Global Drugs Survey 2015 : La parole est aux consommateurs

La Global Drug Survey est une initiative scientifique indépendante récente visant à produire des données d’envergure mondiale sur la consommation de drogues légales ou illégales à partir d’un questionnaire que les consommateurs peuvent remplir en ligne. Ce questionnaire est anonyme, confidentiel et disponible en 10 langues.

Prendre des drogues, c’est prendre des risques, explique le concepteur de la GDS, le psychiatre basé à Londres Adam Winstock : «C’est comme pour conduire une voiture. On peut appliquer certaines règles pour rester en sécurité.»

L’AFR a assuré la traduction française pour l’édition 2015.

Libération et Radio Nova sont les partenaires médias français :

«Cette étude est de plus en plus reconnue sur la scène internationale, et elle permet de toucher des usagers qu’on ne voit pas forcément dans nos actions, et de montrer des produits nouveaux», explique Marie Debrus, de l’Association Française pour la réduction des risques liés aux usages de drogues (AFR), qui est partenaire de la GDS 2015. Pour cela, il faut que le plus grand nombre y prenne part. Alors, un conseil : participez ! Vous avez jusqu’au 30 décembre. Les résultats seront divulgués en juin 2015.

Dr Hart : un neurobiologiste au pays des droits civiques

Sur le site de la conférence Albatros, la biographie du Dr Hart est un petit chef d’œuvre d’Understatement. On y parle de son action « pour contrer la consommation de cocaïne… » et de son « engagement en faveur des patients les plus défavorisés ». Dans les faits, l’auteur de High Price1 prescrit des psychostimulants dans un cadre médical et dénonce la guerre à la drogue comme une guerre menée contre la communauté africaine-américaine. La présence incongrue de Carl Hart le 5 juin dernier au rendez-vous annuel de l’addictologie universitaire à la française constitue en soi une petite révolution. Profitant de son passage à Paris, Asud a voulu en savoir plus sur ce neurobiologiste qui dénonce l’inanité de la neurobiologie.

ASUD : Ma première question est simple. Pourquoi voulais-tu devenir neurobiolologiste ?

Dr. Hart : Je voulais comprendre les mécanismes de la dépendance aux drogues car lorsque j’étais jeune dans les 70’s et les 80’s, le crack était très présent dans la communauté noire. Les gens disaient que le crack allait détruire ma communauté, je pensais que mon devoir était de découvrir les mécanismes neurobiologiques de la dépendance afin de pouvoir guérir les gens. La pauvreté, le chômage, tous ces maux étaient déterminés par le phénomène « crack cocain ». Donc j’ai commencé à étudier la drogue et le cerveau d’un point de vue scientifique.

Tu croyais à l’époque dans la capacité des neurosciences à guérir les gens qui prenaient des drogues ?

Oui, absolument, c’est vrai. En biologie, tu découvres à quel point la cocaïne occasionne des dommages cérébraux. Donc pourquoi ne pas utiliser une autre molécule pour guérir les gens ? C’est le modèle qui m’intéressait, la médicalisation du traitement de la dépendance.

Combien de temps as-tu persisté dans cette voie ?

Une décennie, de 1990 à 2000. En Amérique, on appelle cette période la « décennie du cerveau » (« the brain decade »). À cette époque, on a mis énormément d’argent dans l’étude scientifique du cerveau. Et moi, j’étais totalement immergé dans la médicalisation.

À quel moment as-tu eu tes premiers doutes sur les vertus de la médicalisation ?

Après avoir publié des dizaines de papiers sur l’emploi de dizaines de molécules différentes, j’ai commencé à me dire « ouais, on dirait que ça ne marche pas si bien que ça ! ». Sortir de la pauvreté et être inséré socialement fonctionne mieux pour réduire son usage de drogues. Après avoir vu cette situation se répéter mille fois, j’ai commencé à changer d’avis et à me dire que je devais explorer d’autres champs.

Tu as alors commencé à penser à d’autres méthodes de prise en charge ?

J’ai commencé à regarder les statistiques. En 1998, la phrase favorite de mon directeur de thèse était « montre-moi les statistiques ». Et lorsque j’ai sérieusement étudié ces données, j’ai compris que nous nous étions fourvoyés. Nos priorités auraient dû être orientées vers le psychosocial. La grande majorité des données allaient dans ce sens. Lorsque j’ai compris l’importance de l’étude rigoureuse des données statistiques, j’ai commencé suivre le chemin qui est le mien à présent.

De quelles données s’agit-il ?

Le problème est le suivant : les gens qui étudient les drogues s’intéressent d’abord à la dépendance, c’est une erreur car 90% des gens qui prennent des drogues ne sont pas dépendants… Même si tu ajoutes les consommateurs abusifs et les usagers dépendants, il ne s’agit que de 10 à 20% des personnes qui prennent des drogues.

Comment stabiliser les usagers récréatifs pour les empêcher de devenir dépendants ?

asud55 p04 Hight Price Carl HartCouvOk, laisse-moi te donner les chiffres des gens qui passent de l’usage simple à la dépendance :

  • 10% des buveurs d’alcool vont devenir dépendants ;
  • 9% pour la marijuana ;
  • 15 à 20% pour la cocaïne ;
  • 20% pour l’héroïne ;
  • et un tiers des gens qui fument un jour leur première cigarette.

