Étiquette : Produits et Pratiques

Foie et cannabis

Oui, il y a bien écrit : “ foie et cannabis ”, j’insiste : “ Foie ” avec un E, s’il vous plait ! Et non pas “ Foi & Cannabis ”, comme Bob Marley invoquant ses louanges raggaephiles à Jah Rastafary. Non nous ne parlerons pas non plus de la controverse concernant le cannabis et les accidents de la route, qui finalement sont plus spécifiques des excès d’alcool, n’est-ce pas mon petit Nicolas ?

Les fautes d’orthographes peuvent mener à des sérieux malentendus, d’où l’avantage de régler ces problèmes à l’oral. C’est ce que nous avons fait au sujet d’un malentendu avec le Dr Hézode, un hépatologue de l’Hôpital Henri Mondor, à Créteil qui avait déjà publié une brillante étude sur les risques d’aggravation de fibrose chez les gros fumeurs de tabac.

Le différent porte sur son étude sur l’impact du cannabis sur le foie, intitulée “Consommation quotidienne de cannabis fumé comme facteur de risques de progression de fibrose dans l’hépatite C chronique”[1], qu’il a présenté à l’occasion du congrès européen d’hépatologie de l’E.A.S.L., à Berlin en 2004. J’y étais et je peux rapporter que la salle était restée assez sceptique ou du moins partagée, sur certaines zones d’ombres méthodologiques, surtout quand il conclut : “ La consommation quotidienne de cannabis chez les patients ayant une hépatite C est à proscrire ”. Le problème c’est que cette étude a depuis été largement reprise par bon nombre de médecins et notamment des hépatologues, et d’ailleurs peut-être le votre vous a t-il déjà fait des remarques à ce sujet ?

Elle vient d’être publié dans le numéro trimestriel de la revue Réseaux Hépatites, de septembre 2005. Nous nous sommes immédiatement ébahis d’admiration devant la couverture de cette revue médicale de vulgarisation scientifique (voir photo), qui est éditée grâce aux larges financements de certains laboratoires pharmaceutiques bien connus des usagers de drogues substitués.

Nous pensions qu’ils allaient contrecarrer cette étude puisqu’en couverture, il y a un magnifique “ pétard de chez Mr Pétard ”. Mais alors, la salive nous monte encore aux oreilles rien que d’en parler tellement il est bien roulé.

Nous ne saurons résister à l’envie de quelques précisions prudentes de RdR, à l’attention des lecteurs et plus particulièrement ceux du Ministère de l’Intérieur, il s’agit d’admiration devant la technique de roulage de cette cigarette multi-feuilles, œuvre d’un artiste, il va sans dire, vous nous l’accorderez ? Nous voudrions éviter une condamnation d’incitation à l’usage à quelques heures de “ tige ” (Travail d’Intérêt Général) pour quelques feuilles !
Nous ne conseillerons jamais à personne d’utiliser des drogues, et encore moins tous les jours, car ça serait bien inutile, voir même dangereux, surtout sans conseils avisés de réduction des risques (RdR), récents et adaptés ! D’ailleurs au sujet du cannabis vous pourrez vous reporter au numéro d’ASUD, pour les conseils avisés de RdR, puisque ça, c’est notre domaine de compétence.

Mais en fait il faut à ce stade détailler cette étude avant de prendre pour argent comptant cette conclusion, et voir ce qu’elle vaut à la lumière d’une contre-analyse comme seul G-Laën en a le secret !

Il faut d’abord rappeler le contexte et l’état des connaissances qui ont justifié l’intérêt de cette étude. Depuis vingt ans, la plupart de grands laboratoires pharmaceutiques ont tous fait des recherches sur les cannabinoïdes, c’est-à-dire les 60 composants du cannabis. Mais plus récemment quelques découvertes étonnantes nous ont appris que dans le corps humain, nous avons à l’état naturel deux types de récepteurs spécifiques aux cannabinoïdes qui ont été baptisé CB1 et CB2. Des généticiens bien intentionnés ont cherché à savoir quand est-ce que dans l histoire de l’humanité, l’être humain a commencé a avoir ces récepteurs au cannabis. La réponse est assez étonnante, sauf pour des usagers, puisque ces récepteurs seraient apparus environ il y a cent mille ans, c’est-à-dire juste avant que l’humain commence à utiliser la parole !

De plus, les chercheurs nous ont même appris que nous sécrétons naturellement, sans avoir jamais consommé de cannabis, des cannabinoïdes naturels, dont les rôles sont toujours assez mystérieux.

Très récemment, des chercheurs s’étaient intéressés à chercher des récepteurs dans le foie. Ils ont été surpris de constater que ces récepteurs ne sont pas présents dans le foie d’une personne en bonne santé. Mais par contre, ils sont activés par les fybroblastes. Ce sont les éléments qui provoquent la fibrose et donc les principales lésions chroniques du foie. Donc il faut comprendre que dès qu’on est atteint par une maladie chronique du foie comme une hépatite virale, et que le foie commence à fibroser, on développe des récepteurs au cannabis dans le foie, aussi bien les CB1 que les CB2.

Des études sur la cirrhose ont confirmé qu’il y avait une sorte de sur-activation des récepteurs CB1. L’équipe de recherche de l’INSERM d’Henri Mondor, travaillant avec le Dr Hézode, venait de démontrer que l’activation des récepteurs CB2 dans le foie pouvait minimiser la production de fibrose. C’est donc ce qui les a poussés au départ à organiser cette étude afin de pouvoir évaluer quel était l’impact réel de cet effet antifibrosant des CB2 dans le foie.

Seulement très rapidement, la même équipe de l’INSERM a aussi démontré que l’activation des récepteurs CB1 avait le rôle inverse c’est-à-dire de favoriser la fibrose du foie. Nous voyons bien qu’il devenait alors crucial de pouvoir étudier de plus près ce qu’il en était dans la vraie vie et non plus sur des éprouvettes de laboratoire, afin de départager l’incidence des CB1 et CB2 dans un contexte d’épidémie d’hépatite C.

Certes si la volonté du Dr Hézode et de son équipe semble tout à fait compréhensible, il fallait par contre mettre au point un protocole d’étude assez complexe afin de pouvoir isoler réellement l’impact du cannabis uniquement. C’est bien là que se situaient nos désaccords.

Ils ont donc recruté 270 malades porteurs chroniques d’hépatite C dans leur service, en ayant défini trois groupes. C’est-à-dire :

– un groupe de 143 personnes déclarant n’avoir jamais fumé de cannabis (53%), et c’est bien vrai ce mensonge ? hein et pourquoi t’as les yeux rouges ?

– un groupe de 41 fumeurs occasionnels (15%) n’ayant jamais consommé quotidiennement de cannabis, avec une consommation moyenne d’environ huit pétard par mois, tiens ça me rappelle quelqu’un !

– un groupe de 89 fumeurs quotidiens (33%) avec une consommation moyenne d’environ 60 pétards par mois,

– et que le dernier ferme la porte, s’il tient encore debout et qu’il voit quelque chose au milieu du nuage ! Ouvrez la fenêtre, les oiseaux vous ferons un joli sourire bête !

Foie et cannabis Non Fumeur Fumeurs occasionels Quotidiens
Tous patients confondus 53% 15% 33%
143 41 89
Contamination VHC par injection de drogue 16% 86% 93%
23 35 83

Les malades avaient été sélectionnés car ils avaient fait plusieurs biopsie du foie qui permettaient de déterminer l’évolution de leur fibrose dans le temps et donc d’examiner une possible accélération de cette fibrose potentiellement due au cannabis. Il a donc fallu étudier aussi d’autres causes possibles d’accélération de la fibrose afin de ne pas fausser cette étude. Donc bien sûr, les facteurs étudiés sont la consommation d’alcool supérieure à trois verre par jour, la consommation de plus d’un paquet de cigarettes par jour, l’âge à la contamination, le fait d’avoir plus de 40 ans, une stéatose (graisse dans le foie), etc…

Donc le mercredi 11 janvier 2006, je fait cette interview téléphonique. Je lui demande : “ Avez-vous détaillez dans votre étude, les consommations antérieures et régulières des 54% d’usagers participants et déclarant avoir été contaminés par injection ? En effet, il nous semble évident que si ces usagers ont eu recours pendant de nombreuses années à des injections de cocaïne, de sniff d’amphétamines, avec en prime des surdosages de benzodiazépines, il y aurait de quoi avoir un foie particulièrement fibrosé non ? ”

Le Dr Hézode me répond que : “ Il faut rappeler tout d’abord quels sont les types de lésions sur le foie que provoque ces produits. À savoir, la cocaïne ne provoque que des hépatites aiguës. Il n’y a jamais eu de forme d’hépatotoxicité chronique de décrite chez des usagers de cocaïne. Il m’est déjà arrivé de faire prendre en charge un usager ayant fait une hépatite aiguë à la cocaïne particulièrement sévère puisqu’il a dû être greffé du foie.
Sinon, concernant les benzodiazépines, il en est de même pour ainsi dire, il s’agit d’hépatite médicamenteuse de type aiguë et d’évènements plutôt rares qui surviennent surtout chez des personnes ayant déjà un foie fragilisé par une hépatite virale ou alcoolique, le plus souvent. Il me semble évident que plutôt que les produits eux-mêmes, il faudrait aussi améliorer nos connaissances sur les produits de coupes.
Aussi nous n’écartons absolument pas que toutes ces autres consommations aient pu biaiser nos conclusions, toutefois nous ne pensons pas qu’elles aient pu avoir une incidence importante ”.

Face à autant d’humilité, ce qui est toujours appréciable chez un médecin, mais aussi afin de faciliter la lecture de cette retranscription, je ne saurais résister d’avantage à l’envie de baptiser le Dr Hézode, le Dr H.

G-Laën : “ Nous avons un problème avec vos conclusions puisqu’elles ont été reprises par bon nombre de vos collègues hépatologues qui les appliquent sans forcément les comprendre. Aussi nous craignons que cet argument concernant le cannabis ne serve de contrainte supplémentaire qui vienne compliquer encore l’accès aux soins des hépatites pour les usagers de drogues. Aujourd’hui nous savons que bon nombre d’hépatologues ne sont pas motivés pour prendre en charge les usagers et donc il ne faudrait pas qu’ils interprètent à tort cette étude. Qu’en dites-vous ? ”

En effet, dans le numéro 24, de la revue THS de décembre 2004, le Pr Couziguou, hépatologue de “ débordé ” dans la région Bordelaise propose un suivi hépato pour le cannabis.

