Auteur/autrice : Jimmy Kempfer

Le Stérifilt, nouvel outil de prévention

Les contaminations par l’injection de drogues ont quasi disparu en France mais plus de 3000 injecteurs (entre 8 et 10 par jour) se contaminent encore chaque année par le VHC. Principale pratique mise en cause : le partage des filtres et cuillères. Un nouvel outil devrait permettre de limiter sérieusement cette catastrophe sanitaire. Après le Stéribox®, le Stéricup®, voici le Stérifilt®.

Les filtres bouillon de culture

sterifilt2Les filtres qui retiennent toujours un petit pourcentage de substance et de dépôt sont gardés pour dépanner en cas de sterifilt manque ou parfois comme monnaie d’échange. Lorsque le shoot a été préparé avec une seringue usagée appartenant à un consommateur porteur du VHC (près de 80% des injecteurs le sont), le liquide, la seringue et le filtre sont automatiquement contaminés. Le virus de l’hépatite C est très résistant et survit pendant des semaines. Or si les injecteurs ne partagent plus les seringues, de très nombreuses contaminations par le VHC ont néanmoins lieu à cause de la réutilisation ou du partage des cotons, cuillères. Le fait de pomper à plusieurs sur un même coton est également très souvent en cause. Il fallait à tout prix un moyen pour empêcher ces contaminations.
Si le Stéribox2® a permis de résoudre en partie le problème du partage des cuillères, il manquait un outil fonctionnel, pertinent et surtout qui soit accepté par les injecteurs pour limiter la transmission et le partage des filtres qui se transforment par ailleurs très vite en véritable bouillon de culture. Les Suisses ont découvert plus de 300 germes et microbes dans une héroïne courante vendue dans la rue. Chaque étape de la fabrication, le transport (notamment dans les cavités naturelles du corps), le stockage, les manipulations diverses contribuent au développement de nouveaux microbes.

Le Stérifilt®, dispositif filtrant stérile d’une remarquable technicité, remplit tout à fait cette fonction. Il a été plébiscité par 90% des usagers qui l’ont expérimenté. ASUD espère le trouver sous peu dans les Stéribox.
Le Stérifilt® est constitué d’un embout, s’adaptant sur l’aiguille de la seringue, qui comporte une membrane filtrante d’une porosité de 10 microns. Il suffit d’appliquer la surface filtrante à plat au fond du récipient de dilution et d’aspirer (voir illustration).

Avantages techniques

  • Le dispositif permet de filtrer l’héroïne brune et blanche, la cocaïne, le crack et le Subutex® ainsi que la grande majorité des drogues et produits injectés.
  • Il permet d’obtenir un liquide transparent plus adapté à l’injection.
  • La membrane du filtre retient 5 fois moins de drogue qu’un filtre à cigarette (généralement en acétate) et 3 fois moins qu’un filtre de coton, c’est à dire qu’il retient moins de 2% de drogue contre 6% en moyenne pour un coton ou un filtre de cigarette.
  • Il permet de filtrer 90% des particules mesurant moins de 5 microns et 90% des particules présentes généralement dans les solutions d’héroïne, cocaïne.
  • Il n’y a aucun contact entre la pointe de l’aiguille et le récipient de dilution donc l’affûtage du biseau de la pointe de l’aiguille est totalement préservé, ce qui garantit une pénétration optimale de l’aiguille dans la veine qui est moins endommagée.
  • Le Stérifilt®s’adapte sur les seringues serties BD 1ml qu’on trouve dans les Stéribox®, les seringues Bbraun et d’autres à embout universel (Luer) s’emboutit à la place du capuchon rouge.

Bénéfices sanitaires

  • Diminution des risques septiques et problèmes infectieux apparentés aux substances pyrogènes (poussières, fièvres…) et autres.
  • Le Stérifilt® permet de limiter la quantité de germes et bactéries contenus dans la drogue.
  • Diminution des abcès, problèmes veineux et autres liés à l’injection de Subutex®. Le Stérifilt® permet de réduire sensiblement la quantité d’excipients responsables de tant de problèmes sanitaires et parfois d’amputations lorsque ce médicament de substitution est injecté.
  • Le Stérifilt® est à usage unique et individuel. N’étant pas réutilisable ou transmissible, il devrait donc contribuer à faire diminuer sensiblement les contaminations de l’hépatite C et autres maladies transmissibles.
  • Le Stérifilt® peut éventuellement être laissé en place, en cas de perte du capuchon rouge, pour limiter les risques de piqûre accidentelle.

Précisions et recommandations

Si le Stérifilt® permet de filtrer le Subutex il n’est pas très adapté pour filtrer le Skénan®.. Il est recommandé de vérifier que le Stérifilt® est solidement embouti sur la seringue de manière à permettre une filtration parfaite. Il faut parfois un ou deux essais avant de comprendre la manière optimale de s’y prendre. Le Stérifilt® ne filtre malheureusement pas le sucre aromatisé à l’héroïne qui est vendu de plus en plus pour de l’héroïne marron. ASUD a pu procéder à plusieurs analyses qui ont révélé une teneur en drogue de l’ordre de 1%. Bonjour le diabète…. sans parler du prix du sucre.

Après une longue série de tests, le Stérifilt® est enfin prêt et devrait être disponible dans les Stéricup®, dans les pharmacies et structures spécialisées dans les prochaines semaines. Il devrait coûter quelques centimes d’euro. Des expériences sont en cours pour adapter le concept aux seringues utilisées dans d’autres pays comme l’Angleterre, la Belgique, le Canada….

Le sterifilt peut être commandé a Apothicom.

Les poussières dues à l’injection intraveineuse

Un shoot suivi, un peu plus tard d’un mauvais frisson annonciateur. Ce sentiment de malaise diffus, suivi de nouveaux frissons. Puis ce mal de crâne de plus en plus lancinant. Les accès de fièvre et ce froid qui glace les os, ces tremblements…
Vite se couvrir. Grelotter sous les couvertures avec ce désespérant sentiment d’impuissance… et ces coups de gongs que chaque pulsation du cœur fait battre dans la tête. Puis les heures qui passent à souffrir,… souffrir, gerber, gémir, grelotter et… tenir…
Quel UDVI (Usager de Drogues par Voie Intraveineuse) n’a jamais fait de « poussière »? Et quelles conneries n’a t-on pas raconté à propos de ces poussières?
Que c’était un grain de poussière qui se baladait dans un ventricule! Qu’il fallait refaire un shoot d’eau par dessus pour diluer la fameuse poussière!… Et de scruter la shooteuse à la recherche de particules en suspension.

Qu’en est-il en réalité ?

La médecine ne connait pas encore trés bien le mécanisme des « poussières ». Les hypothèses à leur sujet, varient.
Une poussière correspond la plupart du temps à ce que les médecins appellent un choc anaphylactique, c’est à dire une réaction allergique face à une substance étrangère introduite dans l’organisme.. Très souvent il s’agit d’une bactérie invisible à l’oeil nu qui provoque une infection de l’organisme ou un empoisonnement du sang qui peut être apparenté à une petite septicémie.

D’ou proviennent ces bactéries ?

Un citron entamé depuis quelques heures se transforme très vite en un lieu d’accueil où prolifèrent de redoutables micro-champignons et autres microbes.
Souvent, pour faire un coton, on prend un morceau de filtre de cigarette que l’on roule entre le pouce et l’index en en faisant une petite boule. Si l’on ne s’est pas lavé les mains juste auparavent, il est évident que le coton sera plein de germes de bactéries.
Les vieux cotons, surtout s’ils ont été emballés, humides, dans une boîte à l’abri de l’air se transforment rapidement en un bouillon de culture regorgeant de moisissures microscopiques, staphylocoques, streptocoques et autres germes. Al’air libre, ça prolifère un peu moins vite. Pareil pour l’eau pas fraîche, les cuillères pas désinfectés….
Les résidus d’héroïne marron dans les cuillères que l’on reshoote parfois plusieurs fois sont également de merveilleux nids à microbes.
Les produits de coupage comme la strychnine, le talc (très mauvais pour le coeur)…. peuvent également provoquer des poussières.
L’héroïne de contrebande est souvent fabriquée sans aucune condition d’hygiène, dans des caves humides, des endroits cachés dans la jungle…..toujours pleins de germes. Une étude suisse a permis d’identifier près de 250 bacilles contenus dans 60 % de l’héroïne de contrebande. Ceci explique que micro-organisme responsable de la poussière peut également se trouver dans la dope. Souvent dans ces cas, ce sont des poussières pas très fortes mais qui chez certains, se manifestent à chaque shoot.
Notre peau et nos muqueuses sont également pleines de bactéries contre lesquels notre organisme est programmé pour lutter, C’est le système immunitaire qui s’en charge mais en cas d’infection par le VIH, celui ci est affaibli, de même que lors de mauvaises conditions de vie, de fatigue, de stress, d’une mauvaise alimentation….Toutes ces conditions peuvent favoriser les poussières.
Il arive que deux personnes shootent la même dope ou des cotons de la même origine et qu’une de ces deux personnes seulement fasse une poussière. Cela est essentiellement du au fait que l’une de ces deux personnes aura des défenses immunitaires plus fortes que l’autre.

Conséquences des poussières

Celles-ci peuvent varier d’intensité. Cela peut aller de quelques frissons avec mal de tête jusqu’à la crise spectaculaire durant une nuit entière avec fièvre de plus de 40°. On en sort toujours d’une poussière abattu, lessivé, courbaturé. Parfois le mal de tête persiste longtemps et il faut plusieurs jours pour s’en remettre. Une poussière peut également affaiblir l’organisme au point de déclencher d’autres pathologies (éruption d’herpès, mycoses, endocardites, complications pulmonaires…..

Sans doute qualifie-t-on parfois d’overdoses des décès qui sont en réalités des chocs anaphylactiques particulièrement violents chez des UD souvent affaiblis par le VIH.

Comment éviter les poussières ?

ASUD vous le redit, les mecs:

  •  Lavez vous les mains et nettoyez-vous la peau avec des tampons alcoolisés avant chaque shoot!
  • Ne manipulez pas les cotons avec les mains sales!
  • Faites gaffe aux cuillères. Désinfectez-les et ne les partagez pas!
  • Éviter de shooter des cotons et surtout ne gardez pas ceux-ci dans des boîtes hermétiques, ne sucez pas l’aiguille! (la bouche regorge de germes) N’utilisez jamais un citron entamé ou du vinaigre! (Le vinaigre est un vin fermenté)
  • Ne gardez pas la dope dans des endroits sales, chauds, humides ou mal aérés! Ça favorise les proliférations bacgtériennes.
  • Ne shootez pas de comprimés écrasés car ceux-ci contiennent souvent du talc, de la cellulose et d’autres excipients qui se resolidifent dans le sang.

Que faire et ne pas faire en cas de poussière ?

Ne pas reshooter par dessus. Qur ce soit de l’eau, de la dope où quoi que soit d’autre. Cela ne sert à rien et présente un gros risque d’augmenter la quantité de virus dans un organisme déjà affaibli, dont toutes les défenses sont mobilisées pour lutter.
Prendre de l’aspirine ou du paracétamol dès les premiers symptômes et, en cas de douleurs aigües, éventuellement un suppositoire de Viscéralgine. (pour la rapidité d’action)
Rester couché au calme, dans la pénombre, au chaud sous des couvertures.
En principe la phase aiguë avec fièvres, maux de tête, vomissement… ne dure pas plus de quelques heures. Si les symptômes persistent appelez un médecin d’urgence.
…Et sachez que l’héroïne peut également se fumer. Ça accroche autant, ça provoque également un flash… mais ça évite de choper le SIDA, une hépatite… les abcès, les overdoses et même … de faire des poussières.

Speed et réduction des risques

Effets et descentes

Quels que soient les modes de prises (shoots ou cachetons) les speeds provoquent un flash très puissant appelé aussi montée.

Une chaleur envahit tous le corps et la tête en particulier. On a tout à coup une impression de bien-être qu’on a envie, en général, de partager . Selon les produits et aussi votre caractère, tout au long de la défonce, vous allez vous mettre à raconter votre vie et cela depuis votre enfance ou vous prendrez votre gratte et aurez l’impression d’être le meilleur et d’avoir fait le meilleur bœuf de votre vie. Ça y est, votre carrière commence et vous savez à qui vous adresser et comment faire. Quoiqu’il en soit, vous avez tout compris et, promis, sûr et certain vous prendrez les décisions qui s’imposent. Tout vous paraît facile et évident. Vous pouvez aussi marcher pendant toute la nuit, écouter les bruits de la ville ou le silence, découvrir les lumières ou délirer sur les étoiles. A la différence des acides, ce ne sont pas des hallus mais une vision, une perception différente. Rien de flippant dans tout cela à moins d’être mal entouré comme pour tout. Quant aux relations sexuelles, elles sont stimulées et, si ça vous branche, vous assouvirez les fantasmes que jusqu’à présent vous n’aviez jamais osé entreprendre. Il est fréquent que certaines personnes, même timides, se mettent à poil et tout simplement parce qu’elles ont chaud et sont bien plus à l’aise ainsi ou qu’elles ont envie de faire l’amour.

La montée en elle-même ne se ressent que quelques minutes mais la durée les effets décrits est variable selon les produits et les quantités administrées. Mais sachez que vous en aurez pour un minimum de 6 à 8 heures voire jusqu’à 12. Les produits qui se shootent ont une durée plus courte et doivent être ré-injectés assez souvent.

Mais on ne peut pas parler de speed sans parler de descente et là, aïe, aïe, aïe ! En sens inverse, tout ralentit, une angoisse vous prend, vous êtes épuisé et pourtant vous n’arrivez pas à vous endormir car l’effet euphorique est passé mais le speed vous tient éveillé. Vous tremblez, vous devenez parano. Si vous êtes dehors, vous avez l’impression que tout le monde vous regarde. Chaque personne réagit différemment à la descente. Certains supportent, d’autres ont beaucoup de mal. Encore une fois, il vaut mieux être entouré de gens que vous aimez bien, ça passe mieux

Quelques conseils : ayez toujours un « parachute », genre calmant ou somnifère, ça aide. Restez calme. Si vous êtes avec votre petit(e) ami(e) ou même un ami, faites vous des massages, si vous en avez encore la force, ou des caresses, ça détend et décontracte les muscles qui sont très crispés. Dites-vous que ce n’est qu’un mauvais moment à passer et que ce n’est pas la peine de déprimer car tout est provoqué par le produit, le bon comme la descente.

C’EST DANGEREUX ?

Les effets secondaires sont variables selon les quantités et modes de consommation : irritabilité, nervosité, dépression, attaque de panique, désorientation, épuisement, hémorragies cérébrales, problèmes cardiaques, troubles de la concentration et de la mémoire, états confusionnels… Les doses initiales peuvent être multipliées par 100 en quelques mois.

Ils provoquent une forte dépendance

Si vous shootez, les risques d’abcès sont très importants car si ce n’est pas de la poudre, la préparation à base de cachetons est très épaisse. Il vaut d’ailleurs mieux l’éviter. De plus, il est fréquent de faire 10 à 15 shoots pendant la défonce, alors bonjour l’état des veines. Si vous le faites quand même, n’oubliez pas de changer de seringue à chaque pète et de ne pas partager votre matos. Les poussières sont aussi à craindre et elles font très mal. Vous croyez que vous aller y passer et ça peut d’ailleurs arriver. Elles sont amplifiées par l’effet du speed.

