Auteur/autrice : Ji-Air

À Bloodi, les usagers reconnaissants

En 1995, la figure de Bloodi apparaît pour la première fois dans le journal d’Asud. Le petit keupon avec des chaussures rouges restera à nos côtés pendant dix-sept ans, toujours en quête de prods mais visiblement intrigué par une nouvelle arnaque : la réduction des risques. Ji-Air, président d’Asud et rédac’ chef du journal de 1993 à 1997, nous raconte l’histoire d’un apprentissage mutuel.

Quand je suis arrivé à Asud en 1992, voir, toucher, palper, humer le premier numéro du journal fait par les usagers pour les usagers, et surtout des usagers non-repentis, fut pour moi une véritable révélation et une aventure dans laquelle je me suis jeté à corps perdu. Mais rapidement, après le 4e numéro, on s’est senti coincé dans le format bichrome un peu austère des débuts. Ce journal, on le voulait plus « fun », plus visuel, plus coloré et là, une petite lumière s’est allumée dans ma tête : Bloodi. Je m’étais déjà régalé en lisant ses très toxiques aventures dans le magazine Viper, puis dans Métal Hurlant. Une nouvelle génération de dessinateurs punkies bousculait les convenances et les papys de la BD. Parmi eux, Pierre Ouin, un sacré coup de crayon, un humour trash et féroce teinté d’anarchie. Oui, il nous fallait Bloodi, c’était une évidence.

Le dessinateur attitré de la RdR

Mais comme tout vilain toxico qui se respecte, on a commencé par lui pirater un de ses dessins (Bloodi aurait fait pareil après tout). Mais pris de remords, j’envoie au lascar un exemplaire du journal et une invite à nous rencontrer rapido… accompagnée de quelques vagues excuses. Et le père Ouin est venu pointer sa truffe dans notre luxueux nouveau local (un petit deux pièces à Belleville, un palace après Barbès et les cités craignos). Le contact fut tout de suite excellent, Pierre était ravi qu’on lui ait taxé son dessin et était partant pour se lancer dans l’aventure Asud. Le problème, c’est qu’à l’époque, le pognon était rare et un dessinateur, ça a besoin de manger, accessoirement de se faire un shoot de temps en temps et de pouvoir offrir des bijoux à sa souris d’amour. Mais ça ne l’a pas bloqué : il avait kiffé notre journal et il se voyait bien initier Bloodi à la Réduction des risques qui débutait.

1995 [ASUD] Petit manuel du shoot à risques réduits 1995 [ASUD] Petit manuel du shoot à risques réduits-01Pour nous faire pardonner, on lui a quand même dégoté un job dans ses cordes : le Petit Manuel du shoot à risques réduits. Une première en France, tirée à 500 000 exemplaires grâce au ministère de la Santé. Le premier document consacré aux techniques de réduction des risques liés à l’usage de drogues par voie intraveineuse est une brochure réalisée par Aides en 1988, restée très confidentielle. Conçu en 1994, le Petit Manuel du shoot à risques réduits d’Asud va longtemps demeurer la seule brochure disponible à destination du public injecteur. Un super carton, devenu un classique, repris par les Portugais et les Argentins. Un succès qui vaut à Pierre d’être reconnu comme le dessinateur attitré de la RdR et d’être sollicité (et payé) pour de nombreuses brochures.

À partir du n°7, on a commencé à publier à chaque parution 1 page de comix de Bloodi, pour le plus grand plaisir de nos lecteurs qui se reconnaissaient parfaitement dans ses aventures. Il faut dire qu’il a été le seul à décrire de façon aussi juste les tribulations d’un tox et tous les usagers de drogues devraient lui en être reconnaissants. Car à l’époque, parler de défonce, de défonce dure de chez dure, ben ça se faisait pas. C’était risqué au niveau de la loi et au niveau de l’emploi, Pierre m’ayant confié que les histoires de dope et de seringues, les éditeurs n’en voulaient plus trop. Ça peut se comprendre quand Pierre bossait pour Perlimpinpin Magazine mais pour les autres, genre Psykopat, c’est relou.

Grâce à Asud journal, on a donc vu Bloodi s’initier aux joies de la méthadone et du Subutex, se battre pour soigner son hépatite C, et pour combattre son sida, hanter les cabinets médicaux, terroriser les blouses blanches… Parfois, des membres de l’association lui racontaient des histoires de tox croustillantes que Pierre s’empressait de traduire en dessin.

Pierre était un mec entier, marrant, qui n’avait pas sa langue dans sa poche et qui avait un cœur gros comme ÇA. Maya, sa femme, a mis au monde leurs deux charmants loupiots.

Pierre était mon ami. Un vrai. Là où il est désormais, je suis sûr qu’il fait marrer tous les Asudiens décédés avec ses formidables petites histoires.

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Une méthode pour sniffer propre

Les étapes de la technique proposée

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> D’abord, on se mouche avec un mouchoir en papier.

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> Puis, on pile finement la poudre ; la surface miroir est assez dure pour cela. Utilisez la lame d’un couteau ou le dos d’une cuillère pour bien écraser et préparer le produit. Ce sont les grains qui abîment le plus les parois nasales. Roulez la paille avec une feuille de papier, moins agressive que les pailles en plastique, et consommez.

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> Dix à quinze minutes plus tard, rincez-vous le nez avec de l’eau stérile pour débarrasser la paroi des résidus et de la coupe restante qui peut être irritante. Faites couler l’eau du nez vers l’arrière-gorge pour la nettoyer et l’hydrater aussi.

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> Enfin, pensez à entretenir tous les jours l’intérieur de vos narines (muqueuse nasale) avec le décongestionnant nasal.
Si la poudre vous brûle ou qu’elle vous fait saigner du nez, c’est que vous abusez. Alors stop !

Certaines dopes : coke, speed en particulier, sont assez corrosives en elles-mêmes pour abîmer ou perforer la cloison nasale. A méditer.

Le tabac, une plante en voie de prohibition

« Quant aux vieux forcenés de la cigarette, personne ne peut rien pour eux (…) ils étaient nés pour une passion de cendre. »
Louis Lewin, Phantastica

Le tabac est bien une drogue, la preuve : j’aime ça ! Bizarrement, j’éprouve plus de difficulté à écrire sur le tabac que sur l’héroïne ou le cannabis. Pourtant, la cigarette, je connais. C’est même la première drogue que j’ai consommée sans jamais avoir l’impression de consommer une drogue. Bien sûr, comme tout fumeur, il m’est arrivé de faire des kilomètres à la recherche d’un tabac et même, dans les moments de pure disette, de ramasser mes vieux mégots pour m’en rouler une. Bref, j’ai toujours vu la cigarette comme une habitude, certes tenace mais pas plus, tout en sachant que son usage réduirait sans doute ma durée de vie. Mais à cette époque, je m’en foutais royalement. Et puis les années passent, on tient plus à la vie, et on commence à percevoir les effets pervers de la clope−: manque de souffle, toux chronique, et très grosses difficultés pour ceux qui souhaitent arrêter. La clope accompagnée d’un bon café (ou vice versa), la clope d’après shoot, la clope après l’amour, sans doute la plus délicieuse… Si tant de gens fument, c’est bien qu’ils y trouvent quelque chose-!

L’histoire du tabac, des shamans aux buralistes

Le tabac, nicotiona en latin, est une plante annuelle de la famille des solanacées, originaire d’Amérique du Sud, utilisée depuis la nuit des temps par les amérindiens (et en Océanie) comme une plante sacré aux vertus médicinales. Fumé, prisé ou ingéré le tabac était associé à la plupart des rituels, souvent avec de la datura (une autre solanacée) et d’autres plantes hallucinogènes si communes dans cette partie du monde. Les cendres de tabac étaient utilisées comme engrais et comme insecticide Le tabac avait même son Dieu: Centzon Totochin à qui il était de bon ton d’offrir quelques sacrifices humains. Mais le tabac alors utilisé surtout par les shamans n’as pas grand chose à voir avec les produits dérivés commercialisés aujourd’hui. Il était utilisé brut, et pouvait provoquer des effets puissants pouvant mener jusqu’à la transe.