Comme tu le vois, le tabac est donc en haut de la liste. La question est « Qu’est-ce que la société peut faire pour aider ces personnes à ne pas devenir dépendantes ? ». Il y a des tas de choses à faire. D’abord, regarder en face les vraies causes de la dépendance aux drogues. Il y a les comorbidités psychiatriques, la schizophrénie, les dépressions graves, etc. C’est une première cause de dépendance. Une autre catégorie de gens deviennent dépendants parce que, merde, ils se font chier ! Ils font un choix rationnel vers l’abus de drogues et de leur point de vue, c’est le meilleur choix qu’ils puissent faire…

Est-ce la responsabilité de l’État de nous apprendre à consommer des drogues ?

Prenons le cas des automobiles. Qui a la responsabilité d’apprendre aux gens à conduire prudemment ? C’est la responsabilité de l’État de dire que lorsque tu fumes une drogue, tu prends moins de risques que lorsque tu l’avales. C’est la responsabilité de l’État d’informer sur les doses, de dire « n’en prends pas trop si tu es un consommateur novice ».

Mais qui dans l’État, les docteurs ?

Hein ??… Non, les médecins ne doivent pas avoir le monopole du discours sur les drogues. Qui a des compétences pour aider à l’éducation des personnes qui prennent des drogues ? L’État fait travailler des pharmacologues, des éducateurs, des juristes. Il doit les employer pour aider à réguler la consommation comme il régule le trafic aérien.

Est-ce que cela signifie que ces personnes doivent avoir l’expérience des drogues ?

C’est encore l’histoire du chirurgien qui doit forcément avoir une expérience d’accident pour opérer ?

Non, je parle de professionnels qui se mettent dans la perspective de l’usage, c’est tout.

Appelons cela la compétence. Être compétent signifie ce que tu dis : ouvrir son esprit pour pouvoir envisager l’usage du point de vue des personnes concernées. être capable de se mettre dans une perspective de consommation, c’est tout simplement être compétent.

Parlons maintenant des deux points aveugles français ?

Le premier point aveugle, c’est l’interdiction de présenter les drogues sous un jour favorable. Le second point aveugle, c’est l’interdiction d’évoquer les origines ethniques des personnes dans n’importe quel document officiel.

Quel rapport peut-il y avoir entre ces deux points aveugles ?

Parlons du premier point. Quand j’ai commencé mon speech ce matin [à la conférence de l’Albatros] j’ai tenu les propos suivants :

« Si c’est la première fois que vous entendez dire des choses positives sur les drogues dans un congrès, cela jette un doute sur la compétence des médecins présents dans la salle, vos patients doivent souffrir… »

J’étais le premier à parler alors forcément, les médecins qui ont pris la parole ensuite ont tous dit

« oui, il existe des choses positives dans la consommation de drogues » car ils pensaient « bien sûr que je suis compétent ».

Le problème, c’est le « mais » (« il existe des choses positives, mais… ») : en général, l’ensemble de la démonstration est basée sur ce « mais ».

Ha ha ha !!! Le second point aveugle concernant les races est stupide. On vit dans une société de diversités puis on prétend ne rien voir. On peut comprendre l’esprit généreux qui a présidé à cette réglementation mais en pratique, cela revient à empêcher toutes les statistiques qui permettent de mesurer les niveaux de discrimination…Tu dis que la société ne veut pas mentionner les races, mais il semblerait que certains courants d’opinion, notamment très à droite, évoquent les races, particulièrement quand on parle de drogues ou de prison. Nous avons besoin de connaître la vérité sur ces choses. La seule chose dont les gens pauvres ont besoin, c’est la vérité des chiffres. Ils n’ont pas d’argent, pas de charisme, leur seul espoir, c’est la statistique.

Pourrais-tu essayer de définir pour un public français les liens entre dépendance et discrimination raciale ?

Le rapport entre l’addiction aux drogues et la discrimination ? Il n’y en a pas. Il existe seulement un rapport entre la politique appliquée en matière de drogue et la discrimination raciale. Le rapport entre le racisme et la consommation de drogues est politique. Le titre de mon intervention au congrès était « La politique de drogue, un outil pour continuer la discrimination raciale ».

Alors disons plutôt : existe-t-il un lien entre l’usage de drogue et les problèmes liés à l’identité ?

Bien sûr. J’ai dit tout à l’heure que les gens font des choix rationnels. Donc oui, les gens prennent des drogues quand ils ont mal.

Interview réalisée par Fabrice Olivet à Paris le 5 juin 2014


Notes :

1/ Carl Hart, High Price, drugs, neurosciences and discovering myself, 2013

Tendances N°94 de l’OFDT est consacré au TSO

Près de vingt ans après leur introduction en France, en 1995, les traitements de substitution aux opiacés (TSO) constituent un des fondements de la politique de réduction des risques. Le dernier plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives 2013-2017 prévoit d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients et de développer l’accessibilité à ces traitements.

