Auteur/autrice : Gilles Charpy

ASUD, 10 ans déjà

Pour ASUD, tout a vraiment commencé un beau soir de novembre 92. Mais laissez-moi vous raconter…

Depuis quelques mois -quelques années déjà- quelque chose qui fermentait du côté de «la drogue», se préparait. Une série de signes discrets, éparpillés, mais qui, assemblés, dessinaient les contours d’un changement de la politique ultra-répressive instaurée par la loi de 70.

Ainsi la loi Barzach, qui pour la première fois a su discerner dans les infections virales transmissibles par voie intraveineuse,un danger plus imminent que ces «paradis artificiels» , et en tirer la conséquence urgente: la mise en vente libre des seringues dans les pharmacies en 86.
Vers la fin de l’automne, des militants anti-VIH et des «intervenants en toxicomanie», des hurluberlus, dont votre serviteur et sa compagne, ont ainsi été invités à exposer leur conception d’un «junkiebond»à la française au cours d’une réunion de l’association EGO (Espoir Goutte-d’Or)

Cette réunion, je ne suis pas près de l’oublier. Au cours du dîner qui a suivi, un des membres d’EGO, un travailleur social nommé Abdalla Toufik, a tenu à s’asseoir près de moi. Et à m’expliquer gentiment que ma conception d’un groupe d’usagers de drogues comportait quelques points légèrement irréalistes… «Mais j’aimerais t’en parler plus longuement». Et le voici qui s’invite chez moi pour le surlendemain à 16 heures.
Le jour dit, à 16 heures précises, la sonnerie retentit et la porte s’ouvre sur Abdalla, flanqué d’un grand garçon pâle au sourire timide qu’il me présente sous le nom de Philippe Marchenay. Philippe qui sera avec Abdalla, Phuong et moi-même le quatrième fondateur d’Asud.
Abdalla, pour avoir rencontré les membres du «syndicat des junkies» nous initie peu à peu aux notions, encore quasi-inconnues en France, d’autosupport et de réduction des risques…
Nous parlons aussi des spécificités de la situation française: la loi de 70, la répression tous azimuts et la façon dont, elle entretient un lien de cause à effet avec les overdoses, la délinquance et la progression galopante du VIH et des hépatites chez les UD.
«Usagers de drogue»: une expression nouvelle, venue des Pays-Bas et d’Angleterre et que nous décidons d’utiliser systématiquement et même d’imposer dans toute discussion sur la question, par opposition aux termes de «camés», «drogués», «toxicomanes» ou «malades dépendants», tous très stigmatisants.
Une démarche militante, dans la mesure où changer le mot utilisé pour désigner telle ou telle catégorie d’individus contribue à changer le regard qui sera posé sur eux. Pas du «politiquement correct», de la politique. De la vraie, qui commence à délimiter l’espace où l’UD se définit comme citoyen, c’est-à-dire comme individu vivant dans la cité, et partie prenante des décisions qui le concernent. Waouh!

C’est ainsi qu’au bout de plusieurs semaines de discussions parfois houleuses, nous finissons par trouver le nom de la future association: Asud, pour Auto-support des usagers de drogues. Et, dans la foulée, par rédiger un manifeste qui reprend les principaux points dégagés au cours de nos discussions préliminaires: la reprise en main de leur vie par les UD confrontés à la maladie et à la «guerre à la drogue» ; le droit desdits UD à choisir librement entre l’abstinence, la continuation de leur mode de vie clandestin ou la prise de produits de substitution; la multiplication par 100, sinon par 1000 des programmes méthadone existants et la diversification maximale de la palette des molécules et des protocoles de substitution; l’organisation par les usagers eux-mêmes de la réduction des risques liés aux drogues qu’ils consomment grâce, entre autres, à une information non biaisée sur les produits et les techniques d’injection «propre» ;la nécessité, donc, d’une publication faite par et pour les UD et destinée à délivrer ce type d’information ainsi qu’à présenter (en évitant les attaques frontales contre les institutions) les revendications des usagers et des témoignages de leur quotidien.
En somme, faire ce qu’Asud-Journal n’a cessé de faire depuis dix ans. Mais ce journal, colonne vertébrale indispensable à notre mouvement, il fallait d’abord le créer -et le perpétuer. Donc trouver des militants prêts à y travailler, mais aussi, le nerf de la guerre, les thunes. Lesquelles ne pouvaient venir que des milieux antiprohibitionnistes et surtout des mouvements et institutions gouvernementales engagés dans la lutte contre l’explosion de la contamination VIH/hépatites chez les tox.
Pour cela, il importait de nous faire connaître. Si bien qu’un beau jour d’avril 93, nous nous pointons à la fac de Nanterre, au colloque «Drogues et droits de l’homme» organisé par Francis Caballero. Pour la première fois, se dressant dans l’amphithéâtre bondé, Philippe Marchenay prononce le nom d’Asud et expose nos objectifs tandis que 5 ou 6 autres compères parcourent les travées en distribuant des exemplaires du manifeste, fiévreusement tirés la nuit précédente sur la photocopieuse de nos hôtes d’Aparts. Applaudissements nourris, y compris à la tribune et, d’une façon générale, gros succès dans l’assemblée…