Dr H. “ Nous devons rappeler très clairement, que notre conclusion est qu’un malade atteint d’hépatite C chronique doit s’abstenir, s’il le peut, de fumer tous les jours du cannabis. Et ce message s’adresse surtout à des patients non-répondeurs aux traitements par interféron, chez qui on voudrait minimiser toutes les causes d’aggravation de la fibrose en attendant la possibilité de pouvoir retraiter et guérir son hépatite C.
À mes patients qui viennent me consulter pour initier un traitement et qui me demandent est-ce que le cannabis pose un problème, vu que ça les aide ? Je leur dis très clairement qu’il y a des malades pour qui le cannabis semble être une aide face aux nombreux effets secondaires d’un traitement à base d’interféron. Aussi je leur dit qu’il n’y a pas de contre-indications majeures puisque ce qu’il faut absolument favoriser à ce moment là, c’est l’observance à ce traitement et arriver à ce que la malade tienne jusqu’au bout. ”

En effet, dans leur première étude nationale sur les hépatites virales en 2002, SOS-hépatites avait déjà rapporté que sur les 2 226 personnes ayant participé dont la moyenne d’âge était plutôt de 55 ans (36 % 18-44 ans, 48 % 45-64 ans et 16 % plus de 65 ans), il y avait 20 % de contamination par la seringue. De plus, 13% des malades ont reconnu utiliser régulièrement du cannabis pour faire face aux effets secondaires des hépatites et de leurs traitements.

Dr H.“ Donc même si notre étude démontre une possible toxicité hépatique du cannabis, il faut rappeler que nous ne pouvons toujours pas en expliquer les mécanismes et de plus, que cette étude est une première qui doit être complété par d’autres travaux.
Nous avons remarqué dans notre groupe de malades consommant quotidiennement du cannabis qu’il y en a qui n’ont pas du tout de fibrose. Et puis notre étude concerne uniquement des malades d’hépatite C chronique. Il ne faut donc pas faire l’erreur de penser qu’on aurait démontré que le cannabis est hépatotoxique chez une personne en bonne santé. C’est faux ! On a clairement démontré qu’on ne voyait pas de différence entre le groupe de non-fumeurs et celui des fumeurs occasionnels (8 pétards par mois en moyenne), ce qui fait que dans l’analyse finale de notre étude, on a groupé ces deux sous-groupes pour les comparer aux fumeurs quotidiens. En usage occasionnel, le cannabis fumé ne semble avoir aucune incidence sur la progression de fibrose dans l’hépatite C ”.

Et bien, voilà des conclusions qui me semblent très clair non. Et vous ?

[1] Hézode C. et al. “ Daily cannabis smoking as a risk factor for progression of fibrosis in chronic hepatitis C ”. Hepatology 2005 ; 42 : 63-71.

19 conseils pour réduire les risques liés à la consommation de cannabis

  1. Éviter de consommer régulièrement, la nocivité provient de l’usage régulier, comme la baisse de sensibilité ou le « processus de blocage » sur le produit. 5 à 15 % des consommateurs sont considérés comme abusifs.
  2. Le cannabis ne fait rien oublier et ne peut pas constituer un refuge. Ne pas se réfugier derrière l’excuse du cannabis pour justifier une flemme existentielle ou une angoisse profonde.
  3. L’usager peut subir des dommages réversibles sur ses facultés de concentration, de mémorisation et de réflexion. Cesser l’usage et/ou demander de l’aide en cas de troubles répétés.
  4. Dans les cas rarissimes (de 0,1 à 0,9 % selon les études) où le consommateur présenterait des troubles schizophréniques ou des crises délirantes, consulter un spécialiste.
  5. Certains consommateurs abusifs, sociologiquement et/ou psychologiquement affaiblis, peuvent se désocialiser ou perdre toute motivation. Ne pas hésiter à demander de l’aide.
  6. Par souci de sécurité, l’usager s’abstiendra durant son travail ou son apprentissage.
  7. Ne pas conduire de véhicule ni effectuer toute autre activité dangereuse pendant au moins 3 heures après une consommation inhalée, 6 heures après ingestion.
  8. Les principaux risques pour la santé sont liés au joint et à l’absorption de fumées. Fumer peut provoquer de nombreuses maladies graves : bronchite chronique, asthme, cancers, accidents cardio-vasculaires…
  9. Le tabac mélangé dans le joint entraîne une dépendance à la nicotine et expose à la combustion d’agents de saveurs et de conservateurs chimiques. Pour éviter cette toxicomanie, il est préférable de fumer pur.
  10. L’utilisation de dispositifs destinés à rafraîchir la fumée comme un long filtre, une pipe, un bang… diminue les brûlures des tissus de la bouche et de la gorge, mais ne prévient pas de l’assimilation de la plupart des substances toxiques.
  11. Pour limiter les risques liés à l’inhalation, utiliser un vaporiser qui chauffe suffisamment la plante pour libérer les principes actifs sans carbonisation, chaleur, goudrons et autres agents nocifs.
  12. Mieux vaut manger du cannabis qu’en fumer. Renseignez–vous bien sur les modes de préparation et les quantités de substance à utiliser pour éviter des désagréments gastronomiques et le surdosage.
  13. En cas d’ivresse cannabique incontrôlée, de crise d’angoisse, d’accélération cardiaque, ne pas céder à la panique : la surdose de cannabis n’est jamais mortelle et le consommateur retrouvera ses capacités plus ou moins vite selon l’excès.
  14. Un lieu de relaxation calme et aéré, un entourage rassurant, l’absorption d’un sucre rapide et d’un verre d’eau favorisent la redescente de l’usager incommodé.
  15. Des risques supplémentaires proviennent des engrais, des pesticides et des produits de coupage utilisés par des producteurs et des dealers peu scrupuleux. Éviter de consommer les produits douteux. Consulter un médecin en cas de trouble inconnu.
  16. Bien qu’il n’existe aucun système d’approvisionnement contrôlé, le consommateur doit être exigeant sur la pureté du cannabis et boycotter les produits suspects.
  17. La polyconsommation de stupéfiants multiplie les risques liés aux autres substances psychotropes et peut entraîner des interactions dangereuses, notamment avec l’alcool.
  18. L’automédication au cannabis ne doit se pratiquer qu’après la consultation d’une solide documentation, de préférence en concertation avec le personnel soignant.
  19. Toujours se souvenir que le cannabis est classé sur la liste des stupéfiants prohibés et que son simple usage peut conduire devant les institutions policières, judiciaires et pénitentiaires

Le spray nasal de cocaïne

Depuis longtemps activiste cannabique, passionné des drogues et adepte de la réduction des risques, usager abusif de quantités de substances, je décidai, suite à la lecture de l’incontournable Pleasure of Cocaïne d’Adam Gottlieb, d’essayer sur moi et mon entourage la prise de coke par spray nasal plutôt qu’en lignes ou pipes de crack. Une méthode qui paraissait bien moins agressive…

Après plusieurs mois d’expériences intensives, étudiants curieux et assidus, nous avons jeté notre dévolu sur les sprays disponibles dans les boutiques de produits naturels. Des sprays en verre, faciles à nettoyer et dotés d’un pas de vis pour les démonter, contrairement aux sprays disponibles en pharmacie, souvent en plastique et dont la partie spray est baguée, impossible à démonter et à remonter facilement. Bien que le mode de préparation débarrasse partiellement votre poudre des produits de coupe, la qualité de la coke a évidemment une place majeure dans la recette.

Prêt à l’emploi

Pour commencer, prendre un récipient dans lequel on verse lacpoudre sommairement concassée ainsi qu’un mélange préalablement chauffé d’eau distillée et d’alcool à 90° non dénaturé (à défaut, tout type d’alcool blanc peut également faire l’affaire) représentant la moitié de la contenance de votre spray. Soit, pour un spray de 20 ml, 1 g de coke pour 8 ml d’eau et 2 d’alcool. Dissoudre la poudre et filtrer le mélange pour le débarrasser des excipients et coupes non solubles, puis verser dans votre flacon.
Rallonger le mélange avec de l’eau distillée pour le remplir complètement, et voilà votre spray prêt à l’emploi… Si elle est trop basse, la concentration en coke peut créer une certaine frustration, comme l’absence de rituels liés à la préparation de lignes et à leur partage lors de soirées entre amis.
Par contre, votre nez cesse enfin de protester contre les mauvais traitements occasionnés par des cokes mal concassées ou trop corrosives. Autre gros avantage : celui de ne plus avoir à écraser sa coke dans des lieux ou sur des supports à l’hygiène douteuse. Plus de perte non plus lorsque votre poudre est trop humide et colle au support ou qu’un brusque coup de vent vient la subtiliser.

Propre et « économique »

Avec le temps, nous avons utilisé le spray de 2 façons différentes. La première, avec une dose de 1 g de cc très pure pour 20 ml de solution, est celle qui correspond à l’usage quotidien. Partant de la même dose de départ, la seconde méthode consistait à rediluer le contenu du flacon avec de l’eau à chaque fois que nous arrivions à moitié du spray, permettant de redescendre progressivement sur plusieurs jours, sans trop de désagréments ou de déprime.
Bien que d’un usage plus discret, il faut bien avouer que le produit peut aussi entraîner sous cette forme un usage compulsif assez marqué. À noter : tout produit sniffable peut remplacer la coke
dans la recette, que l’on peut tout à fait adapter à un spray buccal pour un usage sublingual. Au final, une méthode de consommation propre et « économique » qui pourrait fort bien trouver sa place sous forme de kits jetables mis à disposition dans les salles de consommation et les pharmacies.

Le laudanum

Laudanum, appelé aussi teinture d’opium safranée, existe dans notre pharmacopée depuis le 17e siècle. Il est officiellement présenté comme un “breuvage calmant opiacé ”, donc n’importe quel médecin peut tout à fait le prescrire

Équivalence

Le dosage est précis et facile s’adapte tout à fait à une posologie dégressive. Il contient 10% d’opium à 10% de morphine. Donc 100g de Laudanum contiennent 1 g de morphine. 43 gouttes de laudanum pèsent 1 gramme. Le calcul est simple. Donc 40 gouttes contiennent 10 mg de morphine. 400 gouttes conteinnent l’équivalent d’un Skénan 100mg.
10 mg de morphine correspondent environ à 1 gramme de Laudanum. Donc il est donc assez facile de trouver le dosage équivalent. La durée d’action du Laudanum (8h) est plus courte généralement que celle du Moscontin ou du Skenan (12h). L’opium étant une somme de 40 alcaloïdes qui agissent en synergie, les réactions individuelles peuvent varier quelques tâtonnements peut s’avérer judicieux pour déterminer le dosage optimum.
Concernant la méthadone, les dosages sont un peu plus empiriques. Un médecin parle de 4 cuillères à café en 3 fois pour remplacer 20mg de méthadone alors qu’une amie ayant tenté l’expérience pencherait plutôt pour 80 gouttes trois fois par jour.