Les prises répétées de speed sont très dangereuses pour l’état mental. La parano vous guette et vous pouvez avoir des hallucinations genre delirium. En bref, on devient barge.

De plus en plus d’usagers substitués sont à la recherche du plaisir perdu et prennent donc du speed. Alors, allez-y mollo car vous risquez d’y laisser votre tête. De plus, ces produits font perdre l’appétit (risques d’anorexie) et une perte de poids importante s’en suit. Si vous n’êtes pas en bonne santé ou séro ça peut être grave. Le speed agit aussi sur l’organisme et tout problème de santé s’aggrave plus vite que la normale. Pour les dents, c’est diabolique, pire que l’héro, et la rage de dents ne tardera pas, avec en prime, une douleur multipliée. C’est valable pour toutes les douleurs.

Par ailleurs, l’abus de speed peut provoquer des hyperthyroïdies, hypertensions graves ainsi que des problèmes cardiaques.

Alors maintenant que vous êtes avertis à vous de choisir ! Et on ne répétera jamais assez les conseils de prévention : ne partagez pas votre matériel d’injection, changez de seringue à chaque shoot. Ne vous laissez pas surprendre par l’heure de fermeture des pharmacies. Le temps passe vite sous speed. Désinfectez-vous, sous speed on peut flasher sur le sang, alors prudence ! Ayez les préservatifs à portée de sexe.

Enfin L’ASSOCIATION AMPHÉTAMINE ET ECSTASY EST NEUROTOXIQUE !

Amphétamine, dexamphétamine, méthamphetamine, c’est quoi ?

Le système de récompense

L’amphétamine est une molécule fabriquée, au départ, à partir de l’ephedra, utilisée depuis la nuit des temps par les asiatiques pour ses effets stimulants et pour traiter l’asthme, grâce à son action sur les bronches.

Les chimistes ont décliné de multiples variétés amphétaminiques. Principaux effets recherchés : stimulation, recul du seuil de fatigue donc produit dopant, résistance au besoin de sommeil, excitation sexuelle, coupe faim et perte de l’appétit donc perte de poids… Elles ont aussi des applications thérapeutiques comme le traitement de l’hypotension, l’asthme, la narcolepsie , et calment même des enfants hyper-actifs. Au niveau cérébral les amphétamines agissent principalement sur les neuromédiateurs qui régulent la vigilance, les émotions, la concentration ainsi que les comportements instinctifs comme la faim, la sexualité. Ces substances participent de façon fondamentale à la perception et à la recherche du plaisir et qu’on appelle « système de récompense »..Les formes dextrogyres (voir tableau) peuvent agir plus spécifiquement sur le renforcement de l’ego et tout en étant plus euphorisantes, elles peuvent rendre aussi plus agressif..

Dex, méth, dexméth

Selon les manipulations sur la structure de la molécule pour adapter son action sur les neuromédiateurs, les chimistes ont pu atténuer ou renforcer certains effets, voire les multiplier. Selon la combinaison moléculaire, la drogue module et affine son action sur le système nerveux . Ain si la levo-amphétamine (basique) a une action stimulante simple, la dexamphétamine procure une stimulation moyenne mais une sensation d’éveil plus vive, la methamphétamine procure une euphorie et un besoin d’action plus intense, la dextromethamphétamine procure, une sensation d’éveil et un débordement de l’ego encore plus fort.

Pour comprendre voici un petit tableau avec des graduations de 1 à 6 selon l’intensité provoquée :

amphétamine dexamphetamine methamphetamine dexmethamphetamine
Sensation de stimulation 1 2 4 6
Euphorie 1 3 5 6
Confiance en soi 1 2 4 5
Durée 4h 4h-6h 8h-12h 12h-20h

La durée des effets peut varier selon le mode de consommation (injecté, sniffé, fumé, ingéré).et la quantité.
Avalé, le produit agit plus longtemps et plus en douceur que s’il est sniffé, injecté ou fumé. Les contrecoups et conséquences pénibles de la descente seront ensuite inversement proportionnels à l’intensité et à la durée des effets ressentis. Si les 3 premiers furent parfois des médicaments, la dexmethamphétamine ne fut jamais qu’une drogue.

Speed, Ice, Crystal, Tina, Crank, Yaba

Le speed en poudre qu’on trouve sur le marché noir français, parfois de couleur rose ou orange est en général du sulfate d’amphétamine qui contient rarement plus de 5 à 10% de produit actif. Le reste est souvent de la caféine, des sucres divers et parfois (speed gras) du stéarate de magnésium dont on se sert pour faire les bougies. Aux USA, dès les années 60, des gangs de motards se sont spécialisés dans la fabrication, le commerce (et la conso) de sulfate de méthamphétamine appelé « crank ». Depuis les années 80, ont trouve du chlorhydrate de méthamphétamine (ce qu’on appelle le Crystal ou « meth » ), et au début des années 90 apparaît l’ « Ice » à Hawaï et aux Philippines (Shabu) puis aux USA. Il s’agit de de chlorydrate de dextromethamphétamine. Actuellement aux USA on trouve de la « Meth » et de la « Dexmeth » sous forme d’Ice. Cette dernière est plus rare, plus violente, plus chère. L’Ice est principalement fumé. Le sniff d’Ice, théoriquement possible est extrêmement douloureux pour les narines de même que l’injection qui fait très mal à la veine. Les petites pilules rouges de Yaba (méthamphétamine) qu’on trouve en Asie du Sud-Est sont en général ingérées ou fumées (leur odeur de vanille est typique). Les déchets de l’Ice peuvent être refumés, un peu comme le « dross » (cendre d’opium). Par ailleurs, le « Snot », une écume résiduelle, provenant de la fabrication, est très prisée par certains qui acceptent de la payer la payer très cher, considérant que c’est une drogue d’élite. C’est une pâte un peu mousseuse, très prisée au japon, où elle est aromatisée à l’essence de briquet. Il existe des dizaines de procédés clandestins pour fabriquer lce et crystal. La plus connue est la « nazi method », appelé ainsi parce que son promoteur était un Hells Angel fou de symboles nazis. La plupart utilisent de la pseudoephedrine, (longtemps en vente libre par cartons entiers aux USA), du phosphore rouge et un produit ammoniacal employé dans l’agriculture. Certains « methcooker » ont gratté le phosphore de dizaines de milliers d’allumette pour s’en servir dans la fabrication de « meth ».

Dosage

Les doses « thérapeutiques » contenues dans les médicaments à base d’amphétamines contiennent en général 3 à 10mg de principe actif, mais le plus souvent 5mg par comprimé. Les comprimés de Dexédrine® (dexamphétamine) prescrits dans les pays anglo-saxons contiennent 5mg. Pour les succédanés et analogues (tel le methylphenidate (Ritaline®) ou anorexigènes comme le Dinintel®), la dose efficace prescrite est en général comparée à 5mg d’amphétamine dite racémique (basique).

Effets secondaires et dégâts

Les effets que procurent ces drogues ont toujours un prix. En cas d’abus celui-ci peut être très élevé. La résistance au sommeil se paie par un surcroît de fatigue. L’augmentation momentanée de la capacité de concentration, du sentiment d’acuité mentale, se paie par un déficit de l’attention, des pertes de mémoire, l’augmentation de la confiance en soi est suivie par l’abattement, voire la parano, la perte d’appétit entraîne carence et amaigrissement, le besoin irrépressible de parler fait passer pour un bavard vaniteux,… Certains lecteurs d’ASUD savent combien les personnes sous speed avec leur ego débordant et leur irrésistible besoin de parler, de bouger, peuvent être pénibles.
En cas d’abus ou de consommation régulière, la perte de contrôle et l’augmentation des doses peuvent être spectaculaire. Les psychose amphétaminiques avec sentiment de persécution et paranoïa insensés sont redoutables. Les plus anciens se souviennent des speedfreaks des années 70 qui après quelques mois d’abus sombraient parfois dans une torpeur et une langueur impossible à guérir. Complètement éteints, ils s’étiolaient comme des petits vieux. A cette époque, la pharmacopée contenait des dizaines de stimulants : on en prescrivaient contre la dépression, la fatigue, pour maigrir, travailler. Si le produit à pu aider certains à passer un cap, les plus fragiles, surtout s’ils injectaient, se transformaient en zombis décharnés, édentés, hallucinés au bout de quelques temps. Les Maxiton®, Tonédron®, Adiparthrol®, Captagon®, Dinintel®, Survector®, Orténal®… ont tous été retirés du marché : trop d’abus.

Éphedra et éphédrine

De nos jours l’éphédra est parfois connu comme « Herbal Ecstasy » et vendu sur Internet. Les utilisateurs qualifient les effets de « physiques et nerveux, un peu comme beaucoup de café fort». La vente libre d’éphédrine est interdite en France depuis 2003. Une enquête aurait prouvé sa toxicité cardiaque et neurologique.
L’éphédra pousse aussi en Amérique du Nord, où dans la secte des Mormons, chez qui le café est interdit, on s’en sert pour faire une boisson permettant de ne pas piquer du nez pendant les soporifiques prêches des pasteurs. On l’appelle d’ailleurs « thé des Mormons ». Longtemps, dans les bars et stations services le long des « Highways », les camionneurs achetaient des pilules de caféine et/ou pseudo éphédrine afin de lutter contre le sommeil en conduisant sur les longues distances américaines

Speed story

Comme l’héroïne, la méthadone et de nombreuses autres drogues, ce fut un scientifique allemand, Edeleano qui fabriqua, en 1887, l’amphétamine à partir de l’éphédrine puis sa découverte fut oubliée. Divers scientifiques s’y intéressèrent en faisant des recherches sur les « antinarcotiques ». Puis ce furent les américains qui la mirent sur le marché sous le nom de Benzédrine® en 1937. On trouvait qu’elle rendait euphorique et travailleur tout en aidant à traiter la narcolepsie et les troubles de la concentration ainsi que l’asthme. Elle était préconisée pour 39 indications. En 1938, les allemands mettent au point la méthamphétamine qu’ils testent massivement auprès des militaires. C’est la Pervitin® que les anglo-saxons nomment Methedrine®. Durant les années d’après guerre et 50, après le japon, c’est Europe et les Usa qui confrontés à de véritables épidémies d’abus d’amphétamines. Voyant les dégâts causés par ces excès, l’industrie pharmaceutique chercha à inventer un produit coupe faim, stimulant, non euphorisant. Il en apparut des dizaines : phenmétrazine, fenfluramine, Fringanor@. Les risques d’abus, de dépendance et effets secondaires furent souvent plus nombreux que les avantages et ils furent retirés réservés à certains spécialistes. Aujourd’hui, en France, seul les hôpitaux peuvent délivrer amphétamines et anorexigènes (coupe faim) dans les cas de narcolepsies, troubles de l’attention et graves cas obésités.

Drogues de guerre

La méthamphétamine donne de l’énergie, de l’assurance, rend agressif et surtout recule le seuil de la fatigue. Dès le début de la deuxième guerre mondiale, les belligérants comprennent les avantages d’un tel produit. Grâce à la pervitin®, les nazis lancent leurs fulgurants blitzkrieg. Des dizaines de millions de doses furent dispensées aux troupes. Au moment de l’invasion de la Russie, les cruels SS qu’on avait laissé piétiner durant des semaines, furent exhorées à semer implacablement la terreur en Ukraine puis on les gava de Pervitin. Les barbares nazis galvanisés par la méthamphétamine, écumant d’agressivité, laisserent libre cours à leur penchants sadiques. De nombreuses opérations spectaculaires nécessitant une endurance inouïe furent réalisées. Ainsi la libération urgente de Mussolini mobilisa par commando allemand qui s’entraîna intensivement, soutenu par la drogue, pour enlever le duce. Les scientifiques nazis essayèrent maintes combinaisons, associant parfois amphétamine, cocaïne et opiacés pour explorer les limites de la résistance et des possibilités humaines sur leurs soldats et… dans les camps de la mort. Cependant la prise d’amphétamine entraînait fréquemment trop de confusion et d’effets secondaires. Les enjeux étant trop importants, les médecins recommandèrent plutôt l’usage prolongé de pilules fortement dosés en caféine. Les commandos italiens préféraient les tablettes de « Simpamina D » ( Dextrometamphetamine). Le besoin d’action provoqué par ce produit étant irrésistible.
A la fin de la guerre le « Times » titrait en première page : « La méthédrine a gagné la bataille d’Angleterre. » On découvrit alors que cette drogue a permis aux aviateurs de tenir les cadences de dizaines d’heures de vol non stop, la RAF, manquant cruellement de pilotes. En 3 un peu plus de 3 ans les anglais en avaient consommé 72 millions de doses. Les GI’s en ont consommé 180 millions de comprimés durant ce conflit. Plus tard au Vietnam, ils étaient 10% des à en en consommer. Au Liban les milices vendaient la méthamphétamine à leurs ennemis en la coupant avec de l’héroïne. Cela atténuait la descente et les accrochait plus sévèrement. Récemment, en Afghanistan, des pilotes de chasse US ont tiré sur une patrouille canadienne, en tuant plusieurs, les prenant pour des Talibans. L’enquête révéla qu’ils avaient abusé de la Ritaline® qui leur était très légalement prescrite pour maintenir vigilance et combativité durant leurs missions qui durent généralement plus de 12 heures.

Guerre, drogue et folie…

En 1995, Shawn Nelson, ancien GI défonçait la ville de Clairmont en Californie avec un tank volé de 60 tonnes jusqu’à ce que la police l’abatte. Dans « Cul de sac » le film sur cette affaire, les auteurs expliquent le rôle joué par la « meth » qu’il avait découvert à l’armée et qui l’avait rendu fou.. Saura-t-on un jour quelle fut l’influence réelle de la methamphétamine dans les décisions de Hitler. A partir de 1942, le fameux Dr Morell, son médecin personnel lui administra régulièrement des injections d’un mélange variable appelé « Vitamultin » dont on sait qu’il contenait de la methamphétamine et parfois des opiacés sans parler des badigeonnages du larynx de cocaïne. Ses états psychotiques, sa paranoïa et sa mégalomanie peuvent trouver là des éléments explicatifs pertinents. De même que sa fin. Hagard, tremblant, confus et mentalement diminué.

Senyoku, kamikazes et Philopon

Le japon fut le premier pays a payer un très lourd tribut à sa politique de guerre ; dès le début des années 40, le pays encouragea vivement l’utilisation des methamphétamines, en vente, libre pour faire face aux exigences de la guerre. Les militaires et tous ceux qui travaillaient dans l’industrie de guerre étaient encouragés à consommer pour la plus grande gloire de l’empire du soleil levant. Dans l’armée les consommateurs étaient 500 000. Le speed leur donnait le « Senyoku » (énergie guerrière). Les Kamikazes étaient fréquemment défoncés à mort au Philopon, méthamphétamine baptisée ainsi parce qu’en grec ancien cela signifie « qui aime le travail ». Après la guerre, les stocks, surtout militaires, étaient énormes. Déboussolés par la défaite fulgurante et le drame d’Hiroshima, les consommateurs étaient des millions. « « Philopon vide la tête et donne le tonus au corps » disait une pub. Ce fut une épidémie de psychoses, de dépressions… Le gouvernement réglementa la vente des comprimés et des poudres mais les formes liquides et injectables étaient toujours librement vendues. Beaucoup se mirent à injecter. Ce fut une catastrophe : pétages de plombs, crimes, suicides et passages à l’acte furent innombrables. La moitié des meurtres commis au début des années 50 à Tokyo y sont attribués. Le nombre des toxicomanes avérés aux amphétamines se chiffrait par centaines de milliers. On estime que 5% des jeunes de 15 à 25 ans était accrochés. La législation devint plus stricte mais les énormes stocks de drogues étaient passés dans la clandestinité et firent la fortune des yakusas. En 1954, les lois d’une sévérité inouïe furent promulguées. De nombreux consommateurs écopèrent de 10 ans de travaux forcés et d’amendes énormes et en 1955, il y eut « que » 32143 arrestations de contrevenants à la loi sur les stimulants. La mafia s’était mise à fabriquer des tonnes. On s’attaqua alors vigoureusement aux produits précurseurs et en 1958 il n’y eut plus que 271 arrestations.

