De l’autre coté du miroir : les bad trips d’or de Techno+. Les principaux nominés…

Des bad trips, l’association de réduction des risques en milieu festif Techno+ en gère une cinquantaine par an. Des petits, des gros, des drôles, des tristes, des calmes et des agités. Petite revue de bad trips, vus non pas du côté de ceux qui les vivent mais de ceux qui les gèrent…

Flyer de RDR, édité et distribué en rave par Techno +.

Pour en savoir plus sur Techno+ lire « Ecsta sana in corpore techno« , ASUD journal N°13

À l’occasion de ce numéro spécial, les copains d’Asud nous ont contactés pour nous demander un florilège des plus incroyables bad trips que nous avions gérés en teuf. Bien sûr, on a accepté mais, comme il y en aurait trop pour parler de tous et que c’est difficile de les départager tant ils valent tous leur pesant de kétamine, on a décidé d’organiser un vote et même une cérémonie : les bads trips d’or. Mais récompenser l’auteur du pire bad trip ne nous a pas semblé une bonne idée, alors les trophées, pardon les tropris, iront aux volontaires de l’asso qui ont géré les pires bad trips. Parce qu’on les mérite nos tropris : non seulement un bad trip c’est souvent aussi dur à gérer qu’à vivre mais en plus le lendemain on s’en rappelle, nous !

Dans le folklore des consommateurs, les bad trips, scotchages et autres flippances sont entourés d’à peu près autant de légendes et de mystère que le financement des campagnes de l’UMP. Alors avant de passer à la liste des principaux nominés pour les bad trips d’or, voyons un petit peu ce qu’on pourrait vous apprendre sur le sujet.

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Un peu de théorie…

Le mot « bad trip » (mauvais voyage) n’est pas très utilisé par les médecins (en tout cas officiellement) qui parlent plutôt de pharmacopsychose, d’état confusionnel ou de décompensation. Dans les trois cas, il s’agit de troubles de la pensée et du comportement qui se traduisent par une perte de contact avec la réalité et des difficultés à penser normalement. En gros, la pharmacopsychose prend deux formes : une sorte de bouffée délirante qui va durer au maximum trois jours après la consommation, ou alors de manière plus progressive, l’installation d’un état délirant, souvent anxieux, avec l’impression de « ne plus être comme avant ». On peut parler de « dépersonnalisation » ou de « déréalisation » pour décrire des sentiments d’irréalité, d’étrangeté, liés à l’environnement ou à soi-même. L’état confusionnel porte bien son nom puisqu’il marque une forte confusion pour la personne (troubles de la mémoire et de la compréhension, difficultés à parler et à se mouvoir…) et peut entraîner des comportements violents, le cas typique étant les cocktails Rohypnol®-alcool dont certains lecteurs connaissent sans doute le fameux « effet Rambo ». La décompensation signifie quant à elle que les barrières qui permettaient de « compenser » un trouble déjà présent s’effondrent. C’est certainement le plus grave des trois car la personne peut alors entrer dans une maladie psychique chronique. Un point important : ces trois types de bad trips ne sont pas forcément caractérisés par de la souffrance : une décompensation peut très bien être vécue comme agréable. C’est notamment le cas des « illuminations », lorsque – en plein trip – la personne a l’impression de comprendre quelque chose de fondamental sur elle-même (par exemple qu’elle est un ange envoyé par Dieu…).

Ce qui est surtout décrit du côté des consommateurs, c’est par contre la souffrance du bad trip et ses conséquences pour l’entourage : la parano qui gâche ta soirée, l’alcool mauvais qui gâche celle des autres, la crise de nerfs, etc. Mais beaucoup de bad trips ne rentrent pas non plus dans ces catégories. Par exemple la crise de larmes : vous savez, lorsque votre grand gaillard de pote s’effondre en sanglots obnubilé par la perte de son chaton. Ou encore, les obsessions, par exemple sur le besoin de se laver, la crise de jalousie démultipliée, ou tout simplement lorsque la personne se focalise sur des idées noires plutôt que sur des trucs positifs. Bien qu’assez courants et bénins, ces petits bad trips peuvent aussi laisser des séquelles car l’effet du produit peut amplifier les émotions. À tel point qu’elles laisseront un traumatisme qui pourra ensuite être réactivé par une situation se rapprochant de ce qui a déclenché le bad trip.

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« Tu veux goûter mon caca ? »

On vient nous chercher au stand pour nous dire qu’un mec se balade à poil sur un dancefloor, et se met des doigts dans l’anus avant de les essuyer sur le visage des personnes qui dansent. Arrivés sur place, le type a disparu donc on rentre au stand bredouille mais… Dix minutes plus tard, d’autres personnes passent nous prévenir qu’un mec à poil vient de casser le pare-brise d’un des organisateurs du teknival, qu’il a fait tomber une colonne de son et que ça risque de chauffer sévère. On fonce vers l’endroit qu’on nous avait indiqué et là, on tombe en plein générique de Benny Hill : un petit mec grassouillet qui court tout nu poursuivi par une vingtaine de personnes. On arrive pile au moment où ils l’interceptent et on prend les choses en mains pour le maîtriser sans violence. Mais le mec se débat et de Benny Hill on tombe dans L’Exorciste. On est six à le tenir, mais il rue dans tous les sens et profère des insanités, les yeux à moitié révulsés. Les mecs autour sont bien énervés. Ils lui disent qu’ils vont le tuer et l’enterrer dans la forêt, mais le mec leur crache au visage et continue de se débattre. Un de ses « potes » qui passait par là vient nous voir et, sans stresser le moins du monde, nous explique qu’il a de lourds antécédents psy et que c’est pas étonnant qu’il ait fini dans cet état. On a évacué le mec mais en se disant que celui qui méritait de se retrouver sanglé sur un brancard, c’était surtout le « pote » en question qui avait ramené en teuf un type dont il savait qu’il risquait de vriller sans même s’en occuper…