Le Laudanum un challenge pour la substitution

Grâce à la méthadone de nombreux usagers de drogues ont amélioré leur qualité de vie et voudraient maintenant se défaire de ce fil à la patte. Mais descendre en dessous des derniers 20 mg n’est pas toujours facile. Le Laudanum peut être une alternative réellement intéressante.
A Bayonne, Bordeaux, en région parisienne, des médecins ont prescrit du Laudanum à des usagers de drogues.
La clinique Liberté à Bagneux en association avec l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif a également une certaine expérience du Laudanum. Un vieux mangeur d’opium Iranien dépendant depuis des décennies fit un sevrage au Laudanum avec succès et tout en douceur. “ Le vieillard fut même très content de retrouver les effets d’un opium de qualité comme il n’en avait plus goûté depuis longtemps ! ” explique Patrick Beauverie, pharmacien à Paul Guiraud. La même équipe a également deux autres sevrages lents au Laudanum à son actif. L’un est abondamment documenté dans “ Les Cahiers de l’Addiction N°3 ” Héroïnomane, accro depuis 25 ans, mais déterminé à décrocher définitivement, X n’arrivait pas à arrêter le sulfate du morphine (Moscontin). Il décrocha doucement en 45 jours, avec du Laudanum dont il adaptait les prises en fonction de sa sensibilité, jusqu’à l’arrêt complet. Plus d’un an après il n’a pas recommencé.

N’importe quel médecin peut théoriquement prescrire du laudanum pour 7 jours. Il lui faudra juste se documenter un peu, calculer le dosage et trouver une pharmacie qui veuille bien faire cette préparation magistrale, plus guère utilisée. Ce sera sans doute le plus difficile. Le Laudanum n’est pas cher (250 ml (380g) de Laudanum valent environ 5 euros), donc peu rentable et sa préparation nécessite un peu de temps mais les « vrais » pharmaciens adorent préparer les recettes de leurs anciens maîtres.

Rappellons tout de même que l’on peut également salement s’accrocher au Laudanum. Thomas de Quincey auteur du fameux “ Confessions d’un mangeur d’opium ” en consommait des litres et crevait de culpabilité.
ATTENTION : Le poète Roger Gilbert Lecomte est mort d’une septicémie en essayant d’en injecter. Il n’a jamais recommencé.

Les origines de l’opium en Chine

De nombreux lecteurs pensent que les Chinois fumaient traditionnellement de l’opium récréatif depuis des temps immémoriaux, sans que cela ne pose de problème jusqu’à l’arrivée des Occidentaux et des guerres de l’opium, suivis d’une opiomanie importante puis de la prohibition. Un phénomène souvent restitué de manière tronquée, selon que les sources soient orientales ou occidentales, les intérêts commerciaux, politiques, religieux… Qu’en fut-il réellement ? Petite synthèse chronologique.

L’opium était connu et recherché en Asie comme en Occident depuis l’Antiquité pour ses qualités thérapeutiques. Aucun produit n’était aussi efficace pour soulager la douleur et traiter nombre de maladies et d’épidémies. Ses propriétés addictives étaient connues. Mais l’opium était très rare et cher en Chine. Seuls quelques privilégiés pouvaient se le payer. Les pauvres avaient recours à la décoction de têtes de pavots pour soulager leurs maux.

L’art alchimique du sexe »

Dès le VIIe siècle, les Chinois cultivaient le pavot pour faire des aliments avec les graines et des décoctions à usage médical avec les têtes. À la même époque, des marchands arabes et chinois font connaître l’opium sans dévoiler le secret de sa production. En Chine comme ailleurs, l’opium était avalé, bu ou mâché, parfois mélangé à divers produits végétaux, animaux ou minéraux.
Vers le XVe siècle, à la cour impériale de Chine constamment à la recherche de raffinements nouveaux, l’opium acquit peu à peu une réputation d’aphrodisiaque grâce à sa capacité à retarder la jouissance. « L’opium médicament » devint alors « l’art alchimique du sexe et des courtisans ». Des rapports sexuels soutenus avec un maximum de partenaires, mais sans émission de semence, avaient la réputation de prolonger la vitalité amoureuse jusqu’à des âges canoniques, de « nourrir le cerveau », de prémunir contre les maladies… Posséder de l’opium pouvait alors conférer un prestige inouï. Célèbre pour ses collections érotiques, l’empereur Chenghua (1464-1487) envoya des émissaires à travers tout le continent pour ramener « la noire et odorante médecine du printemps triomphant », payée un prix fabuleux.

Le « madak » ou tabac à l’opium

Au XVIe siècle, des navigateurs ramenèrent du tabac en Chine depuis les Philippines où les Espagnols venaient d’introduire la plante découverte en Amérique. Hollandais et Portugais propagèrent ce produit au fort potentiel commercial et en quelques décennies, un peu partout en Extrême-Orient, on se mit à fumer, priser et cultiver du tabac. Ce tabac n’avait rien à voir avec celui de nos cigarettes. Beaucoup plus rustique et contenant un fort taux d’alcaloïdes, il pouvait être puissamment psychoactif. Il avait la réputation « d’affûter l’œil » et d’éloigner la malaria, mais son usage pouvait entraîner « ivresse » et « perte des sens ». La plupart des consommateurs en faisaient un usage utilitaire (détente, stimulation, convivialité…) et/ou médicinal. On trouvait toutes sortes de variétés de tabacs que l’on prisait depuis des flacons finement ouvragés ou fumait dans de petites pipes en terre, métal, bambou, corne, calebasse… Une coutume qui ne plaisait pas à la très conservatrice cour de la Chine impériale. Dans les années 1630, l’empereur Taïzong promulgua des lois de plus en plus sévères pour interdire sa consommation. Les contrevenants pouvaient être exécutés, ce qui ne freina pas la consommation.
Portugais et Hollandais développèrent des plantations de tabac en Indonésie, où l’opium était déjà connu et cultivé et parfois consommé de manière récréative, « gobé » en pilules ou mâché sous forme de « chiques » aromatisées. On y trouvait aussi du « kandu » un breuvage alcoolisé à base d’opium, parfois mélangé à des têtes de cannabis et autres plantes, dans lequel on eut l’idée de faire tremper un certain temps du tabac haché. Cela devint le « madak »(1), auquel on attribua moult vertus thérapeutiques et préventives. Certains madaks contenant de l’ambre, du safran, du camphre, des clous de girofle, etc., coûtaient des fortunes, ce qui renforça son attrait et sa réputation. Son usage correspondait tout à fait à la philosophie médicale chinoise : prévenir pour éviter d’avoir à guérir.

Kiefs gratuits….

Au XVIIe siècle, la consommation se démocratisa. Le madak, souvent fumé rapidement en quelques bouffées dans un tube de bambou ou une petite pipe, devint peu à peu un complément naturel de la chique de bétel et du thé traditionnels. Des « maisons de fumée » accueillirent des clients venant fumer, parfois en famille. Le prix baissant, le petit peuple put enfin goûter la drogue de l’élite. Des shops proposèrent des « kiefs » gratuits pour attirer et fidéliser la clientèle.
L’usage quotidien aboutissait généralement à une dépendance, sans doute modérée, mais réelle. L’empereur y voyait une pernicieuse influence des Occidentaux. L’opium, toujours importé et payé en lingots d’argent désavantageait la balance commerciale chinoise. Le tabac fut interdit, puis le madak. Son prix augmenta sensiblement au marché noir et les marchands chinois comprirent rapidement combien ce marché était lucratif, ce qui généra trafic et corruption

« Yan qiang » et « chandoo »

Au XVIIIe siècle, des empereurs, parfois eux-mêmes fumeurs, interdirent vente et consommation d’opium pour usage non médical mais sans grand succès(2). Les Chinois, industrieux et subtils adoraient « manger la fumée », et cherchèrent des alternatives au tabac et à l’odorant madak, détectable de loin.
Des princes goûtèrent la « fragrance noire » de Java, exclusivité de l’empereur qui la consommait à l’aide d’un nouveau procédé : le « Yan qiang » (littéralement : « fusil à fumer »). opium3Les mandarins imitèrent les princes. Lettrés et eunuques imitèrent les mandarins… Au fur et à mesure, le « Yan qiang » se perfectionna, et le peuple voulut lui aussi imiter les élites. On assista alors à l’élaboration d’un mode de consommation très sophistiqué : la méthode thébaïque, avec la fameuse pipe à opium, la lampe et les autres instruments(3). Le procédé modifia le rapport à l’opium en lui associant une dimension technique très élaborée et un aspect rituel avec son cérémonial, ses instruments et ses officiants. L’opium brut ne pouvant se fumer pur car il carbonisait, il fallait que la drogue ait une texture suffisamment malléable pour être manipulée facilement et donner le maximum d’effets en un minimum de volume. Les Chinois devinrent très habiles pour fabriquer le « chandoo », un opium purifié semi liquide, exclusivement destiné à être fumé. On vit apparaître des « tavernes à opium » ou « Opium Den », avec des « Boypipe » virtuoses dans la préparation des pipes. L’opium se fumait entre personnes d’une même classe sociale, dans un cadre convivial et luxueux. Les riches avaient leur « fumerie » particulière, une alcôve où ils pratiquaient un rituel raffiné et sensuel qui pouvait durer des heures, plusieurs fois par jour, si possible en agréable compagnie.

Le trafic, premier avatar du capitalisme

Vers 1820, l’usage du chandoo se développa, créant une clientèle captive et dépendante, prête à payer des prix élevés lorsque la drogue se faisait rare.

La consommation chinoise

Les Anglais importèrent 2 400 tonnes en 1839, 5 000 tonnes en 1884, sans parler de la production locale et de la contrebande. Ces chiffres semblent importants mais les Chinois étaient déjà 400 millions. 15 à 20 000 tonnes d’opium (soit à 8 à 10 000 tonnes de chandoo) consommées par an dans les années 1880 semble une évaluation rationnelle. Un gramme de chandoo fait en moyenne 4 à 5 pipes. Si des riches pouvaient fumer 10 ou 20 grammes quotidiennement, voire plus (certains fumaient plus de 300 pipes par jour), la majorité des fumeurs du peuple consommait entre 1et 2 grammes par jour, soit une dizaine de pipes au maximum. Beaucoup de gens fumaient aussi très occasionnellement, l’offre d’une pipe d’opium étant un geste de bienvenue, de convivialité. À la fin du XIXe siècle, le nombre de fumeurs réguliers dépendants se situait probablement entre 3 et 5 millions.

Dans certaines régions, 80% des hommes et 25% des femmes seraient opiomanes, mais ces chiffres sont invérifiables. Dans certaines villes néanmoins, les fumeries, souvent d’infâmes bouges, étaient nombreuses L’offre importante de « remèdes contre l’opium » témoigne d’une forte demande pour se libérer de la dépendance. Nombre de fumeurs passaient des heures dans les fumeries, aux dépens de leur vie professionnelle et familiale, fonctionnaires, soldats et officiers fumaient de plus en plus… L’opium, théoriquement interdit jusqu’au milieu du XIXe siècle, fut une aubaine pour de nombreux Chinois qui se mirent à trafiquer, contribuant au développement de la consommation, au grand désespoir du gouvernement. Affirmant que sa consommation « n’était pas un dommage mais un réconfort », Anglais, Français et Américains exigèrent alors son libre commerce. Ce qui déboucha sur les guerres de l’opium et la légalisation forcée de la consommation et du commerce de la drogue dans toute la Chine.