Le numéro 94 de Tendances présente une synthèse des dernières données disponibles sur les TSO. Elle fait suite à une série de travaux initiés en 2002 portant sur les données de remboursements des médicaments de substitution aux opiacés (MSO). D’autres sources sont également mobilisées dans ce numéro de Tendances qui présente dans un premier temps une estimation du nombre de personnes traitées par TSO en France ainsi qu’une comparaison européenne. Il s’attache ensuite à décrire les personnes concernées en les différenciant selon les modalités de suivi et de délivrance du traitement et aborde également la question du mésusage et du détournement ainsi que les mesures de contrôle mises en place, puis les risques de morbi-mortalité liés aux MSO. Il s’achève par une brève discussion sur « le modèle français » de substitution.

Dr Hart, a neurobiologist in the land of Civil Rights

Dr Hart’s biography on the Albatros Congress’ website is a masterpiece of understatement. Reference is made1 to his “therapies to reduce cocaine consumption“ and his commitment on behalf of underprivileged patients”. In fact, High Price’s author prescribes psycho stimulants in a medical environment, while denouncing the warfare waged against Afro-Americans in the name of the War on drugs. Seemingly out of place at the annual international congress of addictology, his lecture was in itself a small revolution. ASUD took this opportunity to find out a bit more on this neurobiologist, who fingers the futility of neurobiology.

ASUD: My first question is straight forward: why did you want to become a neurobiologist?

Dr Hart: When I was young — in the 70’s and even more so in the 80’s — crack was extremely prevalent in the black community, and I wanted to have a better understanding of the mechanisms of drug addiction. There was a consensus that crack was destroying the black community. I thought it was my duty to discover the neurobiological mechanisms of addiction, and to cure the members of my community. Poverty and unemployment, all these ills sprung from “crack cocaine”. So I determined to study drugs and the brain, from a scientific viewpoint.

ASUD: And at that time you believed in the power of medicine to cure people who take drugs?

Dr Hart: Absolutely! In biology you discover how much crack cocaine causes brain damage, and so why not use medication to cure people? What interested me was the concept of the medicalization of treatments for addiction.

ASUD: And how long did you pursue this course?

Dr Hart: For a decade. 1990 to 2000. In the U.S. this period was referred to as the “decade of brain”. Consequent funding was made available for the scientific study of the brain. And I was completely steeped in this medicalisation.

ASUD: When did you start having your first doubts on the medical treatment of dependency?

Dr Hart: After having published dozens of articles on as many different medications, I started telling myself: “Hum, they are not working that well after all!”

Not being poor and socially integrated conditions one’s drug usage. After noting this recurring fact thousands of times, my point of view started shifting, as the need to explore other fields of study.

ASUD: So you started investigating alternate means of treatment.

Dr Hart: I looked at the statistics. In 1998, my mentor’s motto was: “Show me the data”. And when I earnestly examined the data, I realized we were barking up the wrong tree. Our priorities were misguided, and should have been more of a psycho-social nature. The data was overwhelming. When I understood the significance of rigorously analyzing the data, I also found the direction I wanted to take.

ASUD: So, could you try to define — for our French readers — the relationship between addiction and racial discrimination?

Dr Hart: The relationship between drug addiction and discrimination? There isn’t any. What there is — is a correlation between drug policy and racial discrimination.

ASUD: So how can policy be changed?

Dr Hart: Part of the problem is that people who study drugs are mainly concerned with addiction. This is irrelevant, because 90% of the people who do drugs, are not dependent… In addition, if you tally drug abusers and dependent users, it only amounts to 10 to 20% of the people who take drugs.

ASUD: How could one stabilize recreational drug users, and prevent them from developing addictions?

Dr Hart: All right, let me give you the numbers for those who go from recreational to compulsive drug taking:

  • 10% of those who drink alcohol will become dependent.
  • 9% for marijuana
  • 15 to 20% for cocaine
  • 20% for heroin
  • and 1/3 of those who light up their first cigarette.

Tobacco is plainly at the top of the list. The question really is what can a society do to prevent people from becoming dependent. And the answer is: plenty. First off, let’s face up to the real causes of addictions. There are many psychiatric comorbidities, schizophrenia, anxiety and severe depression are all major causes of dependency.

Another category of people develop dependencies because — shit — their life sucks, and they are making a rational choice in abusing drugs. And from their point of view, it’s not the worst thing they could choose…

ASUD: Is it the state’s responsibility to teach us how to use drugs?

Dr Hart: Let’s make an analogy with automobiles. Who’s responsibility is it to teach responsible driving? It’s up to the state to inform you that smoking a drug is safer than eating it. And to warn you “go easy on the dosage if you’re a novice”.

ASUD: By which authority? Doctors?

Dr Hart: What? No. Physicians must not have a monopoly on drug education. Who has the skills to educate people who do drugs? The State employs pharmacologists, educators and legal advisors. They should be used to regulate drug consumption in the same way air traffic is controlled.

ASUD: Are you implying that they should have experienced taking drugs?

Dr Hart: Must a surgeon have experienced an accident in order to treat the victim of one?

ASUD: Of course not, I’m referring to professionals who take into account the users’ perspective.

Dr Hart: Let’s just call that expertise. Opening up one’s mind in order to assimilate the user’s point of view is quite simply, being qualified.

ASUD: OK, I get it. Now I’d like to get your take on two French blind spots. The first one concerns the crime consisting in publicizing the positive aspects of drug taking. The second concerns the directive that no ethnic data may be gathered in any official document. How do these two blind spots relate to one another ?

