Auteur/autrice : Valère Rogissart

Se poser la question en tant qu’employeur

Il faut aussi se poser la question du côté des employeurs, à la fois en tant qu’employeur d’usagers et éventuellement en tant qu’employeur concerné. Quand on est directeur d’une association comme Asud, on est par exemple employeur d’usagers de drogues.

Cet article fait partie du dossier Les usagers-salariés du médicosocial.

Début 90, je travaillais à Arcade, un des premiers programmes de réduction des risques à faire de l’échange de seringues dans le 93 et dont une partie des salariés était des usagers qui avaient été recrutés pour ça. Manque de pot, l’un d’eux est tombé dans sa vie privée dans une histoire de 50 kilos de shit et l’association a dû fermer.

Autre exemple : le président de Techno+ poursuivi par la justice pour des flyers (Sniff propre et Drug Mix), qui a été licencié de l’établissement médicosocial dans lequel il travaillait au moment du procès.

« Ce qui se raconte dans une équipe n’est pas non plus ce qui se raconte sur la place publique. « Si tu es drogué et que tu veux travailler dans un programme de réduction des risques, arrête la drogue ou change de métier » : on en est un petit peu là quand même. »
Valère Rogissart

Une vraie question

Et c’est une vraie question : quand on a eu un souci avec un salarié de Sida Paroles, là encore dans le cadre de sa vie privée, qui a été jugé et incarcéré à Nanterre où l’association intervenait massivement, on s’est demandé si on devait le licencier pour faute grave ou lourde. Il faut quand même une solide conception des choses au niveau de l’association et du conseil d’administration sur l’attitude à tenir à cet égard, sachant qu’on ne licencie pas non plus quelqu’un comme ça pour usage de drogues, ce n’est pas aussi simple. L’association a choisi de ne pas le licencier (pour un problème de shit) et je suis très fier en tant que directeur à l’époque de ne pas avoir licencié à cause de son usage de drogue quelqu’un qu’on avait engagé parce qu’il était usager de drogues.

C’est un vrai problème, parce que la question, c’est « Est-ce utile d’avoir des usagers dans les structures médicosociales, Caarud, Csapa et autres ? » Les ex ne posent pas le même problème. Je travaille dans une communauté thérapeutique où les conseillers en addictologie sont d’anciens patients dépendants soignés, qui ont suivi une formation et qui font aujourd’hui partie intégrante des professionnels, au côté des assistantes sociales, des éducs, toubibs, psycho, etc. Mais comme ce sont des ex, c’est moins compliqué.

EGUS 9 Pierre ChappardOui, c’est utile

La question, ce sont les usagers actifs, et de ce que j’ai pu voir de mon expérience sur l’utilité d’avoir des usagers de drogues, la réponse est un oui franc et massif. Pour connaître les milieux, comprendre comment ça se passe et ce qui se dit. La première fois que j’ai été en rave avec la mission Rave, je n’ai par exemple rien compris à ce que m’a dit un mec avec lequel j’ai discuté pendant trois-quarts d’heure. Heureusement qu’après, j’avais un traducteur grâce auquel j’ai pu apprendre la langue. C’est aussi une question de connaissance des pratiques, des produits, une capacité de contact, mais c’est d’abord une histoire d’empathie avec les usagers de drogues, une forme de proximité. Même si un fumeur de pétards depuis trente-cinq ans n’a pas les mêmes références culturelles ou le même mode de vie qu’un crackeur de Stalingrad, on retrouve quand même certains points communs.

Il me semble que c’est dans les programmes où il y a mixité d’intervenants qu’on continue d’inventer des nouveaux outils, sur l’injection, le sniff, etc., pas dans les institutions classiques.

« Je n’ai pas de diplôme, mon diplôme, c’est ma vie, mon parcours de vie. Et c’est pour moi une façon de me valoriser. Ne pas le dire, c’est comme si je refusais ma vie, j’ai besoin de mon parcours d’usager pour m’identifier. »
José Mendes

La difficulté de le revendiquer

Est-ce un problème de revendiquer son usage quand on est intervenant ? Je n’en sais rien, ça me paraît compliqué. Mais le sociologue Michael Pollack a montré dans le VIH que moins les personnes gay étaient en mesure d’assumer leur identité homosexuelle, moins elles étaient en capacité de se protéger et donc de diffuser les messages de protection. J’émets donc l’hypothèse que ne pas assumer son identité d’usager va être compliqué pour faire un certain nombre de choses et porter les messages dont on a besoin. C’est la question de la plus-value (y en a-t-il une ou pas ?, je pense que oui), mais tout cela reste quand même très lié au statut légal des drogues et à la pénalisation potentielle des usages et donc, des usagers.

