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Le laudanum

Laudanum, appelé aussi teinture d’opium safranée, existe dans notre pharmacopée depuis le 17e siècle. Il est officiellement présenté comme un “breuvage calmant opiacé ”, donc n’importe quel médecin peut tout à fait le prescrire

Équivalence

Le dosage est précis et facile s’adapte tout à fait à une posologie dégressive. Il contient 10% d’opium à 10% de morphine. Donc 100g de Laudanum contiennent 1 g de morphine. 43 gouttes de laudanum pèsent 1 gramme. Le calcul est simple. Donc 40 gouttes contiennent 10 mg de morphine. 400 gouttes conteinnent l’équivalent d’un Skénan 100mg.
10 mg de morphine correspondent environ à 1 gramme de Laudanum. Donc il est donc assez facile de trouver le dosage équivalent. La durée d’action du Laudanum (8h) est plus courte généralement que celle du Moscontin ou du Skenan (12h). L’opium étant une somme de 40 alcaloïdes qui agissent en synergie, les réactions individuelles peuvent varier quelques tâtonnements peut s’avérer judicieux pour déterminer le dosage optimum.
Concernant la méthadone, les dosages sont un peu plus empiriques. Un médecin parle de 4 cuillères à café en 3 fois pour remplacer 20mg de méthadone alors qu’une amie ayant tenté l’expérience pencherait plutôt pour 80 gouttes trois fois par jour.

Le Laudanum un challenge pour la substitution

Grâce à la méthadone de nombreux usagers de drogues ont amélioré leur qualité de vie et voudraient maintenant se défaire de ce fil à la patte. Mais descendre en dessous des derniers 20 mg n’est pas toujours facile. Le Laudanum peut être une alternative réellement intéressante.
A Bayonne, Bordeaux, en région parisienne, des médecins ont prescrit du Laudanum à des usagers de drogues.
La clinique Liberté à Bagneux en association avec l’hôpital Paul Guiraud à Villejuif a également une certaine expérience du Laudanum. Un vieux mangeur d’opium Iranien dépendant depuis des décennies fit un sevrage au Laudanum avec succès et tout en douceur. “ Le vieillard fut même très content de retrouver les effets d’un opium de qualité comme il n’en avait plus goûté depuis longtemps ! ” explique Patrick Beauverie, pharmacien à Paul Guiraud. La même équipe a également deux autres sevrages lents au Laudanum à son actif. L’un est abondamment documenté dans “ Les Cahiers de l’Addiction N°3 ” Héroïnomane, accro depuis 25 ans, mais déterminé à décrocher définitivement, X n’arrivait pas à arrêter le sulfate du morphine (Moscontin). Il décrocha doucement en 45 jours, avec du Laudanum dont il adaptait les prises en fonction de sa sensibilité, jusqu’à l’arrêt complet. Plus d’un an après il n’a pas recommencé.

N’importe quel médecin peut théoriquement prescrire du laudanum pour 7 jours. Il lui faudra juste se documenter un peu, calculer le dosage et trouver une pharmacie qui veuille bien faire cette préparation magistrale, plus guère utilisée. Ce sera sans doute le plus difficile. Le Laudanum n’est pas cher (250 ml (380g) de Laudanum valent environ 5 euros), donc peu rentable et sa préparation nécessite un peu de temps mais les « vrais » pharmaciens adorent préparer les recettes de leurs anciens maîtres.

Rappellons tout de même que l’on peut également salement s’accrocher au Laudanum. Thomas de Quincey auteur du fameux “ Confessions d’un mangeur d’opium ” en consommait des litres et crevait de culpabilité.
ATTENTION : Le poète Roger Gilbert Lecomte est mort d’une septicémie en essayant d’en injecter. Il n’a jamais recommencé.