Let’s talk about the first point. When I gave my lecture earlier today, I started out saying:

“ If this is the first time you are hearing about the positive aspects of drugs during a congress, this casts a serious doubt on the competency of the physicians in attendance. Your patients are suffering…” I was the first lecturer to speak, so of course all the following speakers admitted, “yes there are positive aspects in drug taking”.

The second point concerning racial profiling is just plain stupid. I can understand the generous spirit in which this regulation is enforced, but on a more practical level, it prevents any statistical evaluation of the extent of discrimination… You said French society pretends to be color blind, but in fact a certain part of public opinion — especially on the extreme right wing of the spectrum — spin race issues, in particular when dealing with drugs or prison. We need to know the truth on these issues. The one thing poor people need is the truth on these figures, they don’t have money or charisma, their only hope lies in the data.

ASUD: Is there a link between drug taking and identity disorders?

Dr Hart: Of course. I mentioned earlier that people do make rational choices. So yes, people who do drugs compulsively are experiencing trauma and pain.

Interview by Fabrice Olivet in Paris 06/06/2014


Notes :

1/ Carl Hart, High Price, drugs, neurosciences and discovering myself, 2013

Vous consommez des nouveaux produits de synthèse, répondez à l’enquête i-Trend

Ce questionnaire s’adresse à toutes les personnes ayant déjà consommé au moins une fois un nouveau produit de synthèse disponibles ou non sur Internet. Il est complètement anonyme et nécessite 15 minutes pour le remplir (en une seule fois). Pour participer cliquez sur la bannière ci-dessous :

Impression

En savoir plus

L’étude I-Trend menée en France par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies porte sur les nouvelles substances psychoactives désignées par les termes Nouveaux Produits de Synthèse (NPS). Ces substances sont aussi couramment dénommées « legal highs » ou « designer drugs » ou encore « research chemicals » (RC).

Chacune d’entre elles peut se présenter sous des noms fantaisistes, des marques (par exemple NRG-3, Benzofury, SPICE, etc.). Sur les sites de ventes en ligne, ces substances sont parfois présentées comme des sels de bain, de l’encens avec la mention « not for human consumption », afin de détourner la loi sur les produits psychoactifs ou alimentaires.).

Ces nouveaux produits de synthèse imitent généralement les effets de drogues illégales comme par exemple, la cocaïne, l’ecstasy, l’amphétamine, la kétamine, le LSD ou même l’héroïne.. La plupart de ces nouvelles substances psychoactives peuvent être commandées sur Internet. Dans certains pays, elles peuvent être achetées dans des magasins appelés smart shops. Elles peuvent aussi être vendues par des dealers sur le marché des drogues, parfois comme des substituts des drogues cités plus haut.).

Les NPS se présentent sous toutes les formes : poudre, liquide, comprimé, herbe, gélule ou même résine.

Pourquoi ce questionnaire ?

Ces substances sont souvent très récentes et par conséquent, peu d’informations sont disponibles sur leurs effets, leurs compositions réelles, et les conséquences sur la santé.

Il est donc nécessaire de mieux comprendre comment ces substances sont perçues et utilisées. Cette enquête a été conçue pour apporter des réponses aux questions posées.

Il est destiné aux personnes qui ont déjà utilisé au moins une de ces substances. Si c’est votre cas, nous vous invitons à partager votre expérience.

La passation de ce questionnaire vous prendra 20 minutes environ. Il est totalement anonyme, aucune information sur votre identité ne vous sera demandée.

Pour plus d’informations sur les acteurs du projet Européen I-TREND et sur ses objectifs, cliquez ici.

Neuro/géno/bio/psycho : le paradigme artificiel

Elles aspirent les budgets de recherche, servent de référence aux politiques gouvernementales, diffusent leurs résultats jusque dans les médias les plus généralistes. Les nouvelles sciences ont pris une importance considérable dans le champ des drogues. Pour le meilleur… Et pour le pire !

Télé, presse écrite, cinéma ou café du commerce, dès lors qu’il s’agit d’expliquer la consommation de drogues, les nouveaux champs d’exploration de l’Homme (bio-psychologie, génétique, et neurosciences) sont partout. Pourtant les résultats ne sont pas au rendez vous : les recherches en génétique n’ont identifié que quelques anomalies qui n’expliquent qu’un faible nombre de cas et uniquement pour les troubles psychiatriques les plus sévères9. Quant aux neurosciences elles n’ont abouti ni à la mise au point d’indicateurs biologiques pour le diagnostic des maladies psychiatriques, ni à de nouvelles classes de médicaments psychotropes10. Elles comptent par contre parmi les domaines de recherche les plus touchés par des rétractations d’articles11.

La grande illusion

En effet, de l’aveu même d’un neuro-biologiste, « on croit toujours s’approcher de la réalité et celle-ci ne cesse de reculer »12. Ajoutons à cela l’enthousiasme des chercheurs face aux potentialités de ces nouvelles sciences et l’on obtient un programme grandiose13 caractérisé par une « inflation de promesses irréalistes »14.

On assiste ainsi depuis une quinzaine d’années à la multiplication d’annonces de grandes avancées qui ne sont finalement jamais suivi d’effets… A l’exception de l’impact social de ces annonces elles mêmes ! Car la sur-médiatisation de pseudos découvertes comme le gène de l’addiction/assassin/altruisme ou les spécificités du cerveau des homosexuels/drogués/personnes violentes, diffuse une vision déterministe et essentialiste qui n’engendre pas la tolérance et laisse penser qu’un monde meilleur est à portée d’éprouvette et de bistouri.

