Civil Society Hearing (Audition Informelle de la Société Civile) ;
  • INCB : International Narcotics Control Board (Office International de Contrôle des StupéfiantsOICS), elle est chargée du contrôle de la bonne application des conventions sur les stupéfiants dans les pays signataires ;
  • OAS : Organisation of American States (Organisation des États AméricainsOEA) ;
  • ONUDC : United Nations Office on Drugs and Crime (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime organisé);
  • VNGOC : Vienna Non Governmental Organisations Committee on drugs (Comité de Vienne des ONG sur les drogues). Il vise à faciliter le rapprochement entre les ONG et les organisations de la société civiles (OSC) avec les organes de l’ONU du contrôle des drogues basés à Vienne (CND, ONUDC, INCB). Asud en fait désormais partie tout comme 129 ONG de 53 pays.

Objectif UNGASS 2016

On comprend donc que tout cela se fait en plusieurs temps et l’IDPC2 appelle à être vigilant dans tous ces débats. D’abord, en changeant l’expression « le problème mondial de la drogue » par « les problèmes associés aux marchés des drogues illicites et leur contrôle », qui oriente davantage le problème sur la prohibition plutôt que sur les produits. Il faut aussi intervenir là où on le peut comme au VNGOC, ou dans les instances où les ONG n’ont pas de voix par le biais de l’Onusida ou de l’OMS.

Avant d’aller plus loin, petit retour en arrière : à l’Onu, on a assisté depuis 1970 à la mise en place des trois conventions sur les stupéfiants toujours en vigueur qui n’ont fait que renforcer la situation d’interdiction. Avec elles, les gouvernements croyaient encore qu’ils allaient gagner cette guerre. On s’est voilé la face et l’escalade de la répression a continué. Arrive ainsi 1998 et la dernière Ungass en date sur les drogues qui, comme les précédentes, prolonge sans sourciller la prohibition malgré des résultats déjà catastrophiques. L’épidémie de VIH, « la lèpre du XXe siècle », va pourtant changer quelque peu la donne en forçant les pays, y compris le plus prohibitionnistes comme la France, à appliquer enfin des politiques de RdR… En 2009, malgré une situation internationale désormais hors de contrôle avec notamment le Mexique et l’Afghanistan qui s’enfoncent dans la guerre à la drogue, l’Onu se fixe comme objectif l’élimination ou la réduction significative de l’usage de drogues, de l’offre et de la demande d’ici 2019 !! On semble encore croire au Père Noël en fixant un sempiternel plan d’actions sur la coopération internationale pour lutter contre « ce fléau »

Certainement échaudés par les échecs patents de ceux qui l’ont précédé, les États membres vont cependant décider d’évaluer aussi l’application de ce plan lors d’un Débat de haut niveau, qui devait se tenir avant la CND de 2014. Autres recommandations : que l’ECOSOC consacre l’un de ses Débats de haut niveau à un thème lié au problème des drogues et que l’Assemblée générale elle-même tienne une nouvelle session spéciale sur ce sujet. Initialement prévue en 2019, cette Ungass a finalement été avancée à 2016, suite à la demande de 3 pays (Mexique, Colombie et Guatemala), soutenue par 95 autres États membres lors de l’Assemblée générale de l’Onu. Porté par des États d’Amérique du Sud, ce mouvement a commencé en 2012 dans le cadre de l’Organisation des États américains (OEA), en particulier avec la rédaction du rapport Le problème des drogues sur le continent américain publié en mai 2013, que nous avons déjà présenté brièvement dans le nº54 d’Asud-Journal.

Une longue marche

Concernant le VNGOC, les premiers débats ont permis de faire apparaître des précisions intéressantes, notamment sur le fait que les conventions pourraient être assez souples pour permettre le développement de politiques innovantes centrées sur la santé des personnes. Et que tout est une question d’interprétation des textes et d’application des conventions de la part des États membres. On y a également affirmé que ceux-ci sont maîtres de leurs choix dans la manière d’appliquer ces fameuses conventions. Bien que nous restons encore dans un contexte de contrôle des drogues, on y parle moins de répression et davantage de droits de l’Homme. Les conventions ne doivent plus être un carcan et laisser aux États une certaine marge de manœuvre. Hier les Pays-Bas, aujourd’hui l’Uruguay et l’Équateur, l’ont bien compris !

Mais prière de laisser l’euphorie au vestiaire ! Nous ne sommes qu’au tout début de ce processus qui, bien sûr, sera une véritable Longue Marche longue marche4. Il suffit pour cela de voir les questions abordées lors du HLS des 13 et 14 mars 2014, où les bulldozers de la prohibition genre OICS, CND et autre ONUDC ont à nouveau demandé la « réduction de la demande, de l’usage illicite de drogues et de la toxicomanie… », la « coopération internationale pour l’éradication de cultures illicites destinées à la production de stupéfiants et de substances psychotropes… », et une « lutte contre le blanchiment d’argent et promotion de la coopération judiciaire ». Que ceci soit plus facile si on en finissait avec la prohibition ne les effleure pas encore, du moins officiellement !

Suite au prochain numéro, en restant raisonnablement optimiste car le vaisseau de la prohibition fait eau de toute part… !

asud55 p28 26 juin journée antidrogue


Notes :

1/  Voir l’article « Abattre le mur de la prohibition par le speedé de service, Asud-Journal n°54.
2/ International Drug Policy Consortium : cf. note 1.
3/  Merci à Marie Debrus, présidente de l’AFR, qui nous a éclairés sur toute cette question à son retour de la 57e session de la commission internationale des stupéfiants en mars 2014 !
4/  Mao fut forcé à une retraite longue et coûteuse en hommes devant la poussée des forces nationalistes avant de pouvoir contre-attaquer, victorieusement cette fois.

Un rapport propose de reprendre le contrôle sur les drogues en les légalisant

La Global Commission on Drug Policy, composée de dirigeants et ex-dirigeants mondiaux, réitère dans ce 4ème  rapport la nécessité d’envisager une régulation du marché des drogues, les alternatives à l’incarcération, de mettre davantage l’accentsur ​​les approchesde santé publique.

Le Rapport fait sept recommandations principales :

  1. Allouer les ressources consacrés au répressif au profit d’interventions sanitaires et sociales éprouvées.
  2. Mettre sur le marché les analgésiques à base d’opiacés.
  3. Décriminaliser l’usage simple ou la possession pour sa propre consommation.
  4. Repenser les alternatives à l’incarcération pour les délits non violents et « du bas de l’échelle » du trafic.
  5. Réduire le pouvoir des organisations criminelles qui causent violence et insécurité dues à la concurrence.
  6. Permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés, en commençant, par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives.
  7. Profiter de l’occasion offerte par la SEAGNU (session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies) de 2016 pour réformer le régime mondial des politiques en matière de drogues.

Sous l’impulsion du dernier rapport produit en mai 2013 par l’Organisation des États américains, qui comprenait la légalisation comme une alternative possible, et la loi de légalisation du cannabis voté fin 2013 en Uruguay, les Nations Unies ont instigué l’organisation de la SEAGNU sur les drogues qui aura lieu en 2016. La Global Commission souhaite que cette échéance puisse être l’opportunité d’un changement de cap, en instaurant les bases d’un nouveau régime de contrôle des drogues pour le 21eme siècle.

De leur côté 4 associations francophones, l’AFR et la FA pour la France, le GREA pour la Suisse et la Fedito Bxl pour la Belgique, vous proposent de prendre connaissance :

Vidéo de la conférence de presse de lancement à New-York animée par en présence des anciens prédidents Fernando Henrique Cardoso (Brésil), Ernesto Zedillo (Mexique), César Gaviria (Colombie), Ruth Dreifuss (Suisse) et aussi de Richard Branson (PDG de Virgin).

Dans les médias

SIDA 2018 : Dénoncez la tenue de la conférence internationale dans un pays qui refuse les personnes concernées ?

INPUD, l’association internationale des usagers de drogues, s’inquiète que la conférence internationale sur le sida de 2018 n’ait encore lieu aux Etats-Unis, un pays dans lequel il est difficile voire impossible d’entrer pour les usagers de drogues et les travailleurs du sexe.

INPUD est à la recherche de soutien associatif pour cette lettre, mais accepte également les mentions individuelles. Si vous souhaitez soutneir le courrier ci-dessous, envoyez votre nom, celui de votre association et votre fonction à: eliotalbers@inpud.net (cc. communications@nswp.orginfo@inpud.netavant le lundi 26 mai 2014 09:00 UTC.

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Le courrier

Prof. Françoise Barré-Sinoussi, IAS President
Dr. Chris Beyrer, IAS President-Elect & International Chair of Conference Coordinating Committee
Mr. Bernard Kadasia, IAS Acting Executive Director
International AIDS Society Governing Council and Secretariat
International AIDS Society HQ
Avenue de France 23
CH-1202 Geneva
Switzerland

26 mai 2014

Madame, Monsieur,

Nous vous écrivons en tant que réseaux mondiaux représentant les usagers de drogues et les travailleuses du sexe (hommes, femmes et trans), ainsi que nos soutiens et alliés, afin d’exprimer notre grande consternation que San Francisco soit parmi les villes citées dans la liste de celles censées accueillir la Conférence internationale sur le sida de 2018.

