Auteur/autrice : Michelle R.R.

Une courte maladie (pour Evy)

Tu es Marine, Mon héroïne
Tu as pourtant les dents du bonheur,
Oui mais marine,
Ton héroïne,
Ce fut quand même une dure erreur !

Des labos clandestins ont ruiné tes vingt ans,
Des labos pires encore, t’ont promise à Satan
Comme ta biographie qui est gravée sur tes bras,
Bracelet indélébiles sur tes poignets de soie,
Tu as lu les résultats comme on lit un faire-part,
Comme un mauvais tirage, un négatif tout noir.

Offres-toi au soleil, Marine,
Au bleu des Mers du Sud
Offres-toi un prélude,

À ce calendrier où tes jours sont comptés,
Ce mauvais jeu de cartes qu’on ne peut plus “fricher”
Laisse les “si” au solfège et redeviens pucelle,
Pour couronner le tout, ton amour est mortel.

Offres-toi à ces plages ignorées de l’hiver, tout ce que tu as fait, tu le payes un peu cher.
Mais si l’un de ces jours, tu en rencontres un. Fais-lui patte de velours et sois toute douceur,
Et d’une étreinte mortelle,
Détruis-lui la cervelle !

Entre Balzac et Rambouillet

C’était deux gosses de divorcés,
Bien allumés et bien brisés,
Qui trouvaient le trajet longuet,
Entre Balzac et Rambouillet.

Anne habitait le 17ème,
Son frère jumeau, un fort en thème,
Avait des yeux comme une panthère,
Elle était brune comme une berbère.
Dans l’ignorance du Ministère,
Dans leur jeunesse et leur détresse,
Ils ont jumelé deux grands lycées,
Ce fut Balzac et Rambouillet.

Ils voulaient tout et tout tout de suite,
C’était bien après 68,
Marc s’adonnait au tableau B,
Dans un bistrot du Bd Ney,
Anne avait découvert Morphée.
Ils furent deux ardents prosélytes,
Entre deux fugues, entre deux fuites,
Ils ont jumelé deux grands lycées,
Ce fut Balzac et Rambouillet

Ce fut comme une traînée de poudre
Dans la pinède de Rambouillet,
Ce fut comme un éclair de foudre
Dans le grand Lycée d’Honoré.
Car Marc adorait sa jumelle,
Comme son double version femelle,
Mais trouvait le trajet longuet
Entre Balzac et Rambouillet.

On a tout dit sur la jeunesse,
Sur les ados sur les minots,
Et tout écrit sur tous leurs stress,
Sur leurs conneries et leurs mélos.
Quand ils ont quitté le lycée,
Ceux qu’ils avaient jumelés,
Ils ne sont jamais quittés,
Et ensemble ils ont galéré.

Je les ai vus juste avant-hier,
À la station du métro Glacière,
Entre Sainte Anne et la Santé,
Bien allumés et bien brisés.

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