Auteur/autrice : ASUD

L’OFDT fait une synthèse de la littérature internationale sur les salles de consommation à moindre risque en Europe

Dans une note du 20 mai 2009, l’OFDT fait une synthèse de la littérature internationale sur les salles de consommation à moindre risque.

L’OFDT rappelle qu’au niveau de la santé, les salles de consommation permettent :

  •  un premier contact avec des populations difficiles à atteindre ou populations cachées ;
  • des conditions de sécurité et d’hygiène qui n’amènent pas à une hausse des niveaux de consommation ou à des pratiques à risque encore plus dangereuses ;
  •  Réduction des décès associés à l’usage de drogues lorsque l’accessibilité aux salles de consommation est appropriée (horaires d’ouverture, inclusions, couverture géographique suffisante, …) ;
  • Un accès effectif des usagers en situation de très grande précarité et extrêmement marginalisés aux services adaptés (les usagers peuvent bénéficier sur place des interventions des professionnels ou être orientés vers le dispositif le plus adapté).

Et au niveau des nuisances publiques :

  • elles permettent une diminution de l’usage de drogues dans les lieux publics sous réserve que la capacité d’accueil des salles de consommation soit suffisante pour répondre aux demandes des usagers ;
  • Il n’y a pas de constat de hausse de la délinquance (vols, …) liée à l’implantation des salles de consommation.

Enfin, l’OFDT conclue que « D’après la littérature en la matière (Hedrich D, 2004), les études mettent en évidence que les bénéfices attribués aux salles de consommation dépassent les craintes initialement évoquées. »

Pour lire la note de l’OFDT en entier

L’injection d’héroïne brune en photos

Voici, dans une optique de réduction des risques, les différentes étapes de l’injection d’héroïne brune en photos.

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Le matériel nécessaire pour une injection à moindre risques : seringue, eau injectable, cuillère et coton et tampon sec (Stericup), filtre (Sterifilt), tampon d’alcool, acide ascorbique.

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Après avoir mis l’héroïne brune dans la cup, verser une petite quantité d’acide ascorbique (ou citrique) sur une petite feuille de papier, de manière à pouvoir en mettre juste un petit peut dans la cup.

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Mettre de l’eau stérile dans le mélange.

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Chauffer jusqu’à ébullition. Si jamais il reste des particules non dissoutes, c’est peut être que vous n’avez pas mis assez d’acide ascorbique (ou citrique). Renouveler alors l’opération.

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Mettre un Stericup à la seringue.

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Pomper le liquide.

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Désinfecter le point d’injection avec un tampon d’alcool (un seul passage suffit)

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Mettre un garrot (ceinture, garrot en plastique) pour faire apparaitre la veine et pour eviter qu’elle roule.

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Planter la seringue, le biseau de l’aiguille vers le haut.

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Faire une tirette (tirer légèrement le piston de la seringue) pour voir si vous êtes dans la veine.

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Déserrer le garrot.

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Injecter doucement.

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Appliquer un tampon sec (et non un tampon d’alcool) pendant une dizaine de seconde.

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Jeter tout le matériel après usage, de préférence dans un container ou une bouteille en plastique, et rapporter dans le PES ou le CAARUD le plus proche.

Pour d’autres informations :

La mairie de Paris veut engager le débat sur les salles de consommations à moindre risques.

Les 8 et 9 juin dernier, le conseil de Paris a voté un vœu relatif à la politique de réduction des risques liés à l’usage de drogue. Ce voeu, qui demande l’ouverture d’un débat sur les salles de consommation, fait suite à l’action « une salle de consommation à moindre risque à Paris ? », organisée par le collectif d’associations « Asud, Anitea, Act Up Paris, Gaia, Safe, Sos Hépatites Paris, salledeconsommation.fr » lors de la journée mondiale hépatites du 19 mai. Vous trouverez le vœu du conseil de Paris ci-dessous :

CONSEIL DE PARIS, Séance des 8-9 juin 2009

Vœu de l’exécutif municipal relatif à la politique nationale de réduction des risques liés à l’usage de drogues

Les politiques volontaristes de réduction des risques sanitaires et sociaux liés à l’usage de drogues ont montré leur efficacité : le taux de prévalence du VIH chez les usagers de drogues ainsi que le nombre d’overdoses ont considérablement diminué.

Néanmoins, les risques de contamination par les hépatites B et C demeurent élevés et imposent de nouvelles actions. Ainsi, les hépatites B et C sont responsables de 8000 contaminations et de 4000 morts par an, avec des taux de prévalence de l’hépatite C allant de 70% à 90% chez les usagers de drogues injectables fréquentant les structures de soins. La prévention est en effet compliquée par le fort pouvoir contaminant du virus, le nombre important des contaminations précoces, et le fait que l’infection par le VHC est souvent durablement asymptomatique.

Sur la base de ce constat, en février dernier, la ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, Madame Roselyne BACHELOT, a présenté un plan national de lutte contre les hépatites B et C. Cependant, ce plan n’a pas répondu aux attentes des professionnels et associations engagés dans la lutte contre ces épidémies. Alors que la répression des usagers de drogues n’a jamais été aussi forte, le gouvernement n’apporte aucun remède aux carences en matière de prévention, de dépistage et d’accès aux traitements, ne reprenant aucune des propositions concrètes des associations consultées.

Face à ces insuffisances, et afin de relancer le débat, 6 associations engagées dans la réduction des risques, l’aide aux usagers et à leur entourage, ont mis en place une « salle de consommation de drogues à moindre risque », le temps de la journée mondiale des hépatites du 19 mai. Ces salles de consommations, qui sont développées dans de nombreux pays européens comme l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne ou la Norvège par exemple, visent à assurer l’accueil et la prise en charge des usagers les plus marginalisés, pour améliorer l’accès aux soins et réduire la mortalité directe liée à l’usage de drogues, grâce à des conditions d’hygiène optimales et à la présence de professionnels médico-sociaux.

Selon leurs promoteurs, les salles de consommation limitent les pratiques clandestines et participent ainsi d’une politique de prévention active, globale d’accompagnement vers le soin et l’insertion sociale des usagers de drogues marginalisés. Elles réduisent également les nuisances telles que, par exemple, la présence de seringues souillées dans l’espace public et limitent les tensions entre riverains et consommateurs de drogues.

C’est pourquoi, sur proposition de l’exécutif municipal le Conseil de Paris émet le vœu que le Maire de Paris intervienne auprès du gouvernement afin:

  • qu’une politique ambitieuse de réduction des risques soit mise en œuvre pour répondre aux enjeux identifiés sur le terrain
  • qu’un large débat soit engagé afin de déterminer dans quelles conditions une expérimentation sur des salles de consommation à moindre risque pourrait être menée, et une adaptation du cadre légal et réglementaire engagée

Une salle de consommation à moindre risque au 30 ans de l’ANITeA

Une salle de consommation a été installée lors des 30emes journées de l’Anitea, les 11 et 12 juin au parc de la Villette.

Toutes les associations du collectif (Asud, Anitea, ActUp Paris, Sos Hépatites Paris, Safe, Gaïa, salledeconsommation.fr) étaient présentes pour débattre et montrer au public, composé principalement d’intervenants en toxicomanie et réduction des risques, ce que pourrait être une salle de consommation à moindre risque.

Nous avons récolté plus de 150 signatures de soutien au projet de salle de consommation à moindre risque à Paris, ce qui fait un total de près de 500 signatures en moins d’un mois.
Jean-Marie Le Guen, député et adjoint à la santé au Maire de Paris, a visité la salle de consommation, avant de faire un discours engagé et remarqué sur la réduction des risques en plénière.

D’autres VIP, comme Nicole Maestracci ou Didier Jayle, tous deux anciens présidents de la MILDT, nous ont fait également l’honneur de leur visite.

Cette action ayant été un succès, autant dans la participation que dans la qualité des débats, nous avons décidé de la poursuivre lors des prochains colloques de références sur l’usage de drogue. Nous pouvons ainsi vous annoncer qu’une salle de consommation à moindre risque sera à nouveau installé lors du colloque THS à Biarritz, du 13 au 16 octobre 2009.

D’autre part, nous avons noué des contacts avec des députés PS et UMP cette semaine, qui nous ont promis de relayer notre action au sein de leur parti respectif. Nous continuerons à vous tenir informer de notre action.

« Sortir de l’hypocrisie c’est ouvrir des salles de consommations »

Nous avons reçu une lettre d’un habitant de Marseille qui habite à deux pas d’un Caarud. Il nous fait part d’un problème auquel tous les Caarud situés dans un lieu de consommation sont confrontés : problèmes de voisinage, shoots dans les cages d’escaliers, matériel de consommation qui traine… Pour lui, sortir de l’hypocrisie, c’est ouvrir des salles de consommation… Pour ne pas stigmatiser le caarud en question, nous avons supprimé toute les références à cette structure. Et nous l’avons simplement appelé « Caarud »…

J’habite Marseille à deux pas de «Caarud». Nous sommes voisins. Un voisinage qui n’est pas toujours facile à vivre.
Les restes de Stéribox font partie du «décor» de notre rue et de nos halls d’immeubles. Je voudrais aussi vous parler des vols dans les cages d’escaliers ; et du «spectacle désolant» d’un homme assis sur le pas de ma porte et qui, une demi-heure durant, se pique un peu partout sur la main et le bras à la recherche d’une veine ou s’injecter le contenu de sa seringue. Du fils de mes voisins qui à 10 ans, reste subjugué devant l’aberration de cette scène.

Évidement on connait nos voisins et comme les stéribox sont distribués de temps à autre par les fenêtres on finit par être quelque peu agacé par eux. Donc ce matin je sonne chez eux… Trop de vols ces derniers jours trop de «restes» dans notre immeuble, la copropriété va porter plainte. Je viens en informer «Caarud» et chercher une solution pour que le voisinage retrouve un peu de paix.
On est plutôt mal reçu chez «Caarud» et comme ils m’ont claqué la porte au nez, je vous écris ma colère.

Que la soit disant mesure de santé publique derrière laquelle «Caarud» se réfugie à Marseille pour ne pas discuter du problème avec ses voisins est une superbe hypocrisie. Que donner un stéribox à quelqu’un qui va batailler une demie heures sur le trottoir pour se piquer n’a plus rien d’un shoot propre. Que cette façon de faire est irrespectueuse des usagers de drogue précarisés et des habitants du quartier.

Sortir de l’hypocrisie c’est ouvrir des salles de consommations. Et si «Caarud» ne défend pas cette position alors il participe et est complice de cette hypocrisie.

Une salle de consommation à moindre risque à Paris…

Communiqué de presse Asud, Anitea, Act Up – Paris, Gaïa, Safe, Sos Hépatites Paris, salledeconsommation.fr

L’opération « Une salle de consommation à moindre risque à Paris ? » a été un succès : elle a attiré l’attention de nombreux médias et interpellé les hommes et femmes politiques sur l’épidémie hépatites C. Plusieurs élus, municipaux, régionaux et nationaux ont manifesté leur intérêt pour de telles salles. Cette opération a également permis de discuter du projet avec de nombreux professionnels d’Ile de France de la prévention, du soin et de la réduction des risques liés à l’usage de drogues, qui nous ont témoigné leur enthousiasme sur l’ouverture de telles structures.

Les associations, qui continuent de rappeler les méfaits d’une criminalisation de l’usager, vont maintenant interpeller le Ministère de la Santé, afin de proposer l’expérimentation d’une salle de consommation à moindre risque. Elles continueront de se mobiliser pour développer le dépistage, renforcer l’accès au soin et lutter contre l’épidémie d’hépatites.

Revue de presse

Presses écrites

Radios / Audios

Télévisions

Blogosphère

Une salle de consommation à moindre risque à Paris ?

