Auteur/autrice : Fabienne Pourchon

Histoire de l’héroïne

De l’opium dans les habitats néolithique

Le pavot à opium est connu depuis des milliers d’années. On a retrouvé des capsules et des graines dans des habitats néolithiques européens datant de 5000 ans avant JC. Les sumériens (région de l’actuel Irak) le connaissaient 4000 an avant JC. Un de leurs idéogrammes désignait le pavot, traduit par hul, ce qui signfie joie ou réjouissance. Ils faisaient le commerce de ses graines ainsi que de l’opium à travers tout le bassin méditerranéen et ce jusqu’en Inde…

Il était aussi connu des Égyptiens et notamment des pharaons qui le consommaient certes pour ces vertus thérapeutiques mais aussi pour ces effets psychotropes…

Dans la Grêce Antique, Homère, dans l’Odysée, parle d’un étrange breuvage probablement à base d’opium, le Nepenthes, boisson procurant l’oubli des chagrins… Ce serait donc le lait du pavot à opium qu’Hélène utilisa pour soulager son angoisse. Ce breuvage était tellement répandu à cette époque que les Grecs de l’Antiquité représentaient sur des camées la déesse de la nuit, Nyx, distribuant des capsules de pavot. On a également retrouvé des figurines en terre cuite provenant de Knossos, surmontées d’une couronne faite de graines de pavot incisées, et une des cités de la Grèce Antique portait le doux nom de Opion, la cité du pavot à opium.

Selon la légende, le médecin de Néron, empereur romain ( 37/68 après JC) aurait concocté une boisson composé d’une cinquantaine de substances mais où domine l’opium afin de vaincre les maux les plus divers, le Thériaque…

C’est à Rome que sa première description scientifique est faite par Dioscoride au premier siècle de notre ère. Dans la Rome impériale en 312 il existe plus de 800 boutiques vendant de l’opium, dont le prix, modique, était fixé par décret de l’empereur…

L’empire arabe (7 siècle après JC) développa le commerce et la culture du pavot et participa à son essor dans tout l’ancien monde jusqu’aux Indes durant les conquêtes musulmanes…

En Europe, on voit apparaître l’opium plutôt vers le 15 è siècle avec le développement du breuvage de Philippe Théophraste Bombast de Hohenheim, resté célèbre sous le nom du Docteur Paracelse . Boisson ressemblant étrangement au Thériaque. Il qualifia cette potion de « supérieure à toute substance héroïque. Il la nomma le Laudanum , celui qu’on loue, raison pour laquelle on le soupçonna d’être lui-même opiomane…Il mourut et sa potion se répandit dans toute l’Europe…

Le Laudanum fut repris et étudié par Sydenham, médecin anglais et la consommation d’opium se développa. On le retrouve sous la forme du laudanum utilisé comme apéritif en Angleterre puis sous forme de pilules d’opium vendues brutes en pharmacies…

Au 19 è siècle en Grande-Bretagne, il est consommé sous forme de boulettes tandis que l’habitude de le fumer arrive en France sous la forme de Chandou, opium raffiné…

C’est au début du 19è siècle que l’allemand Sertürner, isole la morphine, premier alcaloïde chimiquement obtenu…Il l’appela ainsi en raison du Dieu romain du sommeil Morphée… Lorsqu’en 1850, la seringue hypodermique fut inventée, l’utilisation de la morphine se développa car elle permettait de soulager quasi immédiatement la douleur… Mais le corps médical s’inquiéta rapidement de la forte dépendance que causait la morphine et des études furent entreprise pour éliminer ses propriétés addictives…

Bayer commercialise l’heroïne

pub_hero2C’est dans ce contexte que Wright, synthétisa l’héroïne en 1874. Il en transmit un échantillon a un de ses collègues pour le tester sur des animaux et la réponse fut : « prostration profonde, de la peur, un assoupissement profond , les yeux deviennent sensibles, les pupilles se dilatent, et chez les chiens on observe une salivation considérable avec dans certains cas, une légère tendance au vomissement. La respiration s’accélère dans un premier temps pour ralentir ensuite nettement, le rythme cardiaque diminue et devient irrégulier. Un manque de coordination musculaire marquée et une perte de tonus dans le pelvis et les membres postérieurs… sont les effets les plus notables »..