« J’ai une grosse bite je suis au paradis, j’en ai une petite je suis en enfer »

On vient nous chercher au stand car un mec en plein délire a frappé sa sœur, lui cassant plusieurs dents. On arrive, la fille part à l’hôpital et on attrape le mec, qui semble finalement assez calme. Deux filles de Techno+ l’éloignent de la teuf pour lui parler et essayer de le faire redescendre. Mais il essaye de les peloter, se masturbe, etc. D’autres volontaires arrivent, lui disent d’arrêter, mais il devient agressif et pète complètement les plombs. Il hurle en boucle « J’ai une grosse bite je suis au paradis, j’en ai une petite je suis en enfer ». Les volontaires le maintiennent au sol mais il continue de se débattre en criant. Parfois, il semble se calmer et reprendre ses esprits mais il finit toujours par redevenir agressif et repartir dans son délire d’enfer et de pénis… Les volontaires devront le maintenir plus de trois heures au sol avant qu’il ne redescende pour de bon.

« Je suis déjà morte »

Pour elle, l’histoire a commencé avec une goutte de LSD. Tout allait bien. Si bien qu’elle a voulu aller dire au DJ à quel point sa musique la transportait. Sauf que les « coulisses » d’un mur de son ne sont pas ouvertes à tous… Enfin tout aurait pu bien se passer si elle ne s’était pas emmêlée les pieds dans les câbles pour finalement tomber en plein sur la table de mixage et les platines. Forcément, les mecs du son se sont un peu énervés. L’un d’entre eux a même dit « Je vais la tuer ». Sauf que c’était la perturbation de trop dans la montée de LSD de cette pauvre jeune fille qui s’est subitement mise à hurler « Je suis déjà morte, je suis déjà morte » à intervalles réguliers d’environ 10 secondes. Elle était dans cet état lorsqu’on nous l’a ramenée et ça a duré quatre ou cinq heures avant qu’elle puisse dire autre chose.

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« Venez vite, il essaye de violer une meuf dans un champ »

On nous signale un mec violent devant le son. L’équipe part et tombe effectivement sur un type plutôt agressif mais encore gérable. Aidés par ses potes, on le convainc de venir se reposer un peu dans notre espace perso. Ses potes nous suivent, nous aident à le calmer, tout semble s’arranger et on le laisse donc partir avec ses amis qui le surveillent. Mais au bout d’un petit moment, une de ses copines, affolée, vient nous voir : « il est en train d’essayer de violer une meuf » dans un champ. On fonce et effectivement, on trouve le mec en train de ramper en s’agrippant à une fille qui n’avait plus de T-shirt. Il la serrait si fort que pour lui faire lâcher prise on a dû s’y mettre à plusieurs et de toutes nos forces. Ensuite, on l’a camisolé dans une couverture et on l’a ramené dans notre espace perso. À force de se débattre, le mec a fini par réussir à sortir un bras et à tirer de toutes ses forces sur les dreads de son amie qui essayait de le rassurer depuis une heure. Du coup, après avoir réussi à lui faire lâcher les cheveux, on a aussi dû gérer la copine qui essayait de lui mettre des kicks en pleine tête. Par la suite, croyant que ça allait mieux, on a filé une cigarette au mec qui a essayé de l’avaler allumée puis de se brûler les yeux avec. On lui a aussi filé une compote qu’il nous a explosée au visage, donc on lui a plus rien filé et on s’est contenté d’attendre que ça passe, assis sur lui toujours enroulé dans sa couverture. Ça a mis environ six heures mais il est redescendu et nous a longuement remerciés de nous être occupés de lui et a tenu à nous filer un bon coup de main pour le rangement du matos.

« Le coton c’est doux »

Dans la rubrique mignon, à un tekos, une nana nous a ramené un chepchep complètement perdu et apeuré. Son truc, c’était le coton. Suffisait de lui dire qu’un truc était en coton pour qu’il se frotte dessus en mode « le coton c’est doux ! » J’ai cru comprendre qu’il avait fait flipper certaines meufs en voulant simplement se frotter à leur coton. Finalement, après une heure à rigoler avec lui, il a fait une tentative pour repartir, il a tourné en rond devant le chill, puis il est retourné faire une petite sieste et après il allait mieux.

