ASUD en deuil d’Hervé Michel

ASUD est en deuil. Notre ami Hervé Michel, membre fondateur d’ASUD dès avril 92, est mort voici quelques semaines, aux premier jours de novembre. Il avait 28 ans. Bien que séropositif depuis plus de deux ans, ce n’est pas la maladie qui l’a tué : non, il s’est éteint en faisant la sieste; après un déménagement qui l’avait fatigué. Arrêt du cœur, a déclaré le médecin …

Le cœur, tous ses amis de Vitry, où il vivait chez sa mère, et d’ailleurs, vous le diront, c’est vrai qu’il l’avait trop grand, trop gros, et qu’il y avait mal trop souvent… Mal de trop de tendresses et de révoltes étouffées, mal d’un présent rythmé par la répression et les galères quotidiennes, d’un avenir bouché comme l’horizon par les murs gris de la cité, mal de tous les copains décimés par le sida, les O.D., l’hépatite, la misère, la solitude, à commencer par son frère Francis, le poète, mort entre les mains des flics d’une « overdose » jamais élucidée…

Un cœur qui avait mal aussi de tous ces cachets qu’il se bouffait ; jour après jour, nuit après nuit, non par goût du suicide, il aimait trop la vie! Mais parce qu’en banlieue, quand on n’a pas le larfeuille bien rempli ni l’âme au bizness et qu’on veut malgré tout garder la tête dans les étoiles, il faut bien, faute de bonne came, faire avec ce qu’on trouve…

C’est comme ça qu’il est parti : entré dans la mort en rêvant, les yeux fermés, sourire aux lèvres… Comme il a vécu en douceur. C’est vrai que l’on ne l’entendait pas beaucoup Hervé : ce n’était pas un tonitruant, une grande gueule .. . Il préférait écouter en silence, et il lui suffisait d’un de ces sourires qui vous vont au fond de l’âme pour vous dire à sa façon l’émotion qui le soulevait comme une lame de fond … Un silencieux, un discret, presque timide – sauf bien sûr lorsqu’il s’agissait de prendre la parole et de gueuler au nom de tous ses frères d’exclusion -toxicos, malades, archanges archidéchus des banlieues bâillonnées.

Pour ça il avait choisi, dès le début, de militer à ASUD, collaborant à l’écriture de notre tout premier Manifeste, en mars 92 . Un choix pas si facile que ça à assumer à une époque où, souvenez-vous la réduction des risques était loin d’avoir pignon sur rue et où il fallait une sacrée dose de courage pour oser, à visage découvert, s’affirmer toxico et séropositif, non pas repenti mais prêt à se battre pour ses droits, POUR SA VIE !

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