Wright en arrêta l’exploitation et de nombreux chercheurs ne lui vit aucun avenir… Sauf Dreiser, en 1897, testeur pour les laboratoires Bayer. Après l’avoir tester sur des animaux et des humains (dont lui même), il lui trouva une utilité pour les traitements de différents troubles respiratoires, grands maux de l’époque, tuberculose, bronchite et asthme.
L’héroïne semblait efficace et mieux encore d’après Dreiser, elle ne créait pas de dépendance. Il était même question de l’utiliser en produit de substitution de la morphine !!! Bayer enregistra se nouveau médicament sous le nom de Héroïne de l’allemand, « heroisch », héroïque.
Bayer lança une grande campagne marketing en envoyant des échantillons aux médecins, et avant la fin de l’année , Bayer exporta de l’héroïne dans pas moins de 23 pays. En 1911, le British Pharmaceucical Codex nota que l’héroïne était aussi addictive que la morphine et en 1913, Bayer en arrêta complément la production.

L’Etats-Unis et la prohibition

Au début du XXè siècle, les Etats-Unis en mêlant, Tempérance et racisme envers les populations asiatiques et dans un premier temps envers les philippins, stigmatisèrent l’usage d’opium. En découla la première de nombreuses lois anti-drogues, l’interdiction de l’importation d’opium sur le territoire sous occupation américaine sous quelques formes que ce soit et prohiber tout usage non médical.
Cette jeune nation, la plus forte économiquement, n’avait que peu de poids dans les pour-parler mondiaux, face aux puissances du vieux continent. Les Etats-Unis virent l’occasion de s’affirmer et de s’afficher comme une nation superpuissante. Ils devaient même porter un coup sévère aux Britanniques, importateurs d’opium en Chine. Les européens et les Britanniques en particulier, gagnaient beaucoup d’argent sur le dos des fumeries d’opium. Ils avaient créer, en Chine, suite à deux guerres qui permit la légalisation les importations d’opium, une population de toxicomanes, estimée à environ 27% de la population adulte et masculine en 1900.
Par la suite, l’héroïne, supplanta l’opium et la morphine et devint la plus importante des drogues addictives.
De ce fait, les Etats-Unis déplacèrent leur combat anti-drogues de l’opium à l’héroïne et celle-ci devint la cause de tout les maux ( une fois que les lois anti-prohibitionnistes furent votées !!!)… « La plupart des cambriolages, hold-up audacieux, des meurtres cruels et autres crimes violents sont, on le sait maintenant, principalement commis par des toxicomanes, qui sont, pour l’essentiel, à l’origine de l’alarmante vagues des crimes que nous subissons. La toxicomanie est plus contagieuse encore que la lèpre, et bien moins curable. Les toxicomanes sont les principaux vecteurs de maladies abominables (….). Combinées aux vieilles méthodes du trafic d’opium, la puissance sans précèdent des stupéfiants, dérivés de la chimie moderne, menace actuellement l’avenir même de la race humaine. A son insu, l’humanité est engagée dans une lutte à mort contre le plus dangereux ennemi qui ait jamais menacé son avenir. De l’issue de ce conflit dépendent la survie de la civilisation, la destinée du monde et le futur de la race humaine » Hobson, 1928, créateur de l’Association mondiale contre les stupéfiants.