Mythes et bénéfices

Dès 1870, diverses personnalités dénoncèrent les thèses alarmistes et l’instrumentalisation des chiffres qui servaient les intérêts des uns et des autres(4). Des lobbies politico-religieux anglo-saxons trouvaient que l’usage de l’opium défavorisait les projets de colonisation par la religion. L’hygiénisme naissant voulait assurer la mainmise médicale sur la moralisation et, grâce au développement de la chimie, l’industrie pharmaceutique avait compris les immenses profits que pouvait rapporter le contrôle des psychotropes et antalgiques. Les journaux se plaisaient à relater les récits de voyageurs décrivant des enfants de 8 ans mendiant quelques résidus de dross(5), des mères endormant leurs enfants en leur soufflant la fumée de la pipe dans les narines, des bébés dépendants car nés de mères opiomanes… D’autres évoquaient des populations d’êtres squelettiques et affaiblis à cause de l’opium, alors que les maladies, les épidémies, le manque d’hygiène et la sous-alimentation en étaient généralement l’explication. Une pipe de dross était le seul remède à leur portée pour soulager leurs maux. L’immense majorité des pauvres n’avait pas les moyens de s’adonner à un usage susceptible d’entraîner une réelle accoutumance.

Fin de l’histoire

Au XXe siècle, les Japonais exploitèrent le désordre politique du pays et l’appétence des Chinois pour les drogues, en organisant l’intoxication massive du pays à l’opium, la morphine, l’héroïne, la cocaïne… et en créant l’État fantoche du Mandchoukouo, le premier narco-État de l’histoire pour financer leur main mise sur la Chine. Après la prise du pouvoir de Mao, l’opiomanie baissa rapidement pour disparaître presque totalement. Aujourd’hui, les Chinois considèrent avec amertume cette longue partie de leur histoire.


Note
(1) Qu’on trouve encore en Inde en cherchant bien (mais Asud ne vous dira pas où ;-) ).
(2) Jusqu’en 1805, les différents édits impériaux interdisaient la vente et la consommation mais pas l’importation. La corruption était quasi généralisée. D’innombrables marchands chinois, malais, puis anglais, américains… importèrent ouvertement des tonnes d’opium en soudoyant les fonctionnaires.
(3) On situe l’apparition de la pipe à opium telle qu’on la connaît vers 1750
(4) Voir The other side of the opium question, W. J. Moore, J. A. Churchill, London 1882 ; L’opium, histoire d’une fascination, Paul Butel, Perrin, Paris 1995.
(5) Cendre provenant de l’opium fumé. Beaucoup moins cher que l’opium, le dross est plus toxique car fortement concentré en morphine.

Biblio non exhaustive
– Opium Culture – The art & ritual of the chinese tradition, Peter Lee, Parkstreet Press, USA 2006
– The social life of Opium in China, Yangwen Zheng, Cambridge University Press 2005
– Narcotic culture – A History of Drugs in China, Dikötter & Laamann& Zhou Xun, The University of Chicago Press 2004
– L’opium, Histoire d’une fascination, Paul Butel, Perrin, Paris 1995
– The other side of the opium question, W. J. Moore, J. A. Churchill, London 1882
– All about opium, Henri Hartmann, Wertheimer, London 1884
(http://www.gallica.fr & http://www.books.google.com)

L’absinthe, miroir de la société

À Asia Argento, auteure de la chanson et du clip « L’Assenzio »

Il faut remonter aux Égyptiens pour comprendre la fascination qu’exerce encore, de nos jours, l’absinthe apéritive. Un papyrus désigne la plante qui a donné son nom à cette liqueur comme tonique, fébrifuge (faisant tomber la fièvre), vermifuge (chassant les vers), diurétique (facilitant la sécrétion urinaire), cholagogue (accélérant l’évacuation de la bile) et emménagogue (lissant les règles).

Complice des femmes et des artistes

D’où la réputation de l’absinthe complice des femmes. C’est donc tout naturellement que les Grecs la placent sous la protection de la déesse Artémis en lui donnant le nom d’Artemisia apsinthion. Apsinthion devient Absinthium chez les Romains qui prisent l’absinthe pour aromatiser leurs vins et les empêcher de tourner au vinaigre mais la mêlent au… vinaigre dans la posca, boisson les prémunissant des parasites des eaux saumâtres.

La Bible dénonce, à mots couverts, ce que tout un chacun sait alors des rapports des femmes et de l’absinthe. Certes, elle combat en infime proportion, avec l’ortie, les « mois immodérés », mais comme la rue, la sabine et la graine de fougère, elle est abortive en forte concentration. Pis (ou mieux) elle passe, vu ses vertus cicatrisantes, pour permettre aux gourmandes de se refaire une virginité.

La Bible fige l’absinthe entre « miel » et « fiel ». Le miel de la douceur des feuilles de l’Artemisia conforme à la caresse des lèvres de la dévergondée, et le fiel ou bile animale amère, comparable à l’amertume infernale de l’absinthe bue. C’est pourquoi l’absinthe, de nature paradoxale à l’image de la vie, symbolise ses petits bonheurs et désenchantements, volupté et inassouvissement de l’érotisme, joie et souffrance de l’amour, la meilleure des addictions, au demeurant. Et ainsi la lune de miel cède à la lune d’absinthe vaincue par la lune de fiel !

Une seconde propriété médicinale va suffire à consacrer l’Artemisia complice des artistes. Avec les grains d’hellébore vantés par François Rabelais comme Jean de La Fontaine, elle est le seul remède à la mélancolie chronique qui affecte tout particulièrement les peintres. De fait, le vin d’absinthe allongé de miel, menthe ou cannelle, soulage le saturnisme et rétablit le « levain de l’estomac » des peintres exposés au blanc de plomb ou pire, au blanc de céruse. Aussi, l’absinthe a la réputation de combattre la folie qui semble guetter les peintres meurtris par la maladie du plomb mais de sauvegarder le génie…

Un nouvel apéritif anisé

Comme l’ail ou la sauge, l’absinthe est donc une simple des prés de premier ordre et elle entre, au fil du temps, dans la composition de toutes sortes de panacées, vulnéraires et apéritifs (Eau de Mélisse des Carmes tonique roboratif, Vinaigre des Quatre Voleurs censé combattre la peste, Chartreuse ou vermouths Cinzano et Carpano) jusqu’à ce qu’en 1797, une herboriste suisse, Suzanne-Marguerite Henriod imagine un nouvel apéritif anisé, à la finale amère.

Paradoxalement la recette classique de l’apéritif absinthe préconise 4 fois plus d’anis et de fenouil que d’Artemisia absinthium. Selon le Traité complet de la fabrication des liqueurs et des vins liquoreux dits d’imitation (A. Bedel, Garnier Frères, Paris, 1899), la base des absinthes respectables est composée d’un trio de trois plantes : l’anis vert pilé du Tarn, andalou ou d’Alicante (5 kg) ; le fenouil pilé de Florence ou du Gard, dit aussi « anis de Paris » (5 kg) ; et les sommités fleuries avec les feuilles sèches et mondées de la grande absinthe (2,5 kg). Après une macération de ces simples dans de l’alcool de vin, on procède à une distillation au bain-marie chauffé à la vapeur et à une coloration exclusivement naturelle par trois nouvelles plantes : la petite absinthe (Artemisia Pontica ou Armoise de Pont) (1 kg) ; l’hysope (1 kg) ; et la mélisse citronnée (500 grammes), toutes trois sèches et mondées. L’eau utilisée est de source et l’alcool neutre, dépourvu de goût et d’odeur. Les absinthes ainsi élaborées sont dites « suisses » ou « de Pontarlier », 2 labels de qualité, équivalents à une A.O.C. avant la lettre.

Hélas, il n’en allait pas de même des ersatz vendus à vil prix à des consommateurs indigents, et véritables « casse-poitrine » contre lesquels Émile Zola s’éleva à raison. Ces absinthes étaient obtenues par addition à froid d’essences avec des alcools de patates, de betteraves, souvent mal rectifiés, et colorées chimiquement avec profusion de sulfates de zinc, de cuivre ou de chlorures d’antimoine incompatibles avec les tanins de l’Artemisia. Mais la société à 2 vitesses ou la France d’en haut et d’en bas ne datent pas d’hier et ces « purées de poix à 5 centimes le verre », nocives pour le cerveau, méritaient amplement leur surnom de « Vert-de-gris ».

Bouc émissaire de l’alcoolisme rampant

Carte postale humoristique 1900Suite à cet examen de la véritable nature de la Mère des Apaches, il convient donc de préciser le contexte historique qui vit le succès fulgurant de l’absinthe, distillée artisanalement en Suisse (Val-de-Travers) dès 1797 et produite industriellement en France (Pernod – Pontarlier) à compter de 1805 pour éviter d’exorbitants frais de douane. En effet, si Alfred de Musset lança vers 1830 la mode du Lichen vert dans les cénacles bohèmes des cafés jouxtant le Palais-Royal, il allongeait ces absinthes avec de la bière et non « 5 fois leur volume d’eau » ; Gustave Courbet avec du vin blanc ; Alphonse Daudet avec du laudanum pour soulager son tabès (dégénérescence nerveuse provoquée par la syphilis) ; et Henri de Toulouse-Lautrec avec du cognac. Par ailleurs, Paul Verlaine comme Arthur Rimbaud buvaient trop et le premier alcool qui leur tombait sous la main ; Charles Baudelaire, Oscar Wilde ou Ernest Dowson étaient également opiomanes, et Édouard Dubus, Stanislas de Guaita, ou Roger Gilbert-Lecomte, morphinomanes (« Fée Grise »). Il ne s’agit donc pas de crier haro sur la seule absinthe, facile bouc-émissaire d’un alcoolisme rampant. Rappelons ensuite que ce sont les cercles des officiers des bataillons du bat’d’Af – envers exacts des poètes bohèmes – qui ont relayé la mode des Perroquets, vers 1850, en les mettant, sur les grands boulevards parisiens, au goût du bourgeois. Ils avaient compris que l’absinthe, comme les boissons à la quinine (Amer Picon, Saint-Raphaël Quinquina, Dubonnet, Byrrh…), combattait les microbes des eaux souillées et, pour une part, le paludisme.

En 1863, survint l’ignoble phylloxera vastatrix qui, suivi du mildiou (1878), ravagea les vignobles français. Les distillateurs franc-comtois profitèrent de l’aubaine pour conquérir d’immenses parts de marché, cause d’une inexpugnable rancœur des lobbies du vin. Dès 1872, l’État, trop heureux de ce ressentiment, l’exploita sans vergogne et imposa lourdement l’absinthe sans reverser la part indispensable de cette manne à la lutte contre l’alcoolisme. Miroir de l’âme, l’absinthe fut aussi ce sismographe de la société, et plus d’un capitaine d’industrie se félicitait qu’un ouvrier absinthé ne trouve plus la force de se syndiquer.

