Holy Bloodi (depuis 1995)

Avec sa crête, son perfecto et ses converses rouges (ou santiags en option), c’est un peu comme Tintin avec ses pantalons de golf, son Milou changé en rate. Pierre Ouin nous a présenté son punk affamé de drogues en 1995 au n°7. Depuis, avec Asud, il a connu la réduction des risques, un truc un peu contre nature dans le no-future-land. Enfin, on n’est pas très sûr de ce que fait l’animal entre deux parutions, peut-être bien qu’il s’envoie des substances non prescrites par les hôpitaux de Paris. Une rumeur dit que ce farceur aurait fait deux moutards et serait parfaitement clean depuis. Bref, on ne sait pas grand-chose de lui, mais c’est pour ça qu’on l’aime. Steuplé, continue à faire chier le monde Bloodi, il le mérite !

Première apparition de l’homme à la crête et sa Riquette, dans Asud journal n°7… la revoici colorisée pour l’occasion !

Bloodi Rue Blanche couleur Asud journal 38

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15 ans de réduction des risques, tout changer pour que rien ne change ?

Pour démarrer cette nouvelle année, Asud vous offre un voyage dans le temps : un « best-off » des 15 premiers numéros, couvrant la période de 1992 à 1998.

C’est pendant ces années que la réduction des risques telle qu’on la connait en France s’est pensé et créé. C’est dans cette période qu’une alliance « usagers de drogues-militant de la lutte contre le sida-professionnels de la tox » du nom de « Limiter la casse » s’est scellée pour faire changer la donne et arrêter l’hécatombe du sida.
Dans ce numéro, vous pourrez vous passionner de la mise en place des programmes d’échange de seringues, des boutiques et de la salle de shoot d’Asud Montpellier, vous enthousiasmer de l’avènement de la substitution à la méthadone et au subutex, vous enflammer de la multiplication des Asud et de l’espoir d’une dépénalisation prochaines des drogues. Vous trouverez des cris, des pleurs, de la rage, de l’urgence, de l’espoir. La certitude que l’histoire est en marche et que rien ne sera jamais plus comme avant.

Mais que reste il aujourd’hui de cette vague nommée réduction des risques, qui a opéré son reflux à partir de 98 : Limiter la casse s’est dissout faute de combattant et le nombre d’Asud en France a fondu comme neige au soleil ; le skénan est interdit de substitution et l’héroïne toujours pas médicalisée ; la salle de shoot de Montpellier a disparu et les nouvelles expériences ne se bousculent pas au portillon ; la dépénalisation n’est plus qu’un souvenir et l’état a même renforcé la loi de 70 en créant des stages/punition pour rééduquer les délinquants fumeurs de cannabis ; la stigmatisation et la maltraitance des usagers est toujours aussi forte en particulier dans le système de soins ; il n’y a toujours aucune réduction des risques en prison ; nombre de boutiques se sont transformées en centre sociaux avec option réduction des risques et les avancées comme le programme ERLI (Education au Risques Liés à l’Injection) sont bloquées…La liste est si longue…
Comme si les progrès des années 92-98 n’avait été qu’une aumône pour les morts du sida, un cache-sexe pour la morale des bien-pensants.

Le frein principal au progrès de la RdR aujourd’hui est en effet toujours le même qu’hier : la morale, qui malgré les apparences et les catastrophes, n’a pas changé, elle aussi. Celle qui dans les années 80 a refusé de donner des seringues aux drogués. Celle qui continue sa croisade et qui cherche à éradiquer l’usage de drogue comme on éradique une maladie. Celle qui s’oppose aux résultats scientifiques et aux pratiques de terrain des intervenants du secteur, qui sont quand même bien placés pour élaborer de nouvelles et nécessaires actions.

Devant l’aveuglement des hommes politiques sur les dégâts du VHC/VHB, ces épidémies sourdes et muettes qui font plus de morts que les accidents de voiture, nous avons, usagers de drogues , militants et professionnels, une responsabilité : renouer une alliance et remettre la pensée en mouvement. Ne nous endormons pas sur nos lauriers institutionnelles et profitons au contraire de cette chance pour enfoncer le clou !

Bonne année !

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