L’ASUD basching, un petit cousin du mariage pour tous

L’époque est propice aux réajustement tactiques, aux alliances de revers, aux retours paradoxaux sur investissement. Depuis presque 10 ans un groupe de parlementaires plutôt de droite, plutôt marqués par un discours ostentatoire sur les valeurs morales, plutôt soucieux d’affirmer un patrimoine culturel chrétien, s’en prend directement à notre publication et à travers nous à ce qu’il nomment « le discours de banalisation à l’égard de la drogue ».

Ce groupe était particulièrement influent auprès du précédent président de la MILDT, il est aujourd’hui bien représenté dans les cercles divers de Jour de colère, manif pour tous et autres résurgences de la droite populiste. Nous avons déjà consacré plusieurs pages dans des précédentes parution  à définir ce qui fait de nous ASUD journal le chiffon rouge idéal (N° 31 et 32). Nous avions même réussi à être reçu par Madame Boutin figure centrale  du lobby en question, laquelle ne nous a pas semblé être la plus fermée à la discussion. Peu importe.

L’humour, les drogues et les censeurs

Aujourd’hui nous avons la tentation de crier que nous avions vu le loup avant qu’il sorte du bois, le « printemps français » et ses clameurs sur le genre et le mariage gay est régulièrement tenté par le débat sur les « salles de shoot », l’ordre moral s’est mis en bataille sur plusieurs fronts. La politique des drogues est passionnante  surtout pour ce qu’elle ne dit pas. Les proximités évidentes qui existent entre toutes les entreprises de discrimination et la guerre à la drogue sont perçues de façon particulièrement vives pas nos associations car nous les vivons au quotidien. Le sexisme, le racisme de couleur et de classe, l’homophobie sont à l’œuvre tous les jours dans la démarche absurde qui consiste à interdire la consommation d’un produit justement parce que cette absurdité conduit mécaniquement la répression vers les zones de fractures de nos sociétés. L’alibi de la norme sanitaire abrite des ambitions normatives moins avouables…

Bloodi-sympaASUD est le journal-des-drogués-zeureu, le journal de Bloodi, un canard qui dans la tradition de Charlie Hebdo  ou du regretté Actuel,  aime traiter les sujets graves avec légèreté ce qui est une garantie de sérieux.  L’humour est un véhicule tout- terrain qui permet de s’aventurer là ou le pesant appareillage du pathos est condamné à s’embourber dans ces deux ornières que sont le ridicule et l’ennui. On peut prendre toutes sortes de drogues, mais pas avec n’importe qui disait quelqu’un… Je cite de mémoire… L’humour et les drogues partagent le délicat privilège d’attirer mécaniquement les censeurs et aujourd’hui il sont plus que jamais à l’affut, remontés comme des coucous, prêts à fourbir les armes classiques de l’intimidation morale et la loi.

Nouvelle assise idéologique

Mais au-delà du prurit anti-drogue,  la haine – c’est le mot – qui sourd des propos reproduits ci-dessous est aujourd’hui à l’œuvre sur de multiples terrains. La charge anti Asud a débuté  en  janvier 2013 dans le numéro spécial de  Valeurs Actuelles  (dit« Arnaques du passé »)qui appelait à manifester contre le mariage pour tous.  Notre existence est donc mis en cause par ceux-là même qui sont aux avant-postes d’une croisade morale étrangement parallèle à celle menée aux Etats Unis dans le cadre du Tea-Party

En face de cela ASUD est l’une de ces voix impertinentes, non conformes, irritantes souvent mais certainement de moins en moins en plus politiquement correcte. Il faut donc saluer le soutien manifesté par les pouvoirs publics à travers le communiqué de Marisol Touraine. Certes,la page du sida est tournée le statut d’exception dont nos associations ont bénéficié depuis les années 90 est en passe de se résorber au travers du nouveau conformisme de l’addictologie, mais plaçons un espoir dans les nouvelles normes exigées par la démocratie sanitaire. Des projets comme l’observatoire du droit des usagers, notre place à la commission nationale des stupéfiants, le rôle de contre pouvoir joué par ASUD tout au long de son parcours doivent nous garantir une nouvelle assise idéologique. Nous avons souvent dit que nous ne sommes ni pour ni contre les drogues mais avec, attention à tous ceux qui prétendent faire sans.