Prohibé en plaine boucherie

Affiche d'AudinoSur ce, flairant un nouveau conflit avec l’Allemagne, les va-t-en guerre revanchards firent croire que la Morgane des beuglants était la cause d’un nombre croissant d’aliénés dans les asiles ou de réformés à la conscription et hurlèrent à « l’érosion de la défense nationale ». Et les ultranationalistes, antidreyfusards (thèse d’un complot ourdi contre l’armée) jouèrent, à ses dépens, un nouvel acte de la lutte éternelle de Bacchus (dieu du vin, maître en Gaule) contre Gambrinus (divinité de la bière moitié allemande, moitié flamande).

Raymond Poincaré prohiba l’absinthe, le 16 mars 1915, en pleine boucherie de celle que l’on nomme, bizarrement, la « Grande Guerre ». C’était un gage gratuit donné aux hygiénistes et aux versatiles militaires, auteurs des premiers décrets d’interdiction, dans l’espoir de détourner momentanément les regards de l’enfer des tranchées. La supercherie fit long feu, et l’on s’aperçut vite que la suppression du Poison empoisonné n’avait en rien diminué l’alcoolisme. Madelon servait à profusion la gnôle, le Byrrh, le rhum de l’Argonne ou l’anis Foch dans les infâmes boyaux du Chemin des Dames pour maintenir l’ardeur des hommes au combat avant de leur glisser subrepticement du bromure dans la soupe. Et les troufions se passaient ce bon mot : « L’absinthe perd nos fils mais la mère Picon les sauve ! » avant d’aller fumer des feuilles d’absinthe, histoire de faire la nique aux artificiers de ces massacres annoncés. Au surplus, l’intoxication, la cabale et l’interdiction n’avaient fait que renforcer le mythe de la Fée défunte.

À consommer avec délectation

Enveloppe publicitaire absinthe CusenierDepuis 1988, la communauté scientifique ne juge plus l’absinthe « épileptisante », et les ministères du Commerce et de la Santé autorisent des « similaires aux extraits de plantes d’absinthe », une locution alambiquée pour éviter de réviser une aberration historique. Une centaine de produits sont proposés à la vente sur le Net, mais une poignée sont fidèles aux recettes historiques : La Muse Verte (Artez), les absinthes Devoille ou Lemercier (Fougerolles), François Guy ou Émile Pernod (Pontarlier) et Nouvelle-Orléans (Saumur)…

Vasodilatatrice, la « Fée des feintes » élargit votre champ de vision, détend votre appareil digestif, gonfle vos poumons, libère les cristaux de votre oreille interne, stimule votre imaginaire, vous allège et vos pieds quittent le sol. Vous lévitez en apesanteur et prenant de la hauteur, vous acquérez un nouveau point de vue sur vous-même puis sur le monde. Loin de vous mener à la déraison, l’absinthe mène donc à la raison. À condition de ne pas en abuser, car cocktail de plantes et d’épices complexe, elle doit être consommée avec distinction, dilection et délectation. Ne recherchons donc pas ses plus hauts titres alcooliques et ses concentrations en thuyone les plus élevées puisqu’ils s’annulent, l’alcool prenant le pas sur les effets de la thuyone amère. N’allons surtout pas tenter de nous « casser la tête » avec l’absinthe car nous risquerions de nous abîmer beaucoup plus. Admettons plutôt que son mode de consommation ritualisé, via la cuillère ajourée, et l’adjonction d’eau ou de sucre engage à la savourer lentement, en connaisseur appréciant sur la langue la nuance particulière de chacune des plantes la composant.

Goutte de rosée, infusion chamanique, potion magique, boisson alchimique, élixir, ambroisie, gingembre vert, lait de tigre, herbe aux prouesses, l’absinthe véritable macérée dans l’alcool de vin et lentement distillée ouvre, repousse et perfore l’horizon. C’est un talisman à partager en galante compagnie.

Gare aux idées reçues !

Si l’absinthe ne mène pas directement à la folie, elle n’est pas non plus la martingale imparable menant au génie. Seul le travail peut y conduire et à proportion du talent, de la personnalité et de la force de caractère. En revanche, il est exact que la structure moléculaire de la thuyone, le principe actif de la plante absinthe est similaire à celui du tétrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis. Néanmoins, des travaux sont en cours pour déterminer comment les récepteurs chimiques du cerveau captent et assimilent ces deux principes actifs, et à ce stade, tout semble se dérouler différemment.

Historien d’art, Benoît Noël est l’auteur de plusieurs livres sur l’absinthe dont Absinthe, un mythe toujours vert, L’Esprit Frappeur, Paris, 2000 et La Rebuveuse d’Absinthe, Éditions BVR, Sainte-Marguerite des Loges, 2005 (http://herbaut.de/bnoel).

60 ans du LSD, happy birthday

En 1938, Albert Hoffmann synthétise un alcaloïde baptisé «Lyser Saür Diäthylamid». Enregistré 25e sur le cahier du laboratoire, il porte le nom de LSD 25. Quelques années plus tard, sa découverte,devenue «son enfant terrible», donne naissance au plus puissant des psychédéliques du XXe siècle.

Le plus fameux trip de l’histoire.

Le LSD 25 est un dérivé synthétique du claviceps purpurea, parasite de l’ergot du seigle. D’autres dérivés sont encore utilisés en médecine pour leur activité sur l’utérus ou l’appareil respiratoire, mais les propriétés psychoactives du LSD restèrent dans l’ombre des archives du Pr Hoffmann. Ce n’est qu’en avril 1943 qu’il décide de reprendre la synthèse du LSD afin d’en approfondir la connaissance. Et c’est alors qu’il terminait la cristallisation finale du tartrate de LSD qu’il fut pris de vertiges et d’ivresse. Il prit son vélo pour rentrer chez lui, et partit pour le plus fameux trip de l’histoire. Il consigna ensuite soigneusement ses perceptions dans ses notes de laboratoire-: «-Je devins soudainement ivre, le monde extérieur changea comme dans un rêve. Les objets semblèrent gagner en relief, affichant des dimensions inhabituelles, et les couleurs devinrent plus chaleureuses, la conscience de soi et la notion du temps furent également modifiées. Quand j’eus fermé les yeux, des images colorées étincelaient en un kaléidoscope rapide et changeant. Après quelques heures, la plaisante ébriété qui avait été expérimentée lorsque j’étais pleinement conscient disparut. Quelle est la raison de cet état-?-» Il dut chercher un moment parmi les substances qu’il avait manipulées avant de comprendre que l’acide, dont il ignorait encore toutes les propriétés, était responsable de ce voyage imprévu.

Le lendemain, pour être sûr, il reprit une dose de 250 microgrammes (les trips que l’on trouve actuellement dépassent rarement les120 microgrammes), une dose qu’il pensait infime puisque par comparaison la mescaline, le plus puissant hallucinogène connu jusqu’alors, agit à des doses de 280 milligrammes, soit plus de mille fois plus. Tout ne fut qu’hallucinations colorées et modification de la conscience de soi. L’expérience, de l’aveu même du professeur, fut beaucoup plus intense que celle de la veille et par certains aspects terrifiante avec, par moments, une impression de dépersonnalisation, et à d’autres, une impression d’agonie.
Le professeur Werner A. Stoll, psychiatre et fils du patron des laboratoires Sandoz, fut le premier à tester le LSD sur des patients. Chercher à traiter des troubles mentaux avec des produits psychoactifs n’était pas nouveau. Freud, par exemple, enthousiasmé par son expérience de la cocaïne, la testa, d’abord sur lui-même puis sur des patients atteints de divers troubles, avec peu de succès d’ailleurs. De nombreux produits psychoactifs
sont encore utilisés pour traiter le moindre trouble de l’humeur, en tête les benzos. Il n’est donc pas étonnant que les puissants effets du LSD aient fait naître l’espoir de pouvoir guérir psychoses et névroses à travers une sorte de super analyse expresse favorisée par la prise de LSD. Stoll conseillait aux psys qui souhaitaient l’utiliser en thérapie d’en faire l’essai sur eux-mêmes afin de vivre une sorte de psychose artificielle leur permettant de mieux comprendre leurs patients. C’est peut-être ici que le mythe du psy borderline prend sa source.

Des milliers de doses distribuées gratuitement

Approvisionnés gratuitement en acides par Sandoz qui cherchait une utilisation médicale à son nouveau produit pour lui assurer un débouché commercial, de nombreux psychiatres, en Europe et aux États-Unis, s’intéressèrent à leur tour à la «-LSD therapy-». C’est ainsi qu’entre 1950 et 1960 la firme Sandoz distribua en toute légalité des milliers de doses de LSD 25. Plus de mille articles parurent dans les revues scientifiques sur l’utilisation du LSD en thérapeutique
psychiatrique. Ces études portèrent sur plus de 40-000 cas. L’armée américaine, toujours en quête de nouveautés, y vit une arme incapacitante ou un potentiel sérum de vérité. Diverses expériences désastreuses furent menées. Un film existe encore, où l’on peut voir une unité de soldats anglais morts de rire et incapables d’exécuter les ordres de leur commandement. On apprit en 1976 que la CIA, intéressée par les drogues, mena dans les années 50 et 60 des expériences avec l’acide sur des soldats américains et des prisonniers de la Guerre froide. Ces prisonniers, shootés au LSD, au lieu de révéler tous leurs secrets, passèrent leur temps à halluciner et à se foutre de la gueule de leurs tortionnaires. La prise du produit étant souvent faite à l’insu de leur plein gré, on peut imaginer le cauchemar vécu par certains des «-cobayes-» après l’administration de doses de cheval. Ces tristes expériences provoquèrent des épisodes dépressifs majeurs. Il est, en effet, très dangereux de consommer de l’acide sans le savoir. Un des cas les plus connus est celui du docteur Olson qui se suicida en sautant par la fenêtre, après qu’on lui ait fait ingérer en douce du LSD au cours d’une de ces expériences. Pour sa famille, cet acte resta longtemps un mystère, Olson n’étant pas connu comme quelqu’un de dépressif, et encore moins suicidaire.
Dès 1960, au grand dam du professeur Hoffmann, la diffusion et l’expérimentation récréative du LSD se développent en parallèle des expérimentations médicalement contrôlées. D’abord aux USA où son usage se répandit comme une traînée de poudre dans les cercles artistiques et universitaires de la côte Est et de la Californie. Avant 1962, la vente, la détention et la consommation de LSD est tout à fait libre. C’est à cette époque que nombre d’étudiants et d’artistes en font la découverte dans des programmes
expérimentaux en tant que volontaires rémunérés. Parmi eux, de nombreux chanteurs, acteurs et écrivains comme Aldous Huxley qui raconte ses perceptions dans ses livres (Les Portes de la perception, Le Ciel et l’Enfer). La Beat generation et ses apôtres (Allen Ginsberg, William Burroughs, Jack Kerouac) ne sont pas en reste. Les futurs romanciers Ken Kesey (Vol au-dessus d’un nid de coucou) et Tom Wolf (L’Étoffe des héros, Acid test) seront à l’origine d’une nouvelle forme de journalisme, le «-gonzo-», où l’observateur devient partie prenante de l’événement qu’il raconte.
En 1962, les États-Unis instaurent une restriction sur la vente de LSD qui devra faire l’objet d’une demande d’autorisation spéciale auprès de la Food & Drug Administration. En 1965, la firme Sandoz, dépassée par l’usage récréatif de son produit, n’a pas réussi à en faire reconnaître l’utilisation médicale. Elle jette l’éponge, ou plutôt le buvard, et arrête la fabrication et la distribution du LSD en même temps que celle de la psilocybine.

