L’EHESS et ASUD ont co-organisé un séminaire gratuit ouvert à tous d’octobre 2015 à juin 2016.
La prohibition des drogues fait aujourd’hui débat. Face aux échecs de la guerre à la production et au commerce des drogues, devant l’explosion de la criminalité et des conflits dérivés de la prohibition, et constatant que malgré tous les interdits la consommation mondiale ne cesse de se développer, la question du bien-fondé de la prohibition n’est plus seulement posée par des associations d’usagers et des chercheurs en sciences sociales, mais par des hommes d’État et des fondations internationales. Le constat est accablant : la guerre à la drogue tue beaucoup plus que la consommation de drogue. Or, face à l’énorme problématique soulevée par les dites drogues, renvoyant à des questionnements philosophiques, religieux, sociétales, psychanalytiques, l’expertise est confiée normalement à des policiers, des juges, des psychiatres, des médecins, des assistants sociaux et des organismes de rédemption. Une approche qui amplifie le traitement répressif, criminogène, ostracisant, méprisant ou apitoyant des consommateurs des dites drogues. Par ce séminaire collectif de recherche, nous voulons questionner les motivations, l’historique, la pertinence de la prohibition des drogues, dans une approche transversale qui se veut aussi trans-universitaire. Notre volonté est de faire de ce séminaire à la fois un carrefour d’échanges de connaissances et un laboratoire pour des nouvelles recherches.
Quelles ont été et sont aujourd’hui les raisons de la prohibition des drogues ? La prohibition des drogues a une histoire, une géographie, une sociologie, une anthropologie. Sur le temps long, en fait, c’est le « ferment divin » qui a fait débat, bien plus que les « plantes des dieux ». Si le monde judéo-chrétien, tout en condamnant l’ivresse et les excès, a intégré le vin jusque dans le rite liturgique, le monde musulman a fait de la prohibition de l’alcool un des piliers de l’ordre moral de la société. Dans le monde chrétien, la première loi de prohibition des drogues fut l’œuvre de l’Inquisition de Mexico qui, en 1620, interdit la consommation du peyotl et d’autres plantes « magiques ». Prônée par des ulémas ou par des prêtres, la prohibition des drogues apparaît sous le sceau de l’ordre moral dicté par la religion. Avant la focalisation sur des raisons de santé, personnelle et publique, l’interdiction des drogues a été bâtie sur des motivations religieuses. Le vin en Islam, le peyotl et autres plantes en Chrétienté, ont été associés à l’ivresse, aux plaisirs incontrôlés, au mal, au diable. Les « ligues de tempérance et de vertu » qui, au début du XXe siècle, ont été le fer de lance de la vague de prohibition des drogues et des alcools en Occident et en Orient, n’ont fait que reprendre une morale religieuse ancienne : l’ivresse et les plaisirs doivent rester un rêve de paradis céleste. Dans le monde occidental, après des religieux ce sont aujourd’hui des médecins et des psychiatres qui ont repris le flambeau de la doctrine du salut de l’humanité. En robe noire ou en blouse blanche, certains croient pouvoir s’arroger le droit de dire ce qui est bon pour le corps et pour l’esprit. Quelle morale pour quelle loi, quel droit pour quelle liberté ?
Discutant : Jean-Pierre ALBERT, anthropologue, DE à l’EHESS, Toulouse
Discutant : François-Xavier DUDOUET, sociologue, CR au CNRS
Discutante : Michel KOKOREFF, sociologue, Professeur à l’Université de Paris 8
Discutant : Olivier MAGUET, consultant en actions sociales et de santé, administrateur de Médecins du Monde
Discutant : Alessandro STELLA, historien, DR au CNRS
Discutant : Michel KOKOREFF, sociologue, professeur d’Université à Paris 8
Discutant : Alessandro STELLA, historien, DR au CNRS
Discutante : Anne COPPEL, sociologue, présidente d’honneur de l’Association Française pour la Réduction des Risques
Modérateur : Michel KOKOREFF, sociologue, professeur à Paris 8
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Bonsoir.
Quelle bonne nouvelle. Si je ne suis pas de service j’y serai….
Étonnant, pas une ligne sur le site de l’EHESS !
pour info
http://enseignements-2015.ehess.fr/2015/ue/21/
Bonjour.
Vous avez dû sauter une ligne en lisant ! Le lien vers l’EHESS est mentionné à la fin entre le lien vers facebook et le visuel.
Je viens d’ajouter le lien vers la chaine du séminaire sur Canal-U même si les vidéos intégrées sur la page permettait déjà d’y accéder.
A bientôt