Heroïne, ces overdoses peuvent être évitées !

Communiqué de presse Asud / Safe

26 overdoses en Ile de France depuis hier. L’héroïne revient-elle rôder dans les banlieues ? Il y à peine deux ans, les spécialistes ne parlaient plus que des « vieux héroïnomanes ». Les opiacés sont consommés depuis 2000 ans, il n’est pas surprenant qu’une nouvelle génération subisse le choc de l’addiction à l’héroïne accompagnée de plusieurs facteurs aggravants :

1° la répression n’a jamais été aussi intensive : 120 000 arrestations en 2008.

2° Les conséquences de cette répression sur les usagers d’héroïne sont connues : on shoote vite dans un endroit peu adapté et souvent seul. On apprécie mal les quantités ; en cas d’overdose, on est vulnérable à l’extrême, si quelqu’un vous accompagne, la peur de la prison le pousse à vous abandonner à votre sort.

3° Depuis 15 ans ASUD et les associations de réduction des risques demandent que des campagnes de prévention des overdoses soient organisées par l’État : cela suppose d’informer sur les techniques de consommation, le degré de pureté et les quantités injectées ou sniffées. Au lieu de cela, la stigmatisation accrue des toxicos encourage les plus jeunes à s’initier tout seul, enfermés dans le déni et sans avoir pu profiter de l’expérience des « anciens » , victimes de la grande vague d’héroïne des années 80/90. Il existe par exemple, à l’étranger des programmes d’?éducation à l’utilisation du Narcan, un antagoniste des opiacés, qui ont fait leur preuves en matière de réduction des morts par overdose ; ou encore des programmes d’héroïne médicalisée et des salles de consommation sécurisée pour les usagers où l’on est pas obligé de se cacher au coin d’une rue ou au fond d’une voiture. Cela suppose de cesser de traquer les usagers de drogues comme des gibiers, particulièrement dans les cités de banlieue où la répression des années sida a laissé son sillage de morts.

Interruption de l’échange de seringues en Cote d’Or

Des usagers du forum viennent de nous avertir qu’il n’y a plus d’échange de seringues en Côte d’Or.

Nous venons de contacter la SEDAP, la structure qui s’occupe du soin pour les toxicomanes et du programme d’échange de seringue sur Dijon et la Côte d’Or : le seul programme d’échange de seringues (CAARUD) en Côte d’Or est un programme d’échange de seringues en pharmacie (28 sur toute la Côte d’Or), entretenu à bout de bras par une seule personne ! 60 000 seringues ont été distribuées en 2006. Mais cette année, ce programme a déjà écoulé 50 000 seringues. Il se retrouve à cours d’argent pour en acheter d’autres, la DDASS de Dijon refusant par principe d’augmenter sa dotation, qui n’est pourtant pas exceptionnelle, loin de la, pour un département comme la Côte d’Or ! Total, il n’y a plus d’échange de seringues en Cote d’OR !

Nous dénonçons cette position réactionnaire de la DDASS de Dijon, qui consiste à croire que moins on donne de seringues, moins il y a d’injecteurs (la DDASS reproche par exemple à la Sedap de donner plus de seringues que dans le département voisin de la Nièvre). Cette position pénalise et met en danger les usagers de drogues injecteurs, qui sont, au final, toujours les grands perdants de cette pensée d’un autre temps.

15 ans en arrière ?

Lettre ouverte à Etienne Apaire, président de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT)

Paris, le 29 octobre 2007.

Monsieur,

Un mois et demi à peine après votre nomination à la tête de la MILDT, vos premiers gestes et déclarations suscitent chez nous la plus vive inquiétude.

La MILDT vient de refuser à l’association d’auto-support d’usagers de drogues ASUD une subvention qu’elle lui accordait chaque année avant votre nomination, pour l’organisation des quatrièmes Etats Généraux des Usagers de drogues et de la Substitution (EGUS) prévus en décembre prochain. Vous ne pouvez ignorer cependant ni le rôle central des associations d’auto-support dans le champ de la réduction des risques, ni la qualité des débats, soulignée par tous, qui avait caractérisé les précédentes éditions des EGUS – puisque votre prédécesseur en avait inauguré la tenue il y a tout juste un an -, ni le caractère paradoxal d’une telle mesure, quelques années à peine après le vote de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.

