Opération testing au teknival

UN EXEMPLE CONCRET, EFFICACE ET AUTOGÉRÉ POUR RÉDUIRE LES RISQUES

Jeudi 30 avril 2015, quelques teufeurs venus de toute l’Europe chargent un camion, direction le traditionnel teknival du 1er mai, grand-messe technoïde de trois jours. Dans leur coffre, une collection de petits flacons au statut légal ambigu : des réactifs colorimétriques…

Nul besoin d’avoir des dons de voyance pour savoir que, malgré les barrages policiers et les brigades cynophiles qui ceintureront le teknival, un large panel de produits psychoactifs sera disponible mais qu’on y trouvera aussi un nombre impressionnant d’arnaques… En effet, ces grands évènements tekno « encadrés » par l’État et annoncés au journal de 20 heures attirent comme des mouches les pseudo-dealers, opportunistes en tout genre, adeptes de la carotte médica… menteuse aux Nouveaux produits de synthèse (1) (NPS), induisant des risques non-négligeables pour les consommateurs.

 

UN VÉRITABLE OUTIL DE RDR

C’est ce qui a décidé un petit groupe d’amateurs de musique techno et de membres d’associations de RdR venus de toute l’Europe à tenter de pallier aux manques de dispositif d’analyse de drogues en France, en proposant un service d’analyse par testing directement sur le teknival. Interdite pour les associations de RdR depuis 2004, l’utilisation de réactifs colorimétriques demeure accessible aux particuliers. C’est donc en leur nom propre que les participants ont mis en place une « opération testing », à laquelle j’ai pu assister – en tant qu’observateur – afin de produire une évaluation chiffrée de l’action. Armé de fioles de réactifs (2), notre collectif informel s’installe dans une tente discrète au beau milieu du teknival. Rapidement, le bouche à oreille fonctionne (« dans la tente bleue, tu peux faire tester tes prods ») et tout au long de la nuit, défileront des teufeurs soucieux de savoir ce qu’ils s’apprêtent à consommer, des dealers-consommateurs conscients du danger de vendre des taz frelatés, ou encore des petits veinards adeptes de la recherche matinale de pochons trouvés sur le sol les matins de festival.

monsieur_vertEn tout, c’est plus de 80 tests qui auront ainsi été réalisés, majoritairement sur des comprimés d’ecstasy. Parmi les échantillons, environ 50 % ont produit une réaction non-conforme qui a permis d’établir qu’il s’agissait d’arnaque. Devant un tel résultat, la réaction des teufeurs est édifiante : 85 % des personnes détruisirent le prod devant nous. Un public qui a reçu en direct et en amont de la conso des conseils de RdR. Lorsque la réaction était conforme à celle qui était attendue, les testeurs informaient la personne des limites de la technique (risque d’erreur et/ou de problèmes liés à la concentration d’un composant). On peut donc s’interroger sur la valeur de l’argument de « fausse sécurité » qui avait valu au testing son interdiction.

Alors oui, le testing est limité, mais comment ne pas admettre que, bien réalisé, c’est un véritable outil de RdR qui a sa place dans les associations ? Et, si c’est bien l’impression de fausse sécurité qui pose problème, comment comprendre qu’il ait été interdit pour les assos de RdR (pourtant les plus à même de l’utiliser en rappelant ses limites) et laissé aux particuliers sans autre encadrement que les notices d’utilisation des fabricants qui, eux, les présentent à grand renfort de marketing et sans jamais en montrer les limites ?

Notons aussi que, pendant que nos ravers fabriquent leur propres mélanges de produits chimiques et galèrent à tenter d’identifier les composants des produits qu’ils consomment, la gendarmerie disposait d’un coûteux laboratoire d’analyse mobile de pointe sur site (3), évidemment dans un but purement répressif…

 

Références

1) Parmi les plus connus, citons la méthoxétamine (MXE) vendue pour de la kétamine et les N-Bomes vendus pour du LSD.
2) Faciles à faire en Diy (ajouter avec précaution 100 ml d’acide sulfurique concentré SGH05 à 5 ml de formaldéhyde à 40 %) ou à acheter sur le Net (safetest4, reagentestuk, 10 % de réduction avec le code Technoplus10).
3) France 3 Nord Pas-de-Calais, 03/05/2015.

Le testing

Sommaire par certains aspects, le testing reste une technique d’analyse simple, rapide et peu coûteuse. C’est aussi la seule qui peut être réalisée directement par les consommateurs. Les sites vendant ces réactifs fleurissent donc sur la toile, oubliant généralement d’en rappeler les limites…

Concrètement, le principe du testing est simple : déposer une goutte d’un réactif liquide sur un échantillon de produit et observer la réaction chimique qui se produit. Les changements de couleur du réactif sont ensuite interprétés à l’aide d’une grille de comparaison fournie avec le réactif. L’opération peut être répétée avec d’autres réactifs pour affiner les résultats. Mais attention à ne pas gober le marketing des vendeurs de tests : le testing a ses limites…

 

UNE FAUSSE IMPRESSION DE SÉCURITÉ

Prenons le réactif le plus connu, le « Marquis ». À son contact, la MDMA réagit en bleu-noir, mais une réaction bleu-noir ne garantit pas qu’il s’agisse de MDMA : peut-être qu’un autre produit (ou mélange de produits) contenu dans votre échantillon réagit lui aussi en bleu-noir… C’est le risque de faux positif et on pensait jusqu’à il y a peu que c’était le seul risque d’erreur du testing. Pour reprendre l’exemple du Marquis, en cas de réaction autre que bleu-noir, on pensait pouvoir garantir l’absence de MDMA. On pensait donc possible d’utiliser le testing pour rechercher des produits de coupe dangereux (comme la PMA dans les ecstasies, par exemple) et garantir leur absence. Malheureusement, la Global Drug Survey (1) a démontré (en 2014) l’existence d’un risque de faux négatif. Le testing est donc une technique présomptive* qui peut permettre de reconnaître certaines arnaques lorsque la réaction n’est pas celle attendue mais qui, en cas de réaction conforme, ne donne finalement que peu d’informations. Pire, il risquerait d’induire une fausse impression de sécurité chez les consommateurs. C’est du moins l’argument développé par l’Inserm dans un rapport d’expertise de 1998 (rapidement accusé de faire « totalement abstraction de l’ensemble des mesures de prévention qui entourent habituellement le testing » (2) ) qui conduisit à l’interdiction des réactifs colorimétriques pour les associations en 2004, via le décret entourant la RdR.

monsieur vertIls demeurèrent cependant autorisés pour les particuliers, et plusieurs sites ayant pignon sur rue vendent des réactifs au public. En France, c’est notamment le cas de la société NarcoCheck, spécialisée dans les tests de dépistage (pas forcément volontaires…) qui vend aussi des réactifs pour « tests sur substances solides » dont certains semblent adressés aux consommateurs, comme celui censé « identifier les produits de coupe dangereux pour la santé contenus dans la cocaïne » avec une très grande fiabilité. Sauf que si l’on regarde de plus près la grille de comparaison, on se rend compte que la lidocaïne est censée réagir en jaune orangé tandis que le lévamisole réagit en vert foncé. Quid d’une cocaïne contenant ces deux produits de coupe (ce qui n’aurait rien d’original) ? C’est l’un des inconvénients du testing : la technique est non-séparative*, elle donne au contraire un résultat global, ce qui complique l’analyse de drogues puisque ces dernières sont presque toujours des mélanges de plusieurs composants.

La palette de réactifs s’est toutefois largement développée, avec désormais une quinzaine de réactifs (dont certains semi-quantitatifs). En croisant ces différents tests, on peut affiner les résultats et gagner en précision. Bien utilisés, les réactifs colorimétriques permettent donc de réduire les risques en éliminant certaines arnaques qui auront produit une réaction non-conforme à celle attendue. C’est aussi une technique simple et rapide, et c’est à l’heure actuelle la seule technique d’analyse pouvant être réalisée par les consommateurs eux-mêmes. Bref, une bonne technique, rapide, simple, amusante à réaliser, pas trop chère et utile, à condition de bien en comprendre les limites et de ne pas prendre les résultats obtenus pour parole d’Évangile.

 

Références

1) https://www.globaldrugsurvey.com/
2) Une fausse sécurité pour l’Inserm, I. Gremy, Swaps n°15.

Les dispositifs d’analyse en France

SINTESofdt

Le Système d’identification national des toxiques et substances (Sintes) est un dispositif d’analyse de drogues de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (Ofdt) opérationnel depuis 1999. Il se décompose en deux volets : le volet veille, actif en continu et axé sur les produits présentant un caractère de nouveauté ou de dangerosité particulière (plus de 1 200 échantillons analysés entre 2008 et 20151), et le volet observation qui prend la forme de focus à peu près annuels, à chaque fois sur un produit (ou une catégorie de produits) différent qui sera précisément documenté via l’analyse d’un grand nombre d’échantillons collectés sur l’ensemble du territoire.

Les analyses sont réalisées par des laboratoires partenaires qui utilisent les techniques les plus perfectionnées telles que la chromatographie sur couche gazeuse ou en phase liquide, associées à la spectrométrie de masse. Si ces termes barbares ne vous ont pas éclairés, sachez que ces techniques comportent des risques d’erreur extrêmement faibles et permettent de quantifier* les différents composants d’un échantillon, détail d’importance pour les usagers qui n’ont aucun moyen de savoir avec certitude le pourcentage de dope dans leur dope !
Sintes se définit aussi comme un réseau. En effet, les collectes d’échantillons et des questionnaires associés sont effectuées par un réseau de collecteurs (qui bénéficient d’une dérogation leur permettant de transporter des échantillons de stupéfiants) coordonnés sur le plan local et national. Les échanges d’information avec les services répressifs, mais aussi avec les institutions (notamment en cas d’alerte) françaises et européennes, sont aussi partie intégrante du dispositif.
Le coût des analyses est supporté par le dispositif et le volet veille est ouvert à tout professionnel du champ ayant la possibilité de collecter un échantillon d’un produit nouveau ou particulièrement dangereux. Cela signifie que si vous tombez sur un produit qui vous semble vraiment bizarre et/ou dangereux, vous pouvez solliciter le dispositif pour une analyse gratuite, anonyme et surtout, extrêmement précise du prod en question. Il vous faudra pour cela vous rapprocher d’une structure de RdR qui fera l’intermédiaire. Seul inconvénient de ce dispositif : le délai pour obtenir un résultat est d’environ trois semaines.

Pas besoin d’attendre en revanche pour lire Le Point Sintes, l’excellente newsletter trimestrielle mise en place cette année. Vous y trouverez l’ensemble des analyses réalisées par le dispositif, ainsi que quelques analyses sur les évolutions du marché des drogues en France et en Europe. Saluons la décision de l’Ofdt d’avoir rendu ces documents publics et accessibles à tou (te) s (tapez « Point Sintes Ofdt » sur votre moteur de recherche, vous les trouverez sans difficulté).

 

LE PROJET CCM 2.0 DE TECHNO+technoplus

Afin de répondre à la problématique de la couverture territoriale qui fait que certains usagers (notamment en zone rurale) n’ont pas accès à la possibilité de faire analyser leurs produits, même lorsque ces derniers sont suspects ou dangereux, Techno+, en partenariat avec Sida Paroles, développe un projet d’analyse (CCM) par correspondance : sur le site de l’association, les usagers pourront faire une demande de toxitubes (éprouvettes contenant un solvant rendant les échantillons impropres à la consommation) qui leur seront envoyés par la poste. Ils pourront ensuite y introduire un échantillon puis les renvoyer au laboratoire qui se chargera de l’analyse. Les résultats seront ensuite diffusés sur le site de Techno+, accompagnés de messages de RdR ciblés et d’une référence permettant à l’usager de reconnaître son résultat.

 

LA SPECTROSCOPIE INFRAROUGE

Couramment utilisée en laboratoire, la spectroscopie infrarouge (IRS) est une technique performante qui pourrait un jour compléter l’offre d’analyse de drogues en France… Bienvenue dans le futur !

L’IRS utilise le fait qu’un faisceau de lumière infrarouge qui traverse une molécule subit une absorption d’énergie sur des longueurs d’onde spécifiques à la molécule en question. Le principe d’un spectroscope IR est donc d’établir le spectre d’un rayon infrarouge après qu’il ait traversé un échantillon. Un logiciel comparera ensuite le spectre obtenu aux fréquences de résonnance des molécules contenues dans des bases de données pour déterminer celles qui ont été traversées par le faisceau et rendre le résultat.

Ce n’est donc pas une technique séparative : le spectre recueilli contient toutes les variations dues au passage du rayon dans les différentes molécules contenues dans l’échantillon. La technique perd donc en efficacité sur des échantillons composés d’un grand nombre de molécules différentes (c’est notamment le cas des substances organiques type opium ou haschich). C’est en revanche une technique extrêmement rapide et simple d’utilisation. On peut aussi noter à leur crédit que les spectromètres IR sont des objets légers et de petite taille qui ne craignent pas d’être déplacés fréquemment. Leur coût est en revanche élevé (environ 20 000 €), auquel il faut ajouter l’environnement logiciel. En effet, s’il existe des bases de données gratuites, les fréquences de résonnance de certains produits, et notamment des drogues les moins courantes, sont plus difficiles à trouver et généralement payantes. Les services douaniers anglais – qui utilisent cette technique – ont développé une base de données qu’ils actualisent fréquemment pour inclure les nouvelles drogues. Nommée Tic Tac, cette base de données peut être considérée comme relativement complète sur les drogues, et donc suffisante pour une utilisation en RdR. Elle coûte dans les 5 000 €/an.