Drogues de l’aveu et d’obéissance

La police de certains pays totalitaires comme l’Argentine sut faire un usage très particulier de ces produits. Les victimes étaient anesthésiées avec un mélange de scopolamine et de barbiturique puis on lui injectait une dose de methamphétamine. Sous l’effet du choc elle se mettait parfois à révéler, sans vraiment s’en rendre compte, ce que le bourreaux voulait savoir, allant jusqu’à s’accuser de crimes imaginaires. Des psychiatres inventèrent la narco-analyse en mélangeant diverses doses de penthotal barbituriques et methédrine. pour explorer l’inconscient de certains malades plongés dans un état « hypnagogique ».Le mélange engendrait une deshinibition, un besoin de parler, se confier mais aussi parfois des logorrhées compulsives où il arrivait que le malade évoque des faits totalement imaginaires. Ces pratiques ont toutes été abandonnées car peu sûres et un peu « fantaisistes ». La Ritaline ® (methylphenidate), est utilisée chez les enfants hyperactifs qu’elle calme en agissant de façon paradoxale. Elle les aide à se concentrer et ils deviennent plus sociables. Du coup de plus en plus de parents, aux USA surtout, cherchent à faire prescrire cette pilule de l’obéissance à leurs enfants dès qu’ils semblent un peu turbulents

Amphétamines et dopage

Les sportifs ont payé un lourd tribut aux amphétamines. Les combinaisons de la « petite famille » Mémé (Mératran®), Pépé (Pervitin®), les Tonton (Tonedron® et Maxiton®), Lili (Lidépran®), Lili (lidépran®) et les copains (Captagon®) ont fait des ravages dans les pelotons cyclistes.
Ce fut le décès du coureur Tom Simpson au sommet du Mont Ventoux lors du tour de France 1967 qui alerta l’opinion publique. Les yeux exorbités, la bave aux lèvres, la gueule tirée, il faut le voir sur les photos de l’époque, ravagé par l’abus de Maxiton®. A ce moment la presse sportive commence à s’intéresser aux comportements délirants de certains athlètes qui fonçaient comme des buffles enragés puis s’effondraient, ravagés par les abus d’amphétamines. Les livres sur le dopage sont pleins d’anecdotes édifiantes : des coureurs ont les mâchoires tellement crispées qu’on n’arrive plus à les faire boire, d’autres sont tellement délirants qu’il faut les évacuer avec une camisole de force. Les stimulants masquent la fatigue et empêchent la récupération et épuisent dramatiquement les organismes déjà éprouvés qui alors ont besoin de quantités encore plus importantes pour continuer.. le cycle est infernal et se paie souvent au prix fort :, problèmes cardiaques et autres séquelles diverses, crises de démence, décès précoce. Notons que les amphétamines étaient souvent revendues par leurs préparateurs aux athlètes entre 100 et 200 fois plus chers que le prix en pharmacie.

« Amphétaminomanie »

Aux Usa et dans l’Europe d’après guerre et jusqu’au milieu des années 70, il y eut quelques vagues «d’amphétaminomanie » avec des conséquences sociosanitaires graves. En Amérique, où les comprimés n’étaient plus en vente libre, les amateurs se sont tournés vers les inhalateurs de benzédrine® qu’ils démontaient pour en extraire l’équivalent de 25 pilules d’amphétamine.

Chiffres vertigineux:

En 1966, en Angleterre, les personnes dépendantes des amphétamines sont évaluées à 80 000. En France en 1970 les seules pharmacies ont délivré plus de 10 500 000 comprimés d’amphétamines et dérivés. En 1971, les pharmacies US délivrent 12 milliards de comprimés d’amphétamines diverses. Au début des années 70 aux USA, certains en injectaient jusqu’à 5 grammes de méthédrine en ampoule par jour

Les gardiens de prison en ramenaient facilement aux détenus qui se plaignaient de difficultés respiratoires. La suède, très libérale à cette époque, connut une importante vague d’injection d’amphétamine. Une pub pharmaceutique y affirmait « Deux pilules valent mieux qu’un mois de vacances ! ». Dans la France des années 45 à 60, les amphétamines furent souvent utilisées par les médecins pour faire face à une clientèle de plus en plus importante qui bénéficiait depuis peu de la toute nouvelle sécurité sociale. Durant l’épidémie de grippe de 1952-53, il y eut de sérieux cas de pétages de plombs dans le corps médical confronté à une surcharge de travail très éprouvante et qui recourait souvent aux « amines psychotoniques » pour y faire face.

« Speed kills »

Vers le milieu des années 60 aux USA, des milliers de jeunes hippies se dirigeaient vers la Californie où ils s’échouaient souvent. Certains shootaient du speed dans des « runs » de12 jours, sans dormir. Jusqu’à cette période la Méthédrine® était facilement délivrée. Quand l’accès devint plus réglementé, les gangs de motards, déjà gros consommateurs, se lancèrent dans la fabrication et le trafic. Des médecins se spécialisèrent. Les riches branchés passait en plusieurs fois par jour pour leur piqûre de « survolteur », réputée aphrodisiaque dans l’ambiance permissive de ces années « peace and love ». Le fameux Summer of Love de 66 se terminait très mal pour des nombreux de jeunes marginaux qui atterrirent dans les hôpitaux psychiatriques où l’on ne savait qu’en faire. Depuis les années 50 chaque génération eut ses victimes sacrificielles. Rockers, Mods, Hippies, Hardrockeux, Punks et Skinheads jusqu’aux teuffeurs d’aujourd’hui, ont versé leur obole en sacrifiant leurs neurones à la méchante folie des speeds.
Des Dexies Midnight Runners jusqu’aux « Mothers’s little helper » des stones en passant par la saga des Freaks Brothers l’usage des amphétamines a souvent été profondément associée, utilisés, revendiquée par certains sous groupes de la contre culture.

Comprendre ???

Les millions de gens qui ont pris des amphètes n’ont pas tous mal fini quoique… John F Kennedy par exemple, fameux « speedhead », fonctionnait beaucoup à la dexamphetamine. Jean Paul Sartre a écrit « critique de la raison dialectique » sous amphetamine. Le père d’un de nos anciens ministres de l’intérieur, surnommé « Tonton Maxiton » par les députés était connu pour ses interminables harangues dans l’hémicycle de la nation, qui ne s’arrêtaient qu’avec les effets de la methamphétamine. Au japon de plus en plus de « salarymen » (cadres) japonais deviennent « karosaï » (travailler à mort ) et meurent d’épuisement ou deviennent fous après avoir travaillé 100 heures par semaine durant des années.
Guettez la sortie du prochain numéro de votre magazine préféré où ASUD vous expliquera pourquoi l’abus de stimulants grille les neurones et pourquoi nous ne semblons pas tous égaux devant les drogues, certains étant plus égaux que d’autres comme aurait dit Coluche »…

Rachacha et réduction des risques

L’opium contient une quarantaine d’alcaloïdes et d’acides qui agissent en synergie, c’est-à-dire que les uns renforcent, équilibrent ou atténuent les effets des autres. On trouve la morphine, bien connue de nos lecteurs, la codéine antitussive, la thébaïne dont on fait le Subu, la papavérine (utilisée en micro-injection dans la verge pour soutenir les virilités défaillantes)….

Suivant la maturité des pavots, leur origine, la préparation et les ingrédients la qualité d’un Rachacha peut considérablement varier d’une fois sur l’autre. Dans un estomac à jeun, les effets se font sentir au bout d’une demi heure alors qu’avec un ventre plein cela peut prendre plus de deux heures. D’où un réel danger faute de savoir doser.

Les premières prises se soldent souvent par des vomissements. En effet, la nature a voulu que lorsqu’on utilise des opiacés forts pour se défoncer, l’organisme doit en payer le prix .Avec l’usage, ces vomissements disparaissent la plupart du temps. L’organisme développe alors une tolérance à l’opium, ce qui implique d’augmenter le dosage pour retrouver l’effet voulu. Cette tolérance peut alors entraîner l’accoutumance. En effet, la tolérance au rachacha induit une tolérance à des produits plus forts comme l’héroïne (qui est plus facile à trouver que le Rachacha). Ce qui peut accélérer la dépendance à l’héroïne en cas de consommation répétée.

ASUD a rencontré des types, très patients, qui se rendent dans les champs aux aurores et incisent les têtes puis reviennent plus tard pour récolter le suc qui a coulé. Il s’agit alors d’opium. La boulette est plus claire à l’intérieur. Il est plus odorante et bien sûr plus fort donc plus cher. Il faut des heures de boulot pour récolter quelques boulettes. En Espagne quelques amateurs d’opium très déterminés ont planté des petites parcelles de pavot somnifère et font leur petite récolte tous les ans. Aux USA, on trouve, grâce au 1er amendement US sur la liberté d’expression, de nombreux renseignements sur Internet, ainsi qu’en librairie, sur la culture du pavot hydroponique sous serre ou en appartement. (Voir page « Notre culture » dans ASUD N°19).

Mélanges

Les effets du « Rach » sont considérablement augmentés par l’alcool et les calmants, surtout les benzodiazépines (Lexomil, Temesta, Tranxene, Rohypnol…)
EN CAS DE MÉLANGE, IL Y A UN RÉEL RISQUE D’OVERDOSE. Dans ce cas appeler immédiatement le SAMU ou un médecin. Un café fort peut permettre de contrecarrer un peu les effets opiacés. Faire marcher la personne en attendant les secours. L’inciter vivement à lutter contre l’endormissement.

Un des autres inconvénients du Rachacha est sa tendance à constiper sérieusement.

Coupage et altération

Le Rachacha se détériore avec le temps, surtout s’il est stocké à la lumière et subit des chocs thermiques (chaud-froid). Sa force peut varier en fonction du temps de cuisson, des additifs et de la maturité du pavot. Chaque « Rach » est différent. Celui qu’on trouve en été est souvent plus fort que celui qu’on trouve hors saison.

Les connaisseurs prétendent qu’un « bon » Rachacha est très noir, un peu brillant à l’extérieur et marron sombre à l’intérieur au bout de quelques jours. Il est très amer avec un petit arrière-goût de réglisse avec laquelle il parfois coupé, ce qui peut se vérifier en le brûlant. La présence de réglisse laisse une odeur de sucre brûlé alors que le vrai Rachacha dégage une odeur qui rappelle celle de l’ héroïne brune fumé sur de l’aluminium.

Il circule une rumeur comme quoi le Rachacha serait parfois coupé avec de la datura[1] ou d’autres plantes psychotropes très dangereuses. Autrefois, il arrivait que l’opium soit coupé avec des graines de jusquiame[2] (qui contient de l’atropine et de la scopolamine connus pour leurs effets toxiques), soit disant pour mieux le conserver. Il ne fait aucun doute que ce mélange a du être la cause de graves bad trips si ce n’est de décès.

Ne pas shooter le rachacha… !

« Shooter le rachacha te fait une gueule d’Elephant Man bouffi. On se retrouve en train de se gratter comme des fous, s’envoyer vainement de l’aspirine pour arrêter un terrible mal de tête. Après ça, c’est l’angoisse! Une descente qui n’en finit plus et qui n’a rien à voir avec les sensations opiacées habituelles ! »

La papavérine, présente en quantité importante, a des effets spécifiques redoutables sur le cœur et le cerveau lorsqu’elle est injectée en intra veineuse.

SHOOTER LE RACHACHA EST HAUTEMENT TOXIQUE ET EXPOSE A DE RÉELS RISQUES DE SEPTICÉMIE, DE CHOCS ALLERGIQUES ET AUTRES “ POUSSIÈRES ” SANS PARLER DU RISQUE D’OVERDOSE…

[1] Au Maroc, il est arrivé qu’on trouve du shit coupé à la datura.
[2] Pline – Histoire naturelle t. XX, ch. 76.

Fabrication du rachacha

ASUD est allé voir Blue, un vieil ami qui habite à la campagne.

Fin juin, Blue était parti écumer un peu la province où son œil d’aigle a vite repéré les champs de gros coquelicots mauves et blancs. 15 jours plus tard, une fois les pétales tombées, avant que les paysans ne ne coupent les précieuses têtes de pavot, il y est donc retourné une nuit et en a rempli quelques gros sac. De retour chez lui, il a étalé les têtes sur une bâche en plastique pour les faire sécher.
Une semaine plus tard les têtes de pavot sont complètement sèches. Il en remplit un sac en jute, fait un nœud et saute dessus à pieds joints. Des milliers de petites graines s’égrènent alors à travers les mailles du sac sur le plastique.  » Il faut écraser les têtes, m’explique-t-il. Ça permet également d’enlever les graines qui contiennent des agents histaminiques qui provoquent démangeaisons, rougeurs et œdèmes ».

Après ça, les bulbes sont concassés et tamisées pour enlever le reste de graines, et enfournés, bien tassées, dans une grande lessiveuse pleine d’eau qui chauffe à feu doux. Au bout d’une petite heure, ça frémit. Il rajoute un petit verre de vinaigre et de l’acide citrique. “ Ça transforme certains alcaloïdes en six-acetylmorphine, ça fera un produit plus fort ! Certains mettent quelques graines de jusquiame pour la conservation mais cette plante est également hallucinogène, très toxique et ajoute à l’amertume” m’apprend-t-il en connaisseur. Toutes les demi heures il touille avec un grand bâton. Dans la lessiveuse, le liquide a bien réduit et les têtes de pavot toutes molles se sont tassées au fond. Il baisse encore le feu. “ Faut qu’ça bout doucement et longtemps ! ” Au bout de 6 heures, le contenu est retiré et filtré à travers un tissu pour enlever tous les résidus puis remis sur le feu.

Blue continue régulièrement à remuer: “ Faut faire gaffe, qu’ça n’attache pas ! ”. De temps en temps il rajoute de l’eau. Enfin, tard dans la soirée quand il ne reste plus qu’un épais bouillon noir qui bruit doucement en laissant éclater des bulles à la surface, il éteint le feu. A l’aide d’une louche, notre ami récupère l’espèce de pâte en raclant le fond et remplit un grand bocal en verre. “ Voilà c’est prêt,… plus qu’à refroidir ! ” Toute l’opération de cuisson aura duré environ 16 heures.