Comme vous en êtes sans doute plus que conscient, pour qu’une ville se qualifie comme hôte pour une conférence internationale sur le sida, elle doit être dans un pays qui n’a pas de barrières légales à l’entrée, au séjour ou à la résidence des personnes vivant avec le VIH. Bien que les États-Unis répondent en effet aux critères vitaux d’admissibilité, ayant en 2009 renversé les obstacles juridiques existant antérieurement, nous estimons que la tenue de la conférence aux États-Unis serait une flagrante mauvaise décision.

Les travailleuses du sexe et les usagers de drogues, deux des populations clés les plus touchées par l’épidémie de VIH font face à des obstacles juridiques, rigoureusement appliqués et considérables, pour entrer aux États- Unis. En outre, tandis que les États-Unis ont fait d’énormes contributions à la lutte contre l’épidémie, ils ont encore en place une interdiction fédérale sur l’achat de fournitures pour les programmes d’échange de seringues, à l’échelle nationale et dans ses programmes à l’étranger, et exige que les bénéficiaires de fonds fédéraux signent le fameux « pacte anti -prostitution». Ces deux textes de loi posent de graves obstacles structurels à l’élaboration de programmes efficaces de prévention du VIH parmi les travailleuses du sexe et les usagers de drogues injectables.

Nous sommes franchement abasourdis, et nous ne pensons pas qu’il soit exagéré de dire, insultés, quand peu de temps après la conférence de Washington IAC 2012, dont le slogan « Pas de travailleuses du sexe, pas d’usagers de drogues, pas d’IAC  » a été largement entendu comme le résultat de l’exclusion systémique des membres internationaux de ces communautés de prendre part à la conférence, pour que le retour des États-Unis soit encore envisagé.

Les leçons de la conférence de Washington n’ont manifestement pas été tirées et les préoccupations exprimées par les membres de la communauté des usagers de drogue et des travailleuses du sexe ont été ignorées. Si la conférence 2018 se déroule à San Francisco, nous verrons à nouveau une conférence dont les voix de deux des communautés les plus durement touchées par l’épidémie faire défaut. Ceci défie, et moque l’engagement souvent exprimé d’assurer l’intégration et la participation significative de toutes les principales populations affectées. Une telle décision enverrait le signal qu’en dépit de la preuve épidémiologique que les environnements juridiques répressifs, la criminalisation, la stigmatisation et d’autres facteurs structurels font en sorte que les travailleuses du sexe et les usagers de drogues, en particulier les usagers de drogues injectables, sont massivement touchés de manière disproportionnée par l’épidémie ; que nos voix n’ont pas d’importance et qu’elles ne sont pas voulues dans cette plate-forme internationale prééminente pour l’échange des opinions, et pour fournir un leadership dans la lutte contre l’épidémie.

À la lumière de ces faits, nous vous supplions de ne pas, une fois de plus, discréditer la Conférence internationale sur le sida en la tenant dans un pays où les membres de deux des principales populations touchées seront incapables de gagner l’entrée en toute sécurité. Nous vous exhortons à prouver votre engagement concret pour le thème de la conférence de cette année « Plus personne laissé derrière », et de tenir la conférence 2018 dans un pays qui ne place pas d’obstacles systémiques à la participation significative des membres de toutes les communautés touchées.

En conclusion, nous vous demandons de vous engager à ne pas tenir la conférence internationale aux États-Unis jusqu’à ce qu’ils aient abrogé les barrières restrictives sur le droit d’entrer, de rester et de séjourner pour les personnes qui utilisent des drogues et les travailleuses du sexe, et jusqu’à ce que soit abrogé l’interdiction fédérale sur les programmes d’échange de seringues et que le « pacte anti-prostitution » soit retiré de ses conditions de financement.

Levez-vous en solidarité avec les travailleuses du sexe et les personnes qui utilisent des drogues et dites non à San Francisco en 2018.

Cordialement,

Dr Eliot Ross Albers, Phd
Executive Director
International Network of People who Use Drugs (INPUD)

Ruth Morgan Thomas
Global Coordinator
The Global Network of Sex Work Projects (NSWP)

2nde Conférence européenne de réduction des risques

Appel à contribution jusqu’au 6 novembre.

Vous avez jusqu’au 6 novembre pour soumettre vos idées de thèmes ou de présentation en renvoyant le formulaire téléchargeable ici par e-mail à maria.phelan@ihra.net.

Trois ans après la 1ère conférence Européenne de RdR à Marseille organisée par l’AFR pour EuroHRN, cette 2nde conférence qui aura lieu du 7 au 9 mai 2014 à Bâle sera l’occasion de promouvoir le thème de la réduction des risques, en Suisse et dans les pays européens, ainsi que de renforcer la coopération entre les acteurs concernés.

La conférence est organisée par l’EuroHRN (Réseau européen de RdR) et le gouvernement suisse.

ASUD a été sollicité par ses partenaires suisse Infodrog et le GREA pour faire partie du comité d’organisation de cette conférence.

Abattre le mur de la prohibition

Speedy Gonzalez  nous entraîne pour un petit tour d’horizon de la planète parti à l’assaut de ce mur plus sanglant que celui de Berlin à travers les liens de différentes natures qu’ASUD a tissé avec des organisations comme INPUD, CORRELATION, IDPC…. Mais l’enjeu ultime est d’être prêt pour l’UNGASS 2016 (l’Assemblée Générale des Nations Unies) qui va devoir réexaminer le bien fondé de la politique sur les drogues suivie depuis 1970.

De droite ou de gauche, le gouvernement français peut toujours se rassurer en pensant qu’un sujet comme l’urgence de mettre fin à la guerre aux drogues, donc à la prohibition, n’intéresse que des utopistes post soixante-huitards et que notre bonne vieille loi de 1970 tient toujours la route… Mais en quittant notre pays, on se rend compte qu’il est chaque fois plus isolé, campant sur sa position : ne rien changer, comme sur le cannabis1, ne pas aller de l’avant, comme avec la lamentable affaire de la salle de consommation à moindres risques de la gare du Nord qui a ridiculisé la France ! Il pense sans doute qu’avec ce mélange de RdR et de répression2, les drogues et leur consommation resteront contrôlables, sans crainte de dérives sécuritaires et sanitaires. On le sait, il n’en est rien et à l’étranger, les choses bougent à grande vitesse.

Une plus grande indépendance vis-à-vis des USA

asud-journal-54 USA cannabisIntitulé Le problème des drogues sur le continent américain, le rapport 2013 du secrétariat de l’Organisation des États américains (OEA) illustre parfaitement ce changement de mentalité au niveau mondial, qui se traduit par de nouvelles approches partant toujours d’un sévère constat sur les résultats obtenus jusqu’à présent. Les États du continent américain ont décidé de ne pas continuer à monter l’escalier de la répression en suivant l’exemple des USA comme ils avaient toujours fait. Ils ouvrent le débat sans parti pris idéologique ni moral, et utilisent comme élément d’analyse des faits scientifiques, des informations objectives émanant d’acteurs de terrain sur la réalité de la prohibition. Selon ce rapport, « des leaders politiques du continent, des ex-chefs d’État, des universitaires et des représentants de la société civile, préoccupés par l’impact de la violence reliée aux drogues ainsi que par le flux continu de drogues dans la région, ont promu l’adoption de politiques orientées à réduire l’importance de la justice pénale dans le contrôle de celles-ci ». Une attitude renforcée par une plus grande indépendance politique en général et sur les drogues en particulier des gouvernements latinos vis-à-vis des USA. Mais aussi par le fait que le gouvernement d’Obama semble louvoyer sur cette question, navigant à vue dans un pays dont 21 États ont légalisé le cannabis thérapeutique, 3 l’usage récréatif. Les USA semblent de moins en moins enclins à jouer, comme par le passé, la carte répressive mondiale avec la DEA. Personne ne croit plus pouvoir gagner cette guerre par la répression. Le mirage d’un monde sans drogue prédit en 1971 par Nixon pour l’an 2000 s’est évanoui depuis longtemps, et Obama voit bien que le mur de la prohibition commence à se fendiller grave…

« Nothing about us without us »

Mais le mouvement antiprohibitionniste vient surtout de mouvements d’UD comme Asud, qui ont senti la nécessité de s’appuyer sur des réseaux internationaux pour mieux se faire entendre. Avec sa déclinaison européenne (EuroNpud), l’International Network of Persons who Use Drugs (Inpud), dont Asud est un membre historique, défend le respect des droits de l’homme pour les usagers de substances dans les instances internationales. Animant des campagnes, participant à de nombreuses conférences internationales, aidant à se rapprocher pour créer une véritable représentation mondiale des usagers de drogues qui soit reconnue comme acteur indispensable, Inpud a permis de tisser des liens avec des organisations qui agissent davantage au niveau social et sanitaire sans pour autant oublier le volet politique. Grâce à son réseau de contacts, Inpud permet donc de se positionner sur le terrain de la santé publique, par exemple sur le VIH comme lors de la récente consultation d’experts « Changing the Game » au siège de l’Onusida à Genève, où Asud était le seul représentant du « groupe cible »2 des UD. On  a donc  pu y réaffirmer entre autre que la prohibition plombe tous les problèmes concernant le VIH. Par exemple la prévention et le financement avec 9/10ème des dépenses qui sont faites dans la répression des drogues et 1/10ème dans la prévention. La collecte d’informations est aussi touchée avec les dérèglements statistiques qu’entrainent les législations répressives sur ces dernières3. ASUD a pu aussi y réclamer que l’ONUSIDA et l’OMS reprennent leur place de 1er plan dans le débat sur les drogues afin que leur avis scientifique s’impose enfin….