C’est avec la découverte des Amériques en en 1492 que l’Europe, puis le reste du monde découvre cette plante fascinante parfois considérée comme diabolique. Voir un homme recracher de la fumée par le nez était absolument stupéfiant, et cela ne pouvait être que l’œuvre du Malin. Alors un peu partout dans le monde on essaie de prohiber le tabac de façon plus ou moins brutale: en Russie on coupe le nez des priseurs et les lèvres des fumeurs, quant aux récidivistes on leur coupe la tête. Le pape lui excommunie les fumeurs, des moines surpris à fumer sont même emmurés vivant, les anglais décapitent l’inventeur de la pipe et en Orient les amateurs de tabac sont pendus, une pipe en travers du nez , brulés sur un bucher de plants de tabac, ou alors on leur couler dans la gorge du plomb en fusion…

Mais tout ces châtiments n’empêcheront « l’ivrognerie sèche » de se développer, alors peu à peu on taxera ce que l’on ne peut interdire et en France un monopole de la vente du tabac au profit du roi est instauré. A la révolution la liberté de culture et de vente est instaurée mais Napoléon rétablira peu après le monopole…et les taxes. En 1809 un chimiste français. Nicolas Vauquelin, isole la nicotine, principal alcaloïde du tabac. Il faudra attendre le milieu du XIX siècle pour voir apparaitre les premières cigarettes.
En France ce sont les « Élégantes » et les « Hongroises », qui deviendront « Gauloises » et « Gitanes ». Dès 1859 un ouvrage publié par la Faculté de médecine de Montpellier décrit « les ravages du tabac » et dix ans plus tard apparait la première association anti-tabac. Un des premier pays a lutter farouchement contre le tabac fut l’Allemagne, malheureusement il s’agissait d’un diktat nazi, ceux ci considérant que le tabac dénaturait la race *mettre affiche allemande.Et puis ni Hitler, ni Mussolini, ni Franco n’étaient fumeurs contrairement à Churchill, Roosevelt et Staline. A cette époque la liberté était du coté des fumeurs. La cigarette va régner sans entraves jusqu’en 1975, date à laquelle Simone Veil alors Ministre de la Santé, dénonce la nocivité du tabac et impose courageusement une loi restreignant la publicité pour le tabac.

Depuis cette date la consommation baisse et l’usage et la vente de tabac sont de plus en plus réglementés. Les prix sont en hausse constante alors que taux de nicotine et de goudrons sont de plus en plus limités (mais pas les additifs!). Oubliées les P4 et autres Celtiques (*mettre pub celtique) qui vous arrachaient les poumons, même la fameuse Gitane, si chère à Gainsbourg, a du rentrer dans le rang pour éviter la disparition pure et simple. Aux USA, le scandale fait rage: les cyniques stratégies commerciales des cigarettiers sont enfin dénoncées, ainsi que les manipulations chimiques qu’ils font subir à leurs produits afin d’en renforcer le pouvoir addictif, au mépris des considérations de santé publique. Des vulgaires fabricants de dope, mais qui bossent dans la légalité. Pour éviter les procès que leurs intentent des fumeurs malades ou leur famille, le cartel du tabac paye à l’état une somme colossale lui garantissant désormais l’immunité. Les vendeurs de tabac se tournent désormais vers des nouveaux marchés prometteurs: les pays en voie de développement et le tiers monde. La Chine, pays qui passe par les armes les revendeurs de drogues, est le nouvel eldorado de la sainte clope: ……millions de chinois fument.

Une plante en voie de prohibition

Après avoir été un symbole de modernité, de virilité, le cigarette de tabac est désormais montrée du doigt comme source de malheur et de décadence. A l’heure ou certains pays dépénalisent le cannabis, le tabac lui semble être en route pour une prohibition. Et pour soutenir cette terrible accusation , et comme à chaque fois que l’on parle d’une drogue, on dérape dans l’irrationnel transformant de facto l’information en propagande tout en n’oubliant pas de taper au porte monnaie les consommateurs de tabac (dont 40% sont des chômeurs, selon l’OFDT) . Il n’est pas question de nier les dégâts que peuvent provoquer l’abus de tabac mais n’est-il donc pas possible de réfléchir aussi à comment mieux consommer le tabac, comment réduire les risques liés à son abus? Est-ce le tabac lui-même qui est dangereux ou les manipulations chimiques que les industriels du tabac font subir à cette plante? Le vrai scandale du tabac ne tiendrait-il pas plutôt à sa commercialisation et ses puissants moyens de publicité, et à ce que les gouvernements aient laissé les fabricants de cigarettes manipuler leurs produits afin d’en renforcer entre autres leur effet addictif. Il semble quand même que l’ampleur de cette croisade anti-tabac dépasse largement les nuisances de la fumée.
Après le puissant lobby des cigarettiers voici venir l’avènement des docteurs es tabac, des patcheurs à tout va, des vendeurs de clopes à la laitue ou d’herbe de perlimpinpin, la lutte contre le fléau est sacrée et tout est permis, même gagner beaucoup d’argent. Après tout industriels de tabac et laboratoires ont au moins un point commun: ils gagnent énormément d’argent en fourguant des drogues … Alors chers fumeurs, êtes vous donc tous condamnés à périr dans d’atroces souffrances ?

Cannabis et Réduction des risques

Si aujourd’hui nombre de scientifiques reconnaissent enfin la relative innocuité du cannabis « L’herbe qui rend nigaud « n’en reste pas moins une drogue dont l’usage peut poser certains problèmes pour la santé.

Au sein de la planète antiprohibitionniste, il n’est pas toujours facile d’aborder ce sujet très politique-ment incorrect. Dans cette respectable mouvance, on a bien souvent tendance – en réaction aux discours alarmistes et mensongers – à «oublier» ces petites mais bien réelles nuisances.
Evidemment, le danger numéro 1 du cannabis est dû à son statut de drogue illicite. Alors, même si, de plus en plus fréquemment, des flics blasés se contentent de confisquer les simples boulettes, gardez toujours à l’esprit que le cannabis reste prohibé. Selon le code pénal, le cultiver rend passible de la cour d’assises. « Dépanner » ses petits copains peut coûter dix ans à l’ombre et une simple consommation une année de taule assortie de 25 000 F d’amende.

Le système respiratoire

La plupart des amateurs de cannabis fument le produit.
C’est le moyen le plus simple, le plus rapide pour être stone et pour beaucoup le plus agréable. Mais aussi le moins sain surtout en cas d’usage intensif. Eh oui, inhaler une fumée est toujours nocif pour le système respiratoire et celle du cannabis ne fait pas exception. D’autant qu’on ne mélange généralement à cette drogue dure qu’est le tabac.
Un joint d’herbe pure dégage trois fois plus de goudron qu’une cigarette et cinq fois plus de monoxyde de carbone.
De plus, la fumée du joint est de température plus élevée et souvent inhalée plus intensément et plus longtemps, ce qui est inutile, un simple passage dans les poumons étant tout aussi efficace. Comme celle du tabac, la fumée de cannabis serait cancérigène. Bon on ne va pas rentrer dans la polémique : laquelle des deux fumées est la plus nocive ? Elles le sont toutes deux. Donc évitez de les additionner. Fumez pur dès que vous en avez la possibilité.
Vous avez éliminé le tabac mais est-il possible d’atténuer les dégâts que provoque la fumée de cannabis ? Sans doute oui, grâce à certaines pipes à eau, aux vaporisateurs et autres Aromizer. Bien qu’une étude du Norml, une association américaine pro cannabis, l’ait mis en doute, on peut raisonnablement penser que fumer dans une pipe à eau est moins nocif pour les poumons. La fumée est refroidie par l’eau avant d’envahir vos malheureux poumons – c’est déjà ça de pris. Certaines vapeurs toxiques de la fumée de cannabis sont solubles dans l’eau et donc susceptibles d’y être détruites. Evitez les pipes en matière plastique qui risquent de dégager de méchantes vapeurs.
Avec le développement de l’usage médical du cannabis est apparu tout un tas de nouvelles machines destinées à fumer tout en préservant ses poumons. Le premier de la série est le vaporisateur. Une sorte de décapeur thermique chauffe le cannabis sans combustion et en dégage la substantifique mœlle. Ça marche mais c’est assez frustrant car on ne sent pas la fumée. La drôle de sensation d’aspirer du vide est vite contredite par une bonne montée. C’est un appareil très utile pour les personnes malades ou celles qui ne supportent pas la fumée. En version de poche, ça donne le « bubble », un tube en verre au bout duquel on fixe une boule de verre. Placez dans la boule un bout de shit ou un peu d’herbe et promenez une flamme sur le verre, des vapeurs se dégagent alors sans aucune combustion.
L’aromizer présenté lors de la dernière édition du salon consacré au chanvre, le Cannabizness présente l’avantage d’ex­traire toujours sans combustion les principes actifs de la plante.

