Ne fermons pas les yeux, jouons !

Communiqué de presse Asud / Anitea

La ministre de la Santé, Madame Roselyne BACHELOT a lancé en début de semaine une nouvelle campagne qui se veut informative sur les dangers des addictions. Sur le thème de « Ne fermons pas les yeux », elle décline sous un habillage moderne et plutôt réussi des idées toujours aussi anciennes et confuses sur la dangerosité des drogues, même si c’est à la Science qu’il est cette fois demandé d’en être garant. Sans revenir sur la relative inutilité de ce type de communication, on ne peut que s’amuser ou s’inquiéter des discordances de communication sur ces questions pourtant essentielles de santé publique.
Le lendemain, en ouverture de la conférence de presse qu’il tenait dans les locaux de l’hôpital Marmottan pour y exposer les bases du projet de loi sur l’ouverture à la concurrence et à la régulation des jeux d’argent et de hasard en ligne, Eric Woerth, ministre du budget, déclarait que pour les addictions,  la prohibition, cela ne marche pas, il faut réguler.

Alors qui croire ? Ceux qui persistent à nous dire que seul le produit fait le danger ? Ceux qui feront peut-être du jeu un commerce non équitable mais un risque partagé ?
Si la campagne d’information ne mérite pas d’autres commentaires, le projet de loi est lui intéressant, par le débat qu’il permet d’ouvrir. Prenant acte qu’il est vain de lutter contre un comportement qui se banalise (25 000 sites de jeux illicites seraient recensés), il veut poser les bases d’une politique de régulation, articulant les limites de la loi, l’accompagnement éducatif et préventif, l’aide thérapeutique.

Pour les différents acteurs du secteur de l’addictologie que nous sommes, assister en directe au montage d’un tel cadre est intéressant. Dans un contexte d’hyper – modernité dont nous avons pu souvent souligner le potentiel addictogène, le fragile équilibre entre les différents axes de cette loi devra être défendu. Mais ce plaidoyer politique pour la régulation est intéressant. Il survient alors que des responsables de premier plan, sur la scène internationale, soulignent l’échec des politiques de prohibition et autres différentes guerres à la drogue.

Reste une question, bien délicate, si l’on veut réguler, si l’on veut modérer, c’est à l’homme qu’il faut revenir, à l’homme et à ses compétences. C’est donc à une éducation qui respecte le plaisir, le besoin de satisfaction mais accompagne la construction de la mesure et des limites que l’hyper – consumérisme ont mis à mal, qu’il faut travailler. Cela aiderait à sortir du morcellement des discours que cache de plus en plus mal le terme d’addiction ! Mais qui nous en donnera les moyens ?

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