The Ramones – Too much junkie business

Too Young Too Fast, les Ramones auront été le premier groupe punk US signé par une major à l’été 1975, quelques jours avant Patti Smith. Au milieu de la flopée de combos arty punk new-yorkais, les Ramones détonent. Pire, ils semblent suspects : trop purs pour être honnêtes et pourtant… Ces Hillbilly Cats urbains jouent un rock’n’roll résolument, furieusement, blanc. White Trash. No Beatnik Black. No Soul, No Rhythm & Blues.

Début des seventies, au cœur du New York de Taxi Driver et de Maniac : quatre merdeux, enfants du baby boom de l’après-guerre, bourrés de speed et d’héro (celle de la French Connection) glandent dans le Queens du côté de Forest Hills, une aire bétonnée suintant d’ennui, conquise par la dope, le speed et l’acide. Ils ont 22 ou 23 ans et, nés avec ou non, ils ont maintenant la Haine chevillée au corps. Loosers parmi les loosers, drop-out, ces authentikkk voyous jouent au Ringolevio version Orange Mécanique sous quaaludes. Braquages, agressions, bastons, prostitution constituent leur quotidien. Finalement, en dehors de la dope, le rock’n’roll est la seule chose qui les accrochent.

Les Ramones, Toronto, 1976
Les Ramones, Toronto, 1976

Frères de rue, frères de rock, ils sont tous des Ramones, même si entre eux les coups pleuvent : Dee Dee, qui carbure à l’héro depuis qu’il a 15 ans tient la basse, Joey est au chant (et à la batterie), Johnny à la guitare et Tommy, ex-manager, assure rapidement la succession de Joey aux drums. Jeans, perfectos, coupe au bol, baskets. Voilà pour l’uniforme. Et en vingt ans d’existence, ils n’en changeront plus.

Au moment où les Led Zeppelin, Clapton, Deep Purple et autres se perdent en virtuosité, les Ramones portent l’estocade. Le Pub rock est enfoncé. Bye bye les Flamin’ Groovies ! Coup de grâce. De génie. Avec les Ramones, le rock ne retourne pas simplement à la rue, il retourne au caniveau. L’innocence rock’n’roll parfaite revisited seventies. Traqueurs de mirages en pleine Blitzkrieg Bop, ils balancent leurs morceaux minimalistes ultra speed. Lyrics idoines, acidulés et pervers, du Leiber/Stoller amphétaminé. Le turn-over des musiciens n’altère ni l’identité ni la musique du groupe. Posées une fois pour toutes en 1975, ces bases sont immuables.

Ramones - Hey ho let's goPunks rockers, chassant le dragon rock’n’roll, animal légendaire qui a toutes les chances de n’être qu’un fantasme insaisissable, mais qui les obsède, ils inciteront Spector, aux neurones déjà bien grillés, à sortir de sa torpeur psychotique le temps d’un album arraché au chaos. Après avoir offert Because The Night à Patti Smith, l’outsider qu’est Bruce Springsteen avant 1980 leur composera un Hungry Heart sur mesure et il faudra l’intervention de son très avisé manager, Jon Landau, pour que le futur Boss se résolve à garder cette pépite pour lui : grand bien lui en fera puisque ce sera là son premier hit single !

En Europe, notamment en Angleterre et en France, les Ramones sont adulés. Ils joueront avec les Sex Pistols, sillonneront pendant deux décennies le vieux continent, suivis par leurs légions indéfectibles de fans purs et durs. De la vague punk hardcore californienne aux grunge nineties qu’ils adouberont, les Ramones auront exercé pendant vingt-cinq ans une influence majeure sur toute l’avant-garde underground punk !

Une tournée d’adieu, peu avant le nouveau millénaire, scelle la fin des Ramones. L’épilogue est déprimant à souhait, crucifiant, en forme de réaction en chaîne maudite : en moins de trois ans, les trois ex-teenages losers de Forrest Hill passent de vie à trépas. Et comme pour boucler la boucle, Joey viendra enregistrer avant de mourir un titre en duo avec Lisa Marie Presley. Preuve que le King lives ! TCB !

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