Auteur/autrice : Laurent Karila

Métal, speed, et addicto….

Lemmy Kilmister, le bassiste virtuose de Motörhead, fait mentir tous les prêches addictologiques. Ce type n’a qu’une devise: « Trouve la drogue qui te convient et prend-en le plus possible ». Pour enfoncer le clou, Lemmy a choisi le speed, la drogue neurotoxique qui rend fou et te fait perdre toutes tes dents. A 69 ans et cinquante ans de consommation intensive, Lemmy se porte comme un chêne. Alors ? On nous aurait menti ? La drogue est-elle aussi un élixir de jouvence ? La parole est à la défense, et, comble de perversité, nous sommes allé interroger Laurent Karila,  à la fois addictologue et métalleux.
Docteur, comment est-ce-possible ?

Moi, Psychiatre Addictologue, je suis fan de Metal

Moi, Psychiatre Addictologue, j’écris des textes pour Satan Jokers et peut être d’autres groupes…Qui sait ?

Moi, Psychiatre Addictologue, je fais des chroniques d’albums de Metal sur le site Hard Force.

Moi, Psychiatre Addictologue, j’aime Lemmy et Motörhead.

Ian Faser Kilmister a.k.a Lemmy est une icône du rock, du hard rock, du métal. Né la veille de Noël en 1945, il a probablement été touché par quelque chose de mystique… Sa vie est bercée par une enfance et une adolescence sans problème particulier. Très vite, il tombe dans la marmite du rock. En 1965, il rejoint un groupe appelé les Rocking Vicars, puis devient roadie de Jimmy Hendrix. Il a ses premières expériences avec les acides et les amphétamines… Au début des années 1970, il rejoint le groupe Hawkind dans lequel il joue de la basse, comme un guitariste rythmique, et chante. Le groupe baigne dans les acides. Lemmy apprécie. Il n’a jamais été attiré par l’héroïne ni par l’injection intraveineuse, très en vogue à l’époque. Lemmy, ce qu’il aime, lui, c’est le speed ! Il s’intéresse d’ailleurs, avec Mik Dik, un des techniciens son d’Hawkind, à la théorie du « combien de temps tu peux faire sauter un corps humain sans s’arrêter » avec cette substance. L’alcool est bien sûr présent. Lemmy finit par se faire virer du groupe, après avoir été arrêté en possession de cocaïne à la frontière canadienne. En fait, il s’avère que ce sont des amphétamines qu’il avait. Quelques jours de prison, aucune poursuite, Lemmy change de cap. Il fonde « Bastard » sous la forme d’un trio en 1975. Leur manager de l’époque lui conseille de changer le nom de son groupe si il veut accéder à des émissions grand public type « top of the pops ». Motörhead (un titre qu’il avait écrit pour Hawkind), groupe de rock un peu speed, nait. Vingt et un albums studios, dont « Aftershock » (label UDR, oct 2013) le petit dernier sorti, et de nombreux albums live sont la matrice discographique du groupe de Lemmy.

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L’antithèse du patient que je vois en consultation

Questions substances, notre héros à l’as de pique a de nombreux principes :

« dans la vie, une fois que tu as trouvé la drogue qui te conviens, il faut s’y tenir et ne plus en changer ».

Lemmy déclare avoir toujours contrôlé sa consommation d’amphétamines. Cela toujours été un dopant pour lui lorsqu’il était roadie puis musicien en tournée. A partir de ses 30 ans, il se met à boire du Jack Daniels. Sa consommation déclarée d’alcool est de l’ordre d’une bouteille/jour.  Lemmy a une vision de sa double consommation comme étant quelque chose de rationalisé comme l’alcool de contrebande consommé par les grands pères dans de lointaines contrées soviétiques. Comme Ozzy Osbourne, Keith Richards, ces guerriers de la route et de la scène sont des extra-terrestres de la came ayant survécu à des années d’abus et d’excès. Lemmy n’a jamais été en desintox’. Il en a une vision un peu cynique. On a même l’impression qu’il ne s’est jamais senti touché par l’addiction. Cette résistance aux drogues est probablement génétique, comportementale, tempéramentale. Médicalement parlant, Lemmy aurait dû mourir plusieurs fois. Dans son autobiographie « White Line Fever », il est écrit que

« son sang ne devait pas être transfusé en raison de ses nombreux excès car il pourrait tuer un être humain tellement il est toxique ! ».

Lemmy s’est adapté à son environnement en modulant ses consommations de speed, d’alcool mais aussi de tabac. Lemmy vit à Los Angeles depuis de nombreuses années et adore jouer aux jeux vidéos… Un véritable plaisir selon lui avec le rituel obsessionnel du joueur. C’est aussi une légende rock du sexe (2000 femmes, que du plaisir !). Lemmy est l’antithèse du patient que je vois en consultation.

Question santé, Lemmy a un diabète de type 2 pour lequel il prend des médicaments. Il se traite mais n’a en rien modifié son style de vie rock n roll ! Il aurait arrêté de consommer de l’alcool. Le speed, personne ne le sait…Sa santé s’est malheureusement dégradée avec pose d’un pacemaker l’année dernière, et un accident vasculaire. La tournée qui devait suivre la sortie d’Aftershock fin 2013 a été annulée à 2 reprises. Lemmy, je te souhaite un speed rétablissement. Vivre Vite, Mourir le plus tard possible !

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