Communiqué de presse Asud, Anitea, Act Up – Paris, Gaïa, Safe, Sos Hépatites Paris, salledeconsommation.fr

À l’occasion de la journée mondiale des Hépatites du 19 mai 2009, les associations Asud, Act Up – Paris, Anitea, Gaïa, Safe, Sos Hépatites Paris, installent une salle de consommation à moindre risque dans les locaux de l’association Asud. Une présentation sera faite à la presse le lundi 18 mai à 14h 30 avec le Dr Anne François, médecin à la salle d’injection de Quai 9 à Genève, et sera suivie d’une conférence de presse à 15h. Le lendemain la salle sera ouverte aux professionnels d’Ile De France.

Les résultats de la réduction des risques liés à l’usage de drogues sont aujourd’hui incontestables. Elle a permis de faire baisser le nombre d’overdoses et le taux de prévalence VIH chez les usagers de drogues. Mais l’explosion des contaminations par l’hépatite C , avec des taux allant de 70% à 90% chez les injecteurs qui fréquentent les structures de soins, montrent qu’il est aujourd’hui nécessaire d’étendre cette politique. À elles seules, les hépatites B et C sont responsables de 8000 contaminations et 4000 morts par an, dont une majorité sont des usagers de drogues.

La Commission Nationale addiction, réunie en assemblée plénière le 12 mai 2009, a émis un avis défavorable sur le plan Hépatites qui lui a été présenté. Nos associations considèrent également que ce plan n’est pas à la hauteur de l’urgence de santé publique que présentent les hépatites, en particulier chez les usagers de drogues :
au niveau économique, son montant, 4 millions d’euros par an, ne correspond même pas au coût de la prise en charge de 200 personnes contaminées par le VHC (estimation),
au niveau opérationnel, il ne reprend aucune des propositions concrètes des associations que l’Etat avait pourtant consultées.

L’une de ces propositions est la mise en place de salles de consommation à moindre risques dans les grandes villes françaises, hauts lieux de consommation, notamment des usagers les plus précaires. De telles salles de consommation offrent plusieurs avantages :
la sécurité sanitaire pour les usagers de drogues : elles leur donnent accès à un espace calme, propre, encadré par une équipe de professionnels (médecins, infirmiers, travailleurs sociaux, etc.) qui permet de réduire les risques sanitaires liés à l’injection (VIH, hépatites, infections, septicémies, surdoses…).
la sécurité et la tranquillité pour les habitants des quartiers concernés : l’existence d’un tel lieu permet de réduire la consommation de drogues dans les espaces publics et les cages d’escaliers, et de diminuer la dispersion des déchets potentiellement contaminés (seringues).
un outil privilégié pour les professionnels : ces espaces permettent de rentrer en contact avec les personnes ayant le plus de difficultés à entamer un parcours vers les soins, d’être au plus proche des pratiques et des réalités des usagers, et d’y apporter des réponses adaptées.

Pour lutter contre l’épidémie d’Hépatites et arrêter l’hécatombe, il faut maintenant que les pouvoirs publics dépassent leurs réticences et leurs préjugés. Il faut qu’ils acceptent d’expérimenter des réponses pragmatiques telles que le programme d’Education aux Risques Liés à l’Injection développé par Médecin du Monde, et les Salles de Consommation à Moindre Risques qui ont fait leur preuve dans les grandes villes de Suisse, d’Espagne ou d’Allemagne.

Cette démonstration est un premier pas pour les convaincre.

Pour soutenir l’action et rejoindre les premiers signataires ci-dessous

– Pr lowenstein William – SOS Addictions (Président)
– Pr reynaud Michel – Département de Psychiatrie et d’Addictologie à l’hôpital universitaire Paul Brousse
– Bavay Francine – Conseil Régional d’Ile-de-France (Vice-Présidente)
– Dr morel Alain – Opélia (Psychiatre et Directeur Général)
– Dubarry Véronique – Les Verts (Adjointe au Maire de Paris)
– Elus Locaux Contre le Sida
– Les Verts
– AFR (Association Française de Réduction des risques)
– MJS – Mouvements des Jeunes Socialistes
– Emergences Caarud 77 Nord
– Caarud/CSST Nova Dona
– Coppel Anne
– Dr lebeau Bertrand
– Dr lhomme Jean-pierre – Gaïa (Président)
– Dr michel Laurent – Assistance Publique Hôpitaux de Paris (Psychiatre, Addictologue)
– Autrement RDR
– Asud Nimes
– CAARUD/ ACT YOZ : SOS hépatites Champagne Ardenne

Dossier de presse

Adresse de l’Association Asud :
206, rue de Belleville – 75020 Paris
Tel  :01 71 93 16 48 – 01 43 15 08 00
Mail : contact@asud.org
Métro  : Jourdain ou Place des fêtes (11)

Contacts Presse :
Pierre Chappard (Asud) : 06 63 55 65 54
Jean-Pierre Couteron (Anitea) : 06 03 44 60 38
Jean-Louis Bara (Safe) : 06 73 73 41 65
Emmanuel château (Act Up – Paris) : 06 76 22 51 17
Michèle Sizorn (Sos Hépatites Paris) : 06 60 27 11 29
Elisabeth Avril (Gaïa) : 06 69 47 60 28

Pour plus d’informations : www.salledeconsommation.fr

Une nouvelle équipe pour ASUD 72 !

L’association a été reprise en novembre 2007 et inscrite au journal officiel en avril 2008. Tout d’abord constituée de deux membres, elle s’est enrichie d’une bénévole depuis décembre.

Notre volonté était dès le départ de conserver cette philosophie très progressiste de réduction des risques (Programme d’Echange de Seringue, substitution, militantisme pour une reconsidération juridique de certains produits et usages), de réfléchir à une meilleure appréhension des consommations et pratiques, aussi bien à destination des pouvoirs publics que des usagers eux-mêmes, et de faire prévaloir, avant toutes choses, la parole et les intérêts de ces derniers. Cela nous a amené à travailler sur 3 axes assez différents les uns des autres.

La réduction des risques en milieu festif

Il nous semble toujours indispensable d’aller sur le terrain à la rencontre des premiers concernés, de se tenir au courant de l’évolution des usages comme des produits, et de pouvoir communiquer sur les pratiques « responsables » d’un point de vue sanitaire et social.

C’est pour cette raison que Anne, notre bénévole, s’est investit dans une structure regroupant la majorité des acteurs de prévention en Sarthe. Cela nous permet d’intervenir dans des évènements majeurs auxquels notre petite structure ne pourrait faire face seule. Mais cela nous laisse suffisamment de liberté de mouvement pour intervenir indépendamment sur d’autres évènements de moindre importance, où à la population beaucoup plus ciblée, comme les fêtes techno.

Aide et un accompagnement aux usagers qui en expriment le besoin

Que ce soit pour une mise en soin (substitution, dépistage Hiv, Vhc), un conseil pratique, un accompagnement pour une quelconque démarche administrative, Delphine, est toujours prête à se mobiliser. Nous cherchons également à développer un programme d’échange de seringues à destination des usagers ruraux qui se trouvent géographiquement et socialement isolés, en mettant en place des permanences dans les différentes petites villes du département.

Les ateliers

L’idée de départ était de proposer aux usagers différents ateliers artistiques afin de leur mettre a disposition des moyens d’expression aussi divers que variés (« création site web », graphisme, théatre, bande dessinée, peinture). Ce derniers axe devait se faire en partenariat avec le CARRUD local, mais n’a pas pu être encore finalisé, faute de temps de part et d’autre.

A l’heure actuelle, nous nous sommes surtout efforcés de restructurer l’association en redéfinissant les objectifs et les meilleures façons d’y arriver. C’est dans cette optique, mais à un niveau différent, qu’Asud72 a décidé d’intégrer un réseau sarthois des addictions, le « RESAAD72 », afin de pouvoir y défendre les intérêts des usagers notamment dans l’élaboration des nouvelles politiques territoriales de « luttes contre les toxicomanies », et de mise en soin. Delphine, toujours elle, siège même au bureau du RESAAD72, et je participe à une commission transversale du même réseau. Nous comptons les interpeller notamment sur l’idée de substitutions alternatives.
Nous sommes encore, et surtout, à la recherche de bénévoles pour développer nos différentes activités et les étendre à tout le département. Les domaines étant particulièrement hétéroclites, il y en a pour toutes les sensibilités et tous les intérêts. Alors, si les addictions vous interpellent, si vous souhaitez donner un peu de votre temps pour une lutte aux multiples facettes, contactez nous.

Conférence de presse Asud/Circ/Act Up Paris – Contre « la guerre à la drogue »

En 1998, réuni en session extraordinaire à New York, l’ONU s’était donné dix ans pour éradiquer la production de plantes à drogues et réduire significativement l’offre et la demande des drogues illicites.
À l’heure du bilan, en 2008, une évidence s’impose : « la guerre à la drogue » est un échec cuisant.

Le 11 et 12 mars 2009 à Vienne, en présence de l’ensemble des autorités concernées sur le plan international, l’ONU tiendra une assemblée dont l’objectif est de définir une nouvelle politique pour les dix années à venir.

Une coordination d’associations européennes (cf. pièce jointe), dont ASUD et le CIRC, ont décidé de participer le 11 mars à un rassemblement pacifique devant le bâtiment de l’ONU. Nous demandons que cesse cette politique répressive et stigmatisante pour les usagers. Nous souhaitons pour les drogues une politique plus pragmatique qui privilégie la réduction des risques plutôt qu’une répression aveugle et contre productive.

Pour que cette assemblée qui doit se prononcer sur la future politique des drogues ne soit pas occultée.
Pour que soient relayées les actions des militants européens se battant pour une réforme des traités internationaux,
ASUD, le CIRC,et Act Up Paris vous convient à une conférence de presse, le lundi 9 mars à 17 heures dans les locaux de l’association ASUD.

Toutes informations complémentaires au numéro suivant : 01 71 93 16 48 ( Fabrice Olivet ou Pierre Chappard)

Liens :

Le Plan Hépatites 2009-2012 ne répond pas à l’urgence de l’épidémie d’hépatite C

Communiqué de presse ASUD/AFR/AIDES

Hier sortait le «plan hépatites 2009-2012 » attendu depuis trois ans. Et force est de constater que ce plan ne répond pas à l’urgence à laquelle sont confrontés les usagers de drogues : 8000 contaminations et 4000 morts par an pour l’hépatite B et C, dont une majorité sont des usagers de drogues.

Si le plan prend acte du fait «que l’efficacité des méthodes de réduction des risques utilisées jusqu’ici s’avèrent insuffisantes» pour lutter contre le virus de l’hépatite (VHC), il ne propose qu’études et évaluations là où il faudrait pousser plus loin la logique de la réduction des risques. Pour élaborer ce plan, l’État a pourtant consulté les représentants des intervenants de terrain, des usagers de drogues et des malades. Mais leurs propositions face à l’urgence n’ont pas été retenues. Il s’agissait d’expérimenter ou d’ouvrir de nouveaux programmes comme l’accompagnement des personnes dans leurs pratiques d’injection (ERLI – Éducation aux Risques Liés à l’Injection), l’instauration d’échange de seringues dans les prisons, l’extension à tout le territoire des programmes de réduction des risques, la mise en place de structures d’hébergement et de soins adaptées aux usagers de drogues actifs…

Même au niveau économique, le plan est dérisoire et est un non sens. A titre de comparaison, son montant, 4 millions d’euros par an, ne correspond même pas au prix de 700 traitements VHC (sur six mois). Or développer ces nouveaux programmes de réduction des risques permettrait non seulement d’éviter des milliers de morts, mais aussi d’économiser des millions d’euros en traitement VHC, en incapacité de travail….

Nous nous retrouvons 20 ans en arrière, confrontés aux mêmes défis qu’avec l’épidémie de SIDA : un État qui fait la sourde oreille et qui refuse d’expérimenter des réponses pragmatiques, une épidémie qui se répand, des usagers de drogues qui se contaminent et meurent dans l’indifférence générale.