Pourtant, neuro-biologistes et généticiens n’ont pas pour objectif de stigmatiser encore plus les populations qu’ils étudient, au contraire ! Avant de basculer vers des conceptions eugénistes qui firent le terreau du nazisme, le naturalisme dont relève la conception neurobiologique des déviances (et notamment de l’alcoolisme), fût au XIXe un courant progressiste. Cesare Lombroso lui même (le père de la phrénologie et de l’idée de criminel-né) n’était pas un précurseur du fascisme mais un socialiste, voire un homme d’extrême gauche. Comme le rappelle M. Valleur, « faire de l’addiction un phénomène naturel, l’assimiler à une intoxication du corps était un moyen de soustraire les intempérants à la stigmatisation morale et aux foudres de l’église »15.

Médiatisation et présentation des résultats

Plusieurs chercheurs ont remarqué que des termes comme « rôle », implication, sous-tendus, reposer sur, avoir une base etc reviennent sans cesse dans les conclusions des articles de neurosciences. Sans affirmer clairement de causalité, ils en suggèrent la possibilité alors que les faits observés sont le plus souvent des corrélations7. Il en va de même de l’utilisation du conditionnel qui permet de laisser entendre des choses sans prendre le risque de les affirmer. Ces petites techniques sont courantes et pas que dans les sciences « dures », les lecteurs à l’esprit critique acéré auront d’ailleurs constaté que ce texte n’en est pas exempt !

La dépendance aux médias

Mais depuis les choses ont changé. Les enquêtes de terrain aux États-Unis montrent ainsi que les personnes partageant une conception neuro-biologique des troubles psychiques (y compris les dépendances) sont de plus en plus nombreuses16, qu’elles ont une plus forte réaction de rejet vis à vis des malades et sont plus pessimistes quant aux possibilités de guérison17.

Si les chercheurs semblent regretter cette inversion, la plupart s’en lavent les mains. Ils pointent du doigt la médiatisation de leurs travaux et les déformations sensationnalistes qui en découlent, accusant les journalistes de « mettre en porte à faux les scientifiques qui se trouvent confrontés aux drôles de lièvres qu’ils ont eux même levés »18. Ils accusent aussi le système qui produit ces erreurs : le conditionnement du financement des recherches à la publication dans des journaux populaires19, le fait que les études avec des résultats positifs sont toujours plus médiatisées que les éventuels démentis qui peuvent suivre, et la simplification systématique de leur travaux par les médias. C’est un peu facile.

Arnaque à l’imagerie cérébrale

Depuis la structure des révolutions scientifiques de T. Kuhn (1970) que l’on sait que la science n’évolue pas dans le vide et qu’elle est plus encline à confirmer la vision du monde qui a cours là où elle est produite, qu’à la remettre en question. Ainsi, le sociologue P. Cohen montre que dans de nombreux travaux, les notions culturelles se rapportant à la dépendance sont utilisées comme des évidences et « confirmées » par la suite dans des descriptions neurologiques qui sont en fait « totalement tautologiques. »20. Il remarque d’ailleurs qu’il est « tout simplement impossible de diagnostiquer la dépendance par des techniques d’imagerie cérébrale. La place de la neurologie dans le domaine de la dépendance est donc purement post hoc. L’imagerie cérébrale offre une forme de fausse promesse destinée non pas à obtenir un meilleur diagnostic, mais à suggérer un fondement scientifique et médical au concept de dépendance »21.

Outch ! Entre ce genre de critiques, les attaques méthodologiques, l’aspiration des financements de recherche etc, on comprend que depuis une dizaine d’années, le dézinguage de ces nouvelles sciences soit devenu un exercice de style pour les chercheurs en sciences sociales et que même les journaux d’habitude avides de brain-porn22 relaient ces critiques.

Ne seraient les financements pharaoniques (trois milliards de dollars sur dix ans pour cartographier le cerveau humain aux Etats-Unis, un milliard sur dix ans pour le brain human project européen) de ces branches de recherche, on aurait presque l’impression de tirer sur l’ambulance. Mais ces critiques sont nécessaires car la conception biologique de l’esprit tend à supplanter toute autre grilles de compréhension. Nous avons ainsi entendu un médecin addictologue expliquer très sérieusement que les mécanismes des flashbacks (vous savez, les remontées, comme celles de Jean Paul Sartre, poursuivi par des langoustes pendant six mois après une prise de mescaline) étaient dues au fait que le LSD et/ou le cannabis se dissolvait dans les graisses du cerveau et pouvait être « relargué » lors de privations de nourriture ou d’efforts physiques intenses. Non non, posez ces baskets et restez avec nous, en réalité les remontées sont souvent liées à des stimuli extérieurs rappelant les conditions d’un bad trip antérieur, ce qui fait plutôt pencher pour une explication d’ordre psychologique.

Do you speak scientific8 ?

Si vous lisez :

Comprenez :

On sait depuis longtemps..

Je n’ai pas pris la peine de chercher la référence

Bien qu’il n’ait pas été possible de donner des réponses définitives à ces questions..

