Ecsta sana in corpore techno

Flyer de RDR, édité et distribué en rave par Techno +.

Contre les plombs qui sautent ou le tout répression, les ravers se défendent : ils ont créé l’association Techno+. Présentation.

La techno est née au milieu des années 80 à Détroit d’un mariage entre la musique synthétique blanche et le groove black. La rave est le rituel techno où tout concourt à créer un état de transe : musique, lumière, lieu insolite, et aussi pour certains, prise de drogues.

Le principal effet del’ecstasy est de désinhiber les émotions et la communication non verbale. Il y a une forme d’équilibre entre les sons synthétiques et industriels de la techno et les émotions et sentiments amplifiés par l’ecsta.

Tendances

Le mouvement techno s’est éclaté en de nombreuses tendances : la musique, les fringues, certaines valeurs, les mots, les drogues, diffèrent suivant les tendances.

Outre l’ecsta, d’autres produits sont consommés : le LSD, le speed, la kétamine, la coco, les champignons, l’héro (sniffée pour adoucir les descentes de LSD ou de speed)…

Bien sûr, la consommation de drogues dans la techno ne se fait pas sans dommages et en 1995 une bande de ravers a créé Techno+, pour répondre à ces questions sur le plan sanitaire, pour proposer une alternative à la répression et pour favoriser l’expression de la culture techno, y compris en dehors des raves.

Nos objectifs principaux sont de permettre aux ravers usagers de gérer leur usage. Cette action s’inscrit dans le cadre de la réduction des risques (acceptation de l’usage et non-jugement) et de l’auto-support.

La grande majorité des ravers usagers de drogues pratiquent un usage récréatif et ritualisé par la rave. Nous on dit « Usage récréatif des drogues » et non usage de drogues récréatives. Car on peut faire un usage récréatif de n’importe quel produit et un usage addictif d’ecstasy. On ne parle pas non plus d’usage « abusif » : on a vu des mecs péter les plombs à leur première prise d’un quart de buvard, et d’autres en bouffer comme des smarties sans dommages importants. Nous préférons parler d’autocontrôle.

Marathon

Concernant l’ecsta, les ennuis viennent souvent de l’usage répétitif entraînant fatigue, amaigrissement, dépression, comportement agressif. Cela provient des histoires de taux de sérotonine dans le cerveau. Ces problèmes sont aggravés par les conditions de prise lors de marathons.

Notre message de prévention auprès des ravers insiste alors sur la contradiction entre leur recherche d’émotions positives et d’amour et ce qu’ils vivent : la dépression, l’agressivité.

L’autre grand problème de l’ecsta est bien sûr que c’est tout sauf de l’ecsta. L’ecsta à l’origine c’est du MDMA, mais en général, c’est aussi des amphétamines et tout un tas de trucs indéterminés, vu qu’il n’y a pas en France, pour l’instant, de politique de contrôle de la qualité des produits comme en Hollande. D’où surconsommation…

Au niveau du LSD, on voit surtout beaucoup de pétages de plomb ! Des très jeunes, vulnérables, prennent cette défonce ultra-puissante mentalement, comme ils prendraient du speed ou de l’ecsta, et ne s’en remettent pas… Le LSD est d’un excellent « rapport qualité/prix » : 50 balles un buvard, un quart de buvard faisant déjà un bon effet. C’est la défonce attitrée des très jeunes, très fauchés. Bref, il y a du boulot !

Évidemment, le Ministère de l’intérieur a utilisé le prétexte de la drogue pour taper sur la techno et les raves. Les organisateurs de raves et les médias techno ont répliqué qu’il n’y avait pas plus de drogue dans les raves qu’ailleurs. Peu crédible… À Techno+, nous avons choisi une autre stratégie. Nous avons édité des brochures d’information sur la réduction des risques. Nous avons créé un espace d’écoute et de soutien des ravers en difficulté. Nous nous sommes formés au secourisme pour assurer en cas de pépin dans les teufs. Nous nous battons pour que la qualité des produits soit contrôlée.

Associés

Bref, nous avons fait du beau travail en nous associant avec AIDES, Médecins du Monde, la Mutualité Française et de nombreuses autres associations travaillant dans la réduction des risques, mais également avec des institutions (Ministère de la Santé, CRIPS, Drogue Info Service, CFES…), nos confrères allemands (Safe Party People, Eve & Rave), anglais (Crew 2000) et français (le Tipi à Marseille, Techno+ Pays d’Oc à Montpellier, Keep Smiling à Lyon et Spiritek à Lille) Résultat des courses, on a gagné ! Ce sont maintenant les associations, soutenues par le Ministère de la Santé, qui gèrent la santé au sein de la techno, ce qui paraît normal, et le Ministre de l’intérieur a déclaré lors d’un séminaire interne sur la techno auquel nous étions conviés (13/11/97), qu’il ne s’opposerait plus aux raves intégrant le cadre légal. À voir.

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