L’ensemble du secteur des intervenants en toxicomanie s’est toujours accordé en effet sur l’importance d’une collaboration avec les associations d’auto-support, tant comme vecteurs d’information que pour leur rôle d’éducation auprès des usagers, leur parler vrai sur les questions de dépendance ou de plaisir, ou comme regard critique sur l’élaboration des programmes. Loin d’« encourager des usages illégaux », comme vous le suggériez à l’AFP le 21 septembre dernier, les associations d’usagers sont des partenaires indispensables de la lutte contre les maladies infectieuses ou de la réduction des risques en général. Nous ne pouvons comprendre cette décision.

Selon Valeurs actuelles du 19 octobre 2007, vous vous seriez par ailleurs fixé comme objectif de « renforcer l’idée selon laquelle la substitution n’est pas une fin en soi et qu’il faut en sortir », ambition à nos yeux lourde de sous-entendus, que nous ne pouvons que rapporter aux débats souvent violents qu’avait suscités la mise en place des traitements de substitution il y a quinze ans.

Faut-il vous rappeler les succès imputables à ces traitements : chute spectaculaire du nombre d’overdoses, réduction du taux de nouvelles contaminations VIH chez les usagers de drogues à 3% des cas diagnostiqués en 2004, contre 40 % en 1993 avant l’arrivée du Subutex ? Faut – il aussi vous rappeler la fragilité de ces acquis, la difficulté de suivre des traitements aussi lourds que ceux du sida ou de l’hépatite C, qui sans la délivrance d’opiacés de synthèse se seraient souvent avérés impossibles, la menace que fait peser aujourd’hui sur les usagers de drogues l’hépatite C, la stigmatisation continuelle dont ils font l’objet ?

De l’avis unanime de nos structures, seul l’abandon de l’abstinence comme norme unique et préalable a permis de sauver des vies et continue de permettre aujourd’hui, dans bien des cas, de convaincre de se soigner, de rentrer en contact avec un établissement, d’entreprendre des démarches administratives ou juridiques. Le désaveu de ce parti-pris de pragmatisme ne peut que nous alarmer dans la bouche d’un président de la MILDT, dont la fonction devrait être de garantir une pluralité d’approches de la question des drogues.

Il nous laisse par ailleurs incrédules, tant les succès de la réduction des risques invalident vos positions. La stratégie de réduction des risques liés à l’usage de drogues adoptée depuis bientôt quinze ans en France a si bien fait ses preuves que le principe en a été inscrit dans la loi en 2004, avec l’adjonction de trois articles au Code de Santé Publique qui lui fixent notamment comme objectifs de prévenir la transmission des infections, la mortalité par surdose, et les dommages sociaux liés à la toxicomanie. Aujourd’hui ces objectifs nous paraissent plus d’actualité que jamais. Rien ne nous permet de penser en effet, dans le contexte actuel de progression de l’hépatite C, de diversification des produits, de progression des pratiques de polyconsommations, que nous puissions nous passer de programmes innovants, éclairés par l’expertise critique des usagers de drogues, et acceptant de suspendre tout jugement pour répondre concrètement aux problèmes sanitaires ou sociaux.

Rien ne nous permet non plus de penser que les députés qui ont voté cette loi, ni le secteur devenu désormais essentiel de la réduction des risques, puissent comprendre ce qui apparaît aujourd’hui comme un revirement de fond.

C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Président, de bien vouloir :

  • Revenir sur votre décision concernant Asud, et lui confirmer le soutien que la MILDT lui a apporté depuis huit ans ;
  • Nous donner des garanties sur le respect du Code de la Santé Publique, en ses articles L. 3411-6, L. 3411-7 et L. 3411-8 notamment, qui concernent la réduction des risques ;
  • Affirmer votre engagement dans la poursuite de la politique de réduction des risques initiée par vos prédécesseurs, et de ses extensions nécessaires pour faire face à l’évolution des pratiques de consommation et des risques sanitaires qui y sont liés.