L’auteur, Valère Rogissart, est directeur d’Aurore 93.

Cet article fait partie du dossier Les usagers-salariés du médicosocial.

2èmes Rencontres Nationales de la Réduction des risques

Discours d’ouverture par le Président des Rencontres

Madame la ministre, Mesdames Messieurs, chers amis,

C’est au nom des associations qui ont organisé ces rencontres nationales de la Reduction Des Risques qu’il me revient de poser trois questions qui nous travaillent.

Celle des conflits de logique non résolus.
Le sentiment de ne plus progresser, vous nous démentirez peut-être.
« L’effort pour rendre l’autre fou »

Pour le premier point des évolutions récentes ont été indiscutablement favorables à la réduction des risques. Il n’en reste pas moins que les conflits de logiques entre santé publique et ordre publique continuent de l’entraver.

La Réduction Des Risques liés aux usages de drogues a effectivement été inscrite dans loi de santé publique du 9 août 2004 et c’est un progrès considérable dans l’histoire de la santé des usagers de drogues depuis 1970 : mais rappelons que ce ne sont pas des structures qui s’inscrivent dans la durée, c’est d’abord le service rendu aux usagers qui sort de la précarité. C’est un des résultats de l’unité que nous construisons. La seconde édition de ces rencontres inter associative en est un second et votre présence l’honore

Plus largement, les lois du 02. 1. 2002 et du 03. 3. 2002 « consacre le droit des usagers et des malades ».
Accréditations, agréments, attestent de l’engagement des institutions aux respects de ces droits des usagers et des malades qu’elles reçoivent.
Évaluation interne, externe, démarche qualité, ont pour but de sans cesse améliorer les offres de services aux usagers. Il s’agit avant tout de répondre à leurs besoins, de les recueillir pour s’adapter et améliorer notre efficacité. Elles ont pour fonction de « vérifier » l’application des dispositions « réglementaires », dont celles concernant les usagers.

De son côté, l’éducation à la santé, la promotion de la santé (la charte d’Ottawa, les principes d’actions de l’OMS), supposent une implication des personnes concernées par une action destinée à protéger leur santé. Elles sont des ressources, pas un problème. La santé communautaire renforce cette implication démocratique qui rappelle clairement que les « usagers » et les « malades » sont des citoyens en premier lieu. La lutte contre le SIDA, matrice de la RDR porte en elle par essence cette exigence : sous ton pyjama, la pompe dans le bras ou sous les arbres du bois de Boulogne, tu restes un citoyen.

En matière d’addiction, les travaux admis distinguent trois niveaux d’usage de produits addictifs, quelques soit leur nature : l’usage, l’abus, la dépendance. En matière d’usage de drogues, du point de vue social, médico-social ou sanitaire, les deux premiers qualificatifs (usage, abus) relèvent du droit des usagers. Le troisième relève à la fois du droit des usagers et du droit des malades.

Du point de vue légal « usage, abus, dépendance » relèvent de la sanction pénale, sans distinction. Ces derniers temps, la sanction continue de s’alourdir : la passion l’emporte toujours sur la raison ?
Est-ce que ces conflits de logique sont encore tenables ? Ils ne sont plus seulement « RDR / répression », ils sont devenus « droit des usagers et des malades / répression », c’est une autre dimension, la dimension est citoyenne. Le rapprochement s’effectue. Dans quel sens ?
Si le droit de la drogue et sa répression est une exception acceptée pour « les marginaux » puisqu’ils y contreviennent, à quand ses fondements pour tous ? Un cinquième des Européens consomme du cannabis, ça commence à faire beaucoup de marginaux… Au fait c’est la saint Edvige : bonne fête Edvige ?

Ces conflits de logique sont-ils si récents ? Pas sûr. Une chose m’a toujours interrogé. Pourquoi la « prévention des drogues » auprès des jeunes est confiée en partie, de plus en plus grande, à la police ? Parce qu’il y a un conflit de logique fondamental entre l’approche sociale et médico-social et celle de la police. La première parie sur l’éducation, la seconde parie sur la peur. Avec l’approche RDR sur le fond, c’est encore pire. La preuve, la police, en France, ne fait pas de RDR.