Car si la sécurité de tous est malmenée, voire violée, la santé est aussi menacée. Des organisations européennes comme Correlation (European Network, Social Inclusion & Health), qui fut en partie créée par l’UE grâce à son programme d’action communautaire dans le domaine de la santé publique, érigent des ponts avec les associations d’usagers pour changer les politiques des drogues et lutter contre l’exclusion sociale. Correlation plaide, présente de nouveaux guides de bonnes pratiques de RdR communs à tous les pays et monte des programmes de formation de professionnels en collaboration avec des mouvements d’UD européens, qui peuvent utiliser cette plateforme sanitaire et sociale pour affirmer le fameux slogan popularisé par Inpud : « Nothing about us without us ! » (« Rien sur nous sans nous ! »).

Dans ces actions, INPUD et les organisations qui l’a compose, peuvent dénoncer les barrières que présente la prohibition et qui rendent difficile de faire de la bonne prévention et de la RDR sur un produit illégal. Pour la France cela se traduit par l’absence de salles de Conso, de programmes d’héroïne médicalisée et d’échanges de seringues en prison et surtout, par le nombre d’UD arrêtés et emprisonnés pour simple usage de drogue qui ne cesse d’augmenter4!

Un rendez-vous historique

C’est bien pour cela que  le rendez-vous de l’UNGASS 2016 (l’Assemblée générale des Nations unies) à New York occupe désormais tous les esprits. Avec l’IDPC (International Drug Policy Consortium) qui est « un réseau mondial d’ONG et de professionnels réunis pour promouvoir un débat ouvert et objectif sur la politique des drogues au niveau national et international » auquel appartient ASUD et qui soutient « des politiques efficaces pour réduire les méfaits liés aux drogues ». Les assos anti-prohibitionnistes se positionnent pour se rendez-vous historique de cette Assemblée Générale de l’ONU en 2016. Mais sa préparation a déjà commencé et 2014 est très importante. Jusqu’à présent, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et la Commission des stupéfiants (CND), les 3 organismes chargés de la surveillance de l’application et du respect des conventions Internationales, imposaient leur vision belliciste dans tous les documents de travail pour préparer l’assemblée générale. Ces dernières années, l’IDPC a su tisser un réseau à l’ONU pour faire du lobbying en faveur d’un changement de cap sur les politiques de drogues, avec des assos, des ONG, des organismes et surtout, des gouvernements sensibles à ces changements comme ceux d’Amérique latine, certains d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, d’Europe (Suisse, Portugal, Finlande…). L’IDPC alerte quotidiennement sur les réseaux sociaux de l’évolution politique, sécuritaire et sanitaire de cette question, appelant et aidant toutes les structures et assos à entrer avec lui dans les comités de l’ONU, comme le Comité de Vienne des ONG (VNGOC, qui était jusqu’à présent lui aussi constitué d’ONG favorables à la prohibition) afin de rééquilibrer sa composition (un comité de l’ONU n’est que la somme des entités qui le composent). Son mandat : assurer que la société civile fasse entendre sa voix comme par exemple à la prochaine réunion de la CND du 13 au 21 mars à Vienne, qui prépare les documents pour l’Ungass 2016. La route est encore longue mais on avance….


1/ Rien ne bouge en France, la seule timide avancée fut le Sativex® qui sortira en 2015 sur le marché, un spray peu dosé en cannabis uniquement réservé aux patients atteint de sclérose en plaque et qui fut en plus adopté à l’arrache sous pression de l’Union Européenne doublée d’une plainte déposée devant le Conseil d’Etat par son distributeur dans 17 autres pays…

2/ Groupes dont les membres sont particulièrement concernés par le VIH en Europe : les MSM (Men who have sex with Men) le principal avec 50% des nouvelles infections, les hétérosexuels avec 23%, les  migrants subsahariens (13%), les UD avec 5% seulement,  les Sex Workers , les transgenres… (Sources ECDC et Bureau Régional OMS pour l’Europe, 2012.)

3/ En Hongrie, membre de l’U.E., les médecins ont l’obligation d’informer la police de l’identité d’un patient  lors de la découverte de sa séropositivité quand celui-ci se présente ou est identifié, comme usager de drogues !!

4/ Depuis 2010, 135.447 personnes ont été arrêtés et 1747 ont été mises en prison pour simple usage de drogues . Ce « délit » représente plus de 80% des arrestations liées aux questions de drogues (trafics…) et 90% de toutes les arrestations pour usage concernent exclusivement le cannabis ! (Sources : Obradovic 2010, OFDT 2012a et Ministère de la Justice et des libertés 2011 dans l’Alerte de l’IDPC.)

Réunion publique : Il est temps d’en finir avec la guerre à la drogue !

A l’occasion de la publication en français du troisième rapport de la Commission globale de politique en matière de drogues, l’AFR, MdM, ASUD, FA et le GREA vous invitent à une réunion publique avec 2 de ses membres fancophones : Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine.

  • Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération suisse et Conseillère fédérale responsable du Département fédéral de l’Intérieur.
  • Michel Kazatchkine, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la lutte contre le sida en Europe de l’Est et en Asie centrale, ancien directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria.

la Commission mondiale des politiques en matière de drogues

Composée d’anciens responsables politiques de haut niveau, de scientifiques et de personnalités, la Commission globale de politique en matière de drogues vise à ouvrir un débat éclairé et scientifique, au niveau international, sur des moyens humains et efficaces de réduire les préjudices causés par les drogues aux personnes et aux sociétés. Elle a pour objectif de :

  • Examiner les fondements idéologiques, l’efficacité et les conséquences de l’approche de la «guerre contre la drogue»
  • Évaluer les risques et les avantages des différentes approches face aux drogues mises en œuvre au niveau national
  • Formuler des recommandations factuelles pour réformer d’une façon constructive les lois et les pratiques sur les drogues

La Commission a produit 3 rapports :

La guerre aux drogues. Rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues (juin 2011) La guerre aux drogues face au VIH/sida. Comment la criminalisation de l’usage de drogues aggrave la pandémie mondiale (juin 2012) L’impact négatif de « la guerre contre la drogue » sur la santé publique. L’épidémie cachée d’hépatite C (juin 2013)

Infos pratiques

Mardi 22 octobre 2013 – 20h30
Lieu : MdM – 62, rue Marcadet – 75018 PARIS

l’évènement sur facebook

Evènement gratuit, entrée libre

« IL EST TEMPS D’EN FINIR AVEC LA GUERRE AUX DROGUES ! »

Manifestation : Soutenez. Ne punissez pas

Rendez-vous le 26 juin à 18h30
Place du Trocadéro à Paris sur le
Parvis
des Libertés et Droits de l’Homme
pour une photo symbolique

L’AFR, qui organise l’évènement, fournira les T-shirts et les masques de Richard Nixon nécessaires à cette mobilisation internationale.

«Soutenez. Ne punissez pas » est une campagne appelant à une réforme des politiques gouvernementales en matière de drogues. La campagne a été développée par le Consortium International sur les Politiques des Drogues, le Réseau International des Usagers de Drogues (INPUD), Réduction des Risques International (HRI) et l’Alliance Internationale sur le VIH/sida.

Pourquoi le 26 Juin?

Le 26 Juin est la Journée Internationale contre l’Abus de Drogues et le Trafic Illicite, mais aussi (paradoxalement) la Journée Internationale de Soutien aux Victimes de Torture. Tandis que les pays les plus répressifs « fêtent » ce jour par des condamnations voire des exécutions de consommateurs ou de trafiquants de drogues, les autres perpétuent à leur manière la guerre à la drogue, cette guerre contre leurs propres citoyens. L’IDPC et ses partenaires proposent de se rapproprier cette journée en dénonçant les atteintes faites aux consommateurs de drogues.

Pourquoi en France aussi ?

Bien que la France aie une politique de santé globalement favorable au usagers de drogues de nombreuses ombres demeurent au tableau. Des milliers de personnes sont incarcérées pour le simple usage de stupéfiant, la tolérance zéro exacerbe la violence liées au trafic de drogues, en prison les droits à la santé des usagers de drogues ne sont pas respectés, l’opinion publique et les médias continue de stigmatiser les consommateurs de drogues, le soutien aux programmes de réduction des risques diminue, etc. Les témoignages recueillis dernièrement par l’AFR sont éloquents.

Pourquoi Richard Nixon ?

Il y a environ 40 ans, le président américain Richard Nixon a lancé une « guerre contre la drogue » et a été le premier homme politique à mettre en avant ce concept. Cette « guerre » a résulté en un système répressif mondial, de hauts taux d’incarcération, une approche punitive vis-à-vis des usagers de drogues, et a été utilisée pour justifier des exécutions extrajudiciaires, l’usage de la torture et de traitement forcé, etc.

Ce que nous défendons

Les gouvernements y compris en France doivent réformer les lois sur la drogue et les politiques qui imposent des sanctions sévères à l’encontre des usagers de drogues.

