Les Etats Généraux des Usagers de Substances (EGUS) vous convient à leur Xe édition. Notre objectif est d’interroger ce qu’il est convenu d’appeler la « santé communautaire » sous toutes ses facettes même les plus improbables. De l’histoire du milieu festif techno en passant par les dispositifs de représentations institutionnels jusqu’au partage de savoirs sur internet, tous les angles qui permettent de cibler cette zone grise seront abordés tout au long de ces deux journées organisées en partenariat avec la Fédération Addiction.
Si la politique de réduction des risques liés à la consommation de drogues (RDR) est historiquement liée à la lutte contre le Sida, celle-ci est organiquement attachée à la notion de santé communautaire, un concept encore mal aimé et surtout mal définie aujourd’hui comme pratique professionnelle ou comme règle de vie.
A l’origine, ce sont des associations comme AIDES, 1ère association de santé communautaire en France, qui faute d’alternative médicale, ont mis en place la politique de lutte contre le Sida. Faute de « communauté » clairement définie, la santé communautaire dans le cadre de l’usage de drogues n’a été officiellement revendiquée, en milieu festif dans la communauté techno qu’au milieu des années 90. Pourtant c’est bien par un acte communautaire que la RdR s’est inscrite en France. Lorsqu’une ministre de la santé courageuse, Michèle Barzach a levé l’interdiction d’acheter des seringues en pharmacies, ce sont d’abord et avant tout les usagers de drogues qui ont arrêté d’utiliser et de partager leurs seringues contaminées, ce que certains spécialistes nous expliquaient être impossible au regard des plaisirs ordaliques et mortels recherchés. Pourtant ce fut le cas, dès que les seringues neuves furent disponibles, les usagers les utilisèrent et massivement.
La diffusion massive des Médicaments de Substitution aux Opiacés (MSO) a suivi le même chemin. Le laboratoire responsable de la mise sur le marché de la Buprénorphine Haut Dosage prévoyait une dizaine de milliers de traitements pour la fin du millénaire. Il a dû multiplier ses projections par dix pour répondre à la demande des usagers sur le terrain.
La santé communautaire en matière de RdR a mis en valeur le savoir individuel des usagers et leur faculté de transmettre, matérialisé ensuite par leur embauche dans quelques structures, essentiellement des CAARUDS. Or aujourd’hui, nombre de ces structures perdent leurs connaissances empiriques de la consommation. Nous sommes 30 ans après la mise en place de la politique de réduction des risques. La lutte contre le sida et les dynamiques communautaires qu’elle avait engendré, ont fait place à la gestion des addictions sur la longue durée. La chronicité s’est déplacée également sur le terrain social, aggravée par trente années de crise économique .
Quel regard porte-t-on à cette histoire commune ? Aujourd’hui la santé publique peut-elle se passer de la santé communautaire, seul canal pouvant faire remonter les pratiques et surtout des besoins des usagers actuels et futurs ?
Seconde question, la place prise par la représentation des usagers au sein des structures, à l’intérieur de ce qu’il est convenu d’appeler la démocratie sanitaire a-t-elle vocation à s’inscrire dans ce mouvement de transmission des savoirs expérientiels ?
Enfin, alors que les formes et les modes d’achat, de consommation et de transmission des savoirs se diversifient, quel est la place réelle ou fantasmée du citoyen-consommateur de substances achetées parfois sur internet ou consommée sous un motif thérapeutique.
Pour répondre à ces trois questions les Xème Etats Généraux des Usagers de Substances (EGUS) se proposent d’interroger à la fois des usagers, des acteurs professionnels et des institutions.
9h00-9h30 : Accueil autour d’un café
9h30-10h00 : Introduction des deux journées EGUS
Histoire de la santé communautaire et transformation du toxicomane en patient puis en consommateur, quelle est l’influence des personnes qui utilisent des drogues sur les politiques mises en place depuis 4 décennies ?
Intervenants :Alessandro Stella ASUD et Martine Lacoste FÉDÉRATION ADDICTION
10h-13h00 : 1ère table ronde
Une histoire de la santé communautaire
13h00-14h30 : déjeuner libre
14h30-15h00 : La santé communautaire aujourd’hui
Introduction, Ruth Gozlan, MILDECA
Quels sont les défis actuels ? Quels sont les enjeux pour les institutions ?
15h00-17h30 : 2ème Table Ronde
La santé communautaire, le champ des possibles.
Entre la démocratie sanitaire, l’achat de substances sur le net, la prescription de drogues sur ordonnance ou le cannabis thérapeutique, la relation de la société avec les usagers de drogues se transforme-t-elle, se normalise-t-elle ou ne sont-ce que de nouveaux visages de l’assignation au silence ?
09h 45 Introduction : Alain Morel, Fédération Addiction et Fabrice Olivet ASUD
10h30-12h30 troisième table ronde : Droit, pouvoir et démocratie sanitaire
12h30- 14h déjeuner libre
14H00-15h00 : La demande sociale de drogues est-elle plus légitime aujourd’hui qu’hier?
15H00-17H00 Quatrième table ronde : Citoyens, société civile, et consommations, les nouvelles formes de socialisation de l’usage.
Animation Fabrice Olivet, ASUD
17h00 CLOTURE Anne SOURYS, Adjointe à la Mairie de Paris, chargée de la santé et des relations avec l’APHP.
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