Une version low cost d’IRS est actuellement développée par une société israélienne. Pour un prix inférieur à 500 €, elle promet dans un futur proche de démocratiser la technique en permettant à tout un chacun d’analyser ses aliments, médicaments. Reposant sur le principe de bases de données participatives, cette technologie pourrait aussi être utilisée pour analyser les drogues mais… Dans un futur proche, on vous a dit ! Pas la peine de vous jeter dessus pour l’instant, on en connaît qui l’ont déjà fait et c’est pas encore franchement au point…

 

NOT FOR HUMAN,  UN SERVICE D’ANALYSE CIBLÉ

Première structure de RdR spécifiquement dédiée aux nouvelles drogues et à l’action sur Internet, l’association Not For Human a mis en place un service d’analyse (quantitative*) en laboratoire extrêmement précis et original. Les produits suspects sont en effet repérés par les membres de l’association via les discussions sur les forums. S’ils le jugent utile (par exemple, si une personne se plaint sur un forum d’effet inhabituels), les membres de Not For Human peuvent proposer à un internaute d’analyser gratuitement un échantillon du produit suspect qu’il enverra à l’association par la poste. Jusqu’à présent, plus de cinquante échantillons ont été analysés, qui ont parfois donné lieu à des alertes.

 

ET LES DOUANES DANS TOUT ÇA ?

Évidemment, les services répressifs sont aussi très demandeurs de techniques d’analyse. En France, ils conservent dans ce domaine une grande longueur d’avance sur les services sanitaires. Mieux équipés, ils utilisent souvent des combinaisons de techniques afin de bénéficier des avantages de chacune (détection rapide sur site via IRS couplée à des analyses poussées en laboratoire pour confirmer les résultats, par exemple).

Du point de vue répressif, la problématique de l’analyse recoupe celle du dépistage : dans les deux cas, il s’agit de démontrer la présence ou l’absence d’une molécule. À ce sujet, les services douaniers disposent d’un nouvel outil ultraperfectionné : des bandelettes destinées à être frottées à des endroits stratégiques (poches, cartes bancaires, doigts…) pour révéler la présence de traces infimes de drogues.

LE DISPOSITIF GLOBAL D’ANALYSE DES DROGUES DÉFENDU PAR MÉDECINS DU MONDE

La qualité des produits consommés est une préoccupation fréquente des usagers de drogues qui s’inscrit dans une démarche de connaissance des substances et de leurs effets en vue de limiter les risques associés. Les informations détenues par les usagers sont souvent véhiculées par les pairs ou issues d’une expérience personnelle, parfois de l’ordre de la croyance, et ce, sans fondement objectif.

Partant de ce savoir expérientiel et individualisé, les associations communautaires ou d’autosupport en font un savoir collectif éprouvé.

En proposant aux usagers d’analyser leurs produits depuis 2009, les programmes de Médecins du monde (MdM) écoutent ces savoirs collectifs ou individuels et les confrontent aux informations médicales et scientifiques pour réduire les risques, en fonction des interrogations de chacun.

Dans la perspective de transfert de ses programmes, la mission XBT de MdM accompagne les structures spécialisées (Csapa, Caarud, associations d’intervention en milieu festif) pour intégrer ces techniques à leurs pratiques et proposer un dispositif global d’analyse de drogues aux usagers. Ce dispositif comprend plusieurs techniques complémentaires, du qualitatif rapide (1h pour un résultat par CCM) au quantitatif plus long (quelques semaines pour les laboratoires du dispositif Sintes de l’Ofdt).

carte-analysesProposer d’analyser le contenu des produits permet de répondre à la demande des personnes, de les reconnaître en tant qu’usagers experts de leurs savoirs, et de réduire les risques avec eux.

Analyser le contenu des drogues apportées par les usagers peut aussi permettre de s’inscrire dans le dispositif de diffusion des alertes sanitaires, de suivre les évolutions du marché parallèle en temps réel, les pratiques des usagers, et de faire évoluer au mieux les stratégies de prévention et de réduction des risques.

En faisant analyser leurs drogues, les usagers participent ainsi aussi à la formation continue des équipes proposant cet outil !

Le réseau MdM compte aujourd’hui treize partenaires conventionnés sur l’ensemble de la métropole et un transfert définitif est prévu d’ici deux ans.

 

Interview croisée

> Laure, 27 ans, étudiante interne en pharmacie.
> Antonin, 19 ans, étudiant en DUT Informatique, adepte de free party et consommateur de produits psychoactifs.

Comment en es-tu venu à être bénévole sur le dispositif d’analyse de drogues de Médecins du monde ?

Laure : De retour de mission humanitaire, j’ai eu envie de continuer en France, j’ai alors consulté le site de plusieurs ONG et je suis tombée sur la description de la mission Squat et du dispositif CCM. Ce qui m’a particulièrement intéressée était de pouvoir apporter une valeur ajoutée en tant que pharmacien.

Antonin : J’ai connu l’existence de ce dispositif sur le forum psychonaut.com, dans une période de consommation hebdomadaire. Je venais donc régulièrement faire analyser des prods. Quand ma consommation a diminué, j’ai continué à venir car les bénévoles étaient accueillants et les échanges intéressants, et j’étais très intéressé par la drogue et la RdR que je venais de découvrir grâce aux forums. Ils m’ont proposé de faire partie de l’équipe et j’ai tout de suite accepté.

Que fais-tu concrètement ?

Laure : J’analyse les produits, je rends des résultats aux partenaires, saisis des données pour la mission Squat pour la partie « technique », et je fais aussi des entretiens de collecte et de résultats avec les personnes qui viennent directement à la permanence du mardi soir.
Antonin : J’accueille les personnes qui viennent aux permanences. Je participe aux entretiens de collecte et de résultats, je prépare aussi les kits de collecte, et je fais de la saisie de données.
Vous avez chacun des savoirs et savoir-faire différents, du fait de vos études, de vos parcours, de vos centres d’intérêts, qu’est-ce que cela vous apporte en tant qu’intervenant ?

Laure : Dans les entretiens, être en binôme avec Antonin me permet de créer un lien avec les personnes, lien que je n’arriverais pas à créer avec mon statut de professionnelle de santé. Être avec Antonin me permet également d’apprendre sur les produits, les modes de consommation et le vocabulaire utilisé par les consommateurs. Cela renforce aussi mon positionnement, avoir davantage un discours RdR, sans jugement.

Antonin : Cela m’apporte un autre regard sur le sujet des drogues, une approche scientifique et pharmacologique. Cela me permet aussi d’apprendre les termes « scientifiques ». Travailler avec Laure m’apporte un regard plus objectif dans mes discussions avec les consommateurs, un côté plus RdR, je dirais. La plus-value évidente, c’est qu’elle complète et renforce les points que je pourrais négliger lors des entretiens.

Et pour les personnes qui viennent vous voir ?

Laure : Une personne qui consomme se reconnaît parfois plus et communique plus facilement avec une personne qui a un vécu en commun, le même type d’expérience, elle se sent mieux comprise. Je complète néanmoins et guide parfois un peu en ramenant du discours de RdR, qui échappe quand les anecdotes fusent… cette complémentarité amène un équilibre. Le binôme professionnel de santé/consommateur est nécessaire !

Antonin : Je dirais que la validation scientifique solidifie le discours, les utilisateurs de l’outil CCM savent qu’ils ne sont pas n’importe où, que c’est « contrôlé ». Le savoir empirique et le savoir théorique sont extrêmement complémentaires et la réponse apportée est la moins évasive possible. Cela démontre aussi qu’en étant « simple » consommateur on peut être utile dans les structures de RdR.

L’analyse de produits en Europe

Émilie Coutret est chimiste diplômée. Personne n’est parfait.
Pour se rattraper, elle a mis ses compétences au service de la santé communautaire au sein de l’association Techno+ en développant un dispositif d’analyse de drogues. Et pour être définitivement du côté des « good guys », elle offre pour Asud-Journal un tour d’horizon des outils similaires existant en Europe.

Si l’analyse de produits revient actuellement sur le devant de la scène en France, cela fait près de vingt ans qu’elle s’est développée en tant qu’élément essentiel des politiques de santé publique en Europe. En Suisse, en Autriche, en Hollande, mais aussi au pays de Galles ou en Espagne, les services d’analyses sont considérés comme des outils indispensables face à une composition des produits plus fluctuante et imprévisible que jamais, entraînant des incidents qui pourraient être évités avec une meilleure information sur leur contenu. Ces dispositifs ambitieux peuvent donc servir de modèles ou au moins d’exemples pour réfléchir à ce que pourrait devenir l’analyse de drogues en France.

 

ANGLETERRE : D’UN PROJET HOSPITALIER À UN SERVICE RÉGIONAL

Le projet Wedinos (Welsh Emerging Drugs and Identification of Novel Substances) a été créé en 2009 par l’hôpital de Gwent, confronté à une augmentation des admissions de patients ayant consommé des produits inconnus. En partenariat avec le laboratoire de toxicologie, l’équipe a commencé à analyser les échantillons fournis par les patients. Ce système, au départ informel, a été étendu en 2013 à tout le pays de Galles grâce au soutien du gouvernement local. La collecte des échantillons se fait uniquement par voie postale. Des kits de prélèvement sont disponibles dans une centaine de lieux. Les consommateurs peuvent ainsi effectuer seuls leur prélèvement et générer la référence de leur échantillon via le site de Wedinos, qui publie les résultats après analyse.

L’intérêt principal de ce projet est qu’il permet, grâce aux envois postaux, un accès facilité à tous les consommateurs. Si le fait qu’il n’y ait pas de contact physique entre professionnels de santé et consommateur garantit une confidentialité souvent privilégiée par les consommateurs, cela rend la personnalisation des conseils de prévention/RdR plus limitée, notamment au moment du rendu des résultats.

 

PAYS-BAS : UN RÉSEAU NATIONAL

L’usage de drogues étant considéré aux Pays-Bas comme une question de santé publique, c’est le ministère de la Santé qui, dès les années 1990, a rendu accessible l’analyse de produits pour les consommateurs dans le cadre du dispositif national de monitoring DIMS (Drug Information and Monitoring System). Ce dispositif s’appuie sur un réseau national d’organismes de prévention qui accueillent les consommateurs anonymement et collectent les produits. Après avoir relevé leurs caractéristiques physiques (dimension, poids, couleur, logo…), les échantillons sont analysés en laboratoire. Les résultats sont ensuite centralisés sur une base de données nationale et transmis :

  • au ministère de la Santé, qui peut adapter sa politique de santé publique et mettre en place des réponses rapides en cas d’alerte sanitaire via une équipe dédiée : la « Red Alert Team » ;
  • à la police, qui a ainsi une meilleure connaissance des marchés et peut améliorer ses actions de surveillance ;
  • aux organismes de prévention, qui assurent le rendu des résultats par téléphone la semaine suivant la collecte.

Plus de 100 000 échantillons ont pu être analysés depuis le lancement du dispositif, en 1992.

 

AUTRICHE : UNE INSTITUTION POUR LES FÊTARDS VIENNOIS

En 1997, le programme Check IT ! a été fondé sur la base d’un partenariat entre la ville de Vienne, la Verein Wiener Sozialprojekte (association de prévention), et l’unité de toxicologie du CHU de Vienne. Il s’appuie sur une démarche communautaire pour diffuser de l’information objective sur les produits, leurs effets et des outils de RdR aux consommateurs. Outre cette une approche préventive, Check IT ! s’est développé comme un projet scientifique pilote, ce qui lui a permis de gagner à la fois la reconnaissance des consommateurs de substances illicites et celle des autorités.

C’est aujourd’hui, avec la Suisse, un des projets les plus complets d’Europe puisqu’il rend accessible pour les consommateurs des analyses quantitatives en ville, via la collecte d’échantillon à leur local, mais aussi en milieu festif. Les produits collectés au local sont analysés en laboratoire, et le résultat (rendu quelques jours après) est affiché en vitrine avec la référence de l’échantillon. En milieu festif, les résultats sont disponibles 15 à 40 minutes après la collecte par affichage des références. Un code couleur permet de distinguer les produits non-conformes et/ou présentant un risque sanitaire accru. Tous les résultats sont également accessibles sur Internet avec photo et logo (pour les ecstasies), et des alertes sont publiées régulièrement.

Le projet dispose d’un lieu d’accueil spacieux et fonctionnel (la Homebase), d’une unité mobile équipée de deux systèmes de HPLC-MS (technique quantitative précise), et d’une équipe de 9 salariés et 20 vacataires. Véritable institution viennoise, Check IT ! réalise chaque année plus de 1 000 analyses et 5 000 entretiens.