La qualité du produit

canna4Autre problème qui se pose lorsque l’on fume, c’est la qualité du produit. Le shit de contrebande, en général, un Marocain de seconde zone, est susceptible d’être coupé à diverses substances (henné, caoutchouc, crotte de chameau, etc.) dont la combustion n’est pas franchement bonne pour vos poumons. Il est préférable de connaître la provenance de votre cannabis et pour cela le meilleur moyen est encore de cultiver sa propre herbe. Le cannabis pousse facilement en intérieur comme en extérieur. Découvrez les joies du jardinage et le plaisir de consommer le produit propre d’une plante que vous avez choyée et vu grandir. Ne vous laissez pas bluffer par les termes techniques et les discours rébarbatifs de quelques « spécialistes » prétentieux, la culture de l’herbe n’est pas si compliquée, il suffit d’être patient et attentionné. L’autoproduction, outre les joies qu’elle vous procure, vous permet d’éviter de fréquenter les réseaux criminels et aussi de faire de très, très grosses économies.
Disposer d’un produit puissant peut permettre de tirer moins de taffes, donc de moins se polluer les poumons. Un joint de Skunk peut être plus puissant que cinq de maroco.
Pour les personnes malades, aux défenses immunitaires affaiblies, il est conseillé de stériliser son cannabis qui peut être infecté par des pesticides ou des moisissures. Un court passage au four – de préférence micro-ondes – à une température maxi de 160° devrait suffire d’après le Manuel du Cannabis à usage médical.

A vos fourneaux !

Et si vous êtes prêts à vous priver de l’arôme ainsi que du rituel du joint qui tourne et bien mangez maintenant ! Comme toute drogue, le cannabis peut aussi se bouffer. Et là c’est garanti à 100 % et en plus c’est discret. Passez les contrôles de flics, votre boîte de gâteaux blindés au THC sous le bras tout en affichant un sourire niais tendance cannabinophile confirmé. Mais là, attention aux dosages. Car s’il est facile de bien régler son niveau de défonce en fumant, c’est plus ardu lorsqu’on ingère.
Si l’effet est plus long à monter (entre 1/2 h et 1 h), quand il arrive c’est du costaud et plus question de faire marche arrière. C’est parti pour plusieurs heures de ballade cosmique.
Manger le cannabis produit des effets pharmacologiques différents qu’en le fumant car il est transformé par le foie en 11-hydroxy-THC, un métabolite quatre à cinq fois plus puissant que le THC. Il est donc très important de bien calculer la dose, sinon vous risquez une overdose, certes jamais fatale mais sacrément désagréable quand même. Le cannabis se dissout à merveille dans l’alcool (+ de 40°) les graisses.

Dépendance et syndrome amotivationnel

Contrairement à la nicotine, aux opiacés ou à l’alcool, le cannabis ne provoque pas de dépendance physique. Les gros consommateurs seront juste un peu plus irritables et auront une moins bonne qualité de sommeil mais rien de grave.
Certains développent une dépendance psychologique, tout comme d’autres sont accros à Internet ou aux jeux vidéo. Question de caractère.
Le cannabis peut poser problème à quelques consommateurs qui ne maîtrisent pas leur consommation. Bien entendu, sur les centaines de milliers d’amateurs de cannabis, seul un petit pourcentage est concerné, mais il faut le savoir. Aujourd’hui, les nouvelles variétés d’herbe sont extrêmement puissantes, les taux de THC ont explosé, un simple pétard peut vous emmener assez loin et pas toujours là où vous le vouliez. Certaines herbes sont carrément psyché-déliques alors si vous vous envoyez une dizaine de pétards par jour, vous serez dans le cosmos, déconnecté.
canna3Il y a des furieux du tarpé qui sont complètement à la ramasse. Traduisez, oui, il existe des « toxicos » du chichon. Bien souvent, ces personnes consomment également d’autres drogues, principalement de l’alcool, ce qui n’arrange rien. Il existe aussi des intégristes du cannabis qui ne jurent que par l’herbe et sont incapables de se bouger sans avoir fumé. Vous savez ce fameux « syndrome amotivationnel » si cher aux psychiatres et autres experts en cervelle, il existe ! En fait, le cannabis ne fait qu’amplifier l’état dans lequel vous êtes. Si vous êtes un dégoûté de la vie, démotivé de tout, fumer du cannabis vous confortera dans cette position. Sinon, vous n’aurez pas à dealer avec ce fameux syndrome amotivationnel.
Bien sûr, les conséquences d’une « toxicomanie » au cannabis ne sont pas catastrophiques comme celles des opiacés, de la coke ou de l’alcool. Le problème n’est « que » psychologique.
Tendance inquiétante, de plus en plus de très jeunes ados idéalisent le cannabis au risque de se détourner de toute autre activité. Et cela peut être dangereux.
Le cannabis n’est qu’une plante – certes charmante – mais pas un mode de vie, ni une finalité. Faites gaffe aux jeunes apprentis cannabinophiles.
Certains détracteurs du cannabis accusent cette drogue d’altérer nos cellules reproductrices, d’entraîner des troubles mentaux, l’impuissance, la baisse de la libido et j’en passe et des meilleures.
De nombreux travaux scientifiques ont contredit ces sornettes. Plus sérieusement, certains soupçonnent le cannabis de légèrement déprimer le système immu­nitaire. D’autres prétendent l’inverse. On attend la confirmation ou l’infirmation de cette accusation.
Un risque qui peut être lourd de conséquence est celui de conduire un véhicule sous l’influence du cannabis. Car si, contrairement à l’alcool, le cannabis ne vous donne pas cette sensation d’invin-cibilité, il entraîne tout de même une baisse des réflexes et de l’attention

Cannabis et conduite

cannabis-volantMême si, effectivement, les personnes au volant sous l’influence du cannabis diminuent souvent leur vitesse. Leur capacité à rouler droit, à évaluer les distances et à analyser rapidement une situation altérée. Là encore tout dépend de la quantité que vous avez pris. Conduire après avoir bouffé un space cake bien chargé relève de l’inconscience. La conduite sous cannabis est bien moins dangereuse que la conduite sous alcool mais il y a un risque potentiel qu’il est préférable d’éviter.
Et n’oubliez pas : fumer un joint peut aussi vous faire paumer vos clefs, commander une pizza à 4 h du matin et partir dans de furieux fous rires. On dit que le cannabis est une drogue douce, alors n’en faites pas un usage dur.
Et maintenant, roulez !

* J’attends une récolte aux Editions du Lézard, ouvrage complet et très fun sur la culture de l’herbe.

Le vaporisateur, simple gadget ou véritable outil de réduction

En matière d’accessoires de défonce, l’imagination des fabricants est sans limite s’il on en juge par le pléthore de produits régulièrement mis sur le marché. Évidement, tous vous diront que c’est leur marque qui permet de se défoncer plus et mieux invoquant au passage une improbable utilité
médicale (le cannabis thérapeutique a bon dos…). Mais parmi cette quincaillerie, on a vu apparaître depuis quelques années des drôles de machines qui auraient la propriété de fumer… sans dégager de fumées toxiques.
Chers lecteurs je vous présente la famille des vaporisers ou vaporisateurs.

Le principe

Sacré vaporisateur qui tombe à pic au moment où le seul réel reproche que l’on peut faire au cannabis est, tout comme pour le tabac, de dégager lors de sa combustion un tas de saloperies extrêmement nuisible. Et ce d’autant plus quand on aspire (oups) à en faire un usage thérapeutique.
Le principe du vaporiser est simple: l’engin chauffe le cannabis (ou autre chose…) entre 180 et 200°, donc avant d’atteindre le point de combustion. Il se dégage alors des vapeurs gorgées des produits actifs, des vapeurs libérées d’une grande partie des habituelles substances cancérigènes et d’une teneur en monoxyde de carbone et en goudrons bien moindres. Car le cannabis et ses principes actifs ne sont en rien cancérigènes, ce sont les fumées provoquées par sa combustion qui le sont. Toute combustion d’une plante ou d’un produit dégage des substances toxiques, principe de base.

L’histoire

En fait les premiers vaporisateurs ont vu le jour à la fin des années 70. En général il s’agissait d’une sorte de pipe à eau équipée d’un décapeur thermique, à l’efficacité parfois douteuse. Mais en 1981, une société commercialise le « Tilt ». Testé, cet appareil se révèlera diaboliquement efficace pour réduire les risques et -last but not least- plutôt économique en matières premières (+ 80% de THC et – 79% de goudrons) malheureusement il sera interdit.

L’intérêt

L’avantage du vapo serait donc en plus de ses vertus médicales de mieux »exploiter » le produit. Par exemple, lorsque que vous fumez un joint1, près de 60% des cannabinoïdes sont perdus, avec un vaporisateur vous ne perdez rien, enfin parait-il… Certains modèles seraient plus gourmands en herbe de 30%, par contre ils réduisent toujours – plus ou moins- les substances toxiques.
L’objectif est donc de réduire à son minimum les substances toxiques tout en conservant au maximum les substances actives.

