Éditorial N°1

Pour son premier numéro, le journal ASUD vous offre un scoop : une information exclusive ! Cette information, c’est notre existence elle-même, la naissance ,du groupe ASUD et la parution de son journal. Des usagers des drogues qui s’organisent pour prendre – ou plutôt pour reprendre – la parole : voila en effet du jamais vu en France!

Nous les usagers des drogues, sommes maintenant présents, et plutôt deux fois qu’une, à la tribune du débat national et européen sur ce qu’« ils » appellent la « toxicomanie ». Tout comme nous entendons prendre place au premier rang du combat pour la prévention du SIDA.

Quant à ce journal lui-même, chacune de ses pages, chacune de ses lignes est la pour témoigner, pour se faire l’écho de nos premiers pas d’usagers-citoyens responsables « à part entière ».

Dans la foulée, nous voulons aussi promouvoir un projet qui nous tient tout autant à cœur, celui d’un « café contact », lieu de prévention et de sociabilité, d’échange de seringues géré et animé par les usagers des drogues pour les usagers des drogues, le lieu en fait de toutes les solidarités à venir… Le projet est actuellement en négociation avec les Pouvoirs Publics : leur soutien moral et matériel nous est indispensable pour mettre en place l’ensemble des projets ASUD.

Ce serait là une manière exemplaire de donner la preuve d’une réelle volonté politique de partenariat avec les usagers des drogues.

Depuis des années en effet, des comptoirs de bistrot aux couloirs de ministère nous n’avons que trop entendu l’éternel discours sur le « comportement suicidaire » et « l’irresponsabilité indécrottable du toxico ».

Or ce discours, voilà qu’aujourd’hui, voilà qu’ici même, à travers ces pages, nous faisons entendre notre voix pour le démentir.

Et pour affirmer notre volonté de nous faire les artisans de notre propre destin. A notre façon, pour peu seulement qu’on nous laisse disposer des outils dont nous avons besoin pour atteindre nos objectifs.

Nos objectifs, cela veut dire en priorité : d’une part la prévention des risques sanitaires qui nous menacent (à commencer par le SIDA, cette maladie mortelle qui décime nos rangs à la vitesse grand V) et d’autre part, le respect des Droits de l’Homme … qu’il soit ou non usager des drogues.

Certes des efforts sont faits ici ou là dans cette double direction. Mais l’urgence de la situation nécessite à l’évidence qu’on veuille bien penser de nouvelles forme de fraternité et de solidarité active.

Et que l’on veuille bien, que l’on puisse, en parler sans tabou ni censure. Or, qui mieux que les usagers des drogues est habilité à le faire de façon crédible pour leurs pairs ?

La sauvegarde de notre santé, le respect des Droits de l’Homme : voilà ce qui nous guide. Que ce journal soit comme un pavé lancé dans la mare des préjugés et des indifférences, dessinant des cercles de plus en plus larges se propageant d’onde en onde, à l’infini jusqu’à l’horizon.

Celui d’une humanité souveraine, responsable, enfin rendue à la liberté de ses choix de vie – à la liberté d’être soi-même.

Nous croyons que cela est possible. Si vous le croyez vous aussi, usagers ou non usagers, écrivez-nous, contactez-nous. Ce journal est ouvert à tous, c’est une tribune libre, un lieu d’échange et de confrontation des idées et des expériences dans l’intérêt de tous.

C’est un journal de dialogue…

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