 

SUISSE : DEUX PROJETS ET UNE COORDINATION NATIONALE

En Suisse, l’analyse de substances illégales a été validée politiquement comme outil de RdR en 1997. Deux unités mobiles d’analyse de produits par HPLC-MS se sont rapidement développées : en 1998 à Bern (PilotE, aujourd’hui Rave it Safe), et en 2001 à Zürich (Saferparty géré par Streetwork Zürich).

En 2006, le premier centre d’information sur les drogues a vu le jour à Zürich (à Bern en 2014), venant compléter l’offre en donnant accès à un service d’analyse en ville, ciblant ainsi une population plus large. Des permanences ont lieu une fois par semaine pour la collecte des échantillons et les analyses se font via un laboratoire partenaire. Les résultats (quantitatifs) sont disponibles après quelques jours par mail ou par téléphone. Ces offres proposent également des consultations et du counselling.

Ces deux unités mobiles d’analyse se coordonnent avec les projets de prévention et de RdR en milieu festif des autres villes afin de rendre le service accessible sur tout le territoire suisse. Les consommateurs obtiennent leurs résultats en 20 min seulement. Les alertes sanitaires sont affichées en direct sur les lieux de l’intervention et sur Internet, accompagnées d’informations sur les substances et les produits de coupe. Ces dispositifs alimentent également le dispositif de veille et d’alerte au niveau national.

 

UN ENJEU MAJEUR DE SANTÉ PUBLIQUE

Depuis 2007, la plupart des projets décrits précédemment travaillent ensemble au sein du groupe TEDI (Trans European Drug Information), financé de 2011 à 2013 par la Commission européenne dans le cadre du projet Newip. Ce partenariat a permis l’élaboration de plusieurs outils méthodologiques et de standards de bonnes pratiques, visant à soutenir l’émergence de nouveaux projets et à valider et harmoniser les pratiques des différents acteurs.

Les expériences européennes nous enseignent aussi que pour être réellement efficace, un système d’analyse doit s’appuyer sur la collaboration entre institutions nationales mais aussi locales (villes), laboratoires et acteurs spécialisés qui travaillent auprès des consommateurs.

Autant de pistes et de documents qui pourraient être mobilisés par la France pour combler son retard dans ce domaine.

 

PETIT LEXIQUE DE L’ANALYSE asud_59_analyse

COMPOSANTS :

ce sont les différentes substances présentes dans un échantillon. Généralement, on distingue les produits inertes ou excipients (qui n’ont pas d’effet psychoactif, comme les sucres) et les produits de coupe actifs (comme la caféine, le paracétamol, etc.). Notons que la plupart des techniques – y compris séparatives – ne permettent de distinguer que les produits de coupe actifs.

SÉPARATIF :

une technique est dite « séparative » lorsqu’elle distingue les différents composants de l’échantillon analysé, y compris si elle ne permet pas d’en établir la nature. Avec une technique séparative, un échantillon contenant par exemple une nouvelle substance qui n’aurait encore jamais été analysée (et qui ne pourrait donc pas être identifiée) donnerait un résultat établissant la présence d’un composant inconnu dans l’échantillon.

A contrario, une technique non-séparative peut passer à côté de certains composants d’un échantillon.

DOSAGE :

doser un échantillon, c’est lui faire subir une analyse quantitative. Le dosage, c’est le résultat d’une telle analyse.

QUANTITATIF :

une technique quantitative permet de doser les composants d’un échantillon, c’est-à-dire de déterminer la quantité de chaque composant dans l’échantillon. Les résultats s’expriment alors sous forme de pourcentages.

PRÉSOMPTIF :

une technique est dite «présomptive » si elle comporte une marge d’erreur relativement importante.

QUALITATIF :

une analyse qualitative permet seulement de lister des composants présents dans un échantillon, sans précisions quantitatives.

 

Sources

  1. Factsheet on Drug Checking in Europe, TEDI Workgroup, 2011. https://www.ecstasydata.org/text/2011/2011_tedi_factsheet_on_drug_checking_in_europe.pdf
  2. http://www.wedinos.org/
  3. http://www.checkyourdrugs.at/
  4. http://saferparty.ch/
  5. http://www.safernightlife.org/
  6. Drug Checking Consultation and Counselling Guidelines, TEDI Workgroup, 2012.
  7. Drug checking service good practice standards, Newip Standards, 2013.

EGUS 9 – Culture de l’interdit et revendication citoyenne : les chemins de l’usage de substances

9èmes États Généraux des Usagers de Substances licites et illicites


Thème général : Exposer les difficultés à conjuguer la culture de transgression inhérente au statut des drogues avec le mouvement intégratif de la démocratie sanitaire.

Depuis la mise en place progressive de la politique de réduction des risques, et plus encore grâce aux dispositions relatives au droit des malades, les usagers de drogues ont investi progressivement des espaces de citoyenneté garantis par la démocratie sanitaire et sa réglementation. Parallèlement la culture de transgression liée à la consommation de substance épouse naturellement les nouvelles technologies et imprègne la circulation des traitements de substitution. ASUD vous propose de réfléchir sur ces nouveaux défis lancés à la citoyenneté des usagers de drogues. Le croisement de l’intangibilité des dispositions pénales avec l’évolution continue des doctrines soin, crée un gap riche de perspectives que nous proposons à vos commentaires.

Comité d’organisation : Fabrice Olivet, Fabrice Perez, Nicolas Authier et George Lachaze.

13 avril 2015 / 9h00 – 18h30

5€ pour les particuliers / 50€ formation continue

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Intro par Fabrice Olivet

Matinée : FLIRTER AVEC LES LIGNES

L’usage de substances et le soin continuent d’emprunter des chemins de traverse qui sont très souvent situés aux frontières du licite et de l’illicite.

Cette session a été publiée dans ASUD Journal N°57
Couv-ASUD-57

9h30 Les chemins 2.0 : « pécho » sur le net

Animation : Fabrice Perez

Ce n’est plus un secret, il est possible de se procurer des drogues sur internet. C’est un marché comme les autres entre ses boutiques en lignes, ses sites de petites annonces et ses forums d’usagers. Mais est-ce aussi facile que les médias le présente ? Quels changements en terme de risques pour les consommateurs ?

Intervenants :

11h00 : Pause tabagique ou e-cigarette

11h15 Les chemins de la prescription hors cadre

Animation : Nicolas Authier

Intervenants :

13h00 – 14h30 : Déjeuner libre

Après-Midi : PLANER DANS LA CITÉ

La démocratie sanitaire permet aux usagers de s’exprimer dans de nouveaux espaces au cœur de la cité comme le prouve l’intégration d’ASUD à la commission nationale des stupéfiants et des psychotropes. Cependant cette posture de patient est toujours une source d’interrogation pour nombre d’usagers, une situation qui crée de nombreuses zones de turbulence.

14h30 Les chemins de l’addicto-vigilance : résistance ou collaboration ?

Animation : Fabrice Olivet

Pourquoi les usagers sont-ils sollicités par les autorités pour collaborer au système d’addicto-vigilance ? Existe-t-il des contradictions entre la réduction des risques et la logique de classement des produits sur la liste des stupéfiants? Quelles sont les attentes réciproques des usagers et des institutions lors des opérations d’analyse de produits ?

Intervenants :

  • Quelques exemples internationaux de dispositif de veille et d’alerte
  • Nathalie Richard  directrice adjointe Stupéfiants et Psychotropes, ANSM
  • Dr Mallaret, président de la Commission des Stupéfiants et des Psychotropes, ANSM
  • Thomas Nefau, coordinateur national SINTES, OFDT
  • Anne Batisse et Cécile Chevalier du CEIP-A de Paris
  • Elisabeth Pfletschinger, Chargée de mission santé, MILD&CA

16h30 : Pause tabagique ou e-cigarette

Cette session a été publiée dans ASUD Journal N°57
Couv-ASUD-57

16h45 Les chemins communautaires : les usagers-salariés du médico-social

(ré) Animation : Georges Lachaze

Le dénie qui bâillonne les usagers de drogues salariés du médico-social est d’autant plus intenable que les politiques de soins inspirées par la réduction des risques devraient s’appuyer sur une logique communautaire. Comment concilier la réglementation avec ce point aveugle étranger à la culture juridique française ?

Intervenants :

Clôture à 18h30

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Lieu : CICP 21ter rue Voltaire 75011 Paris

Évènement Facebook

Top Taz 2014 et autres substances dont il faut se méfier

Données françaises :
un effet Tchernobyl ?

Cet article compile 70 alertes émises en Europe en 2014. Seules 4 proviennent de France, aucune ne concerne les comprimés d’ecstasy et une seule émane d’une institution, les 3 autres étant l’œuvre d’associations de terrain. Notre pays serait-il épargné par la vague de taz surdosés comme il l’a été, à l’époque, par le nuage radioactif de Tchernobyl ? Eh oui, en France, on ne diffuse ces données en temps réel qu’en cas d’incidents répétés ! Elles pourraient pourtant être utiles aux consommateurs avant qu’ils aillent mal…

En 2009, la MDMA disparaît du marché suite à la pénurie d’un précurseur : l’huile de sassafras. D’autres substances (méphédrone, MDPV…) tentent alors en vain de prendre sa place avant son come back en 2013 pour le meilleur et pour le pire ! Les taux de MDMA contenus dans les poudres et les cachets sont au plus haut et les accidents se multiplient (4 décès suspectés en 2014), et pas toujours en raison d’une trop grande pureté des produits.

 

Pourquoi faut-il se méfier ?

Des teneurs moyennes plus élevées

Evolution teneur MDMA 2000-2013

Les doses moyennes par comprimé sont ainsi passées de 50 à 60 mg dans les années 2000 à un peu plus de 100 mg de MDMA depuis 2012, certaines pouvant approcher les 300 mg, voire les dépasser dans quelques cas.

243mg MDMA
(janvier 2014)
169mg MDMA
Triangle (janvier 2014)
180mg MDMA
Li-ion / Batterie / Pile (janvier 2014)
196mg MDMA
Mitsubishi (janvier 2014)
200mg MDMA
Nintendo (janvier 2014)
160mg MDMA
Papillon (janvier 2014)
176mg MDMA
Android (février 2014)
143mg MDMA
Mercedes (février 2014)
151mg MDMA
Cygne (mars 2014)
155mg MDMA
Smiley (mars 2014)
215mg MDMA
Bugatti (mai 2014)
231mg MDMA
Android (septembre 2014)
205mg MDMA
Like (septembre 2014)
183mg MDMA
Etoile (septembre 2014)
157mg MDMA
Facebook (septembre 2014)
182mg MDMA
Gold (septembre 2014)
199mg MDMA
Redbull (septembre 2014)
236mg MDMA
Superman (septembre 2014)
234mg MDMA
Wi-Fi (septembre 2014)
143mg MDMA
Yahoo! (septembre 2014)
137mg MDMA
Etoile (octobre 2014)

Des taz 3D attrayants et surdosés

Sûrement pour remettre au goût du jour les taz – qui s’étaient forgé une mauvaise réputation –, les labos ont lancé des presses originales : des comprimés aux formes et aux couleurs attrayantes, souvent plus gros que la moyenne. Ces comprimés qu’on trouve surtout au Benelux sont plus chers (de 10 à 20 €) mais généralement plus forts que les autres. Lorsqu’un Français habitué aux ecstas à 50 mg tombe sur ce genre de cacheton et en prend 4 d’un coup, ça peut faire très mal. C’est ce qui est arrivé cet été au festival de Dour en Belgique où un Français est décédé suite à l’ingestion de Superman, ou l’année d’avant dans les Pays-de-la-Loire, au festival Couvre Feu, des taz Superman là-aussi…

196mg MDMA
Mitsubishi (janvier 2014)
240mg MDMA
Superman (janvier 2014)
137mg MDMA
Champignon / Toad / 1up (février 2014)
125mg MDMA
Superman (mars 2014)
196mg de MDMA
Domino (mai 2014)
186mg MDMA
Superman (mai 2014)
236mg MDMA
Superman (septembre 2014)
234mg MDMA
Wi-Fi (septembre 2014)

Le « Salade-Tomate-Oignon »

Parmi les cas d’incidents, il y a ceux qui font suite à la consommation d’un comprimé qui contient non seulement de la MDMA mais aussi d’autres produits actifs. On y trouve même parfois un cocktail de molécules mais pas de MDMA !

118mg MDMA + 3,3mg Amphétamine + 2mg Caféine
Bitcoin (janvier 2014)
8.9mg 2C-B + 1,5mg MDMA + 2,5mg Caféine
(février 2014)
134mg MDMA + 2mg Caféine
Double main(mars 2014)
155mg MDMA + MDDA + MDPP
Triangle (mars 2014)
200mg MDMA + MDDA + MDPP
Triangle (mars 2014)

« On m’aurait menti »

Consommer une substance en pensant qu’il s’agissait d’une autre est une cause récurrente d’accidents de défonce. Et ce, d’autant plus que le produit ingurgité n’a ni le même dosage, ni les mêmes effets que celui recherché. Dans cette catégorie, prenez garde à la 4,4 DMAR qui a causé 26 décès en 2014 en Europe, et aux PMA et PMMA (voir encadré).