French connection

La lutte contre la drogue fut repris par Anslinger aux Etats-Unis. Il détestait en bloc les communistes, la Mafia et les revendeurs de drogues, à un point qui frisait la paranoïa. Dans son autobiographie, The murderers, il écrit : « Je crois que nous devons tout particulièrement prendre garde à l’utilisation de la drogue comme une arme par les forces communistes, en chine, et n’importe où ailleurs en orient, en Europe et en Afrique. Il y a toutes les chances pour qu’un certain nombre de cocos et de leurs compagnons de route tendent la main à l’internationale du crime organisé. ». Il crée en 1930 le FBN ( Bureau Fédéral des Narcotiques) dont il devint directeur jusqu’à sa retraite en …. 1961.
Il parut évident pour lui que pour faire baisser la consommation sur le territoire américaine il fallait couper les voies d’approvisionnements. C’est pourquoi fut organisé à son initiative, une conférence internationale à Genève. Des lois nationales et non obligatoires firent remplacer par des lois internationales à caractère obligatoire. La production légale d’opium passa de 42.000 en 1906 à 16.000 en 1934. Soit une baisse de 82 % qui fut vite compensée par la production illégale !!!

C’est à partir de là que c’est développé un marché mondial illégal autour de l’héroïne. Tenu par les italiens aux Etats-Unis avec le règne de Lucky Luciano qui su surfer avec la fin des lois prohibitionnistes, par les corses de Marseille en France avec la fameuse French Connection qui assura apparemment 80% des importations américaines ou encore par les Européens en Asie où se fut la naissance du triangle d’or.

Be-Bop, rock et grunge

Depuis les années 30, on repère l’héroïne dans nombres des groupes minoritaires. On dit que le Be-Bop tire sa force de l’héroïne, qu’elle permet aux musiciens de s’isoler, de se ressentir envelopper par la musique. Le Be-bop légua à la nouvelle génération sa consommation de drogues et les écrivains de la Beat Generation comme Jack Kerouac, Allen Ginsberg ou Williams Burroughs vouaient un véritable culte aux grands junkies du jazz comme Charlie Parker. « Le jazz était la référence ultime des Beatniks, pourtant et peut être a cause de çà, peu d’entre eux étaient des musiciens. C’est du jazz qu’ils tirent le mythe de l’artiste solitaire, dépressif et torturé, qui joue en compagnie des autres mais demeure toujours seul. Ils parlaient la langue du jazz, vénéraient avec ferveur les musiciens décédés, et construisaient des rites communautaires autour des drogues chères aux jazzmen. Pour eux, le comble de la liberté, c’était le musicien dont l’art avait causé sa perte », Maynard, 1991, dans Venice West.

L’héroïne fut essentiellement associée à deux périodes musicales : le rock des années 70 et le grunge de la fin des années 80. Nombres d’artistes rock furent associées à l’héroïne, non pas pour leur consommation mais pour leur mort. Jimi Hendrix mourut d’une overdose de barbituriques, Janis Joplin succomba à un mélange fatal de tequila et d’héroïne et Jim Morrison mourut dans des circonstances étranges, on dit qu’il serait mort d’une overdose d’héroïne et qu’on l’aurait plongé dans un bain pour le réanimer. Sa femme mourut d’une overdose en 1975.
Le mouvement grunge se fit aussi remarquer, Andrew Wood, chanteur des Mother Love Bone, mourut d’une overdose, en 1990, Stéfanie Sargeant des 7 Years Bitch, succomba en 1993 et Kurt Cobain une semaine avant de se suicider fit une overdose.

« La presse tout comme le public adore les scandales liées à la drogue. Ils montrent le monde tel qu’il devrait être : les gens ont ce qu’ils méritent, leur fierté est mise au pas et la morale retrouve sa place. Mais il y a autre chose dans la satisfaction que le public éprouve à voir les stars et les aristocrates humiliés, et c’est tout à fait ignoble.(…) Nous jugeons l’héroïnomane comme une personne qui a volontairement choisi de vivre à l’encontre de la norme et des attentes de la société, et l’on ne s’étonne guère qu’il finisse mal. Les journaux aiment publier les récits édifiants et moralisateurs et le public adore les lire. Derrière tout cela se dissimule le sentiment confortable mais illusoire que nous détenons la vérité. » Julian Durlacher, dans Héroïne.