Histoire du rachacha (ou décoction de têtes de pavots)

Dans l’antiquité

La décoction ou la “ confiture ” de pavots existe depuis la nuit des temps. Les Romains l’appelaient “ diaconium ”. Les sirops opiacés et autres “ dormants ” de nos anciennes pharmacies ne sont rien d’autre. Ce furent des médications très largement utilisées pour toutes sortes de maux ainsi que pour leurs effets calmants. Encore au début de ce siècle la mortalité enfantine due à l’abus de “ diacode ” était très élevée dans le nord de la France. Les parents en donnaient aux enfants pour qu’ils dorment pendant qu’ils travaillaient 12 h par jour dans les manufactures.
En Inde c’était la drogue de choix des pauvres, qui appelaient « affioni », sur un ton teinté d’un mépris envieux, les riches qui pouvaient se payer du véritable opium. En Perse, au 17 et 18e siècle on trouvait un peu partout des « Coffee Shop » où l’on consommait du « Kokhnar » qui n’était autre qu’une décoction de têtes de pavots. Dans ces endroits l’ambiance pouvait être surprenante pour un étranger. Les hommes en arrivant, y parlaient fort, s’engueulaient et parfois s’insultaient puis, au fur et à mesure que le « Kokhnar » agissait, leur comportement changeait et ça se terminait par des courtoisies, des compliments et parfois de chaudes effusions. C’était une espèce de rituel de régulation sociale servant à résoudre les conflits et à évacuer les tensions.

Kompot et Khanka

Aujourd’hui dans les pays de l’est (Russie, Bulgarie…) les paysans ont souvent des plants de pavots à opium dans leur jardin. Ils utilisent en général les graines pour la pâtisserie mais les anciens apprécient une décoction le soir pour aider à dormir et pour soulager des maux qui peuvent affliger la vieillesse.

Dans ces mêmes pays on trouve également le fameux “ kompot ” ou “ khanka ” consommé par certains junkies locaux. Après avoir cuit les pavots, on y dilue des comprimés d’anti histaminiques afin de réduire les démangeaisons. Ensuite on filtre plusieurs fois à travers un linge. On rajoute de l’anhydride acétique, de l’acétone et du vinaigre puis après quelques autres manipulations on récupère un film noirâtre : une héroïne très instable qui doit être injectée dans les heures suivantes.

En Australie, on connaît bien le thé aux graines de pavots. Les plus acharnés font bouillir environ 300 grammes pendant dix minutes avec des citrons, filtrent et refont bouillir le liquide pour réduire de moitié. Le résultat est très amer et contient environ 20mg de morphine D’autres broient les graines et en font une infusion. En Tasmanie, des mecs sont salement accro aux décoctions de pavot.

Le Rach, un produit saisonnier

Déjà au début des années 70, les premiers junkies allaient au Maroc pour décrocher de l’héroïne marseillaise. Là bas, des décoctions de grosses têtes de pavot leur permettaient de soulager le manque et de se sevrer progressivement. De retour en France, certains découvrirent les champs de notre beau pays mais gardèrent jalousement le secret. Ce n’est qu’au début des années 90, qu’on entendit parfois parler de “ Rach ” ou de “ Rachacha ”. Depuis on en trouve tous les étés. Fumé sous forme de boulette mélangé à du tabac dans des Bongs mais les effets sont assez légers. Le Rachacha n’est pas vraiment fait pour être fumé contrairement au “ chandoo ” (ou opium à fumer) . Gobé par petits bouts il sert parfois à amortir une descente d’ecstasy ou d’acide . En général on trouve le « rach » en été mais les plus prévoyants font des provisions qui peuvent durer jusqu’en hiver. Les prix varient de quelques dizaines de F à 100F pour un gramme.

Histoire et usage médical de la kétamine

Découverte en 1962, la kétamine est un des anesthésiants les plus largement étudiés (1)… Expérimentée la première fois sur l’être humain en 1965 comme anesthésique général, elle suscita un intérêt particulier pour son action brève et sûre. Elle fut largement utilisée lors de la guerre du Vietnam par des GI’s blessés qui en usèrent et en abusèrent et racontèrent comment ils voyaient leur corps inanimé depuis une conscience flottant quelque part au plafond…
Dans les années 70, des chercheurs, tel Stanislas Grof, inventeur de la psychologie transpersonnelle, l’expérimentèrent comme outil d’exploration d’états de conscience modifiée. En Russie, on soignait le lancinant syndrome du « membre fantôme » des amputés (la sensation d’avoir mal à la main d’un bras coupé) grâce, en partie, à ses effets analgésiques et « dissociatifs ». La drogue pourrait permettre de vivre plusieurs états de conscience à la fois. Dans ce pays, on s’en servit également pour les sevrages d’alcool et d’héroïne, mais sur le mode aversif (en suscitant un réflexe de dégoût). Les succès furent mitigés mais pas inintéressants (2).
Karl Janssen, un psychiatre anglais spécialiste de la kétamine suggère que la drogue, administrée sous contrôle médical, pourrait être utilisée au même titre que les électrochocs pour traiter certaines maladies mentales. Actuellement, la kétamine est utilisée, associée à d’autres produits, l’anesthésie des enfants, personnes âgées ou fragiles. On l’emploie également en médecine d’urgence, sur les champs de bataille ou lors d’accidents… pour les amputations, soulager les fortes douleurs, notamment chez les grands brûlés… Dans certains Etats US, elle sert à exécuter « humainement » les condamnés à mort par injection létale. Dans ce même pays, des gays pratiquant une sexualité particulièrement hard, utilisent kétamine et cocaïne pour anesthésier celui qui subira le head fucking.
Son autre usage est vétérinaire. On s’en sert pour anesthésier les animaux avant une opération ou pour les neutraliser. L’appellation d' »anesthésiant pour bestiaux » n’est peut-être pas pour rien dans son effet attractif.

(1) Plus de 6500 études sur le produit (Medline) dont une bonne partie sur l’être humain contre 800 publications sur la MDMA, dont très peu, par contre, concernent une expérimentation humaine.
(2) Gardons à l’esprit que dans l’ex-URSS, beaucoup de produits furent utilisés davantage pour leur prix de revient extrêmement faible et leur facilité de fabrication que pour leurs réelles qualités thérapeutiques.

Kétamine et réduction des risques

Celui qui, ne pouvant s’empêcher de goûter, n’aura pas préalablement « apprivoisé  » la kétamine avec de  » toutes petites traces  » risque de faire un  » gros bad trip « .

En cas d’injection intraveineuse, l’effet est instantané et très violent. Perte totale de contrôle du corps et chute garantie.

En général la consommation de kétamine se termine allongée, avec une impossibilité totale d’agir. Quel que soit le mode de consommation, l’environnement doit toujours être suffisamment sécurisé et confortable pour s’allonger. Attention aux chutes de tension (moins de 8-10 pulsations en 15 secondes). Si celle-ci est anormalement basse, surélever les jambes.

L’association avec des benzodiazépines et/ou de l’alcool peut provoquer une dépression respiratoire.
Une consommation régulière contribue à encombrer les voies respiratoires. Se moucher et expurger les glaires le plus souvent possible.

La kétamine est absolument déconseillée aux personnes souffrant d’épilepsie. Elle augmente sérieusement le risque de crise et la violence de celle-ci.

Ne jamais consommer en cas de problèmes de tension artérielle, cardiaques, hépatiques, de troubles psychologiques… et juste après avoir mangé.

La kétamine cause de sérieux problèmes à ceux qui en ont perdu le contrôle et consomment à longueur de journée. Quand le produit est épuisé ou inaccessible, la dépendance disparaît, en général sans conséquences majeures. La majorité des amateurs de kéta en font un usage récréatif qui, vu de l’extérieur, peut réellement impressionner. Les problèmes résident bien plus dans l’abus, les mélanges, les représentations caricaturales ou erronées des effets, le manque d’informations fiables et ciblées. Le mot d’ordre inspiré du de celui de la Mildt, « Savoir mieux et plus pour risquer moins », est plus que jamais d’actualité.

Bad trips et mélanges

L’effet de la kétamine peut être très dur et insupportable, voire traumatisant, pour certains. Des personnes en ayant pris sans le savoir ont vécu un bad trip terrible avec hallucinations dantesques, sensation de mort imminente, de non-réintégration de l’esprit dans le corps, impression de devenir fou…

Le mélange kétamine/hallucinogènes/alcool est le plus redoutable. Il peut entraîner convulsions, crises de fureur paroxystiques contre soi-même, révélatrices de l’extrême mal-être dans lequel se trouve le sujet qui, généralement, ne se rappellera pas grand chose à son réveil. Mais quels souvenirs, avec parfois des ecchymoses, pour ceux qui ont été obligés de gérer sa démence. Et quel choc pour le médecin qui constate chutes et montées de tension de 4 à 18, en accord avec la musique, chez des personnes donnant l’apparence d’un état de coma total.

Kétamine humaine ou vétérinaire

En général les consommateurs trouvent la kéta vétérinaire plus  » physique  » que la kéta humaine, plus  » spirituelle « . Peut être est-ce du au conservateur contenu dans cette dernière : le benzthonium chloride, un agent anticholinergique (1), qui pourrait moduler les effets comme le ferait un très léger hallucinogène.

A savoir

Il est quasi impossible de se lever après un gros rail. Mieux vaut donc aller pisser d’abord. La kéta altère les perceptions sensorielles et musicales. Impossible ou nul de mixer sous kétamine. Ce n’est pas une drogue de communication. Rien n’est plus solitaire qu’une défonce à la kéta.

(1) Durieux, M.E, Nietgen, G.W. (1997) « Synergistic inhibition of muscarinic signaling by kétamine stereoisomers and the preservative benzethonium chloride » µ Anesthesiology 86

L’iboga, miracle ou imposture ?

L’iboga est une plante psychotrope très puissante, traditionnellement utilisée dans certaines régions d’Afrique Noire par des sorciers et guérisseurs locaux. Au Gabon, elle est associée à la religion Bwiti et ses impressionnantes cérémonies liées au culte des ancêtres. L’ingestion d’une mixture à base d’iboga permettrait d’entrer en contact avec leur esprit. Selon certains chercheurs et d’anciens pharmacodépendants, elle aurait, par ailleurs, la particularité de guérir les addictions aux drogues telles que l’héroïne, la cocaïne, mais aussi l’alcool et les anxiolytiques. Dans un cadre rituel approprié, elle permettrait également une forme de psychothérapie intensive et radicale. Voyons un peu ce qu’il en est.

Une expérience bouleversante

En cette période d’hyper-médicalisation, l’iboga est une démarche visant à trouver d’autres voies que celle de la psychiatrie ou des médicaments. Une alternative à l’opposé du statut de patient assisté, soumis et docile, qui accepte de faire pipi dans une bouteille sous l’œil d’un psychiatre soupçonneux pour avoir sa méthadone.

L’iboga classée stupéfiant

Comme Asud le craignait, l’iboga a été classée stupéfiant et son usage est désormais interdit. Plusieurs accidents et 2 décès ont accéléré ce classement. À terme, cela risque de rendre plus problématique encore son usage traditionnel dans la forêt africaine où les autorités finiront par interdire son usage, sous la pression des Occidentaux.

Paradoxalement tous ceux qui ont tenté l’iboga déconseillent très vivement de tenter cette expérience sans un médecin. L’iboga est un redoutable hallucinogène. Alors attention chers petits drogués, il y a eu 2 morts en quelques mois en France ! Il s’agit d’une philosophie basée sur une expérience ponctuelle bouleversante, parfois d’une violence inouïe… Après avoir consommé la plante, le postulant se retrouve peu à peu plongé dans des dimensions inconnues de sa conscience. Selon des spécialistes du Bwiti, « l’iboga proposerait une voie de responsabilisation » pouvant permettre à certains de retrouver une « dignité originelle » en plongeant dans l’inconscient et les méandres de la psyché avant de renaître. Une expérience spirituelle intense qui pourrait, dans certains cas, permettre à l’individu d’en finir avec ses démons et d’affronter la vie en se forgeant de nouvelles armes.

L’iboga pour décrocher

L’un des principes actifs de l’iboga, l’ibogaïne, fut le principal constituant du Lambarene®, un médicament (retiré du marché en 1966) dont Albert Schweitzer et Haroun Tazieff se servaient à faible dose pour combattre la fatigue.

Un rituel bien précis

L’iboga qu’on trouve au Congo, au Cameroun et au Gabon se prend toujours dans le cadre de cérémonies bien précises. Soit lors de la cérémonie d’initiation où le « Banzi » (Nouvel initié qui s’apprête à suivre la voie de l’iboga) en prend durant 3 jours, soit à l’occasion d’événement précis tel un deuil. La consommation d’iboga a toujours lieu après une préparation soigneuse et une mise en condition appropriée qui implique une purification rituelle, un nettoyage total, des purges. et une période de jeûne et de recueillement. La cérémonie se déroule sur 3 jours avec des feux, des chants, des danses et de la musique durant tout le rituel. Le premier jour symbolise la la naissance, le second le voyage vers la mort, le troisième la renaissance et la connaissance. Une période de récupération est ensuite indispensable. La cérémonie laisse toujours les participants exténués.

Dès les années 50, des chercheurs s’intéressent à cet alcaloïde qui potentialise les effets analgésiques de la morphine. En 1962, un groupe de jeunes héroïnomanes teste l’iboga, sur la suggestion de collaborateurs de Timothy Leary qui cherchent des remèdes contre la dépendance à l’héroïne. Cinq ne retouchent pas à l’héroïne durant plusieurs jours. L’un d’entre eux, Howard Lotsof, s’enthousiasme et veut développer l’usage d’ibogaïne. La suite est un scénario digne d’un roman d’espionnage avec ses rebondissements, ses secrets, les intérêts de l’industrie pharmaceutique, les pressions du gouvernement et de nombreuses magouilles. En 1968, en pleine période hippie, les USA interdisent l’ibogaïne, censée provoquer des visions. Durant les années 80, Lotsoft, qui a replongé entretemps, redécroche avec l’ibogaïne et, à force d’activisme, réussit à mobiliser des laboratoires, des mécènes… et Act Up. Des programmes expérimentaux ouvrent aux Caraïbes et aux Pays-Bas. Le succès est mitigé. Les évaluations rigoureuses manquent. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour témoigner. Parfois instrumentalisées par les professionnels de la « décroche alternative », qui présentent l’iboga comme la panacée pouvant permettre de surmonter toutes les dépendances. Alors que de nombreux sites Internet se consacrent à cette plante, à ses usages traditionnels, médicaux et expérimentaux, avec ses partisans et ses détracteurs, un consensus informel semble pourtant se profiler. L’iboga ou l’ibogaïne auraient effectivement aidé quelques personnes à décrocher de certaines drogues, mais il ne s’agit en aucun cas du produit miracle ou du médicament que certains décrivent.

En cas de dépendance opiacée, l’iboga ne soulage absolument pas le manque. Prise dans un cadre rituel, la plante peut parfois provoquer une forte secousse psychique, une prise de conscience, parfois d’une redoutable violence, qui peut permettre de trouver les ressources internes pour surmonter l’envie de drogue. Puis, peu à peu, aider à résoudre les problèmes de dépendance, dans le cadre d’un processus de maturation. Selon les promoteurs de la bande à Lotsoft, tel Dana Beal (auteur de « The Ibogaine Story »), l’ibogaïne serait en fait plus adaptée pour résoudre les problèmes de comportements addictifs comme les dépendances au jeu, au sexe, voire aux stimulants comme la cocaïne.