Cette approche punitive n’a pas réussi à réduire les niveaux de consommation de drogues, mais a au contraire augmenté les problèmes de stigmatisation et de discrimination, entravant ainsi l’accès aux services de prévention, de traitement et de soins qui sont essentiels pour sauver des vies et réduire la propagation du VIH. Pénaliser et incarcérer les usagers de drogues détruit des vies et anéantit les efforts de prévention du VIH, du VHC, des overdoses, etc.

Colloque : les perspectives de la politique européenne de régulation des drogues

Présentation

Le régime de contrôle des drogues mis en place par la communauté internationale n’a pas réussi à atténuer la demande ni l’offre de stupéfiants. L’efficacité des quelques politiques anti-prohibitionnistes est souvent éclipsée par les discours politiques enflammés, et la pénalisation de l’usage de drogues a discrédité toute tentative d’exprimer la préoccupation des usagers de drogues. Néanmoins, une convergence progressive des politiques en Europe révèle l’émergence d’un modèle de stratégies de santé publique favorisant une approche pas uniquement pénale.

En outre, il existe un engouement croissant et transnational pour la légalisation des drogues. Les acteurs de ces mouvements développent diverses stratégies pour défier l’interdiction mondiale allant des campagnes de sensibilisation au plaidoyer en passant par la proposition de modèles pour la régulation des drogues.

Le colloque examinera ces discours alternatifs à la lumière de la politique internationale des drogues. Pour ce faire, nous dresserons un état des lieux mondial du système de contrôle des drogues dans une perspective européenne, une cartographie des acteurs transnationaux favorisant les changements de politique en Europe, et évaluerons la crédibilité et leur impact sur les institutions européennes et internationale.

Harm Reduction International Conference 2013 : Les Valeurs de la RdR

Conférence | du 9 au 12 juin 2013 à Vilnius (Lituanie)

Harm Reduction International a le plaisir de vous inviter à l’International Harm Reduction Conference 2013. Cette conférence internationale est un événement incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la réduction des risques à travers le monde. La conférence 2013 proposera des interventions de haut niveau, des séances plénières, des ateliers, un festival de films, une exposition d’affiches, un espace de dialogue, des événements en langue russe… La langue principale de la conférence sera l’anglais, mais une traduction simultanée sera assurée en russe dans toutes les salles plénières.

Thème de la conférence

Le thème de la conférence 2013 est «Les valeurs de réduction des risques». Le thème appelle à la nécessité urgente de fournir suffisamment de soutien politique et financier à la lutte contre l’épidémie du VIH liée à la consommation de drogues dans de nombreuses régions du monde, ainsi que le fondement éthique de la philosophie de la réduction des risques.

l’Eurasie en avant

La région eurasienne, comprenant l’Europe centrale et orientale et l’Asie centrale, est le foyer de plus de 3,7 millions de personnes qui s’injectent des drogues, ce qui représente près d’un quart des personnes qui s’injectent dans le monde entier. La consommation de drogues injectables est le moteur de l’épidémie de VIH dans la plupart des pays en Eurasie, où environ un million de personnes qui s’injectent vivent avec le VIH. Outre le VIH, les personnes qui s’injectent des drogues dans cette région ont une prévalence extrêmement élevée de l’hépatite C et un taux élevé de surdose qui est la principale cause de décès chez les usagers d’opiacés dans de nombreux pays d’Europe de l’Est et en Asie centrale.

Harm Reduction 2013 mettra l’accent sur ​​les questions clés qui touchent la région eurasienne, y compris le retrait des bailleurs de fonds, le manque de financement des gouvernements nationaux pour la réduction des méfaits, l’influence de l’application des lois répressives et des violations des droits de l’homme qui ont lieu actuellement dans les pays de l’Eurasie.

Plus d’information

Programmes, appels à contribution, informations pratiques, etc. sur http://www.ihra.net/conference

L’impact négatif de la “guerre contre la drogue” sur l’épidémie d’hépatite C

Ce matin à Genève, la Commission globale de politique en matière de drogues vient de lancer son rapport sur « L’impact négatif de la guerre contre les drogues sur la santé publique : l’épidémie cachée d’hépatite C ».

Kofi Annan, Javier Solana, sept anciens présidents, Richard Branson (fondateur du Groupe Virgin), Georges Schultz (ancien secrétaire d’état américain).. Voici quelques-uns des commissaires qui lancent un message fort dans ce rapport : la criminalisation de l’usage de drogues alimente l’épidémie d’hépatite C, véritable bombe virale à retardement.

Les chiffres fournis dans ce rapport sont frappants : parmi les 16 millions de personnes qui utilisent des drogues injectables dans le monde, on estime que 10 millions d’entre eux vivent avec l’hépatite C. Le taux d’infection est plus élevé dans les pays avec des lois les plus répressives et une politique restrictive sur les mesures de réduction des risques. Ainsi en Russie ou en Thaïlande, 90% des personnes s’injectant des drogues auraient été contamines par l’hépatite C.

Ces chiffres pourraient d’ailleurs sous-estimer l’ampleur de l’épidémie réelle étant donné le manque de données et le fait que l’hépatite ne se déclare pas tout de suite après la contamination mais peut rester en sommeil plusieurs années.

Malgré cette réalité frappante et le fait que l’OMS a déclaré l’hépatite C comme une bombe virale à retardement, «L’hépatite C est une des maladies les plus négligées par les gouvernements à l’échelle internationale», selon le Pr. Michel Kazatchkine (vidéo ci-contre), membre de la Commission et Envoyé Spécial du Secrétaire général des Nations Unies sur le VIH/SIDA en Europe orientale et en Asie centrale.

Méconnaissance complète de la maladie et de ses dégâts si elle n’est pas détectée et traitée -même chez des consommateurs de drogue dans certains pays comme la Thaïlande, inexistence ou manque important de mesures de santé publique pour enrayer l’épidémie, de programmes de dépistage pour les publics à risque .. Le constat est accablant

Le rapport souligne la gravité et l’urgence de la situation

Le virus de l’hépatite C est trois fois plus répandu chez les usagers de drogue que le VIH. Ceci est certainement dû à sa prévalence mais aussi au fait que l’hépatite C est une maladie hautement infectieuse et facilement transmissible via un contact sanguin. Aux USA, entre 1999 and 2007, plus de personnes sont mortes à cause de l’hépatite C que du HIV alors qu’elle est «totalement évitable et curable », comme le dit Mme Ruth Dreifuss (vidéo ci-contre), membre de la Commission et ancienne Présidente de la Confédération suisse.

Les mesures de réduction des risques déjà bien connues comme les programmes d’échange de seringues et les traitements de substitution par opioïdes sont suffisantes pour enrayer cette épidémie (mais également celle du SIDA) si elles sont mises en œuvre sur une échelle suffisante. L’expérience écossaise que cite le rapport a fourni des preuves tangibles: grâce à leur politique de long terme, les écossais vont réussir à enrayer de manière significative les contaminations à moyen terme.

Les commissaires exigent également la fin de la guerre contre les drogues

Le rapport dénonce ainsi l’échec flagrant des politiques répressives qui n’ont pas permis la réduction de l’offre de drogues dans le monde : l’approvisionnement mondial des opiacés a augmenté de 380% ces 10 dernières années. Le rapport insiste également sur le fait que cette guerre a mené à l’incarcération à grande échelle des consommateurs de drogue, à leur stigmatisation. Elle a généré plus de violence et de violations des droits de l’homme mais a également été un désastre du point de vue social et de la santé publique. « La guerre contre la drogue est une guerre contre le bon sens et [cette épidémie] est une preuve additionnelle que le statu quo en matière de politique drogues a lamentablement échoué » comme le dit Mme Ruth Dreifuss.

Les Etats Unis ont ainsi par exemple dépensé (gâché ?!) 1 trillion de dollars US dans cette guerre contre la drogue et pourtant, ils sont aujourd’hui dans le trio de tête des pays qui ont le plus grand nombre de consommateurs de drogues injectables atteintes par l’hépatite C avec 1.5 millions de malades, après la Chine (1.6 millions) et avant la Russie (1.3 millions).

Ce rapport est le troisième que la Commission Globale sur la politique en matière de drogues publie. Son premier rapport de 2011 a catalysé un véritable débat mondial sur la nécessité de changer de politiques de drogue et de sortir du régime répressif. Espérons que celui-ci permettra une avancée vers une politique des drogues dans le monde plus humaine et basée sur les enjeux de santé publique et non sur la répression.

Comme le conclut le rapport :

“Le silence qui pesait sur les dégâts causés par la “guerre contre les drogues” a été brisé. Il y a maintenant un véritable élan vers l’adoption de réformes et le public commence à critiquer avec objectivité les politiques et pratiques existantes …. Action is needed now (nous devons agir maintenant)”

source : talkingdrugs.org

Dix questions à Michelle Alexander

ASUD : Comment expliquez-vous le succès de votre livre The New Jim Crow (pour mémoire 3 500 exemplaires à la première édition, puis 175 000 pour l’édition de poche)?

