ASUD MARS SAY YEAH à la rue !

Pour la deuxième fois en trois ans, le Caarud Asud Mars Say Yeah se retrouve, par décision
de justice, expulsé de ses locaux, situés 57-59, rue du Coq dans le 1er arrondissement de Marseille. L’histoire résume bien la difficulté, voire l’impossibilité, pour une association d’usagers,
de fonctionner dans le tissu urbain le plus approprié, c’est-à-dire en centre-ville, près des lieux de regroupement et de consommation de nos clients.

Depuis des années, le Caarud Asud était installé au 52, rue du Coq, dans des locaux, certes exigus, mais la structure accueillait et accompagnait des bénéficiaires dont les caractéristiques étaient : une grande précarité, une désaffiliation importante de tous les dispositifs de droit commun et des usages de drogues et de médicaments détournés multiples avec une prévalence forte de l’injection. Marseille ne disposant pas de « Boutique », il revient naturellement à Asud de réaliser ce projet. Sauf qu’il fallait trouver un local adapté. Et que, pendant qu’on cherchait vainement, les « nuisances », comme disent les riverains, s’amplifiaient :attroupements devant la porte, tractations
de toute sorte, consommation visible, etc.

Évidemment, notre proximité avec des lieux de prostitution, et avec le Sleep In, a progressivement fait monter l’hostilité du CIQ qui a organisé des pétitions et déclenché une procédure contre nous. Chercher un local en centre-ville se révèle une vraie gageure : le quartier n’est pourtant ni résidentiel ni luxueux, mais l’intolérance et le rejet s’accroissent et toutes nos démarches échouent.

À quelques jours de notre mise à la rue, nous signons pour le seul site disponible trouvé :au 57-59, rue du Coq, c’est-à-dire exactement en face ! Nos efforts de médiation n’empêcheront pas la colère des riverains,majorée par la reproduction des mêmes dommages que précédemment, le nouveau local n’étant pas plus adapté que le précédent. Et l’histoire se répète : démêlés avec les voisins, pétitions, procès, expulsion imminente. Ni le soutien de la mairie ni celui de l’ Agence régionale de santé (ARS) n’y ont fait : nous sommes à la rue. Certes,l’équipe, très mobilisée, va renouer avec les fondamentaux de la RdR – outreach, travail de rue – mais l’avenir est incertain. Quitter le centre-ville, aménager un espace beaucoup plus grand, présente des risques et coûte
cher. Dans le 1er arrondissement, la mairie nous propose des locaux désaffectés à réhabiliter (donc à échéance lointaine) et dans le même quartier (donc avec le même CIQ). Notre volonté militante et le soutien des tutelles sont nécessaires, mais pas suffisants pour installer le changement dans le quotidien. Cette mésaventure s’ajoute au défaut d’accès aux services fondamentaux pour les usagers que nous recensons à travers l’Observatoire des droits des usagers (ODU) et qui exigent un plaidoyer fort pour promouvoir les droits des personnes qui consomment, et combattre la stigmatisation.

On n’en peut plus

«On veut partir, on n’en peut plus. C’est maltraitant pour nous et pour les personnes. Reprendre
l’aller-vers et les bases de la RdR nous fera du bien. J’ai l’impression de faire le vigile. Donner des sandwiches à la porte, ne pas faire de RdR ni Trod… Donner du matos est le seul poste où je me
reconnais, le seul moyen d’avoir un échange, mais cette entrée, ce sas…»

Paroles d’équipe

Béatrice Stambul

Présidente d’Asud Mars Say Yeah

 

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