SIDA 2018 : Dénoncez la tenue de la conférence internationale dans un pays qui refuse les personnes concernées ?

INPUD, l’association internationale des usagers de drogues, s’inquiète que la conférence internationale sur le sida de 2018 n’ait encore lieu aux Etats-Unis, un pays dans lequel il est difficile voire impossible d’entrer pour les usagers de drogues et les travailleurs du sexe.

INPUD est à la recherche de soutien associatif pour cette lettre, mais accepte également les mentions individuelles. Si vous souhaitez soutneir le courrier ci-dessous, envoyez votre nom, celui de votre association et votre fonction à: eliotalbers@inpud.net (cc. communications@nswp.orginfo@inpud.netavant le lundi 26 mai 2014 09:00 UTC.

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Le courrier

Prof. Françoise Barré-Sinoussi, IAS President
Dr. Chris Beyrer, IAS President-Elect & International Chair of Conference Coordinating Committee
Mr. Bernard Kadasia, IAS Acting Executive Director
International AIDS Society Governing Council and Secretariat
International AIDS Society HQ
Avenue de France 23
CH-1202 Geneva
Switzerland

26 mai 2014

Madame, Monsieur,

Nous vous écrivons en tant que réseaux mondiaux représentant les usagers de drogues et les travailleuses du sexe (hommes, femmes et trans), ainsi que nos soutiens et alliés, afin d’exprimer notre grande consternation que San Francisco soit parmi les villes citées dans la liste de celles censées accueillir la Conférence internationale sur le sida de 2018.

Comme vous en êtes sans doute plus que conscient, pour qu’une ville se qualifie comme hôte pour une conférence internationale sur le sida, elle doit être dans un pays qui n’a pas de barrières légales à l’entrée, au séjour ou à la résidence des personnes vivant avec le VIH. Bien que les États-Unis répondent en effet aux critères vitaux d’admissibilité, ayant en 2009 renversé les obstacles juridiques existant antérieurement, nous estimons que la tenue de la conférence aux États-Unis serait une flagrante mauvaise décision.

Les travailleuses du sexe et les usagers de drogues, deux des populations clés les plus touchées par l’épidémie de VIH font face à des obstacles juridiques, rigoureusement appliqués et considérables, pour entrer aux États- Unis. En outre, tandis que les États-Unis ont fait d’énormes contributions à la lutte contre l’épidémie, ils ont encore en place une interdiction fédérale sur l’achat de fournitures pour les programmes d’échange de seringues, à l’échelle nationale et dans ses programmes à l’étranger, et exige que les bénéficiaires de fonds fédéraux signent le fameux « pacte anti -prostitution». Ces deux textes de loi posent de graves obstacles structurels à l’élaboration de programmes efficaces de prévention du VIH parmi les travailleuses du sexe et les usagers de drogues injectables.

Nous sommes franchement abasourdis, et nous ne pensons pas qu’il soit exagéré de dire, insultés, quand peu de temps après la conférence de Washington IAC 2012, dont le slogan « Pas de travailleuses du sexe, pas d’usagers de drogues, pas d’IAC  » a été largement entendu comme le résultat de l’exclusion systémique des membres internationaux de ces communautés de prendre part à la conférence, pour que le retour des États-Unis soit encore envisagé.

Les leçons de la conférence de Washington n’ont manifestement pas été tirées et les préoccupations exprimées par les membres de la communauté des usagers de drogue et des travailleuses du sexe ont été ignorées. Si la conférence 2018 se déroule à San Francisco, nous verrons à nouveau une conférence dont les voix de deux des communautés les plus durement touchées par l’épidémie faire défaut. Ceci défie, et moque l’engagement souvent exprimé d’assurer l’intégration et la participation significative de toutes les principales populations affectées. Une telle décision enverrait le signal qu’en dépit de la preuve épidémiologique que les environnements juridiques répressifs, la criminalisation, la stigmatisation et d’autres facteurs structurels font en sorte que les travailleuses du sexe et les usagers de drogues, en particulier les usagers de drogues injectables, sont massivement touchés de manière disproportionnée par l’épidémie ; que nos voix n’ont pas d’importance et qu’elles ne sont pas voulues dans cette plate-forme internationale prééminente pour l’échange des opinions, et pour fournir un leadership dans la lutte contre l’épidémie.

À la lumière de ces faits, nous vous supplions de ne pas, une fois de plus, discréditer la Conférence internationale sur le sida en la tenant dans un pays où les membres de deux des principales populations touchées seront incapables de gagner l’entrée en toute sécurité. Nous vous exhortons à prouver votre engagement concret pour le thème de la conférence de cette année « Plus personne laissé derrière », et de tenir la conférence 2018 dans un pays qui ne place pas d’obstacles systémiques à la participation significative des membres de toutes les communautés touchées.

En conclusion, nous vous demandons de vous engager à ne pas tenir la conférence internationale aux États-Unis jusqu’à ce qu’ils aient abrogé les barrières restrictives sur le droit d’entrer, de rester et de séjourner pour les personnes qui utilisent des drogues et les travailleuses du sexe, et jusqu’à ce que soit abrogé l’interdiction fédérale sur les programmes d’échange de seringues et que le « pacte anti-prostitution » soit retiré de ses conditions de financement.

Levez-vous en solidarité avec les travailleuses du sexe et les personnes qui utilisent des drogues et dites non à San Francisco en 2018.

Cordialement,

Dr Eliot Ross Albers, Phd
Executive Director
International Network of People who Use Drugs (INPUD)

Ruth Morgan Thomas
Global Coordinator
The Global Network of Sex Work Projects (NSWP)

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