L’expérience n’a pas marché, mais j’ai pensé que je pourrais au moins en tirer une publication

Trois des échantillons ont été choisis pour une étude détaillée..

les résultats des autres n’avaient aucun sens et ont été ignorées

D’une grande importance théorique et pratique…

Intéressant pour moi

On suggère que.. ; On sait que… Il semble…

Je pense

On croit généralement que…

D’autres types le pensent aussi

(Tableau tiré de : G. Nigel Gilbert, Michael Mulkay Opening Pandora’s Box : A Sociological Analysis of Scientists’ Discourse Cabridge University press, 1984.)

La nicotine ? Une intox

Physiologique ou psychologique, cette opposition divise les chercheurs. Considérons un instant la polémique sur la dépendance au tabac. En 2009 une recherche israélienne23 démontre que la dépendance à la nicotine est un mythe développé « à partir d’un mélange malsain d’intérêts politiques, économiques et de considérations morales » qui a donné « un énorme élan financier à l’industrie pharmaceutique en fournissant à la fois l’explication rationnelle et le marché pour les produits de substitution ». Vous n’en croyez pas vos yeux ? Pourtant réfléchissez à ces trois choses que confirment toutes les études : les fumeurs n’aiment pas la nicotine, les substituts nicotiniques ne diminuent pas plus l’envie de fumer que des placebos et les antagonistes de la nicotine ne provoquent pas de syndrome de sevrage.

Bien que peu médiatisés, ces résultats ont forcé les scientifiques de tout bord à admettre que la nicotine n’était pas responsable de la dépendance au tabac. Mais ensuite les avis divergent. Dar et Frenk, les deux psychologues auteurs de l’étude, en concluent que la dépendance au tabac est en réalité une « routine comportementale » qui pourrait s’assimiler à une addiction sans drogues. Les neuro-scientifiques concluent que si ce n’est pas la nicotine, la cigarette contient forcément une autre substance responsable ou co-responsable de l’addiction24. Pourtant en l’état actuel des connaissances on ne peut pas trancher cette question : psychologues ou neuro-scientifiques se contentent finalement de prêcher pour leur paroisse : les positions qu’ils défendent ne reflètent que leur idéologie.

Dans quelle étagère ?

Psychologique ou physiologique… Cette opposition a t-elle encore un sens dans un monde où l’on ne croit plus en la dualité du corps et de l’âme. C’est justement la question que posent les neurosciences en essayant de comprendre comment le cerveau produit la pensée et donc comment de la matière peut avoir conscience d’elle même ?

Pour s’attaquer à ces mystères, les substances psychoactives sont un outil incontournable. En effet, elles constituent un pont qui relie la matière à la pensée : des substances matérielles, tangibles, dont l’absorption agit sur l’esprit, la conscience. Au delà des enjeux sanitaires c’est la véritable raison pour laquelle les neuro-biologistes travaillent si souvent sur les drogues. Malheureusement, devant la difficulté d’obtenir des financements pour des recherches fondamentales, leurs recherches doivent être appliquées et concerner des points d’attention de la société (par exemple le traitement de la dépendance). Le problème étant que les obligations de résultats auxquels ils sont soumis leur imposent ces effets d’annonce dont on a vu la nocivité.

Ainsi F. Gonon (neurobiologiste de renom, très critique envers sa discipline), estime que la recherche en neurosciences est bridée par des objectifs thérapeutiques à court terme. Nous ne pouvons qu’abonder dans son sens en ajoutant qu’une recherche détachée de ses applications, peut paradoxalement s’avérer très productive. De nombreuses découvertes se sont faites de façon inattendue. C’est ce que l’on appelle la sérendipité, l’art de trouver autre chose que ce que l’on cherchait et, en matière thérapeutique, on lui doit entres autres le Lithium, le Viagra, le Valium, la Péniciline, la vaccination anti variolique… Sans oublier le LSD !

Les méthodes et leurs limites

L’imagerie cérébrale

carte-phrenoL’idée est simple, cartographier le cerveau en mesurant ses émissions magnétiques et électriques ou encore en suivant un « traceur » préalablement injecté dans le système sanguin. Mais les critiques sont nombreuses. D’abord l’irrigation sanguine du cerveau produit un « bruit de fond » électro-magnétique qui constitue une limite irréductible à la précision de ces techniques. Ensuite le manque de rigueur des protocoles de recherche de beaucoup d’études par imagerie cérébrale a fait scandale en 2009 avec la parution d’un article initialement titré « voodoo correlations in social neurosciences »1 qui montra qu’un grand nombre d’études par imagerie cérébrale étaient faussées par un biais de « non-indépendance ». Quelques mois plus tard, un second article2 enfonce le clou : sur 134 études testées, 56% sont bel et bien fausses !

Mais au delà de ces critiques, certains s’interrogent sur la capacité de l’imagerie cérébrale (qui consiste à observer des taches colorées représentant « l’activation » d’ensembles complexes de millions de neurones interagissant ensemble) à déchiffrer quoique ce soit de l’esprit humain. Pour eux3 cela revient à peu près à essayer de comprendre les dynamiques politiques de l’Île de France en regardant Paris du hublot d’un avion !