L’AFR et l’ANIT soutiennent ASUD

Communiqué de presse de l’AFR

C’est avec surprise et préoccupation que l’Association Française pour la Réduction des Risques (AFR) a pris connaissance du courrier de Monsieur Étienne Apaire, Président de la MILDT à l’association ASUD, refusant le financement de deux actions : la tenue des 4èmes EGUS (États Généraux des Usagers de drogues et de Substitution) ainsi qu’une recherche sur les traitements de substitution.

L’AFR rappelle que la Réduction des Risques est une approche pragmatique et humaniste de la problématique de l’usage des drogues. Elle a largement fait ses preuves et elle ne saurait se concevoir sans l’engagement et la participation des usagers eux-mêmes. L’AFR se déclare très préoccupée par ce rejet qui remet en cause la politique gouvernementale de ces dix dernières années. Est-ce pour nos adhérents une menace sur leurs actions à venir ?

La Réduction des Risques est une politique globale dont l’Auto-support est un pilier incontournable, d’autant plus lorsque la loi consacre le droit des usagers et le droits des malades comme pivot des politiques en matière sanitaire et sociale. La décision est alors d’autant plus incompréhensible à l’ensemble du mouvement, que ces EGUS permettent une expression des besoins des usagers et une plate-forme de débats avec les professionnels du soin et de la RdR indispensable à l’amélioration de la qualité des soins, de tous les soins.

La politique de Réduction des Risques et l’association ASUD sont nées dans les années noires de l’épidémie de SIDA et c’est l’alliance des usagers, des acteurs de la réduction des risques et des professionnels du soin qui a enrayée cette épidémie chez les usagers de drogues.

Aujourd’hui, alors que le SIDA n’est pas encore sous contrôle, une autre épidémie : l’hépatite C, est devant nous avec toutes ses conséquences, notamment chez les usagers de drogues. Pour se soigner du SIDA et maintenant du VHC, les usagers ont largement recours aux traitements de substitution sans lesquels, pour beaucoup, rien n’aurait été possible. Pour des dizaines de milliers d’entre eux ces traitements représentent une alternative pour recouvrer une vie sociale, familiale, professionnelle. Les résultats sont là et les EGUS concourent à l’amélioration de ces résultats par la tribune qu’ASUD a ouverte aux usagers utilisateurs de soins et aux professionnels dispensateurs de soins.

Se passer de cette tribune est une erreur. Nous demandons à la MILDT, et à travers elle à son président Monsieur Étienne APAIRE, de revoir sa décision et de soutenir le travail d’ASUD, dans la continuité de ce qu’elle a fait depuis 8 ans.

Communiqué de presse de l’ANIT

L’ANIT (Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie) apprend avec étonnement et inquiétude que les EGUS (États Généraux des Usagers de Drogues et de Substitution) ne pourront peut être pas se tenir en 2008, faute du soutien financier de la MILDT.
S’il ne remet pas en compte la pérennité de l’association ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues), ce refus pose la question du devenir de la représentation des usagers. Cette représentation est un des principes fondateurs de la loi de 2002 qui régit les institutions médico-sociales, et notamment les CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues) et CSAPA (Centre de Soins et d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
ASUD s’est engagée dans des actions et travaux avec des associations de professionnels, dont l’ANIT. Une convention pour aider à la mise en œuvre des Conseils de la Vie Sociale a été signée entre nos deux associations. Un projet de recherche sur les besoins des usagers de la substitution est en cours de finalisation. Toutes ces actions, et d’autres, participaient d’une socialisation des questions d’usage d’autant plus nécessaire que les décisions de ne pas modifier la loi de 1970 laissent les usagers de drogues illicites dans un statut particulier.
Aujourd’hui, la place des usagers est indissociable des réponses apportées aux problèmes posés par les usages de drogues et conduites addictives. L’accompagnement des usagers et des familles est au cœur de la mobilisation de l’ANIT pour une approche cohérente des addictions. Les EGUS sont une des manifestations qui y participe. Nous ne pourrions que condamner fermement leur disparition.