« Non, ça va, j’ai rien pris »

Il y a quelques années, on est intervenu à la soirée Unighted de David et Cathy Guetta au stade de France. Grosse soirée avec des animations, des tombolas, etc. On nous amène une jeune fille qui se sentait mal… Elle est très blême et a du mal à s’exprimer donc on l’assoit, lui file un verre d’eau, et on essaye d’engager la conversation : « Qu’est-ce qu’il y a ? T’as pris quoi ? » Et la fille de nous répondre d’une voix faible : « Non non, ça va, j’ai rien pris… C’est juste que je viens de gagner une voiture ! »

Perché !

Dans la catégorie International, le bad trip d’or reviendra sans doute à l’association belge Modus Fiesta pour son intervention sur un bad trip digne des cartoons de Tex Avery : on signale à l’association qu’un homme en plein délire est monté à plus de trois mètres de haut dans un arbre pour aller cueillir des noisettes. Arrivée sur place, l’équipe d’intervention trouve un attroupement de personnes qui essayaient de le faire descendre en lui criant qu’il allait se faire mal. Mais le type refusait : « C’est mes noisettes, il faut que je les ramasse vite sinon les écureuils vont les ramasser. » En discutant avec les gens, l’équipe comprend que le gars est persuadé que l’arbre porte des noisettes magiques qui contiennent des diamants et que c’est pour les garder qu’il reste dans l’arbre. Du coup, une des volontaires a l’idée de rentrer dans son trip : « Oh, mais tu as fait tomber une noisette juste là, regarde », en lui montrant le sol comme s’il y avait vraiment une noisette. Et comme par miracle, le mec descend de l’arbre pour aller chercher sa noisette !

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« Tatatatata »

Lors d’une teuf en 2004, l’équipe de la Croix-Rouge trouve un gars avachi contre une voiture en train de se mordre les lèvres. Ils décident de l’emmener à leur tente pour le soigner. Le gars se laisse faire et leur parle mais ils ne le comprennent pas. Une fois dans la tente, ils l’assoient sur une chaise, une bénévole essaye de commencer le soin mais le gars se met à lui caresser les seins. Se sentant agressée, elle crie. Lui rigole d’avoir eu les mains baladeuses et se met à toucher tous les gens qui passent à sa portée. Là ses collègues sautent sur le gars, le collent sur une civière, le sanglent et lui passent une minerve immobilisante autour du cou. Le gars ne rit plus du tout, commence à paniquer, se crispe, se mord la joue et leur dit une phrase qu’ils ne comprennent pas : « Tatatatatatata ! » Le responsable de la Croix-Rouge est prévenu de la situation : un forcené sous drogue vient de commettre une agression à caractère sexuel sur une secouriste ! Le boss de la Red Cross a une idée : Allons chercher Techno+ pour savoir ce que le gars a pris.

Sur le trajet du stand à leur tente, il m’expose la situation, très fier d’avoir malgré tout réussi à désinfecter son bobo à la bouche. J’arrive et effectivement de loin j’entends « Tatatatatatata » ! Dans la tente, je vois l’équipe au grand complet en uniforme autour de la civière, une grande lumière blanche dans la gueule du gars. Je leur demande de s’écarter, voire de sortir. Je m’approche doucement du gars, le rassure et lui demande ce qu’il a pris. Et là, « Tatatatatata ! » devient clairement « J’ai pris 2 tatas, ne m’attachez pas ! » Je leur explique donc la situation : « Vous venez d’attacher un gars en pleine montée de MDMA. Vu l’heure, il doit maintenant en être au stade où il a une boule d’énergie en lui qui lui donne envie de bouger, de parler, de s’extérioriser et vous le maintenez ligoté sur une civière. Bref, s’il vrille parce qu’il ne peut dépenser cette énergie, vous en serez responsable. » Le chef ordonne la libération du prisonnier. Je repars avec lui et l’oriente vers le son après lui avoir donné quelques infos de RdR. L’autre cas de cette soirée était un gars sous LSD qui s’était enfermé dans sa voiture pour échapper à la Croix-Rouge (encore) qui voulait lui soigner sa petite coupure à la main. En voyant les uniformes, il a flippé : il voyait des infirmières qui voulaient le piquer avec des aiguilles au bout de leurs doigts et refusait d’être touché.

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Remerciements : Céline, Fab, Jonas, Reuns.

Dubstep/kétamine : beaucoup de coïncidence…

L’essor de la kétamine et celui du dubstep ne seraient pas liés ? C’est ce que se tuent à répéter Dj’s et forumeurs. Avec ses ralentissements de fréquence et ses lourdes basses, le dubstep ressemble pourtant à s’y méprendre à une illustration sonore des effets de la kétamine. Berceau du dubstep, l’underground londonien du début des années 2000 est aussi l’un des premiers lieux de consommation de kétamine. Une coïncidence d’autant plus troublante qu’au même moment à l’autre bout de l’Occident, la vague du Dirty South popularise la consommation d’un autre downer : la codéine…

Vous avez sûrement déjà entendu parler du dubstep, ce style de musique électronique qui tient le haut de l’affiche depuis environ cinq ans.