Le premier groupe d’autosupport d’UD «non repentis» en France! La nouvelle se répand comme une traînée de poudre (ah ah ah!) dans les milieux concernés et les coups de fil d’encouragement bloquent presque le standard tandis qu’affluent les adhérents.
Ah les premiers Asudiens! Les Hervé Michel et sa bande, les Georges Sintès (dont l’ultime pied de nez sera de décéder un 1er décembre, Journée mondiale du sida 95!), Yvon Moisan, Rodolphe Mas, Caroline et Alain Chateau, Jean-René Dard (qui sera plus tard le troisième président d’Asud), Fabrice Olivet (le quatrième)et tous les autres, ceux qui continuent aujourd’hui encore à faire marcher Asud et à écrire dans les pages du journal. Ceux aussi qui nous ont quittés depuis pour le paradis (bien réel hélas) des toxicos ou pour vivre leur vie, mais qui tous arrivaient avec leur rage et leur joie débordante de pouvoir enfin faire entendre leur voix.
Et puis, malheureusement, ceux que nous avons dû -gentiment- éconduire: les exaltés, prêts à dynamiter la Préfecture de police ou à se shooter à mort sur les marches du ministère de la Santé, les zonards en quête d’un toit ou d’un repas, ceux encore qui prenaient le local d’Asud pour une shooting room, une scène de deal, ou une ANPE pour tox…!
C’est pourquoi nous nous sommes d’abord recrutés par cooptation -en fait juste un entretien «de motivation» devant un café ou un demi, histoire d’être bien d’accord sur la nature, les objectifs et le fonctionnement d’Asud. Et hop, au boulot! Gratos, pour commencer évidemment…
Car c’était bien beau l’enthousiasme, les grandes idées, l’intérêt croissant des média et des professionnels, les perspectives de financement (et de salaires?), mais en attendant, restait à tenir nos promesses…
Et d’abord à sortir ce journal dont nous avions annoncé à grand bruit la naissance imminente lors de notre première apparition publique à Nanterre
Là encore, comme pour la rédaction du manifeste, les discussions sont parfois chaudes, sinon explosives. Tel article est jugé trop provocateur, tel autre trop timide. Et chacun de défendre bec et ongles sa contribution. D’autant que chacun tient à mettre son grain de sel dans ce premier numéro d’Asud-Journal, son titre décidé à la quasi unanimité.

Ce n°1, il nous faudra près de trois mois et demi pour le sortir. Pas facile, en effet, de choisir entre le véritable monceau d’articles (de poèmes, de dessins, etc.) qui nous sont soumis en ménageant les susceptibilités. Et d’abord celle des auteurs bien sûr, qui ne comprennent pas toujours qu’il ne s’agit pas de se faire plaisir et de se défouler en sortant un fanzine-brulôt tout fumant. A se vouloir trop chaud, on finit par se griller!
Il s’agissait donc à la fois de ménager la susceptibilité des auteurs-militants et surtout ne pas heurter celle des non-usagers, soignants, intervenants en toxicomanie et institutions de lutte contre le VIH, seules prêtes à nous financer et à nous protéger, au nom de notre travail de prévention du sida. C’est en tenant compte de ces divers impératifs que nous arriverons, vers la fin août 93, à sélectionner enfin les textes qui constitueront Asud-Journal n°1. Maquetté, imprimé à 5OO exemplaires et agrafé avec les moyens du bord, il comportera divers témoignages d’UD, dont bon nombre de séropositifs ou malades du sida, un texte «historique» sur Thomas de Quincey, le premier junkie conscient de son addiction au 18e siècle, et surtout à la une, un éditorial largement inspiré du manifeste d’Asud et l’annonce de notre article-vedette: l’interview d’un médecin sur les techniques du «shoot propre».
Un véritable coup de poker qui, en détaillant l’art de diluer sa came avec telle eau, tel produit acide, dans un cuiller nettoyée de telle et telle façon, puis de la pomper dans une shooteuse propre, à travers un coton à usage unique avant de piquer la veine bien garrottée à travers la peau nettoyée à l’alcool, pouvait aussi bien nous faire tous coffrer au titre de la loi punissant « l’incitation à l’usage de drogue » que nous valoir les subsides des organisations antisida.
Subsides que nous ne pouvions d’ailleurs recevoir qu’une fois constitués en association, avec un président, un trésorier, un secrétaire, etc. Ce qui fut fait rapidement avec, pour premier président, l’ami Philippe Marchenay.

