Témoignage : une prostituée raconte

A la demande de l’intéressée, les prénoms et les situations on été volontairement changés.

J’ai trente ans, et je vis de la prostitution depuis trois ans. Je suis d’origine étrangère. Il y a dix ans, j’étais une autre femme : j’étais jeune et belle, et mon existence était sans problème, partageant mes journées entre ma petite fille, mon compagnon et quelques amis.

J’étais très heureuse; à cette époque je fumais un joint de hasch de temps en temps, à l’occasion d’une soirée. cela aurait pu durer I! Mais en 1986, je fus hospitalisée pour une opération bénigne. Marc, mon conjoint, décide pour des raisons pratiques d’emmener notre fille à la campagne chez sa mère. Un chauffard grille un stop … Marc et Karine arrivent au mauvais moment. Le choc ! Le silence, la mort. Ma vie bascule. Au début, les larmes, les amis qui vous soutiennent, la détresse, puis, un à un, les proches qui se lassent et qui ne reviennent plus. La solitude, puis l’errance de psy en Hôpitaux psychiatriques. La colère noyée dans l’alcool. Et seule, livrée à moi-même, je rencontre un toxico. Éric est aussi perdu que moi. Alors, pour contrer la malédiction, nous partageons tout … Commence mon initiation – d’abord le premier shoot puis, de temps en temps – et enfin tous les jours. Pendant dix-huit mois, la dépendance, la recherche d’argent pour assurer la came ; les vols ; les flics et un jour – encore – un nouveau drame. Une came meilleure que les autres fois, et c’est l’Overdose d’Éric. Me retrouvant seule branchée dans le circuit de la drogue depuis quelques mois, un dealer me propose de revendre pour lui, et de me brancher pour faire des passes avec des amis à lui, en faisant fifty-fifty, au début je refuse !

Mais la réalité me fait changer d’avis Je prends de plus en plus d’héroïne, et quand j’ai pas assez d’argent pour payer le grossiste, je fais des passes : je michetonne sur les Grands-Boulevards. Ce manège dure depuis plusieurs mois. Première expérience avec la Prison pour racolage…

Un matin, un courrier de mon ancienne assurance me demande de les contacter. Et là, j’apprends que je suis la seule bénéficiaire de l’assurance vie de mon ancien conjoint. 40 millions ! Alors là, l’éclate ; je quitte Paris, je pars en voyage; l’Asie, la came, les hôtels de luxe, magouilles diverses. Un jour, plus un sou : Retour à Paris. Le manque dur et cruel. Au hasard de mes galères, je rencontre une vieille copine ; ça a l’air de bien marcher pour elle. Après avoir discuté, elle me propose de faire le tapin avec une autre fille à la Nation, elle me dit qu’à trois, je peut me faire mille cinq cent francs par soir ; j’accepte. C’est vrai, je me fais deux mille francs par nuit, mais entre les flics, les agressions des loubards, les obsédés et détraqués sexuels c’est vraiment dur.

Mon histoire est banale,! Un accident terrible. Au moment ou je voulais m’en sortir la société n’a rien fait pour moi, alors, peu à peu la déchéance, l’alcool et la drogue, et voilà comment je suis devenue une prostituée.

Commentaires (2)

  • N’es ce pas un peu trop facile d’en vouloir a l’état qui a rien fait?? Vous aviez 40 millions et vous avez fait la cigale…
    Qui suis je pour vous blamé, je ne suis personne. IL est vrai que pour sortir de cette spirale de malheur il faut avoir une sacrée volonté.
    Moi au jour d’aujourd’hui je perds ma famille je ne sais comment je m’en sortirai. Mais je sais aussi d’expérience que t’en qu’on est pas mort y a de l’espoir. L’argent ne fait pas tout mais disons qu’il faut être malin et éviter a terme d’en manquer a la fin.
    Conclusion, votre histoire est touchante et j’espère que vous êtes aujourd’hui en train de remonter la pente.

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