Les prix

Évidement avant d’investir entre 60 et 500 euros dans un engin de ce genre,vous aimeriez connaître les performances de la bête, mais là en dehors de ce qu’en disent les fabricants et les vendeurs, difficile de trouver des infos, aucune étude comparative sérieuse n’ayant encore été faite à ce sujet, alors nous ne vous présentons que sommairement quelques modèles.(liste non exhaustive) Le Volcano fabriqué en Allemagne avec le soutien de la communauté européenne semble, techniquement, surpasser largement ses concurrents, c’est aussi le plus cher avec un tarif frôlant les 500 euros, mais la santé ça n’a pas de prix, n’est-ce pas…
Le Vapir était considéré comme le top, mais c’était avant le Volcano… De plus certains lui reprochaient de donner un mauvais goût (à cause du plastique!) et d’être compliqué d’utilisation, trop gadget. Depuis le modèle aurait été remanié…à suivre L’ Aromed, également de fabrication allemande, affiche de belles performances si l’on en croit le magazine High-Times. Et puis il y’ a les modèles qui fonctionnent avec un filtrage par l’eau, qui esthétiquement sont quand même mieux que ces drôles de bidules que sont les Volcanos et autres Vapirs. Parmi ceux la, l’ Herborizer fabriqué artisanalement dans l’Aveyron, tire bien son épingle du jeu avec un rapport qualité prix au-dessus de la moyenne. C’est en plus un bel objet proposé en version “sphère” ou “tube”, il est même possible de s’en faire fabriquer sur mesure. Le Volatilizer a également obtenu de bons résultats à l’occasion d’un test.

Rottercam, Balade à Rotterdam

Imaginez une ville où des junkies organisés en syndicat contrôlent prix et qualité de la dope, une ville dans laquelle des policiers aimables (!) pratiquent l’échange de seringues, où un Pasteur humaniste consacre une partie de son église à l’acceuil des toxs, où une Clinique de la Marijuana fournit sur prescription médicale de l’herbe aux malades du sida, etc, etc. Non cette ville stupéfiante ne sort pas de l’imagination poudrée d’un junk trop défoncé, cette ville existe sur la planète terre, elle est bien sûr aux Pays Bas et elle s’appelle ROTTERDAM.

La réputation sulfureuse de « Mecque de la came » qu’ a Rotterdam s’est répandue plus vite qu’une trainée de poudre dans le monde toxico. Si l’on va à Amsterdam pour fumer des pétards, visiter le musée du hash (parfois même celui de Van Gogh) et planer cool aux bords des canaux, pour la came, la vraie, la dure, c’est plutot vers « Rotter » qu’on se tourne. Chaque année des centaines d’accros français, assoiffés de poudre, débarquent comme des sauvages dans les rues de Rotterdam. Et là, le « paradis » devient pour beaucoup un véritable enfer! En 1995, vingt-quatre jeunes français sont morts d’overdose dans les rues de « Rotter », d’autres dizaines ont disjoncté, et certains d’entre eux, errent depuis des années, comme des zombies, à la recherche de quelques florins pour assurer encore un fix.

Autrefois des junkies romantiques allaient se finir sur les sommets de l’Himalaya, aujourd’hui les toxicos épuisés crèvent dans les squatts sordides du quartier de Spangen

Un départ et une arrivée mouvementée

14h 32, gare du Nord, nous nous installons confortablement dans le Thalys à destination d’Amsterdam. Le voyage commence mal: la loco est en panne et il nous faudra changer de train pour finallement partir avec plus d’une heure de retard. Notre flair tox nous fait vite repérer dans notre wagon quelques voyageurs à la mine »fatiguée ». Nos deux voisins font plutôt dans le style dealer (bagouses, chaines et dents en or, regards fuyant, etc.). Ils n’échangeront pas un mot avant de passer Bruxelles, passé cette ville, ils commencèrent à se détendre et nous adresseront même la parole…pour nous proposer un plan! Les deux lascars habitent à Rotterdam et bossent pour un grossiste dont ils nous laissent, « au cas ou », le tel.(nous apprendrons plus tard qu’ils revenaient d’une livraison en banlieue parisienne). En gare d’Anvers, monte un jeune type, look raver, qui se met à sillonner de long en large les wagons… Évidemment, il nous branche. Fred est belge, il bosse pour un dealer hollandais. Son taf consiste à rabattre les éventuels clients avant qu’ils n’arrivent en gare de Rotterdam où la concurrence est rude. Héro à 100 frs le gr, coke à 250, ecsta à 50 et l’hébergement est compris! Malgré notre manque d’intérêt, il nous file – « au cas ou » – le numéro du portable de son boss, sur lequel nous pouvons passer commande en toute tranquillité, celui-ci étant bidouillé et donc inécoutable. Fred nous explique également, toujours « au cas ou », qu’il est préférable à l’avenir de prendre rencart en Belgique pour faire le bizz, car Rotterdam est vraiment trop fliqué. Quelle organisation!
Décidément, voilà un reportage qui commence vraiment fort!
19h et des brouettes, arrivée à la Central Station de Rotterdam, et là, c’est l’enfer qui va commencer…
Nous avons à peine le temps de poser un pied sur le quai que déjà une horde de rabatteurs nous agrippe: « hé mon ami, viens chez moi j’ai de la bonne came », « salut mon frère, suis moi, tu peux même dormir chez moi et je fais des super prix ». Tous parlent parfaitement français, la plupart étant d’origine marocaine et montés à « Rotter » pour s’occuper de la clientèle des dopés français. Ces mecs sont des vraies sangsues, ils nous suivent dans la rue, nous saoulent de belles paroles et il nous faudra sauter précipitement dans un taxi pour enfin les larguer.
Pour ces nazes, un français vient forcément à « Rotter » pour la dope avec des biftons plein les poches…ce qui est d’ailleurs souvent vrai.

Leçon 1 : français = drogué = plein de tunes = gogo à plumer

Le chauffeur de taxi nous a lui aussi immédiatement étiqueté « tox », et quand nous lui demandons de nous trouver un hotel, il nous emmène direct dans un hotel situé… en plein quartier dope. Après quelques hésitations dues à nos tronches de français (donc de drogués), le réceptioniste nous file une chambre.
Ouf, nous voilà enfin tranquilles.

Jamais de répit…

21h. Après une douche réparatrice et un bon demi (de bière), nous repartons à l’aventure dans les rues de cette cité qui n’a pas fini de nous étonner.
Pas de bol, n’ayant plus d’argent hollandais, nous sommes obligés de retourner à cette putain de gare centrale, seul endroit où il est encore possible de changer un peu d’argent.
Les pénibles rabatteurs sont en embuscade autour d’ un lieu très stratégique: le guichet de change. Les malheureux 800 frs que nous changeons sous leurs regards brillants, décuplent leur ardeur! Deux d’entre eux nous ont dans le collimateur, et c’est des coriaces, avec eux même le coup du taxi ne marchera pas: ils ont carrément le culot de s’incruster dans notre voiture! Sentant une embrouille, le chauffeur coupe son moteur et nous demande de sortir. Il ne veut rien savoir, on est français donc pas clairs! Quelques’un de ses collègues viennent immédiatement à la rescousse au cas ou on comprendrait pas assez vite, tout ça sous le regard amusé des deux enfoirés de rabatteurs. La scène se passe juste devant la gare, à une dizaine de mètres d’un car de flics, complétement blasés..

Leçon 2 : français = drogué = emmerdeur = va te faire foutre! (n’attendez aucune aide de personne)

Tout celà commence à devenir extrêmement désagréable et nous décidons d’aller nous détendre au café le plus proche. Les deux embrouilleurs nous y rejoignent, et nous devrons changer de table puis taper une grosse geûlante pour les garder un peu à distance. On pense qu’ils vont se lasser, mais rien à faire, ils nous regardent patiemment dîner, chacun d’entre eux placé en embuscade aux deux sorties du troquet.
Même l’arrivée imminente d’un train en provenance de Paris, avec son lot de pigeons, ne les fait pas bouger. Fatigués de ce jeu stupide, nous décidons alors de joindre l’utile à l’agréable en appellant le numéro de tél. que nous avaient opportunément laissé nos deux dealers de voisins du Thalys. « Allo Khaled, on aimerait te voir, peux tu venir nous retrouver à la brasserie devant la gare? » Sitôt dit, sitôt fait et en moins de deux, Khaled arrive pour nous driver, au grand désespoir des 2 embrouilleurs.
Khaled c’est la pointure au-dessus, et les deux connards se trissent vite fait, bien fait!
Dix minutes plus tard, nous nous retrouvons bien écroulés dans un canapé au domicile de l’associé de Khaled, Bob. Bob deale coke et héro pour des quantités minimum de 50 gr. Il nous explique travailler principalement avec des français – il préfère d’ailleurs être payé en francs plutôt qu’en florins – et assure pouvoir assurer la livraison en France, moyennant un supplément. Très convivial il nous offre un thé à la menthe et dépose sous notre nez un gros (très gros) caillou de coke ainsi qu’un beau sac d’héro: « allez y les gars, faites comme chez vous, goûtez la bonne dope à Bob ». Comme on est poli on se plie à cette coutume locale, et c’est l’esprit bien pétillant que nous entrons dans le vif du sujet: les tarifs. Cent francs le gr d’héro turque et 300 frs la coke. C’est cher pour « Rotter », mais la qualité est là, merci Bob. Nous marchandons un peu histoire d’être crédible dans notre rôle d’acheteur tout en reprenant un bon gros rail de speedball « pour être bien sûr » et promettons de rappeller demain pour conclure le deal. Tchao Bob et merci pour tout!

