Après le rapport de l’Inserm, Mme Bachelot, Ministre de la Santé, doit lancer l’expérimentation des salles de consommation de drogues à moindre risque

Communiqué des associations Asud, Anitea, Act Up – Paris, Gaïa Paris, Safe, Sos Hépatites Paris, salledeconsommation.fr, Aides, AFR, Élus Santé Publique et Territoires, Élus Locaux Contre le Sida

Suite à l’installation le 19 mai 2009 d’une salle de consommation de drogues à moindre risque, Mme Bachelot avait annoncé à l’Assemblée Nationale qu’elle attendait les résultats d’une expertise collective sur la réduction des risques confiée à l’Inserm pour se prononcer sur leur expérimentation. C’est chose faite depuis vendredi, l’Inserm ayant mis en ligne sa synthèse.

Le rapport prend acte que la réduction des risques est à un tournant. Si elle a pu réduire les risques de contamination VIH, les overdoses et améliorer l’accès aux soins, elle a aussi atteint certaines limites : elle ne touche pas forcément les populations les plus marginalisées, elle a du mal à prendre en compte les nouvelles pratiques des consommateurs de psychostimulants et injecteurs de cocaïne, et peine à réduire les contaminations par l’hépatite C….

Le rapport de l’Inserm recommande d’élargir la palette des mesures et approches dans un dispositif cohérent et coordonné d’offre de services. Dans ce cadre, il envisage la mise en place de Centres d’Injection Supervisés, CIS, (salles de consommation centrées sur l’injection).
Le rapport confirme donc ce que nous, associations de terrain et élus locaux, savions déjà : les CIS permettent d’atteindre les usagers injecteurs à haut risque, d’assurer une injection plus sure, de diminuer les comportements à risques (par rapport au VIH et à l’hépatite C), de réduire la mortalité, d’améliorer l’accès aux soins (y compris de la dépendance) pour les populations les plus précaires, de réduire la consommation sur les lieux publics, de réduire les impacts négatifs sur l’ordre public. L’Inserm note aussi que les CIS n’encouragent pas à la consommation, et qu’ils sont coût-efficaces, ce qui est important en période de restriction budgétaire.

Si logiquement l’Inserm recommande une étude des besoins avant la mise en place, les associations engagées rappellent que c’est précisément au nom de ces besoins constatés qu’elles ont lancé leur action : les injections en masse dans les caves, les squats et les rues de certains quartiers, exposent usagers et riverains à d’inutiles risques. Ces associations n’envisagent donc cette étude que sous la forme d’une première étape de la mise en œuvre concrète d’une première expérimentation d’un CIS.

L’Inserm a apporté sa caution scientifique, pour démontrer que les CIS étaient un service complémentaire au dispositif actuel de réduction des risques. Il l’a fait en invitant à penser la RdR dans le cadre global d’une politique cohérente, sans l’opposer au sevrage ni à une éducation et prévention permettant aussi d’éloigner les dangers des usages.
Il est temps que Mme Bachelot et le gouvernement adoptent officiellement cette politique des drogues, basée sur une approche scientifique et dégagée d’arrières pensées idéologiques. C’est d’ailleurs le sens de « la déclaration de Vienne » du 29 juin 2010, initiées par trois organisations scientifiques de renommée internationale : the International AIDS Society, the International Centre for Science in Drug Policy (ICSDP), and the BC Centre for Excellence in HIV/AIDS.

Commentaires (3)

  • Bachelot priée de tester les salles de s

    Libération, le 6 juillet 2010

    Verra-t-on bientôt des «salles de shoot» ouvrir en France? Ces espaces, médicalisés, sont destinés aux toxicomanes les plus précaires qui se piquent dans la rue, les couloirs du métro, les toilettes des cafés. Devant la recrudescence des overdoses et des contaminations (VIH, hépatites), la plupart des pays européens se sont résignés à ouvrir des salles d’injection encadrées par des personnels de santé. Pas la France.

    Pour les associations qui viennent en aide aux toxicomanes, il y a urgence. Lundi, un collectif réunissant une dizaine d’associations (1) a adressé un courrier à Roselyne Bachelot lui demandant de «lancer une expérimentation». L’an passé, la ministre de la Santé avait annoncé qu’elle attendait les résultats d’une expertise confiée à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour se décider. C’est chose faite depuis la semaine dernière: la synthèse des travaux scientifiques est désormais publique.