Communiqué de l’Ordre National des Pharmaciens et d’Auto Support des Usagers de Drogues

Le refus de délivrance des traitements de substitution est une infraction.

En tant qu’acteurs de santé publique, les pharmaciens jouent un rôle de premier plan, en particulier dans le champ de la toxicomanie. C’est grâce à leur implication (délivrance de seringues stériles de trousses de prévention, de traitements de substitution) que la prévalence du VIH a nettement reculé chez les usagers de drogues par voie intraveineuse et que l’on a l’espoir de faire reculer un jour celle du VHC.

L’inexpérience et l’incompréhension mutuelle, associée à la crainte légitime suscitée par le comportement de certains usagers, ont abouti à une situation absurde : 25 % des pharmaciens d’officine (1 sur 4) refusent de délivrer certains médicaments de substitution sous des prétextes divers (d’après une enquête menée par Asud, voir Pharmaciens et usagers, le dialogue nécessaire).

PharmacienL’Ordre National de Pharmaciens et Asud sont associés pour dénoncer cette situation qui, loin de résoudre les tensions éventuelles, est une source de conflit supplémentaire entre usagers et pharmaciens.

Rappelons que le refus de délivrance d’un médicament autorisé sur présentation d’une ordonnance valide est une infraction au code de santé publique. Ce refus entraîne par ailleurs un effet de concentration des patients dans certaines officines. Cette « ghettoïsation » n’a que des effets pervers. Le manque à gagner volontairement assumé par les officines défaillantes entraîne une surreprésentation des gains liés à la substitution dans les autres officines, générant ainsi des ambiances équivoques sinon malsaines.

D’autre part, la colère légitime des patients littéralement chassés de certaines pharmacies contribue à entretenir le mythe des toxicomanes violents.

PESRappelons au contraire que, grâce à l’introduction des traitements de substitution dans les années 90, le nombre d’agressions de pharmaciens d’officine par des toxicomanes n’a cessé de baisser.

Asud-Journal et l’Ordre National des Pharmaciens se proposent d’agir concrètement pour améliorer la situation.

Dans un premier temps, l’ensemble des situations de rejet dont sont victimes les usagers vont être recensées afin d’établir une typologie. Si vous-même ou l’un de vos proches avez été victime d’un refus de délivrance, contactez Asud ou l’Ordre National des Pharmaciens à l’adresse suivante :

ASUD
206, rue de Belleville
75020 Paris

Ordre National des Pharmaciens
4, avenue Ruysdaël
75008 Paris

Contactez l’Observatoire du Droit des Usagers picto-odu

Droit de réponse suite à l’article prohibitionniste dans Valeurs Actuelles

ASUD, Auto-Support des Usagers de Drogues, a exigé la publication de ce droit de réponse aux accusations de prosélytisme et de gabegie de l’argent des subventions. L’article de Valeurs Actuelles du 18 mars 2005 fut un point d’orgue de la nouvelle campagne hystérique contre les usagers de drogues en France.

A Monsieur Arnaud Floch, journaliste à Valeurs Actuelles

Après avoir lu dans le n°3564 de V.A., votre dossier, consacré à la réduction des risques liés à l’usage des drogues nous avons été partagés entre l’étonnement et la colère.

Votre dossier appelle la réponse suivante : l’association, Auto-Support des Usagers de Drogues (ASUD), n’est pas une hydre menaçante pilotée par la gauche, comme le sous-entend vos propos. Non seulement nous n’employons modestement que quatre salariés à plein temps après 13 ans d’existence, mais nos premiers fonds nous ont été accordés par un gouvernement de droite justement, et ont été depuis régulièrement renouvelés lors de toutes les alternances.