Leçon 3: pour consommer à l’oeil, faites vous passer pour des dealers et testez…

Une église pas ordinaire.

Après une bonne nuit réparatrice, nous repartons àu turbin, direction la fameuse église St Paulus., temple des paumés. Peu avant d’y arriver, nous sommes abordés par un petit jeune bien abîmé, et tiens, comme par hasard il est français. Daniel est toxico – ça se voit – et fait la manche pour se payer son billet de retour. Son baratin est bien huilé et son regard de chien battu implore un peu de compassion, de préférence en espèces. Tout en lui donnant un billet de 25 florins, nous lui expliquons le but de notre présence ici et qu’il est inutile qu’il se fatigue à nous pipoter. Le bifton lui redonne une pêche d’enfer et il se rappelle soudainement qu’il se moque bien de rentrer en France. Très reconnaissant, il accepte de prendre rencart avec nous pour une interview et propose même de nous guider dans la jungle de “ rotter ”….Mais pour l’instant, il est très pressé car il doit aller transformer son billet en fix. A bientôt Daniel!
A priori rien ne distingue l’église Saint-Paulus d’une autre église, si ce n’est quelques écroulés trainant aux alentours. L’entrée est filtrée par une bénévole et il faut montrer patte blanche pour pénétrer dans ce lieu étonnant. Dans la nef, une place est occupée par des familles de sans papiers qui y vivent en attendant leur régularisation, le sous-sol est lui réservé aux junkies. La consommation de drogues dures est autorisée et même réglementée en ces lieux: une pièce sert de « shooting room », une autre est réservée aux fumeurs de dope. Du personnel médical veille au grain et une infirmière propose chaque semaine aux junkies un cours sur l’art du shoot propre. Trois dealers autorisés tiennent commerce dans ce vaste sous-sol. Aucune autre personne ne peut vendre sans se faire virer illico. Ces dealers sont réputés pour vendre à un bon prix de la bonne qualité et s’il faillaient à leurs devoirs, ils perdraient immédiatement leur place. Ils ne vendent que des petits paquets (héro et coke) entre 30 et 50 francs. Il leur est interdit de vendre plus de 3 fois par jour à une même personne, de fourguer de la cocaïne après 16h (pour éviter les délires la nuit), et de dealer hors de l’église. De plus chacun d’entre eux est tenu de respecter des horaires précis. Aujourd’hui c’est jeudi et le jeudi en Hollande c’est « le jour du social », c’est à dire l’équivalent de notre RMI, mais là c’est toutes les semaines 1000 frs, alors bien qu’il soit à peine 10h du matin il y a affluence autour des dealers tous les trois présents pour ne rien perdre de cette manne si sociale. Les choses se passent dans le calme, chacun concentré sur ses petites affaires. Aucune agressivité, ici il y a des règles claires qu’il faut respecter. La tolérance oui, le boxon non, et celui qui l’oublierait se verrait vite rappeller à l’ordre par un membre de l’équipe ou par un junk. Il faut préciser qu’il n’est pas si facile d’accéder à ce « coffe tox »: la demande est telle, que seuls les résidents rotterdamois peuvent obtenir une carte qui leur en ouvrira les portes. Daniel, le français que nous avons rencontré peu avant, a du attendre plusieurs mois avant d’obtenir ce sésame tant convoité. Mais l’organisation de la consommation de dopes n’est heureusement pas le seul service proposé par le pasteur Visser et son équipe de 200 bénévoles et 15 permanents.
A l’église St Paulus, vous pouvez manger un repas complet pour 5 francs, boire un café, jouer aux échecs, au ping-pong ou au baby-foot, lire les journeaux, peindre, consulter un médecin, prendre conseil auprès d’une assistante sociale, etc, etc. Un lieu comme on en a tant besoin en France… L’église aide aussi de nombreux français en galère à organiser leur retour dans des conditions correctes.

Leçon 4: mieux vaut être un junkie dans une église hollandaise qu’un “ sans-papiers ” dans une église française….

Vive la police!

Encore tout étonnés par tant de pragmatisme, notre guide, Lydia, décide de nous achever en nous enmenant visiter …le commissariat central de Rotterdam à deux pas d’ici. Un simple coup de fil pour prévenir les lardus de notre arrivée et nous voilà parti, avec quand même une petite appréhension bien française qui semble beaucoup amuser cette chère Lydia: « le drogué est un être humain, le policier aussi » nous dit-elle, « la police est au service de la population, et n’importe quel citoyen a le droit d’aller voir comment est utilisé l’argent de ses impôts ». On a décidement la désagréable impression de venir d’un pays habités par des barbares arriérés…
Ce qui nous frappe aussitôt en entrant dans ce commissariat, c’est que l’endroit est propre et moderne. Rien à voir avec les sinistres postes de police parisiens. Lydia nous présente comme ce que nous sommes, des usagers de drogues français syndiqués comme il y’en a tant en Hollande. L’acceuil est chalheureux, et nous nous baladons un peu partout, prenant des photos, posant 10 000 questions. Nous essayons d’imaginer la situation inverse, nous, essayant de faire visiter la brigade des stups à nos homologues hollandais… même si par miracle nous en obtenions l’autorisation, nous aurions trop honte de dévoiler à nos amis tant de saleté, tant de mépris si typiquement français. Les policiers hollandais n’ont aucune hostilité envers les usagers de drogues, seuls ceux qui commettent des délits autre que l’usage risquent une arrestation. On peut même estimer qu’ils sont bienveillant puisqu’il est possible à un tox d’aller se dépanner en shooteuses au commissariat! (essayez donc d’aller demander une pompe dans un commissariat français…) Un médecin de la ville passe chaque matin pour s’assurer du bon état de santé des éventuels toxs en garde à vue, il a avec lui de la méthadone pour ne jamais laisser quelqu’un en manque. Incroyable, non?
Après cette étonnante visite, Lydia nous raccompagne à l’église pour y rencontrer encore un policier, l’inspecteur A.J. Koopmans qui est affecté à la surveillance de la zone de la gare et donc de l’église qui se trouve dans son périmètre. L’inspecteur accepte avec gentillesse de discuter avec nous, en exclusivité pour Asud-Journal.
AJ Koopmans nous explique que son rôle est plus « diplomatique » que répressif. Sa mission est de veiller à ce que tout ce passe bien dans l’église et non d’y pourchasser les 3 dealers. Par contre il veille à ce qu’ils n’exercent pas leurs talents dans la rue, dans le cas contraire ils seraient arrêtés. Petite hypocrisie, quand l’inspecteur se promène au sous-sol, les transactions de dope stoppent, officiellement il ne se passe rien.
Son plus gros problème, sont les « narcos touristes » principalement les français.
Les français arrivent à Rotterdam avec beaucoup d’argent, ne respectent pas les règles en vigueur et terminent souvent à la rue, sans un rond et en sale état.
La police surveille les arrivées des trains en provenance de France et les français qui arrivent pour le bizness de dope sont vite repérés et pris en filature jusqu’à l’achat de came pour être interpellé et expulsé. Ce dispositif fait partie du fameux plan Victor en collaboration avec les polices belges et françaises. Un bus fait la navette entre la prison et la frontière deux fois par semaine pour ramener les imprudents, mais l’inspecteur concède qu’il arrive que l’expulsé revienne plus vite en ville que la navette! Avec la police d’Anvers, ils contrôlent en moyenne une dizaine de toxs dans chaque train qui rentre sur la France. Leur flair est bon, car 9 fois sur 10 le contrôle s’avère positif. A notre question quel message a-t il pour les usagers français, il répondra sans une hésitation: « restez chez vous!. La tolérance hollandaise n’est plus ce qu’elle était et vous n’êtes pas les bienvenus. Vous risquez de tout perdre en venant chez nous ». Nous terminons en évoquant les prises de position de notre président Chirac elles ne susciteront chez lui mépris. Il estime que Chirac ne sait pas de quoi il parle et qu’il serait mieux inspiré de s’occuper sérieusement de ses toxicos. Malgrès les déclarations guerrières de Chirac, l’heure est à la collaboration, et l’ancien patron de la police de Rotterdam vient d’être nommé en France pour améliorer les liaisons avec Paris. Le pauvre bougre va avoir un sacré boulôt!