178mg TFMPP
AB200 (février 2014)
4,4 DMAR aka Serotoni
Cerises (18 décès en 2014)
4,4 DMAR aka Serotoni
Croix (18 décès en 2014)
18mg 2C-B
Oeil de pharaon (mars 2014)
20mg Méthamphétamine + 63mg Caféine
Why (mars 2014)
Taz Miko (Magmum) rouge Amphétamine + 4-FMP + 2C-H + Méthamphétamine + 2C-B
Amphétamine + 4-FMP + 2C-H + Méthamphétamine + 2C-B
Miko / Magnum / Extreme (octobre 2014)
Méthandiénone + Méthyltestostérone
Coeur (décembre 2014)
170mg PMMA + 10mg Amphétamine
Superman (décembre 2014)
Diphénidine vendue comme MDMA
(octobre 2014)
170mg PMMA + 10mg Amphétamine

PMA et PMMA, the death est parmi nous

Surnommées « Death » par les consommateurs des années 70, déconseillées par Saint Shulgin qui qualifiait l’une de « drogue traîtresse », et l’autre de « drogue dangereuse », la PMA et sa petite sœur la PMMA sont deux molécules assez proches parfois utilisées comme produits de coupe des tazs. On en trouve surtout au Royaume-Uni, en Irlande et au Bénélux où elle a fait des dizaines de morts, mais en automne 2014 un comprimé contenant du PMA a été analysé sur la région de Metz..

Le véritable risque de la PMA/PMMA réside dans sa toxicité supérieure à celle de la MDMA alors que son effet est moins fort et mets plus longtemps à monter : les consommateurs pensant avoir affaire à des comprimés sous dosées en prennent plusieurs.

Les complications (parfois mortelles) de la MDMA

L’hyperthermie

C’est une élévation anormale de la température corporelle (jusqu’à 42°C !) pouvant endommager le cerveau (convulsion, délire, coma…) et les muscles (crampes).

La MDMA donne chaud et envie de bouger, ce qui donne chaud aussi. Pour éviter la cata, on s’aère, on se pose et on s’hydrate.

Le syndrome sérotoninergique

C’est un excès de sérotonine dans les synapses qui provoque agitation, tremblements, voire convulsions ou raideurs musculaires, tachycardie, hyperthermie, etc. Un jeune homme en est mort en août 2014 dans le sud de la France.

Comme la MDMA libère de la sérotonine, faites attention aux mélanges avec les autres produits qui jouent sur la sérotonine, notamment les IMAO, la Changa (simili DMT), la passiflore, le tramadol et certains antidépresseurs.

L’hépatite fulgurante

Dès la première prise et quelle que soit la dose, la MDMA peut, dans de très rares cas, entraîner le décès suite à une hyperthermie associée à une destruction des cellules musculaires et de différents organes dont le foie. Il s’agirait de prédisposition génétique.

Pour réduire les risques

Fractionner les produits !

Commencez par une demi-dose et attendez. Si le produit est surdosé, vous n’aurez pas besoin de reconsommer. Si les effets vous semblent anormalement faibles ou différents : ne reconsommez pas. Vous pouvez vous renseigner auprès des associations de réduction des risques de votre région pour faire analyser votre produit.

Espacer les prises !

Évitez de consommer de la MDMA plusieurs jours d’affilée ou trop régulièrement (genre tous les week-ends). Cela permet aux réserves de dopamine de se reconstituer dans le cerveau et au foie de se régénérer.

Attention aux logos !

Les labos pressent souvent des contrefaçons, donc deux ecstas de même apparence peuvent être très différents. Cependant, regardez quand même le logo : une tête de mort, un symbole « toxique » indiquent souvent un ecsta surdosé ou contenant du PMA/PMMA. La mention « 2CB » figure sur certains comprimés contenant du 2C-B. Méfiez-vous des comprimés de type Superman, quelles que soient leur taille et leur couleur. Ils tournent encore beaucoup, et leur signalement revient dans de nombreux cas d’incidents depuis deux ans.

Bonus : les autres produits à risque

Des alertes ont également été émises sur d’autres types de substances : faux LSD en goutte ou buvard qui n’est autre qu’un mélange 25I-NBOMe + 25C-NBOMe, détournement de sirops codéinés (lire nos articles HiP-HoP : Le sirop de la rue et Sizzurp : le sirop de la rue) , et héroïne blanche vendue pour de la coke à Amsterdam (lire Quoi de neuf Doc ?).

900µg 25i-NBOMe + 25C-NBOMe
Hoffman (octobre 2014)
900µg 25i-NBOMe + 25C-NBOMe
Hoffman (octobre 2014)
1500µg 25i-NBOMe + 25C-NBOMe
Super Mario Bros(octobre 2014)
1500µg 25i-NBOMe + 25C-NBOMe
Super Mario Bros (octobre 2014)
Codéine + Prométhazine + Éthanol
Purple Drank / Sizzupr
Héroïne blanche vendue comme cocaïne
(octobre à décembre 2014)

2C-P, 25i, 25c, MXE… les nouvelles arnaques aux hallucinogènes

C’était l’une des tendances de 2013. De plus en plus d’usagers se plaignent d’arnaques après avoir acheté du LSD ou de la kétamine, deux produits plutôt épargnés par ces problèmes auparavant. Selon Techno+ et Not for Human, des molécules aux effets et/ou dosages différents sont désormais vendues en teuf à la place de ces produits. S’il y a fort à parier que ce ne sont pas les seules « contrefaçons » qui circulent, abordons déjà les plus courantes.

25I-NBOMe / 25C-NBOMe

Ce sont des dérivés de la famille des 2C, sauf que ces substances psychédéliques sont vraiment très récentes et beaucoup plus puissantes. Ils se présentent le plus souvent sous forme de buvards pré-dosés et plus rarement sous forme de poudre blanche. Dans ce cas, seule la dilution volumétrique (voir encadré) permet de mesurer la quantité exacte à utiliser.

La dilution volumétrique

Alors que les produits habituels peuvent se doser à l’œil, les dosages de RC se comptent en millièmes de gramme et une erreur de dosage peut entraîner des conséquences graves…
Pour mesurer précisément une quantité de produit, il existe la dilution volumétrique.

  1. Vérifier avec une balance de précision le poids total de la quantité de produit à diluer et la solubilité de la molécule (la plupart le sont). Ne pas se fier au poids annoncé par le vendeur.
  2. exemple : 100 milligramme de la substance mis dans 1 litres d’un solvant (ex : alcool à 40° ou plus type vodka) = 100 microgramme par millilitre.
  3. Il suffit alors à l’aide d’une seringue ou d’une éprouvette graduée de remplir le nombre de millilitres souhaités pour obtenir le nombre de microgrammes.

Effets

Les NBOMe ont des effets psychédéliques : hallucinations (surtout visuelles), altération du temps, modification de la conscience. Stimulants, ils peuvent provoquer euphorie mais aussi confusion et angoisse, selon l’état d’esprit, le dosage, etc. Beaucoup d’usagers rapportent une sécheresse de la bouche (parfois une sensation d’anesthésie) et le goût d’aliments modifié et/ou étrange, ainsi qu’une vasoconstriction importante (lèvres ou doigts qui bleuissent).

Très imprévisibles d’une fois à l’autre, ces effets durent généralement de 4 à 10 heures. D’autres produits de la même famille existant (b, d, NBOH, etc.), toujours se renseigner sur le produit exact, le dosage et les effets (qui varient selon la molécule) !

Dosage

Les dosages varient généralement de 200 MICROgrammes (léger) à 1 000 MICROgrammes (fort), par voie sublinguale. Les buvards sont uniquement actifs par cette voie : il faut généralement les laisser 20 à 30 minutes sous la langue ou contre la gencive. Sous forme de gouttes, certains préfèrent la voie nasale : après dissolution dans l’alcool, ils sniffent le liquide ! Attention, c’est très abrasif pour les muqueuses nasales, et les effets sont plus violents (montée plus rapide). Les accidents et décès rapportés avec ces molécules étaient souvent liés à ce mode de prise. Il est fortement conseillé de diminuer les doses par voie nasale, ou de mettre la goutte sur un buvard et d’utiliser la voie sublinguale.

Risques

Bad trip, tachycardie, hypertension, convulsions, insuffisance rénale aiguë, maux de tête, paranoïa et dans les cas les plus graves, décès. Les risques physiques sont bien plus importants avec ces molécules qu’avec des psychédéliques classiques, et le nombre de décès survenus est anormalement haut pour ces substances. Plusieurs usagers de 25C et 25I ont été victimes de vasoconstriction importante nécessitant une prise en charge médicale. Les premiers symptômes se manifestent généralement par des picotements, des engourdissements et une sensation de froid (parfois un bleuissement) au niveau des extrémités (pieds, mains, nez). Des gonflements ont aussi étés signalés.

Ces molécules étant très récentes, les connaissances des interactions dangereuses et de leur fonctionnement sont assez limitées. Mais tout comme la MDMA, les amphétamines et certains antidépresseurs, elles semblent agir très puissamment sur la sérotonine.

Comment les reconnaître ?

Buvards Fraises 25c-NBOMe
Ceci n’est pas de la fraise.
C’est du 25c-NBOH.
buvards hofmann 25i-NBOMe
Ceci n’est pas du LSD.
C’est du 25i-NBOMe.

Buvard à garder sous la langue (ou contre la gencive), gouttes « à sniffer » : CE N’EST PAS DU LSD !!! En cas de doute, avaler le buvard directement permet de faire le tri (le LSD est actif par voie orale, contrairement au 25I et 25C).

Attention néanmoins, d’autres molécules sont vendues sur des buvards pour du LSD : DOC, DOB, DOI, des substances de très longue durée (24 heures), très stimulantes (speed-like) et actives par voie orale !

Des buvards sandwich (2 buvards collés avec une couche de poudre au milieu) circulent aussi avec d’autres produits (tryptamines, par exemple). Très déstabilisant si on s’attend aux effets de l’acide et que c’est autre chose…

La « règle du quart de buvard » pour commencer est plus que jamais d’actualité !

Méthoxétamine

MXE Méthoxétamine
Ceci n’est pas de la Kétamine.
C’est de la Méthoxétamine.

La MXE est une molécule de la famille des arylcyclohexylamines (comme le PCP et la kétamine) mise au point et vendue par des chimistes début 2010. Étant vendue sous la forme d’une poudre cristalline (comme la kétamine), les deux sont impossible à différencier visuellement.

Effets et dosage

Agissant comme un dissociatif à fortes doses, elle peut aussi être sédative et euphorisante selon la quantité consommée. Les effets (et dosages) diffèrent de ceux de la kétamine et surtout, durent beaucoup plus longtemps. Désinhibante et euphorisante à petite dose (+ ou – 20 milligrammes), les effets dissociatifs prédominent à partir de 40-50 milligrammes. La confusion n’est pas rare avec cette molécule, et peut vraiment déstabiliser et désorienter.

Les premiers effets se manifestent 10 à 20 minutes après la prise, progressent pendant une vingtaine de minutes pour se stabiliser pendant 2 heures environ, avant de diminuer progressivement en 1 ou 2 heures. Des effets résiduels peuvent parfois durer jusqu’à 48 heures (surtout en cas de prises répétées, ce qui arrive vite car la molécule peut s’avérer compulsive).

Risques

Les effets secondaires désagréables comprennent : nausée, transpiration (donc bien s’hydrater régulièrement et à petites gorgées), maux de tête, troubles du sommeil, étourdissements, douleurs au niveau des reins, saignements du nez (en sniff), hypertension artérielle, augmentation du rythme cardiaque, bad trip, perte de conscience…

Le risque majeur survient lorsqu’un habitué de kétamine prend la même quantité de méthoxétamine en pensant à tort que les produits sont identiques ou en cas d’arnaque.

Conseils

  • Ne pas re-doser rapidement, d’abord tester avec la plus petite dose possible et attendre suffisamment pour ne pas se faire surprendre par la montée !
  • Contrairement à la kétamine, la MXE agit sur la sérotonine, donc ne pas mélanger avec la MDMA (risque de syndrome sérotoninergique) !
  • Le cannabis peut intensifier les effets et rendre le trip plus confus.
  • Il est fortement déconseillé de mélanger la méthoxétamine avec les dépresseurs du système nerveux (comme l’alcool ou les opiacés) qui favorisent la dépression respiratoire.

2CP

2C-P poudre

Ceci n’est pas de la mescaline.
C’est 2C-P (Bon OK c’est marqué dessus !)

Phénéthylamine psychédélique inventée par Alexander Shulgin, le 2C-P est une variante plus forte du 2C-E.

 

Effets et dosages

Cette substance a des effets psychédéliques : hallucinations auditives et/ou visuelles, altération du temps plus ou moins marquée, modification de la conscience. Stimulante, elle peut provoquer une certaine euphorie. Le 2C-P est plus puissant/déstabilisant, plus introspectif (mental) et plus long que le 2C-E.

Les effets se font ressentir à partir de 2 mg. À 10 mg, ça devient costaud, et à partir de 16 mg, plusieurs personnes ont été hospitalisées (souvent à cause de tachycardie et de battements cardiaques anormalement élevés).

Les dosages doivent être très précis, car une différence de quelques milligrammes peut faire basculer le trip dans un délire cauchemardesque.

