RdR du dab et dab dans la RdR

Le grand méchant dab est arrivé (lire aussi Dabolisation, comme dabitude). La tendance chez les cannabinophiles est à la fabrication et à l’utilisation de concentrés. Pour l’instant, elle concerne surtout la génération Internet/Globish toujours à l’affut des phénomènes US et les producteurs de cannabis. Existant déjà aux Pays-Bas et surtout en Espagne, le marché devrait prochainement s’étendre à l’Hexagone.

Le joint d’iceolator (extraction de la résine à l’eau glacée) ou d’huile marron/rouge (extraction de la résine par un solvant de type alcool/éther) n’a plus rien d’original depuis bien longtemps pour beaucoup d’usagers français. La nouveauté réside dans l’utilisation de concentrés solides obtenus à partir de gaz, de CO2 ou de surcongélation au moyen d’une pipe à eau dotée d’un foyer en titane ou en quartz chauffé à haute température.

Les dangers du dab

C’est d’abord le mode de préparation du concentré le plus populaire : le BHO (Butane Honey Oil). Lorsqu’elle est pratiquée par des stoners irresponsables, l’utilisation de butane peut provoquer des explosions et des départs de feu. Peu de canettes pour briquet contiennent du gaz vraiment purifié et leur purge pour obtenir le produit final peut laisser des produits toxiques, surtout si cette dernière est mal exécutée. Il convient donc de bien se documenter et de respecter au maximum les consignes de sécurité ou de s’abstenir si on n’a pas bien compris.

C’est ensuite le risque d’utiliser un briquet-torche pour chauffer à rouge un clou en titane ou encore un collier chauffant non-protégé pour le foyer dans la version électrique de la pipe servant à daber : le risque de brûlure ou d’accident domestique est accru, surtout en cas de mélange avec de l’alcool ou certaines substances perturbantes pour la psychomotricité.

C’est aussi le risque d’absorber plus de cannabinoïdes que désiré, il arrive parfois que des usagers en panique devant le rush de THC appellent les urgences. Don’t panic, it’s still organic ! (Pas de panique, cela reste organique). Boire une boisson sucrée dans un espace calme et ventilé devrait suffire à contrer la crise de bad. Le lien de causalité entre le taux de THC et les pathologies psychiatriques n’est pas incontestable mais le dabing peut révéler des pathologies génétiques. Il ne faut pas hésiter à consulter si les perturbations perdurent plus de douze heures.

C’est enfin le risque d’usage dur, voire frénétique, dans la recherche permanente du rush et du high le plus intense possible. Le dabhead se transforme alors en crackhead : il accroche une grosse galette de wax à son daber (la tige en acier médical qui sert à poser le produit sur le foyer) pour une taffe de cowboy puis prend un coup de tomawak entre les deux yeux, suivi d’une intense excitation mentale et d’un flot de paroles. Après une courte phase de plateau survient un gros craving, et il recommence.

Oui, on peut passer son temps à daber et bien foirer ses journées, mais on peut aussi bien fumer 20 joints ou boire 20 bières en gobant 20 cachetons. Les meilleurs remparts sont la réflexion sur sa consommation, l’éducation au bon usage et la motivation pour une vie variée.

La controverse du taux de THC

L’explosion de la demande de concentrés à daber ou à vaporiser coïncide avec la volonté de contrôler le taux de THC dans les préparations cannabiques, aussi bien dans les systèmes légaux (Uruguay, Colorado, Washington) et les zones grises (Pays-Bas et Espagne) que dans le projet de loi de la sénatrice Esther Benbassa sur la consommation contrôlée.

Cette volonté provient d’une analyse biaisée du cannabis à travers le prisme de l’alcool comme référence. On contrôlerait le taux pour éviter l’abus et diminuer les dommages. à l’exception de celle du Britannique Di Forti (2009), il n’existe pas d’étude établissant un lien direct entre taux de THC et schizophrénie ou d’autres pathologies graves (Rapport sénatorial canadien, 2002, et Rapport fédéral suisse sur le cannabis, 2004). Les troubles d’un surdosage accidentel sont réversibles.