Leçon 5 : un policier est aussi un être humain (particulièrement aux Pays-Bas)

Un syndicat pour les junkies

Le Rotterdam Junkie Bund (RJB) est une des plus anciennes associations d’usagers de drogues dans le monde. Ces pionniers ont d’ailleurs inspiré la création de nombreux groupes comme Asud. Dès la fin des séventies, bien avant l’irruption du sida, le R.J.B. a imposé aux autorités sanitaires la distribution gratuite de seringues. La municipalité subventionne cette organisation, ce qui ne l’empêche pas de lui faire des procès quand les droits des usagers lui semblent menacés. Aujourd’hui un petit bout de femme énergique d’une quarantaine d’années, Nora Storm, dirige avec passion le RJB. Lobbying, soutien aux usagers, et contrôle des maisons de deal représentent l’essentiel de ses activités. En accord avec la mairie, Nora Storm a aussi monté « Topscore », une sorte d’agence d’intérim pour junkies . Il s’agit surtout de petits boulots comme l’entretien des rues, mais ces emplois, tout comme la vente du journal de rue « ….. » ont considérablement amélioré la condition des junkies dans la ville et donc les relations avec la population. L’activité la plus spectaculaire reste le contrôle des « deal houses ». Les membres du syndicat vérifient que la dope qui y est vendue soit de bonne qualité, à des prix corrects, que les règles sanitaires de base soient respectées, et que les clients sont « convenablement » traités. Les maisons de deal reconnues par le RJB ont un macaron à l’entrée certifiant la bonne tenue de la baraque. La police tolère ces maisons de deal et travaille même en lien avec le RJB: dans le cas ou ils passerait des trucs craignos dans une de ces maisons, le RJB alerte les flics qui y font une descente et ferment la boutique. Cette methode est, d’après les policiers, les junkies, les intervenants et les riverains, très efficace pour diminuer les nuisances, garder le contact avec les toxs et surveiller le bizness. Prochain objectif du RJB, imposer une « shooting room » dans une maison utilisée pour la prostitution.

Leçon 6 : osons!

Débits de cannabis

Après toutes ces émotions, nous partons tester au Sensi Caffé la fameuse herbe hollandaise. Au menu du jour, hachisch népalais, manalais, afghan, libanais ou marocain plus tout un tas de variètés d’herbes locales. Notre choix se porte sur la « Chronics » et pour moins de 50 frs, nous en achetons un petit sachet particulièrement odorant. Cette herbe est de pure dynamite, et nous peinerons à retrouver le chemin de notre hotel. En Hollande la consommation de marijuana est vraiment bien intégrée dans la société et aucun parti politique – a l’exception du FN local- ne s’aventure a remettre en cause la tolérance à ce sujet. Il nous suffit de nous poster à la sortie du débit de beû Sensi pour constater à quel point la fumette s’est démocratisée: ça va du rasta, à la bourgeoise en mercédès en passant par l’étudiant en vélo. Les hollandais s’arrêtent acheter leurs joints comme, ils achètent un paquet de clopes. Avis aux français, l’herbe hollandaise est extrêmemente puissant alors allez-y mollo.
Les qualités médicales du cannabis sont également bien exploitées à Rotterdam. En 1993, l’Institut Medical de la Marijuana ouvrait ses portes sous l’impulsion de James Burton citoyen américain persécuté dans son pays pour avoir soigné son glaucôme avec de la marijuana. Un autre organisation, « Maripharm », travaille à produire une herbe clean pour les malades. Plus problèmatique est l’augmentation de la consommation parmi les jeunes d’ecstasy et de LSD. Ces drogues fabriquées dans des labos de fortune par des apprentis chimistes peu scrupuleux, sont souvent mal dosées et coupées avec n’importe quoi. Pour limiter les « bads trips », une assistance médicale est présente lors des raves et les gobeurs peuvent faire tester sur place leurs pills, histoire de savoir réellement ce qu’ils prennent. Le système semble efficace, aucun décès lié à l’ecstasy n’a été enregistré à Rotterdam.

Leçon 7 : 1 joint ça va, 2 joints ça dégage !

Daniel, tox français à « Rotter »

Quand nous avons rencontré Daniel, le premier truc qui nous a frappé, c’était sa gueule presque aussi ravagé que ses fringues. Pourtant Daniel n’a que 26 ans, mais vit ou plutot survit, dans les rues de Rotterdam depuis plus de 4 ans. Pourquoi a-t-il débarqué un jour ici pour ne plus en décoller, Daniel ne sait plus trop bien…enfin ici la came n’est pas chère et les toxicos sont à peu prés bien traités et en plus quand on est condamné comme Daniel à la prison en France, on est pas préssé de rentrer ! Pourtant la vie est dure à RotterCame, et pour assurer son gramme quotidien, Daniel fait la manche aux alentours de la gare, à la recherche de touristes français à qui il pourra faire ses yeux de cocker triste pour obtenir quelques florins destinés à un improbable retour. En Hollande, faire la manche est interdit et Daniel se fait souvent ramasser par les flics qui ne lui font pas de cadeaux, et les amendes pleuvent, avec parfois en primes quelques coup de pieds… Les amendes impayées lui ont déja valuun mois de taule et trois expulsions… suivies d’un retour immédiat. Heureusement pour Daniel, l’église St Paulus lui permet de manger un peu, de dormir au chaud et de garder le contact avec la réalité. Daniel regrette la fermeture du parc « Perron-Nul » et du quai « Zéro » ou la came se vendait et se consommer sans problèmes. Effectivement, la municipalité a depuis deux ans considérablement durci sa politique et les toxicos se sont dispersés dans les rues de la ville, génralement dans des squatts glauques, à l’abri des regards. La population etait excédé des nuisances générées par les narco-touristes qui erraient jour et nuit, défoncés à mort (la rue Binnenweg avait été rebaptisé « ghost avenue », c’est à dire la rue des fantomes). Malgré tout, Daniel estime les hollandais plus cool que les français et apprécie leur approche trés humaine des toxicos. Nous avons beau expliquer à Daniel qu’en France la politique des drogues évolue favorablement, l’idée du retour ne l’emballe pas trop. La méthadone ne l’interesse absolument pas, pour lui une dope ça s’injecte et ça défonce sinon aucun interet. Daniel semble avoir le profil type du mec concerné par la distribution médical d’héroïne, une ditribution qui vient de commencer ici dans la plus grande discretion et à laquelle il n’a aucune chance d’accéder.

Retour à la casba

Bilan de cette visite, une forte impression de rentrer dans un pays qui persiste à vivre au « moyen-age », quand d’autres expérimentent avec plus (ou moins) de succès des nouvelles pratiques.
Il y a à Rotterdam 2500 junkies recensés (mais dans la réalité sans doute près de 4000) pour 700 000 habitants, c’est à dire moins que dans la ville de Nice. La moitié d’entre eux suivent un programme méthadone et 12% sont séropositifs au VIH. Cela veut dire que dans une ville tolérante, où les dopes sont peu chères et facilement accessible, la toxicomanie est moins importante qu’en FRance ou la répression reste la priorité. Reste le problème du narco-tourisme et du trafic qui mine l’audacieuse et généreuse politique hollandaise.
Tant que seul un petit pays en Europe pratiquera une politique tolérante des drogues, celui-ci se verra évidemment envahir par des hordes de junkies, persécutés chez eux.
Rotterdam n’est surement pas un paradis pour junkies, encore moins un enfer, mais simplement une ville où les usagers de drogues sont considérés comme des êtres humains à part entière.

Le pipi qui trahit

« Des tests d’urine! Nos ancêtres pionniers pisseraient dans leur tombe à l’idée de tester l’urine pour décider de la compétence d’un homme à faire son boulot. »
– William S.Burroughs –

Attention, les tests urinaires débarquent….