Pour conclure

« Certains estiment que maintenir un climat permanent de peur autour de l’héroïne ne peut avoir que des conséquences positives ; on est cependant en droit de penser qu’au contraire cela empêche tout progrès réel dans le traitement de ceux qui sont le plus affectés par l’héroïne : les toxicomanes. L’Occident ne peut pas non plus s’attendre a ce qu’à travers le monde les régimes dictatoriaux se transforment en gouvernements dociles et respectueux des libertés civiles alors que leur existence repose sur un commerce illégal. Cependant, de plus en plus de gens – dont beaucoup de convertis inattendus – remettent en question la pertinence du traitement actuel de l’héroïne dans le monde. Et il y a une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est que la politique actuelle ne marche pas. Pourtant, personne n’a le courage de faire le premier pas en suggérant une politique différente. Car telle est la puissance que dégage ce simple mot : Héroïne. » Julian Durlacher, dans Héroïne.

L’héroïne et les mélanges de produits

Quels sont les risques liés aux mélanges d’héroïne avec d’autres produits psychoactifs ?

Héroïne + Cocaïne = Le Speed ball

C’est la prise simultanée de ces deux produits. L’effet stimulant de la cocaïne diminue le risque d’arrêt respiratoire. Mais la durée d’action de la cocaïne étant plus brève que celle de l’héroïne, l’arrêt respiratoire peut survenir quand l’effet de la cocaïne prend fin.

Héroïne + Kétamine

Ces deux substances sont des dépresseurs respiratoires, donc gare a l’arrêt respiratoire. De plus, en terme d’effet l’un potentialise l’autre….

Héroïne + méthadone

Ces deux substances se potentialisent alors soyez vigilants au risque d’overdose…. La méthadone pouvant diminuée les effets de l’héroïne, certains ont tendance a augmenter les doses…

Héroïne + buprénorphine (Subutex® et générique)

Le Subutex® est incompatible avec les autres opiacés (héroïne, rachacha, opium, morphine, codéine, méthadone…). il est conseillé d’attendre au moins 6 à 8 heures après la dernière prise d’héroïne pour reprendre du Subutex®, sinon gare à la crise de manque…

Héroïne + benzodiazépines

De manière générale, ce mélange augmente les risques de coma et de difficultés respiratoires

Héroïne + amphétamines

L’effet stimulant des amphétamines diminue les risques d’arrêt respiratoire.

Héroïne + alcool

A petite dose, l’alcool peut diminuer les effets de l’héroïne, d’où le risque d’augmenter les doses. A fortes doses, l’alcool aurait tendance à accentuer l’effet endormant de l’héroïne. Il y a un risque accru de surdose sans les deux cas.

Héroïne + cannabis ( dérivés)

Chez le uns, il atténue le stress de la descente, chez les autres, il accentue les réactions paranoïdes

L’héroïne, effets, risques

Qu’est ce que c’est ?

L’héroïne ou diacétylmorphine est un opiacé synthétisé à partir de la morphine naturellement présente dans l’opium ( suc du pavot). L’héroïne est proche de substances produites naturellement par le corps, les endorphines. Le cerveau les produit en plusieurs occasions. L’héroïne, comme les endorphines, est un dépresseur du système nerveux centrale. Elle agit en « endormant » certaines fonctions du système nerveux. Elle ralentit, par exemple, la respiration. L’héroïne est surtout recherchée pour le bien être psychique et physique qu’elle procure.

A quoi ça ressemble ?

Elle se présente actuellement sous la forme de poudre allant du beige clair au brun foncé. On la nomme héroïne, héro, rabla, dré, poudre, came, meumeu, brun sugar… Elle est vendue en petit paquet, caps ou emballée dans un plastique, boulette. En France, sa concentration varie de 0 à 5 %. Cela dépend de la région d’origine, des fournisseurs, des arrivages…

Les effets recherchés

Les effets des produits dépendent non seulement de la dose, de la fréquence d’usage et du mode de consommation mais également des caractéristiques de chaque individu, de son état psychique, de sa personnalité, de son humeur, son accoutumance et de ses attentes vis a vis du produit.