Les origines de l’opium en Chine

De nombreux lecteurs pensent que les Chinois fumaient traditionnellement de l’opium récréatif depuis des temps immémoriaux, sans que cela ne pose de problème jusqu’à l’arrivée des Occidentaux et des guerres de l’opium, suivis d’une opiomanie importante puis de la prohibition. Un phénomène souvent restitué de manière tronquée, selon que les sources soient orientales ou occidentales, les intérêts commerciaux, politiques, religieux… Qu’en fut-il réellement ? Petite synthèse chronologique.

L’opium était connu et recherché en Asie comme en Occident depuis l’Antiquité pour ses qualités thérapeutiques. Aucun produit n’était aussi efficace pour soulager la douleur et traiter nombre de maladies et d’épidémies. Ses propriétés addictives étaient connues. Mais l’opium était très rare et cher en Chine. Seuls quelques privilégiés pouvaient se le payer. Les pauvres avaient recours à la décoction de têtes de pavots pour soulager leurs maux.

L’art alchimique du sexe »

Dès le VIIe siècle, les Chinois cultivaient le pavot pour faire des aliments avec les graines et des décoctions à usage médical avec les têtes. À la même époque, des marchands arabes et chinois font connaître l’opium sans dévoiler le secret de sa production. En Chine comme ailleurs, l’opium était avalé, bu ou mâché, parfois mélangé à divers produits végétaux, animaux ou minéraux.
Vers le XVe siècle, à la cour impériale de Chine constamment à la recherche de raffinements nouveaux, l’opium acquit peu à peu une réputation d’aphrodisiaque grâce à sa capacité à retarder la jouissance. « L’opium médicament » devint alors « l’art alchimique du sexe et des courtisans ». Des rapports sexuels soutenus avec un maximum de partenaires, mais sans émission de semence, avaient la réputation de prolonger la vitalité amoureuse jusqu’à des âges canoniques, de « nourrir le cerveau », de prémunir contre les maladies… Posséder de l’opium pouvait alors conférer un prestige inouï. Célèbre pour ses collections érotiques, l’empereur Chenghua (1464-1487) envoya des émissaires à travers tout le continent pour ramener « la noire et odorante médecine du printemps triomphant », payée un prix fabuleux.

Le « madak » ou tabac à l’opium

Au XVIe siècle, des navigateurs ramenèrent du tabac en Chine depuis les Philippines où les Espagnols venaient d’introduire la plante découverte en Amérique. Hollandais et Portugais propagèrent ce produit au fort potentiel commercial et en quelques décennies, un peu partout en Extrême-Orient, on se mit à fumer, priser et cultiver du tabac. Ce tabac n’avait rien à voir avec celui de nos cigarettes. Beaucoup plus rustique et contenant un fort taux d’alcaloïdes, il pouvait être puissamment psychoactif. Il avait la réputation « d’affûter l’œil » et d’éloigner la malaria, mais son usage pouvait entraîner « ivresse » et « perte des sens ». La plupart des consommateurs en faisaient un usage utilitaire (détente, stimulation, convivialité…) et/ou médicinal. On trouvait toutes sortes de variétés de tabacs que l’on prisait depuis des flacons finement ouvragés ou fumait dans de petites pipes en terre, métal, bambou, corne, calebasse… Une coutume qui ne plaisait pas à la très conservatrice cour de la Chine impériale. Dans les années 1630, l’empereur Taïzong promulgua des lois de plus en plus sévères pour interdire sa consommation. Les contrevenants pouvaient être exécutés, ce qui ne freina pas la consommation.
Portugais et Hollandais développèrent des plantations de tabac en Indonésie, où l’opium était déjà connu et cultivé et parfois consommé de manière récréative, « gobé » en pilules ou mâché sous forme de « chiques » aromatisées. On y trouvait aussi du « kandu » un breuvage alcoolisé à base d’opium, parfois mélangé à des têtes de cannabis et autres plantes, dans lequel on eut l’idée de faire tremper un certain temps du tabac haché. Cela devint le « madak »(1), auquel on attribua moult vertus thérapeutiques et préventives. Certains madaks contenant de l’ambre, du safran, du camphre, des clous de girofle, etc., coûtaient des fortunes, ce qui renforça son attrait et sa réputation. Son usage correspondait tout à fait à la philosophie médicale chinoise : prévenir pour éviter d’avoir à guérir.