Vers la mi- septembre, tout était à peu près au point. Nous n’en menions pourtant pas large, quand nous nous sommes retrouvés Phuong, Philippe, Abdalla et moi, en robe et costards-cravates, le journal sous le bras, grelottant sous la pluie fine qui détrempait le parvis de l’AFLS (Agence française de lutte contre le sida) où Sylvie Justin allait dans un quart d’heure décider de l’avenir d’Asud, en clair, de son soutien et de son financement par l’AFLS.
De ce qui s’est dit exactement pendant la petite heure qu’a duré cette mini-réunion, je ne garde étrangement aucun souvenir, tant j’étais possédé par le trac. Je me rappelle juste qu’au sortir de l’ascenseur, nous avions tous les quatre le sourire: c’était gagné! A commencer par le financement, donc la possibilité de continuer à sortir le journal, et celle pour l’association de salarier quelques emplois CES. Le tout sanctionné par une convention entre Asud et l’AFLS.
Une convention qui mettait, il est vrai, quelques bémols à notre projet de départ. Le financement promis ne porterait pas sur le journal lui-même, mais sur les actions de prévention anti-VIH de terrain (c.à.d. dans les pharmacies, les salles, les squats, «scènes» de rue, etc.). D’où l’obligation de centrer notre sommaire sur l’aspect sanitaire, et d’en rabattre un peu sur le côté revendicatif.
Bref, nous nous retrouvions un peu le cul entre deux chaises et il n’a pas toujours été facile de nous accommoder de cette ambiguïté fondatrice .Recrudescence des engueulades et des portes claquées. D’autant qu’avec l’afflux incessant des nouveaux Asudiens, nos réunions, désormais soumises aux règles de la « démocratie associative » se devaient d’aboutir non plus à un consensus informel entre quatre ou cinq personnes, mais à des décisions votées à main levée par plus d’une dizaine de participants forts en gueule (on les comprend!) et pas toujours très portés aux compromis…

Pourtant, en dépit de toutes ces difficultés, de la prise de distance d’Abdalla, de l’élection d’un véritable bureau dont Phuong était désormais présidente, et des inévitables querelles et jalousies suscitées par l’attribution des CES (donc des salaires!), Asud a continué son chemin, et plutôt bien: interviews et prises de parole dans les media, contacts avec les principales pointures de la «réduction des risques» et sortie, en un peu plus d‘un an, de trois autres numéros du journal, chacun plus fourni et plus «professionnel» que le précédent. La moindre de nos réussites n’étant pas d’être parvenus à faire fonctionner Asud comme une assoce «normale», bien que composée quasi-exclusivement d’individus à forte personnalité, au parcours chaotique, durement marqué par les galères et la maladie, et plus portés au coup de gueule (sinon au coup de poing dans ladite gueule) qu’à la recherche souriante du consensus.

Mais la véritable consécration n’allait survenir qu’au printemps 94. Au cours d’un dîner-pizza improvisé entre Anne Coppel, Valère Rogissart, responsable à l Aides de la prévention chez les UD, Arnaud Marty-Lavauzelle, président de ladite association, Bertrand Lebeau de MDM,… et Phuong, présidente d’Asud depuis quelques mois. C’est au cours de cette soirée historique que fut conclue l’alliance formelle entre les militants anti-VIH, les professionnels de la réduction des risques, les médecins et les UD. Le nom du futur collectif, décidé à l’unanimité: «Limiter la casse». Un intitulé qui définissait sans équivoque son objectif: constituer un lobby voué à soutenir toutes les initiatives de réduction des risques.
Pour ASUD, c’était un véritable triomphe. Non seulement parce que nos objectifs et nos revendications se voyaient ainsi entérinés, mais aussi parce qu’en nous voyant invités dans ce collectif dont, fait significatif, la première action fut d’élire un bureau dont le président était Fabrice Olivet, l’un des nôtres, Asud était enfin officiellement conviée à jouer dans la cour des grands, et les usagers pris en compte comme acteurs centraux de la RdR.
NOUS EXISTIONS ENFIN POUR DE VRAI!!!

La suite, avec les bouleversements, les dissensions et la part d’embrouilles, ce n’est pas à moi qui, peu de temps après la création de LLC, ai pris quelque distance vis-à-vis d’Asud, de vous la raconter. Pas plus que de parler des 23 numéros du journal qui, à hue et à dia, se sont succédés depuis. Ni des nouveaux financements ou de la galaxie des sections Asud , ont fait de nous un mouvement d’envergure nationale, et même internationale.
Tout ce que je puis dire aujourd’hui, dix ans après le tout début d’Asud, c’est que si je suis encore là pour vous raconter ses premiers pas, c’est qu’en dépit de tous ses changements, de ses quelques échecs et de son incroyable succès, Asud n’a pas dévié d’un poil par rapport à ce qui fut notre rêve, un soir d’hiver 92.
Et, nom d’une petite shooteuse, qu’il continue à en être ainsi dans les siècles des siècles, alléluia et Bom Shankar!