Les comparaisons de jumeaux

twinsLes études visant à démontrer l’hérédité de certaines déviances ne sont pas nouvelles. Mais bien que l’existence de familles de délinquants, de consommateurs de drogues, de suicidés etc soit avérée, la part d’influence des gènes et de l’environnement reste difficile à estimer. En effet comment savoir si le fils d’un délinquant a plus de chance de faire de la prison parce qu’il a hérité de particularités génétiques ou parce qu’il a baigné dans un environnement favorisant les conduites délinquantes ? Pour trancher on compare les comportements de vrais jumeaux (qui ont exactement les mêmes gènes) avec ceux d’autres individus pour voir si ils sont plus susceptibles d’adopter les mêmes comportements.

Mais l’interprétation des résultats pose problème car pour plusieurs raisons la ressemblance elle même peut être acquise : il y a par exemple plus de similitudes comportementales entre des vrais jumeaux à 80 ans qu’à 8 ans4 ! De même, la plupart des études trouvent aussi des similitudes comportementales plus fortes entre faux jumeaux qu’entre frères et sœurs alors qu’ils n’ont pas plus de gènes en commun.

Autre méthode plus prometteuse : la comparaison de vrais jumeaux séparés dans l’enfance et placés dans des environnements différents. Mais les critiques existent aussi : d’abord parce que la ressemblance physique entre les jumeaux peut déclencher des réactions similaires de la part de leurs interlocuteurs. Ensuite parce que ces expériences reposent sur le fait que les deux jumeaux aient des vécus totalement différents alors que les services sociaux veillent à placer les fratries dans des familles équivalentes sur le plan socio-culturel et qu’ils partagent au moins le vécu de leur séparation. De plus, le recrutement de ces jumeaux se fait généralement par voie de presse et favorise donc ceux qui ont une conscience aiguë de leur gémellité. « Au final les travaux sur les jumeaux apparaissent peu convaincants même si on continue de se baser sur leurs résultats pour quantifier la part de l’hérédité et donc des gènes dans le comportement »5.

L’expérimentation animale

banmonkeyAutre méthode très utilisée : celle qui consiste à utiliser des animaux et notamment des rats pour expliquer les comportements humains. On reprochera d’abord que le cerveau d’un rat et à fortiori son esprit ont probablement trop peu à voir avec ceux d’un humain pour pouvoir extrapoler (saviez-vous que chez les rats il est désormais établi que « le sucre raffiné a un pouvoir attractif plus fort que celui de la cocaïne »6 ?). D’autre part, comme les humains, les rats sont des animaux sociaux dont les esprits sont modelés pour interagir les uns avec les autres. Un rat isolé dans sa cage n’a donc rien d’un rat « normal » et son comportement nous en apprend aussi peu sur celui de ses congénères que celui d’un enfant sauvage sur le notre…

Reste que ces études concordent sur le fait que des rats placés dans des environnements exactement semblables peuvent avoir des comportements différents (l’un va par exemple développer une addiction à la cocaïne, l’autre non). Cela semble montrer qu’il existe bien des particularités d’ordre génétique qui influent sur la consommation de drogues… Mais en aucun cas cela ne permet d’affirmer quoique ce soit sur la part de l’innée et de l’acquis dans le développement de telles conduites. On a d’ailleurs récemment prouvé que le passage d’une petite cage vers un environnement plus stimulant (cage plus grande et équipée de jeux) peut suffire à réduire voire à faire disparaître la consommation de drogues de nos amis rongeurs.

Errements et égarements de la science d’antan

balzacRéédité chez Babel cette année, le « Traité des excitants modernes » de Balzac fût publié en 1839 dans un ouvrage au titre évocateur (pathologies de la vie sociale). Au delà de son intérêt historique le lecteur moderne y trouvera surtout un divertissant bêtisier d’erreurs de compréhension des mécanismes d’action des drogues. Difficile en effet de ne pas sourire en lisant qu’un « certain vin de Touraine fortement alcoolisé, le vin de Vouvray combat un peu les influences du tabac » ou que la consommation de café majore les risques de combustion spontanée ! Surtout que tout cela est affirmé avec le plus grand sérieux, expériences scientifiques à l’appui.

Ainsi à Londres, pour étudier les effets de ces trois substances, on a proposé à trois condamnés à mort de choisir entre la pendaison ou de vivre exclusivement de thé, de café ou de chocolat « sans y joindre aucun autre aliment ni boire d’autre liquide ». Les trois prisonniers choisirent évidemment la vie mais n’y gagnèrent qu’un sursis : celui qui dut se contenter de chocolat mourut au bout de deux ans « dans un effroyable état de pourriture », celui qui tira le thé vécu trois ans avant de succomber « maigre et quasi diaphane, à l’état de lanterne : on voyait clair à travers son corps ». Mais celui qui tomba sur le café eût moins de chance encore : on n’en retrouva qu’un petit tas de cendres, « comme si le feu de Gomorrhe l’eût calciné »… Inquiétant, n’est-ce pas ? On en vient nous aussi à se demander si « le chocolat n’est pas pour quelque chose dans l’avilissement de la nation espagnole ? ».

Et tout est du même genre. Un véritable ramassis de foutaises assénées avec une parfaite assurance scientifique. Mais derrière les tanins, les humeurs et les « transferts de forces » d’un organe vers l’autre, c’est un système primitif de compréhension du corps qui se dévoile et qui interroge : dans 150 ans, lesquelles des évidences d’aujourd’hui apparaîtront comme d’amusantes métaphores ?