Risques

Cette molécule génère souvent des effets secondaires physiques assez puissants pendant le trip (crampes, douleurs abdominales, maux de tête, transpiration excessive, vomissements, tensions musculaires fortes, stimulation physique et mentale importante pouvant être inconfortable, etc.) et peut donner lieu à des hallucinations intenses. Beaucoup d’usagers rapportent des effets mentaux très « dark » (visions effrayantes) et indiquent que cette expérience peut s’avérer assez écrasante et intense.

Arnaque à la mescaline

La vente de mescaline synthétique en teuf est bien souvent un argument commercial (celle-ci étant connue et réputée). Quand on en trouve (ce qui est rare), elle est presque toujours vendue sous forme de poudre (sulfate ou chlorhydrate et non pas en gouttes !) et nécessite 200 à 500 milligrammes pour une expérience psychédélique… De telles quantités ne tiennent pas dans une goutte. La vente de « gouttes de mescaline » doit donc avant tout inspirer de la méfiance. Car au-delà de savoir quel produit est réellement contenu dans le liquide, il s’avère souvent impossible de connaître sa concentration (ce qui risque d’entraîner des accidents).

Tant que la possibilité d’analyse de produit ne sera pas généralisée, la vigilance s’impose !


Article écrit par Sébastien, Président-fondateur de l’association Not for Human qui mène des actions de prévention et de réduction des risques liés aux nouvelles drogues de synthèse au sein de communautés virtuelles de consommateurs (psychonaut.com, lucid-state.org, psychoactif.fr, facebook…).
Plus d’infos sur notforhuman.fr.Plus d »infos sur notforhuman.fr
.

Logo et titre Not for human

La Météo des Prods – Bulletin Taz Octobre 2013

MDMA : circulation de nouveaux comprimés d’ecstasy fortement concentrés en MDMA

L’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC), qui a mené les analyses, précise en effet que les comprimés contiennent environ 180 mg de MDMA.HCL. Le risque de surdose en consommant ces comprimés est fortement accru.

De nombreux taz très fortement dosés en MDMA sont en circulation. Cette tendance remarquée depuis 2011 est toujours d’actualité. La teneur est parfois supérieure à ce que l’on pouvait trouver entre 1995 et 2000, époque où les taz étaient déjà jugés très forts. Même les vétérans doivent faire gaffe. Voici les dernières analyses rapportées par Eurotox :

:

Photo Nom Composition Date / Lieu
Taz étoile orange Étoile Orange 180mg MDMA 11/09/2013

Belgique

Taz taureau rose Taureau Rose 177mg MDMA 11/09/2013

Belgique

Taz Dragon rouge Mortal kombat rose Dragon « Mortal fight » rose/rouge >200mg MDMA été 2013

Pays-Bas et Belgique

Taz Lamborghini lilas Lamborghini lilas >200mg MDMA été 2013

Pays-Bas et Belgique

Taz android vert Android vert 200mg MDMA été 2013

Belgique

Commentaires

  • Le dosage habituel des comprimés « d’ecstasy » trouvés sur le marché belge oscille aux environs de 120-130 mg de MDMA.HCL. Ce dosage est par exemple utilisé dans des études cliniques portant sur la MDMA.

  • Vu la concentration élevée en MDMA de ces comprimés, il existe un risque de complications graves (convulsions, hyperthermie, coma), voire de décès par overdose. Lisez attentivement les conseils de réduction des risques repris ci-dessous.

  • Vu le côté artisanal de la fabrication de ces comprimés, on estime que leur teneur en MDMA peut varier au sein d’un même lot, atteignant jusqu’à 200mg.

Si vous pouvez confirmer / infirmer ces tendances
Veuillez contacter Infor-Drogues (02 / 227.52.52.) ou par e-mail michael.hogge@eurotox.org

CONSEILS DE RÉDUCTION DES RISQUES POUR LES CONSOMMATEURS

  1. Si vous achetez de l’XTC, ne le faites de préférence ni en rue ni en discothèque. Si malgré tout vous le faites, informez-vous auprès d’autres usagers sur les effets des pilules et la fiabilité du revendeur.

  2. Veillez à ne jamais consommer seul ! Entourez-vous de gens qui peuvent vous aider en cas de problème.

  3. Si vous décidez de consommer une pilule, commencez par un quart et attendez +/- une heure pour en apprécier l’effet! De même si vous avez acheté un liquide, n’en consommer qu’une faible quantité et attendez les effets.

  4. Si après une autre heure, vous ne sentez toujours pas les effets de la pilule, patientez avant d’augmenter la dose. En effet, certaines substances actives se manifestent avec un effet retard. De plus, certaines pilules vendues comme de l’XTC peuvent contenir une autre substance active en quantité dangereuse. Attention à la surdose!

  5. Ne prenez de l’ecstasy que si vous vous sentez bien physiquement et mentalement. En prenant un produit psychoactif lorsque vous vous sentez mal ou angoissé, votre état risque d’empirer.

  6. Pour éviter le coup de chaleur, buvez fréquemment de l’eau en petites quantités, rafraîchissez-vous (en prenant l’air, en vous aspergeant la nuque d’eau froide, etc.).

  7. Avant de sortir, fixez-vous une limite (durée de la sortie, nombre de pilule(s), …). Cela vous permettra d’éviter l’usage abusif.

  8. Mieux vaut réserver cette substance aux occasions spéciales. Une consommation fréquente diminue les effets psychédéliques d’ouverture et de bien-être et augmente les risques d’abus.

  9. La « descente » fait partie de l’expérience psychotrope. La retarder en gobant davantage ne fait que la rendre plus difficile. La descente, après un temps de prise limité, peut être agréable.

  10. L’usage d’ecstasy est déconseillé aux personnes souffrant de faiblesse cardiaque, d’hypertension, d’insuffisance rénale, d’insuffisance respiratoire ou de diabète.

  11. L’ecstasy traverse la barrière placentaire et passe dans le lait maternel. Il est donc fortement déconseillé aux femmes enceintes ou qui allaitent. Quel que soit le produit, veillez à ne pas le laisser traîner à la portée des enfants.

  12. Toutes les drogues, et donc l’ecstasy, entraînent une baisse de vigilance qui peut être à l’origine de relations sexuelles non-protégées et, parfois, non-désirées. Ayez toujours des préservatifs sur vous. Lorsque vous sortez avec un groupe d’amis, veillez les uns sur les autres.

  13. Évitez toute activité exigeant de la concentration (travail sur des machines, conduite automobile, …) : excitation, euphorie, nervosité, voire agressivité peuvent entraîner des conduites inadaptées ou une prise de risque inconsidérée.

Que faire en cas d’urgence?

  • En cas de malaise suite à une prise de comprimés ou à un mélange:
  1. Appelez d’urgence les secours au 112 (service médical d’urgence – appel gratuit).

  2. Décrivez l’état de la personne comme suit : est-elle consciente ou inconsciente? Respire-t-elle ou non? Son cœur bat-il ou non?

——————–

Ces infos proviennent d’Eurotox.

Baisse de la « qualité » de la cocaïne : attention aux produits de coupe !

Drogue-Info-Service

Cet article est la synthèse de 2 actualités publiées initialement sur drogues-info-service.fr : site d’informations et de dialogue sur l’alcool, les drogues et les dépendances.

Dans la dernière publication des tendances récentes sur les usages et le marché de la drogue en France [Tendances n°86, juillet 2013], l’Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie (OFDT) attire l’attention sur une dégradation de la « qualité » de la cocaïne en circulation.

En 2011-2012 la cocaïne a beaucoup circulé en France. Cependant, les échantillons analysés pendant cette période contenaient moins de cocaïne que les années précédentes : entre 10 et 20% du poids contre environ 30% avant. Paradoxalement, dans le même temps, les prix du gramme de cocaïne augmentaient.

L’image de la cocaïne auprès des usagers ne semble cependant pas en souffrir et reste globalement positive. Seuls les usagers expérimentés des espaces festifs s’y déclarent sensibles et sont tentés de se détourner vers d’autres drogues.

La baisse de la concentration en cocaïne est compensée par une augmentation des produits de coupage associés. Trois d’entre eux, parmi les plus souvent retrouvés pour couper la cocaïne, ont attiré l’attention pour leur dangerosité particulière : le lévamisole, la phénacétine et la lidocaïne.

Risques du lévamisole

Le lévamisole est un vermifuge qui a aussi une action stimulante sur le système immunitaire. Apparu comme produit de coupage de la cocaïne en 2004, il intéresse les revendeurs de cocaïne non seulement pour son aspect mais aussi parce qu’il a des effets psychostimulants. La prise de lévamisole fait encourir à court terme un risque d’éruption cutanée, d’augmentation du rythme cardiaque, de nausées, de diarrhée et d’étourdissement. En cas d’usage régulier, il peut provoquer des douleurs musculaires, des maux de tête, de la fièvre, de l’insomnie et des convulsions pouvant être mortelles. Il porte aussi atteinte au système immunitaire et rend vulnérable aux infections en circulation.

+ d’infos : Cocaïne et lévamisole (OFDT, 2005) et Agranulocytose induite par la consommation de cocaïne contaminée au lévamisole (Institut National de Santé Publique du Québec, 2010)

Risques de la phénacétine

La phénacétine est un antalgique (anti-douleur) et elle a également une action contre la fièvre. Elle intéresse les revendeurs de cocaïne pour son aspect, pour son action antalgique et parce qu’elle peut avoir une action euphorisante. En cas de surdosage, la phénacétine provoque un bleuissement de la peau et une grande fatigue. Dans les cas les plus graves il peut y avoir des éruptions cutanées, une hyperthermie et des troubles respiratoires et cardiaques potentiellement mortels. L’usage régulier provoque des troubles rénaux qui se traduisent par des douleurs lombaires et une incontinence urinaire.

+ d’infos : Evaluation des risques sanitaires liés à l’utilisation de la phénacétine comme produit de coupage de la cocaïne (AFSSAPS,2008)

Risques de la lidocaïne

La lidocaïne est un anesthésique local autorisé. Par le passé des échantillons de cocaïne contenant plus de 80% de lidocaïne ont été retrouvés. En 2010 un décès a été signalé en France pour un échantillon dosé à 94% de lidocaïne. Le surdosage se manifeste par des vertiges, des tremblements, des bourdonnements d’oreille, des fourmillements, des difficultés à parler, de la confusion mentale, des problèmes respiratoires et des troubles cardiaques.

Les usagers confrontés à des effets anormaux de la cocaïne doivent donc de plus en plus envisager qu’ils ont affaire à des effets dus à l’un de ces produits de coupage. Certaines conséquences pouvant être graves, il est conseillé de ne pas hésiter à contacter un médecin voire les urgences en cas de problème et de ne pas cacher aux secours la prise de cocaïne.

+ d’infos : Mise en garde sur les dangers liés à l’usage de « cocaïne » pouvant contenir une forte concentration de lidocaïne (DGS, 2010)

Source : ADALIS, http://www.drogues-info-service.fr/?Degradation-de-la-qualite-de-la,5319

Alertes Prods : Décès et Intoxications

Depuis mi-juillet plusieurs alertes concernant la dangerosité particulière de certains produits en circulation ont été émises à la suite de décès ou d’intoxications.
Elles concerne les comprimés d’ecstasy, l’héroïne, le LSD, la cocaïne, la kétamine, la méthoxétamine, la MDMA, le 25i-NBOMe et la PMMA. En voici une synthèse à l’intention des (futurs) consommateurs de produits psychoactifs.

29/08/2013 : Intoxications au 25i-NBOMe (buvard)

L’Institut Scientifique de Santé Publique (ISSP) signale qu’au moins trois intoxications au 25INBOMe ont été récemment recensées dans la région d’Anvers. Les patients avaient consommé un buvard à motifs multicolores tel que ceux contenant habituellement du LSD (et donc pouvant être vendus comme tel), derrière lequel était imprimé un « 25-I ». Les symptômes cliniques constatés lors de l’hospitalisation des patients étaient les suivants: diminution de l’état de conscience, insuffisance respiratoire, mydriase (dilatation des pupilles), tachycardie et hypertension. Deux patients ont été mis sous sédatifs et ont dû être intubés et ventilés artificiellement, alors que le troisième est juste resté sous observation quelques heures.Buvard 25i-NBOMe

Le 25I-NBOMe est une phénéthylamine hallucinogène récemment synthétisée, actuellement non-contrôlé par la législation sur les drogues. Bien que les effets soient assez similaires à ceux du LSD, la toxicité est beaucoup plus importante et l’usage de cette substance peut être fatal. Nous n’avons pas d’information par rapport à la manière dont les patients ce sont procurés ce produit (Internet ou marché noir).

Attention

La vente d’hallucinogènes de synthèse comme le 25i-nBOMe, le 2-CE, le DOC, etc. en goutte ou en buvard sont de plus en plus fréquent depuis un an. Non seulement ces produits diffèrent du LSD au niveau des effets, de la durée et des risques mais en plus ils sont vendus fréquemment (consciemment ou non) comme étant du LSD ou de la mescaline liquide. Méfiance dès que vous entendez cette dernier appellation : elle est toujours erronée car la mescaline ne peut pas être active avec juste une goutte ou un buvard de taille classique. Elle nécessite des quantités plus importantes de produit pour en ressentir les effets.

