Illegal!

Illegal! magazine

Le magazine danois sur les drogues lance une édition anglaise.

« Le journal qui aide les toxicomanes à acheter leur dose », « Un magazine vendu par des drogués pour financer leur addiction », etc. Il y a dix-huit mois à Copenhague au Danemark, la sortie du premier numéro d’Illegal! n’est pas passée complètement inaperçue… La presse locale a voulu accrocher ses lecteurs avec des titres à sensation. Et lorsque fin 2014 est arrivée l’édition britannique, les journaux anglais ont à nouveau titré sur cela.

Faire baisser la délinquance

Certes, le fondateur du journal, Michael Lodberg Olsen, ne cachait pas que la diffusion par des usagers de drogues pouvait faire baisser la délinquance puisqu‘ils ne seront plus obligés de commettre des délits pour pouvoir acheter leur came. Ce fut même l’un des sujets abordés dès le départ dans le journal : cela va permettre de « décriminaliser les toxicomanes et de faire baisser prostitution et crimes ». En septembre 2013, il estimait dans son numéro de lancement que la vente de 15 à 30 numéros d’Illegal! permettait de subvenir aux besoins financiers d’un héroïnomane – vendu 40 couronnes danoises, 25 reviennent au vendeur, soit environ 3,50 euros par journal. Mais il semble avoir depuis peu changé son argumentation. Dans une interview récente à Télérama, il insiste sur le fait qu’Illegal! a été créé « pour éduquer et susciter la discussion, et non pour provoquer ni fournir de la drogue aux toxicomanes comme certains le disent ». Il souhaite également que la dépendance aux stupéfiants devienne une priorité pour les responsables de la santé plutôt que pour le système judiciaire, regrettant « que la guerre contre les stupéfiants se résume beaucoup trop à une guerre contre les consommateurs ».

Collection illegal! magazine

Susciter le débat et changer les mentalités

C’est donc en septembre 2013 à Copenhague que débute l’histoire du magazine Illegal!. Dès le départ, l’ambition de Michael Lodberg Olsen est de susciter le débat et de changer les mentalités sur un sujet aussi sensible que les drogues. N’y sont donc abordées, six fois par an, que les questions tournant autour de ce sujet. Au départ diffusé à 5 000 exemplaires, le tirage a rapidement doublé, puis triplé pour atteindre les 15 000. Il y a quelques mois à Londres, ce sont, dans un premier temps, 2 000 exemplaires qui ont été vendus par les toxicos du quartier de Hoxton dans l’est de la capitale britannique. Et, d’après la presse anglaise, toujours avec la volonté de faire baisser les chiffres de la délinquance en permettant aux usagers de drogues, principalement héroïnomanes, de pouvoir se payer leur came avec les bénéfices de la vente du magazine. Une démarche qui ne plaît pas à tout le monde. Un porte-parole de la police déclarait récemment que « cette initiative qui justifie la collecte de fonds pour l’achat de drogue n’est pas la réponse ». Mais cet argument mettant en avant les répercussions de la vente du magazine sur les chiffres de la criminalité ne semble plus être d’actualité au sein du journal. Peut-être le doit-on à Louis Jensen, qui dirige l’édition londonienne. Ayant rencontré Olsen alors qu’il filmait un documentaire, il a souhaité ramener le concept en Grande-Bretagne. Il explique alors au Daly Mail que ce journal veut surtout « contester les idées fausses et les stéréotypes. Il n’est pas nécessairement là pour créer un revenu pour acheter de la drogue ». Pour lui, il y a une réelle méconnaissance sur les drogues au Royaume-Uni : « pas seulement sur les produits mais également sur leurs usagers ou sur la façon de les prendre ». Une « philosophie » qui se rapproche beaucoup, en France, de celle d’Asud-Journal. Qui, peut-être aux regrets de certains lecteurs, n’est de toute façon (toujours) pas en vente dans les rues…

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