Attention Bad trip

Mais attention. Si les techniques chamaniques fonctionnent dans les sociétés traditionnelles, dans des contextes religieux et culturels particuliers et avec des personnes familiarisées avec ces usages depuis des temps immémoriaux, il en va rarement de même avec les « touristes » occidentaux que nous sommes. Asud a rencontré de nombreux apprentis chamanes qui sont restés chéper sur leur branche.
Voici en résumé comment Vincent Ravalec explique l’expérience dans l’ouvrage « Bois sacré, Initiation à l’iboga » : « L’initié devenu visionnaire serait capable de communiquer avec ce que les Africains appellent l’esprit des ancêtres. Il s’agirait d’une immersion dans une espèce de bibliothèque vivante, une mémoire généalogique où lui serait projeté le film de sa vie et celle de sa lignée, mais sous un angle totalement inédit avec en bonus les coulisses du film, le tournage, l’intelligence du scénario. Tout ça avec la compréhension claire qu’il ne tient qu’à lui d’écrire la fin qu’il veut. » Ravalec insiste nettement sur le fait que l’iboga ne peut en aucun cas se prendre comme une drogue récréative. L’expérience comporte toujours une dimension pénible. La confrontation avec ses peurs, ses refoulements n’est jamais une partie de plaisir. Au Gabon, le Bwiti, ou religion de l’iboga, est une philosophie de vie, une voie vers la connaissance comme le yoga ou la voie de l’ayahuasca (autre plante psychotrope hallucinogène) d’Amazonie, qui nécessite une très forte motivation. Un travail permanent et dur. Si les témoignages et descriptions concernant l’iboga sont souvent spectaculaires et fascinants, tous mettent sérieusement en garde contre les expériences hasardeuses et dissuadent fortement d’en consommer en dehors des contextes rituels traditionnels. Certains expérimentateurs qui ont essayé d’autres plantes traditionnelles reconnaissent qu’avec l’iboga, ils ont eu très peur et que sans la présence d’un bon guide, ils auraient fait un sacré bad trip.
La teneur en principe actif de la plante peut, par ailleurs, varier sensiblement. Trouver le dosage optimum est donc plus qu’aléatoire.
On peut aussi décrocher tout seul, comme un grand, à la rigueur avec un peu de Subu ou de métha en doses dégressives en quelques jours. Le challenge c’est de ne pas recommencer.

Les différentes phases de l’overdose d’héroïne

En général, une overdose se passe souvent en 4 phases plus ou moins rapides:

  1.   Somnolence irrésistible ou «défonce comateuse» mais réaction aux stimuli ;
  2.   Inconscience avec respiration et pouls faible ;
  3.   Respiration nulle ou très faible ;
  4.   Arrêt cardiaque.

Il existe cependant de nombreux cas de figure. La personne peut rester au stade 1, passer progressivement d’un stade à l’autre, revenir à elle et retomber dans le coma. Alternativement. Ou se retrouver en arrêt respiratoire en quelques secondes (en cas de gros shoot après une consommation d’alcool par exemple) et décéder.

Phase 1

La personne pique du nez de façon grave. Elle se sent irrésistiblement partir. Elle a beaucoup de mal à garder les yeux ouverts, ne marche qu’avec peine, s’endort en parlant. Ses propos sont incohérents…
Dès qu’on la laisse, elle a tendance à s’écrouler et à sombrer dans l’inconscience. Elle est pâle. Sa respiration est lente et faible, mais se maintient à un rythme régulier (3 à 5 fois en 15 secondes).

Que faire : Stimuler intensément la personne en lui parlant vivement.-«-Reste avec nous-!…-», certaines stimulations comme «-Attention, y a les flics-» sont parfois étonnamment efficaces. La secouer, la faire marcher et respirer profondément. Passer un tissu imbibé d’eau froide sur sa nuque. Si elle glisse vers la phase 2, appeler immédiatement le Samu (le 15 depuis un poste fixe ou le 112 depuis un portable). Dans tous les cas, maintenir la surveillance et la stimulation. Si la personne est allongée, surélever ses jambes. Veiller à dégager sa bouche (appareils dentaires, aliments).

Phase 2

La personne est écroulée comme une masse.

Appeler le 15 ou le 112 : quels risques?

En principe, si vous expliquez qu’une personne est inconsciente, la police ne vient pas. Par contre, elle viendra s’il y a décès, avec tous les problèmes que cela peut représenter pour celui qui a fourni la came

On a beau la secouer, elle réagit juste par une vague plainte, lorsqu’on la gifle par exemple. Elle paraît totalement inconsciente, respire très faiblement (moins de 3 fois en 15 secondes) ou irrégulièrement. Ses yeux se révulsent. Le visage est très pâle, les lèvres bleues et les oreilles ont tendance à blanchir. Les extrémités peuvent être froides. Son pouls est très faible.

Que faire : Avant tout, veiller à ce qu’elle soit totalement à l’aise pour respirer. Dégrafer sa ceinture et tout ce qui pourrait la gêner. Veiller à dégager sa bouche (appareils dentaires, aliments). Appeler le Samu, mettre la personne en position latérale de sécurité et rester avec elle. Ne pas cesser de la solliciter, la stimuler…

Phase 3

La personne ne réagit plus et sombre peu à peu dans l’inconscience totale. La respiration est très faible. Les yeux ont tendance à se révulser. Le visage est très pâle. Les lèvres peuvent être bleuâtres. Les extrémités peuvent être froides…

Que faire : Appeler immédiatement le Samu, pratiquer la respiration artificielle.

Phase 4

La personne ne respire plus. Son coeur ne bat plus.

Que faire : Appeler immédiatement le Samu. Pratiquer la respiration artificielle, voire un massage cardiaque mais uniquement si vous êtes expérimenté sous peine d’aggraver la situation. Rester avec la personne jusqu’à l’arrivée des secours. Donner un maximum de renseignements sur les produits consommés. Collectez les boîtes, médicaments et produits que la personne est susceptible d’avoir consommés.

Overdoses : quand la cocaïne tue plus que l’héroïne

Dans la plupart des pays d’Europe le nombre d’hospitalisations aux urgences pour des accidents liés à la consommation de cocaïne ne cesse d’augmenter. Dans certaines villes d’ Espagne, de Suisse, d’Italie …le nombre d’overdoses liés la cocaïne dépasse souvent les overdoses liés à l’héroïne.

La chaleur augmente les risques d’accidents

Lester sniffait de la coke depuis 7 ans. 90kgs, un bon job, en pleine forme, il maîtrisait le truc.Il était capable de garder un képa pendant des jours sans y toucher. En boîte, un vendredi soir, après deux petits rails, tout a coup un insoutenable mal de tête lui vrille la tête. Quelques secondes plus tard il s’écroule sur le sol. Grâce à la réactivité de son entourage il a pu être sauvé mais depuis il souffre de sérieux maux de tête et de troubles de la concentration et n’a plus jamais repris un milligramme de coke.
Que s’est-il passé ? La cocaïne est un vasoconstricteur. Une prise suffit à rétrécir les veines d’environ 20%, ce qui augmente sensiblement la pression sanguine. Cette action combinée à la chaleur de l’environnement a considérablement augmentée la pression artérielle et a littéralement fait exploser une veine du cerveau.

Hyper ventilation et sac en papier

Il y a quelques temps, en reportage à Francfort, dans une des salles d’injection que la ville met à disposition des usagers, devant moi, un type en train de préparer son Xième shoot tout à coup se met à trembloter. De plus en plus fort. Sa main qui tenait une seringue a envoyée cette dernière valdinguer contre le mur. Le mec me regarde avec des yeux écarquillés et se débat comme s’il se noyait. On dirait qu’il suffoque. Il s’agite de plus en plus et tombe, agité de soubresauts convulsifs, les yeux à moitiés révulsés. Vraiment impressionnant. Comme une crise de tétanie consciente. Le personnel et les autres usagers ne s’affolent pas. Ils l’emmènent dans une pièce attenante et l’assoient sur un canapé.. En sueur, les yeux comme en proie à une insondable terreur, il halète. Il me semble entendre les palpitations de son cœur affolé à plusieurs mètres. On éteint la lumière et une infirmière lui parle doucement. Elle l’apaise et lui éponge son front en nage. Elle lui demande s’il l’entend, s’il la comprend. L’autre acquièce en essayant de maîtriser ses tremblements. L’infirmière lui demande de fermer les yeux et lui explique qu’on va lui mettre un sac en papier par dessus la tête et lui recommande d’essayer de respirer profondément . Le fait de respirer son propre gaz carbonique va atténuer l’état d’hyperventilation dans lequel il se trouve et va très vite l’aider à se sentir mieux. J’en crois pas mes yeux. Tout en lui recommandant, d’une voix douce, de garder les yeux fermés, elle lui met le sac par dessus sa tête et lui demande de respirer…. Au bout d’une minute environ les tremblements diminuent. Un soignant lui caresse l’avant bras…. Dix minutes après, le mec pâle, exténué s’entretient avec le médecin qui est arrivé entre-temps. Celui-ci avait ramené une espèce de ballon et en forme de ballon de rugby au cas où le patient aurait du être ventilé.

Dans le salles d’injection allemandes ce genre d’incident est monnaie courante. Les junkies locaux alternent ou mélangent souvent Rohypnol écrasé ou Valium injectable avec la cocaïne. La combinaison d’un stimulant et d’une benzodiazépine ( surtout en cas de consommation répétée) déplaît souverainement au système nerveux et se termine fréquemment par le genre de crise décrite ci-dessus.

De nombreux fumeurs de crack et injecteurs de cocaïne ont déjà vécu ou assisté à ce genre d’accident.

Que faire en cas d’accident ?

La cocaïne accélère la fréquence respiratoire et les battements du cœur et augmente la température du corps. Ces effets couplés à un abus, à la chaleur ambiante, à des mélanges divers

Que faire ne cas de crise: l’entourage doit sécuriser l’environnement pour éviter les blessures à cause des convulsions (objets coupants, seringues….). Gare si le mec a une seringue à la main en pleine crise de convulsion. Si l’on est tout seul, la seule chose à faire est d’essayer de se calmer en respirant profondément et lentement. Le truc qui consiste à respirer son propre gaz carbonique dans un sac en papier qu’on aura mis par dessus sa tête sans serrer (si l’on réussit à ne pas angoisser) est souvent très efficace. C’est ce même principe qui s’applique en cas de crise d’épilepsie.

De toute façon il est impératif d’appeler un médecin. (15 SAMU ou 112 depuis un portable) Il faut à tout prix lui indiquer s’il y a eu consommation d’opiacés (héroïne, Skénan, subutex, méthadone…). Car il peut injecter ou prescrire un calmant comme le Valium qui peut alors entraîner une dépression respiratoire (donc une overdose d’opiacés).

3 niveaux d’alerte

On peut distinguer 3 niveaux dans l’overdose de coke : Dans chaque cas, les pupilles sont en général énormes (même s’il y a consommation simultanée d’héroïne ou morphine).

Niveau 1 : psychose cocaïnique angoisse, accélération cardiaque, regard fixe, gestes fébriles, hallucinations, paranoia …
Que faire : Ne pas rester seul. Dans la mesure du possible (mais c’est plus facile à dire qu’à faire) GARDER SON CALME ET RESPIRER PROFONDEMENT LE PLUS CALMEMENT POSSIBLE. En général ça marche. (Si l’etat s’agrave ou dure il faut appeler des secours)
Attention : si à ce stade vous consommez un calmant de type benzo (Lexomil, Valium, Xanax….) ne jamais reprendre de cocaïne par dessus. Cela augmente considérablement le risque de crise de tétanie.

Les niveaux suivants peuvent être de réels accidents cardiaques, respiratoires, cardiovasculaires, ruptures d’anévrisme… qui nécessitent immédiatement le SAMU et les urgences

Niveau 2 : mal de tête, frisson, petit mouvement incontrôlé, transpiration, impression de sueur froide, tremblements, angoisse, accélération cardiaque, spasmes, difficultés à respirer ou respiration haletante… impression d’oppression cardiaque …. convulsions, chute… tout en étant généralement conscient. Ce stade nécessite une surveillance médicale. Appeler un médecin ou se rendre à l’hopital. Il s’agit souvent d’une crise apparentée à une crise de spamsmophilie/tétanie. En attendant, la technique du sac par dessus la tete peut etre trés efficace.

Niveau 3 (le plus dangereux) : hallucinations auditives (sifflements dans les oreilles) changements brusques du rythme cardiaque, vomissements, confusion, délire, douleurs cardiaques, douleurs dans la poitrine douleurs dans la tête, tétanies…
Cela peut se terminer par un infractus, un oedeme pulmonaire et la mort.

Autres dangers

En dehors des overdoses mortelles, la littérature spécialisée est pleine de cas de personnes qui se sont retrouvé handicapées ou définitivement diminuées après une overdose : paralysie partielle, déficit neurologique, troubles psychologiques et nerveux graves et durable, notamment suite à un accident vasculaire cerébral ou à un coma, mais également suite à une crise de convulsion.

Il est fort probable que nombre de décès liés à la cocaïne n’aient pas été identifiés en tant que tels car on les a assimilé à des accidents vasculaires cérébraux, des ruptures d’anévrisme ou a des arrets cardiaque. Le coeur est l’organe le plus affecté par la cocaïne, notamment en cas d’abus.

Dans la plupart des overdoses liés à la cocaïne, cette dernière était le principal produit en cause. Ensuite viennent les mélanges cocaïne et alcool puis cocaïne et opiacés (héroïne).

Attention aux traitements anti-dépresseurs : Le Prozac, Déroxat et autres médicaments de la classe des ISRS. Ils peuvent avoir tendance à accroître les états paniques en cas de conso de coke. Et surtout en cas de traitement VHC (Interferon et Ribavirine). A ASUD nous connaissons des cas de pétages de plombs avec des conséquences dramatiques (prison, hôpital, tentatives de suicide, violences…..). Les effets secondaires de ce traitement de l’hépatite C peuvent être considérablement amplifiés par le coke.

Il faut également considérer que la coke, surtout si on en abuse, épuise l’organisme. Elle est la cause de manque de sommeil, mauvaise ou sous alimentation donc diverses carences en vitamines et minéraux, stress perpétuel… ce qui augmente les risque d’accident.

Il faut également considérer les autres décès liés directement ou indirectement à la coke :
Accidents de la route, malformations des nouveaux nés et bébés qui meurent prématurément car leur mère prenait de la coke durant la grossesse…Sans oublier tous les accidents liés à la parano induite par la coke. Dans les années 20, en russie des centaines de milliers de gens sniffaient de la cocaïne (moins chère que le pain ). Il en a résulté des milliers d’incendies, meurtres, suicides…. dus à la « folie cocaïnique »

Le laudanum

Laudanum, appelé aussi teinture d’opium safranée, existe dans notre pharmacopée depuis le 17e siècle. Il est officiellement présenté comme un “breuvage calmant opiacé ”, donc n’importe quel médecin peut tout à fait le prescrire

Équivalence

Le dosage est précis et facile s’adapte tout à fait à une posologie dégressive. Il contient 10% d’opium à 10% de morphine. Donc 100g de Laudanum contiennent 1 g de morphine. 43 gouttes de laudanum pèsent 1 gramme. Le calcul est simple. Donc 40 gouttes contiennent 10 mg de morphine. 400 gouttes conteinnent l’équivalent d’un Skénan 100mg.
10 mg de morphine correspondent environ à 1 gramme de Laudanum. Donc il est donc assez facile de trouver le dosage équivalent. La durée d’action du Laudanum (8h) est plus courte généralement que celle du Moscontin ou du Skenan (12h). L’opium étant une somme de 40 alcaloïdes qui agissent en synergie, les réactions individuelles peuvent varier quelques tâtonnements peut s’avérer judicieux pour déterminer le dosage optimum.
Concernant la méthadone, les dosages sont un peu plus empiriques. Un médecin parle de 4 cuillères à café en 3 fois pour remplacer 20mg de méthadone alors qu’une amie ayant tenté l’expérience pencherait plutôt pour 80 gouttes trois fois par jour.