27/08/2013 : Décès liés à des comprimés d’ecstasy contenant du PMMA

La cellule de veille sur la drogues au Pays-Bas (DIMS) nous a informés que plusieurs décès sont survenus dernièrement suite à la consommation de pilules vendues comme de l’ecstasy mais contenant de la para-methoxyméthamphétamine (PMMA) en grande quantité.

Des dizaines de décès ont été rapportés suite à l’usage de PMMA ces dernières années.

La dernière pilule incriminée était ronde, de couleur rose et portait comme logo un point d’interrogation inversé. Mais d’autres comprimés contenant de la PMMA ont également été découverts cet été notamment une pilule ronde, beige clair et portant un logo « Tête de mort » qui avait déjà fait l’objet d’une alerte aux Pays-Bas également.

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Informations sur le PMMA

Toxicité

La PMMA est transformée, une fois consommée, en PMA. Celle-ci est nettement plus toxique que la MDMA !

Effets ressentis

Au début, les effets sont comparables à ceux de l’ivresse à l’alcool, ensuite peuvent survenir hallucinations, légère euphorie, picotements, engourdissement de la peau et des membres, motricité imprévisible et soudaine augmentation de la pression artérielle et de la température du corps, même à faibles doses.

Durée des effets

5 heures

Risques

Pouls accéléré, respiration rapide et pénible, mouvements oculaires imprévisibles, spasmes musculaires, dysfonction motrice (attention à la conduite de véhicules ou même la circulation sur la voie publique!), besoin irrépressible de bouger, bouffées de chaleur, transpiration. Nausées et vomissements peuvent survenir.

À doses plus élevées

Arythmie cardiaque, température corporelle fortement élevée (au-dessus de 40 degrés) et hypertension artérielle, qui peuvent provoquer inconscience, coma, détresse respiratoire fatale, arrêt cardiaque ou défaillance d’un organe. Le risque de décès est réel !

ATTENTION

Souvent vendue comme MDMA, donc attention: la PMMA n’est pas entactogène (sensibilité accrue) ni empathogène (ouverture à l’autre) comme la MDMA. Dès lors, en consommer en croyant prendre de l’XTC « classique » peut amener à reconsommer si on ne rencontre pas ces effets traditionnels. Le risque de surdose est dès lors bien réel, et peut même être mortel.

26/08/2013 : Évacuations (dont un décès) possiblement dû à des Taz Superman Bleu en Loire-Atlantique

L’association Techno+ rapportent que plusieurs personnes ont été évacuées lors du festival Couvre Feu les 23 et 24 août dernier près de Saint-Nazaire. L’une de ces personnes est décédée suite à un problème cardiaque. Ces incidents feraient suite à la consommation de comprimés vendus pour de l’ecstasy. Les taz mis en cause seraient des Superman Bleus de forme triangulaire.

Des analyses sont en cours.

21/08/2013 : Ecstasy fortement concentrés en MDMA en Belgique

L’Institut Scientifique de Santé Publique belge (ISSP) vient de nous informer de la saisie récente à Bruxelles, d’une quantité importante de comprimés d’ecstasy fortement dosés en MDMA. L’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC), qui a mené les analyses, précise en effet que les comprimés contiennent 200 mg de MDMA et qu’ils sont de couleur verte avec un logo « Android ».

Le risque de surdose en consommant ces comprimés est fortement accru. Plus que jamais, lisez attentivement les conseils de réduction des risques en dernière page de ce message. Voici les caractéristiques des comprimés qui ont été saisis :

Couleur : verteews_2013_08_21.jpg
Logo : androïd
Forme : ronde
Ligne de séparation : oui
Diamètre moyen: 9,26 mm
Epaisseur moyenne: 5,05 mm
Poids moyen: 404 mg
Teneur en MDMA : 200 mg MDMA.
Localisation : Bruxelles

  • Le dosage habituel des comprimés « d’ecstasy » trouvés sur le marché belge oscille aux environs de 120-130 mg de MDMA.HCL. Ce dosage est par exemple utilisé dans des études cliniques portant sur la MDMA.
  • Vu la concentration élevée en MDMA de ces comprimés, il existe un risque de complications graves (convulsions, hyperthermie, coma), voire de décès par overdose.

13/08/2013 : Héroïne coupée à des doses élevées de chloroquine en Île-de-France

De l’héroine coupée à des doses élevées de chloroquine a été saisie en Seine-Saint-Denis le 8 août 2013.
Les analyses effectuées sur des bonbonnes thermosoudées en plastique contenant de l’héroïne ont mis en évidence des quantités de chloroquine pouvant aller jusqu’à 8,9%.

Réduction des risques et recommandations

La toxicité de la chloroquine injectée par voie intraveineuse n’est pas négligeable : la survenue d’éventuels troubles rythmiques cardiaques est à prendre en considération.

En cas de surdosage en chloroquine, les symptômes sont faussement rassurants (maux de tête, nausées, vomissements), l’arrêt cardiocirculatoire pouvant survenir de façon brutale. A cause de ce risque la prise en charge doit être rapide (SAMU, POMPIERS, URGENCES…).

  • Source : Agence Régionale de Santé d’Île-de-France

19/07/2013 : Décès liés au mélange PMMA MDMA Cocaïne en Belgique

Le Centre Toxicologique de l’Université d’Anvers a enregistré un décès lié à la consommation de MDMA et de PMMA. Les analyses toxicologiques ont montré que la victime, un homme âgé de 36 ans habitant Anvers, présentait dans le sang du PMMA ainsi que de la MDMA en concentration élevée. Ce tableau est toutefois compliqué par le fait que le sang de la victime présentait également des traces de consommation de cocaïne, d’alcool et de tranquillisants, et qu’elle était par ailleurs épileptique. En outre, aucun échantillon de drogue n’a pu être prélevé à son domicile.

Même s’il est difficile à ce stade d’identifier précisément les causes du décès, cette alerte suggère néanmoins la possible circulation en Belgique d’échantillons de drogues contenant de la PMMA, comme cela a pu être récemment observé aux Pays-Bas (lire plus haut).

18/07/2013 Cocaïne et lévamisole : complications médicales

Levamisole maladie peauEn quelques années le lévamisole est devenu le principal produit de coupe de la cocaïne. Il est présent dans 60% des échantillons de cocaïne analysée en France en 2010 (source : OFDT) et dans 30% des analyses faites en Espagne, Suisse et Autriche en 2013 (source : TEDI). La Suisse (après l’Espagne et l’Angleterre en 2012) a connu récemment ses premiers cas de nécrose de la peau dans plusieurs hôpitaux. La France est peu touchée mais les consommateurs réguliers de cocaïne s’expose à de nombreuse complications médicales s’il consomment du lévamisole régulièrement.

Le lévamisole est un vermifuge utilisé en médecine vétérinaire. Ce produit a de multiples conséquences négatives sur l’organisme en affectant le système immunitaire :

  • Les plus fréquents : éruption cutanée, anorexie, nausées, vertiges, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, réactions allergiques
  • Les plus graves : problèmes vasculaires.

Il existe des Kit sur internet permettant de détecter le lévamisole dans la cocaïne.

12/072013 : Décès et intoxications à la Méthoxétamine (MXE)

 La direction générale du Ministère de la Santé rapporte 11 cas d’intoxication à la MXE depuis 2011 ainsi qu’un décès. D’autres décès étaient survenus en Angleterre et en Suède.

La MXE est parfois vendue pour de la Kétamine alors qu’elle est active à un dosage inférieur, que ses effets apparaissent avec un délais plus important et qu’ils durent plus longtemps. Le risque d’accident est donc majoré pour les consommateurs habitués à la kétamine.

La méthoxétamine est vendue sous forme de poudre blanche, sous des noms variables : MXE, Mket,
Kmax, Mexxy, Minx, Jipper, legal ketamine.

Contrairement à la kétamine, la méthoxétamine n’est pas classée à ce jour en France sur la liste des
stupéfiants bien que la commission des stups ait fait une recommandation en ce sens.

En cas d’overdose

Symptomes

Les signes cliniques les plus fréquemment observés :

  • Neuropsychiatriques : état dissociatif, analgésie sans perte de conscience, confusion, amnésie, hallucinations, agitation alternant avec somnolence, incoordination, tentative de suicide
  • Ophtalmologiques : mydriase (élargissement de la pupille), nystagmus (incoordination)
  • Cardiaques : tachycardie, hypertension artérielle

Peuvent aussi être observés : dépression respiratoire, nausées, vomissements, hyperthermie.

Article initialement publié sur http://www.technoplus.org/t,1/2691/-la-meteo-des-prods—vigilance-aout-2013?PHPSESSID=0ed670e6e00e9cb419b1eb740512c6a8

 

La Météo des Prods – Bulletin RC Juillet 2013

Source : http://www.technoplus.org/t,1/2689/-la-meteo-des-prods—bulletin-rc-juillet-2013

Les RC, tu sais ce que c’est ? Non ! Et bien tu ferais mieux de lire la suite car ces « nouvelles » drogues circulent de plus en plus depuis 2 ans. Environ 40 nouvelles substances ont été identifiées depuis 1 an. La plupart sont illégales en France. Seules quelques une ne sont pas (encore) classées.

Leçon n°1 : En soirée les RC sont souvent vendus comme étant ou ressemblant à un produit plus classique

On les commande sur internet ou bien on les trouve en soirée. Dans les 2 cas on est jamais sûr de la composition et tu peux te faire arnaquer.

Environ la moitié des RC analysés en France (SINTES) et en Europe (TEDI) ne contiennent pas la substance attendue. Ce chiffre est tout de même à relativiser car les produits qui posent problème sont davantage analysés que les autres. Il peut s’agir d’un produit vendu pour une drogue « classique » (coke, kéta, MDMA, speed, LSD…) qui contient en réalité un RC dont les effets sont plus ou moins proches voire pas du tout ! C’est plus pratique pour les vendeurs qui ont un nouveau produit d’insister sur la similitude avec un produit déjà connu. Certains peuvent t’arnaquer et ne précisent même pas qu’il s’agit d’un RC. D’autres encore ne savent même pas qu’ils sont en train de vendre un RC !

Même quand les effets sont proches d’un autre produit que vous connaissez le dosage, lui, peut être complètement différent. C’est pareil pour la durée des effets.

Les RC les plus fréquemment identifiés sont : Méthoxétamine, 2C-B (stupéfiant), 25i nBoMe, 4-MEC (stupéfiant), Méphédrone ou 3-MMC (stupéfiant), 2C-E (stupéfiant), MDPV ou sel de bain (stupéfiant).

Conseils pour éviter les mauvaises surprises :

  • Lisez le flyer RC de Techno+.
  • Pour vos achats privilégiez les vendeurs ayant une bonne réputation. Renseignez-vous auprès de vos amis ou sur les forums spécialisés.
  • Privilégiez aussi aussi les vendeurs qui sont capables de vous expliquer le dosage à faire, la durée du produit et les effets qu’il procure. Si le vendeur est lui-même consommateur de son produit, c’est plutôt bon signe.
  • Malheureusement, le meilleur moyen d’être informé sur un RC (effet, dose, risque…) c’est encore de connaître quelqu’un qui en a déjà pris avant. Pour cela les forums spécialisés comme psychonaut.com sont très utiles avec leur Trip report.

Leçon n°2 : La Méthoxétamine, le RC le plus fréquemment rencontré, est souvent vendu pour de la kétamine

En soirée, c’est souvent de cette façon que les gens font connaissance avec la méthoxétamine : ils pensent avoir affaire à de la kétamine. Sous forme de poudre les 2 produits sont effectivement identiques. Or la méthoxétamine est plus forte à dose égale et dure 3 fois plus longtemps ! Le pire étant pour les habitués de la kéta qui s’envoient directement une grosse dose de méthoxétamine. C’est le bad trip assuré voire le trou noir. (Lire un témoignage à ce sujet).

La méthoxétamine est le RC le plus collecté pour analyse en France. Depuis 2011, on recense 19 personnes hospitalisées pour des intoxications liées au sniff de méthoxétamine en association avec d’autre produits (alcool, kéta,etc.) au cours d’une même soirée. Suite à cela la commission des stupéfiants a rendu un avis favorable en avril 2013 pour son classement comme stupéfiant.

Conseils pour éviter les mauvaises surprises lors de l’achat de kétamine :

  • Privilégiez la kétamine sous forme liquide à cuisiner soit même.
  • Un prix de vente au gramme inférieur à 40€ peut être aussi un signe car la méthoxétamine est vendue bien moins chère sur internet et certains essayent de l’écouler plus facilement en cassant les prix.
  • Lisez le flyer Méthoxétamine de Techno+.

25i-nBOMe Buvard HoffmanLeçon n°3 : La mescaline vendue (liquide ou buvard) est presque toujours un RC de la famille des 2Cx comme le 25i-NBoMe

Il y a eu 7 cas d’intoxication en 4 mois dû au 25i-NBoMe au Royaume-Uni. En Belgique, en Espagne, aux Pays-bas, en France, en Allemagne, en Autriche, en Finlande, etc., la vente de 25i-nBoMe en soirée ou sur internet augmente.