Or d’après votre papier, la politique de réduction des risque (RdR) serait une politique « instaurée par la gauche » (p. 20). RIEN N’EST PLUS CONTRAIRE À L’HISTOIRE, et tous le spécialistes le disent et l’écrivent : la RdR est fille de la droite. C’est Michèle Barzach en 1987, alors Ministre de la Santé du premier gouvernement de cohabitation, qui inaugure cette politique en France en autorisant la vente de seringues stériles aux toxicomanes, un geste qui sauve de la contamination par le VIH des dizaines de milliers d’usagers de drogues. C’est ensuite Simone Veil et son secrétaire d’État Philippe Douste-Blazy en 1993 qui font passer le nombre de places méthadone de 50 à 5 000, et surtout autorisent la mise sur le marché de la buprénorphine (le Subutex) deux ans plus tard, faisant rapidement de la France l’un de pays les mieux dotés en matière de traitements de substitution aux opiacés.

Quant au soi-disant échec de la RdR, le flou des affirmations gratuites de vos articles tente, là aussi, d’obscurcir la logique implacable des faits. Toutes les statistiques prouvent au contraire son succès foudroyant. En 10 ans, la RdR a fait des usagers de drogues un groupe quasiment exempt de contaminations VIH, et les overdoses sont passées durant la même période de 600 à moins de 100, ce qui est une sorte de miracle en terme de prévention,(Institut National de Veille Sanitaire, rapport 2004).

Mais surtout, et c’est probablement là l’explication de votre hargne à notre égard, elle a permis à des dizaines de milliers d’usagers de drogues de renouer avec la vie de famille, avec la vie professionnelle et bien souvent avec la vie tout court (Actes de la Conférence de Consensus sur les traitement de Substitution aux Opiacés). Or, rien ne semble plus vous exaspérer que cette réussite-là. En inscrivant les usagers de drogues sans restriction dans le domaine des soins, la réduction des risques nous donne des droits que la loi de 70 nous déniait jusqu’à présent.

Cela est dérangeant au point que votre papier essaye constamment de gommer ce qui fait la particularité d’ASUD. Or depuis 13 ans, nous ne cessons de nous affirmer tels que nous sommes : une association d’usagers et d’ex- usagers de substances psychoactives, considérant que notre consommation passée ou présente ne mérite pas la peine de mort à laquelle nous condamne la prohibition sous ses formes multiples. Non seulement notre objectif n’est pas de faire la promotion des drogues, mais nous sommes probablement mieux placés que l’association France sans Drogue pour en connaître les dangers.

Autre point, même tempérer d’une hypothétique approximation (vous nous dite « ou presque »), l’allégation concernant le montant de nos subventions est une navrante contre-vérité. Divisez ce chiffre par mille… ou presque.

Pourtant très au fait de la prose d’ASUD en ligne sur Internet, vous n’avez pas jugé utile de rappeler le long développement que nous consacrons à la question du prosélytisme, dans un courrier adressé au sénateur Bernard Plasait. De même, les citations attribuées à ASUD sont systématiquement ou tronquées ou sorties volontairement de leur contexte.

Notre site Internet ne fait nullement la promotion du cannabis – un délit toujours durement réprimé par le Code pénal. Nous y affirmons au contraire, dans un dossier consacré au cannabis thérapeutique, que le cannabis est une drogue, au même titre que l’héroïne ou la cocaïne. Notre propos est de s’intéresser aux personnes atteintes par diverses pathologies graves et qui déclarent avoir connues un soulagement médical grâce à la consommation de cannabis. Pour échapper au deal de rue, ces personnes ont souvent opté pour la culture et la production de leur propre chanvre. Nous avons donc considéré de notre devoir de faire le point sur tout ce qui peut exister comme informations sur le sujet, tout en clôturant notre propos d’un rappel à la loi long d’une page.

De même, nous n’avons jamais écrit, que l’usage des drogues était “protégé par la Déclaration des droits de l’Homme ”. En revanche, nous mentionnons souvent le fait que l’usage individuel, dans un lieu privé, par un adulte responsable n’est pas contradictoire avec l’exercice de la liberté tel qu’il est défini dans la Déclaration de 1789 : la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres.

