Héroïne en Seine Saint Denis : halte à la désinformation !

Communiqué de presse Asud

Depuis samedi, une « héroïne mortelle circule en Seine saint denis » : c’est la conclusion de la préfecture de la Seine Saint Denis après qu’un individu ait été interpellé avec de l’héroïne « fortement dosée » à Stains (93).
Si nous, association d’usagers de drogues sommes très concernés par ces alertes pour diffuser l’information aux usagers et réduire les risques d’overdose, cette annonce nous semble inefficace voire contre-productive dans la lutte contre les overdoses.

Premièrement, parler de produit « mortel » n’a pas de réelle signification. La question de la toxicité d’un produit est en effet un sujet complexe et sérieux qui doit être traité comme tel dans les communications écrites sous peine de servir la désinformation. Depuis le 15°siècle et notre ami Paracelse, nous savons que « tout est poison, rien est poison, la dose fait le poison ». De plus, nous savons aussi que d’autre paramètres (tolérance et mode de consommation principalement) doivent être pris en compte afin de se prononcer sur la toxicité d’un produit.

Ensuite, la préfecture de Seine Saint-Denis nous informe d’une héroïne dangereuse sans nous donner la possibilité de savoir quelle est sa couleur et sa texture, car toutes les héroïnes ne se ressemblent pas. Est-elle est blanche, marron, grise, beige, jaune ? Est-elle en caillou, en poudre, granuleuse …? Ce savoir est pourtant indispensable pour une alerte efficace et ciblée.

Quel est donc le but de ce genre de communication? « Se donner bonne conscience? », « Faire peur ? » Ne serait on pas ici très loin de la santé des usagers, seul sujet qui devrait faire l’objet des préoccupations de ces communications ? On peut se le demander…
C’est cette mauvaise information qui fait perdre tout crédit aux alertes et qui rend plus délicat l’intervention des dispositifs de première ligne comme lors de la dernière vague d’overdose en Ile de France en janvier dernier.

Quand les pouvoirs publics annoncent une héroïne « très pure » ou « coupée à des produits dangereux », qu’ils nous donnent également sa provenance, sa couleur, sa texture, la nature de ses produits de coupe et qu’ils informent sur les mesures à prendre pour réduire les risques : par exemple, que l’on sniff, fume ou injecte l’héroïne, il faut toujours la tester en sniffant une petite dose. Ces évènements doivent également faire l’objet d’information autour des dispositifs de Réduction des Risques mis à disposition des usagers (associations, dispositifs d’analyse de drogues pratiquée par Médecins du Monde à Paris, etc.).
Pour une prévention des overdoses efficace, les messages simplistes basés sur la peur sont contre-productifs et doivent laisser place à une information la plus complète et objective possible.

 

Commentaires (1)

  • d’autres conséquences

    Concernant la répression de proximité :  » Parfois, ces opérations, en déstabilisant les réseaux, ont des conséquences inattendues et dramatiques. En janvier, une tête de réseau ayant été démantelée au Clos Saint-Lazare à Stains, les clients toxicomanes s’étaient rabattus sur la cité voisine des Poètes. Peu habitués à cet afflux, les trafiquants locaux avaient mélangé l’héroïne, provoquant 53 overdoses. « Isabelle Mandraud, dans Le Monde du 15.09.09

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