Faire avec les contradictions politiques entre santé et répression n’est plus assumables. Toutes les organisations réunies ici ont pris position au moins pour la dépénalisation de l’usage de drogues. Il reste cependant des débats : est-ce bien le moment, ne risquons nous pas d’avoir pire ? Et bien moi, depuis 25 ans, j’entends que ce n’est pas le moment et je ne suis pas sur que nous soyons si loin du pire comme avec le VHC ou la situation dans les prisons. C’est donc bien le moment de sortir de la censure

Au moment ou l’évaluation est reine, il n’est plus possible de nier les réalités : La terre n’est pas plate et le soleil ne tourne pas autour d’elle. Il faut bien le dire, les incohérences induites par la pénalisation des drogues constituent un frein majeur au développement de la réduction des risques. Il n’est plus possible de proclamer que l’on soutient la réduction des risques tout en refusant de remettre en cause le cadre légal. Il est à ce point utile de rappeler que si la politique de la France s’inscrit dans les conventions internationales, rien ne l’oblige à pénaliser l’usage simple des drogues. C’est un principe clé de la charte Européenne de la RDR… Ce matin, contrairement aux injonction au silence, nous avons entendu des femmes et des hommes politiques qui partagent nos idées.

Second point
Nous ne progressons plus

la RDR a donc fait ses preuves, en France, en Europe, partout dans le monde où elle a été développée dans la lutte contre le VIH et le soutien des personnes atteintes, l’un ne fonctionnant pas sans l’autre. Au contraire, partout où la RDR est combattue, ignorée, les usagers se contaminent et meurent en masse comme en Russie ou, en bonne logique d’éradication, ils sont abattus comme en Thaïlande. Alors, si nous ne sommes pas en France dans cette situation, malgré tout, nous ne progressons plus ou pas assez encore.
En matière de VHC, les résultats sont effectivement moins probants. Les contaminations sont massives, elles interviennent tôt et trop peu de personnes sont traitées.

Nous répétons que ce n’est pas la RDR qui est en échec avec le VHC ou que les opérateurs n’en font pas assez, ils sont là devant vous parce qu’ils veulent justement en faire beaucoup plus, (il ne sont pas tous là parce ue pendant les journées, la RDR continue…). Mais c’est parce que nous ne poussons pas les logiques de la réduction des risques jusqu’au bout. Elle est toujours « handicapée », « empêchée » des conflits de logiques entre l’ordre et la santé publique.
Alors oui, nous nous posons des questions. Quelle est la volonté de lutte, quels sont moyens de lutte, quels soutiens effectifs sont apportés aux personnes concernées, aux équipes sur le terrain ?

Pourquoi nous n’avançons nous plus ?

– Est-ce du fait d’une pression prohibitionniste internationale avec par exemple, venue des états unis, des velléités d’interdire la bubrénorphine dans le monde (SWAPS) d’ailleurs qui nous représente à l’ONU ? Et dans les instances Européennes Pourquoi n’y a-t-il pas de représentants des associations qui accompagnent ces représentants alors que les autres pays de l’Europe le font ? Nous ne sommes pas sortable ? Quel discours est porté ? ne serait-il pas quelque peu univoque ?

– Est-ce du fait d’un discours politique et social qui reste fondé sur des « préjugés » moraux essentiellement. Ne serait-ce pas là le résultat du refus d’un débat public sur les drogues, (on en parle entre nous mais ne le répétez pas) ? Mesdames Barsach, Veil, Maestracci, n’ont-elles pas au fond « évité » le débat qui devient incontournable ? La RDR « à la française » peut-elle continuer avec une main droite qui ignore la main gauche et inversement, n’est-elle qu’une politique du malgré tout ?

– Est-ce du fait d’un refus d’évaluer ? Nous avons certes des taux de morbidité, mortalité, d’incidence, de prévalence mais quid des recherches sur l’impact de la RDR sur la sécurité, de l’efficacité de la répression, des coûts de santé liés à l’absence de mesures adéquates connues, de l’intégration en premier par les usagers de la RDR, de leur association aux programmes ?

Nous DEVONS progresser, nous en avons les moyens : au moins généraliser l’existant, couvrir correctement le territoire et nous n’y sommes pas, et mieux (la qualité !), développer l’offre de service aux usagers fondées sur leurs besoins réels et non pas sûr ceux imposés par… une norme pénale ?
Nous ne plaidons pas coupable, nous plaidons responsable. Nous ne plaidons pas réhabilitation ni reconnaissance, nous plaidons citoyenneté, droits.
Il n’y a pas lieu d’être coupable de prendre de drogues ou d’informer sur ce qu’elles sont. Mais nous sommes responsables parce que les usagers et les professionnels ont largement montré leur capacité de changements face à l’épidémie de SIDA. Face au VHC nous connaissons des moyens qui sont capables d’attaquer le virus par tous les bouts : mieux prévenir, mieux diagnostiquer, mieux soigner, mieux accompagner. Les moyens existent. Ils ne sont pas disponibles.
Ce n’est pas acceptable en citoyen : chacun doit pouvoir se prévenir ou soigner.
Ce n’est pas acceptable en droit, usager ou malade, même délinquant.
C’est bien pour cette raison que nous devons continuer à développer la palette d’offres de RDR aux usagers et sans doute nous aussi nous devrons mieux nous former, mieux adapter nos pratiques aux nouveaux contextes, mieux évaluer l’impact de nos programmes.