ASUD52_Bdf_Page_30_Image_0003Comme c’est souvent le cas dans notre société où l’industrie musicale se nourrit des émanations de l’underground pour produire des effets de mode commercialement rentables (jette tes disques de plus de 3 ans et rachètes‑en des nouveaux si tu veux être à la page), ce pauvre dubstep sera passé d’un sous‑genre obscur au top de la hype en moins de temps qu’il n’en faut à un producteur de major pour s’enfiler une ligne de coke. Et conformément au schéma habituel, il se dirige aujourd’hui vers les abîmes de ringardise1 qui attendent chaque courant musical passé par la moulinette à pognon…

Enfin, heureusement les musiques électroniques se renouvellent à une vitesse que même des producteurs dopés peinent à suivre et le dubstep est loin d’avoir dit son dernier mot. Je vous passe les dizaines de déclinaisons auxquelles il a donné naissance pour vous mener directement à celle qui nous intéresse : le Dubstep and Screw, un hybride de dubstep et de Chopped and Screwed, vous vous rappelez ? Ce style de hip-hop ralenti et saccadé généralement écouté le cerveau embrumé de codéine (Lire Hip-hop, le sirop de la rue dans ASUD journal n°51). Eh bien des Canadiens ont eu l’idée de reproduire la technique sur des morceaux de dubstep pour un résultat… stupéfiant !

ASUD52_Bdf_Page_31_Image_0006Des liens troublants

On verra si ce style perdurera mais, bien qu’ils soient nés à des milliers de km de distance, la convergence du dubstep et du Chopped and Screwed semblait inévitable : deux courants succédant à des bass‑musics aux rythmes très rapides (la Miami Bass et la Drum’n’Bass) dont ils prennent les codes à contre‑courant en ralentissant et déstructurant les rythmes.

Autre point commun : deux styles de dance music fortement liés à des consommations de produits pas vraiment habituels dans le cadre festif puisqu’il s’agit de downers : la kétamine et la codéine. Enfin, si le lien entre Chopped and Screwed et conso de sizzurp est bien établi, les choses sont moins claires pour le dubstep et la kéta… La polémique est lancée fin 2009 par le célèbre S. Reynolds qui explique dans un article publié par le Guardian que c’est désormais la kétamine qui dirige la club-culture londonienne et que l’essor du dubstep (dont l’écoute est réputée se marier parfaitement avec les effets de la poudre à poneys) en est le signe. Sauf que les musiciens de dubstep refusent l’analyse et qu’une partie du public déjà excédée par le comportement des K‑Heads se braque contre l’article. Il faut dire qu’avec leurs défauts de synchronisation des mouvements et leur incapacité à s’exprimer, les kétaminés ne renvoient pas toujours une image très positive du mouvement. À tel point que chez certains disquaires londoniens, on peut trouver des T‑shirts « Dubstep Against Ketamine » et que le sujet « la kétamine va ruiner le dubstep » comporte plus de 400 réponses sur le forum de référence, dubstepforum.

ASUD52_Bdf_Page_31_Image_0005La rencontre musique/produit

Ici encore on peut faire le parallèle avec le Chopped and Screwed dont le père fondateur DJ Screw (chéper notoire décédé d’une OD d’opiacés et d’amphets en 2001) s’était toujours défendu d’avoir inventé ce style sous l’effet du sizzurp… Laissons à ces musiciens désireux de ne pas voir leur créativité entachée du recours à des psychotropes le bénéfice du doute, mais remarquons tout de même qu’il arrive qu’un produit rencontre un style de musique (reggae/cannabis, punk/amphets-alcool, techno‑house/ecstasy…) et que l’essor de la kétamine coïncide étrangement avec celui du dubstep puisque tous deux prennent naissance dans les squats‑parties londoniennes du début des années 2000.

Et au lieu de nous arracher les cheveux à déterminer si le public consomme de la kétamine parce que les DJ’s jouent du dubstep ou l’inverse, méditons les sages paroles de S. Reynolds : « Il est clair que certaines drogues deviennent des « It Drugs ». Leurs effets donnent le ton d’une époque, affectant même des gens qui n’ont jamais consommé la substance en question […] Pas uniquement via la musique mais aussi via les pochettes d’album, les posters, les looks, etc. Le LSD a par exemple affecté beaucoup plus de gens dans les sixties que ceux qui prenaient réellement de l’acide. »

ASUD52_Bdf_Page_30_Image_0002Si pour Reynolds, la kétamine est clairement devenue la « It Drug » de notre époque, que dirait‑il de la codéine dont l’ambassadeur Lil Wayne croule sous les récompenses musicales, dont le style de musique associé – le Chopped and Screwed – influence jusqu’à des groupes de métal2 et dont on retrouve l’imagerie (notamment la couleur violette du sizzurp) dans un nombre incalculable de clips ? Quoiqu’il en soit, la montée en puissance simultanée de deux styles musicaux associés à des consommations de downers est troublante : après une longue période de gloire des stimulants, il est bien possible que les downers se hissent à la place de It Drugs mondiales !

1À ce sujet, Justin Bieber a annoncé un prochain album dubstep

2Le groupe Korn a sorti un album remixé Chopped and Screwed

Le kit de survie du teufeur

Quel est le minimum vital à amener en teuf pour ne pas avoir de mauvaises surprises et être pris au dépourvu.