L’«-enfant terrible-» du Pr Hoffmann

Dès 1962, quelques psychonautes sentent le vent tourner et tentent de populariser l’expérience lysergique. Un certain Stanley Owsley produit en Californie des millions de trips vendus entre 1 et 2 dollars pièce dans les concerts pops. Arrêté en 1967 par la police, on saisira chez lui 200 grammes
de LSD, soit l’équivalent de 2 millions de doses à 100 microgrammes. Michael Hollingshead, autre figure marquante du mouvement psychédélique, distribue, quant à lui, du LSD gratuitement aux stars d’Hollywood et de la musique pop. Il rencontre en 1962 Timothy Leary et Richard Alpert, tous deux jeunes docteurs en psychologie de l’université d’Harvard. Nos deux compères considèrent les hallucinogènes comme des outils d’exploration de la conscience. Ils fondent, la même année et très officiellement,
le centre de recherche sur la personnalité. Devenus fervents prosélytes du LSD, dépassés eux aussi par l’effet de mode et par une expérimentation qui n’avait plus grand-chose de scientifique, ils sont discrètement congédiés d’Harvard en 1963. Leary fut à la fois le pape et le martyr du mouvement psychédélique. Son influence sur les sixties sera considérable. Les Moody Blues chantèrent ses exploits dans un hymne planant. Il participa à un nombre incroyable de performances, happenings, concerts et festivals. Sa devise, qui deviendra le slogan de tous les Freaks-: «-Turn on, tune in, drop out-» (branche-toi, accorde-toi, laisse tout tomber). Elle résume à elle seule toute une époque que nous raconte Michael Hollingshead dans son livre The man who turned on the world (L’homme qui brancha le monde).
Le mouvement psychédélique connut son apogée en même temps que la consommation
d’acide, au cours du Summer of love en 1969. Pas un concert des Grateful Dead ou un festival folk où l’acide ne soit distribué quasi gratuitement. Tout le monde a en tête l’épisode de Woodstock où, au micro, on entend l’avertissement du speaker qui fait déjà de la réduction des risques en conseillant de ne pas prendre les «-mauvais acides-» bleus et de préférer les roses. «-Pas de panique, y en aura pour tout le monde-»-! Ceux qui auraient pris des bleus et se sentiraient mal peuvent se diriger vers la tente. Ce que redoutait Hoffmann arrivait-: après l’espoir et l’enthousiasme qu’il avait suscités, le LSD devint la drogue à la mode qu’il fallait absolument avoir testée si l’on voulait être «-in-». On se mit à en prendre comme ça, sans savoir, sans réfléchir, pour faire comme les autres, ignorant souvent tout des risques et des effets secondaires.
Des dosages de 250 a 400 microgrammes étaient monnaie courante à l’époque, des doses énormes pour un premier test. On commença à compter les gens restés scotchés, les dépressions, les suicides. Les accidents auxquels on assista achevèrent de diaboliser le LSD dans une Amérique profonde et puritaine, effarée par l’émergence de la contre-culture. Ces accidents sont pourtant dus à la méconnaissance des risques
associés au produit ou à sa mauvaise qualité de fabrication par des apprentis chimistes. Hoffmann ajoute-: «-Plus son utilisation comme stupéfiant se généralisait, c’est-à-dire plus le nombre des incidents provoqués par une utilisation inadéquate en dehors de toute surveillance médicale augmentait, et plus le LSD devenait pour moi et pour la firme Sandoz l’enfant terrible.-»

Mystery of Eleusis, la fête du LSD.

La consommation restera importante pendant les années 70, mais connaîtra un déclin dans les années 80. Il faudra attendre la décennie suivante, les cyberpunks, l’acid music et le mouvement rave pour assister à une véritable redécouverte des psychédéliques. C’est aussi en Inde, du côté de Goa, qu’anciens hippies et nouveaux adeptes de la trance se donnent rendez-vous dans des endroits paradisiaques pour des fêtes en plein air. La trance a remplacé le blues halluciné et déjà électronique d’Hendrix. Ils sont à nouveau rassemblés pour célébrer la nature et ses mystères, à la manière des tribus nomades.

L’injection intraveineuse de substances psychoactives

« Shooter la came ! » Voilà la phrase emblématique, celle qui conditionne quinze ans de politique de réduction des risques (RdR). Du fait de son ancrage dans le champ du sida et des hépatites, la RdR a fait de la seringue stérile l’alpha et l’oméga des politiques de drogues.

Un shoot, un fix, un taquet, c’est ce petit moment de fébrilité qui vous fait remonter votre manche en tenant la pompe entre les dents, puis chercher le renflement d’une veine pas trop esquintée avant d’enfoncer l’aiguille d’un geste précis et de tirer le piston pour faire une, deux, trois « tirettes »… Ce petit cérémonial est à l’origine de bon nombre de morts par overdoses, d’au moins deux épidémies de virus mortels parmi les usagers et de pas mal de fantasmes concernant la consommation des drogues en général.
Alors y a-t-il une fatalité de l’injection ? Doit-on considérer le shoot comme faisant partie de la culture de l’usage ou comme une pratique à risques qu’il convient de confiner à un petit noyau d’irréductibles ? A-t-on réellement réfléchi aux attendus sociaux, culturels ou psychologiques du shoot ? A-t-on déjà pensé que le contexte de l’injection a pu évoluer, voire être absolument transformé par les années sida?

Un peu d’histoire

La seringue hypodermique est inventée vers 1850 par Charles-Gabriel Pravaz. Comme l’écrit Anne Coppel : « la vraie rencontre est celle de la morphine et de la seringue ». Très vite cette nouvelle technique est détournée par les usagers de drogues, souvent initiés dans un but thérapeutique. L’usage de morphine, puis d’héroïne dans les milieux bourgeois du XIXe et du XXe siècle est souvent intraveineux, au point que le recours à la « piquouze » est pratiquement confondu avec la prise d’opiacés.

Un signifiant lourd

asud24-seringuesMais cette seringue est d’abord un instrument médical, le symbole d’une compétence technique tournée vers la rationalité.

Elle devient une sorte d’emblème du caractère sacrilège de l’usage des drogues. En détournant l’outil bienfaisant au service d’une jouissance égoïste, le drogué foule aux pieds plusieurs tabous. Nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire souvent : le « toxico » occupe aujourd’hui la place de bouc émissaire occupée par d’autres parias à d’autres époques. La Persécution rituelle des drogués , décrite par Thomas Szasz est fortement conditionnée par l’espace fantasmagorique de la seringue, contaminée ou non. La seringue perce, troue, envahit. Elle atteint l’intérieur du corps. Son signifiant est le pain bénit des psychanalystes. L’odyssée épicurienne des hippies injecteurs ne pouvait que mal se terminer. On ne brave pas impunément et la morale et la science, surtout à une époque où les deux tendent à se confondre. L’épilogue est en forme d’apocalypse avec les années sida qui deviennent vite les années hépatite.

Le damnés de la terre

L’injection oppose donc une forte résistance à la vague de normalisation qui touche certains aspects de la consommation de drogues illicites ces dernières années. Le rapport Roques, le nouveau discours de la M.I.L.D.T.(Mission Interministérielle deLutte contre la Drogue et la Toxicomanie), l’usage dit « récréatif » de drogues dites « douces », autant de facteurs destinés à dédramatiser (d’aucuns disent à banaliser) l’utilisation de certaines substances exotiques consommées notamment par les jeunes.
Le tour pris par les campagnes procannabis est significatif : plutôt que de revendiquer la transgression d’un interdit, comme le faisaient leurs aînés, les cannabinophiles accentuent les aspects « intégrés » de la fumette, les fumeurs sont des gens « normaux », le cannabis rend non violent… bref tout cela n’a rien à voir avec La Drogue.
Idem pour les amateurs de pills. Depuis le retour en force des drogues de synthèse, on sniffe, on pile, on gobe, on inhale, mais shooter ah non ! Jamais. S’il existe une pratique indéfendable, c’est bien celle-là. Avec les free parties, le mouvement techno a vu émerger de véritables « scènes ouvertes », c’est-à-dire des lieux où s’achètent et se consomment ouvertement les stupéfiants habituellement échangés sous le manteau. De tels lieux ont existé ou existent encore ailleurs en Europe pour un public d’injecteurs d’héro et de coke. En France, les frees, tout en drainant une ribambelle hétéroclite d’amateurs de tout ce qui défonce, sont plus spécialisées dans les drogues de synthèse, la cocaïne et le LSD. Le caractère non officiel de tels événements n’exclut pas un certain conformisme ou tout au moins une référence aux valeurs dominantes du mouvement parmi lesquelles le rejet de l’injection occupe une place de choix. Si le recours aux drogues psychédéliques est revendiqué, la shooteuse est perçue comme dégradante et nocive. Englobées dans une même réprobation, l’héroïne et la pompe n’ont rien à faire aux environs du dance floor. La stigmatisation des injecteurs est telle que des opérations de réduction des risques type « salles d’injection » seraient nécessaires pour les teufers adeptes de la pompe, mais seraient probablement mal acceptées par le milieu.
Comble du comble, même les crackeurs expriment parfois de l’hostilité à l’égard de la shooteuse. Le discours des plus jeunes est révélateur à la fois de l’impact et des limites des campagnes antisida. Tout fiers de fumer la base, leur leitmotiv peut être résumé comme suit : « moi je shoote pas, donc je suis pas accro ». Même eux, identifiés par les riverains et la police comme la quintessence du « toxico », tirent une certaine gloire à ne pas le faire ce geste explicite qui désigne le drogué. Le plus souvent fumée, la base est injectée par des usagers qui quelquefois sont d’ex-héroïnomanes substitués. Ces injecteurs voisinent avec d’autres usagers de la rue, consommateurs de Subutex® (les polytoxicomanes du système de soins).
La nouvelle configuration sociale semble épouser étroitement la courbe de la « nouvelle » (tellement nouvelle qu’elle a maintenant presque trente ans) pauvreté.

L’injection, toujours en vogue ?