L’héroïne peut apaiser la douleur morale (tristesse, angoisse), calmer la douleur physique ( c’est un antalgique), en cas de dépendance, elle supprime les désagréments du manque, elle peut procurer une sensation de bien-être physique et psychique, euphoriser tout en restant lucide, donner un sentiment de confiance en soi, de calme, d’apaisement, désinhiber, créer une sensation de chaleur agréable.

L’héroïne, en remplaçant l’endorphine, génère un sentiment de bien-être et atténue douleur et anxiété lorsqu’elle est consommée avec modération. De plus grandes quantités entraînent le sommeil. De très fortes doses peuvent provoquer l’arrêt de fonctions vitales de l’organisme (circulation sanguine, respiration, …).

La consommation d’héroïne peut s’accompagner outre les effets recherchés de nausées, de vomissements, de chatouillement et gratouillement, elle peut perturber les cycles du sommeil, modifier la sensation de faim, relaxer musculairement, modifier le désir sexuel soit en le diminuant, soit en l’augmentant, rétrécir les pupilles ( en tète d’épingle), être antitussif c’est a dire calmer la toux, ralentir pendant quelques heures la production de sécrétions ( absence de larmes, constipation…), retarder, voire empêcher l’orgasme.Chez l’homme, elle peut retarder ou empêcher l’éjaculation et chez la femme perturber ou arrêter les cycles menstruelles ( mais pas la fertilité !!!) et causer une sécheresse vaginale.

Les différentes phases

L’effet du produit est rapide:

  • en injection: +/- 20 secondes;
  • en sniff: +/- 5 minutes;
  • en fumette: 1 à 2 minutes.

Les étapes

La durée des effets est la même (4 à 6h), quel que soit le mode de consommation mais la perception diffère selon le mode de prise et l’individu.

  1. le Flash
    Lors de l’injection intraveineuse ou de « chasse du dragon » le « flash est une sensation soudaine et irradiante de chaleur, un changement d’état très rapide et bref (5 à 10 secondes), qui se produit au moment où l’héroïne irrigue le cerveau. Le flash est une montée rapide des effets tant physiques que psychiques.
  2. le Plateau
    Période de bien-être intense, sensation de chaleur et de relaxation profonde qui peut durer 3-4 heures. Selon le témoignage d’usagers, on perçoit différemment ses problèmes, l’angoisse est calmée et l’on ressent un sentiment de paix.
  3. La Descente
    Au cours de la descente, les effets de l’héroïne s’estompent progressivement et le besoin de dormir se fait sentir (somnolence). Le retour à l’état « sans produit » peut être pénible pour certains usagers : fatigue et déprime, sorte de « gueule de bois ». En cas de dépendance physique, les premiers signes de manque apparaissent.

NB: l’héroïne peut être détectée dans les urines jusqu’à 12 jours après la prise

Tolérance, accoutumance

En ce qui concerne l’héroïne, la tolérance est très rapide : après quelques jours de consommation (plusieurs fois/jour), l’usager ressent la nécessité d’augmenter les doses, d’abord en quantité, puis en fréquence pour retrouver les effets du produit.

Dépendance

La dépendance psychologique

Une consommation, même occasionnelle, peut entraîner une forte dépendance psychologique. Cette dépendance se manifeste par le besoin de consommer à nouveau le produit pour retrouver ses effets plaisants et apaisants.