Réponse aux descentes de police dans les collèges

Communiqué de presse ASUD / ANITeA

Encore une descente de police dans un collège sous couvert de « prévention anti-drogue ». Ceci va pourtant à l’encontre de ce qu’a affirmé Michèle Alliot-Marie dans une circulaire aux préfets du 2 décembre 2008 qui a reconnu que de telles interventions « sont de nature à nuire à la compréhension et à la clarté de l’action » des services de police.

Les usagers et les professionnels du champs de la toxicomanie ajoutent que la politique de la peur, qui ne pense que loi, interdit et danger, ne peut faire office de prévention. Au contraire, elle favorise le repli sur soi, enferme les usagers dans leur consommation, empêche les professionnels de travailler et aggrave la situation.

Elle ne laisse aucune place à des actions d’Intervention Précoce sur les circonstances et les facteurs qui aggravent les risques de ces conduites (déscolarisation, dislocations des liens familiaux, traumatismes et troubles psychiques…). Aujourd’hui, l’État sous-finance ce type d’actions au profit d’actions répressives, inefficaces et coûteuses, comme les descentes dans les collèges.

Dans notre société de plus en plus addictogène, une politique de « rupture » pour employer un mot à la mode, devrait privilégier la santé au moralisme, l’éducation à la peur et la responsabilisation à l’autoritarisme.

Des députés stupéfiants

Communiqué de Presse ASUD / AFR / ANITeA / Aides / Médecins du Monde

Des députés UMP ont présenté ce jour à l’Assemblée Nationale un rapport sur la question des drogues. Leur mesure phare est le classement du Subutex® au tableau des stupéfiants, proposition qui avait déjà couru en 2006, contre laquelle s’étaient élevées très unitairement de nombreuses associations et que le ministre d’alors Xavier Bertrand avait finalement écartée.

Depuis nous avons fait du chemin. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie renforce son contrôle, la Commission Nationale Addiction a évalué le problème et proposé des réponses tournées vers le soin, les centres de soins, les centres d’accompagnement et les médecins libéraux qui accueillent et aident ceux qui ont besoin de ce médicament pour vivre mieux (ils sont 100.000 en France) ont affiné leur prise en charge.
A l’évidence, ces députés arqueboutés sur une position répressive (envoyer « un signal fort aux usagers et aux trafiquants ») ne sont pas intéressés par le travail des professionnels et ne s’informent pas de l’avancée des idées et de la science. Dans le cadre de la Commission Addiction, mise en place par la Direction Générale de la Santé, existe un groupe d’experts sur les traitements de substitution aux opiacés (TSO), dont les avis peuvent faire autorité.
La politique du bâton, démagogiquement toujours attractive est totalement contreproductive en matière de santé publique et fait de nos bénéficiaires d’éternels boucs émissaires.
Nous réclamons au contraire un élargissement des dispositifs, un meilleurs accès aux traitements de substitution (autres molécules, autres galéniques), nous nous organisons face à cette urgence sanitaire qu’est l’épidémie d’hépatite C et qui exige que nos patients accèdent sans menace aux structures de soins. Les traitements de substitution coûtent cher à la sécurité sociale, lit-on dans ce rapport !
Sûrement moins que le traitement des maladies qui sont liées à des consommations clandestines et moins que la prison où on incarcère de plus en plus (cf la Conférence de Consensus sur les traitements de substitution en 2004.
Quand nos législateurs s’informeront ils sur ces politiques de Réduction des Risques que nous développons en France, qui existent partout dans le monde et ont fait leurs preuves tant en termes d’amélioration de la santé des usagers, qu’en termes d’ordre social ? Combien de temps encore, des positions idéologiques, moralisantes et irrationnelles persisteront et feront obstacle à une politique pragmatique, humaine, opérante, peu coûteuse et qui a fait ses preuves ?

L’Académie de Pharmacie envisage l’héroïne médicalisée

Communiqué de presse ASUD / SAFE / AFR

L’académie de pharmacie vient de rendre son rapport sur le bilan des politiques en matière de traitement de substitution aux opiacés. Surprise ! La plupart de leurs recommandations viennent rejoindre les revendications de nos associations.

Tout d’abord, l’académie prend acte du succès de la politique de substitution en France, en particulier sur la réduction par dix du nombre d’overdose et la baisse du nombre de contamination par le virus de VIH. Elle recommande ainsi le maintien du statut actuel de la buprénorphine (substances vénéneuse) alors qu’elle avait jusqu’a présent toujours été favorable à la classification de la buprénorphine (Subutex) comme stupéfiant. Mais elle a aussi conscience que ces deux produits ne suffisent pas et qu’il est nécessaire de diversifier la palette thérapeutique. Elle recommande ainsi « de ne fermer aucune porte » et que la morphine puisse être utilisée « quand les malades ne répondent pas bien aux deux médicaments disposant d’AMM ». C’est un rappel indispensable, à l’heure ou les patients sous morphine sont inquiétés et menacés d’arrêt de traitement par la sécurité sociale, avec pour conséquence de les renvoyer au marché noir. Elle se dit également « attentive » à d’autres options thérapeutiques, en particulier à « l’héroïne comme traitement de substitution en milieu médicalisée, qui fait l’objet d’expérimentation chez nos voisins européens ». C’est une raison de plus pour que de tels programmes, qui ont montré leur efficacité sur la santé des patients, se mettent en place dans les plus brefs délais..

Concernant les modalités de prescription, elle souhaite une « Extension de la durée de prescription à 28 jours pour tous les médicaments y compris la méthadone », en notant que « l’obligation d’aller en consultation tous les 15 jours pour obtenir son traitement de substitution paraît inutile, coûteuse et décourageante à l’égard du maintien dans le circuit sanitaire. ». Elle souhaite aussi que la BHD puisse être prescrite aux urgences, parce qu’elle « peut être considérée comme un traitement d’urgence du manque ». C’est une mesure de bon sens quand on sait combien d’usagers de drogues se sont fait refouler en manque des urgences, augmentant grandement les risques encourus.

Au niveau du parcours de soin, elle recommande que « Le pharmacien dispensateur doit être choisi par le patient », ce qui nous paraît raisonnable vu le mauvaise accueil dans une grand nombre de pharmacies. Elle ajoute que le refus de dispensation par le pharmacien « pourrait être assimilé à une faute professionnelle. », ce que nous appelons de nos voeux depuis plusieurs années, tellement il est dur pour un patient de trouver une pharmacie qui veuillent lui délivrer son traitement. Elle recommande enfin de limiter le nombre de patients par prescripteur et par pharmacien. Si cette dernière recommandation par d’un bon sentiment, « deghétoïser » le peu de pharmaciens et prescripteurs qui acceptent des patients sous substitution, cela nous paraît à l’heure actuelle inimaginable. Où iraient les 50 patients d’un prescripteur qui devrait d’un coup se limiter à 10, vu que personne d’autre n’en veut ?
Ce retournement de position radicale est le produit de longues consultations de tout les acteurs du champs de la toxicomanie, en particulier des usagers. C’est une bonne nouvelle pour la réduction des risques et pour les usagers, et une marche à suivre pour l’État !

Heroïne, ces overdoses peuvent être évitées !

Communiqué de presse Asud / Safe

26 overdoses en Ile de France depuis hier. L’héroïne revient-elle rôder dans les banlieues ? Il y à peine deux ans, les spécialistes ne parlaient plus que des « vieux héroïnomanes ». Les opiacés sont consommés depuis 2000 ans, il n’est pas surprenant qu’une nouvelle génération subisse le choc de l’addiction à l’héroïne accompagnée de plusieurs facteurs aggravants :

1° la répression n’a jamais été aussi intensive : 120 000 arrestations en 2008.

2° Les conséquences de cette répression sur les usagers d’héroïne sont connues : on shoote vite dans un endroit peu adapté et souvent seul. On apprécie mal les quantités ; en cas d’overdose, on est vulnérable à l’extrême, si quelqu’un vous accompagne, la peur de la prison le pousse à vous abandonner à votre sort.

3° Depuis 15 ans ASUD et les associations de réduction des risques demandent que des campagnes de prévention des overdoses soient organisées par l’État : cela suppose d’informer sur les techniques de consommation, le degré de pureté et les quantités injectées ou sniffées. Au lieu de cela, la stigmatisation accrue des toxicos encourage les plus jeunes à s’initier tout seul, enfermés dans le déni et sans avoir pu profiter de l’expérience des « anciens » , victimes de la grande vague d’héroïne des années 80/90. Il existe par exemple, à l’étranger des programmes d’?éducation à l’utilisation du Narcan, un antagoniste des opiacés, qui ont fait leur preuves en matière de réduction des morts par overdose ; ou encore des programmes d’héroïne médicalisée et des salles de consommation sécurisée pour les usagers où l’on est pas obligé de se cacher au coin d’une rue ou au fond d’une voiture. Cela suppose de cesser de traquer les usagers de drogues comme des gibiers, particulièrement dans les cités de banlieue où la répression des années sida a laissé son sillage de morts.

L'équipe d'Asud en 2009

Asud vous souhaite une bonne année 2009 !

Tout semble baigner pour la réduction des risques liés à l’usage de drogues ! Plus personne ne se contamine avec l’hépatite C, l’héroïne est médicalisée, les salles de consommation se fondent dans le paysage, l’usage de drogue est dépénalisé, et les usagers de drogues ne sont plus stigmatisés !
Quels progrès depuis 15 ans !

Vive 2009 !

*L’équipe d’Asud en 2009 (de gauche à droite sur la photo, Pierre, Anna, Greg, Fabienne, Helene, Fabrice)

EGUS IV : Programme

L’éducation à la santé en matière de drogues a-t-elle un sens ?
S’agit-il de prévenir l’usage, de réduire les risques ou d’apprendre à se droguer ?

15 OCTOBRE 2008- Bourse du Travail de Bobigny

9h30/10h00 : Accueil des participants

10h00 : Introduction
Pascal Melhian-Chenin, chef du bureau pratiques addictives à la Direction Générale de la Santé
A. Lalande, anthropologue, Act-Up : Savoir des usagers, de quoi parle-t’on ?

10h30 : Opiacés et traitements, de l’auto-médication à la substitution
Comment établir un outil scientifique valide d’évaluation du ressenti opiacé ?
Compliance, confort, défonce : définition des termes du sujet.

Modératrice : Aude Lalande, anthropologue, Act-Up Paris
Intervenants :
William Lowenstein, addictologue, Clinique Montevideo
Serge Escots, anthropologue
Fabrice Olivet, ASUD

11h10 : Débat participatif

11h30 : Pause

11h45 : Cannabis, réduire les risques ou dissuader l’usage ?

Modérateur : Fabrice Olivet, ASUD
Intervenants :
Jean-Pierre Couteron, psychologue, ANITeA
C. Mercier-Guyon, médecin légiste, secrétaire du conseil médical de la Prévention Routière
Jean-Pierre Galand, CIRC

12h30 : Débat participatif

13h00 : Pause déjeuner (un repas est compris dans la participation)

14h30 : Descente , bad-trips, flash-backs et rester perché
Réaction psychosomatique ou manifestation physiologique ? Comment lutter contre ? Quels sont les risques ? Peut-on utiliser d’autres drogues ou des médicaments, lesquels ?

Modérateur : W. Lowenstein, addictologue, Clinique Montevideo
Intervenants :
Florence Noble , Neurobiologiste, CNRS-INSERM
Vincent Benso, étudiant en sociologie, Techno+
H. Gadelius, urgentiste, mission rave de Médecins du Monde
S. Soltani, infirmière, GAÏA
E. Schneider, councellor, ACCES, ASUD

15h40 : Débat participatif

16h00 : Pause

16h15 : Clôture : patients plûtot que délinquants, un progrès ?
Quelle citoyenneté pour les malades chroniques ? Cette nouvelle identité est-elle une avancée pour les usagers de drogues

Modérateur : Jean-Pierre Couteron, psychologue, ANITeA
Intervenants :
Bruno Spire, président de Aides
Pierre Chappard, ASUD

17h00 : Débat participatif

La méthadone gélule

substitutionPour tout savoir et échanger sur les traitements de substitution opiacés rendez vous sur la Plateforme Substitution d’ASUD.