Kiefs gratuits….

Au XVIIe siècle, la consommation se démocratisa. Le madak, souvent fumé rapidement en quelques bouffées dans un tube de bambou ou une petite pipe, devint peu à peu un complément naturel de la chique de bétel et du thé traditionnels. Des « maisons de fumée » accueillirent des clients venant fumer, parfois en famille. Le prix baissant, le petit peuple put enfin goûter la drogue de l’élite. Des shops proposèrent des « kiefs » gratuits pour attirer et fidéliser la clientèle.
L’usage quotidien aboutissait généralement à une dépendance, sans doute modérée, mais réelle. L’empereur y voyait une pernicieuse influence des Occidentaux. L’opium, toujours importé et payé en lingots d’argent désavantageait la balance commerciale chinoise. Le tabac fut interdit, puis le madak. Son prix augmenta sensiblement au marché noir et les marchands chinois comprirent rapidement combien ce marché était lucratif, ce qui généra trafic et corruption

« Yan qiang » et « chandoo »

Au XVIIIe siècle, des empereurs, parfois eux-mêmes fumeurs, interdirent vente et consommation d’opium pour usage non médical mais sans grand succès(2). Les Chinois, industrieux et subtils adoraient « manger la fumée », et cherchèrent des alternatives au tabac et à l’odorant madak, détectable de loin.
Des princes goûtèrent la « fragrance noire » de Java, exclusivité de l’empereur qui la consommait à l’aide d’un nouveau procédé : le « Yan qiang » (littéralement : « fusil à fumer »). opium3Les mandarins imitèrent les princes. Lettrés et eunuques imitèrent les mandarins… Au fur et à mesure, le « Yan qiang » se perfectionna, et le peuple voulut lui aussi imiter les élites. On assista alors à l’élaboration d’un mode de consommation très sophistiqué : la méthode thébaïque, avec la fameuse pipe à opium, la lampe et les autres instruments(3). Le procédé modifia le rapport à l’opium en lui associant une dimension technique très élaborée et un aspect rituel avec son cérémonial, ses instruments et ses officiants. L’opium brut ne pouvant se fumer pur car il carbonisait, il fallait que la drogue ait une texture suffisamment malléable pour être manipulée facilement et donner le maximum d’effets en un minimum de volume. Les Chinois devinrent très habiles pour fabriquer le « chandoo », un opium purifié semi liquide, exclusivement destiné à être fumé. On vit apparaître des « tavernes à opium » ou « Opium Den », avec des « Boypipe » virtuoses dans la préparation des pipes. L’opium se fumait entre personnes d’une même classe sociale, dans un cadre convivial et luxueux. Les riches avaient leur « fumerie » particulière, une alcôve où ils pratiquaient un rituel raffiné et sensuel qui pouvait durer des heures, plusieurs fois par jour, si possible en agréable compagnie.

Le trafic, premier avatar du capitalisme

Vers 1820, l’usage du chandoo se développa, créant une clientèle captive et dépendante, prête à payer des prix élevés lorsque la drogue se faisait rare.