– Un bloc de Post-it pour faire ses pailles soi-même. C’est ludique, et le papier a l’avantage par rapport aux pailles traditionnelles de ne pas risquer de couper nos fragiles muqueuses nasales. La paille doit être à usage unique pour éviter toute transmission du VHC. Le petit plus, c’est d’avoir de l’eau stérile pour se rincer le nez avant et après avoir sniffé.

– Des préservatifs. Ce serait trop con de passer à côté ou de faire sans. Le gel lubrifiant a aussi toute son utilité dans ces situations : il lubrifie le préservatif, évitant ainsi la principale cause de déchirure. De plus, la consommation de produit peut entraîner un assèchement des muqueuses vaginales chez la femme. Rappelons, à cet effet, qu’il existe un préservatif féminin encore sous-utilisé, alors que la grande majorité de ceux qui l’ont essayé en vante les mérites.

– Des sucreries pour éviter l’hypoglycémie.

– Des bouchons d’oreilles, surtout sur les teufs de plusieurs jours.

– Et de l’EAU.

Réduction des risques et sons

Quand on parle de réduction des risques en teuf, on pense immédiatement aux drogues (alcool compris), à la rigeur aux accidents de caisse, mais jamais aux tympans crevés, acouphènes et autres passeports vers la surdité temporaire ou définitive. Non que le sujet soit une raison de faire encore plus flipper les parents, mais parce que quelques précautions simples permettent là aussi de réduire les risques.

À la fin de l’été 2006, le cassoulet (Collectif des artistes séparatistes du Sud-Ouest unis pour la liberté d’expression du mouvement tekno) défrayait la chronique en organsinant le Teknival d’Angoulême à grand renfort de sound systems et de teufeurs de tous horizons. Fidèle reflet de toute l’actualité du son, de l’éclairage et de l’événement scénique technique, le magazine Sono* lui emboîtait le pas avec un dossier sur la sonorisation des teufs, après 10 ans de silence médiatique quasi complet. Sono qui, dans une mise en garde initiale, se défend de « sombrer dans l’angélisme béat ou cautionner des pratiques à très gros risques et passer sous silence des lacunes criantes quant à la sécurité du site et des oreilles des participants », d’ailleurs qualifiés de « camés du son ».

« La tête dans la gamelle »

asud_journal_34_teufPourquoi entrer dans pareille polémique sinon parce que, en tant que référent et expert en techniques de sonorisation, Sono attaque franchement le coeur du problème ?
La nature des matériels de sonorisation (occasions ou rachats de matériel de boîte), mais aussi le mode même de sonorisation choisi lors du teknival : en façade trapue, barrée de très large murs d’enceintes étalées, couplage aléatoire du son en certains
points (ce qui se surajoute à la pression acoustique également de façon aléatoire sur le terrain), possibilité d’abord direct du mur d’enceintes (offrant aux usagers une banane recherchée avec la « tête dans la gamelle »).
Plus que la recherche de pression acoustique intense, voire maximale, ce sont les régimes de pression utilisés au niveau du dance floor qui se révèlent les plus spectaculaires : entre 115 et 123 dB SPL durant la journée, auxquels il faut ajouter 2 à 3 dB durant la nuit. Maintenir les usagers à 2 mètres ramènerait ces seuils à 115 dB, où les conséquences néfastes pour l’audition mettent plus de 30 secondes à se manifester…
Normalement, 105 dB sont tolérés durant 5 minutes sans aucun retentissement au niveau de l’organisme. C’est d’ailleurs une norme officielle (www.legifrance.gouv.fr.).
Les dangers pour l’audition sont essentiellement représentés par les « séquelles habituelles des pratiques musicales amplifiées ». La surdité s’étend sur une plage de fréquence élevée (3 000 à 6 000 Hz), celle de la parole étant normalement le mieux appréciée autour de 500-2 000 Hz et maximalement atteinte dans les fréquences aiguës. Des acouphènes (bruits parasites de type grésillements, craquements, etc.) plus ou moins permanents et invalidants (car ils touchent le psychisme à plus ou moins long terme) se surajoutent à une hyperacousie dans les fréquences de la conversation : on entend plus fort, et cette hyperacousie douloureuse, pénible, aura aussi des conséquences pour la santé nerveuse et l’équilibre général. De plus, à la différence des tracas mécaniques de survenue brutale (comme une rupture du tympan par exemple), les destructions de fibres nerveuses sont connues pour ne pas régresser ou très incomplètement. Si les produits permettent de s’oublier dans le son, ceux-ci ne vous oublient pas une fois que le son a produit ses effets : une bonne descente d’acide dans l’hyperacousie et les acouphènes surajoutés aux hallucinations auditives, bon courage !

Mieux vaut prévenir…

Bien que ce sujet ne fasse l’objet que d’un intérêt limité, les mesures de prévention sont pourtant multiples et dépassent le simple port des « bouchons atténuateurs» que les associations distribuent à foison et qui sont essentiellement dédiés à l’isolement sensoriel ou à se reposer un peu.

Atteintes de l’audition après exposition prolongée à plus de 115 dB :
– irréversibles & onéreuses (3 000€ la prothèse auditive)
– plus risquées à moins de 3 mètres du mur d’enceintes pendant plus d’1 minute
– produits = risque supplémentaire de perte de contrôle (« tête dans le son »)
– acouphènes + hyperacousie accompagnant la surdité (avec risque de repli sur soi, trouble psychologiques, bad trip).