Extraits du bashing 2013

Jérôme DubusJérôme DUBUS , conseiller de Paris UMP (Vœu au Conseil de Paris du 16 janvier 2013)

Jérôme Dubus et son groupe, soutenu par Serge Lebigot, président de l’association Parents contre la drogue, ont déposé un vœu au Conseil de Paris intitulé « ASUD ou la promotion inquiétante de l’usage de drogue » dans lequel ils demandent « l’arrêt des subventions versées par le département à l’association ASUD qui lui permettent notamment la publication de son journal ».

Jean Frédéric PoissonJean-Frédéric Poisson député UDI (J.O. du 5 mars 2013)

alerte, par sa question n°20055, Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la dérive du lobby de la drogue qui s’amplifie de jour en jour. Le sommet a été atteint par l’association Asud (Autosupport des usagers de drogues) qui réclame l’ouverture des salles de shoot, la légalisation du cannabis, la dépénalisation voire la légalisation de toutes les drogues… Dans un courrier adressé à François Hollande le 27 novembre 2012, l’association Asud a demandé au Gouvernement que « l’on cesse la guerre aux drogues »… Mais comment l’État peut-il continuer à soutenir cette association ? Le Gouvernement n’est-il pas en train de céder et de se ranger du côté des associations pro légalisation ?… Il lui demande quelles démarches elle compte engager pour exiger l’arrêt des subventions à l’association Asud, dont l’action contrevient à l’article L. 3421-4 du code de la santé publique qui interdit l’incitation à l’usage de stupéfiants et sa présentation sous un jour favorable…

Bernard Debré

Bernard Debré, député UMP, (J.O. du 15 janvier 2013)

M. Bernard Debré attire par 2 fois ce jour-là l’attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les subventions accordées par ses services à l’association ASUD en précisant que « dans le numéro n° 50 de la revue publiée par cette association en août 2012, un dossier spécial est consacré au test de cinquante produits stupéfiants et aux bénéfices d’une telle consommation. Or l’ours de cette publication précise que ce numéro a pu paraître entre autres grâce au soutien de la direction générale de la santé. »

Question 15418

Il souhaite savoir quel est le montant des subventions accordées par le Gouvernement à cette association et si ce dernier entend les remettre en cause dans la mesure où cette association fait une apologie de la consommation de produits stupéfiants.

Question 15419

Cette association fait l’apologie de la consommation de produits stupéfiants, il souhaite savoir si le Gouvernement met à disposition des moyens matériels ou humains à cette association en dehors des financements.

Marc le FurMarc Le Fur, député UMP (J.O. du 19 mars 2013)

attire, par sa question N°21056, l’attention de M. le Ministre sur le financement des associations Asud (auto-support des usagers de drogue) et Techno +. Ces associations propagent des messages qui vont à l’encontre des objectifs poursuivis en matière de lutte contre la toxicomanie. L’association Asud a ainsi pour logo une seringue et évoque dans son journal, « le plaisir que chacun retire d’une prise de drogue »…Dans son n° 50, cette association, a même publié un test comparatif de 50 produits stupéfiants !

Valeurs Actuelles shoot again !

Réponse d’ASUD à l’article intitulé : Drogues l’apologie subventionnée, paru 16 janvier 2012 dans l’hebdo Valeurs Actuelles.

On pourrait l’appeler le syndrome “drogués heureux” en référence au slogan qui a provoqué pour la première fois en 2005 l’ire de l’hebdomadaire à l’encontre d’ASUD. “Le journal des drogués heureux”, notre slogan de l’époque, résumait parfaitement, aux yeux de nos détracteurs, les trois péchés capitaux motivant notre mise au pilori: prosélytisme, gauchisme libertarien, et surtout… financement public. Tout au long d’un dossier de quinze pages, les obsessions anti-drogue d’un duo de journalistes de choc, toujours aux manettes, étaient égrainées dans un inventaire à la Prévert – un Prévert qui aurait migré à Sigmaringen.

Dans sa livraison du Jeudi 16 janvier 2012, l’hebdomadaire a remis le couvert sous le titre “Drogues l’apologie subventionnée”. Apparemment cette nouvelle poussée d’urticaire est consécutive à la parution de notre cinquantième numéro : 50 produits, ASUD a testé pour vous. Passons sur les montants fantasmagoriques des subventions publiques soi-disant attribuées à l’association. Passons sur la haine et l’envie qui suintent sous les dehors d’une indignation sur-jouée. Passons même sur l’emballage plus que suspect qui noie cette charge anti-droguée dans un océan de vociférations homophobes. La Une de VA consacrée à la mobilisation contre le mariage gay semble avoir enclenché un réflexe conditionné.