Le Laudanum un challenge pour la substitution

Grâce à la méthadone de nombreux usagers de drogues ont amélioré leur qualité de vie et voudraient maintenant se défaire de ce fil à la patte. Mais descendre en dessous des derniers 20 mg n’est pas toujours facile. Le Laudanum peut être une alternative réellement intéressante.
A Bayonne, Bordeaux, en région parisienne, des médecins ont prescrit du Laudanum à des usagers de drogues.
La clinique Liberté à Bagneux en association avec l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif a également une certaine expérience du Laudanum. Un vieux mangeur d’opium Iranien dépendant depuis des décennies fit un sevrage au Laudanum avec succès et tout en douceur. “ Le vieillard fut même très content de retrouver les effets d’un opium de qualité comme il n’en avait plus goûté depuis longtemps ! ” explique Patrick Beauverie, pharmacien à Paul Guiraud. La même équipe a également deux autres sevrages lents au Laudanum à son actif. L’un est abondamment documenté dans “ Les Cahiers de l’Addiction N°3 ” Héroïnomane, accro depuis 25 ans, mais déterminé à décrocher définitivement, X n’arrivait pas à arrêter le sulfate du morphine (Moscontin). Il décrocha doucement en 45 jours, avec du Laudanum dont il adaptait les prises en fonction de sa sensibilité, jusqu’à l’arrêt complet. Plus d’un an après il n’a pas recommencé.

N’importe quel médecin peut théoriquement prescrire du laudanum pour 7 jours. Il lui faudra juste se documenter un peu, calculer le dosage et trouver une pharmacie qui veuille bien faire cette préparation magistrale, plus guère utilisée. Ce sera sans doute le plus difficile. Le Laudanum n’est pas cher (250 ml (380g) de Laudanum valent environ 5 euros), donc peu rentable et sa préparation nécessite un peu de temps mais les « vrais » pharmaciens adorent préparer les recettes de leurs anciens maîtres.

Rappellons tout de même que l’on peut également salement s’accrocher au Laudanum. Thomas de Quincey auteur du fameux “ Confessions d’un mangeur d’opium ” en consommait des litres et crevait de culpabilité.
ATTENTION : Le poète Roger Gilbert Lecomte est mort d’une septicémie en essayant d’en injecter. Il n’a jamais recommencé.

Les origines de l’opium en Chine

De nombreux lecteurs pensent que les Chinois fumaient traditionnellement de l’opium récréatif depuis des temps immémoriaux, sans que cela ne pose de problème jusqu’à l’arrivée des Occidentaux et des guerres de l’opium, suivis d’une opiomanie importante puis de la prohibition. Un phénomène souvent restitué de manière tronquée, selon que les sources soient orientales ou occidentales, les intérêts commerciaux, politiques, religieux… Qu’en fut-il réellement ? Petite synthèse chronologique.

L’opium était connu et recherché en Asie comme en Occident depuis l’Antiquité pour ses qualités thérapeutiques. Aucun produit n’était aussi efficace pour soulager la douleur et traiter nombre de maladies et d’épidémies. Ses propriétés addictives étaient connues. Mais l’opium était très rare et cher en Chine. Seuls quelques privilégiés pouvaient se le payer. Les pauvres avaient recours à la décoction de têtes de pavots pour soulager leurs maux.

L’art alchimique du sexe »

Dès le VIIe siècle, les Chinois cultivaient le pavot pour faire des aliments avec les graines et des décoctions à usage médical avec les têtes. À la même époque, des marchands arabes et chinois font connaître l’opium sans dévoiler le secret de sa production. En Chine comme ailleurs, l’opium était avalé, bu ou mâché, parfois mélangé à divers produits végétaux, animaux ou minéraux.
Vers le XVe siècle, à la cour impériale de Chine constamment à la recherche de raffinements nouveaux, l’opium acquit peu à peu une réputation d’aphrodisiaque grâce à sa capacité à retarder la jouissance. « L’opium médicament » devint alors « l’art alchimique du sexe et des courtisans ». Des rapports sexuels soutenus avec un maximum de partenaires, mais sans émission de semence, avaient la réputation de prolonger la vitalité amoureuse jusqu’à des âges canoniques, de « nourrir le cerveau », de prémunir contre les maladies… Posséder de l’opium pouvait alors conférer un prestige inouï. Célèbre pour ses collections érotiques, l’empereur Chenghua (1464-1487) envoya des émissaires à travers tout le continent pour ramener « la noire et odorante médecine du printemps triomphant », payée un prix fabuleux.

Le « madak » ou tabac à l’opium

Au XVIe siècle, des navigateurs ramenèrent du tabac en Chine depuis les Philippines où les Espagnols venaient d’introduire la plante découverte en Amérique. Hollandais et Portugais propagèrent ce produit au fort potentiel commercial et en quelques décennies, un peu partout en Extrême-Orient, on se mit à fumer, priser et cultiver du tabac. Ce tabac n’avait rien à voir avec celui de nos cigarettes. Beaucoup plus rustique et contenant un fort taux d’alcaloïdes, il pouvait être puissamment psychoactif. Il avait la réputation « d’affûter l’œil » et d’éloigner la malaria, mais son usage pouvait entraîner « ivresse » et « perte des sens ». La plupart des consommateurs en faisaient un usage utilitaire (détente, stimulation, convivialité…) et/ou médicinal. On trouvait toutes sortes de variétés de tabacs que l’on prisait depuis des flacons finement ouvragés ou fumait dans de petites pipes en terre, métal, bambou, corne, calebasse… Une coutume qui ne plaisait pas à la très conservatrice cour de la Chine impériale. Dans les années 1630, l’empereur Taïzong promulgua des lois de plus en plus sévères pour interdire sa consommation. Les contrevenants pouvaient être exécutés, ce qui ne freina pas la consommation.
Portugais et Hollandais développèrent des plantations de tabac en Indonésie, où l’opium était déjà connu et cultivé et parfois consommé de manière récréative, « gobé » en pilules ou mâché sous forme de « chiques » aromatisées. On y trouvait aussi du « kandu » un breuvage alcoolisé à base d’opium, parfois mélangé à des têtes de cannabis et autres plantes, dans lequel on eut l’idée de faire tremper un certain temps du tabac haché. Cela devint le « madak »(1), auquel on attribua moult vertus thérapeutiques et préventives. Certains madaks contenant de l’ambre, du safran, du camphre, des clous de girofle, etc., coûtaient des fortunes, ce qui renforça son attrait et sa réputation. Son usage correspondait tout à fait à la philosophie médicale chinoise : prévenir pour éviter d’avoir à guérir.

Kiefs gratuits….

Au XVIIe siècle, la consommation se démocratisa. Le madak, souvent fumé rapidement en quelques bouffées dans un tube de bambou ou une petite pipe, devint peu à peu un complément naturel de la chique de bétel et du thé traditionnels. Des « maisons de fumée » accueillirent des clients venant fumer, parfois en famille. Le prix baissant, le petit peuple put enfin goûter la drogue de l’élite. Des shops proposèrent des « kiefs » gratuits pour attirer et fidéliser la clientèle.
L’usage quotidien aboutissait généralement à une dépendance, sans doute modérée, mais réelle. L’empereur y voyait une pernicieuse influence des Occidentaux. L’opium, toujours importé et payé en lingots d’argent désavantageait la balance commerciale chinoise. Le tabac fut interdit, puis le madak. Son prix augmenta sensiblement au marché noir et les marchands chinois comprirent rapidement combien ce marché était lucratif, ce qui généra trafic et corruption

« Yan qiang » et « chandoo »

Au XVIIIe siècle, des empereurs, parfois eux-mêmes fumeurs, interdirent vente et consommation d’opium pour usage non médical mais sans grand succès(2). Les Chinois, industrieux et subtils adoraient « manger la fumée », et cherchèrent des alternatives au tabac et à l’odorant madak, détectable de loin.
Des princes goûtèrent la « fragrance noire » de Java, exclusivité de l’empereur qui la consommait à l’aide d’un nouveau procédé : le « Yan qiang » (littéralement : « fusil à fumer »). opium3Les mandarins imitèrent les princes. Lettrés et eunuques imitèrent les mandarins… Au fur et à mesure, le « Yan qiang » se perfectionna, et le peuple voulut lui aussi imiter les élites. On assista alors à l’élaboration d’un mode de consommation très sophistiqué : la méthode thébaïque, avec la fameuse pipe à opium, la lampe et les autres instruments(3). Le procédé modifia le rapport à l’opium en lui associant une dimension technique très élaborée et un aspect rituel avec son cérémonial, ses instruments et ses officiants. L’opium brut ne pouvant se fumer pur car il carbonisait, il fallait que la drogue ait une texture suffisamment malléable pour être manipulée facilement et donner le maximum d’effets en un minimum de volume. Les Chinois devinrent très habiles pour fabriquer le « chandoo », un opium purifié semi liquide, exclusivement destiné à être fumé. On vit apparaître des « tavernes à opium » ou « Opium Den », avec des « Boypipe » virtuoses dans la préparation des pipes. L’opium se fumait entre personnes d’une même classe sociale, dans un cadre convivial et luxueux. Les riches avaient leur « fumerie » particulière, une alcôve où ils pratiquaient un rituel raffiné et sensuel qui pouvait durer des heures, plusieurs fois par jour, si possible en agréable compagnie.

Le trafic, premier avatar du capitalisme

Vers 1820, l’usage du chandoo se développa, créant une clientèle captive et dépendante, prête à payer des prix élevés lorsque la drogue se faisait rare.

La consommation chinoise

Les Anglais importèrent 2 400 tonnes en 1839, 5 000 tonnes en 1884, sans parler de la production locale et de la contrebande. Ces chiffres semblent importants mais les Chinois étaient déjà 400 millions. 15 à 20 000 tonnes d’opium (soit à 8 à 10 000 tonnes de chandoo) consommées par an dans les années 1880 semble une évaluation rationnelle. Un gramme de chandoo fait en moyenne 4 à 5 pipes. Si des riches pouvaient fumer 10 ou 20 grammes quotidiennement, voire plus (certains fumaient plus de 300 pipes par jour), la majorité des fumeurs du peuple consommait entre 1et 2 grammes par jour, soit une dizaine de pipes au maximum. Beaucoup de gens fumaient aussi très occasionnellement, l’offre d’une pipe d’opium étant un geste de bienvenue, de convivialité. À la fin du XIXe siècle, le nombre de fumeurs réguliers dépendants se situait probablement entre 3 et 5 millions.

Dans certaines régions, 80% des hommes et 25% des femmes seraient opiomanes, mais ces chiffres sont invérifiables. Dans certaines villes néanmoins, les fumeries, souvent d’infâmes bouges, étaient nombreuses L’offre importante de « remèdes contre l’opium » témoigne d’une forte demande pour se libérer de la dépendance. Nombre de fumeurs passaient des heures dans les fumeries, aux dépens de leur vie professionnelle et familiale, fonctionnaires, soldats et officiers fumaient de plus en plus… L’opium, théoriquement interdit jusqu’au milieu du XIXe siècle, fut une aubaine pour de nombreux Chinois qui se mirent à trafiquer, contribuant au développement de la consommation, au grand désespoir du gouvernement. Affirmant que sa consommation « n’était pas un dommage mais un réconfort », Anglais, Français et Américains exigèrent alors son libre commerce. Ce qui déboucha sur les guerres de l’opium et la légalisation forcée de la consommation et du commerce de la drogue dans toute la Chine.

Mythes et bénéfices

Dès 1870, diverses personnalités dénoncèrent les thèses alarmistes et l’instrumentalisation des chiffres qui servaient les intérêts des uns et des autres(4). Des lobbies politico-religieux anglo-saxons trouvaient que l’usage de l’opium défavorisait les projets de colonisation par la religion. L’hygiénisme naissant voulait assurer la mainmise médicale sur la moralisation et, grâce au développement de la chimie, l’industrie pharmaceutique avait compris les immenses profits que pouvait rapporter le contrôle des psychotropes et antalgiques. Les journaux se plaisaient à relater les récits de voyageurs décrivant des enfants de 8 ans mendiant quelques résidus de dross(5), des mères endormant leurs enfants en leur soufflant la fumée de la pipe dans les narines, des bébés dépendants car nés de mères opiomanes… D’autres évoquaient des populations d’êtres squelettiques et affaiblis à cause de l’opium, alors que les maladies, les épidémies, le manque d’hygiène et la sous-alimentation en étaient généralement l’explication. Une pipe de dross était le seul remède à leur portée pour soulager leurs maux. L’immense majorité des pauvres n’avait pas les moyens de s’adonner à un usage susceptible d’entraîner une réelle accoutumance.

Fin de l’histoire

Au XXe siècle, les Japonais exploitèrent le désordre politique du pays et l’appétence des Chinois pour les drogues, en organisant l’intoxication massive du pays à l’opium, la morphine, l’héroïne, la cocaïne… et en créant l’État fantoche du Mandchoukouo, le premier narco-État de l’histoire pour financer leur main mise sur la Chine. Après la prise du pouvoir de Mao, l’opiomanie baissa rapidement pour disparaître presque totalement. Aujourd’hui, les Chinois considèrent avec amertume cette longue partie de leur histoire.


Note
(1) Qu’on trouve encore en Inde en cherchant bien (mais Asud ne vous dira pas où ;-) ).
(2) Jusqu’en 1805, les différents édits impériaux interdisaient la vente et la consommation mais pas l’importation. La corruption était quasi généralisée. D’innombrables marchands chinois, malais, puis anglais, américains… importèrent ouvertement des tonnes d’opium en soudoyant les fonctionnaires.
(3) On situe l’apparition de la pipe à opium telle qu’on la connaît vers 1750
(4) Voir The other side of the opium question, W. J. Moore, J. A. Churchill, London 1882 ; L’opium, histoire d’une fascination, Paul Butel, Perrin, Paris 1995.
(5) Cendre provenant de l’opium fumé. Beaucoup moins cher que l’opium, le dross est plus toxique car fortement concentré en morphine.

Biblio non exhaustive
– Opium Culture – The art & ritual of the chinese tradition, Peter Lee, Parkstreet Press, USA 2006
– The social life of Opium in China, Yangwen Zheng, Cambridge University Press 2005
– Narcotic culture – A History of Drugs in China, Dikötter & Laamann& Zhou Xun, The University of Chicago Press 2004
– L’opium, Histoire d’une fascination, Paul Butel, Perrin, Paris 1995
– The other side of the opium question, W. J. Moore, J. A. Churchill, London 1882
– All about opium, Henri Hartmann, Wertheimer, London 1884
(http://www.gallica.fr & http://www.books.google.com)

Les différents produits de coupes en 2006

Au vu du nombre de congrès, interventions et articles sur le thème, on pourrait croire que l’année 2006 s’est déroulée sous les auspices de la cocaïne. Mais au vu de nombreux témoignages, 2006 aura été l’année de l’arnaque. Déjà abordé dans le précédent numéro, ce thème est cette fois documenté, chiffres à l’appui, par des sources officielles et expertes.

Les arnaques sont de plus en fréquentes, ingénieuses, organisées… Lors des Teknivals, des gangs de profiteurs vendent tout et n’importe quoi. Certains ont compris qu’on ne risque pas grand chose à revendre de la Nivaquine® ou du sel d’alun. L’alcool étant consommé de plus en plus massivement et mélangé à d’autres drogues, la qualité de jugement est souvent bien altérée et les arnaques d’autant plus faciles.