Première mesure de prévention : relire cet article et adopter les quelques conseils qui y sont donnés.
Deuxième mesure : au moindre doute, consulter un ORL qui pratiquera un audiogramme afin de détecter toute surdité par atteinte de votre nerf auditif. Le traitement consiste le plus souvent en un appareillage en prothèses auditives, dont le prix de revient est souvent supérieur à 3 000 €…
Sinon :
– Porter des bouchons atténuateurs, voire un casque 3M lors des périodes de repos pour ceux qui travaillent sur le tekos, en évitant tout séjour prolongé en zone de très forte pression acoustique (3 à 5 mètres du mur d’enceintes selon les niveaux).
– Éviter une perte de contrôle dans le mur d’enceinte (favorisée par les produits).
– Se tenir à distance respectable (2-3 mètres du mur) n’a pas de conséquences dramatiques sur le régime sonore mais protège la santé de vos oreilles. Postez-vous à 3 mètres d’un volumineux subwoofer posé au sol, vous serez au top pour un massage du ventre et autres … !
– Pour les techniciens des sound systems, des alternatives existent dans la construction des murs d’enceintes et le choix du matériel (en particulier pour les enceintes subsoniques). Notre tolérance au son tient en large part à la technicité de ceux qui ont fait l’installation (Sono souligne d’ailleurs qu’elles sont toutes bien sanglées). L’utilisation croissante des planchers vibrants dans certaines discothèques témoigne d’une sensibilisation de la profession depuis la loi des 105 dB.
– Le DJ a aussi un rôle à jouer, car le massage du ventre par les infrabasses obéit à une égalisation soignée des basses et des fréquences qui « passent ». Les infrabasses exposant aux troubles digestifs, en abuser c’est bien souvent vomir…
Sur un teknival, « avec des teufeurs heureux, exténués, et en recherche permanente d’une surenchère au plaisir », l’enjeu se situe cependant dans les 2 mètres devant le mur d’enceintes, où les teufeurs devraient eux-mêmes être vigilants à écarter les plus défoncés des risques qu’ils encourent. Car les infrabasses sont sournoises/vicieuses quand il s’agit de réveiller les douleurs de dents déjà abimées ou même parfois entre deux dents saines, des crise d’arthrite jouïssive… L’incident survient volontiers après une exposition un peu prolongée dans la proximité des enceintes subsoniques (« gamelles » ou subwoofers).

Interactions audition et produits

asud_journal_34_teuf3Si le rôle de Sono n’est pas d’évoquer la place des produits, celui d’Asud est de vous informer des risques encourus lors de consommation de toxique(s). Certains produits comme l’acide (LSD), la psilocybine, la mescaline, sont connus pour susciter des hallucinations auditives puissantes. Dans pareilles circonstances, un usager de LSD peut confondre acouphènes liés au traumatisme sonore et hallucinations liées au produit. Les acouphènes peuvent susciter un bad trip, tout comme un certain repli sur soi peut survenir au décours de l’hyperacousie. On imagine les conséquences en descente de trip. Il est difficile de parler plus précisément des conséquences chez les fumeurs de crack, injecteurs de coke, et autres tapeurs de kétamine. Reste que, conjugués à l’usage de produits, ces forts niveaux de pression acoustique et leurs conséquences sur la physiologie pourraient expliquer, chez certains, les phénomènes de dépression et de repli sur soi dans les semaines suivant les périodes festives.

Enfin, le magazine Sono rend également un vibrant hommage à la prévention et, en particulier, au travail de Médecins du monde qui a insisté sur l’urgence de traiter d’autres problèmes plus brûlants. Il était donc normal qu’un de leurs anciens évaluateurs médical de terrain reste disponible pour relayer ces informations. Un travail plus fouillé (avec la collaboration du DrC, électroacousticien) sera bientôt disponible sur les interactions à connaître entre audition et produits.

Réduire les risques en teuf

Dépassant la seule prévention des risques encourus par l’injection (VIH, hépatites), la réduction teuf des risques en milieu festif s’efforce de s’adapter à l’évolution des consommations et d’aborder tous les types de risques liés à l’usage de drogues. Quelques conseils pour «bien consommer» ou tout au moins «consommer à moindre risque».

Le contexte de consommation et l’état d’esprit dans lequel on se trouve au moment de la fête sont, tout d’abord, des facteurs prédominants. Il est, en effet, totalement illusoire de penser que le produit seul peut tout faire. Il est donc important d’apprécier l’ambiance de la fête et de se sentir bien.
Être avec des gens de confiance est tout aussi essentiel : mieux vaut avoir des potes sur qui compter en cas de galère (bad trip, accident…).