Alors que reste-t-il ? Qui donc est encore injecteur, et sinon fier de l’être, au moins prêt à l’assumer au grand jour ? La consommation d’héroïne, le produit « phare » du shoot, n’a pas tant baissé si l’on s’en réfère au chiffre des saisies. Il semble qu’elle se soit plutôt recomposée sur de nouvelles bases. La peur du sida et des hépatites a heureusement amené une partie des nouveaux usagers de drogues à préférer la fumette au shoot. Il est, par exemple, explicite de constater que le département du Nord caracole en queue de peloton des ventes de Stéribox® alors que son voisinage avec les Pays-Bas en fait l’un des départements les plus touchés par les flux commerciaux de l’héro. Les consommateurs les mieux informés découvrent ce que les pays du Nord et les pays producteurs d’opium et de coca savent depuis longtemps : l’injection est une méthode de consommation adaptée à la pénurie et aux mauvaises qualités ; elle est ce que le coup de massue est à l’arme de précision : un maximum d’effets dans un minimum de temps pour énormément de dégâts collatéraux. Reste comme toujours la question du plaisir. Le shoot n’est pas seulement une méthode de conso pour l’« économiquement faible », c’est aussi et avant tout, pour de nombreux usagers, un gigantesque pied (voir pagexxx, tableau synoptique des produits injectables).

1. Anne Coppel, Le dragon domestique
2. Thomas Szasz, la persecution rituel des drogués

Réduire les risques liés à la consommation de LSD

Pour triper un maximum en réduisant les risques au minimum, il faut observer quelques précautions.

D’abord le contexte

  • Préférez un lieu retiré et en pleine nature ou un intérieur chaleureux, et évitez les endroits laids, lugubres ou mal famés. Le monde moderne avec ses appareils et ses machines, offre toutes sortes de décors et de bruits qui peuvent provoquer la panique chez des personnes à la sensibilité exacerbée.
  • Évitez aussi les ambiances glauques ou les personnes avec qui vous ne vous sentez pas en confiance ou en sécurité.
  • L’environnement acoustique a aussi son importance, une musique que l’on apprécie sera toujours plus favorable et épanouissante que le bruit d’un marteau-piqueur.
  • L’état psychique de celui qui le prend est tout aussi important, sinon plus encore, que le cadre extérieur. Son humeur du moment, la fatigue physique ou psychique, sa disposition vis-à-visde l’expérience qu’il s’apprête à vivre, ce qu’il en attend en fonction de ce qu’il en sait, sont des facteurs importants. Le LSD ayant tendance à intensifier l’état psychique où l’on se trouve au moment où on le prend, un sentiment de bonheur peut atteindre la félicité, une dépression atteindre au désespoir.
  • Ne prenez jamais de LSD pour fuir vos problèmes ou pour sortir d’un épisode dépressif. Il est aussi déconseillé aux personnes qui présentent une personnalité instable, le choc du LSD pouvant révéler une psychose latente.
  • Il est fortement déconseillé aux adolescents de se livrer à l’expérimentation du LSD. Le choc provoqué par un afflux de sensations de la puissance de celles que produit le LSD peut mettre en danger l’équilibre et la structuration d’un psychisme en cours de développement.

Lors de la prise de LSD

  • Pendant le début de la montée, une légère angoisse peut survenir : évitez
    de chercher à contrôler ou à trop analyser les effets du trip.
  • Pour éviter un bad trip dû à un surdosage, surtout lors d’une première expérience, fractionnez la prise en en prenant d’abord un quart ou une moitié.
  • Les effets se font sentir une demi-heure à une heure après la prise, mais cela peut parfois prendre plusieurs heures. Ne reprenez pas une double dose en pensant que la première n’agit pas.
  • Évitez autant que possible les mélanges de produits : les tazs ou le speed modifient les effets du trip et peuvent aussi les bloquer.

Bad Trip

Dans le cas où quelqu’un ferait un bad trip, emmenez-le dans un endroit calme et aéré, une tente où on pourra l’isoler de la foule, par exemple. Rassurez-le en lui expliquant qu’il a juste pris un acide, et que les effets vont bientôt se dissiper. Continuez à lui parler doucement sans le harceler. Un visage familier, une présence rassurante, une épaule chaleureuse suffisent à faire redescendre la plupart des bad tripers. Malgré cela, si la personne reste scotchée, il faudra faire appel à un médecin. Si cela est nécessaire, il lui donnera un calmant (benzodiazépine style Xanax ou Lexomil) pour la faire redescendre.

La descente

La descente est un moment plus ou moins délicat à gérer selon les individus. Au moment où les effets commencent à s’estomper, l’euphorie laisse place à une fatigue intense. Prévoyez au moins 24 heures sans activités contraignantes ni prises de tête, dormez, et essayez de manger sucré et vitaminé. Un moral fluctuant et une grande fatigue sont courants. Néanmoins, ces effets secondaires disparaissent en général après un ou deux jours.

L’abc des abcès

Ça nous est arrivé à tous au moins une fois dans notre carrière d’adeptes de la shooteuse : un taquet un peu raté et, le lendemain, une enflure douloureuse au point d’injection, avec la peau rouge et brûlante. Et qui enfle au fil des heures et des jours : un abcès…

Lorsqu’on évoque les risques liés à l’injection de drogue, tout le monde pense généralement sida,
hépatites, overdose, embolie, endocardite, mais les abcès…

On n’en parle pas : c’est juste moche, pénible, même pas associé à un risque vital. Tout juste si on n’en a pas honte. Pour bien des toxicos, c’est « un truc de zonard », comme d’avoir des poux ou des dents pourries : un stigmate de la pauvreté et de la négligence, un manque d’hygiène.

Beaucoup hésitent même à en parler à leur médecin traitant, de peur de se voir sucrer leur prescription : lui montrer son (ses) abcès, c’est avouer implicitement que, non seulement, on continue à shooter en « détournant » sa substitution mais, qu’en plus, on fait ça n’importe comment, comme un vrai cochon.

Alors, comme avec les avis d’huissier, on préfère laisser courir, en espérant que les choses se tasseront d’elles-mêmes. Pire, on essaie de se soigner tout seul – en le pressant pour le faire « mûrir » ou en l’incisant d’un coup de lame. Résultat des courses : dans un cas comme dans l’autre, l’affaire finit généralement au service des urgences… ou même au cimetière !

Car, même si les abcès ne sont pas directement mortels, la vogue de l’injection de cachetons en a fait, depuis quelques années, une constante quasi quotidienne de la vie de bien des usagers de drogue, surtout parmi les plus démunis. Il ne s’agit pas de petits bobos sans importance : mal ou pas du tout soignés, ils peuvent causer une gangrène, une amputation ou pire une septicémie (infection générale du sang) potentiellement mortelle.

C’est pourquoi il importe, non seulement de les prévenir, mais aussi de savoir les reconnaître et les soigner à temps…

Qu’est-ce qu’un abcès ?

Il existe deux sortes d’abcès consécutifs à une injection : les abcès d’origine infectieuse, provoqués par des bactéries qui pénètrent sous la peau, à cause de conditions d’hygiène insuffisantes.

Les abcès causés par un corps étranger – particules d’excipients insolubles, poils, fibres de coton… Les uns, généralement mous, chauds et douloureux, ont tendance à gonfler et à suppurer abondamment, tandis que les autres forment plutôt une boule dure, moins chaude, qui se transforme en kyste.

Cette distinction est loin d’être étanche : la plupart des abcès dus à un corps étranger s’infectent et se mettent à suppurer, allant jusqu’à causer une gangrène des tissus.

« Les plus durs à soigner, affirme le Dr.V, un médecin spécialisé dans le soin aux usagers de drogue, ce sont les abcès causés par toutes les saloperies qu’il y a dans les cachetons : Ils s’infectent quasiment à tous les coups et sont en plus très durs à nettoyer, du fait qu’il y a beaucoup de particules qui forment comme une constellation de mini-abcès enkystés. J’ai une patiente qui a perdu 7 centimètres de fémur, et je ne sais pas encore si on va pouvoir lui sauver la jambe..

Comment les prévenir ?

La meilleure prévention des abcès, c’est évidemment de ne pas shooter. « Mais si vous shootez, poursuit le Dr.V, l’important, c’est une hygiène rigoureuse : nettoyer ses mains, la cuillère et le point d’injection avec un tampon alcoolisé ou, au minimum, de l’eau et du savon. Et puis, bien sûr, utiliser une pompe neuve et de l’eau distillée. Toutes ces précautions ne servent plus à rien si on manipule son matos avec des doigts sales ou si on le pose sur le sol des chiottes publiques… Par ailleurs, je déconseille l’injection de médicaments à cause des particules d’excipients, même invisibles à l’œil nu. Si vous le faites quand même, filtrez la mixture très soigneusement. Attention à ne pas embarquer des fibres de coton ou de filtre à cigarettes ! »

Comment les reconnaître et que faire ?

Bloodi shoote du subu (abcès), ASUD journal n°18 (hiver 2000)L’usage massif d’agent acide (citron etc.) depuis quelques années fait qu’on s’aperçoit vite – à la douleur cuisante – qu’on a « tapé à côté » et qu’un abcès est à craindre.Dans tous les cas, celui-ci se manifeste au bout de quelques heures (un jour et demi au maximum) par une rougeur enflée, chaude et douloureuse au point d’injection. Il continue d’enfler jusqu’à atteindre parfois la taille d’une balle de ping-pong. Dans les cas extrêmes (pas soignés à temps), c’est tout le membre concerné qui peut enfler démesurément, causant des élancements insup­portables et une fièvre de cheval. A ce stade, la seule solution est le service des urgences de l’hôpital le plus proche…

Pour ne pas en arriver là, le mieux est de prévenir le risque d’abcès aussitôt après le shoot raté, en scotchant sur le point d’injection une compresse imbibée d’Hexomédine Transcutanée* qu’on changera deux fois par jour jusqu’à résorption de l’enflure. Pour un abcès déjà formé (48 h ou plus), gonflé et douloureux, d’une sale couleur rouge violacée, une seule solution : le médecin. Selon le degré d’évolution de l’abcès, il pourra soit vous prescrire un traitement à base d’antibiotiques (contre l’infection), d’applications de poches de glace et de compresses d’Hexomédine, soit inciser et drainer l’abcès – une petite opération désagréable (aaah le look et l’odeur du pus !) mais anodine et pas trop douloureuse.

Même chose en cas d’éclosion spontanée de l’abcès : nettoyez l’essentiel du pus, collez un pansement alcoolisé et allez vite faire drainer le reste !

Si vous préférez ne pas avoir recours à votre médecin traitant, vous pouvez toujours aller aux services des urgences de l’hopital (de préférence là où il y a un Ecimud).

Enregistrer

Enregistrer

Qu’est ce qu’on nous fait gober ?