Mais il y a d’autres choses à considérer. Par exemple connaissez vous le paradoxe communautaire de l’usager de drogue, ou « L’effort pour rendre l’autre fou » ? C’est l’histoire d’un mec, (une allusion à Coluche qui a dit que le communisme on l’a pas essayer sur les animaux avant de l’appliquer aux hommes, c’est comme la prohibition) bref l’histoire d’un usager, assez alerte pour s’intéresser à la vie autour de lui. Il rencontre une association de RDR dans la rue et un lien se construit puisque nous faisons de la clinique du lien. Ses qualités personnelles, sa volonté de participer est forte et il rejoint l’équipe bénévolement. Ses connaissances du milieu, des cultures d’usages, sa connaissance des gestes, ceux qu’il a acquis pour réduire les risques, sa connaissance des produits consommés et des contexte en font un collaborateur précieux. Il est donc embauché et intègre l’équipe salarié comme « intervenant », « intervenant de proximité », « acteur communautaire », c’est sa fonction. Son statut conventionnel est celui de faisant fonction, de moniteur éducateur ou d’éducateur par exemple. Son rôle est de développer une action de proximité, d’apporter une expertise d’usager. Depuis sa structure est devenue CAARUD et s’il y a des avantages il y a de nouvelles exigences. Qualifier le personnel par exemple. Intervenant bénévole devenu professionnel, « notre » usager pourrait faire éducateur par exemple.
Le problème c’est que c’est un motif d’interdiction professionnel d’être usager de drogues lorsqu’on est éducateur ! Ou encore si par malheur il était arrêté pour usage, être éducateur serait pour lui une situation aggravante et doublerait la condamnation. C’est en tout cas ce que prévoit la loi prévention et délinquance. Pourquoi donc dés lors, cet usager serait-il assez fou pour se mettre dans cette situation ? Pourtant il a respecté le référentiel RDR en ne consommant pas pendant son activité. Pourtant c’est sur lui que l’on s’appuie comme lors du dernier appel de l’OFDT qui cherche des informations sur une héroïne jugée particulièrement dangereuse (d’ailleurs c’est urgent, si vous avez des tuyaux…).
Donc nous proclamons l’usager acteur de sa santé, mais dés qu’il devient acteur de santé (communautaire), il risque juste de ramasser deux fois plus. Si des doutes subsistent sur les propriétés schizophréniques du cannabis je n’en ai aucun sur cet effort pour rendre l’autre fou. Je vous laisse méditer mais pour moi, il y a là de quoi rendre dingue…

Au fond il y a quelque chose de plus systémique qui cloche, qui rend fou ?
D’un coté plus de droit : du consommateur, du «client roi », du malade, de l’usager, de l’handicapé, de la personnes dépendante (physiquement entendu…), c’est important.
De l’autre plus de suspicions, de contentions, de contrôles : du chômeur, du Rémiste, de l’assuré social, du délinquant, de l’étranger, « du toxico », c’est normal.
Comment s’y retrouver ? Comment ne rien prendre, du coup, « Je bois pour oublier que je bois… » raconte le petit Prince, pour oublier le reste ? Ou alors on peut prendre un p’tit générique d’antidépresseur encore remboursé ?

Faut-il se résoudre aux scandales (du sang contaminé, de l’amiante, de la vache folle) pour que le pays agisse ? Nous avons par exemple des projets concernant les pipes à crack ou l’ERLI. Les acteurs ont développé une approche technique, scientifique, d’expertise des usagers, associé à des chercheurs. Ils négocient, répondent à toutes les questions, sont prêts à évaluer et être évalué… Mais, mais, mais, mais, mais, ça traîne. Lorsque les associations travaillent à la proposition de projets « consistants » pourquoi faut-il qu’elles retrouvent des positionnement militants, politiques, de dénonciation, pour se faire entendre ? Pourquoi les négociations n’aboutissent pas ou alors dans des calendriers millénaristes ? Peur de l’innovation ? Absence de culture du progrès ? Franchement on pourrait aller plus vite. Demain des projets innovants peuvent démarrer sans attendre : les expertises sont faites (le bench marking à la mode), les revues de littératures et constats sont faits, l’ingénierie de projet est solide, les protocoles d’évaluation prêts. Il y a d’autre programmes à envisager et du temps à prendre mais faisons ce que nous pouvons déjà faire, tout de suite, maintenant.
Alors oui on veut bien parler, on est même très bavard, mais pas pendant cents ans.