Mythes et contrevérités

teuf3Pour réduire les risques d’une consommation de produits en milieu festif, il est essentiel de s’informer sur les effets des produits et de connaître leur mode de consommation. Consommer ne suffit pas pour connaître l’ensemble des effets d’un produit, et ce constat a incité les acteurs de la réduction des teuf risques à informer les teufeurs au plus près de leurs préoccupations. Beaucoup de mythes et contrevérités circulent, en effet, en teuf. Comme, par exemple, celui de la cocaïne végétale qui serait moins dangereuse – parce que «naturelle» – que la «mauvaise» synthétique. Synthétiser de la coke serait, en fait, très difficile et coûterait surtout beaucoup plus cher. Il n’y a donc pas de synthé, et la végé n’est pas un produit bio. Le mythe des descentes «difficiles » ou d’effets indésirables (dépression, mauvaise humeur, mâchoire crispée) liés à la présence d’amphétamines dans l’ecstasy est aussi répandu. Or, les analyses en laboratoire de nombreux comprimés collectés en teuf ont démontré que la grande majorité des ecstasies vendus ne contenaient pas d’amphétamines, et que les autres produits de coupe (souvent des excipients utilisés dans les médicaments) sont généralement anodins pour l’organisme. Des résultats qui permettent de comprendre que les effets dont on peut se plaindre sont donc pratiquement exclusivement dus à une consommation abusive.

Savoir ce que l’on consomme

Certains médicaments vendus pour de l’ecstasy peuvent être relativement anodins en prise unique, sauf allergie grave et immédiate. Mais, combinés à d’autres substances licites ou illicites, ils exposent le consommateur à des interactions malheureuses. Les différences de dosage majorent également le risque spécifique lié à l’ecstasy : nos analyses * montrent ainsi que la dose de MDMA peut varier de moins de 10 mg à plus de 160 mg selon les comprimés. Or, les risques dépendent de la dose, peutêtre pas en ce qui concerne le risque de « mort subite » (syndrome d’hyperthermierhabdomyolyse, hépatites fulminantes, complication neurologiques…), mais certainement pour celui de décompensation psychologique.
Des produits à risques très différents (hallucinogènes, par exemple) sont, par ailleurs, vendus pour de l’ecstasy (DOM, 2CB, 2CT7, etc.). L’effet vécu n’est alors plus du out le même que celui attendu par le consommateur d’une substance censée être de la MDMA, créant du même coup des risques de panique grave. Les effets de ces nouvelles molécules sont, de plus, très mal connus.

Sus aux mélanges

Certains mélanges sont plus nocifs que d’autres. On sait, par exemple, que la consommation d’ecstasy associée à celle de speed est extrêmement neurotoxique. Le mélange avec l’alcool accroît, de même, considérablement sa neurotoxicité et les risques de malaises et d’accident. L’alcool a ainsi une part de responsabilité dans plus de 90 % des accidents et overdoses.
Différentes stratégies de mélange sont, par ailleurs, développées pour rechercher un effet en particulier ou explorer de nouveaux états de conscience. Rappelons, là encore, que le contexte et l’état d’esprit de consommation peuvent primer sur les effets du produit lui-même.

Accepter de redescendre

À toujours vouloir monter plus haut, on risque de tomber très bas ! Les premières montées restent uniques, et on a souvent tendance à chercher à retrouver ces premiers états de conscience. Le meilleur moyen de retrouver ces effets est de faire de bonnes pauses entre les prises, pour éviter de développer une trop grosse tolérance et reconstituer ses réserves de neuromédiateurs.
Il faut aussi accepter à un moment de redescendre. Rien ne sert de bouffer 15 taz. À partir d’un certain seuil, qui diffère selon les personnes, le cerveau sature. La reprise de produit sert à peine à maintenir un effet plateau qui « sent la fin ».

Et bien récupérer

Même si cela peut sembler basique, manger et dormir sont les éléments les plus importants pour récupérer. De nombreux produits consommés ont une action coupe-faim et sont stimulants. Il n’est donc pas toujours facile de remplir ces besoins primaires sans se faire un peu violence dans les jours qui suivent la teuf.

Flyer de RDR, édité et distribué en rave par Techno +.

Ecsta sana in corpore techno

Contre les plombs qui sautent ou le tout répression, les ravers se défendent : ils ont créé l’association Techno+. Présentation.

La techno est née au milieu des années 80 à Détroit d’un mariage entre la musique synthétique blanche et le groove black. La rave est le rituel techno où tout concourt à créer un état de transe : musique, lumière, lieu insolite, et aussi pour certains, prise de drogues.

Le principal effet del’ecstasy est de désinhiber les émotions et la communication non verbale. Il y a une forme d’équilibre entre les sons synthétiques et industriels de la techno et les émotions et sentiments amplifiés par l’ecsta.

Tendances

Le mouvement techno s’est éclaté en de nombreuses tendances : la musique, les fringues, certaines valeurs, les mots, les drogues, diffèrent suivant les tendances.

Outre l’ecsta, d’autres produits sont consommés : le LSD, le speed, la kétamine, la coco, les champignons, l’héro (sniffée pour adoucir les descentes de LSD ou de speed)…

Bien sûr, la consommation de drogues dans la techno ne se fait pas sans dommages et en 1995 une bande de ravers a créé Techno+, pour répondre à ces questions sur le plan sanitaire, pour proposer une alternative à la répression et pour favoriser l’expression de la culture techno, y compris en dehors des raves.