    Rassemblés par l’Inserm, 14 experts (épidémiologistes, professionnels de santé publique, psychiatres, addictologues, etc.) ont ainsi épluché la littérature scientifique et étudié les politiques de réduction des risques (RDR) mises en œuvre dans différents pays. En résumé, l’Inserm conclut à l’intérêt des salles d’injection comme un outil complémentaire dans une approche globale de la réduction des risques.

    «Créer un lien»

    En France, depuis la fin des années 80, la réduction des risques passe par la distribution de seringues, les traitements de substitution aux opiacés, le dépistage du VIH et les traitements antirétroviraux. Des dispositifs qui ont porté leurs fruits. Mais 60% des usagers de drogues ont été contaminés par le virus de l’hépatite C, note l’Inserm. Ce virus-là est capable de résister plusieurs jours.

    De plus, de nouvelles populations, notamment des jeunes en errance, sont apparues qui échappent aux dispositifs existants. «Les gens tombent dans des trous», commente Elisabeth Avril, médecin et directrice de l’association Gaïa. Ouvrir des salles d’injection permettrait donc de compléter le dispositif de réduction des risques, d’offrir une palette complète, note l’Inserm. Pour l’Institut, il n’y a d’ailleurs pas lieu d’opposer les soins et la réduction des risques. Une affirmation qui a de quoi conforter les associations de terrain. «Il faut pouvoir encadrer les toxicomanes, créer un lien avec eux pour pouvoir les amener vers des soins et un sevrage», expliquent-elles. C’est maintenant à Roselyne Bachelot de trancher.

    Les associations veulent y croient. «Avec cette expertise de l’Inserm, on n’est plus dans le fantasme: il s’agit d’avis d’experts», rappelle Jean-Pierre Couteron, médecin et président de l’Anitea (association des intervenants en toxicomanie). Et c’est effectivement un argument de poids. Dans l’imaginaire collectif, les salles de shoot encouragent la consommation des drogues. «Il ne s’agit évidemment pas d’inciter à la consommation, rappellent les associations, mais de ne pas laisser les gens se piquer n’importe comment et n’importe où».

    «Pas d’effet d’attraction»

    Ailleurs en Europe, quand des autorités ont pris l’initiative d’ouvrir des salles d’injections médicalisées, jamais l’opinion publique ne s’y est montrée d’emblée favorable. «Mais une fois le lieu ouvert, les riverains ont adhéré au dispositif», raconte Anne François, médecin au sein de «Quai 9», une salle de consommation ouverte à Genève depuis 1991. Personnel hospitalier, travailleurs sociaux, municipalité et police sont membres du comité de pilotage de Quai 9. Et le médecin suisse enfonce le clou: «En dix ans, il n’y a pas eu d’effet d’attraction pour de nouveaux consommateurs».

    La ministre de la Santé écoutera-t-elle les experts de l’Inserm ou Etienne Apaire, magistrat et président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt)? Les associations de terrain dénoncent la position «répressive» de la Mildt sur les usagers des drogues. A quelques jours de la publication de l’expertise de l’Inserm, la Mildt avait opportunément rendu public un sondage d’opinion. Il y apparaissait que les Français étaient de plus en plus sévères à l’égard des toxicomanes, désormais considérés comme «responsables» de leur addiction, et plus comme des malades. La proposition d’ouvrir des salles de shoot y était massivement rejetée.

    Si le ministère de la Santé renonçait à se doter d’un dispositif qui permet aux toxicomanes ne pas «crever dans les rues», des municipalités, et notamment celle de Paris, semblent prêtes à franchir le pas d’elles-mêmes.

    (1) Act-up Paris, Anitea, Asud, Gaia Paris, Safe, SOS hépatites Paris, salledeconsommation.fr, Aides, AFR, Elus santé publique et territoires, Elus locaux contre le sida.

  • Ma copine est morte…

    …pas de maladie, pas du sida, pas des hépatites… alors que penser de vous?
    C’est la drogue qui tue!
    Ma copine…elle venait juste d’avoir 30ans et qu’est ce que vos assoces ont pu lui filer comme pompes, comme bons mots…!
    Vous servez à rien!!!!!!!!!!!

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