Bientôt les petites gélules ! Fini ces horribles flacons disgracieux, impossibles à dissimuler, et remplis d’un liquide au goût disons… inqualifiable.

Une bonne nouvelle qui pourrait ne plus en être une si ce changement devait préfigurer la seconde vague de détournement à grande échelle d’un médicament de substitution vers le marché noir. La méthadone n’ayant pas les mêmes propriétés chimiques que la buprénorphine – le principe actif du Subutex® –, une invasion de gélules sur le marché parallèle aura inéluctablement comme conséquence la montée en flèche des overdoses. Et de là à voir l’ensemble du dispositif vaciller sous les coups d’une campagne de presse adroitement pilotée par les adversaires de la substitution, il n’y a qu’un pas que nous n’avons pas intérêt à franchir. Car si trop de dérives sont constatées, ce sont les usagers eux-mêmes qui en pâtiront en premier et seront renvoyés dare-dare dans les centres en attendant la prochaine éclaircie. Loin de nous l’idée de promouvoir une morale gnangnan destinée à rassurer les autorités, car si nous déconseillons de faire du biz avec ce nouveau cachet, ce n’est pas parce que dealer c’est mal mais parce que, dans le cas présent, ça tue. Et contrairement au Sub, ça tue presque à tous les coups.

Un traitement sûr et efficace

Globalement, la méthadone est un traitement sûr et efficace. Et comme le rappelle Le Flyer, l’excellente publication des laboratoires Bouchara-Recordati (propriétaires du brevet de la méthadone) dans sa livraison de janvier 2008, « … l’accroissement très sensible du nombre de patients traités par la méthadone, qui a presque triplé en 8 ans… ne s’est pas accompagné d’une augmentation du nombre de décès recensés dans le dispositif Drames… »

Si le nombre d’usagers en traitement méthadone a progressé, c’est principalement grâce à la possibilité de quitter les contraintes d’un centre, ses contrôles, ses heures d’attente et, disons-le, son dispositif parfois infantilisant. 26 000 patients sont désormais en traitement (ils étaient 4 000 il y a moins de 10 ans), dont une large majorité bénéficient d’une prescription « de ville », avec des avantages évidents : discrétion, responsabilisation, anonymat, et accueil comme n’importe quel autre patient.

Selon Le Flyer, certaines sources policières s’inquiéteraient cependant de l’augmentation du marché noir de méthadone. Sans être inexistant, ce phénomène est loin d’atteindre l’ampleur du trafic de Sub, les informations dont nous disposons à l’association indiquant plutôt un trafic de « connaisseurs » : des usagers ayant besoin de compléter une prescription trop faiblement dosée (ça arrive), ou des usagers amateurs de longue date des propriétés « stupéfiantes » de la métha, qui l’utilisent en connaissance de cause. La métha est de plus en plus consommée pour « descendre » après un épisode de speed ou de coke « basée », ou tout simplement pour faire une « teuf ». Il s’agit donc essentiellement d’usagers qui connaissent les effets du produit et surtout, la manière dont leur organisme y réagit.

A.M.M. limitée

Le 18 septembre 2007, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a accordé une autorisation de mise sur le marché (AMM) à la méthadone sous forme de gélule. Le débat, déja ancien autour de cette question sensible, a maintenu les autorités sanitaires dans les limites de la prudence la plus extrême. Comme dit de
manière pudique dans le cadre de prescription et de délivrance : « La formule gélule n’est pas destinée à la mise en place d’un traitement… » Seuls sont donc concernés les patients sous métha depuis au moins un an. Selon les termes du décret, les patients pris en charge par un médecin généraliste de ville devront, en outre, obligatoirement repasser tous les six mois dans un centre ou un service hospitalier spécialisé dans l’accueil des usagers de drogues. «Volontaires» et devant « accepter les contraintes du traitement », ils devront également « se soumettre à une analyse urinaire à l’instauration du traitement et à l’occasion de chaque renouvellement semestriel de la prescription. » Enfin, les dosages restent faibles à modérés : 40 mg pour le dosage maximal, puis 20, 10, 5, et 1 mg. La bonne nouvelle, c’est l’arrivée de ce dosage à 1 mg, réclamé depuis des années pour faciliter les diminutions progressives sur le long ou le très long terme. Promise à la vente pour 2007, la méthadone gélules devrait apparaître sur le marché du médicament à partir du 15 avril 2008 (dans le meilleur des
cas). Pour tous renseignements complémentaires, n’hésitez pas à contacter directement les laboratoires Bouchara-Recordati, promoteurs industriels du traitement.

Premier danger : l’overdose

Reste que comme le souligne encore Le Flyer, « ces bénéfices ne doivent pas faire oublier le risque que courent certains usagers, voire non usagers de drogues, de décès par overdose…». La première chose à savoir est que la méthadone est mortelle pour les organismes naïfs d’opiacés. Comme l’héroïne, me direz-vous ? Et bien non ! Beaucoup plus. La longue durée d’action de la méthadone dans le corps prolonge, en effet, ce risque de mort tandis qu’une consommation d’alcool, de benzodiazépines ou même la simple fatigue peuvent entraîner une dépression respiratoire longtemps après l’absorption du cachet.

Le constat est donc, hélas, sans ambiguïté : seuls les patients déjà sous traitement sont peu ou pas vulnérables à la surdose, dans la mesure où leur accoutumance les préserve. Tous les autres, y compris les héroïno-dépendants, courent, par contre, des risques jusque-là inconnus des usagers de drogues. Le Fyer identifie ainsi plusieurs situations où les risques d’overdose sont majeurs :

  • Les usagers naïfs ou peu dépendants aux opiacés. La dose létale (c’est-à-dire mortelle) étant de 1mg par kilo, une jeune femme de 55 kg qui vous demande de la dépanner en vous assurant être accro aux opiacés pourra très facilement faire une OD avec seulement 2 gélules de 30 mg que vous lui aurez cédées. Des risques d’autant plus grands que les usagers ignorent la sévérité et le caractère soudain de la surdose de méthadone. D’où l’importance de mettre en garde les victimes potentielles, par exemple, en sortant de cure ou de postcure, après avoir décroché aux sports d’hiver ou, moins rigolo, après avoir été incarcéré. Dans tous les cas, on est sevré des opiacés. C’est en général dans ces moments-là que l’on se dit qu’une petite entorse à la règle ne tire pas à conséquence, a fortiori si l’on se contente d’une gélule de méthadone, une rupture de jeûne considérée comme moins grave que l’héro. Mais attention, vous êtes en danger ! Divisez par deux la dose que vous aviez l’intention de prendre, et n’oubliez pas le seuil du 1 mg par kg de poids.
  • Les overdoses délibérées chez des consommateurs habituels. Autre exemple cité par Le Flyer, les suicides déguisés en overdoses, autrement dit des « overdoses délibérées » de méthadone surreprésentées dans une étude américaine réalisée à l’hôpital parmi les rescapés d’OD. Selon les auteurs, de nombreux patients des programmes de substitution seraient ainsi de « faux suicidés », ce qui laisse supposer la détresse psychologique dont ils souffrent fréquemment. Encore un facteur de risque qui dépend, pour partie, de la qualité de la prise en charge et de la plus ou moins grande proximité entre patients et prescripteurs.
  • Les accidents domestiques. En l’occurrence, toute prise de toxique par un consommateur qui ignore ou se méprend sur la nature de ce qu’il ingère. Pour la méthadone, cela concerne surtout les enfants (voir Asud-Journal n° 25). Le conditionnement en gélule est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant, car l’apparence sirupeuse et le goût sucré du sirop en flacon pouvaient être un facteur d’attractivité, surtout pour les gosses. Inquiétant, car une gélule peut contenir beaucoup plus de produit actif qu’une gorgée de sirop. Encore une fois, nous ne saurions trop conseiller aux utilisateurs de ne pas consommer leur substitution devant des jeunes enfants susceptibles de vouloir imiter les gestes des grands et surtout, de bien reboucher les flacons hermétiques avant de les ranger hors de portée des enfants, même grands. Grâce au nouveau système d’ouverture des flacons – « child proof » – et à la prise de conscience des usagers (mieux informés par les professionnels du soin), le nombre d’accidents domestiques dont sont victimes des jeunes enfants a considérablement diminué. D’où l’importance de rester vigilant.

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Quelles solutions ?

Pour Le Flyer, seule la délivrance fractionnée lors de la période probatoire de mise à disposition des gélules de méthadone permettra de prévenir le risque d’inflation des OD : « La délivrance de 14 jours de traitement ne peut être une règle pour tous, sauf à considérer que tous les usagers de drogues pharmacodépendants aux opiacés sont systématiquement aptes à l’autogestion de substances opiacées. »

Journal d’autosupport, Asud ne peut contester une part de justesse à cette remarque, même si elle réduit l’ensemble du problème à ce qui est le moins susceptible d’évoluer. Car il existera toujours des usagers tricheurs, fragiles financièrement et psychologiquement, et donc tentés de revendre ou de céder tout ou partie de leur traitement. Mais tout ce qui relève du contrôle et de la coercition ne sera toujours qu’un pis-aller. Tout système bâti sur la contrainte, les contrôles urinaires, le ramassage de flacons vides, la délivrance journalière, court, en effet, le risque d’être détourné, truandé, vidé de sons sens. La meilleure garantie de voir une règle respectée, c’est de la voir réinterprétée par les patients eux-mêmes, dès lors qu’ils la comprennent comme une composante du succès de leur propre traitement. De nombreux usagers de buprénorphine se battent, par exemple, contre eux-mêmes durant de longues années, multipliant les dispositifs draconiens pour abandonner l’injection, jusqu’au jour où, utilisant une autre molécule comme la méthadone, ils ressentent un bien-être intérieur supérieur à celui procuré par un shoot de Sub. D’autres, salariés, craignant à la fois la perte de temps et d’anonymat, continuent à se fournir au marché noir jusqu’au jour où, grâce à un centre compréhensif, ils réalisent que la prescription par un médecin relais peut être rapide, discrète et surtout, beaucoup moins onéreuse.

Satisfaire la demande

Évidemment, la méthadone en gélule ne sera jamais un remède contre la pauvreté, la folie, ou la violence des rues, autant de facteurs qui poussent une partie des plus vulnérables vers le trafic. Mais le marché noir est aussi une soupape de sécurité face aux ratés du système. S’il existe, c’est bien parce que l’offre réglementaire ne couvre pas l’ensemble de la demande des usagers. Afin de permettre à cette règle d’être respectée par le plus grand nombre, il conviendrait donc parfois de faire preuve de psychologie en étant moins répressifs, moins tatillons sur les règlements. Entre la prudence nécessaire pour protéger d’eux-mêmes les usagers vulnérables et la tolérance indispensable pour ne pas rebuter certains besoins légitimes, la marge de manoeuvre est ténue. Ouverts à toute heure et peu regardants sur les dépassements de la dose prescrite, ce sont pourtant les dealers qui gagneront dans le cas contraire. C’est d’ailleurs tout l’enjeu d’une véritable collaboration entre répression des trafics et réduction des risques liés à l’usage, deux politiques non pas alternatives mais au contraire, complémentaires.

15 ans en arrière ?

Lettre ouverte à Etienne Apaire, président de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT)

Paris, le 29 octobre 2007.

Monsieur,

Un mois et demi à peine après votre nomination à la tête de la MILDT, vos premiers gestes et déclarations suscitent chez nous la plus vive inquiétude.

La MILDT vient de refuser à l’association d’auto-support d’usagers de drogues ASUD une subvention qu’elle lui accordait chaque année avant votre nomination, pour l’organisation des quatrièmes Etats Généraux des Usagers de drogues et de la Substitution (EGUS) prévus en décembre prochain. Vous ne pouvez ignorer cependant ni le rôle central des associations d’auto-support dans le champ de la réduction des risques, ni la qualité des débats, soulignée par tous, qui avait caractérisé les précédentes éditions des EGUS – puisque votre prédécesseur en avait inauguré la tenue il y a tout juste un an -, ni le caractère paradoxal d’une telle mesure, quelques années à peine après le vote de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.