Nos objectifs principaux sont de permettre aux ravers usagers de gérer leur usage. Cette action s’inscrit dans le cadre de la réduction des risques (acceptation de l’usage et non-jugement) et de l’auto-support.

La grande majorité des ravers usagers de drogues pratiquent un usage récréatif et ritualisé par la rave. Nous on dit « Usage récréatif des drogues » et non usage de drogues récréatives. Car on peut faire un usage récréatif de n’importe quel produit et un usage addictif d’ecstasy. On ne parle pas non plus d’usage « abusif » : on a vu des mecs péter les plombs à leur première prise d’un quart de buvard, et d’autres en bouffer comme des smarties sans dommages importants. Nous préférons parler d’autocontrôle.

Marathon

Concernant l’ecsta, les ennuis viennent souvent de l’usage répétitif entraînant fatigue, amaigrissement, dépression, comportement agressif. Cela provient des histoires de taux de sérotonine dans le cerveau. Ces problèmes sont aggravés par les conditions de prise lors de marathons.

Notre message de prévention auprès des ravers insiste alors sur la contradiction entre leur recherche d’émotions positives et d’amour et ce qu’ils vivent : la dépression, l’agressivité.

L’autre grand problème de l’ecsta est bien sûr que c’est tout sauf de l’ecsta. L’ecsta à l’origine c’est du MDMA, mais en général, c’est aussi des amphétamines et tout un tas de trucs indéterminés, vu qu’il n’y a pas en France, pour l’instant, de politique de contrôle de la qualité des produits comme en Hollande. D’où surconsommation…

Au niveau du LSD, on voit surtout beaucoup de pétages de plomb ! Des très jeunes, vulnérables, prennent cette défonce ultra-puissante mentalement, comme ils prendraient du speed ou de l’ecsta, et ne s’en remettent pas… Le LSD est d’un excellent « rapport qualité/prix » : 50 balles un buvard, un quart de buvard faisant déjà un bon effet. C’est la défonce attitrée des très jeunes, très fauchés. Bref, il y a du boulot !

Évidemment, le Ministère de l’intérieur a utilisé le prétexte de la drogue pour taper sur la techno et les raves. Les organisateurs de raves et les médias techno ont répliqué qu’il n’y avait pas plus de drogue dans les raves qu’ailleurs. Peu crédible… À Techno+, nous avons choisi une autre stratégie. Nous avons édité des brochures d’information sur la réduction des risques. Nous avons créé un espace d’écoute et de soutien des ravers en difficulté. Nous nous sommes formés au secourisme pour assurer en cas de pépin dans les teufs. Nous nous battons pour que la qualité des produits soit contrôlée.

Associés

Bref, nous avons fait du beau travail en nous associant avec AIDES, Médecins du Monde, la Mutualité Française et de nombreuses autres associations travaillant dans la réduction des risques, mais également avec des institutions (Ministère de la Santé, CRIPS, Drogue Info Service, CFES…), nos confrères allemands (Safe Party People, Eve & Rave), anglais (Crew 2000) et français (le Tipi à Marseille, Techno+ Pays d’Oc à Montpellier, Keep Smiling à Lyon et Spiritek à Lille) Résultat des courses, on a gagné ! Ce sont maintenant les associations, soutenues par le Ministère de la Santé, qui gèrent la santé au sein de la techno, ce qui paraît normal, et le Ministre de l’intérieur a déclaré lors d’un séminaire interne sur la techno auquel nous étions conviés (13/11/97), qu’il ne s’opposerait plus aux raves intégrant le cadre légal. À voir.

Les précautions d’usage selon Techno+

  • Renseigne-toi le mieux possible sur la qualité et l’effet du produit que tu achètes.
  • Évite de consommer si tu es fatigué, si tu as des problèmes cardiovasculaires, d’hypertension, d’épilepsie, d’asthme, de tétanie ; si tu as des problèmes psychologiques, de dépression ; et pour les femmes, si tu es enceinte ou si tu allaites.
  • Si tu as décidé de consommer, fais-le avec des gens de confiance, dans un contexte rassurant.
  • Fais attention aux doses. Les premières fois, ne prends pas plus de la moitié de ce qu’un habitué prend.
  • Sois vigilant sur le fait qu’avec certains produits, tu ne ressens plus la douleur.
  • Évite les mélanges entre produits, en particulier avec l’alcool.
  • Bois de l’eau régulièrement (mais pas trop d’un coup), fais des pauses, aère-toi.
  • Lors de la descente, repose-toi, détends-toi, mange des produits vitaminés et sucrés. C’est moins risqué que d’en reprendre.
  • Si tu sniffes, utilise ta propre paille pour éviter la transmission des hépatites. Si tu shootes, utilise ta propre seringue (et qu’une fois) pour éviter la transmission des hépatites et du sida.
  • Évite d’avoir l’estomac plein (risque de vomissement).
  • Évite de prendre le volant et d’entreprendre une activité à responsabilité.
  • Évite de répéter l’expérience avant plusieurs semaines. Consommer trop régulièrement atténue une part des effets et augmente les risques liés à l’abus (dépression, angoisse, insomnie…).
  • Même très sûr de toi, n’oublie pas la capote et prévois du gel lubrifiant.

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