Aujourd’hui comme hier, le coeur du débat, la seule polémique qui mérite d’être retenue est bien la contradiction initiale que nous avons toujours soulignée entre le principe même de la de réduction des risques et les dispositions légales qui condament la présentation des drogues “sous un jour favorable” ! C’est d’ailleurs tout l’objet de notre dossier1. Les procès en cascade de Jean-Pierre Galland, défenseur du cannabis dans les années 90, le tract “j’aime l’ecstasy” de Philippe Mangeot (alors président d’Act-up) condamné en 1999, le procès de Techno + et JM Priez en septembre 2003 pour «provocation» et «facilitation» de l’usage de stupéfiants, le rapport sénatorial « Drogue l’autre cancer » (2003), le manifeste de 78 députés contre ASUD et Techno+ adressé à Dominique de Villepin le 25 janvier 2006, jusqu’aux derniers remous provoqués par la récente déclaration de Vincent Peillon sur le cannabis. Tout démontre une vérité que nous ne cessons de clamer : l’absence d’un véritable débat sur la politique des drogues crée des zones d’ombres propices aux ratés de la réduction des risques, pourtant officialisée en 2005.

Il existe toujours un clivage majeur dans ce pays entre ceux qui savent que le plaisir des drogues est une composante majeure du dossier et les moralistes, souvent parfaitement hypocrites, qui laissent croire que la répression et la prévention par l’abstinence constitueraient le seul langage efficace ou même audible par les usagers. Les positions clairement antagonistes, et disons-le caricaturales, d’ASUD et de Valeurs Actuelles sur le sujet ont le mérite de poser le problème avec brutalité. La question est : jusqu’à quand l’absence de débat de fond permettra aux uns de se draper dans les plis de la légalité républicaine et aux autres de devoir se justifier d’un langage qui reflète une réalité connue de tous les véritables acteurs de la scène des drogues, professionnels comme usagers ?

Oui, les drogues provoquent d’abord et avant tout du plaisir. Oui, ce phénomène est la principale raison qui pousse les usagers et notamment les plus jeunes à s’en procurer. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. L’assimilation avec les violeurs ou les pédophiles renvoyant systématiquement les usagers à leur statut de délinquants est une escroquerie morale qui n’enrichit que les dealers et les cimetières. Il est temps que notre société ouvre les yeux sur le mouvement international. Depuis les Etats-Unis et l’Amérique de Sud, de nombreux spécialistes, des décideurs et des électeurs prônent un renversement d’alliance, une nouvelle politique, efficace tant pour la santé publique que pour la sécurité, qui verrait dans le même camp les consommateurs de drogues, les citoyens responsables, les policiers et les économistes contre les mafias, l’argent sale et la corruption.

C’est le sens du rapport de la Global commission on drug policy que nous avons adressé au Président Hollande, aux ministres et aux députes, document qualifié abruptement par Valeurs Actuelles de brûlot siglé “fin de la prohibition ». Aux antipodes de l’indignation petite bourgeoise, systématiquement privilégiée par l’hebdomadaire, pourquoi ne pas créer les conditions d’un véritable échange, à la hauteur de nos ambitions communes s’il s’agit véritablement de dominer les principaux fléaux qui découlent de l’abus de drogues, la dépendance et le marché noir.
Le ton de proximité que nous affichons avec les personnes concernées, a fait le succès de notre journal auprès de ce public qui échappe généralement au discours classique de prévention. De notre expérience d’usagers, nous tirons cette certitude qu’il est inutile de vouloir convaincre un consommateur des éventuels dangers d’une substance, sans avoir su au préalable captiver sa confiance, par exemple en partageant l’idée manifeste que ces drogues sont également des sources de plaisir.

Ce paradoxe apparent, est connu de tous les acteurs du champ, il conditionne toutes les approches dites “communautaires” de la réduction des risques. Continuer à se boucher les yeux et les oreilles sur le sujet explique largement les ratés de notre politique des drogues, le trafic de produits de substitution, l’inflation de produits frelatés achetés par le biais d’Internet et la progression constante d’une consommation de cannabis de plus en plus problématique chez les jeunes.