Nouvel avatar pour les consommateurs de drogues, nouvelle atteinte aux droits de l’homme: les contrôles urinaires. Il est vrai que drogues et droits de l’homme n’ont jamais fait bon ménage. La lutte sacrée contre « La Drogue » et ses usagers sert régulièrement d’alibi aux autorités pour restreindre un peu plus nos libertés. En matière de « drogues » tout est permis: tribunaux d’exception, perquisitions 24h/24h, gardes à vue de 96 h, incarcérations sur simple dénonciation, etc. Prolongement naturel de cette grande traque des usagers de drogues, voici venir les tests urinaires. Aux USA, plus de 5 millions personnes y passent chaque année (taux de positivité: 12%). Le marché est florissant -100 millions de $ de chiffre d’affaire-, 70% des grandes entreprises américaines y ont recours. A Singapour, pays expert en contrôles de toutes sortes, ces tests servent à envoyer les vilains drogués dans des camps de réeducation. En France ça vient, déjà bien connu des »méthadoniens », vous pourriez bien en faire les frais prochainement. La RATP, Air France, la Mairie de Paris, IBM, entre autres, les utilisent , parfois même à l’insu de leur personnel. !.Les douanes s’en servent pour repérer les « mules »: la dope ingérée « transpire » dans le corps et trahit le passeur. La sécurité routière s’y intéresse aussi de très près. Après l’alcootest bientôt le cannabinotest, l’hérotest, etc. S’il est légitime de s’assurer qu’un pilote de ligne ne soit pas « raide déf » lors de son travail, de quel droit peu-t-on interdire à ce même pilote de fumer un p’tit joint lors de ses congés? Pourquoi ne pas lui interdire aussi de boire un verre d’alcool? Pour l’anecdote, sachez que des tests d’aptitude pour pilotes des tests d’aptitude pour pilotes d’avion ont été proposés à des « méthadoniens » qui les ont réussi mieux que des personnes « normales »Cependant tout n’est pas perdu, il existe parfois des techniques pour embrouiller ces tests, la meilleure étant bien entendu l’abstinence. Aux États-Unis de nombreuses publications, ainsi que des services téléphoniques expliquent comment ne pas se faire gauler bêtement. Pour la France, Asud prend -modestement- le relais. Explications:

Comment ça marche

Il existe en gros 3 types de tests:

– les trousses portables: peu précis et facile à truander, ce test est de moins en moins utilisé, sauf par la gendarmerie (ils roulent bien en 4 L!).

– le test ÉMIT: il s’agit d’une analyse immunologique, la plus fréquemment utilisée. Elle est rapide, précise et bon marché (200 frs).
Cependant, elle ne détecte pas les drogues synthétiques(LSD, Palfium, etc.) et en cas de positivité aux opiacés, il est incapable de faire la différence entre un shoot d’héroïne et une prise de médicament codeïné. Sa grande sensibilité peut également provoquer des »faux positifs » il est déjà arrivé à des gens d’être positifs aux opiacés après avoir mangé un gateau aux graines de pavôt. Normalement en cas de positivité il doit être procédé à un test de confirmation par chromatographie gazeuze:
– le test CG/SM. Alors là, plus de doute possible, le résultat hyper précis est incontestable… et très cher:. le prix d’une analyse varie entre 600 et 1000 frs.
Cependant aucun test n’est capable de détecter à quel moment précis la came a -été consommée.

Comment tricher

Il existe de multiples façons de duper ces tests: la dilution, l’adultération, le lavage, la substitution et, plus aléatoire, le pipo. L’idéal serait de savoir quetype test on va passer et dans quelles conditions. Selon le cas la stratégie sera différente. Pour vous mettre dans l’ambiance, un p’tit témoignage qui nous vient de chez les amerloques:
Mme R .m’a suivi dans les toilettes et a fermé la porte. Il y avait des miroirs partout, des murs au plafond. Sur la tablette, près du lavabo, il y avait une petite bouteille blanche avec mon nom dessus. Mme R. m’a palpé les bras pour s’assurer que je n’avais rien dans les manches. Elle m’a demandé de me frotter les mains, les avants-bras et sous ma montre. Puis elle m’a tendu un gobelet. Elle m’a demandé de tenir le gobelet avec une main, de laisser mon autre main visible et de prendre appui sur mes genoux. Je devais pisser sous les yeux de Mme R. ‘C’est aussi embarrassant pour moi que pour vous’, me dit-elle.

1- La dilution (« buvez, éliminez »)

Vous pouvez réduire la quantité de drogues dans vos urines en augmentant la quantité d’eau. C’est possible en buvant de grandes quantités d’eau – pas d’alcool – et en pissant un maximum durant les 24h précédant le test Attention quand même car il est déjà arrivé que des personnes se noient en innondant leurs poumons! Cette technique réduit la durée de détection (voir tableau) mais n’élimine pas totalement les traces de dope. Évitez si possible de donner la première urine du matin, c’est elle la plus « chargée ». Si vous le pouvez, rajoutez de l’eau à votre échantillon, mais attention, celle des chiottes où se déroulent les tests est en général teintée de bleu…

2- le « lavage » (plus blanc que blanc …)

Bien connu des sportifs, c’est une méthode très efficace mais délicate. La prise de diurétiques permet d’évacuer rapidement les traces de drogues de votre organisme et augmente la fréquence de vos urines. Il faut pisser au moins 4 fois entre la prise de diurétiques et le test. Attention les diurétiques sont délivrés uniquement sur prescription médicale, et en abuser peut s’avérer très dangereux. 80 mg de Lasilix plus 100 mg de vitamine B2, pour jaunir vos urines, semble être le bon dosage. Le mieux est de demander conseil à un médecin. Les médicaments contenant de l’alkaline (« Alka-selzer ne s’use que si l’on s’en sert! »), masquent efficacement les traces.d’amphétamines,.. Autre système, boire beaucoup de boissons contenant de la cafeïne comme le café, le coca, le thé ou le chocolat. En effet, la cafeïne augmente la fréquence des urines. Là encore faites gaffe, l’abus de cafeïne est dangereux pour la santé.

3- la substitution

C’est la plus ancienne méthode, et aussi la plus sûre: prendre la pisse de quelqu’un de clean et la faire passer pour la votre. Cette technique demande une grande dextérité, la plupart des labos connaissant le truc surveillent avec attention. Aux États-unis, les gens sont fouillés avant d’aller aux toilettes, et il arrive fréquemment qu’on leur demande de pisser sous le nez d’un contrôleur. Si vous doutez de vos talents d’illusionniste, vous pouvez tenter la méthode dite « du tuyau »: fixez sous votre aisselle une poire remplie d’un pipi tout propre, reliée à un tuyau discrétement scotché le long de votre corps et de votre sexe. Pour vous assurez que votre système infernal fonctionne bien entrainez vous avant! (Un courreur cycliste très connu s’est fait gauler en flag lors d’un contrôle au tour de France). Certains hommes vont jusqu’à se remplir le pénis à l’aide d’un cathéter, les femmes s’introduisant un préservatif plein dans le vagin.Soyez sûr de la personne à qui vous empruntez la pisse: un cadre qui fumait occasionnellement de l’herbe devait passer un test; assez inquiet, il demanda à l’un de ses enfants un échantillon d’urine pour le substituer au sien, manque de bol son test s’est révélé positif à la cocaïne!Si vous êtes vraiment coincés, les urines d’un animal domestique peuvent faire l’affaire, mais alors bonne chance pour la récolte! Faites attention à la température des urines que vous rendez: elles doivent être à 37°. Les urines doivent être conservées au frais. Un frigo suffira pour un jour ou deux, au-delà utilisez un congélateur à -20°. Pour la décongélation, réchauffez doucement votre flacon au micro-ondes ou laissez tremper dans de l’eau très chaude. Pour garder l’échantillon à 37° lors du transport, un thermos devrait faire l’affaire.

Et oui, c’est compliqué de truander avec efficacité! On vous le répète le mieux est encore de n’avoir rien consommé.

4. L’adultération (sabotage!)

Différents produits de consommation courante empêchent certains test d’identifier les drogues.

Tableau de sabotage


* Un echatillon typique d’urine est d’environ 60ml
* il y a un inconvénient à utiliser son propre sang car les drogues que vous avez consommées y sont également présentes.
* pour l’eau de javel et l’ammoniaque, leur odeur puissante risque de vous faire repérer.
5. »Le pipo »En tout dernier recours, vous sachant pris au piège, il ne reste plus qu’a tenter un gros baratin. Inutile avec le test GS/SM, il est sûr à 100%.Par contre, les tests immunologiques ne différenciant pas les différents produits d’une même famille, vous pouvez faire travailler vos talents de « tchatcheur »: de nombreux médicaments courants peuvent produire des positivités aux opiacés, aux amphétamines ou à la coke. Expliquez que vos rages de dents ne peuvent se calmer sans l’aide d’efferalgan codeïné, que votre bronchite chronique ne s’apaise qu’avec un peu de dinacode. Certains thés importés d’amérique du sud, parfumés au coca, certains gateaux aux graines de pavôt peuvent être aussi un alibi pour une positivité à la coke ou aux opiacés (des médecins suisses en ont fait la démonstration récemment). En ce qui concerne le cannabis, c’est relativement fastoche -mais désagréable- puisqu’il peut suffire de rester une soirée dans une pièce où des gens fument du shit pour se retrouver positif! C’est vraiment immoral: non seulement vous ne consommez pas, mais vous prenez la fumée dans la tronche, vous supportez les délires de vos potes, et en prime vous risquez de vous faire virer de votre boulôt…Pour finir, si on vous reproche de pisser trop clair, dites que c’est de famille et que vous buvez beaucoups. Soyez persuasifs et ça passera!Si vous avez du fric et des notions d’anglais, vous pouvez tenter les produits « masquants », vendus par correspondance aux USA. La revue High-Times regorge de publicités pour des laboratoires qui proposent des pilules « test free » et autres infusions aux vertus protectrices. Certains comme le Goldenseal sont efficaces particulièrement pour les traces de cannabis.
Il existe même un n° de téléphone fonctionnant tous les jours 24h/24h où des spécialistes vous conseilleront sur le meilleur moyen de gruger un test. Attention, c’est à New-York et c’est donc cher… mais la liberté n’a pas de prix.A lire: _ « Steal this urine test » d’Abbie Hoffman – Penguin books – 1987 –

Adult&eacute rant Quantité
Collyre 5 gouttes
Sel 1/2 cuillère à café pour 10ml d’urine
Vinaigre 5 gouttes pour 7 à 10ml d’urine
Javel 1 goutte pour 5 à 10ml d’urine
Savon liquide 1 goutte pour 5ml d’urine
Détergent liquide 1 goutte pour 5 à 10ml d’urine
Sang 1 goutte pour 5 à 10ml d’urine
Acide citrique ?