La RDR est bien une innovation sociale qui n’a pas le temps d’attendre que tout soit réglé, elle a bouleversé les pratiques et les mentalités, elle a associé acteurs de terrain, usagers, chercheurs, et même des fonctionnaires pour démontrer son efficacité évaluée.
Ce travail de bouleversement des pratiques et des mentalités par l’évaluation doit se poursuivre parce que les préjugés et les idées simplistes sont nos pires ennemis. Les travaux des groupes de la commission nationale des addictions auxquels nous participons tous semblent confirmer cette démarche et nous comptons bien y prendre une part active. Nous ne redoutons pas l’évaluation, pour nous c’est un levier. Mais la responsabilité est politique et sans un message clair, non seulement nous ne progresserons pas mais en plus, nous deviendrons fous.

Beaucoup de ceux qui sont ici ont vécu les années noires du SIDA et ont enterré beaucoup d’amis. Vous en êtes, vos engagements dans la lutte contre le SIDA ne date pas d’hier, je le sais, des amis angevins me l’ont dit.
Avec le VHC, c’est le retour de ce cauchemar. C’est insupportable, nous en avons marre d’être dans la survie. Combien de temps les français ignoreront que nous ne faisons pas ce que nous pourrions faire en sachant que c’est efficace ? Combien de temps mettront-ils pour découvrir que leurs proches auraient pu être sauvés ?

La RDR est pragmatique et il est question de l’explosion des dépenses de santé. Avec le VHC nous faisons le pari de les réduire considérablement en attaquant vraiment l’épidémie par les deux bouts : la prévention et le soin. C’est le seul moyen de réduire les risque et les coûts de santé liés au VHC. DONNONS NOUS nous les moyens de le faire !!! DEPASSONS LES FOLLES RESISTANCES !!!

Dans l’histoire de la réduction des risques, les associations ont dues se mobiliser très fort pour être entendues. « Éradiquer les drogues » n’est pas une objectif tenable et encore moins efficace. Zéro risque, zéro défaut, zéro tolérance, ça n’existe pas. La réduction des risques n’est pas qu’un instrument éphémère réductible au seul champ des maladies infectieuses. C’est un paradoxe de le rappeler alors que c’est justement le VHC qui nous explose à la figure ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt le contre effet de n’avoir pas pu développer, assumer, une réduction des risques qui soit une réelle alternative globale dans le champ de la consommation de produits quels que soient leur statut ou plus largement encore, des conduites à risques comme la vie par exemple ?

Les réducteurs de risques sont fréquemment accusés de vouloir banaliser, accepter les drogues. D’autres préfèrent dramatiser et stigmatiser. Faire de cette question une question normale nous paraît juste. En faire « Le fleau absolu » nous conduira dans le mur en claxonnant.
Nous ne sommes pas un parti politique mais nous avons une responsabilité politique, celle de porter le débat public. Il manque en France en dehors des cercles d’initiés. Ces rencontres inter associatives ont pour but d’alimenter ce débat. Elles devraient vous aider à défendre la juste voie. Rares sont les politiques qui ont démontré une si forte efficacité : comment se fait-il que ces résultats ne soient pas rendus public, revendiqués pour soutenir d’aller plus loin au contraire des préjugés qui minent notre démocratie. A quoi sert le discours sur l’évaluation si c’est en éluder les résultats dés qu’ils PROUVENT ?

J’ai cité plus haut Mesdames Simone Veil, Michelle Barsach, Nicole Maestracci. Je me suis permis une question critique à leur égard mais c’est parce qu’avec Anne Coppel, ce sont les grandes dames de la Réduction Des Risques en France.
Nous voudrions, Madame la Ministre, que vous rejoignez « ce quarteron » de combattantes des idées reçues. Toutes ont eu raison. Ne nous donnez pas tord.

Juste une petite blague pour balayer devant notre porte. Il nous a été demandé s’il était possible de rendre anonyme les badges des usagers qui participent à ces rencontres. Du coup c’est plus facile de les reconnaître, ce sont ceux et celles qui n’ont qu’un prénom.

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