L’abc des abcès

Ça nous est arrivé à tous au moins une fois dans notre carrière d’adeptes de la shooteuse : un taquet un peu raté et, le lendemain, une enflure douloureuse au point d’injection, avec la peau rouge et brûlante. Et qui enfle au fil des heures et des jours : un abcès…

Lorsqu’on évoque les risques liés à l’injection de drogue, tout le monde pense généralement sida,
hépatites, overdose, embolie, endocardite, mais les abcès…

On n’en parle pas : c’est juste moche, pénible, même pas associé à un risque vital. Tout juste si on n’en a pas honte. Pour bien des toxicos, c’est « un truc de zonard », comme d’avoir des poux ou des dents pourries : un stigmate de la pauvreté et de la négligence, un manque d’hygiène.

Beaucoup hésitent même à en parler à leur médecin traitant, de peur de se voir sucrer leur prescription : lui montrer son (ses) abcès, c’est avouer implicitement que, non seulement, on continue à shooter en « détournant » sa substitution mais, qu’en plus, on fait ça n’importe comment, comme un vrai cochon.

Alors, comme avec les avis d’huissier, on préfère laisser courir, en espérant que les choses se tasseront d’elles-mêmes. Pire, on essaie de se soigner tout seul – en le pressant pour le faire « mûrir » ou en l’incisant d’un coup de lame. Résultat des courses : dans un cas comme dans l’autre, l’affaire finit généralement au service des urgences… ou même au cimetière !

Car, même si les abcès ne sont pas directement mortels, la vogue de l’injection de cachetons en a fait, depuis quelques années, une constante quasi quotidienne de la vie de bien des usagers de drogue, surtout parmi les plus démunis. Il ne s’agit pas de petits bobos sans importance : mal ou pas du tout soignés, ils peuvent causer une gangrène, une amputation ou pire une septicémie (infection générale du sang) potentiellement mortelle.

C’est pourquoi il importe, non seulement de les prévenir, mais aussi de savoir les reconnaître et les soigner à temps…

Qu’est-ce qu’un abcès ?

Il existe deux sortes d’abcès consécutifs à une injection : les abcès d’origine infectieuse, provoqués par des bactéries qui pénètrent sous la peau, à cause de conditions d’hygiène insuffisantes.

Les abcès causés par un corps étranger – particules d’excipients insolubles, poils, fibres de coton… Les uns, généralement mous, chauds et douloureux, ont tendance à gonfler et à suppurer abondamment, tandis que les autres forment plutôt une boule dure, moins chaude, qui se transforme en kyste.

Cette distinction est loin d’être étanche : la plupart des abcès dus à un corps étranger s’infectent et se mettent à suppurer, allant jusqu’à causer une gangrène des tissus.

« Les plus durs à soigner, affirme le Dr.V, un médecin spécialisé dans le soin aux usagers de drogue, ce sont les abcès causés par toutes les saloperies qu’il y a dans les cachetons : Ils s’infectent quasiment à tous les coups et sont en plus très durs à nettoyer, du fait qu’il y a beaucoup de particules qui forment comme une constellation de mini-abcès enkystés. J’ai une patiente qui a perdu 7 centimètres de fémur, et je ne sais pas encore si on va pouvoir lui sauver la jambe..

Comment les prévenir ?

La meilleure prévention des abcès, c’est évidemment de ne pas shooter. « Mais si vous shootez, poursuit le Dr.V, l’important, c’est une hygiène rigoureuse : nettoyer ses mains, la cuillère et le point d’injection avec un tampon alcoolisé ou, au minimum, de l’eau et du savon. Et puis, bien sûr, utiliser une pompe neuve et de l’eau distillée. Toutes ces précautions ne servent plus à rien si on manipule son matos avec des doigts sales ou si on le pose sur le sol des chiottes publiques… Par ailleurs, je déconseille l’injection de médicaments à cause des particules d’excipients, même invisibles à l’œil nu. Si vous le faites quand même, filtrez la mixture très soigneusement. Attention à ne pas embarquer des fibres de coton ou de filtre à cigarettes ! »

Comment les reconnaître et que faire ?

Bloodi shoote du subu (abcès), ASUD journal n°18 (hiver 2000)L’usage massif d’agent acide (citron etc.) depuis quelques années fait qu’on s’aperçoit vite – à la douleur cuisante – qu’on a « tapé à côté » et qu’un abcès est à craindre.Dans tous les cas, celui-ci se manifeste au bout de quelques heures (un jour et demi au maximum) par une rougeur enflée, chaude et douloureuse au point d’injection. Il continue d’enfler jusqu’à atteindre parfois la taille d’une balle de ping-pong. Dans les cas extrêmes (pas soignés à temps), c’est tout le membre concerné qui peut enfler démesurément, causant des élancements insup­portables et une fièvre de cheval. A ce stade, la seule solution est le service des urgences de l’hôpital le plus proche…