Cela ne tient pas non plus compte du fait que l’immense majorité des usagers adapte la dose à la puissance du produit, c’est encore plus facile si elle est indiquée sur le paquet. Il semble par contre que l’usage régulier de produits fortement titrés augmente le risque de dépendance nécessitant un traitement.

Ni de l’importance du taux des autres cannabinoïdes dans l’effet ressenti, ou des variations très importantes des résultats des analyses selon la méthode choisie. Pour plus de détails, se rapporter à cette critique assez complète du projet néerlandais par Mario Lap : « Quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans l’évaluation des teneurs en composants actifs du cannabis ! »

La limitation sur la base de 15% de THC (projet néerlandais) laissera de nombreux usagers insatisfaits et les poussera à recourir au marché noir ou à faire du concentré dans leur cuisine, au risque de faire sauter la baraque ou de produire/acheter un produit non-titré à la sécurité sanitaire douteuse. Ce n’est pas l’objectif d’une régulation pragmatique.

Les avantages du dab

Il permet d’absorber facilement et rapidement la quantité désirée de principes actifs :

  • avec une fumée froide qui n’endommage pas les tissus ;
  • avec très peu de carbone provenant de la carbonisation végétale ;
  • sans adjonction de tabac.

Avec une montée progressive de l’effet, les dispositifs de vaporisation et les vape-pens favorisent le contrôle de l’usage compulsif par rapport au rush du daber.

Sister DabLes concentrés sont indispensables pour certains usagers thérapeutiques, notamment pour les migraines. Wooppi Goldberg en parle très bien, elle sirote son vaporiseur portable chargé de wax très puissante pour lutter contre les symptômes de son glaucome. Elle ne cherche pas du tout à être défoncée.

Des usagers expérimentés ont constaté qu’ils consommaient moins de cannabis (en quantité de cannabinoïdes) avec le vape pen pour la journée et le daber pour le soir qu’avec le joint ou le vaporizer d’herbe ou de haschich traditionnel. Sans parler de l’abandon du tabac dans la consommation de cannabis. L’usage de concentrés peut donc devenir un vecteur majeur de RdR, à condition de favoriser l’accès à des produits contrôlés d’artisans consciencieux sur un marché régulé, permettant ainsi l’information optimale du consommateur et l’accès décomplexé aux structures de soins en cas d’abus et de dépendance.

Du dab dans la RdR

On peut chasser le dragon avec de la wax, le mode de consommation par daber est aussi très proche de celui du crack et de l’ice. Il y a aussi une similitude d’effet pour le côté rush intense. Si le produit contient le bon ratio de cannabinoïdes, notamment entre le THC, le CBD et peut-être le THCV, on peut calmer le craving pour des substances plus nocives que le cannabis. J’en ai déjà fait l’expérience empirique autour de moi, une expérimentation scientifique manque cruellement.

S’il existe des études assez anciennes et des projets récents, principalement en Amérique du Sud pour la cocaïne fumée, le produit utilisé (de l’herbe) n’est pas un concentré à daber bien dosé en cannabinoïdes. Cela réduit considérablement l’efficacité du dispositif de RdR. Quand cesserons-nous de déconsidérer l’intérêt thérapeutique du cannabis dans le traitement des addictions ?

RdR du Dab

Les concentrés restent avant tout du cannabis, les précautions de base sont les mêmes

  1. S’abstenir de consommer des concentrés sans information préalable sur le dosage, le mode de préparation, les qualités essentielles du produit et ses effets. Découvrir les concentrés avec une extrême précaution sur les quantités.
  2. Privilégier les concentrés réalisés sans utilisation de produits toxiques et/ou dangereux : gaz, alcool, éther, isopropanol…
  3. Ne pas consommer si le produit dégage une forte odeur de solvant ou fait des flammes ou des bulles lors du chauffage.
  4. La consommation de concentrés peut conduire à des prises de risques et augmenter la probabilité d’accidents domestiques : brûlures, incendie, conduite automobile, sexualité non-protégée, potentialisation des effets avec le mélange de substances.
  5. Réguler sa consommation car la concentration favorise le surdosage et les effets indésirables.

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