La dépendance physique

À l’arrêt d’une consommation quotidienne, le corps manque d’héroïne et d’endorphines naturelles. En effet, l’héroïne ayant remplacé la production naturelle d’endorphines, le corps est en manque de celles-ci. À ce moment, l’usager est confronté à des manifestations physiques liées au manque. C’est ce qu’on appelle la dépendance physique. Les signes du manque sont de fortes douleurs dans les reins, une sensation de froid intense, un pouls élevé, éternuements, nez qui coule, yeux qui pleurent, maux de ventres, dérangements intestinales, nausées, vomissements, angoisse, irritabilité, hypersensibilité a la douleur…

Depuis 1996 en France, il existe des « produits de substitution », Méthadone et Subutex®, qui sont accessibles soient en CSST, soit en médecine de ville.

Les enjeux sociaux

L’interdit légal génère des risques spécifiques. En effet, bien que l’héroïne ne coûte pas cher en termes de fabrication, son prix, fixé par les trafiquants, est élevé. Certains usagers parviennent à gérer leur consommation ; d’autres, pour faire face au coût élevé de cette consommation, commettent des délits.

D’autre part, par le seul fait que la consommation soit illégale, le consommateur qui souhaiterait avoir accès aux soins de santé (autres que le sevrage ou la substitution) peut rencontrer des difficultés.
Enfin, les réactions de rejet de l’entourage (famille, conjoints, amis, collègues, employeur, …) peuvent provoquer l’isolement social du consommateur.
De plus cet aspect empêche un contrôle de la qualité de l’héroïne et des produits de coupes qui peuvent représente de réels dangers.

Danger du produit

L’héroïne pure, nous l’avons vu, est similaire aux endorphines : elle n’entraîne donc pas de dommages physiques directs tels que lésions d’organes, cirrhose, destruction cellulaire. Cependant les modalités de consommation de l’héroïne, la détérioration du style de vie (alimentation, hygiène..) liées à l’illégalité peuvent entraîner des risques particuliers.
La composition des produits de coupe est incertaine, parfois dangereuse (ex.: caféine, barbituriques, talc, voire, dans de très rares cas, strychnine).

La surdose/ l’overdose

La surdose est la dose excessive et dangereuse, voire mortelle. Elle se traduit par une dépression respiratoire allant d’une faible diminution de la respiration à l’arrêt respiratoire, entraînant l’arrêt cardiaque et ensuite la mort.

La dose mortelle varie considérablement en fonction de chaque individu : une personne peut augmenter progressivement sa consommation jusqu’à des doses qui seraient mortelles pour un non-consommateur. En certaines circonstances, le risque de surdose augmente :

  • une première prise ;
  • une reprise après un arrêt (cure, séjour en prison) ;
  • la prise d’une nouvelle héroïne (plus concentrée, par exemple) ;
  • en cas de changement de dealer ;
  • la prise d’une trop grosse quantité .

Le risque de surdose est donc difficile à mesurer pour chacun. L’héroïne étant coupée avec des produits dont la composition n’est pas connue, le risque de surdose n’est jamais absent. Enfin, la surdose survient plus fréquemment à la suite d’une injection intraveineuse (l’effet du produit survient brusquement d’un seul coup).
Une partie des accidents mortels n’est cependant pas directement due à une surdose mais plutôt à l’absorption simultanée d’un autre psychotrope qui accentue les effets de l’héroïne.

En cas d’overdose

Les signe d’une overdose sont :

  • une respiration de plus en plus lente et moins profonde
  • les muscles sont complètement relâches
  • la personne dort profondément et ne se réveille pas. Et si elle se réveille, elle se rendort aussitôt.
  • sa peau blanchit, pâlit tandis que ses lèvres et les extrémités de son corps bleuissent.

Que faire en cas d’overdose ?

Mettre la personne en Position Latéral de Sécurité ( PLS) pour qu’elle n’avale pas sa langue et ne s’étouffe pas dans son vomi. Appelle les secours 15 ou 18 ( appels gratuits même avec un téléphone sans crédit et sans puce). L’état de la personne et le lieu précis sont les seules informations nécessaires. Une fois le personnel médical sur place, signalez-lui les produits consommés, il est tenu au secret professionnel.

Pour en savoir plus sur l’overdose d’héroïne, phase par phase, cliquez ici.

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