L’ensemble du secteur des intervenants en toxicomanie s’est toujours accordé en effet sur l’importance d’une collaboration avec les associations d’auto-support, tant comme vecteurs d’information que pour leur rôle d’éducation auprès des usagers, leur parler vrai sur les questions de dépendance ou de plaisir, ou comme regard critique sur l’élaboration des programmes. Loin d’« encourager des usages illégaux », comme vous le suggériez à l’AFP le 21 septembre dernier, les associations d’usagers sont des partenaires indispensables de la lutte contre les maladies infectieuses ou de la réduction des risques en général. Nous ne pouvons comprendre cette décision.

Selon Valeurs actuelles du 19 octobre 2007, vous vous seriez par ailleurs fixé comme objectif de « renforcer l’idée selon laquelle la substitution n’est pas une fin en soi et qu’il faut en sortir », ambition à nos yeux lourde de sous-entendus, que nous ne pouvons que rapporter aux débats souvent violents qu’avait suscités la mise en place des traitements de substitution il y a quinze ans.

Faut-il vous rappeler les succès imputables à ces traitements : chute spectaculaire du nombre d’overdoses, réduction du taux de nouvelles contaminations VIH chez les usagers de drogues à 3% des cas diagnostiqués en 2004, contre 40 % en 1993 avant l’arrivée du Subutex ? Faut – il aussi vous rappeler la fragilité de ces acquis, la difficulté de suivre des traitements aussi lourds que ceux du sida ou de l’hépatite C, qui sans la délivrance d’opiacés de synthèse se seraient souvent avérés impossibles, la menace que fait peser aujourd’hui sur les usagers de drogues l’hépatite C, la stigmatisation continuelle dont ils font l’objet ?

De l’avis unanime de nos structures, seul l’abandon de l’abstinence comme norme unique et préalable a permis de sauver des vies et continue de permettre aujourd’hui, dans bien des cas, de convaincre de se soigner, de rentrer en contact avec un établissement, d’entreprendre des démarches administratives ou juridiques. Le désaveu de ce parti-pris de pragmatisme ne peut que nous alarmer dans la bouche d’un président de la MILDT, dont la fonction devrait être de garantir une pluralité d’approches de la question des drogues.

Il nous laisse par ailleurs incrédules, tant les succès de la réduction des risques invalident vos positions. La stratégie de réduction des risques liés à l’usage de drogues adoptée depuis bientôt quinze ans en France a si bien fait ses preuves que le principe en a été inscrit dans la loi en 2004, avec l’adjonction de trois articles au Code de Santé Publique qui lui fixent notamment comme objectifs de prévenir la transmission des infections, la mortalité par surdose, et les dommages sociaux liés à la toxicomanie. Aujourd’hui ces objectifs nous paraissent plus d’actualité que jamais. Rien ne nous permet de penser en effet, dans le contexte actuel de progression de l’hépatite C, de diversification des produits, de progression des pratiques de polyconsommations, que nous puissions nous passer de programmes innovants, éclairés par l’expertise critique des usagers de drogues, et acceptant de suspendre tout jugement pour répondre concrètement aux problèmes sanitaires ou sociaux.

Rien ne nous permet non plus de penser que les députés qui ont voté cette loi, ni le secteur devenu désormais essentiel de la réduction des risques, puissent comprendre ce qui apparaît aujourd’hui comme un revirement de fond.

C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Président, de bien vouloir :

  • Revenir sur votre décision concernant Asud, et lui confirmer le soutien que la MILDT lui a apporté depuis huit ans ;
  • Nous donner des garanties sur le respect du Code de la Santé Publique, en ses articles L. 3411-6, L. 3411-7 et L. 3411-8 notamment, qui concernent la réduction des risques ;
  • Affirmer votre engagement dans la poursuite de la politique de réduction des risques initiée par vos prédécesseurs, et de ses extensions nécessaires pour faire face à l’évolution des pratiques de consommation et des risques sanitaires qui y sont liés.

Merci de vos soutiens !

Vraiment, ça fait chaud au cœur ! Suite à l’annonce de la fin de la collaboration de la MILDT avec Asud, nous avons reçu beaucoup de messages de soutiens !

Que ce soit de particuliers, de travailleurs médico-sociaux, de médecins, ou d’associations ! Certaines associations, et non des moindres, comme l’ANIT et l’AFR, se sont même fendues d’un communiqué de presse !
Alors encore merci de vos soutiens, qui nous encourage à continuer de défendre les droits des usagers de drogues et à tout faire pour que les EGUS 4 aient lieu.

Nous avons un entretien avec le Président de la MILDT ce vendredi et nous vous tiendrons au courant de la suite des évènements.

L’AFR et l’ANIT soutiennent ASUD

Communiqué de presse de l’AFR

C’est avec surprise et préoccupation que l’Association Française pour la Réduction des Risques (AFR) a pris connaissance du courrier de Monsieur Étienne Apaire, Président de la MILDT à l’association ASUD, refusant le financement de deux actions : la tenue des 4èmes EGUS (États Généraux des Usagers de drogues et de Substitution) ainsi qu’une recherche sur les traitements de substitution.

L’AFR rappelle que la Réduction des Risques est une approche pragmatique et humaniste de la problématique de l’usage des drogues. Elle a largement fait ses preuves et elle ne saurait se concevoir sans l’engagement et la participation des usagers eux-mêmes. L’AFR se déclare très préoccupée par ce rejet qui remet en cause la politique gouvernementale de ces dix dernières années. Est-ce pour nos adhérents une menace sur leurs actions à venir ?

La Réduction des Risques est une politique globale dont l’Auto-support est un pilier incontournable, d’autant plus lorsque la loi consacre le droit des usagers et le droits des malades comme pivot des politiques en matière sanitaire et sociale. La décision est alors d’autant plus incompréhensible à l’ensemble du mouvement, que ces EGUS permettent une expression des besoins des usagers et une plate-forme de débats avec les professionnels du soin et de la RdR indispensable à l’amélioration de la qualité des soins, de tous les soins.

La politique de Réduction des Risques et l’association ASUD sont nées dans les années noires de l’épidémie de SIDA et c’est l’alliance des usagers, des acteurs de la réduction des risques et des professionnels du soin qui a enrayée cette épidémie chez les usagers de drogues.

Aujourd’hui, alors que le SIDA n’est pas encore sous contrôle, une autre épidémie : l’hépatite C, est devant nous avec toutes ses conséquences, notamment chez les usagers de drogues. Pour se soigner du SIDA et maintenant du VHC, les usagers ont largement recours aux traitements de substitution sans lesquels, pour beaucoup, rien n’aurait été possible. Pour des dizaines de milliers d’entre eux ces traitements représentent une alternative pour recouvrer une vie sociale, familiale, professionnelle. Les résultats sont là et les EGUS concourent à l’amélioration de ces résultats par la tribune qu’ASUD a ouverte aux usagers utilisateurs de soins et aux professionnels dispensateurs de soins.

Se passer de cette tribune est une erreur. Nous demandons à la MILDT, et à travers elle à son président Monsieur Étienne APAIRE, de revoir sa décision et de soutenir le travail d’ASUD, dans la continuité de ce qu’elle a fait depuis 8 ans.

Communiqué de presse de l’ANIT

L’ANIT (Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie) apprend avec étonnement et inquiétude que les EGUS (États Généraux des Usagers de Drogues et de Substitution) ne pourront peut être pas se tenir en 2008, faute du soutien financier de la MILDT.
S’il ne remet pas en compte la pérennité de l’association ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues), ce refus pose la question du devenir de la représentation des usagers. Cette représentation est un des principes fondateurs de la loi de 2002 qui régit les institutions médico-sociales, et notamment les CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues) et CSAPA (Centre de Soins et d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
ASUD s’est engagée dans des actions et travaux avec des associations de professionnels, dont l’ANIT. Une convention pour aider à la mise en œuvre des Conseils de la Vie Sociale a été signée entre nos deux associations. Un projet de recherche sur les besoins des usagers de la substitution est en cours de finalisation. Toutes ces actions, et d’autres, participaient d’une socialisation des questions d’usage d’autant plus nécessaire que les décisions de ne pas modifier la loi de 1970 laissent les usagers de drogues illicites dans un statut particulier.
Aujourd’hui, la place des usagers est indissociable des réponses apportées aux problèmes posés par les usages de drogues et conduites addictives. L’accompagnement des usagers et des familles est au cœur de la mobilisation de l’ANIT pour une approche cohérente des addictions. Les EGUS sont une des manifestations qui y participe. Nous ne pourrions que condamner fermement leur disparition.

Communiqué de l’Ordre National des Pharmaciens et d’Auto Support des Usagers de Drogues

Le refus de délivrance des traitements de substitution est une infraction.

En tant qu’acteurs de santé publique, les pharmaciens jouent un rôle de premier plan, en particulier dans le champ de la toxicomanie. C’est grâce à leur implication (délivrance de seringues stériles de trousses de prévention, de traitements de substitution) que la prévalence du VIH a nettement reculé chez les usagers de drogues par voie intraveineuse et que l’on a l’espoir de faire reculer un jour celle du VHC.

L’inexpérience et l’incompréhension mutuelle, associée à la crainte légitime suscitée par le comportement de certains usagers, ont abouti à une situation absurde : 25 % des pharmaciens d’officine (1 sur 4) refusent de délivrer certains médicaments de substitution sous des prétextes divers (d’après une enquête menée par Asud, voir Pharmaciens et usagers, le dialogue nécessaire).

PharmacienL’Ordre National de Pharmaciens et Asud sont associés pour dénoncer cette situation qui, loin de résoudre les tensions éventuelles, est une source de conflit supplémentaire entre usagers et pharmaciens.

Rappelons que le refus de délivrance d’un médicament autorisé sur présentation d’une ordonnance valide est une infraction au code de santé publique. Ce refus entraîne par ailleurs un effet de concentration des patients dans certaines officines. Cette « ghettoïsation » n’a que des effets pervers. Le manque à gagner volontairement assumé par les officines défaillantes entraîne une surreprésentation des gains liés à la substitution dans les autres officines, générant ainsi des ambiances équivoques sinon malsaines.

D’autre part, la colère légitime des patients littéralement chassés de certaines pharmacies contribue à entretenir le mythe des toxicomanes violents.

PESRappelons au contraire que, grâce à l’introduction des traitements de substitution dans les années 90, le nombre d’agressions de pharmaciens d’officine par des toxicomanes n’a cessé de baisser.

Asud-Journal et l’Ordre National des Pharmaciens se proposent d’agir concrètement pour améliorer la situation.

Dans un premier temps, l’ensemble des situations de rejet dont sont victimes les usagers vont être recensées afin d’établir une typologie. Si vous-même ou l’un de vos proches avez été victime d’un refus de délivrance, contactez Asud ou l’Ordre National des Pharmaciens à l’adresse suivante :

ASUD
206, rue de Belleville
75020 Paris

Ordre National des Pharmaciens
4, avenue Ruysdaël
75008 Paris

Contactez l’Observatoire du Droit des Usagers picto-odu

Le subutex, bouc émissaire de la substitution ?

Dans la presse, il ne se passe pas une semaine sans qu’on nous répète que les usagers l’utilisent comme une drogue en le shootant ou le sniffant, et que la France est la plaque tournante de ce trafic alimenté par des médecins et des pharmaciens. Dernièrement, Le Monde nous apprend même qu’un chauffard était sous Subutex® sans autre explication. Pas besoin d’en dire plus, tout est la faute au Subutex®

S’il faut bien reconnaître l’existence d’un marché noir et de mésusage/usage alternatif, la fougue avec laquelle on stigmatise ce médicament n’est-elle pas un peu disproportionnée ? Pourquoi ne pas stigmatiser les benzodiazépines dont une grande quantité est revendue dans les rues ? Pourquoi parle-t-on toujours des dérives sans jamais parler des bénéfices de ce traitement ? Le Subutex® concentre les frustrations, les méconnaissances, les fantasmes et les peurs. C’est un bouc émissaire.

