Après la défense de l’usager de drogues citoyen, Asud s’était, ces dernières années, attaquée à la défense des usagers au sein du système de soins. Un combat qui vient de connaître sa première victoire avec l’attribution par l’État du statut officiel d’association représentant les usagers de drogues du système de soins.
Retour sur les processus et les idéologies sous-jacentes qui ont mené à ce changement pour éviter tout malentendu.
Quand on regarde de plus près l’évolution d’Asud ces dernières années, 3 dynamiques sociopolitiques entre en jeu :
Trois dynamiques qui ont changé la relation des usagers de drogues avec le soin et naturellement rejailli sur Asud qui, à la défense des usagers de drogues citoyens-malfaiteurs ajoute désormais celle des usagers de drogue du système de soins.
Quand on parle des usagers de drogue du système de soin et de la défense de leurs droits, il faut d’abord définir de quoi il s’agit pour éviter les malentendus. L’usager de drogues peut entrer dans le système de soin de 2 manières : soit pour des raisons directement liées aux drogues (substitution), soit comme n’importe qui, pour se faire soigner. La défense des usagers de drogues du système de soins se fait donc à 2 niveaux : dans le premier cas, c’est non seulement défendre les droits liés au traitement de substitution, mais aussi une certaine éthique (non infantilisation, responsabilisation, traitement négocié entre l’usager et le médecin, sur la molécule, la dose…). Dans le deuxième cas, c’est s’assurer que la spécificité de consommateur ne constitue pas un obstacle aux soins (jugement, stigmatisation, médicament incompatible avec la consommation, adaptation des traitements…)
Mais attention, parler d’usager de drogues du système de soins n’est en aucun cas considérer l’usager comme un malade ! Si nous reconnaissons que l’usage de drogues – hors du contexte de leur illégalité – a un effet nocif sur la santé, cela ne veut absolument pas dire que l’usager de drogues, dépendant ou non, est un malade. Nous combattons d’ailleurs cette médicalisation à outrance de l’usage de drogue, qui fait aujourd’hui de tout usager de drogue un malade. En outre, à Asud, le débat est toujours ouvert sur la question de la dépendance et de la maladie. Peut-être, par exemple, pourrions-nous voir le traitement de substitution à la manière de la médecine chinoise : un traitement préventif pour justement ne pas tomber malade ?…
C’est pour toutes ses raisons que nous avons choisi le terme d’« usager de drogues du système de soins », plutôt que celui de « patient » ou même celui de « malade » pour les usagers dépendants. Toute personne peut en effet être usagère du soin sans être nécessairement malade (médecine préventive, grossesse, dentiste, check-up …).
Mais qu’en est-il de nos revendications premières, sur la loi de 70, la dépénalisation, le droit au choix de consommer, et quelles sont les nouvelles ?
Ensuite, en défendant le droit des usagers du soin, nous défendons aussi le droit et la dignité des usagers de drogues. Ce qui nous donne un autre angle d’attaque et une légitimité complémentaire, qui nous permet, par exemple, de lier des partenariats inédits avec le soin, comme avec l’Association nationale des intervenants en toxicomanie (Anit). Sans pour autant nous renier, cela rend donc notre réseau beaucoup plus fort.
Ces 2 positions relèvent pour finir du même combat : que l’usager de drogues retrouve une place d’acteur de son soin, de sa consommation, et finalement de sa vie.
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usager de drogues ; usagers du soin??
ASUD, malheureusement ou heureusement pour nous a dû transiger dur sur son appellation, pour devenir une « appellation controlée »…
mais si l’on y réfléchit de près, il vaut mieux conserver un « syndicat de défense de nos droits les plus élémentaires » plutot que de se retrouver comme il y a 285 ans, exposer aux exactions de nos tortionnaires…comme F.AMARA , ASUD a du transiger…
SVP, pas trop non plus, sinon on vous soupçonnerait de viser des interets particuliers..
Aïe ! Erreur juridique !
Juste pour info.
LOI DU 4 MARS 2002 : Droits des patients et qualité du système de soins (c’est cette loi qui vous permet d’être reconnue comme association de représentants des usagers du système de soins, soit les établisssements de santé et les médecinslibéraux).Ces associations peuvent par ex siéger dans les instances des hôpitaux pour défendre l’intérêt des patients (notamment en cas de litiges patient / hosto). Voir le site du CISS.
PAR CONTRE LA LOI DU 2 JANVIER 2002 : ne concerne que les établissements sociaux et médico-sociaux (CSAPA, CAARUD, Centres d’hébergement, service de soins à domicile, ACT…). Et c’est cette loi qui instaure le Conseil de vie sociale auquel les usagers de ces établissements SMS sont appelés à participer pour participer à l’organisation et fonctionnement de l’établissement.
CE SONT DEUX LOIS PROCHES MAIS DANS DES CHAMPS DIFFERENTS : la santé / le social et médico-social.
A bon entendeur !