Sur la tombe de tous les drogués sacrifiés au mythe des sevrages répétitifs et obligatoires des années 70 à 90, on aurait pu inscrire cette phrase terrible prononcée par un psychiatre après le suicide d’un de ses patients en thérapie : “ Il est mort, certes, mais il est mort guéri ! ”

Communication au groupe ASUD : Alain BAUDOIN (INSERP – Léo Lagrange)

Je crois qu’il est indispensable de commencer par dire qui l’on est, de préciser le point de vue dont on parle : je suis chargé d’organiser des actions de Prévention pour la Fédération Léo Lagrange Île de France, et chargé de mission pour le Comité inter-associatif du Combat pour la Vie Île de France. La plupart des projets sur lesquels je travaille, et donc indirectement mon propre salaire, sont financés par la Délégation Générale à la Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie.

N’étant ni psychothérapeute, ni sociologue, ni médecin, ni juriste, mon point de vue ne saurait avoir la valeur de vérité d’une “Parole de Spécialiste”, même si à travers mes études, une jeunesse tumultueuse, l’exercice de nombreux métiers, une vie parisienne et banlieusarde, et mes fonctions d’animateur et de formateur d’insertion j’ai eu l’occasion de capitaliser des éléments de réflexion et des expériences sur ce domaine.

Quoique non spécialiste, je suis souvent présenté et perçu comme travaillant “sur la drogue”, sorte de “Mister Défonce” à qui l’on demande souvent, pour rire, si il a souvent l’occasion de goûter ce dont il parle, voire, pour les rieurs les plus hardis, s’il n’aurait pas sur lui quelques échantillons choisis pour une dégustation conviviale; comment ne pas repenser à Prévert qui écrivit sur “ceux qui sentent le poisson parce qu’ils travaillent le poisson”.

Cependant, je fais partie de ceux, toujours plus nombreux, qui consacrent beaucoup de temps et d’énergie à expliquer que la prévention de la toxicomanie doit être resituée dans un cadre de prévention sociale et sanitaire générale et que la vraie question n’est pas de “lutter contre le fléau de la Drogue” décrit et représenté comme l’incarnation du Mal Absolu.

Il convient, en la matière, d’afficher et de défendre quelques convictions : Prévenir, c’est former, éduquer, donner aux jeunes et aux moins jeunes la possibilité de diriger leur devenir en régatant sur un fleuve large non tranquille, abondamment grossi de larmes qu’est la vie, en choisissant des ports et mouillages et en se gardant des milles périls pouvant surgir des hauts fonds, fondre du ciel, se cacher dans le clapotis de l’entre deux eaux, ou jaillir de leurs propres cœurs.

Éduquer, c’est d’abord tenter de transmettre sincèrement ce que l’on croit être juste, former, c’est avant tout instruire des libertés. Tout ce travail socio-éducatif de prévention est singulièrement entravé par la chape d’hypocrisie et d’exclusion qui recouvre en France la question de la drogue.

La France fait partie des pays engagés depuis de nombreuses années dans une “Guerre contre la Drogue” qui n’empêche pas les trafics de fructifier mais qui fait de très nombreuses victimes dans les rangs des usagers. Parler de victimes ne relève pas de la métaphore : au Pakistan, entre autre, les détenteurs de drogue sont exécutés, en France les Toxico-dépendants infectés par le VIH meurent de devoir choisir entre l’abstinence et l’intégration des protocoles hospitaliers.

Notre nation, grande consommatrice d’alcool et de médicaments, s’obstine à diaboliser certains produits, cultivant la vision fantasmatique de “produits drogue” fabriquant des “drogués”, êtres voués à la désintégration sociale, à la déchéance et à la mort.