La consommation chinoise

Les Anglais importèrent 2 400 tonnes en 1839, 5 000 tonnes en 1884, sans parler de la production locale et de la contrebande. Ces chiffres semblent importants mais les Chinois étaient déjà 400 millions. 15 à 20 000 tonnes d’opium (soit à 8 à 10 000 tonnes de chandoo) consommées par an dans les années 1880 semble une évaluation rationnelle. Un gramme de chandoo fait en moyenne 4 à 5 pipes. Si des riches pouvaient fumer 10 ou 20 grammes quotidiennement, voire plus (certains fumaient plus de 300 pipes par jour), la majorité des fumeurs du peuple consommait entre 1et 2 grammes par jour, soit une dizaine de pipes au maximum. Beaucoup de gens fumaient aussi très occasionnellement, l’offre d’une pipe d’opium étant un geste de bienvenue, de convivialité. À la fin du XIXe siècle, le nombre de fumeurs réguliers dépendants se situait probablement entre 3 et 5 millions.

Dans certaines régions, 80% des hommes et 25% des femmes seraient opiomanes, mais ces chiffres sont invérifiables. Dans certaines villes néanmoins, les fumeries, souvent d’infâmes bouges, étaient nombreuses L’offre importante de « remèdes contre l’opium » témoigne d’une forte demande pour se libérer de la dépendance. Nombre de fumeurs passaient des heures dans les fumeries, aux dépens de leur vie professionnelle et familiale, fonctionnaires, soldats et officiers fumaient de plus en plus… L’opium, théoriquement interdit jusqu’au milieu du XIXe siècle, fut une aubaine pour de nombreux Chinois qui se mirent à trafiquer, contribuant au développement de la consommation, au grand désespoir du gouvernement. Affirmant que sa consommation « n’était pas un dommage mais un réconfort », Anglais, Français et Américains exigèrent alors son libre commerce. Ce qui déboucha sur les guerres de l’opium et la légalisation forcée de la consommation et du commerce de la drogue dans toute la Chine.

Mythes et bénéfices

Dès 1870, diverses personnalités dénoncèrent les thèses alarmistes et l’instrumentalisation des chiffres qui servaient les intérêts des uns et des autres(4). Des lobbies politico-religieux anglo-saxons trouvaient que l’usage de l’opium défavorisait les projets de colonisation par la religion. L’hygiénisme naissant voulait assurer la mainmise médicale sur la moralisation et, grâce au développement de la chimie, l’industrie pharmaceutique avait compris les immenses profits que pouvait rapporter le contrôle des psychotropes et antalgiques. Les journaux se plaisaient à relater les récits de voyageurs décrivant des enfants de 8 ans mendiant quelques résidus de dross(5), des mères endormant leurs enfants en leur soufflant la fumée de la pipe dans les narines, des bébés dépendants car nés de mères opiomanes… D’autres évoquaient des populations d’êtres squelettiques et affaiblis à cause de l’opium, alors que les maladies, les épidémies, le manque d’hygiène et la sous-alimentation en étaient généralement l’explication. Une pipe de dross était le seul remède à leur portée pour soulager leurs maux. L’immense majorité des pauvres n’avait pas les moyens de s’adonner à un usage susceptible d’entraîner une réelle accoutumance.

Fin de l’histoire

Au XXe siècle, les Japonais exploitèrent le désordre politique du pays et l’appétence des Chinois pour les drogues, en organisant l’intoxication massive du pays à l’opium, la morphine, l’héroïne, la cocaïne… et en créant l’État fantoche du Mandchoukouo, le premier narco-État de l’histoire pour financer leur main mise sur la Chine. Après la prise du pouvoir de Mao, l’opiomanie baissa rapidement pour disparaître presque totalement. Aujourd’hui, les Chinois considèrent avec amertume cette longue partie de leur histoire.


Note
(1) Qu’on trouve encore en Inde en cherchant bien (mais Asud ne vous dira pas où ;-) ).
(2) Jusqu’en 1805, les différents édits impériaux interdisaient la vente et la consommation mais pas l’importation. La corruption était quasi généralisée. D’innombrables marchands chinois, malais, puis anglais, américains… importèrent ouvertement des tonnes d’opium en soudoyant les fonctionnaires.
(3) On situe l’apparition de la pipe à opium telle qu’on la connaît vers 1750
(4) Voir The other side of the opium question, W. J. Moore, J. A. Churchill, London 1882 ; L’opium, histoire d’une fascination, Paul Butel, Perrin, Paris 1995.
(5) Cendre provenant de l’opium fumé. Beaucoup moins cher que l’opium, le dross est plus toxique car fortement concentré en morphine.