Michelle Alexander : La première édition date de la victoire de Barack Obama, un contexte où le choc émotionnel consécutif à l’élection du premier président noir a plongé notre pays dans la célébration du « post-racialisme », une soi-disant révolution américaine. Très peu de médias étaient prêts à s’intéresser à ce que j’appelle le nouveau système de caste en Amérique . Puis l’euphorie entourant l’élection a commencé à se dissiper. Les politiciens de tous bords – à commencer par les supporters de la guerre à la drogue1 – ont commencé à s’interroger sur le coût des énormes prisons d’État construites en pleine crise économique. On s’est aussi questionné sur les impôts payés par la classe moyenne. Alors, tout à coup, les gens ont commencé à parler ouvertement de l’incarcération de masse, ce qui a créé un climat favorable pour la seconde édition.

Le travail des groupes de pression fut également important. De nombreuses associations de terrain ont relayé le livre sur les réseaux sociaux, notamment les mouvements qui luttent contre l’incarcération de masse de notre jeunesse du fait de la guerre à la drogue. Ils ont fait la promotion du livre, encourageant tout le monde à le lire afin de mieux comprendre l’histoire de notre communauté – [les afro-américains] –. J’ai été en première ligne pour mesurer l’influence des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter et leur capacité à contraindre les gros diffuseurs d’information à s’intéresser à un sujet qu’ils avaient pour habitude d’ignorer. Des dizaines de milliers de gens ont lu des articles, regardé des vidéos, échangé des informations à propos du livre, sans aucune aide des grands médias. Ce sont eux qui ont obligé les institutions à prendre la question au sérieux puis à en faire un “mainstream”. Aujourd’hui, le livre figure dans toutes les bibliographies scolaires ou universitaires de nombreuses disciplines :“race”2, politique, science, droit, criminologie, sociologie. Tout cela montre que la jeune génération à pris conscience d’une réalité historique niée toutes ces dernières années.

Dans de nombreuses interviews vous expliquez avoir été longtemps peu perméable à la notion de guerre à la drogue malgré votre formation de juriste et votre militantisme en faveur des Droits Civiques. Pouvez vous nous résumer comment l’étude des statistiques criminelles vous a conduit à concevoir la théorie du New Jim Crow?

Les statistiques raciales3, et en particulier les excellents travaux menés par “the Sentencing project”4 m’ont permis d’écrire ce livre et de mettre en évidence le rôle majeur joué par le racisme dans la Guerre à la Drogue. A tous les niveaux du système judiciaire américain, les questions raciales interfèrent avec la répression, mais sans ces statistiques, peu de gens auraient su, voire auraient pu, connaître l’importance des dommages causés aux Noirs pauvres des États-Unis d’Amérique. Dans un contexte où la question raciale n’est jamais traité de façon honnête les statistiques raciales sont absolument déterminantes pour cerner le problème et éventuellement lui trouver des solutions. Il n’existe AUCUNE voie menant à l’égalité raciale, aux États-Unis ou n’importe ou ailleurs dans le monde, qui ne passe par le recueil d’informations sur l’impact des politiques et de pratiques judiciaires en matière de discrimination raciale.

ASUD52_Bdf_Page_23_Image_0002Avez- vous trouvé dans vos recherches la trace d’une délibération secrète de l’administration Nixon (ou même de Ronald – just say no – Reagan) qui stipule clairement le principe de l’élaboration de la Guerre à la drogue comme réponse coercitive à l’activisme des militants des droits civiques?

Il n’existe aucune preuve d’un plan secret de déclenchement de la Guerre à la drogue et de sa rhétorique de tolérance zéro (“get tough rethoric”) instrumentalisé au bénéfice de la haine raciale. Mais, de fait, cette stratégie n’a jamais été secrète. De nombreux historiens et des spécialistes en sciences politiques ont démontré qu’une telle croisade était au cœur de la stratégie mise en place avec succès par le parti Républicain. Ce plan, connu sous l’appellation de “Stratégie Sudiste”, consiste à utiliser des slogans sécuritaires tels que “soyez durs” (“get tough”), pour attirer le vote des pauvres de la classe ouvrière blanche, traumatisés par la marche des afro-américains pendant le mouvement des droits civiques. Les stratèges du parti républicain ont découvert que les promesses d’“être dur” contre “eux” – le “eux” restant volontairement flou – se révélait extrêmement payantes auprès des Blancs pauvres en les éloignant du vote démocrate. L’ancien directeur de campagne de Richard Nixon, H.R Haldeman a parlé de cette stratégie dans les termes suivants: “Le truc, c’est d’inventer un système qui mette en évidence un fait reconnu: tout le problème vient des noirs”.

Dont acte. Quelques années après l’annonce publique de la “ Guerre à la drogue”5, le crack a envahi les centres-villes où résident nos communautés. L’administration Reagan a surfé sur cette vague avec jubilation, en popularisant tous les stéréotypes médiatiques du genre : “bébé du crack”, “maman du crack”,” putes du crack”, et tout ce qui était lié à une forme de violence en lien avec la drogue. Le but était de focaliser l’attention des médias sur la consommation de crack des ghettos de centre-ville, en pensant pouvoir souder le public autour de la guerre à la drogue, une politique populaire, pour laquelle des millions de dollars étaient demandés au Congrès.

Le plan a parfaitement fonctionné. Pendant plus d’une décennie les toxicos et les dealers blacks ont fait la une de la presse et des journaux télé, changeant subrepticement l’image que nous avions du monde de la dope. Malgré le fait que depuis des décennies, toutes les statistiques montrent que les noirs ne vendent, ni ne consomment plus de drogues que les blancs, le public en est arrivé à associer la couleur noire avec les stupéfiants. A partir du moment ou dans cette guerre l’ennemi fut identifié, la vague de répression contre les noirs a pu se déployer. Le Congrès, les administrations d’États, toute la nation a pu mobiliser au service de la guerre à la drogue des milliards de dollars, et ordonner des incarcérations systématiques, des peines plus lourdes que celles encourues pas les auteurs de meurtres dans de nombreux pays. Et presque immédiatement, les Démocrates ont commencé à rivaliser avec les Républicains pour prouver qu’ils étaient aussi capables de “get tough” contre “eux”. Par exemple, c’est le président Bill Clinton qui a intensifié la Guerre à la drogue, bien au-delà de ce que ces prédécesseurs républicains n’avaient osé rêver. C’est l’administration Clinton qui a interdit aux auteurs de délits liés aux stupéfiants de bénéficier de toute aide fédérale, qui les a exclus des lycées, qui a promulgué des lois les excluant du logement social, jusqu’à les priver de l’aide alimentaire… à vie. Nombre de ces lois, qui constituent l’architecture de base du nouveau système de caste américain, ont été portées par une administration démocrate, désespérée de réussir à récupérer le vote des petits Blancs du Sud, ceux qui avaient été révulsés par le soutien démocrate au mouvement des Droits Civiques, et étaient partis ensuite chez Reagan.

Généralement l’usage de drogues est dénoncé comme le pire ennemi de la communauté noire et l’allié objectif de l’oppression exercé par l’“ homme blanc ». Vous avez inversé cette analyse en identifiant la Guerre à la drogue, et non pas l’usage des drogues, comme l’instrument qui maintenait les noirs dans le système de caste. Comment est-ce que la communauté “black” a compris ce message?

Bien que mon livre soit une critique de l’incapacité du mouvement des Droits Civils à faire de la guerre à la drogue une priorité, la communauté noire a été favorable au livre au-delà de mes espérances. Le directeur du NAACP6, Bem Jealous, a soutenu publiquement le livre en le qualifiant d’appel à la mobilisation, des comités locaux m’ont invité à parler dans tout le pays et ont organisé des débats pour relayer son message. L’ ACLU7 a également été très impliquée . J’ai reçu de nombreuses sollicitations de la part des députés du “Black Caucus”8 pour m’exprimer lors de sessions de formations et rencontré au Capitole de nombreux leaders noirs. Même si le livre n’a pas fait l’unanimité, j’ai reçu une majorité de soutien de la part de ma communauté.

ASUD52_Bdf_Page_24_Image_0001The new Jim Crow est un titre très parlant. Peut-on présenter les États-Unis comme un pays organisé par la “lutte des races”, en référence avec ce que Marx définit par la locution « lutte des classes » ?

Il est toujours dangereux de réduire un mouvement ayant le progrès social et la justice comme objectif, à des notions simplistes comme la race ou même les classes sociales, à fortiori s’il s’agit de définir le fonctionnement politique d’une nation. J’ai choisi le titre de “New Jim Crow” pour invalider l’idée que le système de caste américain appartiendrait au passé. J’ai voulu attirer l’attention du public sur une réalité : en dehors de toute nécessités d’ordre public, le système a balayé l’existence des millions de personnes – dont une écrasante majorité de gens de couleur – les a enfermés dans des cages, puis relégués à vie dans un statut de citoyens de seconde zone selon un modèle qui rappelle étrangement le système “Jim Crow” censé avoir disparu depuis longtemps.

Qu’est-ce qui a changé depuis la réélection d’Obama, et qu’attendez-vous de cette administration et que pensez de la notion de post- racialisme ?