Ce produit est rarement vendu sous son appellation. Sur internet on parle de Vortex, de B25, de mescaline… On le trouve sous forme liquide dans une fiole, sur un buvard ou même dans une paille (voir image ci-dessous). Car la particularité de ce produit liquide est d’être plus actif en sniff.

Image_018

25i-nBOME buvard 2Il est devenu très fréquent de trouver des produits vendus pour de la mescaline liquide en free party en goutte ou en buvard. Or il est impossible que cela soit de la mescaline sinon le buvard devrait avoir la taille d’un post-it pour faire effet ! Les rares analyses montrent qu’il s’agit à chaque fois d’un RC analogue des 2Cx dont pas mal de molécules ont des propriétés hallucinogènes. Le 25i-nBOMe est aussi parfois vendu comme du LSD.

25i-nBOME buvard 12 indices qui permettent de suspecter la présence de 25i-nBOMe ou un autre 2Cx :

  • Si un produit est présenté comme de la mescaline sous forme liquide (buvard ou goutte).
  • Si on te conseille de sniffer une goutte plutôt que de l’avaler.

Leçon n°4 : Les cannabis de synthétyiques ne se dosent pas comme le cannabis végétal et les effets ne sont pas forcément les mêmes

Les cannabinoïdes de synthèse forment une immense famille de RC qui n’est pas classée en France. Il ne sont donc pas illégaux mais l’Union Européenne envisage de les interdire dans tous ses États-Membres. Certains comme l’Allemagne l’ont d’ailleurs déjà fait sur des substances bien précises.

Contrairement à leur appellation général ses produits n’ont que peu de rapport avec le cannabis à part le fait qu’ils se fument. Certains ne sont même pas dérivés du fameux THC ! Ces produits ont des noms barbare comme AKB-48F, AM-2201, STS-135, UR-144, JWH-018, etc. Il en existe tellement qu’à eux seuls ils représentent 40% à 50% des RC identifiés chaque années.

Ils se présentent généralement sous forme de poudre fine. Pour leur donner un aspect plus « naturel », certains vendeurs sur internet pulvérisent cette poudre sur des débris de végétaux qu’ils vendent dans des emballages hermétiques avec des images de plantes et un nom commercial du type herbal spice.

Les effets peuvent être très différents d’une substance à une autre. Tout comme les dosages.

Quelques conseils sur les cannabinoïdes de synthétiques :

    • Ne te laisse pas embobiner par les appellation commerciale. Renseigne toi sur le produit exact sur psychonaut.com par exemple.
    • Dans ton premier joint ne mets qu’un tout petit peu de produit (quelques milligrammes, une pointe de couteau comme on dit).
    • Fume 1 ou 2 latte puis attend les effets 15 minutes avant de continuer.
    • Visionne cette vidéo réalisée par l’association spécialiste des RC, Not for Human.

Et les autres RC alors ?

Nous avons évoqué ici les cas les plus fréquents mais il existe de nombreux autres RC notamment des stimulants comme la famille des cathinones. Principale alternative aux produits classiques comme la coke, la MDMA ou le speed, ils se font plus discrets depuis leur classement comme stupéfiant en France en 2012.

Certains produit de cette famille avaient alors été mis sous les feux des projecteurs comme la méphédrone à laquelle plusieurs décès sont attribués en Angleterre ou encore le MDPV, dit sel de bain ou la drogue qui rend cannibale. Cet emballement médiatique à leur sujet leur a été fatal (classement stup un peu partout) sans que les faits reprochés ne soient réellement avérés dans bien des cas.

On pourrait aussi parler des opiacés de synthèse dont les effets peuvent êtres 40 fois plus puissants que la morphine ou encore des substances délirogènes à manipuler avec précaution de la famille des tryptamines.

Les RC c’est une liste de produits sans fin comme la guerre à la drogue. Un seul conseil à retenir : informez-vous et informez les autres autour de vous.

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Ces infos sont une compilation des données publiées depuis 6 mois par TEDI, Eurotox et SINTES.

La météo des Prods – Bulletin Taz du 2 juillet 2013

Source : http://www.technoplus.org/t,1/2688/-la-meteo-des-prods—bulletin-taz-juillet-2013

Il est possible que le retour des taz fasse partie de la tendance de l’été 2013. Alors autant savoir ce qui circule depuis 6 mois sous cette forme. Peu présents en France mais disponibles sur les marchés belges, hollandais, allemands, autrichien et suisse, ce type de comprimés pourraient circuler dans toute l’Europe à la faveur des déplacement estivaux. Pour ne pas être surpris, 3 leçons à retenir :

Leçon n°1 : Des dosages en forte hausse

De nombreux taz très fortement dosés en MDMA sont en circulation. Cette tendance remarquée depuis 2011 se confirme. La teneur est parfois supérieure à ce que l’on pouvait trouver entre 1995 et 2000, époque où les taz étaient déjà jugés très forts. Même les vétérans doivent faire gaffe. Notez l’évolution dans les analyses ci-dessous :

Photo Nom Composition Date / Lieu
Taz DJ rouge DJ Rouge 127mg MDMA 03/10/2012
Belgique
Party Flock Bleu 173mg MDMA 08/02/2013
Belgique
Dragon « Mortal fight » 175mg MDMA 13/06/2013
Pays-Bas
Lamborghini 186mg MDMA 13/06/2013
Pays-Bas
Like rose Like rose 165 à 220mg MDMA 26/06/2013
Belgique
Pays-Bas
AIX orange AIX orange 165 à 220mg de MDMA 26/06/2013
Belgique
Pays-Bas
Tortue ninja jaune 3D Tortue Ninja Jaune 3D 165 à 220mg de MDMA 26/06/2013
Belgique
Pays-Bas
Taz fort MDMA PartyFlock rose 200mg MDMA 2013
France
Crane blanc 3D Crâne Blanc 3D 366 mg MDMA 26/06/2013
Belgique
Pays-Bas

Leçon n°2 : Un taz ne contient pas toujours que du MDMA

Près de 10% des comprimés analysés en Europe (source : TEDI) contiennent un produit de coupe en plus du MDMA.

Photo Nom Composition Date / Lieu
Taz mitsubishi vert Mitsubishi vert 0,15mg MDMA
1,74mg Méthamphétamine
6,4mg Domperidone (Motilium)
31,6mg mCPP
03/10/2012
Belgique
MDMA MethoxetamineTaz MDMA + Méthoxetamine 2012
Espagne

Leçon n°3 : Un taz ne contient pas forcément du MDMA

Plus de 20% des comprimés analysés en Europe (source : TEDI) ne contiennent pas de MDMA mais d’autres substances aux effets souvent bien différents.

Photo Nom Composition Date / Lieu
Taz 2c-E 2Taz 2c-E 1 2C-E 2012
Espagne
Taz Tête de mort blanc Tête de mort PMMA 28/06/2013
Pays-Bas
LOGO ICE
(pas de photo)
Speed Canadien 19% de Méthamphétamine 2013
France

Au Boom festival 2012, certains comprimés contenaient de la méthylone ou du mCPP à la place du MDMA.

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Ces infos sont une compilation des données publiées depuis 6 mois par TEDI, Eurotox et SINTES.

Alerte officielle : Héroïne contaminée à la maladie du Charbon / Anthrax

5 cas d’anthrax ont été signalés chez des usagers injecteurs d’héroïne, dont 1 cas en France.
Après les 119 cas d’anthrax en quelques semaines chez des usagers injecteurs d’héroïne en 2009-2010, les autorités sanitaires européennes s’inquiètent de la possibilité d’une nouvelle épidémie.

la Direction Générale de la Santé (DGS) nous informe qu’il y a désormais 5 cas avérés d’anthrax chez des usagers d’héroïne dont 1 cas en France, dans la région Rhône-Alpes. Les autres cas se situent en Allemagne (3 cas dont 1 mortel) et au Danemark (1 cas mortel).
La Direction Générale de la Santé vient donc de publier une fiche d’alerte sur l’anthrax (maladie du charbon) que nous mettons ci-dessous à votre disposition. Nous encourageons les usagers d’héroïne à en prendre connaissance et à ne pas hésiter à aller consulter des services médicaux (urgences) s’ils se découvraient des symptômes pouvant évoquer cette maladie.

Un traitement antibiotique spécifique commencé suffisament tôt permet de guérir en limitant fortement les dommages.

Symptomes

Si la personne a été contaminée par injection, les symptômes peuvent être

  • une zone de tuméfaction (gonflement) et de rougeur au point d’injection, avec ou sans douleur associée
  • un abcès ou ulcère au point d’injection
  • éventuellement de la fièvre, des maux de tête, de la nausée.

Si la personne a fumé l’héroïne contaminée, elle peut présenter un syndrome grippal (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, toux) qui peut se prolonger en difficultés respiratoires.

Quelques infos complémentaires

  • Si un consommateur d’héroïne présente ces symptômes il faut recourir immédiatement à un avis médical. Si nécessaire, accompagnez-le dans un service d’urgence.
  • Aucune voie d’administration de l’héroïne n’élimine le risque de contamination par la maladie du charbon : les injections dans les muscles (intra musculaire), la peau (sous cutanée), les veines (intra veineuse), peuvent causer la contamination.
    Toutefois l’inhalation des spores en fumant ou sniffant l’héroïne peut causer la maladie du charbon sous sa forme la plus grave au niveau des voies respiratoires (mortelle dans 85% des cas contre 20% pour les autres modes de contamination).
  • La contamination d’un produit par les spores du bacille du charbon n’est pas visible à l’oeil nu.
  • Les conseils habituels peuvent aussi réduire les risques de contamination : ne pas partager les aiguilles, les seringues et tout autre matériel, éviter toute préparation commune du produit.

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Documents officiels :

Carotte anglaise à la Mission XBT

Tous les mardis de 18 à 20 heures, la mission XBT de Médecins du monde à Paris tient une permanence d’analyse de produits. De la réduction des risques à l’état pur… testée en direct à l’occasion d’une carotte anglaise.

Descandant de l’avion en provenance de Londres avec des bonbonnes d’héro dans les poches, je me jette dans le taxi, puis arrivé devant chez moi, je monte 4 à 4 les escaliers, et me précipite sur le matériel d’injection et commence fébrilement la prépration du produits. D’abord une petite dose pour tester. Quand je me met à chauffer la cuppule, le mélange commence à faire des boules de cire, et une nappe de ce qui ressemble à de la paraffine apparaît à la surface… Furieux de commencer à comprendre que je me suis fait arnaquer, j’injecte quand meme une toute petite quantité… pour voir…ça me mets très mal, dans un etat de tension interne. Ça s’appelle se prendre une carote à l’anglaise…

Curieux de voir ce que ces chers dealers anglais ont pu mettre dans cette came, je me rend à Médecins du Monde (MdM) le mardi qui suit à 18h. La mission Rave Paris tient une permanence d’analyse des différents produits que leur amène les usagers. Thomas, phamacien et bénévole à la mission, m’accueille et m’explique leur démarche. « L’histoire ce n’est pas seulement de tester des prods, mais c’est surtout pour entrer en contact avec des usagers qui ne fréquentent aucun dispositif sanitaire, pour discuter de leur pratique, et les initier à la réduction des risques ». C’est ainsi que tout en remplissant une fiche de renseignement sur le produit, nous discutons de ma pratique d’injection, des circonstances d’achat du prod et de consommation, des différents mélanges possibles…

Une fois le questionnaire rempli, il m’enmène vers une table, ou sont posé des tubes, des réactifs, et toute la panoplie du petit chimiste en herbe. Il me fait prélèver une tete d’épingle de mon caps pour la mettre dans un tube de prélèvement. La technique utilisée pour tester les prods s’appelle la chromatographie sur couche mince (CCM). Elle est issue du milieu festif et a été développee pour compléter le fameux (défunts) test de marquis à partir du début des années 2000. Cette technique ne permet pas de connaître le pourcentage de produit présent, mais de préciser la présence ou l’absence de substances comme l’héroïne, la cocaine, le speed, l’ecstasy et leur principaux produits de coupe.
Pendant la demi-heure d’attente au cours de laquelle plusieurs opérations minitieuses sont effectués, Gregory, le coordo de la mission XBT de MdM (mission scientifique soutenant le développement de l’analyse de drogues) va un peu plus loin dans le fonctionnement et les buts du dispositif. « Le projet ne se résume pas à ces deux heures. Nous formons aussi des usagers qui, s’inscrivant dans une démarche de RdR, collectent ainsi les produits auprès de leur réseau. Nous sommes également en relation avec des CAARUD qui proposent ce service d’analyse à leurs usagers et qui nous ramènent des échantilons dans les tubes de prélèvements.  C’est un premier pas, mais nous aimerions que cette méthode d’analyse puisse être expérimentée directement dans les CAARUD ». Effectivement, ça pourrait être le double effet kiss-cool du bonbon rdr  : faire ré-entrer la réduction des risques dans le centres, mais aussi y amener des usagers qui n’ont sinon aucune raison de venir.