Malgré la loi de 2005 qui officialise la réduction des risques en France, ASUD et d’autres, continuent d’être la cible privilégiée de certaines officines dont les motivations sont à la fois partisanes et strictement hexagonales. L’actualité récente nous montre à quel point les sujets de société instrumentalisés à des fins politiciennes peuvent conduire notre pays à des errements indignes de l’ampleur du débat. Les conclusions de la Global commission on drug policy que nous avons adressées aux membres du gouvernement et aux députés n’ont pas d’autre objet que de dépasser la dimension picrocholine de ces affrontements. Comptez donc sur ASUD pour persévérer dans la voie du dialogue et de la pédagogie avec tous les acteurs de la scène qu’ils soient ministres ou usagers de drogues.

Lettre à Manuel Valls

Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Vos services ont été interpellés par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles et par Monsieur Lebigot (Président de l’association « Parents contre la drogue ») au sujet du travail de notre association. Nous souhaiterions vivement clarifier la situation.

Nonobstant les exagérations, les approximations et les citations sorties du contexte, l’article reflète assez bien notre travail. Nous parlons de drogues à des usagers de drogues afin de réduire les risques et les dommages. C’est un principe fondamental de cette politique de santé publique inscrite dans notre législation depuis le Décret n° 2005-347 du 14 avril 2005.

Grâce à cette stratégie pragmatique, nous avons modifié des pratiques de consommation comme l’échange de seringues, le partage des pailles et des pipes, la prise de produit sans en connaître le dosage et les effets dangereux/indésirables. Nous avons ainsi contribué à stopper l’épidémie de Sida chez les injecteurs, à contenir l’épidémie de VHC, à réduire les overdoses et les mauvaises pratiques, à lancer des alertes sanitaires sur les produits altérés.

Notre crédibilité auprès des usagers provient de ce discours objectif, dénué de jugement de valeur, connecté aux pratiques et au vocabulaire des usagers. Nous ne pourrions pas espérer une telle efficacité en nous limitant à la prévention dans le vocabulaire officiel. Cette stratégie ne serait absolument pas adaptée à notre public. Néanmoins, nous traitons régulièrement de l’abstinence et de l’arrêt des consommations illicites ou des médicaments de substitution.

Depuis quarante ans, l’information officielle a principalement martelé un message sanitaire fondé sur l’abstinence. Cela n’a malheureusement pas permis de résorber durablement l’usage de substances illicites, ni de freiner la tendance à la poly-consommation de masse de drogues licites et illicites. Avec des articles comme celui attaqué par Valeurs Actuelles, nous souhaitons créer assez de proximité avec les poly-usagers pour qu’ils s’approprient les bonnes pratiques de réduction des risques et nos conseils de modération.

Nous sommes conscients que ces concepts peuvent vous sembler nouveaux et déroutants. Nous souhaiterions donc vous rencontrer afin de vous les exposer. Nous sommes à votre disposition pour un rendez-vous à votre convenance.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.

Droit de réponse suite à l’article prohibitionniste dans Valeurs Actuelles

ASUD, Auto-Support des Usagers de Drogues, a exigé la publication de ce droit de réponse aux accusations de prosélytisme et de gabegie de l’argent des subventions. L’article de Valeurs Actuelles du 18 mars 2005 fut un point d’orgue de la nouvelle campagne hystérique contre les usagers de drogues en France.

A Monsieur Arnaud Floch, journaliste à Valeurs Actuelles

Après avoir lu dans le n°3564 de V.A., votre dossier, consacré à la réduction des risques liés à l’usage des drogues nous avons été partagés entre l’étonnement et la colère.

Votre dossier appelle la réponse suivante : l’association, Auto-Support des Usagers de Drogues (ASUD), n’est pas une hydre menaçante pilotée par la gauche, comme le sous-entend vos propos. Non seulement nous n’employons modestement que quatre salariés à plein temps après 13 ans d’existence, mais nos premiers fonds nous ont été accordés par un gouvernement de droite justement, et ont été depuis régulièrement renouvelés lors de toutes les alternances.