Le New Jim Crow se porte très bien sous Obama. Quiconque prétend que notre pays a dépassé la question raciale, est soit un imbécile, soit un menteur. Heureusement nous avons accès à des statistiques ethniques qui renvoient les fantasmes post-raciaux au principe de réalité. Je n’attend pas autre chose du président Obama, que ce que nous attendions de la part des autres dirigeants. Si nous voulons que les choses changent nous devons nous organiser nous-même pour qu’elles changent. Imaginer qu’un politicien, fut-il président, va prendre le risque de toucher à cette machine, profondément imbriquée dans les rouages de notre système politique, économique et social, est une folie. Nous allons probablement avoir quelques petites “réformettes” (nous les aurions eu même de la part d’un président conservateur), mais le principe de l’incarcération de masse ne sera jamais remis en question sans qu’un puissant mouvement ne s’organise pour inverser la tendance.

Pensez-vous que la Guerre à la drogue conçue  par Nixon soit une stratégie mondiale ?

Non, mais les États-Unis semblent avoir l’habitude d’imposer leur manière de voir aux autres pays, et souvent en les impliquant dans des guerres.

ASUD52_Bdf_Page_26_Image_0001Saviez-vous que dans certains pays européens des minorités ethniques souffrent du même facteur discriminant lié à la mise en œuvre de la guerre à la drogue ( surtout en France, en Angleterre et aux Pays-Bas)?

Oui, mais aucun pays au monde ne possède des niveaux d’incarcération comparables à ceux des Etats-Unis. Et je doute que dans ces pays européens, les minorités connaissent une situation semblable à celle des afro-américains de sexe masculin qui vont presque tous faire l’expérience de la prison une fois dans leur vie. Il faut espérer que l’Europe apprenne de nos erreurs et ne tombe pas dans le piège de l’incarcération sur critères raciaux9.

Que pensez-vous des lois françaises qui interdisent toute référence à l’origine ethnique ou la couleur de peau dans les recherches, les statistiques et les documents officiels?

Ces lois sont inadmissibles et tout à fait choquantes. Elles ne sont pas autre chose que le soubassement d’une conspiration du silence, un déni national des inégalités raciales. Un politicien d’extrême droite, appelé Ward Connerly, a essayé de faire passer des lois identiques aux États-Unis afin que les organisations qui luttent pour les droits civils ne puissent plus mesurer le niveau de discrimination raciale, ou même évoquer le sujet avec des arguments rationnels. Heureusement cette lubie a été combattue avec succès. Il est étonnant qu’un pays comme la France, avec son passé esclavagiste, refuse d’étudier ce qui pénalise les groupes ethniques minoritaires sur le plan politique, législatif ou institutionnel. Il est possible que les Français aiment pouvoir se dire qu’ils n’ont aucun problème de discrimination raciale et que par conséquent ils n’ont pas besoin de statistiques dans ce domaine. Ou peut-être pensent-ils que rassembler de tels éléments va mettre le feu aux poudres. C’est le truc classique, également ici aux États-Unis, de penser qu’il vaut mieux ne pas savoir. Hélas , tout cela revient à déclarer: “ Nous sommes heureux d’être aveugles et sourds. Nous revendiquons le droit d’être ignorants, et peu importe la souffrance que cette ignorance peut causer à d’autres. »

13 fois

C’est la probabilité supérieure qu’ont les Noirs et les Latinos de
se faire condamner pour usage de cannabis par rapport aux fumeurs blancs, pourtant majoritaires, dans l’État de Washington aux USA.
Ce chiffre a été démontré début 2012 par des chercheurs de l’université de Seattle. Lors du référendum pour la légalisation du cannabis en novembre 2012, la lutte contre ce genre de discriminations était l’un des principaux arguments en faveur de cette mesure qui l’a finalement emporté.

Je me souviens quand la police des États-Unis affirmait que le contrôle au faciès n’existait pas. Ils disaient : “il existe peut-être quelques pommes pourries qui ciblent les gens selon des critères raciaux pour les brutaliser mais ce n’est sûrement pas un problème institutionnel.”

Les responsables policiers étaient absolument révoltés d’être même soupçonnés de discrimination. Puis, lorsqu’ils ont reçu l’ordre de recueillir systématiquement toute information sur le sujet, leur ton a brusquement changé. Les données ont montré – sans l’ombre d’un doute- que les gens de couleur étaient contrôlés, arrêtés, et écroués pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, dans des proportions incroyablement plus élevées que les Blancs. Confrontés à de telles statistiques, les responsables policiers ont fini par admettre que leurs services avaient un problème. Les discriminations raciales étaient tellement flagrantes d’un bout du pays à l’autre, que même Bill Clinton dû prendre la parole pour condamner les contrôles de police au faciès.

Aujourd’hui, tout le monde sait que ces contrôles sont systématiques et le débat se déplace de “est-ce-que ces pratiques existent ? ”, à “comment faire pour les arrêter ? ”. Rien de tout cela n’aurait été possible sans statistiques ethniques. C’est ce que la plupart des gens ne comprennent pas. Ces données ne sont pas seulement nécessaires pour cerner l’étendue du problème, elles sont indispensables pour élaborer des solutions efficaces. Les statistiques rendent possibles l’identification d’un matériel ultra-sensible : les pratiques institutionnelles en matière raciale. Où se situent les faiblesses, les failles ? Ces mêmes statistiques qui ont d’établir l’existence des contrôle au faciès, ont également été utilisées dans la conception de stratégies plus justes et plus humaines.

Dans ce domaine, le refus des statistiques peut être assimilé à un parti pris d’indifférence délibérée envers les inégalités raciales, choisie volontairement pour ne pas remédier à l’injustice dont souffre un groupe ethnique donné. Il n’est pas possible de déclarer vouloir lutter pour la justice, et dans le même temps cautionner des lois qui rendent impossibles l’identification précise des facteurs de discrimination et d’ inégalité. Il semblerait absurde de demander à un médecin de guérir un malade qu’il serait absolument interdit d’ausculter. Donc on ne peut pas prétendre lutter contre les discriminations raciales en s’interdisant d’utiliser les outils qui nous permettent de diagnostiquer le problème et de trouver le remède.

ASUD52_Bdf_Page_26_Image_0002Saviez vous que la France fut le premier pays à abolir l’esclavage et à promouvoir des officiers noirs ?

Je n’ai pas de commentaires à faire. Je suis toujours réticente à l’idée de féliciter des gens pour avoir cesser de faire quelque chose qu’ils n’auraient jamais du commencer. Je ne féliciterai jamais un mari parce qu’il cesse de battre sa femme, mais je peux lui faire comprendre qu’il a eu raison de changer de comportement. C’est à peu près ce que je ressens à propos de l’abolition de l’esclavage en France.

Propos recueillis en avril 2013

1“Get tough true believers”: littéralement les “croyants du soyons durs” . L’expression “get tough laws” est devenue un lieu commun pour designer ceux que nous qualifierions en France par la locution “tolérance zéro”.

2Les travaux implicant la notion de “races” n’existent pas en France, alors que ce mot est fréquemment utilisé aux États-Unis principalement pour aborder les problèmes de discrimination et de racisme.

3Nous parlons plutôt en France de “statistiques ethniques”

4“The sentencing project” réseau de recueil de données statistiques sur l’incarcération de masse aux États-Unis www.sentencingproject.org

5Pour mémoire c’est le discours du 17 juillet 1971, à la tribune du Congrès qui déclare “la drogue ennemi public n° 1 des États-Unis”

6National Association for the Advancement of Colored People, principale association de lutte pour le droit des noirs, fondée en 1909 par W.E.B. Du Bois

7L’ American Civil Liberties Union, ACLU est une organisation de gauche qui milite contre les abus de pouvoir gouvernementaux

8Littéralement le “bloc noir”, le black caucus est un lobby parlementaire constitué par les membres afro-américains du Congrès théoriquement inter partisan mais en pratique proche des démocrates.

9Ce vœu pieu est à rapprocher du célèbre aphorisme d’Eric Zemmour qui nous expliquait le 6 mars 2010 chez Ardisson que les contrôles au faciès de la police française étaient justifiés par le fait que « la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes »

The New Jim Crow et le Nouveau Bougnoule

Michelle Alexander nous parle d’une nouvelle société de caste, née sur les décombres d’une guerre à la drogue, menée rigoureusement et méthodiquement et contre la communauté afro-américaine. Une société ou un adulte noir de sexe masculin sur deux, a été incarcéré au moins une fois pour un délit lié aux stupéfiants. L’actualité des banlieues françaises éclaire ces propos d’un jour sinistre. Et si Michelle Alexander nous parlait de notre futur ? Et si le New Jim Crow était en train de s’appeler le nouveau Mohamed ?

Jim Crow ( Jim le Corbeau),  c’est le « négro », naïf, gourmand, superstitieux, un peu lâche, bref, un topos du folklore raciste américain rangé entre l’Oncle Tom et le rapper gangsta. Ce brave Jim  prête son nom à tout un ensemble de mesures législatives votées par les États du Sud après la guerre de Sécession pour organiser la ségrégation raciale, un dispositif connu sous le nom de « lois Jim Crow », bref un symbole à la fois de la suprématie blanche et de l’hypocrisie qui l’accompagne.

 En intitulant son essai « The New Jim Crow », Michelle Alexander connaissait le poids des mots. ASUD a déjà évoqué ce best seller: l’instrumentalisation de la guerre à la drogue dans la lutte séculaire menée contre les noirs, démontrée, analysée, statistiques à l’appui, dans un livre-événement paru en 2012. L’ouvrage est toujours l’objet de centaines de débats menés à travers le pays. En choisissant ce titre, qui parle d’un passé qui ne passe pas, Michelle Alexander,  savait qu’elle allait déclencher des réactions…disons vives. Imaginez un livre -programme sur la criminalité en banlieue intitulé « Les nouveaux bougnoules, aveuglement ethnique et incarcération de masse »1.