Pour ne pas en arriver là, le mieux est de prévenir le risque d’abcès aussitôt après le shoot raté, en scotchant sur le point d’injection une compresse imbibée d’Hexomédine Transcutanée* qu’on changera deux fois par jour jusqu’à résorption de l’enflure. Pour un abcès déjà formé (48 h ou plus), gonflé et douloureux, d’une sale couleur rouge violacée, une seule solution : le médecin. Selon le degré d’évolution de l’abcès, il pourra soit vous prescrire un traitement à base d’antibiotiques (contre l’infection), d’applications de poches de glace et de compresses d’Hexomédine, soit inciser et drainer l’abcès – une petite opération désagréable (aaah le look et l’odeur du pus !) mais anodine et pas trop douloureuse.

Même chose en cas d’éclosion spontanée de l’abcès : nettoyez l’essentiel du pus, collez un pansement alcoolisé et allez vite faire drainer le reste !

Si vous préférez ne pas avoir recours à votre médecin traitant, vous pouvez toujours aller aux services des urgences de l’hopital (de préférence là où il y a un Ecimud).

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T4, vous avez dit T4 ?

T4 : pas besoin d’être spécialiste du SIDA pour savoir que ce nom (on dit aussi CD4) désigne les cellules de notre système immunitaire auxquelles s’attaque le virus du SIDA. Et que le nombre plus ou moins élevé de cellules présentes dans chaque mm3 du sang du malade – ou d’une personne séropositive – est un indicateur d’une importance vitale quant à l’évolution de la maladie.

Mais ce que nous savons moins, c’est la réalité concrète et les processus biologiques qui se cachent derrière ce nom technique.

Qu’est-ce qu’une cellule T4 ? Quel est son rôle dans le système immunitaire ? Que veut-on dire quand un médecin annonce à une personne séropo ou malade : “Vous avez tel ou tel taux de T4…” Qu’est-ce que ça va signifier réellement quant à l’apparition ou à l’évolution du SIDA ? Et pourquoi ? Comment le VIH s’attaque à notre organisme en agressant le système immunitaire via les T4 ? Le niveau de T4 est-il le seul baromètre de l’évolution ?

Toutes ces questions, les spécialistes y ont bien sûr répondu depuis longtemps – et bien plus pertinemment que nous. Il y ont même tant répondu que nous finissons par ne plus nous y retrouver dans l’énorme masse d’informations qui s’est accumulée depuis l’apparition du fléau.

Mais en termes clairs, concrets, à ras de la misère et de l’angoisse quotidienne des toxicos contaminés ou malades, qu’est-ce que tout cela veut dire ? Au risque de nous voir accusés par les “spécialistes” de faire de la vulgarisation à bon marché, nous avons essayé de dégager quelques éléments de réponse…

T4 et SIDA

Quand on est “séropo”, tôt ou tard arrive le moment où on se pose la question fatidique “Est-ce que je commence à développer un SIDA ? Est-ce que cette merde est déjà entrée dans sa phase active ?”

Une question bien craignos, mais qui a le mérite d’être clair. Et si la réponse est non, alors tout va bien – du moins pour le moment. Si c’est oui – eh bien ça signifie qu’on est bon pour le cimetière…

C’est du moins ce que tout le monde pense. Mais en réalité les choses ne sont pas aussi tranchées. A tel point qu’on peut être subclaquant sans pour autant, médicalement parlant, développer un SIDA.

La médecine donne en effet une définition bien précise du SIDA. Et pour elle, ce qui compte le plus, c’est de savoir dans quel état se trouve votre système immunitaire. C’est ce qui permet de donner l’indication la plus fiable sur votre véritable état de. santé et sur les traitements les plus opportuns.

Comme on le sait, le VIH s’attaque au système immunitaire, Ce qui permet à toutes sortes d’infections de se développer – et tout spécialement les infections dites “opportunistes”, c’est à dire celles qui n’auraient normalement aucune chance de s’attaquer à une personne en bonne santé. C’est pourquoi il est d’une telle importance pour les séropos de surveiller constamment l’état de leur système immunitaire,

Le système immunitaire

Au fait, qu’est-ce que c’est exactement que le système immunitaire ? En bien disons que son rôle est de protéger l’individu contre les millions et les millions de bactéries et de virus qui n’attendent que l’occasion de fondre sur son organisme et d’y prospérer – à ses dépens évidemment.

Le système immunitaire commande donc diverses sortes de cellules qu’il utilise pour détruire ces corps étrangers qui s’attaquent à l’organisme. C’est à dire qu’il sait reconnaître les cellules saines pour s’attaquer à toutes les autres – virus et compagnie…

Parmi ces cellules utilisées par le système immunitaire, il existe une variété de cellules blanches – ou leucocytes – contenues dans le sang, qui joue un rôle tout à fait central dans la défense immunitaire de l’organisme : les fameuses T4. On pourrai dire qu’elles sont un peu les “généraux” de l’armée mobilisée par le système immunitaire. Ce qui signifie que dès que les cellules T4 s’aperçoivent de la présence d’un “ennemi”, elles alertent les “troupes” immunitaires et les rangent en ordre de bataille. La T4 a également la propriété d’enregistrer les caractéristiques de l’intrus pour aider le système immunitaire à l’identifier s’il se représente. En d’autres termes, c’est elle qui fait qu’une personne est ensuite “immunisée” contre tel ou tel micro‑organisme particulier.