Tendances moyennes par produits

Cocaïne
10 à 30% dans les saisies de moins de 100 g se situe entre de cocaïne en 2005. Des analyses de quelque dizaines d’échantillons collectés en 2006 en région parisienne révèlent 20 à 30% de cocaïne. Plusieurs dizaines de cas graves de consommation de cocaïne coupé avec de l’atropine.
Dans les paquets vendus au détail on trouve aussi de la chloroquine (Nivaquine®), de la magnésie. La « synthé » contient généralement de fortes proportions de produits de coupages qui peuvent être d’origine synthétique.

Crack , « Free-base »
Cire de bougie, savon et cuisines diverses aromatisés avec des médicaments variés entrent souvent dans la composition du « crack ».Par ailleurs, le « free basing » n’est pas une garantie de « purification » de la coke. Certains adultérants résistent au procédé.

Héroïne, Rabla
75 % de l’héroïne marron (Râbla) saisie en 2005 contient moins de 10% d’héroïne. Le reste est du paracétamol (44% ) et de la caféine (26%) qui renforce les effets de l’héroïne fumée en favorisant son passage à travers les poumons.. L’«héroïne morte », employée pour rallonger la poudre est un mélange de paracétamol et de caféine. Les petites bombonnes vendues à Paris contiennent généralement de 1 à 5 % de Rabla, des médicaments et sucres divers. Mieux vaut acheter sucre et café chez l’épicier et le paracétamol à la pharmacie.
ASUD vous rappelle que la Rabla n’est pas du Rachacha en poudre mais de l’héroïne de basse qualité. La Rabla accroche et peut provoquer une overdose.

Ecstasy, MDMA, M-CPP et chloroquine
Dosage courant des comprimés : 40 à 70 mg. Quelques doses contenaient plus de 120 mg. Le reste est composé de sucres (lactose, sorbitol, amidon).
Ecstasy, MD et MDMA, c’est la même chose. On trouve parfois de la MDA, MDEA… ou des traces d’intermédiaires de synthèse, généralement issus d’un processus de fabrication bâclé mais rarement du speed
Offre de plus en plus importante de M-CPP ou pipérazine vendus pour de l’ecstasy.
Aux Teknivals, arnaque massive de médicaments : Celestamine@ (« parachute » ou « champignon ») et la Nivaquine@ (« Z », de « N », « X », « Néo »…), vendus pour de l’ecstasy.

Amphétamines, speed
Le speed gras contient généralement de la stéarine. Des roublards vendent du mastic pour fenêtre roulé dans la chloroquine (pour l’amertume) et parfois dans un peu de vrai speed afin de leurrer le test de Marquis.

Ice, Crystal meth
Mélange cristallisés de sucre candi et de chloroquine, sels d’alun, MDMA en cristaux, gros sel… vendu de 100 à 400 euros le gramme. Voilà ce que des gogos se font refiler pour du crystal ou de l’ice. On n’a pas trouvé de crystal meth.

LSD
Les cartons et buvards vendus pour du LSD ne contiennent souvent que de la cellulose pure.

Les chiffres suivant représentent le pourcentage de cas ou les produits ont été détectés, d’après les données provenant des saisies des douanes, de la police et de la gendarmerie. Il s’agit souvent de quantités importantes. Des analyses de produits vendus au détail révèlent encore d’autres produits, et parfois une absence totale de drogues

Analyse effectuées
par l’OCTRIS
Cocaïne Héroïne Amphétamines Ecstasy
Pureté moyenne en 2005 10 à 30 % Moins de 10% dans
82% des saisies
14% en moyenne
(111 kg saisis)
50 mg en moyenne
(833 000 doses saisies)
Phénacine 27%
Lidocaïne 10%
Caféïne 14% 95% 74% 12%
Procaïne 2% 13% 1%
Paracétamol 3% 89% 8%
Hydroxyzine 7%
Diltiazem 12%
Lévamisole 4%
Griséofulvine 12%
Phénobarbital 2%
Mannitol (Sucre) 23% 15% 4%
Sucres Divers 41% 20% 70% 100%
Créatine  8%

Petit glossaire sur la nature et les effets des différents produits de coupage

Attention : Les effets secondaires de nombreux médicaments employés comme produit de coupe sont potentialisés par l’alcool, qui augmente et/ou modifie aussi les effets des drogues.

  • Atropine : utilisé en chirurgie. Entraîne confusion et troubles nerveux graves. Risque mortel.
  • Barbiturique : Il s’agit généralement de Gardénal® (phénobarbital). Dépresseur du système nerveux autrefois employé comme somnifère, ou pour traiter l’épilepsie… Guère plus utilisé à cause de sa toxicité et du risque de dépendance grave.
  • Bicarbonate de soude : Poudre cristalline à base craie, sel ou natron. Multiples usages : nettoyant ménager, dentifrice, désodorisant. On ne connaît pas ses effets à long terme lorsqu’elle est injectée.
  • Caféine : Principe actif stimulant du café. On la trouve parfois combinée à certains médicaments contre la douleur, les problèmes respiratoires…
  • Célestamine® : Antihistaminique utilisé pour traiter les allergies. Risque de somnolence (fortement majoré par l’alcool). Suivant le dosage, les comprimés sont de couleur bleu clair, rose ou jaune.
  • Cellulose : Principal constituant des végétaux. Sert à faire du papier…et des excipients.
  • Chloroquine : Utilisée pour prévenir et soigner la malaria (paludisme). Risques de vomissements, troubles nerveux… Toxique pour le cœur au-delà de 2 grammes. La dose mortelle est de 5 grammes. La chloroquine (Nivaquine®) est extrêmement amère.
  • Diltiazem : Utilisé pour certaines affections du cœur (angine de poitrine) et troubles de la tension.
  • Griseofulvine : Antibiotique et antifongique utilisé pour des infections spécifiques des cheveux, ongles, peau. Risque de maux de tête.
  • Hydroxyzine : Antihistaminique. Dépresseur du système nerveux central. Prescrit comme anxiolytique ou pour traiter certaines allergies (Atarax®). Cas de nécroses et troubles divers lorsque le produit est injecté à hautes doses.
  • Inositol : Autre nom de la vitamine B7. Chez les rongeurs, sa déficience provoque une chute des poils.
  • Lanoline : Graisse extraite du suif de mouton, employée pour traiter les cuirs. Fumée, elle pourrait présenter des risques de cancer.
  • Lévamisole : Antiparasitaire intestinal. Peut causer des troubles allergiques et neurologiques à hautes doses.
  • Lidocaïne : Anesthésique de surface utilisé par les dentistes (Xylocaïne®) et dans les pastilles pour la gorge, crèmes anesthésiantes… Utilisée comme produit de coupage car elle anesthésie et « gèle » fortement les gencives (4 à 5 fois plus que la cocaïne) lorsqu’on la goûte. Risque de troubles en injection ou sniff.
  • Magnésie : poudre d’origine minérale employé par les grimpeurs pour la transpiration des mains.
  •  Mannitol : Sucre d’origine naturelle utilisé dans certains traitements rénaux et dans la fabrication de bonbons et médicaments à sucer. « Rafraîchissant » au goût, il renforce la sensation de « gel » sur les muqueuses lorsqu’il est ajouté à la cocaïne.
  • Pipérazine (M-CPP) : Antiparasitaire provoquant maux de tête, anxiété, vertiges, troubles digestifs, nausée…
  • Nivaquine® : (Voir chloroquine)
  • Paracétamol : Couramment utilisé contre la douleur, la fièvre… Le Doliprane®, le Dafalgan® et des dizaines de spécialités en contiennent. Toxique pour le foie et les reins au-delà de 3 grammes (attention en cas d’hépatite).
  • Phénacétine : Vaguement apparentée au paracétamol. Guère plus utilisée. Cause d’affections rénales graves.
  • Procaïne : Anesthésique local de moins en moins utilisé en médecine. Remplacé par la lidocaïne.
  • Sel d’alun : D’origine minérale. Ressemble à du « cristal » de roche. Utilisé comme régulateur de la transpiration, hémostatique (arrêter les saignements dus au rasoir) et pour fabriquer certaines peintures.
  • Stéarine : Poudre grasse fabriquée à partir du suif animal pour la fabrication de bougies ou de savons.

Décrocher de la méthadone

extrait d’ASUD Journal n° 13 (hivers 1997-98)

substitutionPour tout savoir et échanger sur les traitements de substitution opiacés rendez vous sur la Plateforme Substitution d’ASUD.

 

La méthadone n’accroche pas plus que l’héroïne, elle accroche différemment. Avec une méthode et de la discipline il est tout à fait possible d’arrêter. Putain ! Qu’est-ce que ça accroche la métha ! Voilà une phrase qu’on entend de temps en temps.

La méthadone est un morphinique très puissant. Voyez les dosages : 80mg à 100mg de métha suffisent en moyenne pour remplacer 400-500 mg de Sulfate de morphine (Moscontin ou Skénan). Et ceux qui se sont retrouvés en manque à de telles doses de morphine savent que ce n’est pas une partie de plaisir. Il y en a même qui affirment que le Moscontin accroche plus que l’héroïne. Ces deux drogues accrochent exactement de la même façon.

metha1

500mg de Moscontin correspondent à 1/2 gramme de morphine pure. Mais rares sont ceux qui actuellement peuvent prétendre s’envoyer un demi-gramme d’héroïne pure surtout s’ils achètent la poudre dans la rue. Avec une drogue à 10% (ce qui n’est pas si mal) il faut consommer 5 grammes par jour pour avoir l’équivalent d’un demi-gramme d’héroïne pure.

Donc si vous preniez un gramme de dope de la rue et que vous êtes substitué à 80 mg, vous êtes ce qu’on appelle confortablement dosé. Mieux vaut alors éviter de vous retrouver en manque de métha.

Le manque de méthadone (8 à 10 jours) dure plus longtemps que le manque de l’héroïne ou de la morphine (4-5 jours).

Avec la métha, le manque met longtemps à venir. Il faut en général environ 36 à 48h après la dernière prise avant de commencer à se sentir vraiment mal et ensuite on a l’impression de ne jamais en voir le bout. Ceux qui se sont retrouvés en taule, par exemple, en rupture de méthadone en savent quelque chose.

Il faut savoir que la métha est un produit fort avec un mode d’action particulier dont il faut tenir compte.

Lors d’un traitement à la méthadone il est essentiel de trouver votre dosage personnel optimum. 80, 100 mg pour les uns, 60 ou même 40 mg pour les autres. Si certains aiment bien se sentir « confortables « , ils en ont le droit s’ils sont bien ainsi, d’autres par contre, veulent simplement être « opérationnels « , en forme.

Nous aimons bien cette phrase du Dr Deglon, spécialiste suisse de la méthadone :

 » Quand un patient est correctement dosé, personne, pas même lui, ne devrait remarquer qu’il est sous l’effet de la méthadone. ! « .

Pour certains, la méthadone sera un programme de maintenance qui peut durer quelques années et même toute la vie et pour d’autre la méthadone sera une étape progressive vers l’abstinence. C’est vous qui décidez. Le principal c’est de prendre ses distances avec la galère, se projeter dans l’avenir et se donner les moyens de réaliser ses projets.

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Baisser la méthadone et décrocher de en douceur

metha3Une fois que vous avez trouvé votre vitesse de croisière, c’est-à-dire votre dosage de confort, restez-y et occuper vous de mettre de l’ordre dans votre vie. NE CHERCHEZ PAS A BAISSER TROP VITE. La méthadone correctement dosée permet à votre cerveau et système nerveux de retrouver un véritable nouvel équilibre, préservez-le. Quand vous vous sentirez prêt, et uniquement à ce moment, (parlez-en avec un thérapeute de confiance), baissez doucement. En principe, par paliers de 5 mg, jusqu’à 30-40 mg, ça ne pose pas de problème. Ensuite, il faut être pragmatique et faire un petit calcul.

Lorsque vous passez de 50 à 45 mg vous baissez de 5mg, soit 10%, mais lorsque vous passez de 25 à 20 mg, vous baissez d’environ 20 %. (Cinq mg enlevés de 25mg = 20% en moins), ce qui pour l’organisme est plus éprouvant. Votre corps ne réagit pas en terme de milligrammes mais de proportions.

Par exemple, passer de 10 mg à 5 mg, c’est-à-dire réduire de moitié, ce peut être très dur. (C’est un peu comme si vous passiez de 50 à 25 mg d’un coup.)

Donc si vous voulez arrêter en douceur, ce qui est vivement conseillé, ne baissez jamais de plus de 10% à la fois. Voici comment procéder:

Méthode 1

Sur 10 semaines avec des flacons de 5, 10 ou 20 mg. Ces flacons contenant la même dilution, c’est facile de doser.

Pour cela, servez-vous d’une seringue à insuline graduée, en sachant que 1mg de cette méthadone = 30 unités (U), c’est-à-dire moins d’un cc.

De 20mg à 10 mg, baissez de 2 mg = 60 U.

De 10mg à 0 mg, baissez de 1 mg = 30 U.

10% par semaine semblent être un bon rythme, à vous de l’adapter. Et souvenez-vous : Qui va piano, va sano.

Méthode 2 (A la chinoise)

Sur 10 semaines avec des flacons de 60 mg. Pour ceux qui préfèrent les méthodes exotiques, il existe une autre et très ancienne méthode. « La décroche à la chinoise « . C’est ainsi qu’on arrêtait l’opium chez les fils du ciel.
Admettons toujours, que vous avez réussi à baisser jusqu’à 20 mg/jour.

  • Il vous faut 15 flacons de 60 mg (15ml) de méthadone, soit 900 mg.
  • 1 bouteille vide
  • 1 préparation bien sucrée de sirop d’orange (genre Teisseire)
  • Une seringue ou un doseur de 5 cc ou 5 ml

Versez les 15 flacons de métha tous dans la bouteille, ensuite, le premier jour, avec la seringue, dosez 5 ml, soit 20 mg, buvez le contenu de la seringue remplacez la quantité bue, soit 5 ml, par la même quantité de sirop. (Versez le dans la bouteille contenant la métha).

Faites de même chaque jour. Prenez 5 ml dans la bouteille de métha (chaque fois un peu plus diluée) et remplacez par la même quantité de sirop.

Au bout de 10 semaines ce ne sera plus que du sirop et vous aurez décro sans rien sentir.

Il est recommandé de garder la préparation au frigo , sinon le mélange peut devenir un peu acide.

Bien sûr pour que ces méthodes réussissent il faut être déterminé. Si vous reprenez de l’héro pendant, vous risquez de devoir recommencer à zéro.

Ces méthodes personnalisables ont été pratiquées avec succès par des milliers de gens, surtout en Asie.

En France, jusqu’à présent, ceux qui voulaient arrêter la métha et n’arrivaient pas à baisser, n’avaient souvent pas d’autre choix qu’un sevrage en hôpital avec du Catapressan, des benzodiazépines et autres douceurs préconisées par les psy français.

La « méthode chinoise » est une adaptation du procédé utilisé par les colons français accrochés à l’opium jusque dans les années 50. Ils pratiquaient ainsi avec un tonnelet de Laudanum ou de sirop opiacé. Chaque fois qu’ils en buvaient un verre, ils reversaient l’équivalent du verre d’un liquide quelconque dans le tonnelet. A raison de trois fois par jour, au bout de six semaines, la quantité d’opium ingérée ne subsistait plus qu’à l’état de trace infinitésimale, comme en homéopathie. Souvent « la décroche » se faisait sur le bateau qui les ramenait d’Indochine à Toulon. Le voyage durait 6 semaines. Juste ce qu’il fallait pour arriver sevré en douceur en France.