Car si la pensée scientifique se caractérise en théorie par sa propre remise en question, en pratique elle apparaît souvent comme porteuse d’une vérité absolue. On lui demande alors d’éclairer la société sur des sujets complexes, avec une véritable foi dans sa capacité à tout expliquer. Pourtant l’Histoire montre bien que – particulièrement lorsqu’il s’agit de domaines de recherche encore naissants – le risque d’erreurs est important.

Remerciements

Isabelle Michot (documentation OFDT)

Maud Martin (documentation Stendhal)

Notes

1 Rebaptisé ensuite Puzzlingly High Correlations in fMRI Studies of Emotion, Personality, and Social Cognition, Edward Vul, Christine Harris, Piotr Winkielman, & Harold Pashler in perspectives in psychological sciences 4:274-290

2 KRIEGESKORTE N., SIMMONS W., BELLGOWANN P. & BAKER C., Circular analysis in systems neuroscience: the dangers of double dipping., Nature Neuroscience, 2009.

3 MARCUS G. Neuroscience fiction, The New Yorker, 2012, USA

4 LAMBERT G., Génétique et addictions, in Addiction aux opiacés et traitements de substitution, dir Lowenstein W., ed John Libbey Eurotext, Paris 2003

5 Ibid.

6AHMED S. Tous dépendants au sucre, Les dossiers de La Recherche N°6, oct nov 2013

7A. Ehrenberg, Le cerveau social, chimère épistémologique et vérité sociologique, Esprit, janvier 2008.

8Tableau tiré de : G. Nigel Gilbert, Michael Mulkay Opening Pandora’s Box : A Sociological Analysis of Scientists’ Discourse Cabridge University press, 1984.

9. EVANS J. P., MESLIN E. M., MARTEAU T. M. et al., Deflating the Genomic Bubble, Science, 2011, vol. 331.

10F. GONON, La psychologie biologique, une bulle spéculative ?, Esprit, nov 2011.

11Cf www.retractationwatch.com

12B. BIOULAC, Exploration du cerveau : avancées scientifiques, enjeux éthiques, Audition publique à l’Assemblée Nationale, 26/03/2008.

13A. EHRENBERG, Le cerveau social, chimère épistémologique et vérité sociologique, Esprit, janvier 2008.

14F. GONON, La psychologie biologique, une bulle spéculative ?, Esprit, novembre 2011.

15VALLEUR M., Les addictions, la science et les approches de sens : pour un dialogue avec J. Tassin, Psychotropes vol 18 n°1.

16PESCOSOLIDO A., MARTIN J.K., LONG J.S. et al., A Disease Like any Other ?

17 HINSHAW P., STIER A.S., Stigma as Related to Mental Disorders, Annual Review of Clinical Psychology, 2008, vol. 4, p. 367-393

18 BESNIER J.M. Exploration du cerveau : avancées scientifiques, enjeux éthiques, Audition publique à l’Assemblée Nationale, 26/03/2008.

19 HALL W., CARTER L., MORELY K.I., Neuroscience research on the addictions: A prospectus for

future ethical and policy analysis, Addictive Behaviors 29 (2004)

20COHEN P. , L’impératrice nue. Les neurosciences modernes et le concept de dépendance. Wiener Zeitschrift für Suchtforschung, Jg. 32, Nr. 3/4, 2009.

21 Ibid.

22 QUART A., Neuroscience : Under attackThe New York Times, 23 novembre 2012

23Pour une version française : FRENK H., DAR R., L’addiction à la nicotine in Les nouvelles addictions, ed Scalli, 2007.

24ABADIE J. Pourquoi il est si difficile d’arrêter de fumer Les dossiers de la Recherche, oct-nov 2013.

Recherche Toxicomanie‑Sida

Un rapport de l’IREP1, en date de mars 92, et consacré à “LA TRASMISSION DU VIRUS VIH CHEZ LES TOXICOMANES”, enregistre “un net changement de comportement chez les toxicomanes, visant à la réduction des risques de contamination”.

Le rapport souligne qu’un faible pourcentage des usagers de drogues ayant commencé à se piquer après 1987 (année de la libéralisation des seringues) sont contaminés par le virus.

Cependant, poursuivent les chercheurs :

”Il reste néanmoins difficile de penser que les toxicomanes par voie intraveineuse pourraient réduire encore, et de façon significative, les risques de transmission du VIH par l’acquisition d’attitudes nouvelles plus sûres, tout du moins pour ce qui concerne la seringue: en réalité, les risques de transmission sont maintenant dominés par les conditions de vie et l’hygiène général des usagers. L’information est passée, le non partage de la seringue s’est installé comme une routine, l’emploi du préservatif est devenu un peu plus fréquent. Mais il manque au maintien ou au renforcement de ces nouvelles habitudes l’environnement sanitaire adéquat. Les états de crise, la misère économique, les conditions de vie dans la rue, la difficulté de l’accès aux soins, le caractère discontinu des prises en charge sanitaires sont autant d’éléments qui fragilisent ou relativisent les attitudes de réduction de risque; Le faible emploi du préservatif est à cet égard significatif, il vient largement en second dans l’ordre des priorités.”

1IREP : Institut de recherche épidémiologique de la pharmaco-dépendance, du DR Ingold.

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