Ce qui fait du virus VIH un adversaire si dangereux, si vicieux, est qu’il s’attaque directement – et par surprise – au “général” de l’armée immunitaire. C’est à dire que le virus se fraie un chemin à l’intérieur même de la cellule T4 et qu’il dépose son matériel génétique au cœur de ce qui en constitue le centre nerveux. Comme s’il faisait subir une sorte de lavage de cerveau à la T4 qui se trouve alors à la merci d’un ennemi qu’elle n’est plus capable d’identifier Bref, le “général” se retrouve transformé en agent double…

Mesurer la maladie

Du fait qu’on ne sait actuellement que très peu de choses de ce fameux VIH, la médecine ne peut guère faire plus que mesurer les dégâts qu’il cause au système immunitaire. A cause du rôle central joué par les T4 dans celui-ci, c’est leur comptage qui permet aux toubibs d’évaluer l’état dudit système. Mais le dénombrement des T4 ne leur laisse en fait qu’une marge des plus approximatives d’évaluation Cela dit, en l’état actuel des connaissances, c’est encore le moyen le plus fiable de mesurer les progrès de la maladie.

Un faible nombre de T4 signifie donc que la personne est vulnérable à toutes les éventuelles infections « opportunistes ». Mais cela ne veut pas dire pour autant que ces infections vont forcément survenir. En réalité, beaucoup d’autres facteurs entrent en jeu. Tels que l’hygiène, un régime sain, un bon sommeil, un mental équilibré et des soins médico‑pharmaceutiques précoces.

Chez une personnes séropo, le nombre des T4 n’est pas constant – il est extrêmement variable. S’il dépasse 400 ou 500, c’est que tout va bien pour le moment, dès qu’il reste en dessous de ce niveau durant une période de temps significative, c’est qu’il y a un problème. A savoir que chez toute personne séropo, la baisse des T4 indique la hausse de la population de virus VIH dans l’organisme. Cependant, pas de panique. En effet, cela n’implique nullement que la personne a déclaré la maladie ou qu’elle est sur le point de l’être. En d’autres termes, le risque de choper une maladie “opportuniste” est plus grand. D’ailleurs, il peut arriver que des personnes séronégatives aient un niveau de T4 anormalement bas. Alors…

Cependant, si votre niveau de T4 chute durablement en dessous de 200, il faut prendre l’affaire au sérieux. Car il est possible que la population de virus dans l’organisme se soit accrue de façon préoccupante. Pourtant, même avec un niveau faible de T4, les gens ne développent pas pour autant les symptômes de la maladie. En effet, c’est moins au nombre des T4 dans l’organisme qu’à ses variations que les médecins attachent de l’importance. Pour eux, une baisse régulière du niveau des T4 sur une période d’un an, par exemple, est plus inquiétante qu’un niveau bas, mais stable – disons 200.

Cela dit, les maladies “opportunistes” peuvent très bien être soignées avec efficacité même si la personne à un taux de T4 bien inférieur à 200 – à condition qu’elles puissent être détectées à temps. Il existe également des médicaments qui peuvent prévenir les infections caractéristiques des systèmes immunitaires affaiblis C’est ainsi que par exemple, pour l’une d’entre elles, la (trop) fameuse pneumocystose, on aura intérêt à recourir à un traitement préventif précoce.

L’AZT

Tout le monde aujourd’hui connaît I’AZT que les médecins prescrivent de plus en plus la plupart du temps depuis quelques années. Ce médicament inhibe le développement du virus dans l’organisme. Mais ce n’est pas une panacée, loin de là, il présente même quelques sérieux inconvénients. Si, d’un côté, il vient contrer le virus, de l’autre, il bloque la production des globules sanguins rouges et blancs. De plus, ce médicament a de sévères effets secondaires et perd de son efficacité au bout d’un certain temps. Les travaux des chercheurs ont montré que I’AZT atténuait les symptômes de la maladie. A court terme, cela présente l’avantage d’aider les malades du SIDA à se sentir moins patraques. Mais à long terme, cet avantage finit par disparaître. Actuellement, il arrive qu’on le prescrive aux séropositifs dès que leur taux de T4 descend en dessous de 750. Une pratique très controversée dans les milieux médicaux. Le plus souvent, l’AZT n’est prescrit que si les T4 descendent durablement en dessous de 200.

