Mensonges et flous statistiques.

Ce que disent les statistiques officielles… ou la présentation tendancieuse de la Sécurité routière.

En France, la Sécurité routière a pris l’habitude, concernant les stupéfiants, de citer le chiffre de 23%, qui représenterait le pourcentage des tués sur la route où les stupéfiants seraient impliqués. Et les médias de reprendre ce chiffre bêtement, sans aucune explication ou analyse, laissant entendre que les stupéfiants auraient tué 790 personnes en 2015.

Une lecture attentive de ces statistiques permet pourtant de tempérer ce chiffre sérieusement : en 2015, il y a eu 3 461 tués dans la métropole, dont 501 dans un accident où l’un des conducteurs a été testé positif aux stupéfiants. Faites le calcul, et vous constaterez que 501 équivaut à 14,5 % de 3 461, et non à 23 %. Les 23 % et 790 tués sont donc des extrapolations, basées sur le fait que les conducteurs impliqués dans un accident mortel n’ont pas tous été dépistés. Or, qu’un conducteur soit dépisté positif ne signifie nullement qu’il conduisait sous influence d’une drogue, et n’indique pas non plus qu’il soit responsable de cet accident. Ce qu’on constate, toujours selon les statistiques officielles, c’est que 6,9 % des accidents mortels auraient pour cause principale la prise de stupéfiant. 23 % et 6,9 %, c’est pas vraiment la même chose. De plus, 42 % des conducteurs positifs aux stups le sont également à l’alcool. En cas d’accident mortel, à qui va-t-on attribuer la responsabilité de l’accident ? À l’alcool ou aux drogues ?

Et ce n’est qu’un un exemple parmi bien d’autres. L’objectif étant de marquer les esprits et justifier ainsi une politique toujours plus répressive, et surtout totalement arbitraire, la Sécurité routière a une façon tendancieuse d’analyser et de présenter ses statistiques. Ce n’est pas la première fois que son objectivité est mise en cause. Le 8 février 2014, Pierre Chasseray, porte-parole de l’association 40 millions d’automobilistes affirmait que la Sécurité routière « falsifie les résultats pour faire croire que la mortalité routière est mauvaise et justifier la répression ». Selon la Société française de statistique, « la communication publique sur la sécurité routière est exagérément simplificatrice »
et le fichier national des accidents n’est pas adapté pour déterminer la responsabilité des conducteurs dans les accidents.                                                                                                          La sécurité routière ne serait-elle qu’un alibi pour réprimer plus durement l’usage ?

En 2015, 59 % des 118 476 conducteurs dépistés étaient positifs,soit 70 011 personnes, pour 20 900 condamnations seulement. Pourquoi un tel écart entre positifs et condamnés ? Faux positifs ? Taux inférieur au seuil de 1 ng ? 4 800 peines de prison, dont 987 fermes, ont été prononcées pour conduite après usage.

En dépit du principe de tolérance zéro, il existerait des seuils sous lesquels on échapperait aux poursuites. Difficile de dire ce qu’ils valent puisque la loi stipule sans ambiguïté que, peu importe le taux, l’infraction est établie dès que la plus petite trace est détectée.                                                    Dans ce cas, pourquoi fixer des taux ?                                                                                                    À quoi servent-ils ?                                                                                                                                  À quel niveau de consommation correspondent-ils ? Comment savoir si on est détectable ou pas ? Combien de temps doit-on s’abstenir de consommer pour ne plus être considéré positif ?

Comme vous pouvez le constater, la loi ne fait aucune différence entre analyse sanguine et salivaire. Les études scientifiques démontrent pourtant sans aucune ambiguïté que les taux de drogues varient considérablement selon les milieux dans lesquels ils ont été prélevés. Pour les amphétamines, le taux relevé dans la salive est par exemple jusqu’à 10 fois supérieur à celui relevé dans le sang. Une différence qui – en cas de faible positivité – peut vous valoir d’être condamné ou pas selon que vous ayez choisi l’analyse salivaire ou pas. En Belgique et concernant le THC, le seuil légal pour la salive est de 10 ng/ml contre 1 ng/ml pour le sang. Si on appliquait le même ratio en
France, le seuil pour la salive devrait être de 5 ng/ml et non de 0,5 ng. Que les taux « tolérés » diffèrent selon les drogues ne signifie pas qu’une drogue serait « favorisée » par rapport à une autre. Pour vous donner juste une idée, sachez qu’une demi-heure après un simple joint de cannabis à 3,5 % de THC, vous aurez autour de 160 ng/ml dans votre sang, qui passeront à 20 ng/ml une heure après, puis descendront sous la barre des 5 ng/ml quelques heures plus tard. Mais le temps
d’élimination peut être beaucoup plus long et variable, selon votre mode de consommation et votre propre métabolisme. Un fumeur régulier peut encore être à plus de 1 ng après 7 jours d’abstinence, bien que ce taux tombe généralement sous un nanogramme au bout de 24 heures. Avec 200 mg de morphine, vous serez à 66 ng/ml de morphine dans le sang, et pour un sniff de 6 mg d’héroïne, vous serez à 151 ng de 6-MAM (un métabolite de l’héroïne se dégradant rapidement en morphine)
et 44 ng de morphine. Avec 100 mg de méthadone, vous serez à 850 ng quatre heures plus tard, à 500 ng vingt-quatre heures après.

Durée de détection des drogues :

•• THC (usage occasionnel) : 24 heures,
voire plus ;
•• THC (usage habituel) : 4 jours et plus ;
•• Cocaïne : 48 heures ;
•• Opiacés (morphine, héroïne,
codéine) : 48 heures ;
•• Méthamphétamines (dont MDMA) :
jusqu’à 4 jours ;
•• Amphétamines : jusqu’à 4 jours.
(Attention : en l’absence de données
officielles fiables, ces chiffres sont des
estimations et les respecter ne vous
garantit pas à 100 % d’échapper à une
positivité.)
Seuils de « tolérance » :
•• THC : 1 ng/ml de salive ou 0,5 ng/ml
de sang ;
•• Cocaïne : 10 ng/ml ;
•• Opiacé : 10 ng/ml ;
•• Amphétamine : 10 ng/ml ;
•• Méthamphétamine : 10 ng/ml.

Dossier réalisé par JI.AIR

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