ASUD52_Bdf_Page_25_Image_0001Jusque très récemment, Michelle Alexander partageait l’analyse de la plupart des militants des droits civiques à propos de la politique des drogues et plus spécifiquement de l’histoire de l’héroïne, puis du crack dans les getthos des grandes villes. Pour ces activistes de gauche, l’introduction des drogues dures relève au mieux d’un laissez-faire des autorités, au pire d’un complot des services secrets pour briser toutes velléités révolutionnaires des groupes protestataires, type Black Muslims ou Black Panthers.  Puis, la lecture des archives judicaires américaines, où, à la différence de la France,  l’origine ethnique est scrupuleusement mentionnée, lui a fait découvrir l’ampleur de la cette « nouvelle société de caste ». La guerre à la drogue serait avant tout une machine infernale montée par les Républicains de l’équipe Nixon pour capter le vote des petits blancs du sud et stopper le mouvement d’émancipation des noirs. La thèse n’est pas nouvelle, ce qui l’est, c’est le  succès. Un succès grand public, assez inattendu. De plus, cette médiatisation n’ôte rien du rigaurisme d’une démonstration, basée sur l’étude des courbes d’incarcération  des « colored people » depuis les années 70 jusqu’à nos jours.

Pourquoi ce livre mérite-t-il notre attention ? Parce qu’il nous parle aussi de nous et de nos fantasmes raciaux si diffiçiles à énoncer dans notre paradis républicain.  Parce qu’il dénonce la guerre à la drogue et ses slogans sécuritaires comme un outil conçu pour capter le vote des pauvres de la classe ouvrière blanche. Parce-que trop souvent, il suffit de remplacer le substantif “Blanc” par « Français de souche », et celui de « Noirs » par “immigrés” ou « racaille », et soudainement cette lecture nous semble étrangement familière. Parce-que nos débats sur « la drogue et les banlieues » mérite cet éclairage nouveau. Et surtout, parce-que visiblement, le pire est à venir. Les afro-américains, tous les afro-américains ont dans leur famille, qui un oncle, un frère, un fils, ou même parfois une sœur, qui a été ou sera incarcéré pour des faits relatifs à la répression des drogues.  Qui, à l’exception de notre ineffable Eric Zemmour, est en mesure de répondre à cette question : les minorités visibles sont-elles en train de subir l’incarcération de masse décrite par le New Jim Crow ?

 “Pas de chemins vers l’égalité raciale sans statistiques ethniques” nous dit Michelle A. La grande stratégie anti-noire mise en point par l’administration Nixon sous la bannière war on drugs est peut-être en passe de se décliner  termes à termes sur notre bonne vieille terre de France.

 1 Michelle Alexander, The New Jim Crow, Mass Incarceration In Colorblindness, N.Y.

Alberto Garcia-Alix, un photographe hors champ

L’un des plus grands photographes espagnols contemporains prend depuis plus de trente ans des clichés de ses potes en noir et blanc. Une galerie de portraits saisissants, d’instants pleins d’émotions où se côtoient motards, défoncés, zonards, stars du porno, musicos et anonymes.

S’il est courant qu’un photographe choisisse des gens en marge comme sujets, la différence est de taille quand ces derniers sont ses potes, qu’il raconte leur histoire, allant même jusqu’à pratiquer l’autoportrait en train de se faire un shoot d’héro dans les années 1980 ! D’autant qu’aujourd’hui, le bougre ne renie rien, surtout pas : « Je n’ai pas honte, on voulait vivre, explorer de nouvelles sensations, s’éclater…! » Il le fait sans frime, juste au naturel à l’état brut et décoiffant de toute une génération qui explose parfois sur fond d’héro, de sexe et de rock’n’roll version Madrid !

Il m’ouvre la porte de son appart-studio à Madrid avec un chaleureux abrazo. Pas grand, des tatouages plein les bras, la voix cassée, les yeux rieurs, une bonne gueule, il sait que je ne viens pas pour un scoop mais pour parler à travers lui de l’arrivée massive du caballo (cheval) en Espagne, de contre-culture. Appréciant les numéros d’Asud que je lui passe, il a lui aussi a publié des fanzines où s’exprimait une jeunesse bâillonnée par quarante ans de nuit franquiste, et une superbe revue, El Cante de la tripulación. Il allume un joint, n’a pas la grosse tête, parle de sa vie, évoque la photo, « sans elle, je serais certainement parti en live ». Motard dans l’âme, il roule toujours en Harley mais n’est plus à la tête d’une équipe de déjantés juchés sur de belles italiennes dans le championnat d’Espagne. On en vient vite à l’héroïne, sa « drogue reine » qui rentre dans sa vie dès 1976, avant la fameuse Movida (en argot « faire un plan ») dont il dit : « On m’affuble souvent du titre de photographe de la Movida, bien sûr j’étais tout le temps là où il se passait des choses, mais on n’était pas un mouvement, j’étais avec mes potes, les ai pris en photo, c’est tout… Cela partait dans tous les sens, c’était libertaire, c’est après que les médias ont inventé ce mot… ». Il a donc vécu la première vague du cheval, celle où toutes les pharmas de Madrid se faisaient casser à la recherche d’opiacés, les transformant vite en bunkers… Il raconte les plans, le deal, la blanche, le brown, puis le tourbillon qui s’accélère au début des années 1980 avec la Movida qui élargi les excès au plus grand nombre, mais aussi cette soif de vivre autrement !

Alberto est fan de rockabilly et de tango, dont la mélancolie sied à ses photos empreintes de nostalgie car nombre de ses amis et son jeune frère Willy sont morts (OD, sida) et d’autres drames ont ponctué sa vie, comme celle de beaucoup d’entre nous. Marqué dans son corps, « quelque part on est un peu des survivants, tu ne crois pas… ? », le VHC a failli lui être fatal « l’interféron mec, c’est pas de la tarte ! » Mais il a au moins sept vies, voyage (Mexique, Cuba, Laos…), anime des ateliers, expose partout, fait des vidéos, a une petite maison d’édition, Cabeza de Chorlito, écrit de beaux textes pour ses bouquins de photos comme « De donde no se vuelve », sur cette soif de liberté au lourd tribut, les rêves opiacés, l’accroche de l’héro…

Né en 1956, Alberto Garcia-Alix vient de recevoir le prix Fotoespaña 2012 pour son œuvre mais n’a pas sombré dans la repentance. Il n’est plus accro à l’héro et s’en sort bien même si à de rares occasions… « Quand je suis allé au Laos, je suis tombé sur de la blanche, waow, heureusement c’était plus que les deux derniers jours… ! »

On rit. La méthadone ? Il reconnait que c’est un outil nécessaire mais « t’es toujours accro, c’est pas mon truc … ».
Il est bien sûr contre la prohibition des drogues et me raconte en souriant la dépénalisation de toute conso en Espagne en 1982 : « des mecs allumant leur pétard devant un flic et lui soufflant la fumée dans la gueule ! » Tout était possible, une formidable explosion des sens même si en 1975, à la mort de Franco, « une fille en minijupe de cuir noir allant acheter son pain, était plus révolutionnaire que bien des discours militants ». Des gens comme Alberto ont fait galoper l’Espagne à 200 km/h, lui faisant rattraper son retard et la projetant dans une modernité en rupture avec un passé national-catholique !
À découvrir donc ces super photos d’un artiste qui est des nôtres…

Les 12 photos présentées ici sont issues du livre d’Alberto Garcia-Alix “De donde no se vuelve” (Centro de Arte Reina Sofía/La Fabrica, Madrid, 2008), dans lequel sont réunies les 240 photos de l’exposition qui s’est tenue entre 2008 et 2009 au Musée d’Art Moderne de Madrid, là où l’on peut voir le fameux Guernica de Picasso.
Notre choix s’est volontairement limité à celles qui ont trait à la drogue, Asud oblige, mais bien d’autres sujets d’inspiration figurent dans ce livre et dans son oeuvre en général.  Tout aussi importants sont la moto, avec ses potes bikers, le sexe avec des copines dans des poses très provos, des stars masculines du porno comme le célébre Nacho Vidal, des prostituées, mais aussi des musicos comme Camaron et bien sûr ses amis anonymes dont on peut suivre  certains au fil des années…