D’autres travaux indiquent que le moment auquel on choisit de commencer le traitement à I’AZT n’a pas d’effet significatif sur l’espérance de vie du malade. C’est à dire que quelqu’un qui commence à prendre de l’AZT dès le début de la maladie (entre 500 et 750 T4) ne survivra pas forcement plus longtemps que quelqu’un qui le prend à un stade plus avancé de la maladie (en dessous de 200). Ces réserves formulées, il demeure incontestable que le traitement à l’AZT est bénéfique. Les statistiques montrent que ceux qui prennent de l’AZT survivent en moyenne 12 à 18 mois plus longtemps que les autres malades.

Cela dit, prendre ou non de l’AZT demeure une question de choix individuel à débattre entre vous et vos médecins. A vous de peser avec eux le pour et le contre – une décision difficile à prendre et pour laquelle on ne saurait en tout cas recueillir l’avis de trop de spécialistes.

D’autres indicateurs

Pour en revenir à ces foutues T4, il faut dire la vérité : c’est vrai que c’est stressant de les contrôler. C’est vraiment l’angoisse d’attendre le résultat des analyses : “Est-ce que je me maintiens toujours au-dessus de 800 oui ou non ?” – l’horreur…. D’autant que le nombre de T4 n’est pas tout. Il faut savoir qu’il peut baisser momentanément pour d’autres raisons qui n’ont rien à voir avec le VIH. Et même une fois fixés sur votre niveau de T4, les possibilités de traitement préventif précoce restent limitées – il faut le savoir…

Quoiqu’il en soit, et comme nous l’avons déjà dit, le niveau de T4 n’est pas tout. Bien d’autres facteurs entrent en jeu. Certains spécialistes pensent même que l’utilité de la numération des T4 n’est que relative et soulignent que, étant donné l’importance du facteur stress dans le déclenchement et l’évolution de la maladie, il peut être dangereux pour le patient de se prendre la tête et de se faire une obsession de tel ou tel niveau de T4 mesuré à tel ou tel moment particulier. Dans la mesure où ce niveau peut varier même dans l’espace de 24h…

Ce qui veut dire, en clair, que le niveau des T4 ne constitue pas le baromètre absolu de l’immunité… Et que, quelque soit celui-ci, ce qui compte d’abord pour le séropo, c’est de préserver le plus possible son immunité naturelle. C’est à dire la résistance de l’organisme à l’infection. Car chaque nouvelle infection est une agression contre le système immunitaire. C’est pourquoi, quand on est séropo, loin de baisser les bras, il convient d’être particulièrement vigilant. Attention à l’hépatite. A la tuberculose. Aux maladies vénériennes – à toutes les saloperies en somme qu’on peut attraper en shootant, en faisant l’amour… ou juste en prenant froid. Sans parler évidemment de la sur-contamination au VIH, qui est spécialement dangereuse. Car il existe plusieurs variétés du virus. Ce qui fait que chaque nouvelle infection est un coup supplémentaire porté à vos défenses naturelles. Il faut donc être particulièrement attentif à toutes les questions d’hygiène afin de permettre à votre organisme de mobiliser toutes ses ressources pour se défendre contre le virus.

Et on ne rappellera jamais assez les deux règles simples en matière d’immunité naturelle : une alimentation saine et un sommeil régulier. Cela vaut toutes les vitamines du monde…

Numération des T4

Afin d’évaluer le niveau d’immunité d’un patient donné, le test consiste à compter le nombre de cellules T4 présentes par millimètre cube de son sang. C’est ce nombre qu’on nomme le niveau de T4. C’est ainsi qu’un niveau de T4 de 800 signifie qu’on a dénombré la présence de 800 cellules T4 par mm3 de sang.

Chez un individu en bonne santé, le niveau de T4 oscille entre 500 et 1500. Ce niveau n’est pas forcément constant, il peut être soumis à des fluctuations tout à fait normales. On peut dire que tant que le niveau de T4 reste au-dessus de 4 ou 500, le système immunitaire de la personne est en bon état. Ce qui signifie que son organisme est suffisamment résistant pour combattre d’éventuelles infections opportunistes.

Le virus en action

Nous ne connaissons tous que trop pour l’avoir vu à la télé et dans la presse, l’apparence du virus au microscope : un petit globe, d’un diamètre d’un dix millième de millimètre hérissé de petites pointes. Ce que nous connaissons moins bien, en revanche, c’est la relation entre cette forme et la façon dont le VIH agresse nos cellules. Les petites pointes qui lui donnent vaguement l’aspect d’une châtaigne sont en effet, concrètement les clés qui lui servent à s’introduire dans le système immunitaire. Car elles correspondent exactement – comme une clé à une serrure – aux récepteurs qui se trouvent à la surface des cellules T4. Une fois solidement imbriqué et accroché à la cellule, le virus fore un minuscule trou dans la membrane de celle-ci. C’est en passant par ce trou que le contenu du virus s’insinue à l’intérieur de la cellule. Et le virus, ainsi “camouflé” dans la “peau” de la cellule peut ensuite s’infiltrer dans le matériel génétique de notre corps, où le système immunitaire se trouve de ce fait incapable de le reconnaître et de l’éliminer.