Ces comprimés ne sont pas de l’ecstasy. Ces médicaments ne provoquent pas les effets attendus de l’ecstasy

 

gober1 Anxiolytique
gober2 Anti-histaminique Allergies
gober3 Antidépresseur
gober4 Anti-inflammatoire,
Antalgique
gober5 Vasodilatateur Circulation
sanguine
gober6 Antidépresseur
gober7 Antipsychotique
gober8 Sédatif
Barbiturique
gober9 Anxiolytique
gober10 Barbiturique
gober11 Bêtabloquant Ralentisseur
cardiaque
gober12 Antiarythmique
Coeur
gober13 Vasodilatateur Circulation
gober14 Anti-histaminique Allergies
gober15 Vasodilatateur Circulation
gober16 Antalgique
Douleurs
gober18 Anti-épileptique
gober19 Antipaludique
Malaria
gober20 Antibiotique
gober21 Anti-inflammatoire-Douleurs-
Fièvre (Aspirine)
gober22 Anxiolytique
gober23 Anti-inflammatoire
Antalgique
Douleur
gober24 Neuroleptique
• Parmi les ecstasy testés, beaucoup sont en réalité des médicaments.


• Ces photos permettent de reconnaître quelques médicaments.


• Il en existe d’autres, avec d’autres formes, d’autres couleurs et d’autres présentations (gélules), que l’on peut rencontrer aussi.


• Rester prudent, car de nombreuses personnes se font arnaquer.


• Des escrocs vendent ces comprimés en faisant croire qu’il s’agit d’ecstasy, ou d’autres drogues de synthèse(amphétamines, kétamine…)


• Certains effacent le dessin sur le médicament,le grattent pour lui donner un look plus artisanal, ou recouvrent le logo avec de l’encre…


• Même avec beaucoup d’expérience, il est impossible de reconnaître un véritable ecstasy sans le faire analyser en laboratoire.
• Les médicaments ont des effets

thérapeutiques. Ils sont prévus pour être prescrits par des médecins en cas de maladie,dans le cadre d’un traitement, avec des doses, précautions et un suivi particulier.


• Les médicaments entraînent parfois des effets secondaires, variables selon la personne, la dose et le contexte.


• Certains de ces médicaments modifient l’activité psychique, le niveau de vigilance ou de conscience. Leurs effets, parfois puissants, seront inattendus. Attention au bad trip (mauvais délire).


• Certains médicaments peuvent pertuber la couverture contraceptive (risque de se retrouver enceinte).


• Attention, les femmes enceinte ou qui allaitent, ça passe chez l’enfant.


• Tout comme l’usage d’ecstasy, la consommation de ces comprimés peut contrarier un traitement en cours, même simple.

Ecstasy et réduction des risques

L’un des revers de la consommation d’ecstasy, c’est la dépression qui suit. Voici quelques trucs qu’Asud a testé pour vous afin d’atterrir en douceur.

L’ecstasy (MDMA, MDA….) perturbe, dans le système nerveux central, le mécanisme d’un neurotransmetteur :la sérotonine, qui joue un rôle important dans l’humeur, l’équilibre, le bien-être.
Après un «Taz» le cerveau manque de sérotonine, d’où la « sale descente », qui correspond à une réelle dépression. Si certains s’en accommodent, considérant que c’est le prix à payer, d’autres vivent des moments d’angoisse, avec parfois une décompensation psychique, une déprime, la panick attack. Des chercheurs ayant publié une étude sur l’ecstasy (1) prétendent que la fluoxetine, un principe actif du Prozac, qui influe d’une façon très sélective sur le système sérotoninergique, aurait un pouvoir protecteur pendant quelques heures si elle est consommée en même temps que le MDMA.
Dans une autre étude, Nicolas Saunders (2) affirme que le Prozac limite la dépression chez un tiers des gobeurs. Mais, en général, les consommateurs répugnent à en consommer.

A éviter

  • La consommation d’un acide en descente d’X perturbera encore plus la régénération cérébrale.
  • L’alcool : qui n’a pas connu une gueule de bois en descente d’acide ne connaît pas l’Enfer.
  • Les stimulants naturels comme l’éphedra ou ceux contenant de la caféine comme le guarana augmentent le malaise de la descente.
  • Les mélanges de dépresseurs du système nerveuxcentral (tranquillisants, alcool, opiacés…)entraînent une potentialisation croisée – produit multipliant les effets de l’autre – avec risque d’accident, d’overdose et de dépendance

Des trucs à savoir…

Les Anglais l’appellent la « Marmite ». C’est une variante du pot-au-feu.

Un grand bol après le trip et deux fois par jour ensuite. C’est naturel, pas cher et drôlement efficace. Ne riez pas ! La viande fibreuse contient quantité de précurseurs naturels de la sérotonine qu’une longue cuisson libère. Le bon vieux pot-au-feu permet de récupérer sensiblement plus vite. Les végétariens peuvent toujours se rabattre sur l’Ovomaltine, une boisson maltée, avec chocolat, banane, autant d’aliments qui contiennent également des précurseurs naturels de la sérotonine.
Une consommation quotidienne d’au moins deux litres d’eau aidera le foie à jouer son rôle détoxiquant.
Une méthode irremplaçable pour bien récupérer, c’est le sommeil naturel. Dormir est encore ce qu’il y a de mieux pour retaper ses neurones.
Un bon chill out et des massages (amoureux ou non) qui décontractent le corps aideront à soulager les crampes et douleurs musculaires, apporteront la relaxation rêvée. Sucreries, fruits secs, agrumes…. pourront compenser la dépense énergétique.

D’autres plus douteux…

Les Smartshops aux Pays-Bas, Allemagne, Suisse… proposent à des prix élevés des packs de After E, (un comprimé de vitamine E, C et B6 et de tyrosine). Leur efficacité est-elle à la hauteur de leur prix ?
On y trouve aussi les boissons isotoniques dont le taux élevé d’acides aminés peut nuire en descente d’X. Là encore, à essayer avec circonspection
Le cannabis a ses adeptes, mais d’autres usagers considèrent qu’il amplifie la dépression. Rien n’a été prouvé, mais des usagers qu’un joint fumé en descente d’acide a entraîné au 36e dessous peuvent témoigner de l’ambivalence de l’herbe magique.
Le millepertuis, plante médicinale, est controversé quant à ses effets d’antidépresseur homéopathique. A vérifier.
Attention, il existe un risque très sérieux de neurotoxicité aggravée en cas de mélange ecstasy-amphétamine (d’où la pertinence du contrôle des produits).
Chez certains animaux, une consommation importante et répétée d’ecstasy peut entraîner la destruction de certaines cellules, celles justement qui sont liées au mécanisme de la sérotonine. Certaines d’entre elles se régénèrent, d’autres non. Et chez l’homme ? L’avenir nous le dira, mais on observe une baisse des facultés d’apprentissage chez certains sujets pour cause d’abus de ces produits. En cas d’antécédents psychiatriques, il y a un danger d’aggravation des symptômes.

(1) Ecstasy : des données biologiques et cliniques aux contextes d’usage (Inserm 1998).
Ce rapport révèle les séquelles inquiétantes observées chez certains singes après injection d’importantes quantités de MDMA.
(2) Ecstasy, dance, trance & transformation (Quick American Archives).
(3) Disponibles sur Internet et dans les drugstores américains et hollandais.

Le GHB, c’est quoi ?

Le Gamma OH (GHB, appellation anglo-saxonne) ou acide gamma-hydroxybutirique, qualifié de « rêve de biologiste » fut découvert en 1961, par le professeur Laborit (1).Utilisé au départ comme adjuvant en anesthésie générale, c’est une copie conforme d’une substance présente à l’état naturel dans le cerveau : l’acide GABA.

Le GHB, calmant et hypnotique puissant, agit sur le système nerveux central, ce qui permit d’étendre son utilisation au traitement de la narcolepsie (2), de certains troubles du sommeil et de l’alcoolisme.
Il fut aussi expérimenté dans le cadre de psychothérapies pour son action relaxante et desinhibante. On lui attribue également des propriétés aphrodisiaques. En France, actuellement, il n’est plus réservé qu’à l’usage hospitalier et vétérinaire.
Le GHB se présente sous deux formes : une poudre floconneuse très légère et d’une grande solubilité ou en liquide incolore légèrement salé. Il est difficile de savoir quel est le dosage précis de la substance vendue sur le marché noir, dans le monde international de la fête. Abus et mélanges divers ont entraîné des incidents et même des morts (3).
Au milieu des années 90, la prescription du GHB fut sévèrement réglementée mais son usage se propagea rapidement dans les pays anglo-saxons. De nombreux sites Internet diffusent le processus de sa fabrication ou le proposent à la vente. Notons qu’il y avait bien moins d’accidents dus au GHB lorsque le produit était en vente libre dans les drugstores américains… ce qui montre, une fois de plus, comment le problème posé par un produit peut-être considérablement amplifié par la prohibition et la presse.
Associé à de l’alcool, le GHB accroît l’ébriété et provoque un coma profond avec amnésie. Il y eut ainsi quelques cas de viols aux Etats-Unis. La presse à sensation s’empara du sujet et contribua à créer une phobie de la Rape Date Drug (traduisez la drogue du rendez-vous du viol), à l’instar du Rohypnol qui lui fait bien plus de dégâts.

Un sentiment d’empathie intense

Deux grammes suffisent à provoquer en 15 minutes un sentiment d’empathie intense, proche d’une montée d’ecstasy, qui dure entre une et deux heures.
La communication est grandement facilitée. Si le contexte s’y prête, le GHB peut contribuer à créer une ambiance de forte sensualité. Il peut augmenter les capacités érectiles chez l’homme, amplifier les sensations chez les femmes et intensifier l’orgasme. Mais, au-delà des 4 ou 5 g. le GHB provoquera une somnolence puis un profond sommeil de plusieurs heures avec une intense relaxation musculaire. Mais en cas de résistance à l’endormissement ou de tension nerveuse, le produit peut agir de façon paradoxale, comme un excitant et un euphorisant puissant. Une dose supérieure à 5 g. peut provoquer une perte de conscience et parfois une dépression respiratoire ainsi que des crises d’épilepsie. Un usage quotidien et répété peut entraîner une déprime à l’arrêt ainsi que des problèmes de mémoire réversibles.

Danger et accidents potentiels

L’association avec l’alcool et autres dépresseurs, tels que les opiacés et les benzodiazépines est absolument déconseillée. Le mélange est dangereux. A propos de mélanges, signalons que le café agit comme un antagoniste du GHB ; c’est-à-dire qu’il en annule les effets.
Le GHB n’est pas très commun dans les fêtes françaises mais la publicité faite autour du produit a créé un intérêt certain pour le Liquid E (5) et, parfois, une poudre quelconque est vendue comme tel. Pour l’instant, le GHB en France reste la drogue dont on parle beaucoup mais que l’on trouve rarement.

(1) Henri Laborit consomma du GHB deux fois par semaine jusqu’à sa mort.
(2) Narcolepsie, tendance irrépressible au sommeil.
(3) L’acteur américain River Phoenix est décédé d’un mélange d’alcool + opiacés + GHB + calmants.
(4) Empathie, capacité à se mettre à la place de l’autre.
(5) Nom donné au GHB en Angleterre (ecstasy liquide).

  • 1
  • 2

© 2020 A.S.U.D. Tous droits réservés.

Inscrivez-vous à notre newsletter