Or d’après votre papier, la politique de réduction des risque (RdR) serait une politique « instaurée par la gauche » (p. 20). RIEN N’EST PLUS CONTRAIRE À L’HISTOIRE, et tous le spécialistes le disent et l’écrivent : la RdR est fille de la droite. C’est Michèle Barzach en 1987, alors Ministre de la Santé du premier gouvernement de cohabitation, qui inaugure cette politique en France en autorisant la vente de seringues stériles aux toxicomanes, un geste qui sauve de la contamination par le VIH des dizaines de milliers d’usagers de drogues. C’est ensuite Simone Veil et son secrétaire d’État Philippe Douste-Blazy en 1993 qui font passer le nombre de places méthadone de 50 à 5 000, et surtout autorisent la mise sur le marché de la buprénorphine (le Subutex) deux ans plus tard, faisant rapidement de la France l’un de pays les mieux dotés en matière de traitements de substitution aux opiacés.

Quant au soi-disant échec de la RdR, le flou des affirmations gratuites de vos articles tente, là aussi, d’obscurcir la logique implacable des faits. Toutes les statistiques prouvent au contraire son succès foudroyant. En 10 ans, la RdR a fait des usagers de drogues un groupe quasiment exempt de contaminations VIH, et les overdoses sont passées durant la même période de 600 à moins de 100, ce qui est une sorte de miracle en terme de prévention,(Institut National de Veille Sanitaire, rapport 2004).

Mais surtout, et c’est probablement là l’explication de votre hargne à notre égard, elle a permis à des dizaines de milliers d’usagers de drogues de renouer avec la vie de famille, avec la vie professionnelle et bien souvent avec la vie tout court (Actes de la Conférence de Consensus sur les traitement de Substitution aux Opiacés). Or, rien ne semble plus vous exaspérer que cette réussite-là. En inscrivant les usagers de drogues sans restriction dans le domaine des soins, la réduction des risques nous donne des droits que la loi de 70 nous déniait jusqu’à présent.

Cela est dérangeant au point que votre papier essaye constamment de gommer ce qui fait la particularité d’ASUD. Or depuis 13 ans, nous ne cessons de nous affirmer tels que nous sommes : une association d’usagers et d’ex- usagers de substances psychoactives, considérant que notre consommation passée ou présente ne mérite pas la peine de mort à laquelle nous condamne la prohibition sous ses formes multiples. Non seulement notre objectif n’est pas de faire la promotion des drogues, mais nous sommes probablement mieux placés que l’association France sans Drogue pour en connaître les dangers.

Autre point, même tempérer d’une hypothétique approximation (vous nous dite « ou presque »), l’allégation concernant le montant de nos subventions est une navrante contre-vérité. Divisez ce chiffre par mille… ou presque.

Pourtant très au fait de la prose d’ASUD en ligne sur Internet, vous n’avez pas jugé utile de rappeler le long développement que nous consacrons à la question du prosélytisme, dans un courrier adressé au sénateur Bernard Plasait. De même, les citations attribuées à ASUD sont systématiquement ou tronquées ou sorties volontairement de leur contexte.

Notre site Internet ne fait nullement la promotion du cannabis – un délit toujours durement réprimé par le Code pénal. Nous y affirmons au contraire, dans un dossier consacré au cannabis thérapeutique, que le cannabis est une drogue, au même titre que l’héroïne ou la cocaïne. Notre propos est de s’intéresser aux personnes atteintes par diverses pathologies graves et qui déclarent avoir connues un soulagement médical grâce à la consommation de cannabis. Pour échapper au deal de rue, ces personnes ont souvent opté pour la culture et la production de leur propre chanvre. Nous avons donc considéré de notre devoir de faire le point sur tout ce qui peut exister comme informations sur le sujet, tout en clôturant notre propos d’un rappel à la loi long d’une page.

De même, nous n’avons jamais écrit, que l’usage des drogues était “protégé par la Déclaration des droits de l’Homme ”. En revanche, nous mentionnons souvent le fait que l’usage individuel, dans un lieu privé, par un adulte responsable n’est pas contradictoire avec l’exercice de la liberté tel qu’il est défini dans la Déclaration de 1789 : la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres.

Sur la tombe de tous les drogués sacrifiés au mythe des sevrages répétitifs et obligatoires des années 70 à 90, on aurait pu inscrire cette phrase terrible prononcée par un psychiatre après le suicide d’un de ses patients en thérapie : “ Il est mort, certes, mais il est mort guéri ! ”

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