Le bouc émissaire de la substitution, car il cache les attaques envers un groupe de personnes, les toxicomanes, et plus particulièrement les usagers de Subutex®. Alors, plutôt que de rappeler encore une fois les bienfaits de la substitution, il est temps de s’interroger sur le pourquoi de cette rhétorique.

substitutionPour tout savoir et échanger sur les traitements de substitution opiacés rendez vous sur la Plateforme Substitution d’ASUD.

La faute au tox

Le tox, c’est l’autre, celui qui a pris du plaisir interdit et qui l’a bien cherché. Il a commis une faute et il est coupable. Et à tout coupable, il faut une punition. Dès lors, pourquoi lui donnerait-on une «drogue» payée par les contribuables ? Pourquoi ne devrait-il pas pointer tous les jours à la pharmacie, ne lui contrôlerait-on pas les urines pour voir s’il n’a pas récidivé ? Comme si, pour expier sa faute, l’accès aux soins devait être un chemin de croix. C’est ainsi que des journalistes de Libération se sont fait plusieurs prescripteurs dans une journée en dénonçant la facilité avec laquelle ils avaient obtenu le produit. Ce qu’on reproche au Subutex®, c’est son accès « trop facile» : pas de verrouillage CCST/hôpital, prescription de 28 jours, pas d’obligation de consultation psy ni d’analyses d’urines.

Parler de laxisme sans parler de l’accès au traitement, et encore moins de la question morale, c’est méconnaître la substitution et les addictions. Bref, c’est une erreur. Plus l’accès sera facile, plus il y aura de personnes dépendantes aux opiacés qui franchiront le pas de la substitution et du soin.

Mais même avec la meilleure volonté du monde, cette facilité d’accès entraînera des dérives qu’il faudra contrôler, voire aménager. Par exemple, avec une substitution à la buprénorphine injectable, pour que le « mésusage » devienne traitement et que les injecteurs de Subutex® soient traités comme des patients.

La peur de l’avenir

Le Subutex® a remplacé l’héroïne comme produit de rue, et la caricature de l’usager de Subutex® celle du junky à l’héroïne. Fini l’héroïnomane, voilà les usagers de Subutex ®, en bande, oisifs, accompagnés de chiens, habillés de couleurs militaires, décorés de piercings, qui achètent leur Sub au marché noir et qui l’injectent. Avec le deal de rue et les seringues qui traînent, ils sont devenus la partie visible des personnes sous Subutex®.

Une population qui fait peur à la société. On ne compte plus les pétitions de quartier contre l’installation de centres d’accueil. Mais de quoi a-t-on peur ? Ces marginaux n’illustrent-ils pas une série d’échecs ? Échec de la lutte contre la drogue, dont le Subutex® est un avatar, échec de la Sécu, qui n’arrive pas à renflouer ses comptes, échec de la valeur travail si chère à notre Président, mais aussi et surtout échec d’une société plus juste, qui laisse une partie de ses enfants sur le bord de la route. L’insécurité qu’ils représentent, c’est la crise des valeurs et la peur de l’avenir ! Notre responsabilité est de militer pour une plus grande tolérance envers l’autre et ses différences, et non de bâtir une société plus propre à défaut d’en faire une plus juste.

La chasse aux sorcières continue

Le docteur Patrick de la La Selle, s’est vu interdire d’exercer pendant un an (dont six mois avec sursis) par le conseil de l’ordre des médecins : l’une de ses patientes, qui désirait réduire son traitement, lui a ramené des fioles de méthadones (19 pour 675ml). Partant le soir même en vacances, il les a déposé dans un tiroir fermé à clef de son cabinet. Ses associés, en conflit avec lui à cause de sa clientèle d’exclus, ont mis la main dessus et se sont empressées de les apporter au conseil de l’ordre des médecins qui a fait derechef un signalement au parquet pour « trafic de méthadone ».

Aujourd’hui, la DASS a émis un avis favorable n’estimant pas nécessaire des poursuites, la Sécurité Sociale, après une enquête poussée de l’activité du médecin, n’a pas donné suite, et la Brigade des stupéfiants a classé l’affaire. Mais la DRASS a émis un rapport à charge que le Conseil de l’Ordre a repris à son compte en portant plainte pour « détention illégale de substances classées comme stupéfiants » et « prescription dangereuse »

Le Conseil Régional de l’Ordre, saisi de cette plainte, a statué en première instance et a décidé d’interdire au Docteur de La Selle, l’exercice de la médecine pendant un an. !! Mais il est bien sur en appel au Conseil National de l’Ordre des Médecins.

Outre la mise en cause ridicule de cet acte que tout médecin pourrait être amener à faire, il nous semble important de dénoncer cette chasse aux sorcières et de démasquer les mécanismes mis en place :

Tout d’abord, au niveau local, n’oublions pas que Montpellier est la seule ville de France ayant connu une expérience de « salle de shoot », initiée par Asud en 1994 et vite vouée aux gémonies. Depuis cette époque, le fossé ne cesse de s’élargir entre partisans et adversaires de la réductions des risques. Plus récemment, c’est Marie-Ange Augé-Caumon, pharmacienne très impliqué dans la réduction des risques qui a fait les frais de la malveillance de son ordre professionnel. L’existence d’une nombreuse population d’exclus, de « travellers » amateurs d’opiacés et clients potentiels du marché noir contribue à radicaliser les positions : d’un coté deux CSST, très frileux avec seulement une quarantaine de patients chacun , de l’autre, un petit réseau de médecins de ville très impliqués qui suivent 3500 usagers dont ce médecin dynamique qui gère une file active de 200 usagers à lui tout seul, faute de réponse satisfaisante au niveau local.

Ensuite, au niveau national, le docteur De la Selle est l’ancien Président de la Coordination Nationale des réseaux ville-hôpital. C’est aussi une figure dans le milieu de la réduction des risques. En attaquant ce symbole, le conseil de l’ordre envoie un message fort aux autres médecins : « si nous pouvons nous en prendre à lui, nous pouvons aussi nous en prendre à vous ».
C’est un énième pas en arrière pour la libéralisation de la prescription de méthadone en médecine de ville. Combien de médecins, après cette épisode, voudront rendre service à leur patient ? Encore plus grave, combien voudront prescrire de la méthadone ? Un comité de soutien est en cours de constitution.

Pour toute information, n’hésiter pas à appeler le journal ou à nous envoyer un mail.

Arnaud Marty-Lavauzelle nous a quitté.

Cette phrase est lourde de sens quand on pense au lien qui unissait ASUD et le président de AIDES de 1993. Il n’est pas exagéré de dire que sans l’engagement d’Arnaud en faveur d’ASUD en particulier, et des usagers de drogues en général, la politique de réduction des risques n’aurait pas occupé cette place privilégiée qui est toujours la sienne au sein de AIDES. Souvenirs

Je me souviens, c’est la devise des Québécois, les Canadiens français comme on disait quand j’étais petit. Arnaud, c’est mon canadien français, un cousin qui parle la même langue, qui s’exprime dans la même gamme, le même langage, mais à partir d’une autre patrie, au-delà des océans mais tellement proche par le cœur.

La colère

Je me souviens de ce jour de 1993 où j’ai pris la parole pour la première fois au cours d’une réunion publique. Asud était de création toute récente, quelques mois, un an tout au plus, et la parole publique d’un « tox » en tant que « tox » était une chose vraiment nouvelle.
Je me souviens très vaguement du débat auquel je n’avais pas compris grand chose, je me souviens des orateurs, qui se dressaient l’un après l’autre, au gré des passages du micro. Je me souviens des visages, Bertrand, Anne et …Arnaud, Arnaud Marty Lavauzelle, le président de AIDES. A l’époque AIDES, Act-up, ou même ASUD, autant de sigles mystérieux vaguement suspects , et je me souviens de ma colère. Je les voyais dire : « les toxicomanes ceci… » « oui mais quand on prend de l’héroïne cela… » « et quand on est en manque ça fait ça…bla bla… ». À l’époque, les toxicos séropos, franchement, on était en plein merdier.
En1993 tes chances de franchir le cap des années 2000 étaient de 1 sur beaucoup beaucoup. Sérieusement, les « books » auraient raisonnablement pu prendre des paris sur nos vies à 1 contre 100. Nous, en tous cas, on se préparaient à mourir.
Et donc la colère…
La colère parce-que je me disais : « mais qu’est-ce qu’ils connaissent de la vie des toxs ? Qu’est-ce qu’ils connaissent de MA vie ! ».

J’avais repéré la tête d’un des mecs, carrée, un peu grosse, avec des lunettes, très sympa, Alors je m’adresse à lui. Je prend le micro et je lui dit un truc naze qui depuis me met en boule-« qu’est-ce que vous connaissez à tout ça ? Vous êtes des toubibs- on disait toubib, ça faisait « tox » de dire « toubib »- mais vous ne connaissez rien à la vraie vie des toxs. ! »

A la fin de la réunion, le gars à lunettes est venu me voir, j’ai cru qu’il venait prolonger l’engueulade. Il m’a dit « Fabrice –le mec avait retenu mon prénom- ta colère c’est de l’or- il a peut-être dit « du diamant » je sais plus vraiment, mais le sens général c’était : « ta colère il faut t’en servir , elle est là pour dire quelque chose à la société française qui trouve normal que les gens qui se font des injections meurent du sida. »

De cette réunion là, dans les locaux de Aides, au 247 rue de Belleville, date ma prise de conscience du fait séropositif et conséquemment du fait toxico. Un fait éclair, un fait exprès qui dit que le déni de justice donne à ta parole une force insoupçonnée.

Le citoyen

Je me souviens du CAL 70 , la Collectif pour l’Abrogation de la Loi de 70. Je me souviens de la promptitude avec laquelle Arnaud a répondu oui à ma demande de soutien. C’est bras dessus bras dessous que nous avons descendu les berges de la Seine, face aux tours de Notre Dame pour dire non à la criminalisation des gens qui prennent des drogues, une première en France.

Foucauld

Ce combat est sans doute le plus significatif du lien qui nous unissait. ASUD s’est constitué sur le modèle de AIDES, et non sur celui d’ACT-UP. Notre modèle est universel et républicain, c’est celui du citoyen comme les autres ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs . Jamais nous n’avons prétendu appartenir à la communauté des héroïnomanes par exemple, au contraire, nous avons toujours souligné la proximité qui existe entre toutes les ivresses , légales ou illicites, dure ou douces, mais surtout propres à caractériser l’humanité toute entière. Universalisme de l’usage des drogues comme il y a universalisme de la maladie. Droits imprescriptible à l’ivresse, comme il y a droit imprescriptible à la santé. Ces bases sont foucaldiennes mais je n’en eus conscience que plus tard. La théorie passait aussi par la pratique de l’amitié.

L’amitié

Je me souviens de cette tribune à Grenoble en 1996.

15 jours plus tôt, le secrétariat de AIDES nous appelle. Arnaud veut qu’ASUD soit présent aux Assises de AIDES, et sur la plus haute marche, face au Ministre….
En face de moi Hervé Gueymard, Secrétaire d’Etat à la Santé dans le gouvernement Juppé. Je lui dit pendant la table ronde : « .. ;Asud, association de malfaiteurs, payés par vos services… ». Hilarité générale. Moi, je me dis « merde, j’ai dit une connerie… ». Arnaud fait son discours de clôture : « ASUD, cette association de malfaiteurs payée par l’Etat etc..etc… » Ouf , sauvé !!! Depuis c’est resté dans les annales.

