Merci au Conseil d’Etat pour son travail de clarification : pour réduire les risques liés à l’usage de drogue, il faut donc changer la loi !

Communiqué de presse ASUD

Mercredi 9 octobre 2013, le Conseil d’Etat a rendu un avis négatif  sur l’ouverture d’une salle de consommation à moindres risques, prévue à Paris dans quelques semaines. Cette décision rompt avec plus de 25 années d’ambigüités, voire d’hypocrisie, à propos de la contradiction initiale entre le cadre législatif français et la politique de réduction des risques liés à l’usage des drogues.

Depuis 1987, date du « décret  Barzach » qui mit fin à l’interdiction de vendre des seringues aux toxicomanes en pleine épidémie de sida, nos dirigeants ont opté pour une stratégie simple : pas de vagues ! Éviter tout débat qui révèle à l’opinion publique l’écart  fondamental entre la loi du 31 décembre 1970 et toutes les avancées obtenues depuis 25 ans en matière de prise en charge des addictions. La fourniture de matériel d’injection stérile en pharmacie, les mises sur le marché successives de la méthadone puis de la buprénorphine (Subutex®) en 1996, le financement d’association d’usagers comme ASUD, la production de flyers, magasines, documents web sur les techniques d’usage de drogues à  moindres risques, sont autant d’initiatives qui contredisent l’esprit voire la lettre de notre cadre légal.

En indiquant qu’il faut « inscrire dans la loi le principe de ce dispositif pour plus de garantie juridique», le Conseil d’État vient de siffler la fin d’un jeu de masques qui nuit à la cohérence de nos actions en matière de stupéfiantsASUD, l’association des drogués, est agréée officiellement comme association de patients par le ministère de la Santé, mais le nombre d’usagers arrêtés pour infraction à la législation sur les stupéfiants n’a jamais été aussi élevé. Nous comprenons le désarroi de l’opinion qui s’interroge sur les finalités de notre politique des drogues, s’agit-il de punir ou de soigner ?

ASUD dénonce ces incohérences et constate les limites d’une stratégie qui va inévitablement apparaître à l’étranger comme un signe d’amateurisme. Après la tourmente du Mariage pour Tous et la polémique sur les Romms, ASUD sollicite l’attention du  gouvernement sur ce sujet sensible. Une opportunité s’ouvre pour offrir enfin à nos concitoyens un véritable débat sur les finalités d’une politique de drogues digne de ce nom, inscrite dans le sillage des recommandations de la Commission Mondiale sur les politiques de drogues animée –entre autres- par  Koffi Annam, et regardée par tous les experts comme la voix de l’avenir.

Contact Presse

 

Commentaires (3)

  • Je trouve que la France est de + en + en décalage avec les réalités de terrain. La répression en ce qui concerne la consommation de drogues n’a jamais porté de fruits, quoiqu’en disent les politiques. Malheureusement ils sont tellement soucieux de leur réélection que l’opinion publique oriente leurs éventuelles décisions.
    Français, je vis en Belgique depuis qque temps déjà et je dois dire que leur approche est beaucoup plus pragmatique…et sensée à la fois. La RDR est considérée comme un soin et non vue comme une incitation à consommer. De plus tout en s’adressant à l’Individu elle entre dans le cadre de la Santé publique.
    La France « donneur de leçon » devrait s’inspirer de la Belgique ;-))

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

© 2020 A.S.U.D. Tous droits réservés.

Inscrivez-vous à notre newsletter