Les résultats de l’analyse sont prets. Différents points de couleur sur une feuille, qu’il faut comparer à un référentiel dans un gros classeur. Si l’échantillon contient bien de l’héroïne et une dose de paracétamol il contient aussi de la phénacétine, précurseur du paracétamol interdit en France, et qui se retrouve plutot d’habitude dans les produits de coupe de la cocaïne. Autres surprise, il n’y a pas de caféïne comme dans 90% des echantillons analysés. Et puis, il y a une substance inhabituelle qui apparaît sur le papier, mais qui n’est pas répértorié dans le référentiel. Impossible de l’identifier…Je remet une tete d’épingle dans un flacon, mais cette fois-ci pour le programme SINTES, programme de l’OFDT d’analyse de produit plus complet, mais qui malheureusement, ne donne pas les résultats avant un mois.

Je repars allégé de quelques miligrammes de came en moins, qui va de toute façon veillir au fond d’ une boite, mais enrichi de précieux conseils de réduction des risques. Les dealers anglais ne sont plus ce qu’ils étaient.

Curieux de voir ce que ces chers dealers anglais ont pu mettre dans cette came, je me rends donc le mardi suivant à 18 heures à la Mission XBT de Médecins du monde qui tient une permanence d’analyse des différents produits amenés par les usagers. Thomas, pharmacien bénévole à la mission, m’accueille et m’explique leur démarche. « L’histoire, ce n’est pas seulement de tester des prods, mais c’est surtout pour entrer en contact avec des usagers qui ne fréquentent aucun dispositif sanitaire, pour discuter de leur pratique et les initier à la réduction des risques. » C’est ainsi que tout en remplissant une fiche de renseignements sur le produit, nous discutons de ma pratique d’injection, des circonstances d’achat du prod et de consommation, des différents mélanges possibles…
Une fois le questionnaire rempli, Thomas m’emmène vers une table où sont posés des tubes, des réactifs, et toute la panoplie du petit chimiste en herbe. Il me fait prélever une tête d’épingle de mon caps pour la mettre dans un tube de prélèvement. Issue du milieu festif et développée à partir de 2000 pour compléter le fameux (défunt) test de Marquis, la technique utilisée pour tester les prods s’appelle la chromatographie sur couche mince (CCM). Une technique qui ne permet pas de connaître le pourcentage de produit présent, mais d’identifier les substances comme l’héroïne, la cocaïne, le speed, l’ecstasy et leurs principaux produits de coupe.

Pendant la demi-heure d’attente ponctuée de plusieurs opérations minutieuses, Gregory, le responsable de la mission XBT, détaille un peu plus le fonctionnement et les buts de la mission : « Notre permanence ne se résume pas à ces deux heures. Nous formons aussi des usagers, qui collectent les produits auprès de leur réseau, et nous sommes en relation avec des Caarud qui proposent ce service d’analyse à leurs usagers et qui nous ramènent des échantillons dans les tubes de prélèvement. C’est un premier pas, mais nous aimerions que cette méthode d’analyse puisse être expérimentée directement dans les Caarud. » Effectivement, ça pourrait être le double « effet Kiss Cool » du bonbon RdR : réintroduire la réduction des risques dans les centres, mais aussi y amener des usagers qui n’auraient aucune raison d’y venir autrement.

Les résultats de l’analyse sont prêts. Différents points de couleur sur une feuille, qu’il faut comparer à un référentiel dans un gros classeur. Si mon échantillon contient bien de l’héroïne et une dose de paracétamol, il contient aussi de la phénacétine, un précurseur du paracétamol interdit en France qu’on retrouve plutôt d’habitude dans les produits de coupe de la cocaïne. Autre surprise : il n’y a pas de caféine comme dans 90% des échantillons analysés, mais une substance inhabituelle qui apparaît sur le papier et qui n’est pas répertoriée dans le référentiel. Impossible donc de l’identifier… Je remets une tête d’épingle dans un flacon, mais cette fois-ci pour le programme Sintes de l’OFDT, un programme d’analyse de produits plus complet, mais dont les résultats ne sont malheureusement pas donnés avant un mois.
Je repars allégé de quelques milligrammes de came – qui va de toute façon vieillir au fond d’une boîte – mais enrichi de précieux conseils de réduction des risques. Les dealers anglais ne sont décidément plus ce qu’ils étaient.

Mission XBT
01 43 14 81 68
xbt@medecinsdumonde.net

Les différents produits de coupes en 2006

Au vu du nombre de congrès, interventions et articles sur le thème, on pourrait croire que l’année 2006 s’est déroulée sous les auspices de la cocaïne. Mais au vu de nombreux témoignages, 2006 aura été l’année de l’arnaque. Déjà abordé dans le précédent numéro, ce thème est cette fois documenté, chiffres à l’appui, par des sources officielles et expertes.

Les arnaques sont de plus en fréquentes, ingénieuses, organisées… Lors des Teknivals, des gangs de profiteurs vendent tout et n’importe quoi. Certains ont compris qu’on ne risque pas grand chose à revendre de la Nivaquine® ou du sel d’alun. L’alcool étant consommé de plus en plus massivement et mélangé à d’autres drogues, la qualité de jugement est souvent bien altérée et les arnaques d’autant plus faciles.

Tendances moyennes par produits

Cocaïne
10 à 30% dans les saisies de moins de 100 g se situe entre de cocaïne en 2005. Des analyses de quelque dizaines d’échantillons collectés en 2006 en région parisienne révèlent 20 à 30% de cocaïne. Plusieurs dizaines de cas graves de consommation de cocaïne coupé avec de l’atropine.
Dans les paquets vendus au détail on trouve aussi de la chloroquine (Nivaquine®), de la magnésie. La « synthé » contient généralement de fortes proportions de produits de coupages qui peuvent être d’origine synthétique.

Crack , « Free-base »
Cire de bougie, savon et cuisines diverses aromatisés avec des médicaments variés entrent souvent dans la composition du « crack ».Par ailleurs, le « free basing » n’est pas une garantie de « purification » de la coke. Certains adultérants résistent au procédé.

Héroïne, Rabla
75 % de l’héroïne marron (Râbla) saisie en 2005 contient moins de 10% d’héroïne. Le reste est du paracétamol (44% ) et de la caféine (26%) qui renforce les effets de l’héroïne fumée en favorisant son passage à travers les poumons.. L’«héroïne morte », employée pour rallonger la poudre est un mélange de paracétamol et de caféine. Les petites bombonnes vendues à Paris contiennent généralement de 1 à 5 % de Rabla, des médicaments et sucres divers. Mieux vaut acheter sucre et café chez l’épicier et le paracétamol à la pharmacie.
ASUD vous rappelle que la Rabla n’est pas du Rachacha en poudre mais de l’héroïne de basse qualité. La Rabla accroche et peut provoquer une overdose.

Ecstasy, MDMA, M-CPP et chloroquine
Dosage courant des comprimés : 40 à 70 mg. Quelques doses contenaient plus de 120 mg. Le reste est composé de sucres (lactose, sorbitol, amidon).
Ecstasy, MD et MDMA, c’est la même chose. On trouve parfois de la MDA, MDEA… ou des traces d’intermédiaires de synthèse, généralement issus d’un processus de fabrication bâclé mais rarement du speed
Offre de plus en plus importante de M-CPP ou pipérazine vendus pour de l’ecstasy.
Aux Teknivals, arnaque massive de médicaments : Celestamine@ (« parachute » ou « champignon ») et la Nivaquine@ (« Z », de « N », « X », « Néo »…), vendus pour de l’ecstasy.

Amphétamines, speed
Le speed gras contient généralement de la stéarine. Des roublards vendent du mastic pour fenêtre roulé dans la chloroquine (pour l’amertume) et parfois dans un peu de vrai speed afin de leurrer le test de Marquis.

Ice, Crystal meth
Mélange cristallisés de sucre candi et de chloroquine, sels d’alun, MDMA en cristaux, gros sel… vendu de 100 à 400 euros le gramme. Voilà ce que des gogos se font refiler pour du crystal ou de l’ice. On n’a pas trouvé de crystal meth.

LSD
Les cartons et buvards vendus pour du LSD ne contiennent souvent que de la cellulose pure.

Les chiffres suivant représentent le pourcentage de cas ou les produits ont été détectés, d’après les données provenant des saisies des douanes, de la police et de la gendarmerie. Il s’agit souvent de quantités importantes. Des analyses de produits vendus au détail révèlent encore d’autres produits, et parfois une absence totale de drogues

Analyse effectuées
par l’OCTRIS
Cocaïne Héroïne Amphétamines Ecstasy
Pureté moyenne en 2005 10 à 30 % Moins de 10% dans
82% des saisies
14% en moyenne
(111 kg saisis)
50 mg en moyenne
(833 000 doses saisies)
Phénacine 27%
Lidocaïne 10%
Caféïne 14% 95% 74% 12%
Procaïne 2% 13% 1%
Paracétamol 3% 89% 8%
Hydroxyzine 7%
Diltiazem 12%
Lévamisole 4%
Griséofulvine 12%
Phénobarbital 2%
Mannitol (Sucre) 23% 15% 4%
Sucres Divers 41% 20% 70% 100%
Créatine  8%

Petit glossaire sur la nature et les effets des différents produits de coupage

Attention : Les effets secondaires de nombreux médicaments employés comme produit de coupe sont potentialisés par l’alcool, qui augmente et/ou modifie aussi les effets des drogues.

  • Atropine : utilisé en chirurgie. Entraîne confusion et troubles nerveux graves. Risque mortel.
  • Barbiturique : Il s’agit généralement de Gardénal® (phénobarbital). Dépresseur du système nerveux autrefois employé comme somnifère, ou pour traiter l’épilepsie… Guère plus utilisé à cause de sa toxicité et du risque de dépendance grave.
  • Bicarbonate de soude : Poudre cristalline à base craie, sel ou natron. Multiples usages : nettoyant ménager, dentifrice, désodorisant. On ne connaît pas ses effets à long terme lorsqu’elle est injectée.
  • Caféine : Principe actif stimulant du café. On la trouve parfois combinée à certains médicaments contre la douleur, les problèmes respiratoires…
  • Célestamine® : Antihistaminique utilisé pour traiter les allergies. Risque de somnolence (fortement majoré par l’alcool). Suivant le dosage, les comprimés sont de couleur bleu clair, rose ou jaune.
  • Cellulose : Principal constituant des végétaux. Sert à faire du papier…et des excipients.
  • Chloroquine : Utilisée pour prévenir et soigner la malaria (paludisme). Risques de vomissements, troubles nerveux… Toxique pour le cœur au-delà de 2 grammes. La dose mortelle est de 5 grammes. La chloroquine (Nivaquine®) est extrêmement amère.
  • Diltiazem : Utilisé pour certaines affections du cœur (angine de poitrine) et troubles de la tension.
  • Griseofulvine : Antibiotique et antifongique utilisé pour des infections spécifiques des cheveux, ongles, peau. Risque de maux de tête.
  • Hydroxyzine : Antihistaminique. Dépresseur du système nerveux central. Prescrit comme anxiolytique ou pour traiter certaines allergies (Atarax®). Cas de nécroses et troubles divers lorsque le produit est injecté à hautes doses.
  • Inositol : Autre nom de la vitamine B7. Chez les rongeurs, sa déficience provoque une chute des poils.
  • Lanoline : Graisse extraite du suif de mouton, employée pour traiter les cuirs. Fumée, elle pourrait présenter des risques de cancer.
  • Lévamisole : Antiparasitaire intestinal. Peut causer des troubles allergiques et neurologiques à hautes doses.
  • Lidocaïne : Anesthésique de surface utilisé par les dentistes (Xylocaïne®) et dans les pastilles pour la gorge, crèmes anesthésiantes… Utilisée comme produit de coupage car elle anesthésie et « gèle » fortement les gencives (4 à 5 fois plus que la cocaïne) lorsqu’on la goûte. Risque de troubles en injection ou sniff.
  • Magnésie : poudre d’origine minérale employé par les grimpeurs pour la transpiration des mains.
  •  Mannitol : Sucre d’origine naturelle utilisé dans certains traitements rénaux et dans la fabrication de bonbons et médicaments à sucer. « Rafraîchissant » au goût, il renforce la sensation de « gel » sur les muqueuses lorsqu’il est ajouté à la cocaïne.
  • Pipérazine (M-CPP) : Antiparasitaire provoquant maux de tête, anxiété, vertiges, troubles digestifs, nausée…
  • Nivaquine® : (Voir chloroquine)
  • Paracétamol : Couramment utilisé contre la douleur, la fièvre… Le Doliprane®, le Dafalgan® et des dizaines de spécialités en contiennent. Toxique pour le foie et les reins au-delà de 3 grammes (attention en cas d’hépatite).
  • Phénacétine : Vaguement apparentée au paracétamol. Guère plus utilisée. Cause d’affections rénales graves.
  • Procaïne : Anesthésique local de moins en moins utilisé en médecine. Remplacé par la lidocaïne.
  • Sel d’alun : D’origine minérale. Ressemble à du « cristal » de roche. Utilisé comme régulateur de la transpiration, hémostatique (arrêter les saignements dus au rasoir) et pour fabriquer certaines peintures.
  • Stéarine : Poudre grasse fabriquée à partir du suif animal pour la fabrication de bougies ou de savons.

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