Biblio non exhaustive
– Opium Culture – The art & ritual of the chinese tradition, Peter Lee, Parkstreet Press, USA 2006
– The social life of Opium in China, Yangwen Zheng, Cambridge University Press 2005
– Narcotic culture – A History of Drugs in China, Dikötter & Laamann& Zhou Xun, The University of Chicago Press 2004
– L’opium, Histoire d’une fascination, Paul Butel, Perrin, Paris 1995
– The other side of the opium question, W. J. Moore, J. A. Churchill, London 1882
– All about opium, Henri Hartmann, Wertheimer, London 1884
(http://www.gallica.fr & http://www.books.google.com)

“Le cœur de la princesse”, légende chinoise

Le fils d’un pauvre pêcheur arrive à la ville. Il doit y apprendre le négoce sous la houlette d’un marchand mandchou. Un jour, il se promène au hasard des rues et entrevoit derrière une persienne un visage féminin. “ Qui est-ce ? ” demande-t-il aux voisin. “ la fille du gouverneur, lui répond-on, la beauté la plus parfaite de tout le pays, et la plus jolie princesse du monde ”.

Immédiatement frappé d’un amour insensé, le jeune homme se meurt de langueur. Grâce aux douteux services d’une vieille entremetteuse, il parvient à rencontrer sa princesse. Il est pauvre, mais jeune, beau, éloquent et surtout amoureux. Les princesses d’alors avaient fort peu de divertissement. Et se laissaient séduire par les pêcheurs audacieux. Tout deux vivent de longs moments d’extase clandestine…

Mais cette trop belle histoire tourne mal. Quelques cafards vertueux informent le gouverneur de l’inconduite de sa princesses, la fait brûler vive dans sa demeure. Alors que la maison est en flammes, le petit pêcheur rêve de sa belle, qui lui murmure dans un soupir :

“ Cours dans mon château détruit, fouille par tout, dans les ruines et les cendres éparses. Tu trouveras une petite pierre triangulaire et transparente : c’est mon cœur pétrifié ”.

Le pêcheur s’éveille, se rue dans les décombres, fouille, tâtonne, découvre le minuscule trésor, le serre sur sa poitrine. Grâce au précieux caillou en forme de cœur caché au chevet de son lit, le pêcheur retrouve chaque nuit sa princesse blottie au creux de ses bras.

C’est fort bien d’avoir un spectre comme amante ; mais les convenances sociales imposent de prendre une épouse moins éthérée. Notre héros se marie, comme tout pêcheur qui se respecte. Sa femme, jalouse et suspicieuse, s’indigne qu’il attache tant de prix à un aussi stupide cailloux. Un jour en son absence, elle saisit la pierre dans un mouvement de colère et la lance de toutes ses forces sur le pavé de la cour. Le petit cœur transparent se brise en mille éclats. Le pêcheur est fou de chagrin. Mais sur l’emplacement de chaque esquille une plante à hautes tiges pousse soudainement et donne des fleurs aux corolles blanches et mauves. Dans un ultime songe, la princesse apparaît à son aimé :

“ Par la faute de ta femme, tu m’as perdue à jamais. Tu ne me verras plus, mais je te laisse un remède souverain contre le désespoir. Prends la couronne des plantes qui ont surgi dans ta cour, tires-en le suc et épure-le par le feu ”.

Le pêcheur ordonne à sa femme de préparer la substance et retrouve la paix du cœur. Depuis lors, l’opium existe, pour que les épouses légitimes aillent le cueillir.

extrait de “ La drogue dans le Monde ” d’A. Coppel et C. Bachman

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