La douleur

Reste les page sombres, les moments où l’on pouvait voir sur son visage, les marques de la fatigue. Les AG de Aides fédération , si diffiçiles. Une nouvelle équipe qui prend les rènes du bateau …les inévitables froissements d’ego …
Et puis dans ces années là, AIDES a cessé d’être aussi la maison d’ASUD, et Arnaud a commencé d’être associé au souvenir des années de lutte, des années sida, celles dont on dit , il y a un avant et un après…
La colère, le citoyen , l’amitié et les pages sombres, ma foi, c’est un résumé que j’ai tenté de faire le plus fidèle possible. Les trois premiers mots vont comme un gant au militant de la lutte contre le sida que fut avant tout Arnaud. Le dernier n’est pas moins caractéristique de ce qu’il a du enduré tout dernièrement.

Ces dernières années , je n’ai plus revu Arnaud. Je le savais malade, je n’ai eu ni le courage ni l’envie de venir le déranger dans sa retraite, c’est comme si son rôle, également inspiré par la personnalité de Daniel Defer, autre ami d’ASUD, était confondu avec le temps où tout était possible, où l’on parlait de légalisation plutôt que d’addictologie et de droit au plaisir plutôt que d’alcoologie.
Cher Arnaud, repose en paix aux côtés d’Olivier, de Véronique et de mille autres, comme toi morts du sida, mort contre le sida, mort en ayant vaincu les alliés du sida, la discrimination et l’injustice.

Méthadone, les français préfèrent la Belgique

Vous connaissait la dernière blague belge sur les français ? « Pourquoi tous les mois, des milliers de français passent la frontière pour aller chercher leur traitement de méthadone en Belgique ?». A l’heure ou tout les intervenants en toxicomanie réclament un accès plus large à la méthadone, notamment avec la primo-prescription en médecine de ville, Asud a tenté de répondre à la blague de nos amis belges et s’est demandé pourquoi certains de nos concitoyens parcouraient des centaines de kilomètres, payaient le trajet, la consultation et la méthadone, et boudaient notre beau système de soins, pourtant anonyme et gratuit depuis la loi de 1970.

Un peu d’histoire

On aurait pu croire qu’en 1996, avec la multiplication de nombre de place dans les CSST que la situation n’allait pas perduré. Mais dans les CSST, les fils d’attente sont longues, et les seuils d’exigence élevés. De plus, la buprénorphine qui est largement plus accessible à partir de 1996, ne convient pas à un certain nombre d’usager : au total, même si le « tourisme de substitution » se ralentit, c’est toujours l’afflux en Belgique de patients français pour qui ni les conditions de délivrance de la métha, ni la molécule de buprénorphine ne conviennent.

substitutionPour tout savoir et échanger sur les traitements de substitution opiacés rendez vous sur la Plateforme Substitution d’ASUD.

Et maintenant ?

Depuis 1996, le cadre de la substitution n’a guère évolué en France : certes, après avoir « fidéliser leur patient pour une meilleure prise en charge », les CSST délèguent de plus en plus aux médecins de ville pour désencombrer leur files d’attente.

Mais, le cadre légal impose un circuit de soin unique pour les patients « stabisés socialement » ou totalement « désinséré » là ou en Belgique il existe tout un panel de services différenciés avec des modalités variés concernant la primo-prescritpion, les délais de prescriptions, les modes d’administrations et types de délivrance de la métha :

  • En France, les conditions d’accès à la métha restent toujours soumises à des critères de haut seuil et la primo-prescription se fait uniquement en CSST, alors qu’en Belgique, la primo-prescription comme le suivi du traitement à la méthadone peuvent etre faits par un médecin généraliste, une MASS (Maisons d’Acceuil Socio-Sanitaire), ou un centre spécialisé. Ainsi, beaucoup de français qui passent la frontière ne veulent pas être soumis aux contraintes du système français (passage quotidien, analyses d’urine, psychologue…), qu’ils consièrent demesurées et inadaptées, voire infantilisantes.
  • Dans la plupart des CSST, les files d’attente sont longues. Au contraire, en Belgique, un simple rendez-vous avec un médecin généraliste suffit pour accéder à la métha. Ainsi, pour contourner les files d’attentes des CSST, il n’est pas rare que des usagers se servent du système belge comme un tremplin vers les CSST. Ils vont ainsi consulter un médecin belge en attendant le rendez-vous en CSST. Certain passent même du système belge à un suivi en médecine de ville, squizant ainsi les CSST.
  • Autres différences notables, la méthadone se fait uniquement sous forme de sirop en France, ce qui est « une punition » pour beaucoup d’usager. En Belgique, la méthadone est disponible sous forme de sirop ou de gelules préparées magistralement par le pharmacien, avec le dosage approprié. De ceux qui vont en Belgique, beaucoup de Français sont à un haut dosage (plus de 120mg), du en particulier à l’interaction de leur traitement VIH avec la métha, et ne supportent plus de boire « des litres » de ce sirop. Il faut reconnaître aussi que les flacons sont assez difficles à stocker. Par exemple, quand on part en vacances, il faut un véritable sac à dos de fioles.
  • la durée de prescrition est limité à 14 jours en France, alors que chez nos voisins, elle peut être d’un mois ou plus. Ceux qui vont en Belgique se voient parfois préscrire leur substitution pour plusieurs mois. Ils échappent à la contrainte de revenir au moins tout les 15 jours, à la fois vers le prescripteur, mais aussi vers le pharmacien.

Et les OD ?

Une des grandes peurs de la libéralisation de la méthadone en France, ce sont les overdoses possibles. En Belgique, ils nous répondent que les usagers sont des personnes sachant gérer leur dépendance et non candidate au suicide, et que les quelques OD recensées sont dues a des personnes « naïves », c’est à dire à des personnes qui n’ont jamais pris de métha ou qui n’en n’ont pas pris depuis longtemps. C’est par exemple, le cas des personnes non dépendantes aux opiacées qui voudrait gouter le produit, des personnes qui sortent de prisons, ou encore des personnes qui laissent trainer leur métha qui tombe sous la main d’enfant.

Conclusion

Bien sur, le tableau n’est pas si noir que cela : un certain nombre de CSST ont assoupli leur seuil d’exigence au fil des années et passent de plus en plus le relais à la médecine de ville. Mais il reste que beaucoup d’usager, pour des raisons variables, vont chercher un autre cadre en Belgique. Ce « tourisme de la méthadone » (1500 français passent la frontière tout les mois) est le syndrome d’un problème collectif, conséquence de la frilosité des pouvoirs publics en particulier avec à la méthadone. Après le bond en avant de 1996, avec la multiplication des places méthadone et à la mise sur le marché de la buprénorphine, il est temps de réclamer d’autre forme de substitution, que ce soit la primo-precription de méthadone en médecine de ville, d’autre forme galénique de la méthadone, de la substitution injectable ou d’autres molécules comme le sulfate de morphine, pour que la France reste une terre d’accueil…pour ses toxicomanes…

Au fait, avez trouvé la réponse à la dernière blague belge ?

Programme des EGUS 3

Depuis deux ans, les usagers, les consommateurs, les toxicomanes… et tous ceux que ça intéresse, ont la possibilité de se rencontrer et d’échanger des idées concernant les drogues, la manière d’en prendre, de ne plus en prendre ou d’en reprendre encore, tout cela en réduisant les risques. Ça s’appelait les États généraux des usagers de substitution (Égus I et II) ça va s’appeler les États généraux des usagers de substances licites ou illicites (Égus III).

Ces Égus III, qui se tiendront le 11 octobre, se dérouleront dans le cadre des premières Rencontres nationales de la réduction des risques organisées à Bobigny par l’Association Française de réduction des Risques (AFR) les 12 et 13 octobre 2006

9h30 – 10h : Accueil

10h00 – 10h30 : Discours d’ouverture
– Eric Schneider (Président d’ASUD)
– Didier Jayle (Président de la MILDT)

10h30 – 12h00 : Les usagères de drogues sont-elles discriminées en tant que femmes ?
La société regarde les usagers de drogues de travers, on le sait. Mais lorsque les drogués sont des mères ou des compagnes, le regard social n’est-il pas plus implacable encore ? Pire la discrimination qui frappe les « toxico » hommes ne les rend-elle pas encore plus machistes que les autres hommes ?
– Quels sont les risques sociaux encourus par les femmes ?
– Les risques de violences physique et sexuelle, ses risques de contaminations et d’usage de drogues.
– Quelles actions spécifiques (prévention, accompagnement) peuvent être mises en place ?
– La réduction des risques pratiquée sur le terrain, ses apports et ses limites.

Table ronde
Animatrice : Séverine Martin (Asud)
Intervenantes : Anne Bauer et Catherine Charles (réseau ASUD), Jacqui Schneider (Acces), Françoise Mancy (Le Tipi), Marijo Taboada (Association HORIZONS) (Paris), Fabienne Pourchon (Keep Smiling), Danièle Autier (Frisse) (Lyon)

12h00 – 12h15 : Pause

12h15 – 13h15 : Les conseils de la vie sociale, un espace de revendication possible…
Les premières expériences de conseils de la vie sociale vont pouvoir profiter de la tribune des Égus. Il s’agit de mettre en exergue certains aspects de la confrontation usagers/soignants, et les solutions mises en pratique qui nous paraissent originales, innovantes et significatives.

Débat en plénière
Intervenants : Eric Schneider (ASUD et ACCES), François Hervé (Vice-président ANIT), Estelle Sarrazin (Educatrice)

13h15 – 14h30 : Déjeuner

14h30 – 16h00 : Cannabis et réduction des risques , un mariage impossible ?
Débat qui doit faire émerger la spécificité du cannabis, et poser la question de son statut de drogue. Certains milieux anti-prohibitionnistes peuvent soutenir l’idée que les principaux problèmes sanitaires posés par le cannabis sont quasi-exclusivement dus à son caractère illicite, or depuis quelques mois un effort important est fourni par les pouvoirs publics pour favoriser l’ouverture de consultations cannabis dans les centres d’accueil. CETTE OFFRE DE SOIN EST-ELLE EN ACCORD AVEC LA DEMANDE RÉELLE DES USAGERS ?
La question centrale est celle de la réduction des risques qui semble trop souvent évacuée par les centres de consultation au bénéfice exclusif de l’arrêt de la consommation.
Sur la forme, comme lors des EGUS n° 2, c’est la formule du débat qui a été retenue. Un ou plusieurs usagers de cannabis seront invités à dialoguer avec un représentant de la MILDT, un professionnel de santé exerçant dans une consultation cannabis et un psychologue exerçant dans les mêmes conditions.
Des exemples concrets seront évoqués.

Table Ronde
Animation : Jean Pierre Galland
Intervenants : Jean Pierre Couteron (ANIT), Fabrice Olivet (Asud), Chantale Gatignol et Marie-France Chedru (MILDT), un usager « Point-Ecoute Cannabis »

16h00 – 16h30 : Pause ou projection en avant-première première du film « 17’10 pour une injection à moindre risque » de Thomas NORYMBERG

16h30- 18h00 : Délivrance de produits de substitution : droits et devoirs réciproques patients/pharmaciens
Le dialogue pharmaciens/ usagers passe par la reconnaissance et la délimitation du rôle de chacun, d’un point de vue thérapeutique, mais aussi sur le terrain réglementaire. Une professionnelle, responsable d’officine dans l’Hérault, viendra nous parler des expériences très enrichissantes qu’elle a faites en 10 ans d’échanges avec les usagers de drogues. A l’inverse, une typologie de tous les conflits potentiels sera faite à l’appui de plusieurs témoignages d’usagers. Si vous êtes concernés par l’une ou l’autre de ces situations, rendez-vous le 11 octobre à Bobigny.
a) Générique ou princeps, quels sont les droits des usagers en matière de délivrance du Subutex?
b) Le refus de délivrer un médicament de substitution est-il un délit ?

Table ronde
Animation : Fabrice Olivet
Intervenants : Maitre Timozko (Avocat à la Cour), Dr Jean Lamarche (Président de Croix Verte et Ruban Rouge), Dr Demester (Pharmacien d’officine), Alain Chateau (Asud Reims), Un représentant de l’Ordre des pharmaciens, Marie Debrus (Pharmacienne MDM)

Clôture

Hépatites et usages des drogues : l’enquête Asud/SOS Hépatites

Premières analyses des résultats de l’enquête Asud/SOS Hépatites réalisée avec la collaboration de Harris Médical, qui révèle notamment de réelles difficultés d’accès au soin.