C’est ainsi que le VIH transforme la cellule en une sorte de “photocopieuse” à virus, de machine à reproduction qui se sert de la cellule pour la forcer à fabriquer de nouveaux exemplaires de lui-même jusqu’au moment où la cellule, explosant littéralement, libère un véritable essaim de VIH prêts à se mettre en quête de nouvelles cellules à investir pour s’y reproduire. Le VIH dispose également d’une autre tactique. Il peut en effet, pousser une cellule T4 contaminée (“investie”, “possédée” par le virus) à s’amalgamer à d’autres T4 encore saines – ce qui lui permet d’éliminer d’un seul coup de nombreuses cellules T4.

William Burroughs

William Burroughs est né en 1914 à St Louis (Missouri) au sein d’une respectable dynastie bourgeoise. Après une jeunesse sans histoires et des études à l’université de Yale, son existence bifurque brusquement lorsqu’il se rend à New York pour s’y lancer dans une vie d’aventures et, entre autres, vivre son homosexualité en liberté.

Successivement gardien de nuit, détective privé, exterminateur de parasites puis voleur professionnel, il rencontre la came au début des années 40. Un véritable coup de foudre qui durera plus d’une vingtaine d’années et, en même temps qu’il déterminera sa vocation littéraire en lui fournissant la matière première de ses livres (il publie “Junkie” dès 1953), le lancera dans une carrière de bourlingueur de l’Afrique à l’Amérique du Sud en passant par la France, infatigable explorateur de toutes les marginalités et expérimentateur de toutes les transes et de toutes les extases. Une trajectoire qui fera tout naturellement de lui une des têtes de file de la fameuse “beat generation” avec ses amis Ginsberg,

Kerouac, Corso et cie… Mais une trajectoire aussi qui le mènera bien au-delà de l’épopée de ces grands ancêtres de nos “babs” des années 60-70. Car, au delà des modes, des attitudes, des multiples expériences de drogue et du radicalisme politique, Burroughs est et reste, à près de 80 ans, un révolutionnaire de l’écriture avant toute chose. Les techniques de cut-up (version littéraire du collage pictural ou du sampling musical), d’écriture automatique et de pastiche, le mélange d’ironie glaciale et de délire hallucinatoire, la violence prophétique et la richesse poétique qu’il a mises toutes ensemble au service d’une conception visionnaire d’un monde façonné par un verbe libéré des conventions narratives, miroir subversif d’une réalité altérée par les drogues, font de lui un des plus grands écrivains américains de ce siècle.

Si, de “Junkie” aux “Cités de la Nuit écarlate”, il est l’auteur de près d’une vingtaine d’ouvrages (la plupart disponibles aux éditions Christian Bourgois et dans la collection 10/18), beaucoup de ses admirateurs s’accordent à voir dans le “Festin Nu” (aux éditions Gallimard) la pièce maîtresse de son œuvre. En voici deux courts extraits…

“…je saisis l’aiguille et, en même temps, je pose instinctivement la main gauche sur le garrot. Je reconnais à ce signe que je vais pouvoir piquer dans la seule veine encore utilisable de mon bras gauche (le processus du garrotage est tel qu’on se lie habituellement le bras avec lequel on a appris le garrot). L’aiguille s’enfonce comme dans du beurre le long d’un cal. Je fouille ma chair de la pointe. Une fine colonne de sang jaillit soudain dans la seringue, aussi nette et solide qu’un toron de câble rouge. Le corps sait parfaitement quelles veines on peut piquer et il transmet cette intelligence aux mouvements instinctifs que l’on fait pour préparer la piqûre… Parfois, l’aiguille pointe aussi droit qu’une baguette de sourcier. D’autres fois, il faut attendre le signal – mais quand il arrive le sang jaillit toujours.

“…Une orchidée rouge s’épanouit au fond du compte-gouttes. Durant une longue seconde il hésita, puis il pressa le caoutchouc et regarda le liquide disparaître d’un trait dans la veine, comme aspiré par la soif silencieuse de son sang. Il restait une mince pellicule de sang irisé dans le compte-gouttes et la collerette de papier blanc était souillée comme un pansement. Il se pencha, emplit le compte-gouttes d’eau et, au moment où il le vidait à terre, l’impact de la came le frappa à l’estomac, un coup étouffé, onctueux…

“…Le vieux camé a trouvé la veine… Le sang s’épanouit dans le compte-gouttes comme une fleur chinoise… L’héroïne court en lui et soudain l’enfant qui jouissait au creux de sa main il y a un demi-siècle resplendit, immaculé, à travers la chair délabrée, embaumant la cabane d’un parfum sucré de noisettes, l’odeur des adolescents en rut…”

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