Chers injecteurs, le débat qui suit vous concerne directement.

Chers injecteurs, le débat qui suit vous concerne directement. Deux camps s’affrontent, oui, deux « camps ». On peut le regretter mais c’est ainsi. D’un côté, l’association Safe, qui promeut le kit Exper’. De l’autre, Apothicom qui défend le Stéribox®. Le kit Exper’ contient de nombreuses innovations. La première est un « filtre toupie » de 0,2 micron. Il permet, d’une part, d’arrêter les micro-organismes comme les bactéries ou les champignons microscopiques pathogènes (pas les virus bien trop petits pour quelque filtre que ce soit), et d’autre part, de filtrer correctement les comprimés ou les gélules écrasés en poudre pour être injectés. Il évite ainsi les infections bactériennes et fungiques, et les « poussières ». Mais le filtre toupie ne s’adapte que sur des seringues à aiguille non sertie (« tuberculine non sertie »), que la seringue fasse 1 ou 2 cc Apothicom est très hostile aux seringues à aiguille non sertie, car elles ont un « espace mort » important, qui semble bien favoriser la transmission du VIH et du VHC en cas de partage. Son Stéribox® contient donc une seringue à aiguille sertie 1 cc (une « insuline »). Safe estime, pour sa part, qu’il existe désormais des seringues à aiguille non sertie qui ont un faible espace mort, et que le filtre toupie est beaucoup plus efficace que le Stérifilt® d’Apothicom.

La deuxième innovation porte sur deux lingettes où l’alcool a été remplacé par la chlorhexidine. Elles permettent, l’une, de désinfecter les mains, et l’autre, le point d’injection, un geste qui doit toujours être pratiqué avant d’enfoncer l’aiguille. Or, Apothicom conteste que la chlorhexidine soit virucide, bactéricide et fongicide.

Chaque camp a sa bibliographie, technique mais passionnante.

Cette polémique n’est pas nouvelle. On trouvera dans le n° 79 de Swaps (2e trimestre 2015) un « débat autour du matériel d’injection », avec un article de Elliot Imbert et Lenneke Keijzer et un autre signé William Lowenstein, Emmanuel Reynaud, Thomas Néfau, Jean-Pierre Couteron et Catherine Duplessy. Et, en juin 2016, sous la plume de Maïtena Milhet, l’OFDT publiait une évaluation de l’acceptabilité du kit Exper’ par les usagers de drogues.

Voilà donc trois ans que ces questions sont discutées et débattues sans que des vérités solides ne viennent y mettre un terme. Les débats prennent en compte la manière dont les injecteurs s’emparent plus ou moins des nouveaux outils. Ce dossier, dont les implications pratiques sont importantes, doit pouvoir être clos, même provisoirement. Car les études portant sur l’espace mort, les seringues à aiguille sertie ou non sertie, le Stérifilt® et le filtre toupie, la chorhexidine et l’alcool, vont continuer à être publiées.

Ce n’est évidemment pas à Asud de trancher ce débat. D’abord, parce que nous n’en avons pas les compétences. Ensuite, parce que ce n’est nullement notre rôle, qui se limite à présenter sans parti pris les arguments des uns et des autres. Mais la puissance publique, en l’espèce la Direction générale de la santé, devrait le prendre à bras le corps et faire ses choix.

 

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