Non ! Ce n’est pas le “produit” qui fabrique le “drogué”, c’est la personne qui à travers le rapport qu’elle établit avec un produit se construit une dépendance. Je ne dis pas que tous les produits sont identiques quant à leur aptitude à déclencher l’ivresse et le “voyage”, je ne nie pas que certains sont infiniment plus dangereux que d’autres, tellement plus prompts à entraîner des dépendances; Je ne nie pas que les dépendances puissent avoir des conséquences dramatiques, mais je dis que c’est le Sujet qui reste le centre de l’Histoire. La consommation d’un produit, c’est un élément dans l’histoire d’une vie, le rôle que cela a, la place que cela occupe, dépendent précisément de la personne qui vit l’histoire, de qui elle est, de ce qui compte à un moment donné pour elle, de la société où elle vit, de l’image que cette société lui renvoie.

Au cours des formations organisées autour de la prévention et de la toxicomanie, il est une question que les stagiaires, animateurs, formateurs, enseignants ou gardiens

d’immeubles, posent de façon quasi systématique et qui illustre bien le problème: «comment reconnaître un drogué ?». Expression d’un trouble, car il faut savoir lire les signes, c’est que cela peut bien ne pas être aussi apparent que cela, mais question troublante: comment reconnaître un joueur ? Comment identifier un vrai passionné ? Comment reconnaître un être humilié par son conjoint ? Comment reconnaître une amoureux (une amoureuse) comblé(e), comment reconnaître un contribuable fortuné qui ne paye pas ses impôts ?. Il y a ce qu’on voit et le reste, comme disait Bertold Brecht, tous ceux qui pensant «non» disent «oui», et tous les autres qui disent «non» alors qu’ils pensent «oui». Après tout, pour savoir ce qu’une personne fait, il suffit d’établir un dialogue de confiance assez poussé pour qu’elle puisse vous le dire. Il n’y a pas d’autre choix : sans dialogue de confiance, pas de communication, et sans communication, impossible d’éduquer les libertés. La prévention est dans cet effort constant et peu payant d’établir le dialogue là où il est le plus difficile : au point de l’aveu du manque à être, de la fêlure, de la peur, du plaisir.

Je salue le Groupe ASUD de contribuer, par son existence même, ainsi que par ses activités à faire avancer un débat social qu’il est urgent de mener dans l’intérêt de tous, pour briser les fausses évidences, pour sortir de la logique d’exclusion et remédier aux désastres sociaux et sanitaires dont nous sommes quotidiennement les témoins. Longue vie à ASUD.

Appel pour la mise à disposition de seringues

Dans l’état actuel de la législation de nôtre pays, la loi interdit, sauf dérogation exceptionnelle, l’échange et la distribution gratuite de seringues. Mais aujourd’hui, face à la gravité de l’épidémie du SIDA, qui à travers les catégories de personnes dites “à risque”, menace l’ensemble de la population, il devient urgent de promouvoir et de mettre en œuvre des opérations d’échange des seringues.

Nous, usagers des drogues, sommes prêts à apporter notre concours actif à de telles opérations. Et avec nous beaucoup de particuliers, d’associations, publiques comme privées.

Nous les appelons, eux qui partagent notre volonté de prévention active du SIDA par la multiplication des opérations d’échange de seringues, à se joindre à nous pour demander aux autorités un changement de la législation.

Et à nous exprimer leur soutien en envoyant par courrier le texte ci-dessous :

Je soutiens votre démarche pour la multiplication de lieux d’échanges de seringues :

– Nom :
– Prénom :
– Adresse :
– Organisme ou Association :

Signature :

Lettre ouverte à Mme Georgina Dufoix

Madame le Ministre,

Comme vous avez pu lire dans notre manifeste, l’une des principales raisons d’être du groupe Asud est d’apporter la preuve vivante que les usagers des drogues sont prêts à engager un dialogue constructif avec les décideurs en matière de toxicomanie afin de devenir des partenaires actifs de la lutte contre tous les dangers qui les menacent, à commencer par celui du sida.

Sachant l’intérêt éclairé que vous portez aux problèmes de toxicomanie, nous vous serions infiniment reconnaissants de bien vouloir accepter de nous recevoir pour un entretien qui, publié dans le prochain numéro du journal ASUD, jetterait les bases de ce dialogue que tout comme vous -même nous appelons de nos vœux.

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