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Goering

On peut également se servir de la méthadone pour décrocher en douceur (et sans douleur) de l’héroïne, selon le même principe, mais plus rapidement (3 à 6 semaines). Après près de 30 ans d’usage massif d’héroïne, de morphine et de dihydrocodéine, le Reichsmaréchal SS Goering, dans sa prison de Londres, a été sevré progressivement à la morphine, sans aucun problème en 6 semaines. Le premier jour de la 7e semaine il en réclamait encore, affirmant qu’il était en manque. A ce moment les médecins lui ont avoué qu’ils ne lui administraient plus que de l’eau depuis une semaine. Celle-ci était un placebo efficace.

La méthadone marche mieux parce qu’elle n’est pas associée au plaisir ni à la seringue.

Réponses à quelques questions anticipées.

Partout où la méthadone est prescrite depuis longtemps (Suisse, Etats-Unis, Hollande, Angleterre….),les traitements qui ont bien marché ont duré en moyenne 4 ans.

Plus vous avez pris de la méthadone pendant longtemps, plus vous avez intérêt à faire doucement et à décrocher progressivement.

Dans tous les cas, si vous pouvez vous le permettre, profitez des vacances ou d’un changement de vie pour décrocher.

Ne JAMAIS arrêter brusquement la méthadone (surtout en cas de dosage important). Certains se sont retrouvé dans un état de confusion et de délire impressionnant et ont fini en hôpital psy.

Ne JAMAIS prendre de Subutex ou de Temgésic par-dessus la méthadone, sous peine de se payer une crise de manque à pleurer sa mère.

Est-ce que c’est vrai que la métha rend impuissant et fait transpirer ?

 

Mettons les choses au clair. Si certains se servent d’un peu ‘héroïne pour baiser, la plupart ont déclaré forfait depuis qu’ils sont bien accro.

Bloodi métha lit captote cachets, ASUD journal n°17 (automne 1999)
Bloodi métha lit captote cachets, ASUD journal n°17 (automne 1999)

Si vous avez un dosage élevé, la méthadone, comme tous les opiacés, affectera votre libido. Par contre, si vous prenez simplement la quantité dont vous avez besoin pour votre équilibre, la méthadone vous rendra normal. Le dosage idéal est celui avec lequel vous vous sentez normal. (C’est quoi normal ?) Les mecs devraient pouvoir bander, baiser et éjaculer normalement. Pour certains c’est d’ailleurs un bon baromètre pour évaluer leur dosage. S’ils en prennent trop ils ont du mal à jouir et s’ils sont sous-dosés, ils jouissent trop vite, comme lorsqu’ils sont en manque. La même chose peut se vérifier chez les femmes.

Pour la transpiration, c’est un peu différent. Il semblerait qu’au delà de 50-60 mg, et surtout au début du traitement on transpire beaucoup. En dessous de 40-50 mg, la transpiration excessive a tendance à disparaître.

D’autres effets indésirables ou légendes urbaines de la méthadone sont décrits ici.

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Qu’en est-il de la fameuse lune de miel avec la méthadone ?

La lune de miel, c’est la période un peu euphorique, lorsqu’on on est substitué la première fois. On peut enfin s’occuper d’autre chose que de courir après la came toute la journée, tout en n’étant jamais en manque. Le danger c’est lorsqu’on commence à se faire chier. Souvent au bout de quelques mois à la métha, l’ambiance de la défonce, l’univers glauque du deal, les tunes vites gagnées, le flash que procure la shooteuse commencent à manquer. C’est vrai quoi ! On peut trouver que la métha transforme les UD en gentils toutous qui viennent chercher leur Canigou et faire pipi dans le flacon sous le regard soupçonneux du bon docteur. C’est pas une ambiance très Rock’N’Roll. Certains vont alors chercher leur kif en suçant la queue du diable (c’est ce que les Américains appellent fumer le Crack) et patacrack, ils se retrouvent dans la galère puissance 10. D’autres se mettent à tiser et deviennent des piliers de l’annexe (le café à la sortie du programme). Les plus tristes sont ceux qui gobent les cachetons par plaquettes. Les pires font les 3 à la fois.

Heureusement ces cas de figure ne concernent qu’une minorité, les autres se mettent à bosser, à faire des études, à militer, à tirer des plans sur la comète, refaire le monde, à draguer, à s’éclater…. S’éclater ! en voilà une bonne idée, par exemple … mais de préférence pas avec la cocaïne.

Le GHB, c’est quoi ?

Le Gamma OH (GHB, appellation anglo-saxonne) ou acide gamma-hydroxybutirique, qualifié de « rêve de biologiste » fut découvert en 1961, par le professeur Laborit (1).Utilisé au départ comme adjuvant en anesthésie générale, c’est une copie conforme d’une substance présente à l’état naturel dans le cerveau : l’acide GABA.

Le GHB, calmant et hypnotique puissant, agit sur le système nerveux central, ce qui permit d’étendre son utilisation au traitement de la narcolepsie (2), de certains troubles du sommeil et de l’alcoolisme.
Il fut aussi expérimenté dans le cadre de psychothérapies pour son action relaxante et desinhibante. On lui attribue également des propriétés aphrodisiaques. En France, actuellement, il n’est plus réservé qu’à l’usage hospitalier et vétérinaire.
Le GHB se présente sous deux formes : une poudre floconneuse très légère et d’une grande solubilité ou en liquide incolore légèrement salé. Il est difficile de savoir quel est le dosage précis de la substance vendue sur le marché noir, dans le monde international de la fête. Abus et mélanges divers ont entraîné des incidents et même des morts (3).
Au milieu des années 90, la prescription du GHB fut sévèrement réglementée mais son usage se propagea rapidement dans les pays anglo-saxons. De nombreux sites Internet diffusent le processus de sa fabrication ou le proposent à la vente. Notons qu’il y avait bien moins d’accidents dus au GHB lorsque le produit était en vente libre dans les drugstores américains… ce qui montre, une fois de plus, comment le problème posé par un produit peut-être considérablement amplifié par la prohibition et la presse.
Associé à de l’alcool, le GHB accroît l’ébriété et provoque un coma profond avec amnésie. Il y eut ainsi quelques cas de viols aux Etats-Unis. La presse à sensation s’empara du sujet et contribua à créer une phobie de la Rape Date Drug (traduisez la drogue du rendez-vous du viol), à l’instar du Rohypnol qui lui fait bien plus de dégâts.

Un sentiment d’empathie intense

Deux grammes suffisent à provoquer en 15 minutes un sentiment d’empathie intense, proche d’une montée d’ecstasy, qui dure entre une et deux heures.
La communication est grandement facilitée. Si le contexte s’y prête, le GHB peut contribuer à créer une ambiance de forte sensualité. Il peut augmenter les capacités érectiles chez l’homme, amplifier les sensations chez les femmes et intensifier l’orgasme. Mais, au-delà des 4 ou 5 g. le GHB provoquera une somnolence puis un profond sommeil de plusieurs heures avec une intense relaxation musculaire. Mais en cas de résistance à l’endormissement ou de tension nerveuse, le produit peut agir de façon paradoxale, comme un excitant et un euphorisant puissant. Une dose supérieure à 5 g. peut provoquer une perte de conscience et parfois une dépression respiratoire ainsi que des crises d’épilepsie. Un usage quotidien et répété peut entraîner une déprime à l’arrêt ainsi que des problèmes de mémoire réversibles.

Danger et accidents potentiels

L’association avec l’alcool et autres dépresseurs, tels que les opiacés et les benzodiazépines est absolument déconseillée. Le mélange est dangereux. A propos de mélanges, signalons que le café agit comme un antagoniste du GHB ; c’est-à-dire qu’il en annule les effets.
Le GHB n’est pas très commun dans les fêtes françaises mais la publicité faite autour du produit a créé un intérêt certain pour le Liquid E (5) et, parfois, une poudre quelconque est vendue comme tel. Pour l’instant, le GHB en France reste la drogue dont on parle beaucoup mais que l’on trouve rarement.

(1) Henri Laborit consomma du GHB deux fois par semaine jusqu’à sa mort.
(2) Narcolepsie, tendance irrépressible au sommeil.
(3) L’acteur américain River Phoenix est décédé d’un mélange d’alcool + opiacés + GHB + calmants.
(4) Empathie, capacité à se mettre à la place de l’autre.
(5) Nom donné au GHB en Angleterre (ecstasy liquide).

Qu’est ce qu’on nous fait gober ?

Ces comprimés ne sont pas de l’ecstasy. Ces médicaments ne provoquent pas les effets attendus de l’ecstasy

 

gober1 Anxiolytique
gober2 Anti-histaminique Allergies
gober3 Antidépresseur
gober4 Anti-inflammatoire,
Antalgique
gober5 Vasodilatateur Circulation
sanguine
gober6 Antidépresseur
gober7 Antipsychotique
gober8 Sédatif
Barbiturique
gober9 Anxiolytique
gober10 Barbiturique
gober11 Bêtabloquant Ralentisseur
cardiaque
gober12 Antiarythmique
Coeur
gober13 Vasodilatateur Circulation
gober14 Anti-histaminique Allergies
gober15 Vasodilatateur Circulation
gober16 Antalgique
Douleurs
gober18 Anti-épileptique
gober19 Antipaludique
Malaria
gober20 Antibiotique
gober21 Anti-inflammatoire-Douleurs-
Fièvre (Aspirine)
gober22 Anxiolytique
gober23 Anti-inflammatoire
Antalgique
Douleur
gober24 Neuroleptique
• Parmi les ecstasy testés, beaucoup sont en réalité des médicaments.


• Ces photos permettent de reconnaître quelques médicaments.


• Il en existe d’autres, avec d’autres formes, d’autres couleurs et d’autres présentations (gélules), que l’on peut rencontrer aussi.


• Rester prudent, car de nombreuses personnes se font arnaquer.


• Des escrocs vendent ces comprimés en faisant croire qu’il s’agit d’ecstasy, ou d’autres drogues de synthèse(amphétamines, kétamine…)


• Certains effacent le dessin sur le médicament,le grattent pour lui donner un look plus artisanal, ou recouvrent le logo avec de l’encre…


• Même avec beaucoup d’expérience, il est impossible de reconnaître un véritable ecstasy sans le faire analyser en laboratoire.
• Les médicaments ont des effets

thérapeutiques. Ils sont prévus pour être prescrits par des médecins en cas de maladie,dans le cadre d’un traitement, avec des doses, précautions et un suivi particulier.


• Les médicaments entraînent parfois des effets secondaires, variables selon la personne, la dose et le contexte.


• Certains de ces médicaments modifient l’activité psychique, le niveau de vigilance ou de conscience. Leurs effets, parfois puissants, seront inattendus. Attention au bad trip (mauvais délire).


• Certains médicaments peuvent pertuber la couverture contraceptive (risque de se retrouver enceinte).


• Attention, les femmes enceinte ou qui allaitent, ça passe chez l’enfant.


• Tout comme l’usage d’ecstasy, la consommation de ces comprimés peut contrarier un traitement en cours, même simple.

Le Rohypnol, c’est quoi ?

Vous connaissez l’expression « être en roche » ? Non ? Eh bien observez la salle d’attente d’un centre de soins pour toxicomanes ou les alentours d’une gare, vous aurez de nombreux exemples de personnes en proie à la « rochitude ». Les symptômes sont les suivants: piquage du nez grave, propos incohérents mais prononcés avec une certaine véhémence, esprit de contradiction systématique pouvant déboucher sur le projet d’imposer physiquement son point de vue…Bref si vous avez quitté le gentil Dr Jekill le matin et que vous retrouvez cette crapule de Hyde le soir, il peut s’agir du double effet « Rohipnol », une molécule appartenant à la famille des benzodiazépines, prescrite comme tranquillisant et commercialisée par le laboratoire Roche.

L’histoire, on la connaît, elle est maintenant classique. Les tranquilisants et autres antidépresseurs ont été massivement prescrits aux usagers comme « médicaments de sevrage » dans les années 70, 80. Depuis longtemps, ils sont également consommés par certains en vue de potentialiser les effets de la sustitution et de l’alcool ou tout simplement pour la « défonce » qu’ils procurent. Cette quête a débouché sur l’organisation d’un marché noir ayant toutes les apparences du deal de rue. Accusé par les anglosaxons d’être une « rape drug », une drogue utilisé par les violeurs, le Rohipnol avait déjà été condamné à devenir bleu. L’idée était de prévenir les victimes en utilisant un colorant susceptible de teinter nimporte quelle boisson servie dans de noirs desseins. Comme le nombre de viols n’a pas chuté de manière drastique on s’est plutôt inquiété de la proléfération de langues bleues appartenant à des consommateurs on ne peut plus consentants. Face à de tels phénomènes les autorités réagissent d’habitude par la répression (souvenez-vous de l’ Iménoctal, les bon vieux « counous » supprimés en 1996), mais il semble que cette logique ait trouvé enfin ses limites. Le 19 octobre 2000, le Rohypnol est passé en jugement à la commission des stupéfiants, et l’interdiction n’a pas été prononcée.

Les benzodiazépines sont une famille nombreuse comprenant également le Tranxène ou le Lexomil. L’hypothèse d’un report sur l’un ou/et l’autre en cas de retrait est donc vraisemblable. Par ailleurs il a semblé abusif de croire qu’une molécule, même détournée, puisse être considérée comme responsable de son « mésusage ». L’explication est simple, consommer du rohypnol, ça aide. Ca aide à traverser un quotidien pas très rose sans trop remarquer le décors.
Là où il faut être vigilant c’est plutôt sur l’information destinée à ce type de consommation. Inutile d’indiquer la perte de conscience comme effet indésirable c’est justement celui qui est apprécié. Mais attention, « tirer le rideau » d’accord, mais pas trop car il y a risque de mort. D’abord le rohypnol potentialise l’effet des opiacés. Un petit shoot lorsque vous êtes déjà « cassé »peut vous conduire direct à l’hôpital . Ensuite, passer un certain seuil, la défonce aux « benzos » est un danger permanent. Vous pouvez passez sous un train, voler une voiture, tomber du 4e, et si vous êtes toujours vivant ne plus vous souvenir de quoi que ce soit. Nombre d’imprudents, maudissent le jour où ils ont « dépassé la dose prescrite », pour se réveiller au dépôt, puis en zonzon, le corps tuméfiés ou baignant dans leurs propres excréments. Eh oui ! La défonce aux benzos c’est pas vraiment fleur bleue. Ajoutons que ces substances sont fortement addictives et que la décroche s’accompagne fréquemment de crises épileptiques.

Toutes ces mises en garde ne signifient pas grand chose pour la plupart des consommateurs qui apprécient quotidiennement les effets du Rohypnol. Ce que nous tentons de faire passer comme message c’est surtout qu’il faut prendre en compte la réalité du « mésusage », non pas en le stigmatisant mais en donnant des infos objectives pour éviter de se retrouver aux urgences. La campagne anti-Rohypnol a tout de même débouché sur une restriction des conditions de prescription (14 jours) et de délivrance (7 jours) ainsi que le passage à l’ordonnance sécurisée (comme pour le subutex). Selon nous, ce type de mesure ne sert qu’à rassurer une partie du secteur médical désemparé face aux « pétages de plombs » de leurs patients substitués. Réduire les risques : la logique de cette proposition a toujours du mal à s’imposer face aux vieux réflexes répressifs.

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