L’organisation, la diffusion, et donc l’exploitation, de cette enquête n’a, bien évidemment, pas été sans difficultés. Certainement à cause de son format (8 pages), mais aussi d’un manque de motivation des malades, et surtout parce que bon nombre d’acteurs associatifs ou professionnels n’ont toujours pas pris conscience de la gravité de cette épidémie silencieuse.

Un virus qui ne rend pas malade ?

Ce manque de mobilisation est aussi dû à l’évolution lente et totalement silencieuse des hépatites virales. Comme beaucoup de maladies chroniques, les hépatites virales sont des maladies asymptomatiques, et même au stade cirrhose, à part une fatigue accrue, on ne se sent souvent pas malade. Il faut donc arriver à comprendre que c’est « quand on va bien » qu’il faut se traiter, même si le traitement est lourd. Bon nombre de malades traités ayant admis à tort être devenus malades « à cause du traitement », ceci explique aussi la mauvaise réputation de l’interféron. Seule la moitié d’entre eux ont guéri, et un autre quart ont pu calmer l’évolution de la fibrose. D’accord, l’interféron ça secoue, mais si c’est pour éviter de gros problèmes aux trois quarts des gens traités, le jeu en vaut peut-être la chandelle, non ? Il faut vraiment comprendre que ça n’est qu’en se formant et en s’organisant à l’avance, avec son entourage, qu’on arrive à tenir 1 an de traitement, plus les 6 mois difficiles d’attente des résultats.

Reste que ces résultats sont équivalents à ceux enregistrés pour d’autres maladies asymptomatiques et chroniques et ce, quels que soient les malades.

Savoir où en sont les lésions du foie

Si on est usager de drogue actif et que l’on n’a jamais rencontré d’hépatologue, il ne faut plus attendre pour évaluer réellement les lésions du foie, de façon à mettre en place une stratégie et une prise en charge adaptée à chaque situation. Si vous ne l’avez pas encore fait, sachez que c’est l’étape vraiment indispensable qui vous permettra de savoir si vous devez rapidement être formé et bénéficier d’un premier traitement interféron, pour guérir (dans le meilleur des cas), ou au moins pour calmer le jeu avant que n’arrivent de sérieuses complications morbides. Aujourd’hui comme hier, il ne sert à rien de faire la taupe face à la peur de la biopsie car d’autres moyens existent : par prise de sang (Fibro-Test®) ou par échographie spécialisée (Fibro-Scan®). Même s’ils ne sont pas encore faciles d’accès partout en France, ça vaut vraiment le coup de faire quelques kilomètres pour cet examen, surtout quand on sait qu’au moins 45 % des usagers ayant répondu à l’enquête sont déjà en pré-cirrhose (score Métavir F3).

Un traitement plus efficace, mais…

Grâce à cette enquête, nous avons constaté que la situation a évolué depuis 2001 : le traitement de référence actuel – la bithérapie Peg-inteféron+ribavirine – a permis de passer au-dessus de la barre des 50 % de guérisons possibles. De plus, pour la moitié des malades n’ayant pas guéri, ce traitement permet quand même de réduire les lésions du foie, voire de bloquer ou ralentir sur 3 ans la progression de ces lésions. La moitié des répondants ont eu accès à un traitement, qui a également été proposé au tiers de ceux qui n’ont pas été traités. Aujourd’hui, la difficulté concerne surtout les usagers de drogues actifs et malades (au moins en hépatite modérée – score Métavir F2 –) pour lesquels il n’est plus raisonnable d’attendre en misant sur l’arrivée de nouvelles molécules. La mise à disposition des antiprotéases et autres n’aura pas lieu avant 3 à 5 ans. De plus, il est désormais possible de prendre un traitement allégé seulement destiné à bloquer l’évolution de la fibrose. Plusieurs essais thérapeutiques sont en cours.

Blouses blanches et junkies : des relations difficiles

Un cinquième des répondants déclarent ne pas avoir de suivi médical satisfaisant (20 %), une mauvaise expérience du monde médical en général (24 %), une mauvaise expérience avec l’hôpital (21 %), ou encore le refus de tout traitement (11 %) comme raisons rendant difficiles le suivi médical.
Parmi ceux qui n’ont pas fait d’examens du foie (33 %), une minorité seulement refusent de se faire suivre (9 %), ne veulent pas savoir (8 %), refusent d’aller à l’hôpital (8 %), ou pensent qu’il n’y a plus rien à faire et que c’est trop tard (6 %).

Parmi les usagers non-suivis, 12 % expliquent cette absence de suivi par une mauvaise expérience avec des médecins dans le passé, 10 % refusent de se faire suivre, ou d’aller à l’hôpital (9 %).

Les médecins n’ont pas proposé d’examens du foie à un cinquième (22 %) de ceux qui n’en ont pas eu, et n’ont pas proposé de traitement à la moitié (42 %) de ceux qui n’ont pas été traités.

Malgré ces difficultés de relation entre médecins et usagers, les trois quarts des répondants parlent de leur hépatite avec leur médecin généraliste (75 %). La mobilisation de l’équipe médicale est une motivation pour un suivi médical (42 %). Heureusement, les deux tiers des usagers répondants parlent de suivi efficace (67 %), voire très efficace (19 %), et la moitié pense même que c’est une maladie assez facile à prendre en charge (44 %).

Un nécessaire accompagnement

Du point de vue social, les répondants déclarent à la fois des critères d’insertion et des facteurs aggravants, reflétant leur fragilité : s’ils ont une couverture sociale (90 %), un logement stable (80 %) et un enfant à charge (23 %), ils n’ont, par contre, aucune activité (50 %), que le RMI (56 %), sont seuls (54 %), et ne fréquentent aucun lieu festif (34 %). La moitié d’entre eux doit donc faire face à un isolement qui peut aggraver la survenue de problèmes, notamment en cas d’usage de drogues ou de mise sous traitement par interféron. Un accent particulier doit donc être mis sur les problèmes sociaux, les besoins de soutien, et l’importance de développer l’autosupport, dans la prévention ou l’accès aux soins des hépatites chez les usagers de drogues.

Car tout comme pour le VIH à partir de 1996, cette enquête démontre magistralement que quand les usagers de drogues actifs bénéficient d’un accompagnement spécifique, ils peuvent obtenir les mêmes résultats que les autres malades. Ils sont tout aussi capables de suivre correctement les contraintes liées au traitement, à condition d’avoir une réelle écoute de la part du médecin traitant, et que la décision soit partagée. C’est peut-être sur ce point, en effet, que bon nombre d’hépatologues ont arrêté d’avoir peur et essayé de traiter des usagers, y compris actifs. Ils se sont rendu compte que, si on s’entend bien, ils peuvent nous faire confiance. Le but premier d’une prise en charge médicale adaptée, c’est de nous aider à rester motivé tout au long de la prise en charge (du traitement jusqu’aux résultats). C’est pour cela que les acteurs doivent se former et être activement mobilisés contre les hépatites virales.

Le foie est résistant jusqu’à ce qu’il…

Les répondants sont ou ont été dépendants des opiacés (53 %), des médicaments pour se défoncer (43 %), des stimulants comme la cocaïne ou les amphétamines (33 %), et de l’alcool (30 %). Ils ont injecté au moins 1 fois (91 %). Quand on est déjà à mi-course de la cirrhose, donc en hépatite modérée (score Métavir F2), et que l’on consomme régulièrement des produits hépatotoxiques (alcool, certains médicaments psychotropes, cocaïne, amphétamines, etc.), la cirrhose peut survenir dans les 3 à 5 ans, surtout si on est coinfecté par une autre hépatite virale ou par le VIH. Tous les usagers substitués ont déjà des consultations régulières avec un médecin qui devrait faciliter leur prise en charge.

Malgré tout, la moitié des répondants (46 %) n’ont rien consommé depuis un an et ne semblent plus concernés (30 %) par un besoin d’aide pour réduire ou renoncer à certaines drogues. Ils correspondent au profil d’ex-usager, chez qui l’hépatite n’a pourtant pas arrêté sa course. Grâce à la prise en charge de leur hépatite, les trois quart des répondants ont spontanément réduit leur consommation, d’alcool tout d’abord (72 %), mais aussi de drogues (67 %), et même renoncé à certaines drogues ou alcools forts (55 %).

Épidémie de cirrhoses

Dans les centres spécialisés, environ 15 % des usagers sont porteurs du VIH, même si, grâce à la RdR, les nouvelles contaminations sont devenues exceptionnellement rares par injection. La priorité reste encore trop souvent donnée au VIH, oubliant que ce sont les usagers cirrhotiques d’aujourd’hui qui risquent de mourir dans les 3 à 5 ans s’ils ne sont pas activement pris en charge et traités. Les centres devraient tous avoir une équipe spécialisée dans la prise en charge des hépatites en lien avec un service hospitalier de référence. Car si les hépatites sont largement dépistées chez les usagers des centres, la cirrhose est très souvent considérée comme banale puisque nous sommes dans un « État d’alcooliques». 1 600 000 Français ont une cirrhose (dont 90 % dues à l’alcool), et les problèmes visibles et symptomatiques n’arrivent qu’au stade terminal des maladies du foie. Il aura ainsi fallu plus de 20 ans avant d’admettre qu’il s’agissait réellement d’une épidémie, car seule une minorité de malades arrivait à l’hôpital… mais beaucoup trop tard, c’est-à-dire avec des décompensations sévères de cirrhoses (hémorragies digestives, état neuropsychique délirant, cancers, etc.).

Nous, les usagers de drogues, ne devons pas rester les bras croisés face à cette banalisation des cirrhoses « made in France », qui risque de réduire à néant nos efforts pour traiter notre hépatite. Aller prendre conseil auprès d’un autre médecin plus motivé et consommant moins d’alcool peut aussi être une solution efficace.

Mortelle dès aujourd’hui

Lors des prises de contact autour de cette enquête, de nombreux responsables de structures d’accueil pour usagers de drogues ont reconnu que, parmi les usagers qu’ils suivent, le nombre de décès lié aux hépatites a au moins doublé en 2004-2005, comparé à 2000-2003. Tout comme face à l’hécatombe du VIH au début des années 90, avec l’épidémie d’hépatite C, les courbes de mortalité liée au foie risquent de décupler dans les 3 à 5 ans à venir, si rien n’est fait rapidement en termes d’amélioration d’accès au traitement des hépatites, spécifiquement pour les usagers de drogues actifs.

Convaincre les autruches de se bouger

Évidemment, les responsables et les médecins de CSST se plaignent souvent que les hépatologues hospitalo-universitaires ont encore des difficultés de prise en compte des usagers dans leur file active. Seulement, c’est aussi au centre d’arriver à informer et motiver les chefs de service. Les expériences les plus concluantes sont celles où un hépatologue hospitalier a pu ouvrir une consultation avancée dans un CSST puisqu’il peut à la fois former tout le personnel de soin et prendre en charge directement les malades les plus avancés.

À nous d’aller les réveiller

À partir de l’expérience du VIH, nous savons bien que c’est aussi à nous, usagers, de militer et convaincre les acteurs de soins, un à un. Face aux hépatites, l’autosupport doit devenir plus actif. Un rôle dans lequel les usagers déjà traités et pris en charge par un hôpital peuvent arriver à faire connaître les blocages et donc avancer la situation, avec le relais d’associations comme Asud ou SOS Hépatites.

La moitié des répondants de cette enquête sont des usagers qui se sont largement investis dans la prise en charge de leur hépatite. Aujourd’hui, c’est à ces usagers expérimentés de monter au créneau pour tous les autres usagers qui ne sont pas encore admis dans les filières de soin. Les résultats de cette enquête nous donnent des arguments permettant de convaincre les acteurs du soin encore réticents. Alors préparons-nous à une rentrée active et militante pour notre foie et celui des autres.

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