Jorge y Siomara, 1978Jorge et Siomara, 1978 (un couple d’amis d’Alberto)
La dope qui arrivait sur le marché étant blanche, soit on la sniffait, soit on la shootait. Cette dernière voie de conso deviendra vite populaire à partir des années 76-77 dû à plusieurs facteurs: l’explosion de liberté que connait alors l’Espagne après 40 ans de dictature franquiste, l’intensité des effets de l’héro par voie intraveineuse que les UD déjà initiés ne manquaient pas de souligner, l’ignorance totale de ses dangers (pas de différence faite entre fumer un joint ou shooter!). Il faut ajouter aussi que ceux qui shootaient étaient vus à ce moment là comme super branchés. Mais c’est surtout l’absence dramatique d’une politique publique de prévention  qui fit cruellement défaut !
Willy en train de se shooter, 1980Willy en train de se shooter, 1980
Jeune frère d’Alberto, Willy est sur cette photo au début de sa courte histoire avec l’héro. Il aime le rockabilly et s’éclate dans le Madrid de la Movida…
Parier pour ne jamais gagnerParier pour ne jamais gagner, 1976
En donnant ce titre dès 76, Alberto pressent le drame que la conso débridée d’héro va entraîner pour toute une génération. Celle-ci finira par toucher toutes les régions,  les villes comme les campagnes, les riches comme les pauvres… Mais ces derniers payèrent évidemment le prix fort! en les poussant massivement dans la délinquance avec sa cohorte de prisons, morts violentes, familles détruites…. En Galice, la Bretagne ibérique et terre d’arrivage d’héro et de CC, une remuante et courageuse association « des mères contre la drogue », exerça même une pression politique pour ne pas que les U.D. (leurs enfants) soient criminalisés et exprima un fort rejet social des dealers-mafieux avec de grosses manifs devant leurs luxueux domiciles !
P'tit Juan, 1997P’tit Juan, 1997
Un pote d’Alberto au look bien dans ses baskets.
Teresa en train de se shooterTeresa en train de se shooter, 1978
Elle fut la compagne d’Alberto entre 1977 et 1982. Elle décèdera en1995.
Willy, 1982
Willy, 1982
Tout juste père d’une petite fille, Willy est mort à 24 ans d’une O.D. alors qu’ayant décroché, il s’était offert « un homenaje », une petite fête d’un soir… Un phénomène qui deviendra un grand classique ! Sa mort marquera à jamais Alberto et l’empêchera de penser à se payer sa dope en dealant comme beaucoup d’UD le faisaient à l’époque, avant que cette activité ne tombe dans des mains plus professionnelles…
En attendant le dealer, 1982En attendant le dealer, 1982
A cette époque et jusqu’au début des années 90, le deal et donc aussi la conso d’héroïne, la cocaïne restant marginale, avait lieu dans les rues de Madrid souvent aux yeux de tous. Le dealer était espagnol (mais gadjé, rarement gitan), souvent héroïnomane. Puis, les autorités ont voulu en finir avec l’image de plus en plus impopulaire du junkie faisant son shoot en pleine rue sur un banc public (la conso de toutes les drogues étant dépénalisée) et laissant souvent sa seringue n’importe où. Elles firent sortir du centre ville par une forte pression policière sur les dealers, la vente et donc très vite aussi la conso qui se déplacèrent peu à peu vers les bidonvilles gitans de la banlieue.
Autoportrait en train de me shooter, 1984Autoportrait en train de me shooter, 1984
Alberto avait commencé à consommer de l’héroïne à l’âge de 19 ans, fin 75. Il sauta comme beaucoup du joint au fixe, pratiquement dans la même année et sans même passer d’abord par la case du sniff! Ce fut le début d’une longue relation…
Johnny Thunders, 1988 Johnny Thunders, 1988
Johnny Thunders, guitariste du groupe culte de la scène new yorkaise, les New York Dolls, au style très rock avec un jeu de scène décadent et travesti (qualifié aussi de proto-punk, de glam-rock) qui connut son heure de gloire entre 1971 et 1975. Les NYD influençèrent de nombreux groupes comme les Ramones, le guitariste Steve Jones des Sex Pistols, Morrissey de The Smiths, Guns N’ Roses, Television , Blondie, Talking Heads… Alberto et lui devinrent amis à la fin des années 80, lors d’une tournée européenne du groupe The Heartbreakers que Johnny avait fondé avec le batteur des NYD Jerry Nollan en 75. Johnny mourrut dans des circontances mystérieuses, d’une OD de méthadone et d’héroïne, dans un petit hôtel de la Nouvelle Orléans en 1991, après au moins une quinzaine d’années d’une addiction à l’héro et dont j’avais déjà pu constater l’ampleur, l’ayant rencontré à N.Y. en 81 et 82…
Lirio, 1997Lirio, 1997
Iris, surnom d’un ami… dans une position bien connue des injecteurs pressés ou sans garrot à disposition (bof), mais qui n’ont pas encore de problèmes veineux…!
Floren, 2001Floren, 2001
Deux facteurs ont fait peu à peu changer le mode de conso : le Sida qui a frappé très durement les UD espagnols et l’arrivée de l’héroïne marron début 80, d’abord iranienne, puis turque et libanaise et enfin pakistano-afghane que l’on peut inhaler. Au shoot et à ses dangers (et la très mauvaise image sociale du junkie), les UD depuis plus de 15 ans préfèrent largement  chasser le dragon sur de l’allu ou fumer en pipe. Ce mode de conso présente beaucoup moins de risque d’OD et empêche les dégâts veineux. Par contre de sérieux problèmes pulmonaires apparaissent avec un usage fréquent.
Grosse défonce à ManilleGrosse défonce à Manille, 2001
Autoportrait d’Alberto, la blanche devait être bonne! mais c’était avant le réveil de son hépatite C et le traitement qu’il fit à Paris où il résida entre 2003 et 2005, Porte de la Chapelle…
Désormais, Alberto, « Rangé des voitures » , préfère tirer sur un p’tit joint de cannabis!

Comment la Guerre à la Drogue aggrave l’épidémie du SIDA

ASUD a coordonné la traduction française du 2ème rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues.
Cette instance internationale indépendante qui réunit des personnalités politiques de premier plan dresse un constat accablant sur les conséquences sanitaires de la criminalisation des drogues.

La guerre mondiale contre la drogue accélère la transmission du VIH/sida parmi les usagers de drogues et leurs partenaires sexuels. Les études menées à travers le monde montrent systématiquement que les politiques répressives de lutte contre la drogue empêchent les usagers d’accéder aux services de santé publique et les maintiennent dans des milieux marginaux où le risque d’infection par le VIH est très élevé.
Il a également été prouvé que l’application de politiques répressives à l’encontre des consommateurs de drogues constitue un véritable obstacle au traitement du VIH. Les répercussions sur la santé publique des interruptions de traitement liées aux politiques répressives de lutte contre la drogue ne sont toujours pas considérées comme une entrave majeure aux efforts de contrôle de la pandémie du VIH/sida dans le monde.
Face à la propagation de l’épidémie de VIH dans des régions et pays où elle est largement due à l’usage de drogues par voie injectable et à la récente mise en évidence que les infections liées à l’injection sont désormais en hausse dans d’autres régions, notamment en Afrique subsaharienne, il est grand temps d’agir. Malheureusement, les agences nationales de santé publique et celles de l’ONU ont été reléguées au second plan. Bien que la guerre contre la drogue ait favorisé la propagation du VIH dans de nombreuses régions, d’autres organismes en charge de l’application des lois et certaines agences de l’ONU ont activement poursuivi leurs politiques de répression, au détriment de la santé publique. N’importe quelle analyse sérieuse des répercussions de la guerre aux drogues tendrait à démontrer que de nombreuses organisations nationales et internationales, chargées de réduire les problèmes liés à la drogue, ont en fait contribué à une détérioration de la santé et de la sécurité des communautés concernées. Les choses doivent changer.

La Commission mondiale pour les politiques des drogues

La Commission mondiale pour la politique des drogues vise à ouvrir, au niveau international, un débat éclairé et scientifique sur des moyens humains et efficaces de réduire les préjudices causés par les drogues aux personnes et aux sociétés.
Ses objectifs :

  • Examiner les fondements idéologiques, l’efficacité et les conséquences de l’approche de la « guerre à la drogue »
  • Évaluer les risques et les avantages des différentes approches face aux drogues mises en œuvre au niveau national
  • Formuler des recommandations factuelles pour réformer d’une façon constructive les lois et les pratiques sur les drogues

Ses membres :

  • Anciens chefs d’État et de gouvernement
  • Hauts-fonctionnaires et dirigeants d’entreprise
  • Intellectuels et philanthropes

Liens :

Brisons le tabou ! Un documentaire et une pétition contre la prohibition

Raconté par Morgan Freeman, ce documentaire lève le voile sur l’échec de la Guerre à la Drogue menée par les Nations-Unies, son origine et l’impact effroyable qu’elle a sur des États tels que la Colombie, les Etats-Unis d’Amériques ou la Russie. Avec la participation de personnalités de premier plan comme Bill Clinton ou Jimmy Carter.

La guerre contre la drogue a échoué. Après 50 ans d’interdiction, les drogues illicites sont désormais la troisième industrie la plus rentable au monde après la nourriture et le pétrole, aux mains des criminels. Les drogues sont moins chères et plus accessibles que jamais. Des millions de personnes sont en prison pour des délits liés aux drogues. La corruption et la violence, en particulier dans les pays producteurs et de transit, met en danger la démocratie. Des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année en guerre de la drogue.

L’amélioration de nos politiques sur les drogues est l’un des principaux défis de notre temps. Le temps est venu d’agir.

Nous vous appelons à mettre fin à la guerre contre la drogue et le régime d’interdiction, et d’aller vers un système basé sur la décriminalisation, la régulation, la santé publique et l’éducation. Cette politique de 50 ans a échoué, favorise les crimes violents et les système mafieux, dévaste des vies et coûte des milliards. Il est temps d’adopter une approche humaine et efficace.

>Signez la pétition<

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