La salvia divinorum, c’est quoi ?

Depuis les années 70 une nouvelle discipline scientifique fait beaucoup parler d’elle: il s’agit de « l’ethnobotanique ». Ne cherchez pas dans votre dictionnaire, ce mot n’y figure même pas! Grossièrement on peut dire que l’ethnobotanique est l’ étude de l’homme par rapport aux plantes psychotropes. Les pionniers les plus célèbres en sont les Pr Roger Heim et Wasson pour leurs études sur les champignons, le Pr Albert Hoffman (le LSD et la psilocybine c’était déjà lui) et le Prof Shultès qui ont écrit ensemble ce que certains considèrent comme l’ouvrage fondateur de l’ethnobotanique, Les Plantes des Dieux (Ed du Lezard). Ajoutons pour être complet le Dr Heffter réputé pour ses études sur le peyotl et plus récemment Christian Rätsch auteur d’une formidable encyclopédie des plantes psychoactives (disponible en langue allemande ou anglaise seulement).

Parmi ces nouvelles vieilles “plantes à drogue” , il y’en a une qui s’est imposée particulièrement dans le petit monde des fumeurs de cannabis et autres psychonautes : la Salvia Divinorum ou Sauge des Devins . Légale et relativement facile à acquérir (parfois vendu comme encens), la Salvia a fait son trou dans la gamme des drogues psychédéliques.

A l’origine cette plante ne pousse que dans la région de l’Oaxacan au sud du Mexique. Selon les botanistes elle est devenue mystérieusement stérile il y’ a plus d’un millier d’années. Elle ne survit (survivait) donc que du fait de l’homme, par bouturage. Mais, tout aussi mystérieusement, certains spécimens cultivés sur Hawaï se remettent aujourd’hui à produire des graines….

Il y a déjà bien longtemps son usage faisait partie des rites religieux des shamans mazatèques leur offrant des visions donnant le pouvoir de guérir. En 1962 les Prof Albert Hoffman et Wasson découvrirent à l’occasion d’une expédition au Mexique la salvia divinorum et assistèrent à des rituels de guérisons avec la salvia. Ils en ramèneront quelques boutures dont sont encore issus la plupart des plantes cultivées dans le monde occidental.

La Salvia divinorum est une plante vivace qui peut mesurer jusqu’à 1.5 m, ses feuilles sont ovales et légèrement dentelées. Elle est la seule variété de sauge à avoir des propriétés psychoactives. Quand la plante atteint à peu près 50 cm, des fleurs blanches apparaissent, qui deviennent bleues quand la plante prend de l’âge. Aujourd’hui, grâce au bouturage la plante s’est diffusée bien au delà du Mexique. Il est possible de la cultiver sous nos latitudes, mais en pot pour leur faire passer l’hiver au chaud. La plante est parait-il très facile à entretenir et décorera bien votre intérieur (en attendant de s’occuper de vos neurones). Une courte recherche sur le net vous fera trouver sans aucun doute soit des boutures soit des plants déjà enracinés pour une vingtaine d’euros.

La salvia peut se consommer de différentes façons: on peut en fumer les feuilles séchées ou fraîches (pour un trip plus progressif), on peut également mâcher aussi des feuilles fraîches mais il en faut bien plus (entre 15 et 20 feuilles contre 2 feuilles séchées en fumant). Et puis il y’a les fameux extraits (x5, x10, x15 et même x20). Cela signifie qu’ un gramme de x20 est égal à 20 grammes de saliva normale”. Mieux vaut ne pas se tromper dans les dosages…. Certains aiment à combiner les différents modes de conso: on commence par chiquer des feuilles fraîches, puis des séchées et les plus avertis (ou inconscients?) se finissent aux extraits. Un site propose désormais de l’extrait de salvia liquide à usagesublingual, redoutable parait-il… La vaporisation (technique différent des vaporiseurs pour cannabis) est peut-être la méthode la plus violente pour user de la salvia. et reste réservée aux utilisateurs expérimentés. La méthode la plus simple reste de fumer les feuilles ou de l’extrait en joint, cela permet aussi d’ajuster progressivement le niveau de défonce qui vous convient. Pour fumer la salvia il est préférable d’utiliser un briquet de type “chalumeau”, la salvia ayant besoin de fortes températures pour se consumer. Les personnes psychologiquement fragiles ne devraient jamais tenter cette expérience, les sensations de dissociations (entre autres) pouvant rapidement leur devenir insupportables Et puis surtout ne jamais conduire sous influence de la Salvia, c’est la gamelle quasi garantie.

Les effets

Bizarres, étrange sont souvent les premiers sentiments qu’une personne exprime après avoir fait une expérience à la salvia.
Mettons les choses au point tout de suite, la salvia n’est pas une drogue pour faire la teuf et n’est pas non plus une drogue “sociable” .Bien que cette plante ne soit ni toxique ni addictive et relativement sûre d’utilisation (pas d’overdose mortelle connue à ce jour) un trip à la salvia est un étrange et puissant voyage introspectif et comme avec n’importe quel hallucinogène il peut également se révéler très pénible (attention aux bad trips!). L’expérience se fait de préférence dans l’obscurité, voir le noir total (certains usagers se bandent les yeux) et assis car vous risquez de tomber durant le trip. Evitez de laisser traîner des objet pouvant blesser et assurez vous qu’une personne reste claire, ça peut servir ! Les effets ne durent guère plus d’une demi-heure, ce qui déjà est rassurant en cas de mauvais trip. L’idéal serait de faire cette expérience accompagné d’un usager expérimenté. Daniel Sielbert, grand spécialiste de la salvia (et du “kratom” une plante au potentiel étonnant – sorte de speedball végétal- dont on vous causera plus tard) définit lui la salvia comme étant un “enchantogène” plutôt qu’entheogène. Mais attention, cette description des effets fait l’impasse sur ce qui peut être ressenti en cas de mauvais trip… Dans l’entourage d’Asud certains on fait l’ expérience , morceaux choisis: une copine a carrément vu” Dieu en face” et a adoré cette initiation faite dans de parfaites conditions, lieu choisi, produits de qualité, avec des amis et un “guide” pour encadrer l’affaire. Un autre nous a raconté comment il s’est retrouvé “entre le mur et le papier peint”… Il y’a beaucoup de témoignage de dissociation genre je ne suis pas assis sur un lit je suis le lit ou “je vois un tableau vivant, c’est celui de ma vie , elle ne m’appartenait plus, j’en étais le spectateur”. Un autre nous explique qu’il a vu sa table en bois se liquéfier ainsi que son bang posé dessus: de la table coulait du bois liquide et du bang du verre liquide. Il peut arriver de plus pouvoir parler, impossible de sortir un son de sa bouche mais ça c’est moins rigolo. Personnellement j’ai fais l’expérience une fois, seul chez moi avec une dose assez faible. Ca n’a pas été agréable du tout: je me sentais écrasé sur mon lit sans pouvoir bouger, tout me semblait étrange, puis menaçant. Les arbres que je voyais de ma fenêtre semblaient se rapprocher, s’épaissir, formant une masse mouvante pas sympathique du tout. Heureusement l’effet est court mais je suis resté avec un sentiment de malaise les deux heures qui ont suivi.

La salvia est encore légale en France mais déjà prohibée en Australie et les USA cherchent un prétexte pour suivre, on peut donc facilement imaginer que la France suivra, la seule question, c’est quand? A savoir aussi que la salvinorine A est un agoniste des opiacés, ce qui par ailleurs intéresse beaucoup les chercheurs.

Il semble donc que cette plante n’a pas fini de nous surprendre… si vous décidez de tenter un trip à la Salvia, je vous recommande très vivement de lire “ le guide d’utilisation de la salvia divinorum” disponible gratuitement et en français sur www.sagewisdom.org un site extrêmement complet (usages, histoire, effets, témoignages, FAQ, culture, etc..) dédié à cette plante magique et si mystérieuse.

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